Attal, Klapisch, Lespert, Vanier, Boukhrief et Kahn en avant-première à Angoulême

Posté par redaction, le 9 juillet 2019

La 12e édition du festival du film francophone d'Angoulême (20-25 août) a dévoilé une grande partie de sa programmation.

Le jury sera présidé par Jacqueline Bisset (Bullitt, La nuit américaine, Le crime de l'Orient-Express, Le magnifique, Riches et célèbres, La cérémonie) et composé des comédiens Hugo Becker, Marie-Pierre Morin, Mehdi Nebbou, de l'éditrice et ancienne ministre Françoise Nyssen, du réalisateur Louis-Julien Petit, du journaliste Laurent Weil. Deux autres membres devant encore être annoncés. De même la compétition, d'où ressortent quelques films cannois, s'étoffera d'un dixième titre.

Année après année, le festival créé par Dominique Besnéhard et Marie-France Brière s'affirme comme la rampe de lancement du cinéma français pour le second semestre. Du Dindon, avec Dany Boon, à Fête de famille, avec Catherine Deneuve, en passant par Les éblouis, avec Camille Cottin, le spectre sera large afin de tester les premières réactions du public. Le festival s'ouvrira sur le nouveau film d'Alain Attal, avec Charlotte Gainsbourg, et se clôturera avec un documentaire sur Charles Aznavour, narré par Romain Duris.

Parmi les hommages, on notera celui à Michel Deville (L'ours et la poupée, Raphaël ou le débauché, Péril en la demeure) et un autre au cinéma luxembourgeois (Nuits de noce, Black Djiu, Réfractaire, Préjudice, Croc-blanc, Barrage), ainsi qu'un Focus à Nabil Ayouch (Ali Zaoua, Mektoub, My Land, Razzia, Much Loved, Les chevaux de Dieu). Une exposition "French Icons" des photographies de Philippe R. Doumic complètera la programmation, ainsi que des séances de dédicaces autour des films.

Compétition
Adam de Maryam Touzani
Camille de Boris Lojkine
La fille au bracelet de Stéphane Demoustier
Les hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec
Lola vers la mer de Laurent Micheli
Papicha de Mounia Meddour
Place des victoires de Yoann Guillouzouic
Tu mérites un amour de Hafsia Herzi
Vivre à 100 milles à l’heure de Louis Bélanger

Avants premières
Mon chien stupide de Yvan Attal d’après John Fante (Ouverture)
Deux moi de Cédric Klapisch
Le dindon de Jalil Lespert
Donne-moi des ailes de Nicolas Vanier
Les éblouis de Sara Suco
L‘esprit de famille d'Eric Besnard
Fahim de Pierre-François Martin-Laval
La fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti
Fête de famille de Cédric Kahn
Je ne rêve que de vous de Laurent Heynemann
Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part d’Arnaud Viard
Menteur d’Emile Gaudreault
Trois jours, une vie de Nicolas Boukhrief
Le regard de Charles de Marc di Domenico (clôture)

Section ciné-concert :
Notre Dame de Valérie Donzelli
Je ne sais pas si c'est tout le monde de Vincent Delerm
La vertu des impondérables de Claude Lelouch

Section Les Flamboyants :
Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma
La sainte famille de Louis-do de Lancquesaing
Atlantique de Mati Diop

Séance évènement : La vie scolaire de Grand corps malade et Mehdi Idir

Coup de coeur
Vif argent de Stéphane Batut
Quand New York s'appelait Angoulême de Marie-France Brière
Fourmi de Julien Rappeneau

Séances en plein air (en présence des équipes des films)
La chute de l'empire américain de Denys Arcand
Jusqu'à la garde
de Xavier Legrand

Bijoux de famille - hommage au distributeur Haut et court
Ma vie en rose de Alain Berliner, L'emploi du temps de Laurent Cantet, Sous le sable de François Ozon, L'apollonide de Bertrand Bonello, La fille de Brest d'Emmanuelle Bercot, en plus de Jusqu'à la garde.

Le formidable Charles Aznavour prend le chemin de l’éternité (1924-2018)

Posté par vincy, le 1 octobre 2018

Les légendes ont fait leur temps. Charles Aznavour était de ces icônes qui ont traversé les décennies, toujours en haut de l'affiche pour des concerts, souvent honoré un peu partout, jamais avare de s'emparer d'une cause humanitaire. Désormais il est "là haut" comme le titre de son dernier film où il était la voix francophone de Carl Fredricksen, le vieillard du Pixar.

Chanteur, écrivain (une dizaine de livres autobiographiques), compositeur, auteur, acteur: il a su allier, comme Yves Montand en son temps, les arts avec ses performances a priori humbles. Un micro lui suffisait. Un tomber de rideau le ravissait.

Charles Aznavour était en fait la seule star mondiale française dans la chanson depuis la disparition d'Edith Piaf. Il était considéré aux Etats-Unis comme le plus grand chanteur du XXe siècle, toutes nationalités confondues. Il faisait des tours du monde, chantant en plusieurs langues. Ses tubes étaient évidemment célèbres: La bohème, La Mamma, J'me voyais déjà, Comme ils disent (la première grande chanson populaire sur l'homosexualité), Hier encore, Emmenez-moi, Ils sont tombés, Mourir d'aimer (qui lui valu un Lion d'or exceptionnel au Festival de Venise), et bien sûr For me ... Formidable qu'on a si souvent entendu dans les films américains (d'Ocean's 8 à Eyes Wide Shut) tout comme la mythique She, composé pour une série tv britannique à l'origine (et N°1 des ventes au Royaume Uni). Sans oublier les chansons qu'il a écrites pour les autres ou qui ont été reprises par les autres (Edith Piaf, Eddie Constantine, Eddy Mitchell, Serge Gainsbourg, Maurice Chevalier, Juliette Gréco, Johnny Hallyday, Nina Simone, Frank Sinatra, Liza Minelli, Elton John,  etc..).

César d'honneur et Victoire du meilleur chanteur en 1997, Charles Aznavour a été honoré partout dans le monde, du Canada aux Japon en passant par l'Egypte. Il a son étoile au Hollywood Walk of Fame, il a été ambassadeur d'Arménie, et héros natioanal de son pays, citoyen d'honneur de Montréal et de Cannes, intronisé au Songwriters Hall of Fame en 1996 (un seul autre français, Michel Legrand, y est). Il a même son musée en Arménie. Mais, même en étant résident fiscal en Suisse, il s'affirmait Français: "Je suis devenu Français d'abord, dans ma tête, dans mon cœur, dans ma manière d'être, dans ma langue… J'ai abandonné une grande partie de mon arménité pour être Français…"

Même en chantant, c'était un comédien. Sans doute pour cela qu'il passait de la scène aux plateaux avec une si déconcertante facilité. Sa filmographie débute après la guerre. C'est en 1958 qu'il obtient son véritable premier grand rôle avec La tête contre les murs de Georges Franju. Après un film avec Jean-Pierre Mocky (Les dragueurs, avec Anouk Aimée), il enchaîne ses trois plus grands films en 1959 et 1960.

Jean Cocteau l'enrôle pour un second-rôle dans Le testament d'Orphée. Puis c'est François Truffaut qui lui offre son plus beau personnage dans Tirez sur le pianiste. "Ce film de François Truffaut m'a beaucoup aidé. Il a notamment lancé ma carrière aux Etats-Unis. Quand je suis venu donner un concert au Carnegie Hall, les Américains ne m'avaient vu que chez Truffaut. Ils attendaient un pianiste de jazz, ils ont eu un chanteur !" Enfin, il rejoint Lion Ventura, Hardy Krüger et Maurice Biraud dans Un taxi pour Tobrouk, réalisé par Denys de La Patellière, dialogué par Michel Audiard. " C'est le script qui me détermine. Comme disait Jean Gabin, dans un film il y a trois choses importantes, l'histoire, l'histoire et l'histoire. Avec certains réalisateurs, j'ai noué des liens d'amitié. Avec Truffaut, par exemple. La première fois qu'il est venu me voir, nous ne nous sommes presque rien dit. Il était timide, moi aussi. C'était un bon début" expliquait-il.

Il alterne alors ses tours de chant et les tournages: Le passage du Rhin d'André Cayatte, Les lions sont lâchés d'Henri Verneuil, Paris au mois d'août de Pierre Granier-Deferre, Le temps des loups de Sergio Gobbi, ... Sa carrière n'a pas de frontières. Il tourne aussi bien avec Lewis Gilbert (Les derniers aventuriers) qu'avec Claude Chabrol (Folies bourgeoises), des films de guerre (Intervention Delta de Douglas Hickox) que des comédies (Caroline Chérie), avec des stars comme Ryan O'Neal ou Robert Hossein. Aznavour déteste les étiquettes. Il est l'un des Dix petits nègres du film international de 1974. Mais on le voit aussi chez Claude Lelouch (Edith et Marcel, Viva la vie) ou Elie Chouraqui (Qu'est-ce qui fait courir David). D'apparence discrète, il jouait ainsi les séducteurs, les taciturnes, les introvertis, les tendres, les artisans ou les artistes.

Il aimait le cinéma. Dans Libération, il confiait: "J'aime les méchants. Ce sont les Américains qui ont su nous donner les plus beaux : James Cagney, John Garfield... ou Humphrey Bogart dans la Forêt pétrifiée, ce film sublime. Le film noir apportait une ambiance encore jamais vue au cinéma."

Il expliquait aussi sa façon d'appréhender un rôle: "J'ai toujours dit que quand je mettais la paire de chaussures qu'on m'avait destinée pour le rôle, j'avais gagné 50 % du personnage. Depuis les Dragueurs, avant chaque rôle, j'écris sur un bout de papier le passé de mon personnage. Et je suis tranquille avec lui : je sais quels seront ses tics, ce qu'il aime manger, ce qu'il aime boire, s'il a aimé sa mère ou non. Je dois connaître son passé pour le continuer."

Dans sa filmographie, trois autres films se dénotent. Les fantômes du Chapelier en 1982, avec Claude Serrault. Chabrol adapte Simenon dans cette sombre histoire criminelle. Dans Ararat d'Atom Egoyan, en sélection officielle à Cannes en 2002, il incarne un metteur en scène dans un récit où le génocide arménien hante les destins. Et bien évidemment, même s'il y tient un petit rôle, il y a Le tambour de Volker Schlöndorff, d'après le roman de Günter Grass, histoire qui se déroule de l'Allemagne nazie à la mort de Staline. Le film a reçu une Palme d'or et un Oscar.

Mais il avouait volontiers: "Je suis un bon comédien, d’accord, mais quand même meilleur chanteur. Il faut voir les choses en face." La semaine dernière encore, il alternait les maquettes de son futur album et les déjeuners avec son ami Jean-Paul Belmondo. Timide et curieux, vif et drôle, il reste aussi dans les mémoires comme un artiste impliqué dans l'actualité, lui, dont les chansons semblent atemporelles, si familières, comme autant de morceaux de vies qu'il nous racontait.

Combattant aussi bien le piratage numérique que toutes formes de discriminations, Aznavour était impliqué, engagé, mettant à profit sa popularité pour les grandes causes. Cela conduisait parfois à des polémiques, des paroles mal comprises ou trop vite dites.

On retiendra que cet "immigré" qui symbolise tant l'élégance et la culture française avait aussi de l'humour et une certaine lucidité: "Si j'avais été blond aux yeux bleus ,grand et élégant avec une voix pure ,je n'aurais pas fait la même carrière" disait-il. Il se rêvait centenaire, et même devenir l'homme le plus vieux du monde, tout en redoutant: "Je n'ai pas peur de la mort. Je redoute de ne plus vivre."

7 films pour ne pas oublier le Génocide arménien

Posté par redaction, le 24 avril 2015

ararat atom egoyan

Le génocide arménien a été commis entre avril 1915 et juillet 1916. On estime que les deux tiers des Arméniens sont morts suite à des déportations, famines et massacres, soit un million deux cent mille qui vivaient en Anatolie et en Arménie occidentale. Si l'on célèbre le Centenaire ce 24 avril, sa reconnaissance politique est encore en débat et fait l'objet de controverses. La Turquie nie encore aujourd'hui l'appellation de génocide, n'y voyant qu'une guerre civile. Ce mois-ci, le génocide a été reconnu par les parlements de vingt-trois pays.

Les Arméniens ont aujourd'hui un pays (dont le territoire a été largement amputé : le Mont Ararat, la fameuse montagne de l'Arche de Noé, et symbole de l'Histoire arménienne, est aujourd'hui en Turquie). La diaspora s'est installée dans de nombreux pays comme la France et aux Etats-Unis. Parmi les personnalités d'origine arménienne les plus célèbres: Sergei Parajanov (un musée est consacré au réalisateur à Erevan, en Arménie), Henri Verneuil, Charles Aznavour, Cher, Rouben Mamoulian, Robert Guédiguian, Eric Bogosian, Elia Kazan, Atom Egoyan, Francis Veber, Albert Hughes et Allen Hughes, Gregory Peck, Michel Legrand...

Pas étonnant que les films revenant de près ou de loin sur ce Génocide soient signés de ces descendants arméniens. Nous en avons retenus 7.

Auction of Souls (1919)
Le film d'Oscar Apfel est l'adaptation du livre d'Arshaluys Mardiganian, Ravished Armenia: The Story of Aurora Mardiganian, the Christian Girl, Who Survived the Great Massacre, où elle raconte le tout récent Génocide arménien. L'auteure y interprète d'ailleurs le rôle principal.
Le film est aujourd'hui introuvable. Il ne reste qu'une copie de vingt quatre minutes, qui a été restaurée en 2009.

america america elia kazanAmerica, America (1963)
Elia Kazan réalise le premier grand film sur le sujet, d'après son roman homonyme autobiographique. On y suit Stavros, Grec cappadocien et chrétien, qui vit en Anatolie à la fin du XIXe siècle dans des conditions misérables. Il subit l'oppression des Turcs musulmans, qui gouvernent l'Empire ottoman. Quand son village est ciblé par les Turcs, Stavros décide d'émigrer vers l'Amérique et entame le long et dangereux périple jusqu'à Constantinople dans l'espoir d'embarquer sur un bateau à destination de New York.
Le film a reçu la Coquille d'or au Festival de San Sebastian et les trois nominations les plus prestigieuses aux Oscars (film, réalisateur, scénario). de tous ses films, Kazan disait qu'America, America était son favori, et son plus personnel. Il avait voulu tourner à Istanbul (ex-Constantinople) mais a du filmer en Grèce.

Mayrig (1991)
Au crépuscule de sa vie, Henri Verneuil entreprend de filmer un diptyque sur la diaspora arménienne, dont le second volet, 588 rue Paradis se déroule en France. Mayrig est l'adaptation de son roman éponyme, avec Claudia Cardinale dans le rôle de sa mère et Omar Sharif dans celui de son père.
Le film raconte l'histoire de l'arrivée d'une famille arménienne en France en 1921, fuyant la répression des Turcs, à travers les souvenirs du jeune Azad, né en Arménie, le 11 mai 1915, au début du génocide du XXe siècle. Le récit est ponctué de flash back sur la période du génocide.

Ararat (2002)
Atom Egoyan et son épouse Arsinée Khanjian sont canadiens d'origine arménienne. Le cinéaste, après avoir été révélé par des films audacieux, souvent primés dans les grands festivals comme Cannes, réalise alors une oeuvre plus personnelle, avec un casting cosmopolite: le plus célèbre des Arméniens, Charles Aznavour, Eric Bogosian, Marie-Josée Croze, Bruce Greenwood, Simon Abkarian, Christopher Plummer, Arsinée Khanjian, Elias Koteas...
Sélectionné hors-compétition à Cannes (certains soupçonnent des pressions turques), Ararat est un récit gigogne sur le Génocide et l'exode qui a suivi en tentant de reconstituer une mémoire fragile, d'expliquer une situation complexe à travers différents points de vue.

le voyage en arménie robert guédiguianLe Voyage en Arménie (2006)
Hanté par ses origines, Robert Guédiguian aura attendu le milieu des années 2000, 25 ans après son premier film, pour revenir en Arménie. Et chose rare, son épouse Ariane Ascaride, actrice principale de ses films, est aussi au scénario pour cette oeuvre si particulière. Aux côtés d'Ascaride, on retrouve les fidèles Gérard Meylan et Jean-Pierre Darroussin, mais aussi Simon Abkarian et Jalil Lespert.
Le Voyage en Arménie est une quête des origines. C'est l'histoire d'Anna, cardiologue, doit opérer son père, malade du cœur. Celui-ci disparaît soudainement. Anna est convaincue qu'il est parti en Arménie, pays qu'il avait quitté vers les années 1950. Elle part à sa recherche.
Le film est autant une fiction, amoureuse des paysages, qu'un reportage documentaire sur le pays, tiraillé entre son histoire millénaire et sa mutation post-communiste très libérale.

Le Mas des alouettes / La masseria delle allodole (2007)
Paolo et Vittorio Taviani adaptent le roman d'Antonia Arslan, Prix Stresa (l'équivalent du Goncourt en Italie) en 2004. Paz Vega, Angela Molina, Arsinée Khanjian, Tchéky Karyo et André Dussollier sont au générique.
Les Taviani plonge le spectateur en mai 1915, à Venise où Assadour Avakian, médecin d'origine arménienne, se prépare, après vingt ans de séparation, à retrouver sa famille natale en Anatolie. Pour cet événement, son frère Aram fait agrandir et restaurer le Mas des alouettes, la vieille demeure où sont nés et ont grandi les Avakian. Mais l'Italie vient d'entrer en guerre contre l'Autriche-Hongrie et l'Empire ottoman, et en Turquie, les Jeunes-Turcs sont au pouvoir et cherchent à se débarrasser des minorités ethniques. Pour les Arméniens, la situation devient un enfer: tous les individus de sexe masculin sont voués au massacre, les Avakian n'y font pas exception. Pour les femmes et le petit Avetis, déguisé en fille, débute alors un long calvaire dans le désert et le début de leur exil.

fatih akin tahar rahim the cutThe Cut (2014)
Présenté en compétition au Festival international du film de Venise l'an dernier, ce film est la première collaboration entre un cinéaste d'origine turque, Fatih Akin, et un scénariste d'origine arménienne, Mardik Martin.
The Cut suit, pendant le génocide arménien, Nazareth Manoogian, déporté de son village natal de Mardin, en Turquie. Après les déportations, il apprend que ses filles pourraient être encore vivantes et parcourt le monde pour les retrouver. Tahar Rahim interprète le rôle principal. On retrouve également au générique Simon Abkarian et Arsinée Khanjian.
C'est aussi le premier scénario de Mardik Martin en 34 ans, depuis Raging Bull. Akin a clairement avoué qu'il s'était inspiré d'America, America.

Haïti, les tremblements de terre et le cinéma

Posté par vincy, le 15 janvier 2010

haiti1.jpgLe séisme de 7.3 qui a frappé Haïti, et dans une moindre mesure la République Dominicaine et Cuba restera parmi l'un des plus violents de ces dernières décennies. Je vous invite à suivre l'actualité de cette tragédie dans l'excellent dossier de Courrier International. Cela montre bien qu'une image est vecteur d'émotion, vaut 1000 discours. Ainsi est notre époque: l'image est le premier témoignage. Et là, d'images, il n'y en avait point durant les premières heures. Nous, consommateurs avides de sensations visuelles fortes, étions aveugles.

Alors on s'imaginait. Un tremblement de terre, nous savons ce que c'est. Dans 2012, dans Volcano, dans autant de films catastrophes, on "voit" bien à quoi cela peut ressembler en matière de dévastation. De San Francisco à Tremblement de terre, la Californie en a bavé au cinéma. Sans parler du cinéma japonais, très friand de secousses et de bétron friable. Produire des images terrifiantes pour évacuer nos peurs... Les immeubles s'écroulent, les routes se fissurent puis se déchirent, le mobilier tombe, le feu s'embrase, ... les morts, les blessés s'accumulent.

Le cinéma en a fait sa catastrophe naturelle préférée.

Mais on ne s'imaginait pas Haïti. Que conaît-on de ce pays, l'un des plus pauvres du monde? Qui sait qu'Anthony Kavanagh, Garcelle Beauvais et Sidney Poitier sont originaires de là-bas? Michelange Quay, Raoul Peck, Lise Constantin sont parmi les rares cinéastes haïtiens, mais ils tournent (à l'étranger). N'oublions pas le peintre Jean-Michel Basquiat ou l'écrivain Dany Laferrière (qui réalisa Comment conquérir l'Amérique, comédie canadienne sur un jeune immigré haitien).

On connaît Haïti, mais avec des images de bidonvilles, de pauvreté, de cocotiers. Ironiquement, l'un des premiers films montrant le pays, est un reportage sur un incendie qui ravageait la Place Pétion à Port-au-Prince, "Dernier incendie du 15 décembre 1899 à Port-au-Prince", qui fut diffusé le 30 décembre.

haiti2.jpgUne île isolée de la planète 7e art ou presque

Peu de cinéastes eurent l'occasion ou l'inspiration de tourner sur place. Et la production locale est presqu'inexistente (à l'exception de l'art vidéaste), malgré la présence d'institutions éveillant aux arts visuels. Le régime du dictateur Duvalier a coupé la population du 7e art qui devait se contenter de westerns ou de films avec Bruce Lee. Les haïtiens disposent de quelques complexes de cinéma qui appartiennent quasiment toutes au même groupe local.

Cela a conduit de nombreux artistes à l'exil. Personne ne voulait filmer Haïti, dont les besoins appelaient à d'autres priorités. C'est donc un cinéma de diaspora dont la figure historique s'appelle Arnold Antonin, documentariste et cinéaste, et le plus connu Raoul Peck, récemment nommé Président de la Fémis.

Haiti était pourtant mentionné dans Quantum of Solace, le plus récent James Bond. Mais Panama a fait l'affaire en matière de décors. Territoire du vaudou, quelques films y ont planté leur scénario, mais pas forcément leurs caméras. On mentionnera The Comedians (1967) avec Liz Taylor et Richard Burton , tourné au Bénin!, ou Vers le Sud  (2005) de Laurent Cantet (tourné entre Haïti et son voisin la République Dominicaine). L'horreur a souvent été comblée avec une telle île, de White Zombie en 1932 à un Wes Craven (L'emprise des ténèbres) en 1988, qui faisait d'Haïti le cadre du script à défaut d'en faire le décor.

haiti3.jpgDes célébrités se mobilisent

Deux jours après le séisme, Port-au-Prince est, vue du ciel, blessée de toutes parts, cicatrices béantes, urbanistiquement amputée. 50 000 morts selon les dernières estimations. D'inombrables blessés, des centaines de milliers de personnes sans toits, sans rien. Il est inutile de parler de cinéma : il y a un besoin de vivres, de médicaments et de soins, d'eau potable, ... La révolution twitter attendra, malgré la fascination des médias pour ces nouveaux outils qu'ils maitrisent si mal.

Aux Etats-Unis, comme nous vous l'annoncions sur Facebook hier, George Clooney a lancé l'idée d'un téléthon dès mercredi soir lors d'une soirée en l'honneur d' In the Air. MTV diffusera la collecte de fonds, présentée par Clooney lui-même, vendredi prochain. Son copain Brad Pitt et sa femme, Angelina Jolie, ont déjà versé un million de dollars en faveurs des secours. Charles Aznavour , ainsi que Stomy Bugsy, Grand Corps Malade, Princess Erika et une quarnataine d'artistes, vont enregistrer une chanson "Un geste pour Haïti chérie". Le clip incitera à faire un don pour la Croix Rouge et Médecins sans frontières. Le comédien et humoriste Anthony Kavanagh a lancé un appel ce matin sur une radio nationale pour que les chaînes télévisées organisent " une levée de fonds ou faire un Téléthon pour aider Haïti." Robert Hossein a indiqué que l'intégralité de la recette du 24 janvier de son spectacle Seznec sera reversée à Médecins du Monde.

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haiti4.jpg Pour les dons, cette très bonne intiative du Monde : Haïti : à qui donner?

Actuellement, plus de 6 millions d'euros de dons ont été récoltés en France par les organisations humanitaires en France, dont 1 500 000 euros pour la Fondation de France (actions et projets postérieurs pour la reconstruction), 700 000 euros pour Terre Solidiaire, 650 000 euros pour Action contre la famin. Médecins du Monde et MsF ont chacun reçu 400 000 euros.

Aznavour aura la voix perchée Là Haut

Posté par vincy, le 13 avril 2009

Aux Etats-Unis la voix du vieux grincheux de 78 ans dans le dessin animé Là-Haut (Up) est Edward Asner. Connu pour son personnage télévisé de Lou Grant, ancien président de la Screen Actors Guid, Asner s'est reconverti dans les jeux vidéos où il prête souvent sa voix. Pour la France, Disney a choisi une figure plus prestigieuse puisqu'il s'agit de Charles Aznavour. Le chanteur français le plus connu dans le monde fait ici ses premières vocalises dans un dessin animé.

Là-Haut ouvrira le prochain Festival de Cannes. Mais le film étant diffusé en Version originale sous titrée, les festivaliers n'entendront pas la performance de l'acteur de Tirez pas sur le pianiste.