Ensemble c’est trop :et parfois, trop c’est vraiment trop…

Posté par Morgane, le 16 février 2010

ensemblecesttrop.jpg« - l’île aux enfants, ça nous a rendus cons.»

L’Histoire?: Clémentine et Sébastien, jeunes parents débordés, pris en étau entre leur travail et leurs enfants, voient Marie-France, la mère de Sébastien, s’installer chez eux. Elle a découvert que son mari, Henri, la trompait et que sa maîtresse attendait un enfant. Dévastée, elle se comporte chez son fils comme une adolescente en crise, sapant l’autorité et le moral du jeune couple. La naissance du petit frère de Sébastien et l’euphorie béate que cette paternité tardive provoque chez son père achève de brouiller les esprits et l’ordre des générations…

Notre Avis?: Après avoir réalisé Bienvenue en Suisse et Notre univers impitoyable, Léa Fazer revient dans les salles obscures avec Ensemble c’est trop, dernier film de l’acteur Jocelyn Quivrin avant son tragique accident. Elle s’attache ici à une famille sur trois générations et dépeint les relations plutôt compliquées qui en lient chacun des membres. Pour fair court, les grands-parents se séparent, lui ayant une maîtresse beaucoup plus jeune qui porte leur enfant. Celui-ci sera donc le petit frère du fils ainsi que l’oncle des filles de ce-dernier déjà âgées d’une petite dizaine d’années. On comprend alors que tout ne soit pas très clair pour tout le monde. Néanmois, tout cet imbroglio intergénérationnel qui aurait pu déboucher sur un film quelque peu foufou donne plutôt naissance à un film sans grande surprise et peu aventureux. Le scénario reste assez classique balayant des chemins déjà fort connus et le film se transforme très vite en une suite de scènettes parfois cocasses mais bien souvent trop vues, revues et rerevues.De plus, le talent des comédiens n’est pas véritablement mis en valeur et les personnages peu creusés et assez caricaturaux. Nathalie Baye campe ici une femme bafouée mais tout dans ses sentiments sent l’excès et la démesure rendant ainsi son personnage peu crédible. Pierre Ariditi, souvent sublimé devant la caméra d’Alain Resnais, apparait ici très fade en papi-papa gateau rêvant d’une nouvelle jeunesse, aspect de sa personnalité qui aurait d’ailleurs demandé que l’on s’y attarde un peu plus. Il n’y a guère que Jocelyn Quivrin qui réussit à tirer son épingle du jeu en jeune trentenaire débordé par son job, ses enfants et sa mère devenue quelque peu  envahissante; tout comme Éric Cantona qui est plutôt touchant dans son rôle d’homme perdu puis amoureux transi.

Au-delà de la comédie de moeurs, Léa Fazer se lance dans une sorte de comparaison entre les anciens soixante-huitards pour qui la vie était si simple et la génération suivante (les 30 ans d’aujourd’hui) qui subit la crise, le chomage et pour qui joindre les deux bouts en fin de mois n’est plus si évident. L’idée est certes intéressante, mais malheureusement, son regard sur cette situation penche de suite vers le cliché et dessert l’intention initiale.Alors, on sourit parfois mais on s’ennuie le plus souvent. Ensemble c’est trop fait partie de ces nombreuses comédies qui ne réussissent pas à captiver le spectateur et que ce dernier oubliera certainement assez rapidement.

Destin impitoyable pour Jocelyn Quivrin (1979-2009)

Posté par MpM, le 16 novembre 2009

Jocelyn QuivrinJocelyn Quivrin est mort dans un accident de la route dans la nuit du 15 au 16 novembre. Cet acteur éclectique qui fréquentait les plateaux de cinéma depuis l'âge de treize ans (il est Philippe, le Duc d'Anjou, dans Louis, enfant roi de Roger Planchon) semblait avoir pris le temps de gravir un à un les échelons de la notoriété.

Tout d'abord à la télévision, dans les séries à succès Navarro ou Julie Lescaut, puis au théâtre à Avignon (Do you love me de Redjep Mitrovista en 1998) et chez Oscar Wilde (L'éventail de Lady Wintermere mis en scène par François-Louis Tilly en 2003) et au cinéma pour Cédric Klapisch (Peut-être) ou Alexandre Jardin (Le prof). Il est souvent "le jeune mec, le cousin qui figure dans le plan, le lycéen de service".

Jusqu'à la révélation dans Rastignac ou les ambitieux d'Alain Tasma, un téléfilm diffusé par France 2 en 2001. A 22 ans, il crève l'écran en flamboyant héros de Balzac et reçoit le prix d'interprétation masculine au Festival de Luchon.Il faudra malgré tout attendre 2005 et l'Empire des loups de Chris Nahon pour que les choses s'accélèrent un peu pour lui. Il tourne beaucoup, sans s'attacher à un registre précis : à Hollywood (Syriana de Stephen Gaghan), en costumes (Jacquou le croquant, Jean de la Fontaine, Le défi), chez Eric Rohmer (Les amours d'Astrée et de Céladon), dans des comédies (99 francs qui lui vaut une nomination aux César, Cash, à nouveau aux côtés de Jean Dujardin), avec sa compagne Alice Taglioni (Notre univers impitoyable)... Une frénésie et une curiosité récompensées en 2008 par le prestigieux Prix Patrick-Dewaere (anciennement prix Jean Gabin).

Dernièrement, on l'avait bien aimé face à un Bénabar rongé par la culpabilité (Incognito) et à l'affiche du grand succès populaire LOL de Lisa Azuelos, tout en regrettant que personne ne lui confie un vrai premier rôle à sa  mesure. Peut-être pourra-t-on se consoler avec La famille Wolberg en décembre. Il incarne à nouveau un personnage secondaire, mais il y est intense et saisissant. Plus tard, on le verra à l'affiche de L'île aux parents de Léa Fazer et Fashion week de Claude Zidi jr.

LOL : Laughing Or Leaving

Posté par Morgane, le 3 février 2009

lol laughing out loud« - j’voulais te demander un service. Tu veux pas qu’on fasse l’amour ? »

L'histoire : LOL ? ça veut dire « Laughing Out Loud  -mort de rire- » en langage texto. C’est aussi comme ça que les amis de Lola l’appellent. Pourtant, le jour de la rentrée, Lola n’a pas le cœur à rire. Arthur, son copain, la provoque en lui disant qu’il l’a trompée pendant l’été. Et sa bande de potes a le don de tout compliquer. Tout comme sa mère, Anne, avec qui le dialogue est devenu impossible, et pas seulement parce-qu’elle ignore ce que LOL signifie. Que ses parents aient divorcé est une chose. Qu’Anne traite son ado comme une enfant en lui mentant sur l’essentiel, par exemple sur le fait qu’elle revoit son ex en cachette ou qu’elle se fait draguer par un flic, en est une autre. De son côté, Anne se demande ce qui a bien pu arriver à sa douce petite fille. De la fusion à la confusion, entre joints et capotes (chez l'une ET l'autre), les relations mère-fille bouillonnent d’amour et de LOL.

Ce que l’on en pense : La jeune Vic de La Boum de Claude Pinoteau a bien grandi. Sophie Marceau est désormais devenue maman, elle-même confrontée aux histoires d’amour, et autres, de Lola (Christa Theret, vue dans Et toi t'es sur qui?), sa fille.

Lisa Azuelos (Comme t’y es belle) filme avec beaucoup de tendresse cette jeune ado pour qui l’année de seconde ne sera pas de tout repos. Tromperies, amours, conflits, amitiés…tout est là. La caméra suit Lola, l’observe se débattre, pleurer, rire et grandir. Il semble bien dur d’être lycéenne, et c’est vrai. Mais ce que l’on peut reprocher au film réside dans son manque d’universalité. Bien loin du monde d’Entre les murs, LOL se situe aux antipodes, dans un lycée parisien plutôt bourgeois où le monde des adolescents est réduit à une petite bulle dorée faite d’appartements grandioses, de coupes de cheveux et de fringues hyper tendance, de Sms, Msn & co… La superficialité semble faire fureur laissant un peu le spectateur sur le bord de la route. Ici tout est toujours trop. Les nanas sont trop des tepu et les mecs, trop des bâtards. De l’autre côté de l’écran, le spectateur, quant à lui, fait rapidement une trop de dose de cet univers un peu loin des réalités. La candeur n’atteint pas uniquement les plus jeunes. Le personnage de Sophie Marceau, femme divorcée, la quarantaine, mère de trois enfants, vit au cœur d’une véritable naïveté maternelle. Lisa Azuelos nage alors dans les eaux roses d’un univers idéalisé où seule la légèreté régit le monde.

Néanmoins, côté divertissement, le film réussit son pari. Les personnages, dont celui de Marceau en mère poule moderne, sont marrants et assez attachants. Les grimaces de l'actrice autrefois ado et les discussions de la bande de potes de Lola  nous font sourire, quant à leurs peines de cœur, elles nous touchent. Fraîcheur et légèreté sont donc bel et bien au rendez-vous. Les ados adoreront sûrement LOL, le trouvant trop top. Pour les autres, le film sera certainement un bon moyen de prolonger l'observation sociologique de cette jeunesse incompréhensible.