Mon premier festival 2017 : une semaine d’aventures en salles obscures

Posté par MpM, le 31 octobre 2017, dans Avant-premières, Courts métrages, Festivals, Films.

A chaque édition, on le répète : Mon premier festival est une formidable occasion d'initier les enfants au cinéma sur grand écran, en jonglant avec les styles et les époques, et en profitant des chouettes ateliers organisés en marge des projections. Cette année, nous avons décidé d'aller plus loin en vivant le festival de l'intérieur, en conditions réelles, c'est-à-dire en compagnie d'un jeune cinéphile de 5 ans, cobaye plutôt consentant. Récit d'une semaine d'aventures en salles obscures.

Jour 1


Il est 10h du matin, nous sommes au cinéma L'entrepôt (XIVe), l'un des 14 cinémas partenaires de Mon premier festival. L'accueil est chaleureux dès l'entrée, entre fébrilité et excitation. Dans la salle, ton convivial et complice : "C'est la première séance du festival !" s'exclame la présentatrice. "Au fait, les enfants, vous savez ce qu'est un festival ?". Participation ravie du public, qui réagit au quart de tour aux différentes questions et explications, et fait sagement silence dès que la salle s'éteint.

On a décidé de commencer doucement, avec le très joli programme de courts métrages Neige et les arbres magiques du studio Folimage (sorti en 2015). Le jeune cinéphile aime beaucoup l'arbre qui part en balade, entraînant avec lui une foule disparate, dans One, two, tree de Yulia Aronova. Il est aussi séduit, mais également interpellé, par les Tigres à la queue leu leu de Benoît Chieux, qui provoquent une quantité astronomique de questions ("Mais par où il sort, le chien, quand il est dans l'estomac du tigre ?"). Enfin, Neige fait son petit effet avec ses personnages inuits et son hymne à l'amitié interculturelle.

Jour 2


"Bon, alors, qu'est-ce qu'on fait, aujourd'hui ?" Cette fois, le jeune cinéphile prend les choses en mains, et ouvre son programme de festivalier. "D'accord, on va au cinéma, mais au festival, hein !" Après réflexion, son choix finit par se porter sur Cadet d'eau douce de Buster Keaton et Charles Reisner. Ca tombe bien, la séance (qui a lieu au Chaplin Denfert, XIVe) s'accompagne d'un quiz sur le cinéma muet.

Quiz plutôt ambitieux qui aborde à la fois les spécificités techniques du cinéma muet, ses grands auteurs, le cinéma burlesque, et l'oeuvre de Buster Keaton. Le jeune cinéphile n'a pas l'air d'avoir tout retenu, et pourtant le lendemain on le trouvera en train de pérorer sur Charlie Chaplin. Pas si mal.

Le film, lui, rencontre un immense succès. Dans la salle, les fous rires devant les irrésistibles (et indémodables) gags de Buster Keaton alternent avec les moments d'apnée, yeux écarquillés face aux ravages de la tempête finale. Voilà comment on inculque (très) jeune l'amour du cinéma muet et en noir et blanc !

Jour 3


Le jeune cinéphile est un inconditionnel de Wallace et Gromit, il a donc sursauté en voyant un visuel de Chicken run dans le catalogue : "Regarde maman, on dirait Wallace déguisé en poule". Comme il ne faut jamais laisser passer l'occasion d'emmener un enfant voir un film sur la résistance et la désobéissance civique, ce matin, ce sera donc Chicken run au Luminor Hôtel de Ville (IVe) !

La salle est bien remplie et on peut lire dans le regard des adultes qu'ils se réjouissent au moins autant que leur progéniture de (re)voir ce chef d'oeuvre des studios Aardman. Et c'est vrai qu'on ne se lasse pas des tentatives d'évasion de plus en plus désespérées de Ginger et de ses copines, des escarmouches entre la comploteuse anglaise et le fanfaron américain, et des bons mots de tous ces personnages très anthropomorphiques. Succès unanime.

Jour 4


Pour corser un peu l'expérience, aujourd'hui, on teste l'une des trois séances "bébés bienvenus" du Festival. "Lumière tamisée, volume sonore atténué, espace de jeux" : les conditions idéales sont réunies pour permettre aux jeunes parents de profiter ensemble d'une séance de cinéma à destination des plus grands.

Pour l'occasion, on embauche donc un bébé pas encore cinéphile d'environ un an, et direction le Chaplin Denfert (XIVe) pour La balade de Babouchka, un programme de courts métrages d'animation qui racontent des contes folkloriques russes. Dans la salle, de nombreuses familles sont déjà installées, parfois avec des poussettes ou même des nourrissons en porte-bébé. En dessous de l'écran, des jeux et des tapis d'éveil attendent les plus petits spectateurs. Quelques lumières restent allumées pendant la projection. Pour le reste, ça ressemble à une séance classique.

Quelques jeunes enfants se déplacent (le bébé pas encore cinéphile est plus curieux des spectateurs que du film, et finit par promener des jouets dans toute la salle), mais l'ambiance reste malgré tout suffisamment calme pour suivre les 4 histoires. Ce n'est globalement pas le meilleur programme du festival (on se serait passé des introductions assez répétitives à la gloire de la Russie) mais il passe plutôt bien auprès des plus jeunes qui aiment voir une petite fille mener une renarde par le bout du nez et un jeune garçon manger inlassablement la maison en crêpes des biquettes...

Jour 5


Le jeune cinéphile, qui est fan de Ferda la fourmi, s'est laissé tenter par La révolte des jouets, un programme de trois courts métrages réalisés par Hermina Tyrlova et Bretislav Pojar entre 1947 et 1974. A l'Archipel (Xe) où a lieu la séance, nous avons droit à un instructif petit panorama du cinéma d'animation tchèque du XXe siècle, et on se rend compte que les principaux réalisateurs sont connus en France (y compris des plus jeunes) grâce au formidable travail de distribution réalisé notamment par Malavida, qui a (entre autres) ressorti deux programmes de Ferda la Fourmi en 2016 et 2017 et Quel cirque ! il y a quelques semaines (avec notamment des films de Brestislav Pojar et Karel Zeman).

La particularité du programme La révolte des jouets (présenté en avant-première, il sort le 4 avril 2018, toujours grâce à Malavida) est de mêler prises de vues réelles et animation d'objets, en l'occurrence des jouets. On est comme toujours impressionné par la qualité d'animation qui offre fluidité et inventivité. Si les deux premiers films restent assez "mignons" (un pantin s'anime pour endormir un bébé, un petit train en bois joue avec une figurine pendant la nuit), le dernier est une étonnante fable contre le nazisme dans laquelle un officier SS est attaqué courageusement par une armée de jouets intrépides. De quoi enthousiasmer le jeune cinéphile qui aime beaucoup que le "méchant" soit puni par une volée de boulets de canon miniatures !

Il est également très fier de participer au prix du public en glissant un bulletin dans l'urne. Certes, les choix restent très basiques ("j'aime", "j’aime pas") ce qui impliquera d'organiser quelques ateliers critiques pour apprendre par la suite aux jeunes spectateurs à développer leurs opinions, mais le geste symbolique plaît, et est même pris très au sérieux par ce public plus exigeant qu'il n'y paraît.

Jour 6


Aujourd'hui, c'est relâche. Le jeune cinéphile râle un peu de ne pas avoir sa séance quotidienne, mais se laisse acheter par la perspective d'un ciné-concert (Jour de fête de Jacques tati, avec le groupe Diallèle) le lendemain, lors de la séance de clôture. "Mais ça veut dire que c'est déjà fini le festival ? Mince, comment on va faire pour voir des films ?".  C'est le problème avec les belles expériences, on voudrait qu'elles ne s'arrêtent jamais.

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