Lumière 2012, Jour 1. D’Ophüls à Renoir…

Posté par Morgane, le 17 octobre 2012

Pour cette première journée de festival, j'ai mêlé le noir et blanc de Max Ophüls aux couleurs de Jean Renoir.

À cette occasion, c'est Nicolas Saada, critique de cinéma mais aussi scénariste et réalisateur, qui présente Les Désemparés (The Reckless Moment, 1949) de Max Ophüls. Saada revient sur les nombreuses carrières du cinéaste qui, après avoir été acteur puis metteur en scène de théâtre, devient réalisateur, tout d'abord en Allemagne. Obtenant ensuite la nationalité française pour fuir le nazisme, il tourne en Italie et en Hollande mais s'exile finalement aux États-Unis où il tournera, entre autres, l'adaptation du roman de Stefan Sweig, Lettre d'une inconnue, avec James Mason, que l'on retrouve également dans Les Désemparés. Après cet exil "forcé", il revient alors en France où il tourne quatre de ses plus grands films : La Ronde, Le Plaisir, Madame de... et Lola Montès.

Les Désemparés, drame et mélodrame, représente, selon Nicolas Saada, "tout l'art d'Ophüls dans un film". Et en effet, Les Désemparés, c'est du grand art. Chaque plan est calculé, cadré au millimètre, donnant ainsi toute sa tension au film. Les décors (principalement la maison des Harper) jouent également un grand rôle tout comme le noir et blanc qui accentue le côté mélodramatique de ce film à mi-chemin entre "un film d'Hitchcock et une chronique de la vie quotidienne", toujours selon Nicolas Saada. Joan Bennett dégage une force incroyable en femme chef de famille qui doit tout mener de front... et plus encore. Quant à James Mason, il joue parfaitement le maître-chanteur au grand coeur.

Avec Jean Renoir et son Carrosse d'or (1954), énième version du Périchole, c'est un tout autre univers qui s'offre à nous. C'est dans les couleurs vives du Nouveau Monde que Renoir nous entraîne en plein XVIIIe siècle, dans les pas d'une troupe de théâtre italienne débarquée ici pour faire fortune. Mais leur arrivée est bien loin de ressembler à ce dont ils avaient rêvé.

Camilla (Anna Magnani), Colombine sur les planches, se retrouve très rapidement dans le coeur de trois hommes que tout oppose : son compagnon de voyage, le toréador star locale et le vice-roi en personne. L'ordre établi est bien vite ébranlé mais Jean Renoir préfère garder le ton de la comédie faisant de son film une sorte de vaudeville amoureux dans lequel le coeur de la belle reste à prendre.

Retour sur le Festival de Saint-Jean de Luz : une 17e édition et de jeunes réalisateurs plus que prometteurs

Posté par redaction, le 17 octobre 2012

C’est sous des températures encore quasi estivales que s’est déroulé du 9 au 13 octobre dernier le Festival international des jeunes réalisateurs de Saint-Jean de Luz. A l’heure où les férus du 7e art de la côte basque s’affairaient autour du cinéma le Select pour la cérémonie d’ouverture, les organisateurs pouvaient déjà prédire le franc succès que serait cette 17e édition. Et pour sûr, avec un jury pareil, la ville balnéaire était l’endroit où il fallait être la semaine dernière. C’est ainsi que Thierry Neuvic, Mickael Cohen, Julien Courbey, Pauline Etienne, Elodie Navarre et Cyril Mennegun se retrouvaient au sein d’un jury de choix présidé par Audrey Fleurot, personnalité grimpante du petit écran, comme du grand (notamment remarquée pour ses rôles de dame du lac dans la série Kaamelot ou aux côtés d’Omar Sy dans Intouchables.).

Mardi s’ouvrait donc solennellement le festival avec comme première projection le deuxième long métrage d’Idit Cébula Rue Mandar. La réalisatrice, autrefois comédienne (Comme t’y es Belle, Nos jour heureux) présentait en exclusivité un film délicieusement piquant et touchant servi par un casting des plus efficaces, composé de Richard Berry, Sandrine Kiberlain et Emmanuelle Devos. Déjà récompensée à ce même festival en 2007 pour Deux vies plus une, Idith Cébula confiera quelques jours plus tard revenir avec grand plaisir à cet événement qui promeut à grande échelle les réalisateurs de demain.

Loin de s’essouffler, la cadence n'a fait que s’accroitre les jours suivants. Le festival a atteint un record d'affluence pour les films en compétition, et ce fut la ruée tous les soirs autour des personnalités présentes. Eric Elmosnino est venu présenter aux côtés de son réalisateur Yann Coridian un Ouf qui par son originalité et sa fraicheur, sort largement du lot.

Jeudi soir, c’est Virginie Efira et l’équipe de Patrick Ridremont qui ont subjugué littéralement les spectateurs avec Dead Man Talking, qui a d'ailleurs reçu le prix du public (voir tout le palmarès). Un film bouleversant et totalement édifiant du réalisateur belge qui livrait en exclusivité au public français un premier long métrage mûri durant douze années. Et les bonnes surprises ne se sont pas arrêtées là : Sandrine Bonnaire en compagnie de son jeune acteur Jalil Mehenni venait dès le lendemain présenter J’enrage de son absence avec Alexandra Lamy et William Hurt (récompensé du prix d’interprétation masculine).

Autant de films et de réalisateurs qui assuraient de donner du fil à retordre à l’équipe d’Audrey Fleurot au moment de décerner les prix... A la sortie des projections des courts métrages samedi matin, les membres du jury rencontraient les journalistes pour quelques questions. C’est ainsi que la présidente du jury nous confiait : «C’est ma première participation à un jury. J’étais à la fois flattée et stressée ; c’est une grosse responsabilité mais aussi l’opportunité de réfléchir sur le cinéma, de se confronter aux points de vue des autres au sein d’une superbe équipe. ».

Thierry Neuvic, pour sa part, est revenu sur un festival placé sous le signe des retrouvailles, comme l’avait annoncé Patrick Fabre, délégué artistique : « Ici je suis ravi. C’est un festival à taille humaine, familial, où les films en compétition restent le seul enjeu. De plus j’aime beaucoup cette région, on y ressent une certaine nostalgie et un climat très amical. Je pense que tous les festivals devraient ressembler à celui-là. » . Des retrouvailles malheureusement manquées pour Georges Lautner, venu rendre hommage à Claude Pinoteau, avec qui il couvrait depuis toujours le festival. Cette 17e édition était d’ailleurs dédiée à la mémoire du réalisateur de la Boum 1 et 2 et de la Gifle, ami fidèle des amateurs du 7e art, des jeunes cinéastes et des luziens bien sûr.

Enfin samedi soir, Audrey Fleurot rejoignait Kad Merad et Olivier Baroux pour présenter Mais qui a re-tué Pamela Rose. Avec une cérémonie de clôture aussi grandiose, la 17e édition résonnait déjà comme l’une des plus mémorables de Saint Jean de Luz. Et le phénomène ne saurait s’estomper. C’est avec un réel engouement que le public cette année était venu en masse pour assister à l’émergence de réalisateurs hors normes et talentueux. En somme, un festival qui permettait au public luzien et venu d’ailleurs, d’être le premier spectateur des débuts de cinéastes plus que prometteurs.

Yanne Yager