Nos coups de coeur de l’année: les enragés de Goal of the Dead de Benjamin Rocher et Thierry Poiraud…

Posté par kristofy, le 26 décembre 2014

goal of the dead

Fin d'année oblige, faire un top 10 donne le vertige, forcément on transige, mais on y arrive. Un top 10 des meilleurs films de l’année forcément subjectif (et aussi très éclectique et même cosmopolite avec des films venus d’Indonésie, d’Espagne, du Danemark, d’Inde…). Tout comme certains jurés de festival déclarent qu’ils auraient voulu récompenser plusieurs films mais qu’ils ne peuvent donner qu’un seul prix, un «coup de coeur de l'année» est donc attribué à un film français pas comme les autres. A la fois plus amusant, plus féroce, plus inventif, plus sensationnel, plus original, la bonne surprise est totale et aussi de tout les instants : Goal of the Dead !

Il s'agit en fait d'un diptyque, Goal of the Dead - Première mi-temps réalisé par Benjamin Rocher et Goal of the Dead – Seconde mi-temps réalisé par Thierry Poiraud. Chaque réalisateur ayant un œil sur l’ensemble. Le film Goal of the Dead se découvre pendant 2h20, sans aucun temps mort pour le spectateur, qui est embarqué progressivement vers un match de foot qui dégénère en lutte contre des zombies (et des morts, il y en aura, pour le meilleur et pour le rire).  L'équipe de football de l’Olympique de Paris va disputer un match contre l'équipe du village de Capelongue... mais une infection semblable à la rage va se propager, et transformer les spectateurs du stade et certains joueurs en créatures ultra-violentes et contagieuses! Le pitch est à la hauteur du résultat.

A noter que le film n’a pas connu une distribution classique. Malgré une date de sortie nationale, il était plutôt promis à devenir invisible la semaine suivante, remplacé par une autre nouveauté, sachant que les différents multiplexes rechignent à programmer ‘les films de genres en français’ (d’autant plus ceux d'une durée de 2h20). La diffusion du film a été organisée de manière évènementielle (avec des courts-métrages en bonus), accompagné par l’équipe du film allant de ville en ville durant quatre mois. Goal of the Dead est en fait un double-programme avec deux films pour le prix d’un: tout comme Quentin Tarantino et Robert Rodriguez avaient remis au goût du jour le Grindhouse (avec Boulevard de la mort et Planète Terreur), Benjamin Rocher et Thierry Poiraud proposent une variante française très réussie.

Goal of the dead oppose donc footeux et zombies (enragés), l’idée est bonne mais le film ne risquait-il pas de souffrir d’un pas assez ‘à la française’ (pas assez de budget, pas assez de temps…)? La très bonne surprise est que ces deux parties vont bien au-delà de son concept ‘du foot et des zombies’ et se révèlent une comédie horrifique très détonante. « L'idée première était d'en faire une série télé mais on n'a pas eu le budget adéquat ni le débouché, le côté violence gore ça ne passe pas à 20h50. Il y avait beaucoup de personnages et leurs histoires, et le scénario a été retravaillé pour le film» explique Benjamin Rocher. L’histoire avait été développée sur une longue durée en plusieurs épisodes et le meilleur a été concentré en un bloc. C’est sans doute pour cela que le film est jouissif. Les acteurs sont épatants, les effets spéciaux impressionnants, c’est drôle, c’est violent, c’est spectaculaire.

Pour ma part, il me reste surtout les souvenirs de la projection de Goal of the dead: le film était sélectionné au BIFFF (le festival fantastique de Bruxelles) en avril, bien que déjà visible en France. Dans la salle l’ambiance est particulièrement festive avec beaucoup de gens déguisés et maquillés (l’après-midi même il y avait eu une zombie walk) et il s’agissait du premier film programmé pour une nuit spéciale qui en comportait quatre. A l’inverse du silence qui s’installe ailleurs, il est de tradition au BIFFF que le public participe bruyamment pendant les projections. Ici plusieurs ‘allez Jeannot’ et coups de sifflets applaudissaient un combat. Le réalisateur Benjamin Rocher présent a d’ailleurs dit « une sélection au BIFFF, c'est la coupe du monde des projections festives, c'est l'ambiance dont on rêvait. »

Il y a quelques jours à la radio (sur France Inter) Jordan Mintzer, critique du Hollywood Reporter, a conforté mon coups de coeur: "pour moi, le film français de l'année reste Goal of the Dead". Pas mieux.

___________
Toute l'actualité sur Goal of the dead

BIFFF 2014 : Miguel Ángel Font Bisier, nouveau talent espagnol à suivre

Posté par kristofy, le 27 avril 2014

Miguel AngelC'est donc Alex de la Iglesia qui a remporté le Corbeau d'or et le Prix du Public de la compétition internationale du BIFFF 2014 avec Les Sorcières de Zugarramurdi. Les films fantastiques espagnols sont de plus en plus des belles surprises, et le Festival belge a déjà un œil sur les jeunes réalisateurs hispaniques de demain.

Une séance spéciale "Spanish Madness" en collaboration avec le Madrid International Terror and Fantasy Short Film Festival, ou MAD Terror Fest, était ainsi organisé cette année. LeMAD Terror Fest, c'est un jeune festival de courts-métrages qui en est à sa 3e édition, et dont 5 courts ont donc été projetés au BIFFF :  Le lac Noir de Victor Jaquier (avec d'ailleurs l'acteur Adrien de Van), Cólera de Aritz Moreno, La otra cena de Albert Blanch, et Nostalgic Z de Carl Bouteiller, et surtout Sinnside de Miguel Ángel Font Bisier dont voici un aperçu :

Sinnside a également été sélectionné par le prestigieux festival de Stiges, puis par d'autres ensuite comme Amsterdam ou le Festival Mauvais Genre de Tours et donc Madrid et Bruxelles :

EcranNoir : Qu'est-ce que représente le MAD Terror Fest pour vous ?
Miguel Ángel Font Bisier : J'étais membre du jury de la dernière édition. Pour moi c'est un jeune festival avec beaucoup de potentiel. Un bon exemple en est la sélection des courts métrages qui est présentée ici au BIFFF. Le bon point pour MAD Terror est qu'ils choisissent un petit nombre de films mais ils sont tous de très grande qualité, cette exigence positionne ce festival de Madrid comme un évènement qui gagne en importance.

sinnsideEN: Votre court métrage Sinnside est particulier car on n'y entend aucun dialogue et on y voit des effets-spéciaux impressionnants, comment le présenteriez-vous ?
Miguel Ángel Font Bisier : Sinnside est un film d'horreur qui mélange des éléments de conte fantastique, de mode, de religion, d'analyse sociale... C'est pourquoi mon court métrage circule dans de nombreux festivals, il sera aussi à Cannes. L'absence de dialogues suscite une ambiance particulière de mystère et de tension avec quelques explosions inattendues de violence graphique. Bienvenue du côté séduisant du pêché !

EN: Comment convaincre des acteurs de vous suivre dans ce projet avec un scénario sans aucun dialogue ?
Miguel Ángel Font Bisier: Je ne pense pas qu'ils aient été gênés avec un scénario silencieux. J'avais déjà travaillé avec certains d'entre eux auparavant avant Sinnside, alors ils m'ont fait confiance. De plus les personnages leur plaisaient beaucoup, interpréter quelqu'un de maléfique dans un genre de conte de fée est bien entendu amusant. On a porté beaucoup d'attentions à propos du stylisme et du maquillage, et on leur a même donné l'occasion d'utiliser des accessoires chez eux.

EN: De quelle manière on dirige des enfants sur un plateau où il y a des éléments de violence ?
Miguel Ángel Font Bisier: J'ai été très précautionneux avec les enfants sur le tournage. Par exemple on a fait en sorte qu'ils ne manquent aucun jour d'école, pour les scènes où de la violence allait surgir à l'image on les y a préparé comme un jeu. Tout d'abord je leur ai bien expliqué quel personnage ils allaient jouer et ce que représentaient les sept pêchés capitaux. Ensuite, lors des répétitions, j'ai initié des chorégraphies pour eux avec des mouvements à suivre. Ils devaient faire semblant de trembler un peu avec un visage effrayé dans la direction indiquée. Pour le reste, il s'agit de mouvements de caméra, d'effets sonores, de musique additionnelle, et des effets-spéciaux. Ils se sont vraiment amusés !

EN: Depuis quelques temps on ne cesse de découvrir des films fantastiques espagnols très étonnants comme Lobos de Arga, Mama, El Bosc, The End, Ghost Graduation , Los Últimos Días, cette année au BIFFF Omnivores et Mindscape..., une nouvelle vague de jeunes talents arrive ?
Miguel Ángel Font Bisier: Je l'espère. Il y a beaucoup de films d'horreur originaux et très réussis qui ont été produits en Espagne avec des nouvelles idées. Mama avec Jessica Chastain a été au top du box-office aux Etats-Unis, Mindscape c'est d'ailleurs avec un casting américain.C'est une bonne chose pour nous réalisateurs que notre savoir-faire soit reconnu hors de notre pays, ce qui peut nous permettre d'avoir l'opportunité de travailler sur des projets à visée internationale.

Le BIFFF 2014 sacre les sorcières de Alex de la Iglesia

Posté par kristofy, le 23 avril 2014

les sorcières de Zugarramurdi

La 32ème édition du Bruxelles International Fantastic Film Festival (aka BIFFF) a été une nouvelle fois le rendez-vous des amateurs de sensations fortes, voir même de chair fraîche. L'extravagant et prodigieux Jean-Pierre Jeunet a fait le voyage pour une master-class, Lloyd Kaufman a fêté les 40 ans de Troma avec Return to Nuke 'em High, volume 1, Joe Chien est venu présenter en avant-première The Apostles, Alexandre Bustillo et Julien Maury se sont montrés Aux yeux des vivants, Benjamin Rocher accompagne Goal of the dead, l'acteur Liam Cunningham est venu faire le "Mâlin" avec Let us prey, Bobcat Goldthwait a fait son yéti project avec Willow Creek, Benoît Delépine avec Arnold De Parscau et Philippe Nahon ont été coupable de Ablations...

Le BIFFF se conjugue aussi au féminin avec en particulier la présence de l'actrice Caroline Munro, égérie du studio Hammer, James Bond Girl dans Casino Royale et L’Espion qui m’aimait, screeming queen dans Maniac et Slaughter High. Elle a reçu le prix honorifique de Chevalier de lOrdre du Corbeau (aussi Jean-Pierre Jeunet). L'actrice et réalisatrice Melissa Mira (avec Geoff Klein) est venue faire la bombe de Pinup Dolls On Ice, l'italiene Silvia De Santis était là (avec Giancarlo Giannini) pour The Gambler Who Wouldn't Die, et Axelle Carolyn a fait découvrir son envoûtant Soulmate...

C'était plus d'une centaine de films qui ont été programmés durant 12 jours de festival, et certains était en compétition dans l'une ou l'autre des différentes sélections. Voici les palmarès des différents jurys pour le cru 2014 :

Le palmarès de la Compétition Internationale :

- Corbeau d’Or, Grand Prix : Les Sorcières de Zugarramurdi, de Alex de la Iglesia
Mention spéciale : Control, de Kenneth Bi

- Corbeau d’Argent ex aequo: Horror Stories 2, de Min Kyu-dong, Kim Sung-ho, Kim Hui & Jung Bum-shik
- Corbeau d’Argent ex aequo: Rigor Mortis, de Juno Mak

Le palmarès des autres sections :

- Méliès d’Argent : Let us Prey, de Brian O’Malley

- Prix Thriller : Monsoon Shootout, de Amit Kumar

- Prix du 7e Parallèle : LFO, de Antonio Tublen
- Mention spéciale : Wrong Cops, de Quentin Dupieux

-Prix du Public : Les Sorcières de Zugarramurdi, de Alex de la Iglesia

L'année dernière c'est le film espagnol Ghost Graduation qui avait remporté le Grand Prix du Corbeau d'Or et le Prix du Public, et cette année c'est encore l'Espagne qui est de nouveau à l'honneur avec Alex de la Iglésia qui lui aussi fait le doublé jury et public. Les Sorcières de Zugarramurdi était sorti le 27 septembre en Espagne avec un grand succès populaire en salles en devenant le deuxième film ibérique le plus vu de l'année 2013 (derrière Mamá de Andres Muschietti, d'ailleurs venu au BIFFF 2013), et a ensuite gagné 8 Goyas (les César espagnol). Le film est sorti le 8 janvier en France, mais a rencontré son public de manière plus confidentielle.

La présence de Les Sorcières de Zugarramurdi en compétition en faisait d'avance le favori attendu. Seul Killers de Kimo Stamboel & Timo Tjahjanto aurait pu être la surprise. A noter que certains des meilleurs films comme étaient hors-compétition All Cheerleaders Die de Lucky McKee & Chris Sivertson, The Raid 2 de Gareth Evans, Real de Kiyoshi Kurosawa, Goal of the Dead de Benjamin Rocher & Thierry Poiraud, Ugly de Anurag Kashyap...  Pour ce qui est du Prix Thriller à Monsoon Shootout, là aussi il s'agissait de l'un des deux favoris avec le coréen Hide and seek de Jung Huh.

Les Sorcières de Zugarramurdi de Alex de la Iglesia sera disponible en dvd et blu-ray à partir du 14 mai.

BIFFF 2014 : Hollywood et le cinéma français selon Jean-Pierre Jeunet

Posté par kristofy, le 20 avril 2014

jean pierre jeunet © ecran noirJean-Pierre Jeunet a une étagère qui reçoit un nouveau César presque chaque décennie : 1981, César du meilleur court-métrage d'animation pour Le Manège (coréalisé avec Marc Caro), 1991, César du meilleur court-métrage de fiction pour Foutaises, 1992, César de la meilleure première œuvre et César du meilleur scénario original pour Delicatessen (avec Marc Caro), 2002, César du meilleur film et César du meilleur réalisateur pour Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain... Mais, au delà de ce palmarès officiel, sa filmographie reste un univers où le fantastique et l'enfance voisinent, lui conférant un style singulier au même titre qu'un Tim Burton.

Jean-Pierre Jeunet a été invité à donner une "master-class" au BIFFF cette année. À partir d'objet piochés dans une malle comme autant de symboles à ses films (un nain de jardin, un roman, un œuf...), il a évoqué autant son parcours que divers aspects de son métier pendant 2 heures devant une salle comble.

Les acteurs

J'ai l'amour des tronches et des rôles de composition, ce qui explique d'ailleurs pourquoi Dominique Pinon est dans tout mes films. Audrey Tautou est l'actrice parfaite comme Dominique Pinon est l'acteur parfait. Helena Bonham Carter est super aussi. Mon premier rendez-vous avec Jodie Foster pour lui proposer le rôle dans Un long dimanche de fiançailles, c'était au café des 2 Moulins où j'ai tourné Amélie Poulain, des touristes étaient là pour prendre des photos du café et ils ont demandé à Jodie de s'écarter sans la reconnaître !

La passion du cinéma

J'ai toujours eu l'envie de faire des films avant l'envie de voir des films. À des jeunes étudiants, je demande si ils ont envie de faire metteur en scène ou d'être metteur en scène, ce n'est pas pareil. L'essentiel c'est la joie de faire. Un des premiers chocs au cinéma ça a été Il était une fois dans l'ouest que j'ai dû voir à 17 ans, j'ai vu Orange Mécanique 14 fois. Mon film préféré c'est Quai des brumes de Prévert et Carné. Quand La Cité des enfants perdus a fait l'ouverture du festival de Cannes, on s'est fait descendre par les critiques. En France on lèche, on lâche, on lynche.

Alien 4

Le premier jour de tournage sur le plateau, on entend la traditionnelle annonce 'camera rolling' et puis rien, la caméra était en panne, c'est comme un symbole de ce tournage. J'ai par exemple entendu d'un "executive" du studio « fais un beau plan sur trois, ça suffira »... Maintenant les américains aiment bien le détester parce que trop arty, trop sensuel, pas assez de violence. Eux, quand il y a des centaines de coups de feu, il n'y a pas de problème, mais apercevoir un téton de femme ça leur fait peur. La version director's cut, c'est juste un truc de commerce pour ressortir le film une fois de plus en dvd: ma version c'est celle qui était au cinéma. Mathieu Kassovitz m'a fait un un jour ce compliment « on dirait un film de Jeunet mais avec des aliens dedans ».

Les relations avec les Américains

Après Alien 4, le studio de la Fox s'est montré intéressé par produire Amélie Poulain puis leur service marketing à dit non. Ils ont beaucoup regretté ensuite. On m'a proposé de faire Harry Potter 5 mais ce n'était pas très intéressant parce que tout était déjà en place, et puis j'étais sur le projet de L'Odyssée de Pi: j'ai écrit une vraie adaptation du roman avec mon co-scénariste Guillaume Laurant, ainsi que tout le storyboard. Ça aurait coûté 85 millions de dollars mais la Fox ne voulait mettre que 70 millions de budget. Et c'était aussi trop tôt pour que la technologie produise des images de synthèse de la qualité qu'il fallait, on a attendu plusieurs années. Trois ans plus tard, ils ont finalement mis un budget de plus de 100 millions de dollars et c'est Ang Lee qui l'a fait. On m'a aussi proposé à un moment Stoker que j'ai refusé, je ne regrette pas, Park Chan-Wook l'a fait et je n'ai pas trouvé ça terrible.

L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet va être distribué par à Harvey Weinstein qui va vouloir couper le montage, comme pour Grace de Monaco de Olivier Dahan et Snowpiercer de Bong Joon-ho : ça va faire scandale (lire nos actualités du 18 octobre 2013 et du 25 août 2013). Il a déjà fait le coup, il y a 22 ans avec Delicatessen.

Le test-screening : le studio appelle ça le 'focus group' mais les réalisateurs appellent ça le 'fuckers group', personnellement je fais un test-screening juste pour vérifier que telle ou telle scène est bien comprise mais le final-cut ça reste à moi.

Le cinéma français aujourd'hui

Depuis quelques temps il y a une sorte de retour à la 'nouvelle nouvelle vague' où on revient au réalisme, je n'aime pas ça. Delicatessen a pu ouvrir une porte à des gens comme Mathieu Kassovitz et à Jan Kounen, mais depuis ? J'aimerai être foutu dehors à coup de pompes pour des nouveaux réalisateurs, mais je ne vois pas vraiment de relève du cinéma français. Le cinéma français c'est 90% de laideur, on ne s'intéresse qu'aux acteurs et pas à l'image...

jean pierre jeunet helena bonham carter

BIFFF 2014 : 3 films cultes en quête de distributeur

Posté par kristofy, le 19 avril 2014

Cheap Thrills est un premier film réalisé par E.L. Katz, et pour un coup d'essai c'est un coup de maître avec son humour noir à la fois glaçant et grinçant  : c'est horrible mais ça fait rire. L'histoire portée par 4 personnages se déroule presque en huis-clos durant une longue nuit d'épreuves de plus en plus cruelles.

Le pitch : Tout juste licencié et menacé d'expulsion, un jeune papa endetté voit sa vie bouleversée quand il rencontre avec un ami d'enfance dans un bar un couple de gens aisés qui leur proposent une solution à leurs problèmes financiers... Le couple commence sur le ton de la plaisanterie à lancer des défis pour s'amuser, comme 200 dollars pour celui qui se fera gifler par une filel au hasard. Le riche couple, qui fête l'anniversaire de la jeune femme, propose aux deux amis de continuer la soirée chez eux. Les paris vont se suivre avec de plus en plus d'argent à gagner et les deux amis se retrouvent en rivaux pour gagner cet argent. Les défis ont de plus en plus un caractère pervers et immoral : 800 dollars à celui qui ira déposer des excréments chez le voisin, 4500 dollars pour faire l'amour à la femme de l'autre, 25 000 dollars pour se couper un petit doigt... On y retrouve l'esprit cinglant de Very Bad Things (1999, avec Christian Slater) où tout va de pire en pire. Avec Cheap Thrills le spectateur découvre de manière ironique une spirale vers l'horreur qui est autant inattendue que souhaitée. Cheap Thrills a déjà eu un prix du public au Festival International du Film Fantastique de Paris, et il est en compétition au BIFFF.

All Cheerleaders Die est le dernier film de Lucky McKee & Chris Sivertson : Lucky McKee nous est apparu il y a 10 ans avec le succès de May puis ses autres films ont été plus confidentiels. En 2011 son film The Woman a gagné de nombreux prix dans des festivals comme Sitges et Strasbourg mais il avait déjà été jugé trop dérangeant pour une sortie en salles. All Cheerleaders Die circule aussi dans les festivals comme Toronto et Gerardmer... C'est davantage une comédie, qui, à sa façon, remet au goût du jour le genre teen-movie horrifique  (Jennifer's Body en 2009, avec Megan Fox et Amanda Seyfried).

Le pitch : Au lycée la jeune Maddy décide de rejoindre les populaires pom-pom girls et elle délaisse son amie différente à l'allure gothique d'une sorcière. Il s'agit surtout de se venger du populaire capitaine des joueurs de football. Mais un accident va 'transformer' ces filles qui auront alors une manière de se comporter surprenante... Lucky McKee continue d'ausculter les travers de la société américaine tout en se rangeant du côté des féministes, ici ce sont les adolescents star du lycée qui vont être malmenés.

Cheap Thrills et All Cheerleaders Die auraient tout à fait leur place en salles de cinéma. Malheureusement, ce sera plus improbable pour Pinup Dolls on Ice réalisé par Geoff Klein et Melissa Mira. Le film présenté au BIFFF durant la nuit fantastique est un concentré d'ingrédients pour être un slasher efficace.

Le pitch : Un psychopathe tendance serial-killer chasse des serveuses tendance strip-teaseuses. Il y a un tueur lourdement brutal et des jolies filles légèrement vêtues. Pinup Dolls on Ice est l'essence même du film d'horreur mais celui-ci est très réussi : les héroïnes ne sont pas comme souvent des jeunes filles écervelées. Ici, il s'agit d'une bande de femmes avec beaucoup de personnalité (ce qu'avait essayé de faire Tarantino dans Boulevard de mort), et le tueur est un grand type au visage indistinct - ce qui le rend d'autant plus effrayant (on n'a que faire de qui il est vraiment). Les scènes sanglantes se suivent avec un certain suspens et une vraie sauvagerie . Pinup Dolls on Ice est donc un slasher comme on en faisait auparavant avec à l'image un certain esprit de transgression, ce qui n'ets pas la tasse de thé des exploitants actuellement

Après leur projections au BIFFF dans une ambiance électrique, ces films Cheap Thrills, All Cheerleaders Die, et Pinup Dolls on Ice sont clairement du genre qu'on voudrait ranger dans sa DVDthèque. A quand une sortie salles ou vidéo en France ?

BIFFF 2014 : 10 choses à savoir sur Lloyd Kaufman (Troma)

Posté par kristofy, le 16 avril 2014

lloyd kaufmann © ecran noirLa société Troma fête son 40ème anniversaire, et le producteur/réalisateur Lloyd Kaufman qui incarne l'esprit gore et potache de ces films compte bien continuer dans la même veine : des monstres vengeurs et des filles topless avec du sang et autres liquides gluants, un budget proche de zéro et une passion toujours aussi grande...

Cet anniversaire a été fêté au BIFFF avec une projection nocture du dernier film en date de Lloyd Kaufman Return to Nuke em High, vol.1, qui est une relecture moderne de Class of Nuke 'Em High et inspiré de leur film le plus réussi Poultrygeist: Night of the Chicken Dead (qui était d'ailleurs au BIFFF en 2007). Pour l'occasion le film a été précédé de plusieurs bandes-annonces des films Troma les plus cultes (dont Troméo and Juliet, Toxic Avenger, Sgt Kabukiman NYPD...) et d'un court-métrage de fan délirant Banana Motherfucker.

L'industrie du cinéma en général et beaucoup de monde en particulier détestent Troma et leur réputation de producteurs de films de série Z, stupides et dégoûtant. « Ce qui se passe dans le monde est souvent plus fou que ce qu'on a dans la tête pour nos films ». En fait Lloyd Kaufman est en réalité le plus sympathique des cinéastes. Au BIFFF, il a signé des autographes jusqu'à 5h du matin avec sa compagne. Voici 10 choses à savoir pour s'intéresser encore plus à ses films :

1. il se réfère à Quentin Tarantino et son Kill Bill vol.1 et vol.2 pour lui aussi proposer un grand film monumental qui représentera en quelque sorte la quintessence de l'esprit Troma : après Return to Nuke em High, vol.1 , il y aura Return to Nuke em High, vol.2 (qui est en montage actuellement).

affiche return to nukeem troma2. Return to Nuke em High, vol.1 a eu l'honneur d'une avant-première américaine au prestigieux MOMA (musée d'art moderne de New-York) qui chaque année sélectionne des films pour leur impact culturel (il y était donc avec Gravity, 12 years a slave, Blue Jasmine...).

3. Troma a mis beaucoup de ses films sur internet pour qu'ils soient vus gratuitement en créant une chaîne YouTube.

4. Certains films Troma ont à leur générique Samuel L. Jackson, Vincent D'Onofrio, Kevin Costner, et certains réalisateurs très connus y ont travaillé à leurs débuts comme Oliver Stone, J. J. Abrams, James Gunn Trey Parker et Matt Stone, Eli Roth...

5. Poultrygeist: Night of the Chicken Dead est aussi une adaptation du livre Fast Food Nation (également adapté par Richard Linklater). Cette version Troma dénonce les tortures infligées aux animaux aussi bien qu'aux salariés et aux paysages par l'industrie agro-alimentaire.

6. Lloyd Kaufman soutient l'association PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) contre les mauvais traitements infligés aux animaux, il a fait une vidéo à ce sujet.

7. La saga Toxic Avenger va continuer : il y a un projet de remake hollywoodien avec un grand studio, réalisé par Steve Pink. Il y a aussi une suite Toxic Avenger 5 qui était écrite et qui devait se tourner en Ukraine. Mais avec les bouleversements politiques actuels du pays le projet est suspendu.

lloyd kaufmann au bifff © ecran noir8. Lloyd Kaufman parle très bien français, et Troma est presque chaque année présent au festival de Cannes avec des projections secrètes et gratuites organisées en dehors du Palais pour les fans qui n'ont aucune accréditation.

9. Lloyd Kaufman défend le cinéma indépendant. Il en parle dans deux documentaires qu'il a réalisé: All the love you Cannes en 2002, et cette année pour le 40ème anniversaire de Troma sera dévoilé Occupy Cannes. Il avait déjà écrit plusieurs livres sur le sujet comme Make Your Own Damn Movie!: Secrets of a Renegade Director ou All I Need To Know About FILMMAKING I Learned From THE TOXIC AVENGER: The Shocking True Story of Troma Studios !.

10. Lloyd Kaufman est féministe ! Dans ses films récents les personnages principaux sont des femmes, le cliché du jeune américain macho est souvent un abruti qui meurt de façon horrible et il valorise les lesbiennes. Il déplore également la faible proportion de femmes par rapport aux hommes qui travaillent dans le cinéma, et il n'hésite pas à critiquer ses collègues qui œuvrent dans les films d'horreur pour le peu de place qui est accordé aux femmes. "Le monde est plein de films médiocres créés par des hommes" affirme-t-il.

_________
Site officiel de Lloyd Kaufman

BIFFF 2014 : Goal of the Dead par Benjamin Rocher

Posté par kristofy, le 15 avril 2014

goal of the deadL'équipe de football de l’Olympique de Paris va disputer un match contre l'équipe du village de Capelongue... mais une infection semblable à la rage va se propager, et transformer les spectateurs du stade et certains joueurs en créatures ultra-violentes et contagieuses !

Pour Samuel (ancienne gloire de Paris originaire de Capelongue), Idriss (joueur vedette de Paris), Coubert (l’entraîneur), Solène (une journaliste), Cléo (une adolescente du village) et les autres, c’est l’heure de l’affrontement le plus important de leur vie : le foot est un sport collectif, pas la survie...

Le film Goal of the dead est déjà sorti en salle, mais uniquement à Paris, dans une salle, avec une séance hebdomadaire entre le 27 février et le 27 mars. Il s'agit d'un diptyque co-réalisé par Benjamin Rocher et Thierry Poiraud, chacun dirigeant son propre film de 70 minutes, et les deux volets ("première mi-temps",  "seconde mi-temps") forment donc un film de 2h20. L'équipe accompagne le film à chaque séance événementielle pour y rencontrer les spectateurs.

A noter déjà les prochaines projections : 17 avril à Angoulême, 22 et 29 avril à Paris, 21 avril à Lyon, 25 avril à Nice, 29 avril à Dijon, 2 mai à Avignon, 6 mai à Strasbourg, 13 mai à L’Isle Adam, 23 mai à Bordeaux, 28 mai à Nantes, 30 mai à Audincourt.

Goal of the dead, qui oppose donc footeux et zombies (enragés), était programmé au BIFFF le même jour que la zombie parade, avec quelques zombies présents dans la salle et le réalisateur Benjamin Rocher pour en parler à la fin :

Les projections au cinéma

Benjamin Rocher"Une sélection au BIFFF, c'est la coupe du monde des projections festives, c'est l'ambiance dont on rêvait. J'étais à chacune des projections de Paris avec une partie de l'équipe, il y en a eu pendant 5 semaines puis il y en aura dans d'autres villes en plus, et d'autres pays comme le Japon qui sont déjà à fond.

La chronologie des sorties fait que le film sera disponible en dvd au moment de la coupe du monde de football justement, on compte aussi sur ça pour que le film circule bien. Goal of the dead c'est un film d'exploitation, on veut qu'il soit vu par un maximum de gens au bon moment, on ne vise pas un Oscar."

Le making-of du film

goal of the dead"Je suis à l'origine du projet comme producteur. L'idée première était d'en faire une série télé mais on n'a pas eu le budget adéquat ni le débouché, le côté violence gore ça ne passe pas à 20h50. Il y avait beaucoup de personnages et leurs histoires, et le scénario a été retravaillé pour le film. Certaines choses ont été laissées de côté, comme par exemple l'idée d'une équipe de foot minime avec des enfants de 8 ans qui allaient être aussi infectés, qui comme les autres allaient tuer ou qu'il fallait tuer.

J'avais déjà fait un film de zombie avec La Horde (revoir une discussion en compagnie de Yannick Dahan ici), je ne voulais pas spécialement refaire un film de zombies en fait, mais c'est trop fun. Comme un match de foot avec ses deux mi-temps, le film est donc en deux parties réalisées par deux réalisateurs, moi et Thierry Poiraud."

Le film en 2 parties

goal of the dead"Ce que j'aime dans les films fantastiques, c'est la mise en place, j'adore les débuts des films de John Carpenter par exemple. La deuxième mi-temps c'est beaucoup d'action et de combats, dans la première mi-temps, qui est la mienne, il y a ce côté délicat de mise en place de l'ambiance horreur+comédie avec les personnages à présenter. Faire un film avec deux réalisateurs comme on l'a fait c'est autant une richesse qu'un piège, il ne fallait pas trop de différences de style. Il y en a un peu en fonction de ce que telle ou telle séquence impliquait en terme de mise en scène, dans ma partie il y a des zooms et dans celle de Thierry Poiraud il y a des ralentis.

Thierry était aux répétitions de mon film et j'étais aux répétitions du sien. On était chacun au service d'un projet plus grand que notre film.On a tourné 8 semaines pour les deux films, c'était en mars 2013 avec un climat pourri et froid, il y a eu de la neige sur le stade ce qui nous a fait perdre quelques jours de tournages

. On n'avait clairement pas le budget de World War Z, il a fallu trouver des astuces. Il y a eu un entraînement football pour les acteurs, mais aussi un peu de doublure jambes et 1 ou 2 ballon en images de synthèse, mais chut. On peut dire que c'est autant un hommage au cinéma américain des années 80 qu'à certaines comédies françaises potache de l'époque, c'est une comédie horrifique."

BIFFF 2014 : nanards de luxe signés Terry Gilliam, Vincenzo Natali et Joe Chien

Posté par kristofy, le 14 avril 2014

Une grande attente implique de grandes responsabilités... parfois négligées : les nouveaux films de Terry Gilliam, Vincenzo Natali et Joe Chien sont au pire ratés, au mieux des déceptions, dans tous les cas des nanards de luxe.

haunterLe Canadien Vincenzo Natali s'est imposé comme l'un des réalisateurs des plus novateurs dans le domaine fantastique avec Cube (1997), Cypher (2002) et Nothing (2003).  Depuis Splice (2009), on attendait le suivant, et la déception est aussi grande que l'attente : Haunter arrive à peine à la hauteur d'un épisode de la série Fear Itself pour la télévision.

L'histoire reprend le concept du film Un jour sans fin où Bill Murray revit sans cesse le même jour : cette fois, c'est la jeune Abigail Breslin qui est coincée dans la même journée, la veille de son 16ème anniversaire. Ni ses parents ni son petit-frère (et son ami imaginaire ?) ne s'en rendent compte, elle est la seule à essayer de comprendre pourquoi : elle est dans une maison hantée...

Vincenzo Natali a beau essayer de faire de son mieux pour montrer un peu de sophistication, ça ne fonctionne guère, la faute surtout au scénario (alors que celui-ci est de Brian King, déjà à l'oeuvre sur Cypher). Pour les plus curieux, on peut considérer qu'une nouvelle fois Haunter développe un environnement avec ses propres règles de fonctionnement, qu'il s'agit de comprendre pour s'en échapper. Le film non sorti en salles est disponible en dvd.

The_Apostles_2Le réalisateur Joe Chien s'est fait connaître comme étant le premier à faire un film de zombies à Taïwan, Zombie 108 était d'ailleurs autant un film de zombies qu'un film de contagion brutal et un survival gore, dans le genre foutraque, c'est un chef d’œuvre.

On attendait sur le pied de guerre son deuxième film : The Apostles, qui est en première mondiale (après être seulement sorti en Chine) au BIFFF en sa présence. Il a d'ailleurs indiqué qu'un des objectifs du film était de séduire le marché chinois, le casting est essentiellement chinois mais on y reconnaît deux visages bien connus de Hong-Kong comme Lam Suet (acteur fidèle de Johnnie To) et la belle Josie Ho (dans Exilé de Johnnie To, la tueuse de Dream Home de Pang Ho-cheung, elle tourne aussi à l'international comme dans Contagion de Soderbergh ou Open Grave aussi programmé au BIFFF).

Logiquement on pourrait penser "qui peut le plus peut le moins", mais ici Joe Chien doit lui aussi se débrouiller avec un scénario faible, et en plus filmé avec paresse. Une jeune femme qui a des troubles de la mémoire doit faire face à la mort de son mari dans un accident d'avion avec sa maîtresse. Cette découverte lui fait rencontrer le mari cocu et ensemble ils vont aller chercher un lieu qu'avaient fréquenté leurs conjoints respectifs avant leur disparition...

Bien qu'elle croise plusieurs personnages inquiétants qui sont autant d'avertissements de ne pas aller plus loin, elle va continuer son périple tout en faisant des cauchemars qui la font douter de la réalité. Celui qui voyage avec elle est-il digne de confiance, une bizarre société secrète est-elle le fruit de son imagination, est-elle schizophrène, quel twist va arriver à la fin pour faire douter du twist précédent ? On se désintéresse progressivement de ce qui se passe dans l'histoire avant qu'un dernier rebondissement énorme tente de sauver le film.

Zero TheoremLa situation de Terry Gilliam est plus controversée encore : Brazil tout comme L'Armée des douze singes sont des succès brillants mais depuis 20 ans ses films suivants ont tous été des relatifs échecs en salles, ce qui est injuste pour la fantaisie Les Frères Grimm et plus compréhensible pour d'autres trop fantasques (comme L'Imaginarium du docteur Parnassus).

En plus de son film sur Don Quichotte qui n'a jamais pu se produire, Terry Gilliam traîne une réputation de réalisateur qui doit toujours rebondir après un échec, même pour Brazil il a connu des soucis de distribution et de montage coupé. De toute façon un nouveau film de Terry Gilliam est toujours intéressant, et après avoir été découvert au festival de Venise, The Zero Theorem était attendu au BIFFF (d'autant plus que le film ne sortira pas en salles en Belgique, ni en Espagne et dans d'autres pays, mais bien en France le 25 juin).

Dans un Londres futuriste (à l'image deux rues seulement) avec partout du plastique fluo et des écrans improbables, Christoph Waltz (la tête rasée) est obnubilé par un appel téléphonique qu'il attend tout en effectuant un travail imbécile et répétitif sur une machine (déplacer des cubes via un écran). Un jour, on lui propose de travailler chez lui sur l'équation du théorème zéro, qui implique que l'univers en expansion va ensuite se rétracter au néant. Il s'agit d'une parabole sur le sens de la vie (Dieu ?) en parallèle des tourments du personnage : il souhaiterait se sentir unique mais il sait qu'en réalité il est insignifiant comme les autres.

Il sera distrait de ses turpitudes par un jeune adolescent (moqué avec le casque sur les oreilles et la pizza dans la bouche) et par Mélanie Thierry en prostituée affriolante. Il va éprouver un désir amoureux pour elle lors de rencontres par ordinateurs interposés (où curieusement la réalité virtuelle semble plus réelle que le reste du film) mais le chaos de ses états d'âme menace...

The Zero Theorem est une déconvenue d'autant plus grande que ce nouveau film ressemble par moments à une parodie de l'univers de Terry Gilliam (en particulier de Brazil), où il ne se passe finalement pas grand-chose, sauf les deux numéros d'interprétation de Christoph Waltz et Mélanie Thierry... Vivement le prochain film du cinéaste (dans combien d'années ?!) pour qu'il puisse enfin rebondir pour de bon !

BIFFF 2014 : les légendes Franco Nero et Giancarlo Giannini

Posté par kristofy, le 13 avril 2014

franco neroDeux célèbres acteurs du cinéma italien, qui ont également tourné dans de nombreuses productions internationales, sont venus défendre un nouveau film au BIFFF : Franco Nero et Giancarlo Giannini. Tout deux ont plus de 70 ans mais leurs visages évoquent immédiatement ceux qui hantent leur film.

Le légendaire acteur Franco Nero a été acclamé : c'est lui qui fut Django de Sergio Corbucci et Kéoma de Enzo G. Castellari. Il a également joué plusieurs fois dans les films de ces réalisateurs ainsi que dans ceux de Lucio Fulci.

Il est ainsi au générique de quantités de westerns : durant les années 60 et 70, il tourne chaque année dans 3 ou 4 films différents, dont Tristana avec Catherine Deneuve et Les Magiciens de Claude Chabrol. C'est lui aussi le méchant face à Bruce Willis dans 58 minutes pour vivre, il fait une courte apparition dans Django Unchained de Tarantino, il est l'un des rôles principaux avec Gérard Depardieu dans Cadences obstinées réalisé par Fanny Ardant (sorti en janvier)...

Franco Nero est en effet toujours un acteur énormément demandé, en Italie et ailleurs, à l'image du nouveau film qu'il est venu accompagner : The Nymph.

Il s'agit d'un film serbe réalisé par Milan Todorovic (tourné au Monténegro sur l'île de Mamoula) qui ressemble à un cocktail idéal pour une série B : il y a des morts sanglantes, quelques jolies filles en maillot de bain, une créature en forme de sirène, et donc en bonus un rôle joué par Franco Nero.

L'histoire suit un chemin balisé mais efficace : une introduction sexy et sanglante, la présentation des personnages principaux dans un décor paradisiaque, un danger, une exploration d'une île déserte où certains vont disparaître... Le dépaysement est garanti avec un décor naturel idéal et une créature monstrueuse très réussie.

giancarlo gianniniGiancarlo Giannini a connu un parcours semblable à celui de Franco Nero, avec lui aussi 3 ou 4 films différents par an durant les années 60 et 70, notamment pour les réalisateurs italiens les plus connus : Luchino Visconti, Sergio Corbucci, Dino Risi, Alberto Lattuada...

Le film Pasqualino de Lina Wertmüller lui vaudra une nomination à l'Oscar du meilleur acteur. Il sera souvent à Hollywood aussi, on le voit dans New-York Stories de Francis Ford Coppola, dans le Hannibal de Ridley Scott, dans Man on fire de Tony Scott, et aussi dans les derniers James Bond Casino Royale et Quantum of solace.

En 1987, il passait derrière la caméra pour Ternosecco, et cette année il est venu présenter au BIFFF son deuxième film en tant que réalisateur : The Gambler who wouldn't die, avec l'actrice Silvia De Santis.

Un homme qui perd une grosse somme au poker sans avoir cet argent devient la proie d'une partie de chasse : s'il reste vivant vingt minutes, alors sa dette sera réglée.

Ainsi il est en contact avec une mystérieuse organisation qui organise des chasses à l'homme pour des gens très fortunés, et qui lui propose contre une forte somme d'argent de refaire la proie une nouvelle fois. Cette expérience de pari sur la mort  lui redonne progressivement confiance en lui, d'autant plus qu'il rencontre une mystérieuse jeune femme...

Giancarlo Giannini est des deux côté de la caméra, et l'histoire (adaptée d'un roman) lui donne l'occasion de faire un film comme on en faisait dans les années 80 (notamment certains policiers avec Belmondo ou Delon) où le héros est instable psychologiquement et en même temps droit dans ses bottes avec son code de l'honneur.

Cet homme est fatigué de sa vie et il continue de faire la proie : plutôt que de mourir un peu plus chaque jour comme les autres, il préférerait mourir une seule fois...

BIFFF 2014 : The Raid 2 dépasse les attentes les plus folles

Posté par kristofy, le 12 avril 2014

the raid 2Un regard dans le rétroviseur des films de combats montre qu'il y a toujours eu différents arts martiaux, et que 3 acteurs ont été à travers leurs films des symboles d'un renouveau ces dernières années : Tony Jaa et le muay-thaï en Thaïlande, Donnie Yen et le MMA (mixed martial art) à Hong-Kong, et enfin Iko Uwais et le pencak-silat en Indonésie. En 2012 on découvrait avec lui The Raid réalisé par Gareth Evans et on redécouvrait leur premier film ensemble Merantau (en 2009).

The Raid montrait un petit groupe de policiers prendre d'assaut un immeuble pour arrêter un dangereux trafiquant mais c'est ce dernier qui leur tendait un piège : portes condamnées, électricité coupée et une armée de combattants ennemis... Les combats aussi violents que spectaculaires à chaque étage en ont fait un film culte, et même un des meilleurs films de l'année. Deux ans plus tard, voici enfin la suite qui démarre quelques heures après les événements déjà vus.

The Raid 2 : Berandal est un des films les plus attendus de 2014 : après une première qui secoué le Festival de Sundance, le film sort presque en même temps partout dans le monde entre fin mars (Indonésie, Australie, Russie...) et avril (Etats-Unis, Canada, Angleterre, Belgique, Finlande, Turquie, Lituanie...), sauf le Japon (en août). La France sera presque l'un des derniers pays à sortir le film le 23 juillet (avec le risque qu'il soit déjà disponible en version pirate...).

L'avant-première au BIFFF s'est déroulée dans une ambiance survoltée : cette suite dépasse les attentes les plus folles. Tout les curseurs ont été poussés vers la surenchère : plus d'acteurs, plus de méchants, plus de lieux, plus d'armes, plus de rebondissements dans le scénario, plus de scènes incroyables. En deux mots ? Folie furieuse.

Des scènes d'anthologie incroyables

Quand le premier volet était concentré et limité à l'espace vertical d'un immeuble où il fallait monter d'étage en étage avant d'atteindre le boss, la suite se déploie de manière horizontale en forme de spirale en mouvement à la fois géographique et dans le temps.

Car cette fois le terrain de jeu pour les combats est toute une ville (prison, restaurants) avec ses conditions météo (boue, neige) et ses véhicules (voiture, métro) et cela pendant plusieurs années (une première demie-heure, puis 2 heures deux ans après). Alors que le premier The Raid durait 1h41, cette suite The Raid 2 : Berandal se déroule en effet sur 2h28 : le réalisateur Gareth Evans qui avait dû se limiter à un film d'action pure et dure dans un immeuble propose avec cette suite à la fois un film d'action brutal et un thriller avec une guerre des gangs.

Il ne s'agit plus seulement d'opposer policiers contre trafiquants, il y a en plus deux importantes mafias concurrentes dont chacune des familles dirigeantes va devoir faire face à des comploteurs et à des infiltrés dans leurs rangs.

The Raid 2Le premier film était sans temps mort avec presque exclusivement de l'action à tous les étages, le second débute par une alternance entre scènes d'actions et scènes de dialogues avant de faire ensuite se succéder les combats épiques avec même plusieurs séquences finales. Des jambes se tordent, des genoux se cassent, des gorges se tranchent, des têtes éclatent : c'est sidérant.

On passe du basique efficace à une performance sophistiquée : The Raid 2 est ultra généreux à tout points de vue. Il se permet même toutes les audaces : quelques clins d’œil malicieux (une arme cachée sous une table, des exécutions d'hommes à genoux), parfois même un peu d'humour macabre (avec une balle de base-ball, avec une pioche), et quelques moments presque inutiles pour le scénario mais tellement jouissifs à voir (comme une séquence où une femme armée de deux marteaux fait saigner à elle seule une dizaine de types). Cette fois, la multitudes de lieux et de personnages offre plusieurs scènes d'anthologie incroyables (une cinquantaine de combattants dans la boue, des combats dans plusieurs voitures en pleine course-poursuite, etc.).

The Raid avait placé la barre haut catégorie film d'action, The Raid 2 : Berandal sera définitivement le sommet du genre.