Fin de l’histoire pour Jean-Loup Dabadie (1938-2020)

Posté par redaction, le 24 mai 2020

Romancier, dramaturge, et surtout parolier et scénariste, Jean-Loup Dabadie est mort à l'âge de 81 ans. Côté chansons, on lui doit des tubes comme "Partir" et "Ma préférence" pour Julien Clerc, "Holidays" et "Lettre à France" pour Michel Polnareff, et des chansons pour Jean Gabin, Dalida, Claude François, Régine, Juliette Gréco, Johnny Hallyday, Marie Laforêt, Mireille Mathieu, Yves Montand, Serge Reggianni ("L'italien"), Michel Sardou ("Chanteur de jazz"),... Sans oublier que l'Académicien a signé quelques uns des meilleurs sketches de Guy Bedos pour la scène.

Côté cinéma, ce fut un brillant dialoguiste et observateur des mœurs de son époque, les années 1970 pendant lesquelles il fut un des plus prolifiques et brillants auteurs.. C'est évidemment sa collaboration avec Claude Sautet qui restera dans les mémoires de cinéphiles: Les choses de la vie, Max et les ferrailleurs, César et Rosalie, Vincent François Paul et les autres, Une histoire simple, Garçon...

Mais Labadie était aussi un prince de la comédie, à commencer par Le sauvage de Jean-Paul Rappeneau, dans un registre aventures, La gifle de Claude Pinoteau, dans un genre plus familial, ou Un éléphant ça trompe énormément et sa suite Nous irons tous au paradis d'Yves Robert, summum de la comédie amicale entre mecs. Avec Yves Robert, la collaboration a été régulière (Clérambard, Salut l'artiste, Courage fuyons, Le bal des casse-pieds), tout comme avec Pinoteau dans des genres plus variés (Le silencieux, La septième cible). Labadie a aussi écrit des films de Philippe de Broca, François Truffaut, Francis Girod, avec moins de succès. Clara et les chics types de Jacques Monnet en 1981 sonne même comme un requiem à son style.

Si son talent s'étiole à partir des années 80, en musique comme au cinéma, il reviendra sur le grand écran avec trois films consensuels de Jean Becker, La tête en friche, Bon rétablissement et Le collier rouge. Mais jamais il n'avait retrouvé ce talent qui aillait le rythme et les bons mots, le verbe cinglant et le silence vibrant qui faisaient des étincelles dans ses récits amoureux, dramatiques ou drôles, des années Pompidou-Giscard.

Disparition de la monteuse Marie-Josèphe Yoyotte, trois fois césarisée

Posté par vincy, le 23 juillet 2017

Marie-Josèphe Yoyotte, l'une des grandes monteuses du cinéma français, est morte le 17 juillet dernier, dans l'indifférence générale. Née le 5 novembre 1929, cette antillaise de mère bretonne fut la première monteuse noire du cinéma français.

Elle aura cependant attendu 1981 pour découvrir la Martinique de son père, à l'occasion des repérages du film Rue Case-Nègre d'Euzhan Palcy (César du meilleur premier film, quatre fois primé à Venise). Marie-Josèphe Yoyotte a été l'une des techniciennes les plus récompensées aux César. Elle obtiendra le trophée pour Police Python 357 en 197, pour Microcosmos en 1997 et pour Le peuple migrateur en 2002. Elle avait aussi été nommée pour Le sauvage en 1976 et pour Tous les matins du monde en 1992.

Son œuvre est éclectique. Outre des documentaires environnementaux somptueux et les fresques historiques télévisées de Josée Dayan (Les liaisons dangereuses, Les misérables, Le Comte de Monte Cristo et Balzac), elle a monté des comédies comme des polars, des films à grand spectacle comme des drames.

Les 400 coups, Diva, La Boum ...

Parmi sa riche filmographie, travaillant régulièrement avec Alain Corneau, Jean-Paul Rappeneau et Claude Pinoteau, on lui doit les montages de Je vous trouve très beau, Laisse tes mains sur mes hanches, Le prince du Pacifique, Himalaya - l'enfance d'un chef, Les palmes de M. Schutz, Siméon, Génial, mes parents divorcent!, L'étudiante, L'été en pente douce, La Boum et La boum 2, Tout feu, tout flamme, Diva, Le grand escogriffe, La gifle, Le distrait, La guerre des boutons et Les quatre cents coups.

Elle avait pris sa retraite il y a 10 ans, après un ultime coup de ciseau au Deuxième souffle d'Alain Corneau.

Retour sur le Festival de Saint-Jean de Luz : une 17e édition et de jeunes réalisateurs plus que prometteurs

Posté par redaction, le 17 octobre 2012

C’est sous des températures encore quasi estivales que s’est déroulé du 9 au 13 octobre dernier le Festival international des jeunes réalisateurs de Saint-Jean de Luz. A l’heure où les férus du 7e art de la côte basque s’affairaient autour du cinéma le Select pour la cérémonie d’ouverture, les organisateurs pouvaient déjà prédire le franc succès que serait cette 17e édition. Et pour sûr, avec un jury pareil, la ville balnéaire était l’endroit où il fallait être la semaine dernière. C’est ainsi que Thierry Neuvic, Mickael Cohen, Julien Courbey, Pauline Etienne, Elodie Navarre et Cyril Mennegun se retrouvaient au sein d’un jury de choix présidé par Audrey Fleurot, personnalité grimpante du petit écran, comme du grand (notamment remarquée pour ses rôles de dame du lac dans la série Kaamelot ou aux côtés d’Omar Sy dans Intouchables.).

Mardi s’ouvrait donc solennellement le festival avec comme première projection le deuxième long métrage d’Idit Cébula Rue Mandar. La réalisatrice, autrefois comédienne (Comme t’y es Belle, Nos jour heureux) présentait en exclusivité un film délicieusement piquant et touchant servi par un casting des plus efficaces, composé de Richard Berry, Sandrine Kiberlain et Emmanuelle Devos. Déjà récompensée à ce même festival en 2007 pour Deux vies plus une, Idith Cébula confiera quelques jours plus tard revenir avec grand plaisir à cet événement qui promeut à grande échelle les réalisateurs de demain.

Loin de s’essouffler, la cadence n'a fait que s’accroitre les jours suivants. Le festival a atteint un record d'affluence pour les films en compétition, et ce fut la ruée tous les soirs autour des personnalités présentes. Eric Elmosnino est venu présenter aux côtés de son réalisateur Yann Coridian un Ouf qui par son originalité et sa fraicheur, sort largement du lot.

Jeudi soir, c’est Virginie Efira et l’équipe de Patrick Ridremont qui ont subjugué littéralement les spectateurs avec Dead Man Talking, qui a d'ailleurs reçu le prix du public (voir tout le palmarès). Un film bouleversant et totalement édifiant du réalisateur belge qui livrait en exclusivité au public français un premier long métrage mûri durant douze années. Et les bonnes surprises ne se sont pas arrêtées là : Sandrine Bonnaire en compagnie de son jeune acteur Jalil Mehenni venait dès le lendemain présenter J’enrage de son absence avec Alexandra Lamy et William Hurt (récompensé du prix d’interprétation masculine).

Autant de films et de réalisateurs qui assuraient de donner du fil à retordre à l’équipe d’Audrey Fleurot au moment de décerner les prix... A la sortie des projections des courts métrages samedi matin, les membres du jury rencontraient les journalistes pour quelques questions. C’est ainsi que la présidente du jury nous confiait : «C’est ma première participation à un jury. J’étais à la fois flattée et stressée ; c’est une grosse responsabilité mais aussi l’opportunité de réfléchir sur le cinéma, de se confronter aux points de vue des autres au sein d’une superbe équipe. ».

Thierry Neuvic, pour sa part, est revenu sur un festival placé sous le signe des retrouvailles, comme l’avait annoncé Patrick Fabre, délégué artistique : « Ici je suis ravi. C’est un festival à taille humaine, familial, où les films en compétition restent le seul enjeu. De plus j’aime beaucoup cette région, on y ressent une certaine nostalgie et un climat très amical. Je pense que tous les festivals devraient ressembler à celui-là. » . Des retrouvailles malheureusement manquées pour Georges Lautner, venu rendre hommage à Claude Pinoteau, avec qui il couvrait depuis toujours le festival. Cette 17e édition était d’ailleurs dédiée à la mémoire du réalisateur de la Boum 1 et 2 et de la Gifle, ami fidèle des amateurs du 7e art, des jeunes cinéastes et des luziens bien sûr.

Enfin samedi soir, Audrey Fleurot rejoignait Kad Merad et Olivier Baroux pour présenter Mais qui a re-tué Pamela Rose. Avec une cérémonie de clôture aussi grandiose, la 17e édition résonnait déjà comme l’une des plus mémorables de Saint Jean de Luz. Et le phénomène ne saurait s’estomper. C’est avec un réel engouement que le public cette année était venu en masse pour assister à l’émergence de réalisateurs hors normes et talentueux. En somme, un festival qui permettait au public luzien et venu d’ailleurs, d’être le premier spectateur des débuts de cinéastes plus que prometteurs.

Yanne Yager

Claude Pinoteau (1925-2012) : silencieux à tout jamais

Posté par vincy, le 6 octobre 2012

Claude Pinoteau, né le 25 mai 1925, est mort hier, le 5 octobre 2012 à Neuilly-sur-Seine. L'information a été confirmée par son agent Elizabeth Tanner. Il avait reçu le prix Louis-Delluc pour La Gifle en 1974.

Réalisateur de grands succès populaires comme La gifle avec Lino Ventura, Anne Girardot et la jeune Isabelle Adjani ou Le grand escogriffe avec Yves Montand, il avait réalisé son premier long métrage en 1973, avec Le silencieux, film d'espionnage modèle de cette époque, avec Ventura (son acteur fétiche avec qui il tourna la plupart de ses premiers longs métrages) et Suzanne Flon.

C'est surtout avec La Boum, sa suite et L'étudiante qu'il devint un cinéaste "bankable", tout en confirmant son incroyable flair pour les jeunes comédiennes en révélant Sophie Marceau qui le considérait comme son père de cinéma. Alternant comédies, polars et sur la fin de sa carrière des films plus romanesques, Pinoteau fit aussi découvrir au public Géraldine Pailhas dans La neige et le feu.

Après quelques échecs publics, il retrouva les faveurs des spectateurs en 1997 grâce à l'adaptation de la pièce moliérisée Les Palmes de Monsieur Shultz, avec Isabelle Huppert, Charles Berling et Philippe Noiret.

Malade, il ne tourna rien d'autre qu'un documentaire sur l'Abbé Pierre dans les années 2000.

Réalisateur, adaptateur, dialoguiste ou producteur, Claude Pinoteau avait pratiqué tous les métiers du cinéma. Il avait débuté comme accessoiriste et régisseur, avant de devenir assistant réalisateur de Jean Cocteau (Les Parents terribles), Jean-Pierre Melville (Les Enfants terribles), Max Ophüls (Lola Montes), Philippe de Borcas (Les tribulations d'un chinois en Chine), Henri Verneuil (Un singe en hiver, mélodie en sous-sol) et de Claude Lelouch (L'Aventure, c'est l'aventure).

Claude Pinoteau aimait par dessous tout filmer les contradictions sentimentales et les tourments émotionnels de la jeunesse. La grande Histoire lui servait souvent de prétexte pour raconter sa vision des rapports humains, loyaux mais souvent bousculés.

LOL : Laughing Or Leaving

Posté par Morgane, le 3 février 2009

lol laughing out loud« - j’voulais te demander un service. Tu veux pas qu’on fasse l’amour ? »

L'histoire : LOL ? ça veut dire « Laughing Out Loud  -mort de rire- » en langage texto. C’est aussi comme ça que les amis de Lola l’appellent. Pourtant, le jour de la rentrée, Lola n’a pas le cœur à rire. Arthur, son copain, la provoque en lui disant qu’il l’a trompée pendant l’été. Et sa bande de potes a le don de tout compliquer. Tout comme sa mère, Anne, avec qui le dialogue est devenu impossible, et pas seulement parce-qu’elle ignore ce que LOL signifie. Que ses parents aient divorcé est une chose. Qu’Anne traite son ado comme une enfant en lui mentant sur l’essentiel, par exemple sur le fait qu’elle revoit son ex en cachette ou qu’elle se fait draguer par un flic, en est une autre. De son côté, Anne se demande ce qui a bien pu arriver à sa douce petite fille. De la fusion à la confusion, entre joints et capotes (chez l'une ET l'autre), les relations mère-fille bouillonnent d’amour et de LOL.

Ce que l’on en pense : La jeune Vic de La Boum de Claude Pinoteau a bien grandi. Sophie Marceau est désormais devenue maman, elle-même confrontée aux histoires d’amour, et autres, de Lola (Christa Theret, vue dans Et toi t'es sur qui?), sa fille.

Lisa Azuelos (Comme t’y es belle) filme avec beaucoup de tendresse cette jeune ado pour qui l’année de seconde ne sera pas de tout repos. Tromperies, amours, conflits, amitiés…tout est là. La caméra suit Lola, l’observe se débattre, pleurer, rire et grandir. Il semble bien dur d’être lycéenne, et c’est vrai. Mais ce que l’on peut reprocher au film réside dans son manque d’universalité. Bien loin du monde d’Entre les murs, LOL se situe aux antipodes, dans un lycée parisien plutôt bourgeois où le monde des adolescents est réduit à une petite bulle dorée faite d’appartements grandioses, de coupes de cheveux et de fringues hyper tendance, de Sms, Msn & co… La superficialité semble faire fureur laissant un peu le spectateur sur le bord de la route. Ici tout est toujours trop. Les nanas sont trop des tepu et les mecs, trop des bâtards. De l’autre côté de l’écran, le spectateur, quant à lui, fait rapidement une trop de dose de cet univers un peu loin des réalités. La candeur n’atteint pas uniquement les plus jeunes. Le personnage de Sophie Marceau, femme divorcée, la quarantaine, mère de trois enfants, vit au cœur d’une véritable naïveté maternelle. Lisa Azuelos nage alors dans les eaux roses d’un univers idéalisé où seule la légèreté régit le monde.

Néanmoins, côté divertissement, le film réussit son pari. Les personnages, dont celui de Marceau en mère poule moderne, sont marrants et assez attachants. Les grimaces de l'actrice autrefois ado et les discussions de la bande de potes de Lola  nous font sourire, quant à leurs peines de cœur, elles nous touchent. Fraîcheur et légèreté sont donc bel et bien au rendez-vous. Les ados adoreront sûrement LOL, le trouvant trop top. Pour les autres, le film sera certainement un bon moyen de prolonger l'observation sociologique de cette jeunesse incompréhensible.