Antonio Banderas et Penélope Cruz réunis dans une comédie

Posté par vincy, le 15 février 2020

C'est un des projets les plus chauds du moment. Competencia Oficial (Compétition officielle en français) va réunir de nouveau Antonio Banderas et Penélope Cruz.

Cette comédie espagnole sera réalisée par le duo argentin Mariano Cohn et Gastón Duprat (L'homme d'à côté, Citoyen d'honneur).

On a vu le duo récemment à l'affiche de Douleur et gloire de Pedro Almodovar, même s'ils n'avaient aucune scène ensemble. Almodovar les avait fait tourner dans Les Amants Passagers, dans une brève séquence d'introduction.

Ce sera donc la première fois où ils auront, ensemble, les deux rôles principaux. Cruz interprétera une cinéaste notoire qui est engagée par un milliardaire pour faire un film mythique. Banderas jouera une star hollywoodienne réputée pour son sex-appeal. Oscar Martinez, vu dans Les Nouveaux sauvages, incarnera un comédien de théâtre, plutôt orienté sur les mises en scène radicales.

Le scénario a été écrit par les réalisateurs et Andrés Duprat. Le tournage doit débuter le 26 février.

Les César meurent, et ça n’est pas plus grave que ça

Posté par redaction, le 14 février 2020

Ça n'en finit pas. Les César sont dans la tempête. Et on n'a rien écrit dessus. On reçoit bien les communiqués des uns et des autres, de l'Académie qui se défend et de ceux qui l'attaquent, des parties de ping-pong où l'Académie s'enfonce chaque fois un peu plus dans la crise, jusqu'à personnaliser, cristalliser le débat autour de son président, le producteur Alain Terzian. On comprend bien les polémiques. On aurait tendance à soutenir les accusateurs. Et pourtant, on a attendu la Saint-Valentin pour en parler. C'est une histoire de divorce, ça tombe bien.

Pourquoi ça nous indiffère? Parce que cela fait longtemps que les César ne sont plus un événement à nos yeux. On couvre la cérémonie en annonçant les nominations et le palmarès. Service minimum de l'information. Mais sinon, quel intérêt? Quel impact? A part faire parler les professionnels de la profession, flatter les vainqueurs, qui peut s'intéresser à une telle branlette médiatique? L'acte courageux serait de ne pas aller aux César, si on ne soutient pas l'actuelle et future défunte direction, ni sa politique. Des 400 signataires d'une tribune aussi juste que virulente, combien feront quand même acte de présence salle Pleyel? On pense aux producteurs, à Karin Viard, Roschdy Zem, Céline Sciamma, Anthony Bajon, tous nommés cette année. On vous encourage à libérer votre soirée, et vous amuser davantage ailleurs.

Influenceurs

Il suffit de connaître les cuisines depuis quelques années pour comprendre notre point de vue. Il faut débourser 90€ pour être membre. Les dernières révélations nous ont confortés dans notre appréciation. Le fameux coffret n'est pas exhaustif. Le ticket d'entrée est même assez cher (6600€, ça peut calmer les petits distributeurs ou même les moyens qui doivent défendre plusieurs films). Et ne parlons pas de l'empreinte carbone. Pourquoi ne pas tout mettre sur une plateforme numérique et cryptée? Ainsi les nominations sont influencées: les petits films n'ont aucune chance d'être repérés, même en étant soutenu par la critique. Et entre la liste des préconisations pour les espoirs (qui en plus rejettent des Virginie Despentes et Claire Denis comme marraines) et les labels techniques qui ferment le choix à quelques films, les nominations n'ont plus rien de représentatif des goûts d'une profession, qui n'a de toute façon pas le temps de voir le quart des films en course.

Perte d'influence

Ne parlons pas du vote: l'ergonomie de la plateforme est digne d'un site de vidéo à la demande français. Avec des menus déroulants infinis. L'Académie est sous le feu des critiques (elle a démissionné hier, après avoir demandé une médiation au CNC, après avoir cru que le gros vent se calmerait), son président est accusé de conflits d'intérêts avec Canal + dans un quotidien ce matin, sa tambouille apparaît au grand jour. Il faut dire que les César, avec leur soirée souvent ratée, leur audience faiblarde et le manque d'impact pour les films récompensés au box office, sont plus à cheval sur l'idée de ne pas mettre un s à César au pluriel que de pouvoir justifier l'incompatibilité d'un césar du meilleur film et d'un césar du meilleur réalisateur, ou le quota obligatoire de deux films francophones dans la catégorie film étranger (ça donne des nominations étranges), ou d'une année sur l'autre une catégorie animation fusionnant les courts et les longs ou scindant les deux.

Branding

Sans parler des César d'honneur, choix du chef. Aucun français depuis 2008 (et encore c'était le second pour Jeanne Moreau et un posthume pour Romy Schneider) et une allégeance à Hollywood qui devient insupportable. Rappelons que Nanni Moretti, Mike Leigh, Ken Loach, Wim Wenders, Claude Lellouch, Michel Piccoli, Charlotte Rampling, Kristin Scott Thomas, Ridley Scott, Wong Kar wai, Costa Gavras manquent à l'appel...

A la vue des prochains César, on se dit surtout que quelques beaux films, récompensés qui plus est, ont été zappés au détriment d'un certain cinéma. Notamment des films de femmes comme Atlantique, Proxima, C'est ça l'amour, Tu mérites un amour, Les estivants... Formellement, c'est consensuel, voire répétitif. A force de privilégier des films du milieu, d'inventer le César du public, de bouder les propositions audacieuses d'un cinéma éclectique et cosmopolite, les César sont devenus moyens. Aucune surprise. Et si les films cannois dominent toujours, c'est bien parce que Cannes est le seul endroit où la profession voit les films. Sans parler de la non représentativité des 4600 votants avec seulement 35% de femmes parmi eux.

Tout cela pourrait-on dire n'est finalement qu'un vote de la profession. Mais on voit bien à quel point, au fil des années, la belle cérémonie s'est dévoyée, surtout en interne. Ce n'est pas une question de bon joueur, mauvais joueur. On doit accepter le vote démocratique des professionnels membres de l'Académie. Mais les propositions (coffret, catégories labellisées) et les résultats (le César du meilleur réalisateur peut revenir au 2e dans l'ordre des votes) sont manipulés, les César d'honneur décidés par un seul homme, truquent le jeu. Le président peut même imposer une nomination, grâce à un règlement fait sur mesure pour lui donner tous les pouvoirs. Tout cela est opaque, sent l'entre-soi, refuse le changement. Alors, non, pas une larme pour ces César. Et soutien total à ceux qui veulent révolutionner l'Académie.

Avé César, morituri te salutant. Oops, finalement c'est César le tricheur qui est mort. Le temps de se refaire une petite santé. Cela ne peut-être que salutaire.

Mike Leigh annonce un nouveau projet

Posté par vincy, le 14 février 2020

mike leigh sur le tournage de TurnerAlors que Peterloo, son dernier film, en compétition à Venise en 2018, n'est visible que sur Amazon, Mike Leigh a annoncé aujourd'hui qu'il tournerait son prochain film cet été au Royaume-Uni.

Comme d'habitude, il n'y a ni titre, ni pitch. Mais cette fois-ci il y a au moins deux distributeurs, l'un aux USA - Bleecker Street -, l'autre au Royaume-Uni, Entertainment One, pour le sortir en salles.

Reste à savoir si sa rancœur vis-à-vis de Cannes, qui a refusé Peterloo, perdurera. Le film pourrait être prêt début 2021, à temps pour l'un des trois festivals majeurs.

Julie Delpy se lance dans une série pour Canal + et Netflix

Posté par vincy, le 13 février 2020

Julie Delpy se lance à son tour dans la série. La réalisatrice et actrice a convaincu Canal + et Netflix de la suivre pour sa série On the Verge, sur laquelle elle travaille depuis 2016. L'intrigue tourne autour de quatre femmes célibataires ou aux prises avec des relations compliqués, toutes dans la quarantaine et résidant à Los Angeles.

La cinéaste et comédienne confiait à Variety il y a quelques années: "Je voudrais les montrer d'une manière que nous n'avons jamais vue auparavant, montrer à quel point elle peuvent être crues et folles quand elles parlent des hommes, du sexe et des relations humaines."

Julie Delpy a écrit la série avec sa co-scénariste de 2 Days in New York, Alexia Landeau. Elle incarnera l'une des quatre femmes, aux côtés d'Elisabeth Shue qui s'est ajoutée au casting et à la liste des coproducteurs aujourd'hui. La série comportera 12 épisodes.

Delpy, 50 ans, a présenté son dernier film, My Zoe, au festival de Toronto en septembre. Il n'y a toujours pas de date de sortie prévue en France.

Joaquin Phoenix : un court écolo, un long mélo

Posté par vincy, le 12 février 2020


Enfin oscarisé, Joaquin Phoenix vient de terminer à la Nouvelle-Orléans son premier film post-Joker. Le producteur et distributeur A24 a annoncé que l'acteur sera la tête d'affiche du nouveau film de Mike Mills, à qui l'on doit 20th Century Women et Beginners. A24 présentera ce projet provisoirement intitulé C'mon, C'mon au marché du film européen de la prochaine Berlinale

Joaquin Phoenix y interprète un artiste qui doit prendre soin de son jeune neveu précoce. Au cours d'un road-trip à travers le pays, ils vont forger une relation inattendue. Le mélo aborde notamment les problèmes de bipolarité.

Le générique comprendra aussi Gaby Hoffman (les séries Girls, Transparent), le jeune Woody Norman (les séries La guerre des mondes, Poldark), Kenneth Kynt Bryan (la série Claws) et Brandon Rush (Amour, gloire et beauté, Esprits criminels) .

Joaquin Phoenix a aussi tourné depuis le Joker un court-métrage à message écologique, Guardians of Life de Shaun Monson.

The French Dispatch: premières images et première bande annonce

Posté par vincy, le 12 février 2020

Avouons-le: on a hâte que Thierry Frémaux confirme que The French dispatch soit sélectionné à Cannes. Le nouveau film de Wes Anderson, tourné à Angoulême, réunit un des castings les plus dingues de ces dernières années: Benicio del Toro, Adrien Brody, Tilda Swinton, Léa Seydoux, Frances McDormand, Timothée Chalamet, Lyna Khoudri, Jeffrey Wright, Mathieu Amalric, Stephen Park, Bill Murray, Owen Wilson, Liev Schreiber, Elisabeth Moss, Guillaume Gallienne, Jason Schwartzman, Edward Norton, Willem Dafoe, Rupert Friend, Lois Smith, Saoirse Ronan, Christoph Waltz, Cécile de France, Hyppolyte Girardot et Anjelica Huston.

La bande annonce a été dévoilée aujourd'hui et on comprend qu'il s'agit de plusieurs petites histoires, en couleur et en noir et blanc, autour d'un magazine américain d'une ville française (fictive) du siècle dernier, Ennui-sur-Blasé (tout un programme). Le magazine va publier son dernier numéro.

Wes Anderson s'est inspiré du légendaire (et toujours vivant) New Yorker pour écrire son scénario. Plusieurs personnages ont des traits communs avec les membres de l'équipe du magazine new yorkais ou de personnalités qui ont fait l'objet de longues enquêtes. Voici les premières images...

Vesoul 2020 : Regard sur le cinéma tibétain et hommage à Ronit Elkabetz

Posté par kristofy, le 11 février 2020

La ville de Vesoul, en Haute-Saône, devient comme chaque année le temps d'une large semaine une capitale asiatique : du 11 au 18 février le 26e Festival International des Cinémas d'Asie de Vesoul vous ouvre ses portes avec 84 films en provenance de 24 pays, dont 40 films inédits accompagnés d'autant d'invités. Comme toujours, on y met en lumière des cinématographies parfois raresn du continent asiatique au sens géographique, du proche à l'extrême orient : Afghanistan, Bangladesh, Chine, Corée, Inde, Indonésie, Iran, Japon, Kazakhstan, Liban, Myanmar, Philippines, Sri Lanka...

Cette année le FICA de Vesoul va mettre particulièrement à l'honneur le Tibet, avec pour la première fois une rétrospective sur ce cinéma: l'ensemble des films du réalisateur Pema Tseden (qui est d'ailleurs le seul a avoir gagné deux fois le Cyclo d'Or à Vesoul) et ceux de Sonthar Gyal, en plus de découvertes.

Les deux autres pays mis en avant seront Israël par le biais d'un hommage particulier à l'actrice Ronit Elkabetz, et le Japon avec notamment des films d'Akira Kurosawa et le meilleur de l'animation récente avec Les enfants du temps, Le mystères des pingouins, ou encore Millennium actress.

Une nouvelle fois le Festival sera riche de multiples sections, avec une compétition documentaires, une thématique "Liberté, Egalité, Créativité", qui sera l'occasion de voir ou revoir une vingtaine de classiques éclectiques tels Conte des chrysanthèmes tardifs de Mizoguchi Kenji (1939), Le Héros de Satyajit Ray (1966), Dunia de Jocelyne Saab (2005), Taxi Téhéran de Jafar Panahi (2015)...

Il y aura en avant-première Hotel by river de Hong Sang-so, le délicat et sensible Wet season d'Anthony Chen, ou le nouveau film de Pema Tseden, Balloon.

Enfin, la compétition internationale de 9 films (encore sans distributeur en France) sera arbitrée par le jury, présidé par Jay Jeon (directeur du Festival International du Film de Busan en Corée), lui-même entouré de Yuliya Kim (directrice du Festival International du Film d’Almaty au Kazakhstan, et productrice), Joji Alonso (productrice aux Philippines) et Ariel Schweitzer (critique, en Israël).

La compétition:

  • Hava, Maryam, Ayesha, de Sahraa Karimi (Afghanistan)
  • Saturday Afternoon, de Mostofa Sarwar Farooki (Bangladesh)
  • Changfeng Town, de Wang Jing (Chine)
  • A Bedsore, de Shim Hye-jung (Corée du sud)
  • Just Like That, de Kislay (Inde)
  • Among the Hills, de Mohammad Reza Keivanfar (Iran)
  • Mariam, de Sharipa Urazbayeva (Kazakhstan)
  • John Denver Trending, de Arden Roz Condez (Philippines)
  • Children of the Sun, de Prasanna Vithanage (Sri Lanka)

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26e Festival des Cinémas d'Asie de Vesoul

Du 11 février au 18 février 2019
Informations pratiques sur le site de la manifestation

Deux projets (en anglais) pour Pedro Almodovar

Posté par vincy, le 11 février 2020

IndieWire a révélé dimanche que le prochain film de Pedro Almodóvar sera un court-métrage, avec Tilda Swinton. L'actrice écossaise conforte son statut d'égérie des grands cinéastes, même l'espagnol, qui a pourtant rarement dirigé des acteurs non hispanophones (Peter Coyote fut l'un des chanceux).

Mieux, le court de Pedro sera adapté de La voix humaine de Jean Cocteau. Ce sera le premier film en langue anglaise pour le cinéaste espagnol. Ce sera aussi un exercice préparatoire pour le long métrage, en langue anglaise, Manuel à l'usage des femmes de ménage, adaptation du livre éponyme de Lucia Berlin, paru en France chez Grasset.

Après le succès de Douleur et Gloire, nommé aux Oscars, aux César, primé à Cannes, sacré aux Goyas, le réalisateur n'a pas trop tardé pour se lancer dans ces deux projets.

Il tournerait La voix humaine à Madrid au printemps. Il s'agirait d'un court-métrage de 15 minutes. Le format court n'est pas étranger au réalisateur puisqu'il en a tourné une douzaine dans les années 1970. Son dernier fut La Conseillère anthropophage (La concejala antropófaga) en 2009, une scène qui prolonge le film Étreintes brisées où Almodovar parodie son propre film Femmes au bord de la crise de nerfs.

La Voix humaine est une pièce de théâtre en un acte de Jean Cocteau écrite en 1928, créée dans une mise en scène de Jean-Pierre Laruy à la Comédie-Française le 17 février 1930. Cette pièce a déjà été transposée au cinéma: En 1948 avec L'amore, de Roberto Rossellini, avec Anna Magnan, et en 1988 avec Codice privato, de Francesco Maselli avec Ornella Muti. Un autre italien, Edoardo Ponti, en a fait un court métrage en 2014, avec la mère du réalisateur, Sophia Loren. Surtout Almodovar s'en était inspiré pour le scénario de Femmes au bord de la crise de nerfs.

Cette pièce a un seul personnage met en scène une femme qui parvient enfin à joindre son destinataire au téléphone, sans doute son amant. C'est l'histoire de leur rupture amoureuse. On sent qu'elle n'est pas simple puisque la femme aime encore l'homme à qui elle parle. Elle a aussi sans doute tenté de se suicider. Almodovar veut modifier le récit en transformant l'enjeu. Dans son court, la femme tenterait de convaincre son partenaire de ne pas se quitter. Tout sera centré sur la femme et son chien, dans un décor fabriqué en studio. Cela permettra au réalisateur de travailler avec Tilda Swinton, qu'il admire depuis longtemps.

Le court-métrage pourrait être présenter à Venise.

Puis il enchainera avec son prochain long métrage. Il a écrit la première version du scénario entre le festival de Toronto en septembre et la saison hivernale des prix. Manuel à l'usage des femmes de ménage aurait déjà ses deux acteurs principaux, mais le cinéaste ne les a pas encore révélés.

Le livre de Lucia Berlin est comme un recueil de nouvelles à travers 43 épisodes de sa vie multiple: élevée dans les camps miniers d’Alaska et du Midwest, elle a été successivement une enfant solitaire au Texas durant la Seconde Guerre mondiale, une jeune fille riche et privilégiée à Santiago du Chili, une artiste bohème vivant dans un loft new-yorkais au milieu des années 50, une alcoolique, qui s'est mariée à un toxico, et une infirmière aux urgences d’Oakland. Elle distille ainsi ses conseils avisés et drôles, tirés de ses propres expériences d’enseignante, standardiste, réceptionniste, ou encore femme de ménage.

Le film se tournerait en anglais et en espagnol, entre la baie de San Francisco, le Texas et le Mexique. Ce caprice almodovarien sera sans doute dans la lignée de son film Julieta, adapté de trois nouvelles du recueil Fugitives d'Alice Munro.

Oscars 2020: l’immense sacre de Parasite

Posté par vincy, le 10 février 2020

Certains y voient la dernière cérémonie d'un monde ancien. Netflix v. Disney, la suprématie blanche, la domination masculine... Et puisqu'il n'y a plus d'animateur pour envoyer quelques flèches acides sur le manque de diversité et l'absence de femmes, c'est Janelle Monae, "fière d'être une artiste noire black", avec Billy Porter, qui, en ouvrant la cérémonie, ont changé les paroles de sa chanson "Come Alive" pour rendre hommage aux nommés. Les femmes ont aussi pris leur revanche avec le discours égalitariste d'un trio de femmes d'action - Sigourney Weaver, Gal Gadot et Brie Larson - présentant l'Oscar de la meilleure musique. Pour la première fois, le chef d'orchestre de la cérémonie était une cheffe. Et l'Oscar a récompensé une islandaise, Hildur Guðnadóttir.

Ces Oscars restent un rituel incontournable à Hollywood. Avec quelques moments de TV telle la prestation d'Eminem chantant Lose Yourself, qui n'avait pas été chantée à l'époque où le morceau avait été sacré par les Oscars. Plus insolite, Tom Hanks qui fait la promo du futur musée de l'Académie, qui s'ouvrira le 14 décembre 2020. Moqueurs, les Oscars ont osé une référence à Cats, fiasco et horreur visuelle de l'année, en déguisant James Corden et Rebel Wilson pour présenter les meilleurs effets visuels. Cats a raflé tous les Razzies Awards hier soir. Vous l'aurez compris, chacun y allait de son moment d'humour, avec plus ou moins de réussite.

Lire aussi: Les Oscars d'honneur pour David Lynch, Geena Davis, Wes Studi et Lina Wertmüller

Cette année, peu de surprises sont attendues. Quelques catégories sont "ouvertes", mais en remettant les statuettes avec trois semaines d'avance, le parcours a été raccourci et, depuis les Golden Globes, un grand nombre de vainqueurs semblent désignés d'avance, raflant à chaque fois le prix, notamment chez les acteurs. On s'attend d'ailleurs à un palmarès éparpillé sur plusieurs films, sans réel favori, et à une cérémonie un peu ronronnante. Pour désigner le vainqueur, le nombre d'Oscars ne suffit pas. Pourtant, il y a eu une méga-surprise. 1917 a été snobé (trois statuettes techniques), malgré sa position de favori.

Parasite gagne par K.O. en s'inscrivant quatre fois au palmarès, dans quatre des catégories les plus prestigieuses: meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur film international et meilleur scénario original.

Parasite a d'abord récolté l'Oscar du meilleur scénario original, soit le premier Oscar de l'histoire remis pour le cinéma sud-coréen, rejoignant ainsi dans cette catégorie les "étrangers" Claude Lelouch, Jane Campion et Pedro Almodovar. Le cinéaste a battu Almodovar pour l'Oscar du meilleur film international. Là encore c'est la première fois qu'un film sud-coréen était nommé dans cette catégorie. Mais avec une troisième statuette, celle du meilleur réalisateur, Bong Joon-ho, s'est inscrit dans l'histoire hollywoodienne. Apportant joie et émotion à la soirée, le réalisateur a fait applaudir Martin Scorsese et Quentin Tarantino auxquels il a rendu hommage. Mais c'est bien la Palme d'or qui a réussi son O.P.A. sur Hollywood. C'est le deuxième cinéaste asiatique, avec Ang Lee, deux fois oscarisé, à remporter le prix du meilleur réalisateur. Et c'est aussi le deuxième cinéaste à être oscarisé pour un film en langue étrangère, un an après Alfonso Cuaron et Roma. Un sacré parcours qui sacre un cinéma parmi les plus riches du monde depuis 30 ans. Il peut en effet fêter ça en buvant jusqu'au petit matin...

Historique. Ce n'était pas terminé puisque le film a finalement vaincu tous les autres, devenant le premier film en langue étrangère à remporter l'Oscar du meilleur film. Un doublé Palme d'or-Oscar jamais vu depuis Marty, de Delbert Mann, palmé en 1955 et oscarisé en 1956. C'est aussi la première fois qu'un film récompensé dans la catégorie meilleur film international fait la pair avec la catégorie du meilleur film. Pour sa première fois aux Oscars, le cinéma coréen a fait plier Hollywood, déboutant 1917, Tarantino et Scorsese.

Après trois nominations aux Oscars, un prix d'interprétation à Venise et un autre à Cannes, Joaquin Phoenix l'a finalement gagné. Et a délivré un discours engagé sur la lutte contre les dominants, critiquant l'égocentrisme, la désunion des peuples, la destruction de la nature. "Je pense qu'on a peur du changement" a-t-il expliqué, espérant plutôt que la créativité des humains l'emporte. Il a terminé son discours au bord des larmes en citant son défunt frère River Phoenix, et en lançant un de ses conseils bien-être, "Cours après l'amour". L'excès et les névroses payent. Les transformations aussi, comme toujours.

A l'instar de Renée Zellweger qui s'est métamorphosée en Judy Garland, jusqu'à chanter ses chansons (avec brio, notons-le). Déjà deux fois nommée dans la catégorie meilleure actrice en 2002 et 2003, et oscarisée en meilleur second-rôle il y a seize ans, c'est un come-back époustouflant pour l'actrice, qui a dédié son prix à Garland, qui n'avait pas eu d'Oscar d'interprétation, rappelle-t-elle.

Enfin gagnante après 35 ans de carrière et deux nominations, Laura Dern apporte le premier Oscar d'interprétation de l'histoire pour un film Netflix (qui gagne aussi l'Oscar du meilleur documentaire, récompensant deux nouveaux producteurs, Barack et Michelle Obama). Là encore, on est dans un jeu très expressif.

A l'inverse, avec son minimalisme, Brad Pitt, déjà oscarisé en tant que producteur pour 12 Years a Slave, repart avec son premier Oscar d'interprétation, dans un second-rôle de premier plan. Il a fait un discours plus sage que d'habitude, ému apparemment.

Roger Deakins repart avec son deuxième Oscar, deux ans après celui de Blade Runner 2049, qui avait été une réparation après 13 nominations infructueuses. Idem pour le français Guillaume Rocheron, qui avait déjà été récompensé pour les effets visuels avec L'Odyssée de Pi en 2013. C'est d'ailleurs le seul français récompensé de la soirée. Sir Elton John reçoit aussi son deuxième Oscar de la meilleure chanson, 25 ans après "Can You Feel the Love Tonight" dans Le Roi Lion (cette année-là, John avait été nommé trois fois dans la catégorie).

Le palmarès intégral:


Meilleur film: Parasite
Meilleur réalisateur: Bong Joon-ho pour Parasite
Meilleure actrice: Renée Zellweger (Judy)
Meilleur acteur: Joaquin Phoenix (Joker)
Meilleur second-rôle féminin: Laura Dern (Marriage Story)
Meilleur second-rôle masculin: Brad Pitt (Once Upon a time in Hollywood)
Meilleur film international: Parasite de Bong Joon-ho
Meilleur long-métrage documentaire: American Factory de Julia Reichert, Steven Bognar
Meilleur court-métrage documentaire: Learning to Skateboard in a Warzone de Carol Dysinger
Meilleur long-métrage d'animation: Toy Story 4 de Josh Cooley
Meilleur court-métrage d'animation: Hair Love de Matthew A. Cherry
Meilleur scénario original: Bong Joon Ho, Jin Won Han pour Parasite
Meilleur scénario adapté: Taika Waititi pour Jojo Rabbit
Meilleure musique: Hildur Guðnadóttir pour Joker
Meilleure chanson originale: “I’m Gonna Love Me Again” de Sir Elton John et Bernie Taupin pour Rocketman
Meilleure photo: Roger Deakins pour 1917
Meilleur montage: Michael McCusker, Andrew Buckland pour Le Mans 66
Meilleurs décors: Barbara Ling et Nancy Haigh pour Once Upon a time in Hollywood
Meilleurs costumes: Jacqueline Durran pour Les filles du Dr March
Meilleurs maquillages et coiffures: Kazu Hiro, Anne Morgan, Vivian Baker pour Scandale
Meilleur montage son: Don Sylvester pour Le Mans 66
Meilleur mixage son: Mark Taylor, Stuart Wilson pour 1917
Meilleurs effets visuels: Guillaume Rocheron, Greg Butler, Dominic Tuohy pour 1917

L’Adieu et Uncut Gems triomphent aux Spirit Awards 2020

Posté par vincy, le 9 février 2020

Les 35e Independent Spirit Awards ont été traditionnellement remis la veille des Oscars. L'adieu et Uncut Gems, oubliés par les Oscars, ont raflé les principales récompenses. Avec The Lighthouse et Marriage Story, ce sont les seuls films à avoir emporté au moins deux prix. Au passage, on est assez en phase puisque ces quatre films font partie de ceux qu'on a préféré ces derniers mois.

Renée Zellweger et Parasite devraient réussir le doublé avec un Oscar dans la nuit.

Meilleur film: L'Adieu (The Farewell)
Meilleur réalisateur: Benny Safdie, Josh Safdie pour Uncut Gems
Meilleur premier film: Booksmart
Meilleure actrice: Renée Zellweger pour Judy
Meilleur acteur: Adam Sandler pour Uncut Gems
Meilleur second-rôle féminin: Zhao Shuzhen pour L'Adieu
Meilleur second-rôle masculin: Willem Dafoe pour The Lighthouse
Meilleur scénario: Noah Baumbach pour Marriage Story
Meilleur premier scénario: Fredrica Bailey, Stefon Bristol pour See You Yesterday
Meilleure image: Jarin Blaschke pour The Lighthouse
Meilleur montage: Uncut Gems
Prix John Cassavetes: Give Me Liberty
Prix Robert Altman: Marriage Story
Meilleur documentaire: American Factory
Meilleur film international: Parasite
Prix Piaget du meilleur producteur: Mollye Asher
Prix meilleur espoir (Someone to Watch): Rashaad Ernesto Green pour Premature
Prix "plus vrai que la fiction": Nadia Shihab pour Jaddoland
Prix Bonnie: Kelly Reichardt