Dinard 2012 : Astérix et Obélix au service de Sa Majesté en avant-première

Posté par kristofy, le 7 octobre 2012

C’est le 4ème film (hors animation) avec les personnages de Goscinny et Uderzo, c’est le 3ème acteur a porter le costume de Astérix, c’est l’adaptation de 2 albums de bande-dessinée en même temps, et c’est la 1ère fois que la gaulois castagne en 3D… L’avant-première de Astérix et Obélix au service de Sa Majesté réalisé par Laurent Tirard était un des évènements de ce 23ème Festival du film britannique de Dinard, avec la présence de Guillaume Gallienne, alias Joritorax, et Valérie Lemercier. Les enfants ont rigolé durant la projection. Mais les adultes ne faisaient que sourire devant ce devoir appliqué de Laurent Tirard.

Les différences entre bande-dessinée et film :

Si le premier film de Claude Zidi montrait le meilleur mimétisme possible entre les acteurs et les dessins de Albert Uderzo, celui-ci est peut-être la transposition la plus fidèle des scénarios de René Goscinny, même si l’histoire mélange  Astérix chez les Bretons et Astérix chez les Normands. A noter que les deux, séparément, ont fait l'objet d'une adaptation en film d'animation. La liaison entre ces deux aventures est tout de même un peu artificielle : César demande le renfort des normands…mais ensuite, il n’y aura pas un seul contact entre ceux-ci et les romains. Pour le reste Astérix et Obélix au service de Sa Majesté est fidèle à presque tous les rebondissements des albums avec Jolitorax l’émissaire breton qui fait venir les gaulois pour leur "magique potion" et les normands qui veulent découvrir la peur en capturant le jeune Goudurix (Vincent Lacoste) pour apprendre la peur. Certains personnages sont cette fois totalement absent : le druide Panoramix, le barde Assurancetourix. La façon de parler des anglais et le flegme britannique à toute épreuve ainsi que leurs manières courtoises qui font l’humour de la BD se retrouvent bien transposées dans le film. Obélix-Gérard Depardieu et le nouvel Astérix-Edouard Baer forme un duo tout à fait convaincant même s'il n'est pas très fidèle à l’esprit de la BD : le premier est plus stupide et le second est moins héroïque.

Un casting all-stars :

Comme pour les précédents films, c’est le bottin mondain du cinéma français qui se retrouve au générique avec cette fois Catherine Deneuve et Fabrice Luchini (qui ne se croisent jamais), Vincent Lacoste, Dany Boon, Bouli Lanners, la surprise Atmen Kelif et aussi Charlotte Le Bon qui est l’atout charme du film (ex miss météo qu’on verra beaucoup en 2013 chez Clément Michel et chez Michel Gondry). On y remarque dans certaines séquences quelques guests célèbres comme Jean Rochefort et Gérard Jugnot (pas rancunier après l’annulation de son projet de réaliser le troisième film Astérix en Espagne), et d’autres encore qui se montrent pour dire à peine deux répliques comme Nader Boussandel. A noter qu’il s’agit de la dernière apparition au cinéma de l’acteur Michel Duchaussoy (dans le furtif rôle du chef Abraracourcix) avant son décès. Après Jamel et Gérard Darmon dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre et Benoît Poelvoorde dans Astérix aux Jeux olympiques, deux autres personnages principaux deviennent les moteurs à gags : Guillaume Gallienne et Valérie Lemercier avec leur savoureux accent british. Une case de la BD avec les Beatles a inspiré le générique de fin chanté par les BB Brunes. On regrettera qu'aucun acteur anglais ne fasse parti de la distribution. Le cinéma européen ce n'est pas pour maintenant.

Les nouveaux gags :

L’opus le plus drôle venait de l’humour spécifique d'Alain Chabat et de Jamel ; ici le scénario s’inspire de l’actualité la plus récente et joue aussi avec la parodie de d’autres films célèbres. On y voit des clins d’œil à Kill Bill, Star Wars et Orange Mécanique ! Plusieurs dialogues font écho à la politique sous la présidence Sarkozy avec notamment des dépenses excessives et "bling-bling" reprochées par le Sénat et la chasse aux clandestins (des sans papyrus) qui traversent la Manche. Côté gaulois on ironise sur les cheveux coiffés avec effet décoiffé, et côté breton on pourra remarquer les courbes des fesses de Pippa Middleton... La plus grande nouveauté est de s’amuser avec le sujet adulte de la sexualité. On y évoque le couple homosexuel (Astérix et Obélix sont deux hommes qui vivent ensemble avec un petit chien…), Astérix se met à draguer dans un bar, et César organise des orgies pour ses sénateurs. Sans compter le dépucelage électrique et tactile d'Obélix. Les enfants qui sont aussi le public-cible du film essaieront de comprendre ce que signifie une "orgie à emporter"… Ces différents nouveaux gags qui sont dans l’air du temps ne se substituent pas pour autant à la ligne directrice qui guide l’humour de ce film : nos personnages en provenance de la Gaule découvrent tout le charme de l’excentricité des Bretons. "To be a gentilhomme or not to be, that is the question". Reste que le film est l'une des cartouches principales pour résister à le véritable espion de sa majesté, James Bond, qui sort sur les écrans le 26 octobre, une semaine après l'arrivée d'Astérix et Obélix au service de Sa Majesté sur nos "gaulois écrans" le 17 octobre.

Dinard 2012 : Rencontre avec les deux acteurs de Good Vibrations, primé pour son scénario

Posté par kristofy, le 7 octobre 2012

Avec le film ill Manors de Ben Drew, l’autre sensation de la compétition du 23e Festival du film britannique de Dinard s'appelle Good Vibrations, second film du duo Glenn Leyburn et Lisa Barros D’Sa, qui a reçu le prix du scénario hier soir. On se retrouve dans le trouble des années 70 à Belfast : beaucoup d’irlandais auparavant gauchistes ou pacifiques prennent alors les armes pour se faire la guerre. Un homme avec peu d’argent et beaucoup de motivations décident d’ouvrir un magasin de disques sur l’avenue la plus bombardée de la ville, il veut faire partager son amour pour la musique et en particulier la country, le folk, et le reggae. Mais la révélation viendra avec le punk. Il veut vendre le disque d'un groupe local qu'il apprécie mais le groupe n’en n’a jamais enregistré… Cet homme va lui-même les emmener dans un studio et produire leur enregistrement : "il faut que tout le monde les entendent ! "

Vrai-faux biopic

Good Vibrations est presque un biopic ; son histoire est inspirée par Terri Hooley qui a contribué à faire émerger et se développer le mouvement punk à Belfast : depuis son magasin  il a ensuite fait enregistrer plusieurs groupes pour démarcher des maisons de disques qui rejettaient le punk. Du coup, il les distribuait lui-même, avec un van,organisait des concerts où quasiment personne ne venait... au début. Guidé par sa passion Terri Hooley va en même temps accumuler des dettes et risquer de mettre en péril son mariage. Pour cet idéaliste "les punks ne sont pas le problème, ils sont la solution ". L’époque change et le mouvement punk commence à s’étendre, un jour le dj-star de la radio BBC John Peel va passer à l’antenne un de ses disques et la gloire commence à arriver…Terri Hooley a fait connaître le punk nord irlandais avec Rudi, The Outcasts, The Undertones

Sur le thème de la musique adoucit les mœurs, ici le punk résonne comme un mouvement alternatif à la guerre. Le film parvient subtilement à doser humour et séquence musicale, et surtout, il délivre une énergie communicative digne des meilleurs feel-good movies.

Entretien avec Richard Dormer et Jodie Whittaker

Les deux acteurs principaux sont venus à Dinard, Richard Dormer et la craquante Jodie Whittaker (déjà connue par Attack the block) ; l’occasion de les rencontrer en tête à tête :

Ecran Noir : Jouer le le rôle d’une légende vivante comme Terri Hooley n'est-ce pas plus difficile?

Richard Dormer : Dans un certain sens, c’est plus facile en fait, car après l’avoir vu, ça donne la direction vers laquelle aller, on peut lui parler. La rencontre avec d’autres gens qui l’ont connu apporte aussi d’autres éléments sur sa façon de se comporter. J’avais une vue d’ensemble de l’homme qui était Terri Hooley, je ne partais pas de rien pour devenir lui à l’écran. C’est intéressant de s’approprier certains gestes et certaines intonations de voix tout en y apportant mon expérience de comédien.

Jodie Whittaker : Moi comme je joue sa femme, c’était aussi plus facile. Même si elle a une place très importante dans la vie de Terri Hooley, ce n’est pas cette personne qui est le sujet du film. Le scénario était vraiment fantastique parce qu'il donnait déjà des indices sur l’énergie de cette femme sur plusieurs traits de son caractère. J’ai pu proposer beaucoup de choses, j’avais plus de liberté par rapport à la façon de jouer ce personnage.

EN : Une réplique dit que "à New-York ils ont les coiffures, à Londres ils ont les pantalons, mais c’est Belfast qui est vraiment punk", Good Vibrations c’est LE film sur le mouvement punk ?

Richard Dormer : Oh certainement oui ! Mais c’est vrai qu’on n’a pas vu beaucoup de films sur ce thème. Est-ce qu’il existe d’autres films punk ?

Jodie Whittaker : Il y a Sid et Nancy, mais c’est à peu près tout.

Richard Dormer : Gary Oldman est très bon d’ailleurs en Sid Vicious.

Jodie Whittaker : D’une certaine façon Sid et Nancy c’est plus sur leur relation entre eux deux comme couple, mais ce n’est peut-être pas vraiment un film sur le punk d’ailleurs.

EN : Good Vibrations montre l’émergence du punk dans un contexte de réaction à la guerre civile en Irlande entre catholiques et protestants, et peu à peu on oublie presque cette guerre pour suivre que la musique…

Richard Dormer : Tout à fait, ça commence avec la guerre entre irlandais, mais le réalisateur ne voulait pas s’appesantir dessus. Ces combats entre ceux du nord et ceux du sud ont duré plusieurs dizaines d’années, c’est devenu malheureusement comme un cadre de vie. La guerre civile n’est pas vue comme quelque chose qui détruit la vie des gens même si on voit que ça les perturbe, les gens vivaient avec ça. Et il y a eu des jeunes pour dire "Non", ces jeunes qui malgré la guerre ont voulu suivre leurs rêves et faire ce qu’ils avaient envie de faire. Ne pas laisser la guerre t’arrêter et fais ce que tu veux, c’est cet esprit qui anime Terri Hooley toute sa vie et aussi ces jeunes groupes de punk-rock. Ces jeunes voulaient jouer leur musique et Terri Hooley voulait que tout le monde les écoute.

EN : Ici à Dinard il y a beaucoup de films où la musique est très présente, le punk dans Good Vibrations, le rap dans ill Manors, beaucoup de David Bowie dans Hunky Dory, la musique devient un élément de plus en plus important dans l’histoire racontée ?

Richard Dormer : Je ne sais pas si c’est un genre de tendance, mais si c’est le cas, on ne l’a pas du tout suivie. Le film Good Vibrations était en développement depuis quasiment dix ans. C’est juste une coïncidence je pense.

EN : Le slogan "punk is not dead" est encore d’actualité aujourd’hui ?

Richard Dormer : Si on voit le punk comme une autre manière de penser, c’est presque révolutionnaire. Le punk c’est remettre les choses établies en question, à la fois l’autorité et l’hypocrisie, c’est une affirmation de liberté.

Jodie Whittaker : Lui il est punk !

EN : Dans votre playlist quels sont vos cinq musiciens préférés ?

Jodie Whittaker : alors d’abord en n°1 Coldplay, je suis fan de Coldplay, n°2 Arcade Fire, n°3 The Tallest man on Earth, ils sont fabuleux, n°4 The White Buffalo, et en n°5 peut-être James Taylor ?

Richard Dormer : James Taylor ? vraiment ?

Jodie Whittaker : et toi ?

Richard Dormer : J’aime Coldplay aussi, Tom Waits, Cat Stevens, Snow Patrol, d’ailleurs trois des membres du groupe sont co-producteurs de ce film Good Vibrations, et voyons…

Jodie Whittaker : Rihanna !

Richard Dormer : hahaha, voyons, j’ai dit Tom Waits déjà…

Jodie Whittaker : Elliott Smith ? Elbow ?

Richard Dormer : oui, Elbow ! On a beaucoup écouté Elbow sur le tournage de ce film, ils sont très populaires en Angleterre.

EN : Good Vibrations n’a pas encore de distributeur en France, il sort quand en Angleterre ?

Jodie Whittaker : Chez nous la sortie est prévue pour janvier 2013, peut-être qu’il faudra encore attendre pour la France. Le film tourne pour le moment dans différents festivals comme ici à Dinard, celui de Belfast, celui de Karlovy-Vary, il sera au festival de Londres dans deux semaines.

Richard Dormer : Pour l’instant on a que de bons échos de ceux qui l’ont vu, il y a une good vibe avec Good Vibrations !