[Passions américaines] La chatte sur un toit brûlant (1958) avec Elizabeth Taylor et Paul Newman

Posté par vincy, le 11 août 2019

Immense succès de l’époque, La chatte sur un toit brûlant (Cat on a hot tin roof) est un drame quasi passionnel datant de 1958. Réalisé par Richard Brooks, à qui l’on doit le scénario de Key Largo, il s’agit de l’adaptation d’une célèbre pièce de théâtre écrite par le géant Tennessee Williams. Et Johnny Hallyday avait raison quand il chantait « on a tous en nous quelque chose de Tennessee… » Quoi de plus proche qu’un de ces conflits familiaux, qui révèlent le pire et le meilleur de chacun d’entre nous ? Avec Un tramway nommé désir et La ménagerie de verre, La chatte sur un toit brûlant est l’une des trois plus grandes adaptations cinématographiques de son répertoire, sans doute la plus cinglante.

Le film raconte l’histoire d’un couple qui bat de l’aile, dans un contexte familial où la mort du patriarche menace. Avec ses plans très construits, Richard Brooks accentue la symétrie des séquences qui se font écho. Au final, de révélations en réconciliations, les six personnages, trois couples formés de trois personnages principaux et trois secondaires, se confronteront à cette vérité qu’ils renient.

Le couple principal est incarné par deux des beautés les plus incandescentes des années 50 et 60, Elizabeth Taylor et Paul Newman. Un couple en déliquescence. Elle est une garce manipulatrice, dure, cruelle, orgueilleuse, souffrant surtout de ne plus être aimée de lui. Il est une ancienne gloire sportive, aujourd’hui imbibée d’alcool et surtout insensible aux charmes de sa femme. Pour ne pas dire impuissant. Mais cet amour défunt n’a rien d’éteint. Même si Maggie avoue désespérément que « Vivre avec celui qui m’aime est la pire solitude quand l’autre ne vous aime pas», elle veut encore espérer. Après tout ils sont encore insolemment beaux et pas encore fanés. Pas comme ses beaux-parents…

Leur première grande scène n’est autre qu’une partie de ping-pong acerbe où chacun se masquent derrière une forme de méchanceté. D’ailleurs le mensonge s’effondre vite. Après avoir rejeté les avances de Taylor, il succombe en cachette au désir de sentir sa nuisette. Mais la plus cruelle est la belle-sœur, Mae, une vraie peste qu’on n’aurait pas aimé avoir en copine de classe. Un vrai moulin à méchanceté.

La violence des dialogues permet au film, sans trop de mouvements, de créer un climat pesant. Ce film est comme un orage qui couve en permanence. Et on attend qu’il éclate. Et quand la pluie se déverse, c’est pour laver les péchés. Big Daddy transforme des aveux en tribunal familial où les trois personnages principaux, Newman, Taylor et lui, l’excellent Burl Ives, décident que la vérité aura raison de tout. Leur combat contre la dissimulation, leur volonté d’aller « au fond des choses » vont dissiper les malentendus et permettre au couple de renaître doucement.

Il y a deux scènes cruciales pour bien comprendre l’amertume qui déchire Taylor et Newman.

L’une se compose en plusieurs tableaux. C’est le premier vrai dialogue entre Brick et son père. Le père décide de partager un verre de whisky avec son fils, pour faciliter l’échange. De plans en plans, seuls ou à deux, on assiste à une chorégraphie où chacun s’approche et s’éloigne de l’autre jusqu’au moment où l’un boit en regardant le passé, et l’autre en regardant l’avenir. Parfait Janus…

L’autre scène montre le jeune couple sur le balcon, mal à l’aise de surprendre Big Daddy et Big Mamma avouer l’illusion de leur union. Clairement Taylor et Newman se voient finir comme eux, frustrés et distants, et le refusent inconsciemment. Car aucun couple n’est épargné par l’hypocrisie, l’aveuglement et les mensonges qui les rongent. Ils s’expriment à travers la cupidité, l’alcool, un Cancer. Mais seuls s’en sortiront ceux qui ne se mentiront pas.
« La dissimulation mène nos vies » et même si le cinéma est l’art de la dissimulation, ici La chatte sur un toit brûlant essaie de coller au plus près des tourments psychologiques qui brouillent les sentiments des uns pour les autres. Y compris entre adultes et enfants.

Enfin il faut parler de la filiation, a priori morale essentielle et fondamentale à Hollywood. Les enfants de Cooper et Mae sont des monstres sans cou, des singes, des surdosés en sucre détestables. Big Daddy ou Big Mamma ignorent sciemment Cooper ; quant à Brick, il accuse son père de ne jamais l’avoir aimé. Ce manque affectif remonte ainsi les générations jusqu’au père de Big Daddy, un clochard, ou à la pauvreté des parents de Maggie, ce qui les rapproche dès leur première scène. Quand il parle de son père, Big Daddy est ému en avouant qu’il avait été aimé. Mais travers les yeux de son fils, on découvre à quel point il n’avait pas aimé. Le scénario impose alors sa morale. L’argent ne fait pas le bonheur. A cette époque on croyait encore à de bien plus grandes valeurs.

Cette réalisation très sobre, un huis-clos théâtral où seul le cadrage met en scène, sans effet particulier, a énormément déplu à Tennessee Williams qui trouvait le film ringard comparé à la mise en scène d’Elia Kazan à Broadway. Pourtant, pour la première fois, afin de magnifier le regard violet de Taylor et celui très bleu de Newman, une adaptation de Williams fut filmée en couleurs. Peut-être que le dramaturge voyait trop les artifices du studio, comme lorsque Taylor, chat trempé sous la pluie, est, la scène suivante, complètement sèche et bien coiffée. Ou alors, il reprochait que le script ait gommé les références à l’homosexualité, présentes dans la pièce. Ironiquement, il était arrivé la même chose à l’adaptation du roman de Richard Brooks, The Brick Foxholes, quelques années auparavant, où la discrimination homosexuelle avait été remplacée par l’antisémitisme. Hollywood était moins courageux que Broadway. On devine juste que l’amitié de Brick avec Skipper était « vraie » et « profonde ».

« La vérité c’est renoncé à ses rêves et mourir inconnu ». Tout le contraire du cinéma.

7 films pour ne pas oublier le Génocide arménien

Posté par redaction, le 24 avril 2015

ararat atom egoyan

Le génocide arménien a été commis entre avril 1915 et juillet 1916. On estime que les deux tiers des Arméniens sont morts suite à des déportations, famines et massacres, soit un million deux cent mille qui vivaient en Anatolie et en Arménie occidentale. Si l'on célèbre le Centenaire ce 24 avril, sa reconnaissance politique est encore en débat et fait l'objet de controverses. La Turquie nie encore aujourd'hui l'appellation de génocide, n'y voyant qu'une guerre civile. Ce mois-ci, le génocide a été reconnu par les parlements de vingt-trois pays.

Les Arméniens ont aujourd'hui un pays (dont le territoire a été largement amputé : le Mont Ararat, la fameuse montagne de l'Arche de Noé, et symbole de l'Histoire arménienne, est aujourd'hui en Turquie). La diaspora s'est installée dans de nombreux pays comme la France et aux Etats-Unis. Parmi les personnalités d'origine arménienne les plus célèbres: Sergei Parajanov (un musée est consacré au réalisateur à Erevan, en Arménie), Henri Verneuil, Charles Aznavour, Cher, Rouben Mamoulian, Robert Guédiguian, Eric Bogosian, Elia Kazan, Atom Egoyan, Francis Veber, Albert Hughes et Allen Hughes, Gregory Peck, Michel Legrand...

Pas étonnant que les films revenant de près ou de loin sur ce Génocide soient signés de ces descendants arméniens. Nous en avons retenus 7.

Auction of Souls (1919)
Le film d'Oscar Apfel est l'adaptation du livre d'Arshaluys Mardiganian, Ravished Armenia: The Story of Aurora Mardiganian, the Christian Girl, Who Survived the Great Massacre, où elle raconte le tout récent Génocide arménien. L'auteure y interprète d'ailleurs le rôle principal.
Le film est aujourd'hui introuvable. Il ne reste qu'une copie de vingt quatre minutes, qui a été restaurée en 2009.

america america elia kazanAmerica, America (1963)
Elia Kazan réalise le premier grand film sur le sujet, d'après son roman homonyme autobiographique. On y suit Stavros, Grec cappadocien et chrétien, qui vit en Anatolie à la fin du XIXe siècle dans des conditions misérables. Il subit l'oppression des Turcs musulmans, qui gouvernent l'Empire ottoman. Quand son village est ciblé par les Turcs, Stavros décide d'émigrer vers l'Amérique et entame le long et dangereux périple jusqu'à Constantinople dans l'espoir d'embarquer sur un bateau à destination de New York.
Le film a reçu la Coquille d'or au Festival de San Sebastian et les trois nominations les plus prestigieuses aux Oscars (film, réalisateur, scénario). de tous ses films, Kazan disait qu'America, America était son favori, et son plus personnel. Il avait voulu tourner à Istanbul (ex-Constantinople) mais a du filmer en Grèce.

Mayrig (1991)
Au crépuscule de sa vie, Henri Verneuil entreprend de filmer un diptyque sur la diaspora arménienne, dont le second volet, 588 rue Paradis se déroule en France. Mayrig est l'adaptation de son roman éponyme, avec Claudia Cardinale dans le rôle de sa mère et Omar Sharif dans celui de son père.
Le film raconte l'histoire de l'arrivée d'une famille arménienne en France en 1921, fuyant la répression des Turcs, à travers les souvenirs du jeune Azad, né en Arménie, le 11 mai 1915, au début du génocide du XXe siècle. Le récit est ponctué de flash back sur la période du génocide.

Ararat (2002)
Atom Egoyan et son épouse Arsinée Khanjian sont canadiens d'origine arménienne. Le cinéaste, après avoir été révélé par des films audacieux, souvent primés dans les grands festivals comme Cannes, réalise alors une oeuvre plus personnelle, avec un casting cosmopolite: le plus célèbre des Arméniens, Charles Aznavour, Eric Bogosian, Marie-Josée Croze, Bruce Greenwood, Simon Abkarian, Christopher Plummer, Arsinée Khanjian, Elias Koteas...
Sélectionné hors-compétition à Cannes (certains soupçonnent des pressions turques), Ararat est un récit gigogne sur le Génocide et l'exode qui a suivi en tentant de reconstituer une mémoire fragile, d'expliquer une situation complexe à travers différents points de vue.

le voyage en arménie robert guédiguianLe Voyage en Arménie (2006)
Hanté par ses origines, Robert Guédiguian aura attendu le milieu des années 2000, 25 ans après son premier film, pour revenir en Arménie. Et chose rare, son épouse Ariane Ascaride, actrice principale de ses films, est aussi au scénario pour cette oeuvre si particulière. Aux côtés d'Ascaride, on retrouve les fidèles Gérard Meylan et Jean-Pierre Darroussin, mais aussi Simon Abkarian et Jalil Lespert.
Le Voyage en Arménie est une quête des origines. C'est l'histoire d'Anna, cardiologue, doit opérer son père, malade du cœur. Celui-ci disparaît soudainement. Anna est convaincue qu'il est parti en Arménie, pays qu'il avait quitté vers les années 1950. Elle part à sa recherche.
Le film est autant une fiction, amoureuse des paysages, qu'un reportage documentaire sur le pays, tiraillé entre son histoire millénaire et sa mutation post-communiste très libérale.

Le Mas des alouettes / La masseria delle allodole (2007)
Paolo et Vittorio Taviani adaptent le roman d'Antonia Arslan, Prix Stresa (l'équivalent du Goncourt en Italie) en 2004. Paz Vega, Angela Molina, Arsinée Khanjian, Tchéky Karyo et André Dussollier sont au générique.
Les Taviani plonge le spectateur en mai 1915, à Venise où Assadour Avakian, médecin d'origine arménienne, se prépare, après vingt ans de séparation, à retrouver sa famille natale en Anatolie. Pour cet événement, son frère Aram fait agrandir et restaurer le Mas des alouettes, la vieille demeure où sont nés et ont grandi les Avakian. Mais l'Italie vient d'entrer en guerre contre l'Autriche-Hongrie et l'Empire ottoman, et en Turquie, les Jeunes-Turcs sont au pouvoir et cherchent à se débarrasser des minorités ethniques. Pour les Arméniens, la situation devient un enfer: tous les individus de sexe masculin sont voués au massacre, les Avakian n'y font pas exception. Pour les femmes et le petit Avetis, déguisé en fille, débute alors un long calvaire dans le désert et le début de leur exil.

fatih akin tahar rahim the cutThe Cut (2014)
Présenté en compétition au Festival international du film de Venise l'an dernier, ce film est la première collaboration entre un cinéaste d'origine turque, Fatih Akin, et un scénariste d'origine arménienne, Mardik Martin.
The Cut suit, pendant le génocide arménien, Nazareth Manoogian, déporté de son village natal de Mardin, en Turquie. Après les déportations, il apprend que ses filles pourraient être encore vivantes et parcourt le monde pour les retrouver. Tahar Rahim interprète le rôle principal. On retrouve également au générique Simon Abkarian et Arsinée Khanjian.
C'est aussi le premier scénario de Mardik Martin en 34 ans, depuis Raging Bull. Akin a clairement avoué qu'il s'était inspiré d'America, America.

Eli Wallach (1915-2014) : le Roi de Brooklyn est mort

Posté par vincy, le 25 juin 2014

eli wallach

Eli Wallach, né à Brooklyn le 7 décembre 1915, est mort mardi 24 juin, à l'âge de 98 ans, selon une information du New York Times. Wallach est devenu célèbre pour avoir incarné Tuco dans le western spaghetti de Sergio Leone, Le Bon, la Brute et le Truand (il était le truand).

Wallach fait partie de la génération d'acteurs à avoir appliqué la fameuse "méthode" de l'Actor's Studio, dont il fut l'un des pionniers, en contact direct avec Lee Strasberg. Il fait ses débuts au théâtre, à la sortie de la seconde guerre mondiale, gagnant même un Tony Award du meilleur acteur pour une pièce de Tennessee Williams, La rose tatouée, en 1961.

L'un des sept mercenaires

Cinq ans plus tard, il fait ses premiers pas au cinéma chez Elia Kazan (Baby Doll). Premier rôle, tête d'affiche et sans doute sa performance la plus mémorable en propriétaire de champs de coton essayant de séduire la fille convoitée par son concurrent. Il tourne alors avec quelques un des plus grands noms du cinéma : Don Siegel (The Lineup, 1958), Henry Hathaway (Les sept voleurs, 1960), John Huston (Les désaxés, 1961), Martin Ritt (Aventures de jeunesse, 1962). En 1962, il fait partie de l'aventure de La Conquête de l'Ouest d'Henry Hathaway, John Ford et George Marshall. Sans oublier Les sept mercenaires, où il était un mexicain assez retors, pour ne pas dire vicieux, dans le film de John Sturges (1960). Maintenant que Wallach est mort, il ne reste plus que Robert Vaughn (81 ans) en vie parmi tout le groupe.

S'il reste cantonné aux seconds-rôles, il ne cesse de tourner  : western, aventures, parfois quelques comédies, fresque historique (Genghis Khan). On le voit ainsi dans Lord Jim (Richard Brooks, 1965), Opération Opium (Terence Young, 1966), Comment voler un million de dollars (William Wyler, 1966) mais aussi avec Belmondo et David Niven dans Le cerveau (Gérard Oury, 1969).

Pourtant après les années 60, les personnages deviennent moins marquants, trop souvent choisi pour être le shérif, le détective, le général... Il est enfermé dans son image. Les films sont moins intéressants. Il y a quelques exceptions : Independence de John Huston (1976), Les grands fonds de Peter Yates (1977), La théorie des dominos de Stanley Kramer (1977).

oscars 2011 eli wallachUn final flamboyant

C'est vers la fin des années 80 qu'Hollywood se souvient de cet acteur culte des années 60. Martin Ritt lui donne un rôle de médecin dans Cinglée, face à Barbra Streisand. Jack Nicholson (The Two Jakes), Francis Ford Coppola (Le Parrain III, en accro aux bonbons), Irwin Winkler (La Loi de la nuit), Edward Norton (Au nom d'Anna, où il est pour la deuxième foi un rabbin) ressuscitent cet immense acteur, cette gueule d'un cinéma d'antan. En 2010, on l'aperçoit dans l'excellent The Ghost Writer de Roman Polanski et dans le raté Wall Street : L'argent ne dort jamais d'Oliver Stone.

Mais c'est en 2003 qu'Eli Wallach marquera les esprits. Il n'est pas crédité au générique de Mystic River. Mais le symbole est là: le bon, Clint Eastwood, dirige, enfin, le truand.

80 films au compteur. Souvent des rôles de salauds, de méchants, de vilains, avant qu'on ne lui propose des personnages plus empathiques. Une carrière théâtrale très dense et triomphale jusqu'aux années 60 (de George Bernard Shaw à Ionesco, dont il était un grand admirateur, en passant par Jean Anouilh). Une présence continuelle sur le petit écran. Il alternera des choix cinématographiques parfois médiocres avec des pièces de théâtre comme Le journal d'Anne Frank, qu'il joue avec sa femme Anne Jackson et leurs deux filles, et des téléfilms ou séries populaires (comme Urgences ou Nurse Jackie). Il avait raconté son parcours dans une autobiographie, Le bon, la brute et moi, publiée en 2005.

Le secret de sa longévité

Il n'a jamais eu de vocations particulières à devenir comédien. Mais il aimait jouer. Complexé par sa taille (1m70), mari fidèle (il venait de fêter ses 66 ans de mariage avec Anne Jackson!), homme discret, partenaire des plus grands (Brando, McQueen, Monroe, Pacino, Brynner, Fonda, Hepburn, Gable...)  il a été l'un des comédiens les plus respectés et reconnus de sa génération : Nommé Roi de Brooklyn au Welcome Back to Brooklyn Festival en 1998, Oscar d'honneur en 2011, British Award du meilleur espoir en 1957 , un Emmy Award en 1967...

Il aura tourné durant plus de 60 ans. Lors d'une avant-première hollywoodienne, pour un film où il avait comme partenaire Kate Winslet (The Holiday), son épouse ne voyait toujours pas ce ces jeunes et belles femmes lui trouvaient.

Un mélange de charisme, de dérision, d'humilité sans doute. L'Académie des Oscars, en lui décernant une statuette honorifique, soulignait son aspect caméléon, sa capacité à incarner des personnages radicalement différents sans effort, tout en marquant chacune de ses interprétations d'une empreinte marquante.

C'est plutôt dans sa dualité qu'il faut trouver le secret de son jeu. Juif ayant grandit dans un quartier italien (au point de jouer essentiellement des latins au cinéma), époux qui ne jouait jamais les maris de sa femme quand ils étaient partenaires sur les planches, il incarnait au théâtre des petits hommes, "irrités" et "incompris", tandis qu'au cinéma, il appréciait les rôles de "bad guy", pour leur complexité. Truand à vie, mais pas trop.

25 nouveaux classiques entrent à la Bibliothèque du Congrès Américain

Posté par vincy, le 29 décembre 2010

À peine disparus, de nombreux talents cinématographiques ont le droit au Panthéon. Irvin Kershner, Leslie Nielsen, Blake Edwards voient leur talent récompensé de manière posthume. La Bibliothèque du Congrès a intégré 25 nouveaux films du patrimoines, tous formats confondus, dans son Registre National, sorte d'Archives prestigieuses permettant de conserver les oeuvres les plus précieuses. Il faut dire que la 90% productions d'avant les années 20 ont disparu, et 50% des productions des années 20 à 50 sont perdues.

Cette année, les années 70 sont particulièrement bien représentées, tout comme les grands succès populaires.

- Le Lys de Brooklyn (1945), premier film d'Elia Kazan, conte de fée sentimental adapté d'un roman de Betty Smith. Un Oscar.

- Y-a-t-il un pilote dans l'avion? (1980), de Jim Abrahams, Jerry et David Zucker, avec Leslie Nielsen, Peter Graves et Lloyd Bridges. Et une histoire de gladiateur.

- Les Hommes du Président (1976), d'Alan J. Pakula, adapté des Mémoires des reporters qui ont découvert le scandale du Watergate, avec Dustin Hoffman et Robert Redford. Quatre Oscars.

- Le serment de Rio Jim (1914), de Reginald Baker. Premier film du cowboy William S. Hart.

- Cry of Jazz (1959), d'Edward Bland. Moyen métrage documentaire en noir et blanc sur les faubourgs afro-américains de Chicago.

- Electronic Labyrinth: THX 1138 4EB (1967), soit le court métrage universitaire de George Lucas, qui en fit un long produit par Coppola, THX 1138.

- Star Wars V : L'Empire contre-attaque, d'Irvin Kershner. Un triomphe mondial, deux Oscars et les vrais débuts d'une saga (et de son culte).

- L'Exorciste (1973), de William Friedkin. La quintessence du film d'horreur. Outre l'énorme succès, il a reçu 10 nominations aux Oscars (deux statuettes, dont le scénario!). Un record pour le genre.

- The Front Page (1931, de Lewis Milestone. Trois nominations aux Oscars pour cette comédie qui fut l'une de celles à installer les fondements du scénario à l'américaine. Pas moins de sept remakes ont été tournées (petits et grands écrans).

- Grey Gardens (1976), documentaire façon cinéma vérité d'Albert et David Maysles. Projeté à Cannes, il fut transposé en comédie musicale à Broadway, en pièce de théâtre, et en téléfilm pour HBO.

- I Am Joaquin (1969). Court métrage de Luis Valdez adapté d'un poème de Rodolfo "Corky" Gonzales, appartenant à al culture populaire des Chicanos d'Amérique.

- Une riche affaire (1934). Troisième comédie avec W.C. Fields à entrer dans la patrimoine américain. celui-ci fuit une source d'inspiration pour les Blues Brothers.

- Let There Be Light (1946), documentaire sur 75 soldats et leurs traumas, de John Huston produit pour le gouvernement américain.

- Solitude (1928). L'un des rares films américains du savant et cinéaste hongrois Paul Fejos. Ce film est considéré comme son chef d'oeuvre et est resté l'un de ses plus grands succès.

- Au crépuscule de la vie (1937). Drame de Leo McCarey sur un vieux couple ruiné par la dépression économique.

- Malcolm X (1992), biopic de Spike Lee sur l'activiste le plus controversé des années 50 et 60, avec Denzel Washington dans le rôle titre.

John McCabe (1971), soit un western de Robert Altman avec Warren Beatty et Julie Christie et trois chansons de Leonard Cohen.

- Newark Athlete (1891). Film expérimental qui fut l'un des premiers réalisés dans les laboratoires d'Edison.

- Our Lady of the Sphere (1969). Court métrage animé (et expérimental) de Lawrence Jordan, utilisant des fonds colorés et des collages en mouvements.

- La Panthère rose (1964). Premier film de la franchise. Énorme succès pour cette comédie de gags loufoques mise en scène par Blake Edwards. Première collaboration avec le génial Peter Sellers en Inspecteur Clouseau. Et première apparition de la fameuse panthère en dessin animé dans les génériques de début et de fin. Doit-on mentionner la musique de Mancini?

- Preservation of the Sign Language (1913) est un film étonnant de deux minutes, en langage des signes, et défendant les droits des malentendants.

- La Fièvre du samedi soir (1977), disco-movie de John Badham.  Le pantalon patte d'éph et moule burnes de John Travolta (nommé à l'Oscar quand même), la musique qui fait bouger le popotin, les chansons hurlées par des castrats. Le public s'est rué. Une suite a été tournée. Et une soixante de films lui ont fait référence depuis.

- Study of a River (1996). Court métrage sur le fleuve Hudson à travers les saisons.

- Tarantella (1940), de Mary Ellen Bute. Cinq minutes colorées et avant-gardistes qui mélangent une animation abstraite avec de la musique contemporaine. Pionnier dans le genre.

L’Eden pour Karl Malden (1912-2009)

Posté par vincy, le 1 juillet 2009

karlmalden.jpgL'acteur Karl Malden, de son vrai nom Mladen Sekulovich, est décédé ce mercredi 1er juillet à l'âge de 97 ans. Il est marié depuis 1938 à Mona Greenberg. A 25 ans il monte sur les planches de Broadway. Karl Malden, sur scène come au cinéma, sera longtemps relié à Elia Kazan. Il joue au théâtre dans Un tramway nommé désir pui All My Sons. Au cinéma, il est un brillant second rôle face à Marlon Brando dans Un tramway nommé désir (Oscar du meilleur second rôle masculin) et Sur les quais (juste une nomination au même Oscar).

Mais il a aussi joué avec les plus grands. Henry Hathway (Le carrefour de la mort, 1947), Alfred Hitchcock (La Loi du silence, 1953), John Frankenheimer (Le prisonnier d'Alcatraz, 1962), John Ford (La conquête de l'Ouest, 1962), Norman Jewison (Le Kid de Cincinnati, 1965, en manager de Paul Newman), Franklin J. Schaffner (Patton, 1970). De McQueen à Widmark en passant par Cooper, il a toujours assuré une forte présence à l'écran, même sans être tête d'affiche. Il était capable de rôles graves comme extrêmes.

C'est évidemment dans Les rues de San Francisco, la série TV, qu'il va se faire(re)connaître dans le monde entier durant cinq saisons. Il avait réalisé un film en 1957 et n'avait plus rien tourné depuis un épisode de The West Wing en 2000.

Ni hommes à femmes, ni comique, il fait partie de ces figures d'Hollywood qui ont laissé leur marque pour rendre la lumière plus belle sur les stars.

Président de l'Académie des Arts et des Sciences du Cinéma (l'organisateur des Oscars) de 1989 à 1992, Karl Malden a été distingué en 2003 par la Screen Actors Guild pour l'ensemble de sa carrière.

Pat Hingle tire sa révérence

Posté par Morgane, le 4 janvier 2009

pat hingleNé le 19 janvier 1924, Pat Hingle s’est éteint le samedi 3 janvier 2009 à l’âge de 84 ans. Acteur américain, il débute sur les planches à Broadway et fait ses premiers pas au cinéma (1954) en tant que patron de bar dans Sur les quais d’Elia Kazan. Ce dernier le remarque alors et fait de nouveau appel à lui en 1961 pour jouer dans La fièvre dans le sang et interpréter Ace Stamper, le père de Bud Stamper qui a alors les traits de Warren Beatty.

Par la suite, Pat Hingle va tenir de nombreux seconds rôles dans des films divers. Il est alors au casting d’un grand nombre de westerns tels que Le mercenaire de minuit, Nevada Smith, Pendez-les haut et court. Le genre policier l’aime beaucoup également et là encore Pat Hingle y tiendra plusieurs seconds rôles (Bloody Mama, Opération clandestine, L’épreuve de force, Le retour de l’inspecteur Harry…). Il est également apparu dans plusieurs séries télévisées dont L’Homme qui valait 3 milliards, Pour l’amour du risque, Arabesque ou bien encore Magnum.

Plus récemment Pat Hingle a joué, entre autres, dans Mort ou vif de Sam Raimi, Bastard out of Carolina d’Anjelica Huston et Shaft de John Singleton. On se souvient également de lui pour son rôle du commissaire Gordon dans Batman, Batman le défi de Tim Burton ainsi que dans les deux opus suivants réalisés par Joel Schumacher (Batman Forever et Batman & Robin).