Paris Cinéma 2011 : jury et programmation de la 10e édition

Posté par MpM, le 15 juin 2011

On connaît désormais la composition du jury de la neuvième édition du Festival Paris Cinéma, chargé de récompenser un des huit films de la Compétition internationale.  Ce sont donc les comédiennes Lubna Azabal et Pauline Lefèvre (Voir la mer), l'acteur Mathieu Demy et les réalisateurs Thierry Jousse (Les invisibles) et Gilles Marchand qui auront la lourde charge de distinguer le meilleur de la "création indépendante contemporaine" représentée dans la sélection.

Parmi les films en lice, on retrouve La guerre est déclarée de Valérie Donzelli (qui a fait sensation à Cannes), The prize de Paula Markovitch, présenté en compétition à Berlin, ou encore Sur la planche, le premier long-métrage de fiction de l'ancienne  journaliste indépendante marocaine Leila Kilani, dont les documentaires sur les années de plomb au Maroc ont été très remarqués.

Comme chaque année, la compétition se double par ailleurs de sections thématiques et de rétrospectives. Le cinéma mexicain sera ainsi à l'honneur au travers d'une sélection de plus d'une soixantaine de titres, et des "clins d’œil" seront également consacrés aux cinématographies japonaises et philippines.

Côté hommage, c'est au tour de Jerzy Skolimowsky, Isabella Rossellini, Michael Lonsdale et Gael Garcia Bernal de faire l'objet d'une programmation spéciale.

En outre, on ne compte plus les avant-premières prestigieuses qui font la part belle aux films cannois (Melancholia de Lars von Trier, We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay, Et maintenant on va où de Nadine Labaki, Hors Satan de Bruno Dumont, La piel que habito de Pedro Almodovar...) et aux grosses sorties de l'été (Cars2, Super 8, Les contes de la nuit...).

A noter enfin que c'est Polisse de Maïwenn, tout auréolé de son prix du jury à Cannes qui fera l'ouverture, tandis que Le moine de Dominik Moll, refusé par Cannes, sera présenté en clôture.

A un an de son 10e anniversaire (le cap le plus difficile pour un festival), Paris Cinéma applique donc une nouvelle fois la recette qui a fait son succès en mélangeant cinéma d'auteur et cinéma populaire, œuvres confidentielles inédites et classiques à redécouvrir. Une diversité et une richesse qui attirent chaque année un public varié (et donc toujours plus nombreux),  permettant à la manifestation de s'imposer comme le rendez-vous parisien légitime pour tous les amoureux du 7e art.

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Paris cinéma 2011
Du 2 au 13 juillet 2011
Informations et programme complet sur le site de la manifestation

Le billet de Morgane : Alamar et Mundane History à Paris Cinéma

Posté par Morgane, le 9 juillet 2010

Paris Cinéma continue son petit bonhomme de chemin dans les salles obscures et la compétition révèle petit à petit ses films. J’ai eu pour le moment l’occasion de voir Alamar du mexicain Pedro Gonzales-Rubio et Mundane History de la thaïlandaise Anocha Suwichakornpong.

Ces deux films, fort différents dans leur conception même, ont tout de même un point commun?: celui de la relation entre un père et son fils. Mais si chez Pedro Gonzales-Rubio celle-ci est sublimée, chez Anocha Suwichakornpong elle est absente, inexistante et destructrice. Là où elle est au centre dans Alamar, elle se noie dans un cycle beaucoup plus large et plus grand qu’est celui de la vie dans Mundane History. L’un enchante, l’autre étonne, surprend mais abandonne le spectateur par une construction trop destructurée et qui parait non justifiée.

Et comme Alamar enchante, de par son histoire simple, sa frontière quasi invisible entre fiction et documentaire et ses paysages à couper le souffle, j’ai rencontré le réalisateur pour en savoir un peu plus sur l’origine de ce film et sa construction. Entretien avec Pedro Gonzales-Rubio.

Cannes 2010 : Qui est Diego Luna ?

Posté par vincy, le 14 mai 2010

Bien sûr son copain d'enfance Gael Garcia Bernal est plus connu que lui. La belle gueule du cinéma mexicain n'est cependant pas resté dans l'ombre. A 31 ans, Diego Luna a un parcours déjà riche comme comédien, réalisateur et producteur. Il a participé au financement de films comme Sin Nombre. A Cannes, cette année, il présente Abel, sa première fiction, trois ans après le documentaire sur la vie du boxeur mexicain Julio César Chavez.

Lui qui a perdu sa mère, anglaise, à l'âge de deux ans, a été entraîné dans les passions de son père : le spectacle.  Il y est très vite immergé, tournant dès l'adolescence dans des productions locales. Il obtient son premier premier rôle dans Un gilito de sangre en 1995., d'Erwin Neumaier. En 1999, il est repéré par la profession mexicaine dans El Cometa, avec Carmen Maura. Le film qui a pour cadre la révolution mexicaine mélange les enjeux politiques du pays aux ambitions artistiques de son personnage.

L'année suivante,  Julian Schnabel lui permet de jouer avec l'un de ses modèles, Javier Bardem., dans Before Night Falls. Mais c'est Alfonso Cuaron qui va faire décoller sa carrière avec Y tu mama tambien. En compagnie de Gael Bernal, il forme un duo irrésistible dans ce road-movie épris de liberté où tout semble possible. Les deux jeunes hommes testent aussi bien leur pouvoir de séduction que leur réaction face à la pauvreté du pays. Luna se fait même poser une prothèse à la place de son sexe pour apparaître circoncis dans la scène crûe du film. Y tu mama tambien devient rapidement un succès historique au Mexique, et traverse les frontières. Le Festival de Venise les sacre tous les deux meilleurs espoirs avec le prix Marcello Mastroianni.

On le croise par la suite dans des productions internationales comme Frida, avec sa compatriote Salma Hayek, Open Range de et avec Kevin Costner, ou encore The Terminal, de Steven Spielberg. Amant, jeune cowboy sans expérience, ou même arnaqueurs charmeur dans Criminal, Luna s'impose dans des seconds rôles hollywoodiens. Sa prestation la plus marquante reste évidemment celle dans Harvey Milk, en amant possessif de Sean Penn. Il a aussi incarner un faux Michael Jackson dans Mister Lonely, délire d'Harmony Korine présenté à Un certain regard.

Luna s'amusera dans le thriller fantasque d'Agustin Diaz Yanes, avec Victoria Abril, Solo quiero caminar, avant de taper dans la balle avec Gael Garcia Bernal dans Rudo y curso, bientôt à l'affiche en France. Pour ce rôle il a enfin obtenu une citation aux Oscars mexicains. Adulé dans son pays, Luna suit sa propre voie entre Hollywood et Mexico. Et maintenant les festivals internationaux.

Pièces détachées : attachante chronique adolescente

Posté par MpM, le 15 novembre 2008

blog_piecesdetachees.jpg "Soit on se bouge, soit on part jamais."

L'histoire : Ivan a 14 ans. Lui et son oncle Jaime économisent pour immigrer clandestinement aux Etats-Unis. En plus de son boulot dans un garage, l’adolescent commet des larcins qui permettent d’augmenter leurs revenus. Mais le passeur augmente ses tarifs et presse Ivan et Jaime de réunir la somme au plus vite, sous peine de ne plus avoir de place dans le dernier convoi.

Ce qu'on en pense : Pour son premier film, Aarón Fernández (voir notre interview) a voulu aborder plusieurs thèmes essentiels dans la société mexicaine actuelle comme la paupérisation galopante, le mirage du rêve américain et les réseaux de trafic de pièces détachées automobiles. Mais pour éviter un récit lourd et indigeste, il a choisi d’évoquer ces questions dans une chronique adolescente où la réalité sociale servirait seulement de toile de fond. Au centre de l’intrigue, on a donc Ivan et son copain Efraín qui ont les préoccupations habituelles des jeunes de leur âge : manger des tacos, conduire une bécane voyante et draguer des filles peu farouches. Cela apporte au film une dimension humaine chaleureuse et légère dans laquelle pourtant, dès le départ, se trouve le germe de la tragédie. Car cette insouciance faconde est peu à peu asphyxiée par l’irrésistible enchaînement d’événements qui oblige Ivan à prendre de plus en plus de risques. Cette surenchère dans l’illégalité (il vole d’abord un portable, puis des jantes, puis carrément une voiture complète) est comme l’implacable mécanisme du destin des pièces antiques : une fois enclenchée, elle ne s’arrête plus, ou alors brutalement. Et le fait est qu’Ivan, grisé par ses premiers succès, se prend pour le nouveau Scarface et croit avoir le monde entre ses mains. Jusqu’à ce que l’ultime trahison annonce sa chute imminente.

Mais point de moralisme, ni d’ailleurs de pathos, dans ce film construit subtilement sur le principe d’une alternance de scènes fortes et de larges ellipses couvrant les moments les plus dramatiques. L’émotion et la tension naissent tour à tour de ces contrastes et de ces pointillés que le spectateur doit compléter lui-même, sans interférer avec le message essentiel du film. Celui-ci, à l’image de l’histoire elle-même, est en demi-teinte, à la fois pessimiste (plongée dans l’inconnu et extrême solitude) et teinté d’optimisme (promesse de changement et réalisation d’un rêve). Quoi qu’il en soit, au-delà des thématiques et des enjeux qu’il véhicule, le film nous touche par son extrême simplicité, sa pudeur, et, plus encore, son immense sincérité.

Biutiful Bardem pour Inarritu

Posté par vincy, le 2 novembre 2008

Il s'agit du premier projet de Alexandro Gonzalez Inarritu depuis Babel (2006, prix de la mise en scène à Cannes). Il s'agit aussi du premier film écrit sans le compère Guillermo Arriaga, qui a préféré réaliser lui-même son prochain scénario (The Burning Plain, présenté à Venise, avec Charlize Theron et Kim Basinger). Ils avaient collaboré sur Amours chiennes, 21 grammes et Babel. Arriaga ne semblait plus supporter que son nom soit après celui d'Inarritu dans les génériques, et un divorce public s'en suivit.

Inarritu reprend donc la caméra cette semaine à Barcelone. Biutiful réunit autour de Javier Bardem les comédiens Ruben Ochandiano et Blanca Portillo (Volver). Le film raconte l'histoire de deux amis d'enfance, un dealer et un flic, qui se retrouvent par les malheureux hasards de la vie. Il en a écrit le scénario tout seul.

Le risque de l'aventure en solitaire trouvera une réponse concrète - critique et publique - en décembre 2009. Le film est produit par Cha Cha Cha, une entité spécifique co-dirigée par Alfonso Cuaron, Guillermo del Toro et Alexandre Inarritu.  Cha Cha Cha doit produire 5 films pour Universal et Focus Features. Deux autres projets en sont déjà issus : le Rodrigo Garcia (Mother and Child) et le Carlos Cuaron (Rudo y Cursi avec Gael Garcia Bernal).