Jill Clayburgh, une « gueule » au féminin et une actrice culte (1944-2010)

Posté par vincy, le 7 novembre 2010

jill clayburghJill Clayburgh n'était peut-être pas la plus connue des actrices hollywoodiennes, et pourtant, elle fut l'une des plus respectées. Entertainment Weekly l'avait classée parmi ses 25 plus grandes comédiennes en 1999 ; façon de dire qu'elle avait un immense talent mais qu'elle était sous-exploitée. Voix grave, véritable gueule, sans renier son côté sexy, Jill Clayburgh, comme Gena Rowlands, Kathleen Turner ou Sally Field à la même époque, n'a jamais voulu se compromettre dans des blockbusters insipides, préférant toujours de vrais rôles sur grand écran, avec de bons réalisateurs si possible. Et quand la roue a tourné, le théâtre et surtout le petit écran étaient là.

Son mari, le scénariste David Rabe (La Firme) a annoncé son décès en date du vendredi 5 novembre, à l'âge de 66 ans, d'une leucémie.

Deux fois nommée pour l'Oscar de la meilleure actrice, à chaque fois pour des personnages de femmes émancipées et indépendantes, elle avait obtenu le prix d'interprétation (ex-aequo avec Isabelle Huppert) au Festival de Cannes 1978 pour An Unmarried Woman (La femme libre), son rôle le plus marquant, le plus irrésistible même.

Née dans un milieu favorisée, ayant fréquenté les meilleures écoles, elle a démarré dans les années 60 sur scène, qu'elle ne quitta jamais jusqu'aux années 2000, jouant dans de nombreuses pièces, dont celles de Neil Simon et surtout des comédies musicales de Bob Fosse (retenons Pippin).

Sa carrière cinématographique fut à son apogée à la fin des années 70, après avoir été la compagne d'Al Pacino.

En 1972, elle trouve son premier grand rôle avec Le complexe de Portnoy, d'Ernest Lehman. Le film, adapté d'un roman de Philip Roth, est assassiné par la critique, mais elle plus que remarquée. On la voit alors dans des seconds rôles de films aussi divers que la comédie The Thief who came to diner (avec Warren Beatty et Jacqueline Bisset), le thriller The Terminal (d'après un livre de Michael Crichton, avec George Segal), un biopic sur Clark Gable et Carolle Lombard, Gable and Lombard, où elle incarne la comédienne face à James Brolin (le père de Josh Brolin) ou encore une comédie policière culte, Silver Streak (Transamerica Express), avec Gene Wilder et Richard Pryor.

Car, étrangement, c'est dans la comédie qu'elle se révèle la plus à l'aise au cinéma. Dans Semi-Tough (Les faux-durs), en 1977,  elle donne la réplique à Burt Reynolds et Kris Kristofferson, avec qui elle forme un triangle amoureux, et le film trouve un bel écho dans les salles.

L'année suivante avec La femme libre, elle reçoit tous les honneurs, de Cannes à Hollywood. Femme plaquée par son mari pur une "jeunette", envahie par la tristesse et la colère, elle se régénère grâce à ses amis et une liberté inattendue. Le rôle de sa vie. Elle entre en état de grâce avec trois films qui lui apporteront une nomination aux Golden Globes et même une seconde nomination aux Oscars, avec Starting Over (Merci d'avoir été ma femme...) en 1978. Alan J. Pakula lui fait retrouver Burt Reynolds et la met face à Candice Bergen. Clayburgh devient la liaison d'un homme récemment séparé.

Dans La Luna, de Bernardo Bertolucci, elle incarne une cantatrice dont le fils adolescent apprend que son père n'est pas son géniteur biologique. Dans First Monday in October, de Ronald Neame, où elle devient une juge de la cour suprême américaine, très conservatrice, et opposé au progressiste joué par Walter Matthau.

À partir de là, Clayburgh va s'éloigner des  plateaux. Les films ne sont pas mauvais mais le public n'est pas au rendez-vous. Elle tourne avec des cinéastes étrangers : Costa-Gavras (Hanna K., avec Jean Yanne et Gabriel Byrne), Andrei Konchalvsky (Shy People, Le bayou en vf, sélectionné à Cannes en 1987), Alexandre Arcady (Le grand pardon II, aux côtés de Christopher Walken). Avant de devenir un second-rôle de prestige dans des films sans valeur.

Son dernier film sera Love and other drugs, d'Edward Zwick, avec Jake Gyllenhaal et Anne Hathaway, qui sort aux USA le 24 novembre.

Les spectateurs l'ont peut-être oubliée, mais il reste le petit écran où elle a brillé  dans des séries comme Nip/Tuck, Ally McBeal (elle était la mère de l'héroïne) et récemment Dirty Sexy Money, en épouse de Donald Sutherland.

L'actrice a également été plusieurs fois nominée aux Emmy Awards.

Entertainment Weekly se reconnaît dans Pulp Fiction

Posté par vincy, le 6 août 2008

pulpfiction.jpgLes américains adorent les classements. Ecran Noir devrait peut-être s'y mettre... Dernier en date, celui de l'hebdomadaire "pop-culturel" Entertainment Weekly qui, pour célébrer ses 25 ans, a décidé de tout classer : affiches de films, scènes fatales et surtout les "classiques" du cinéma soit 100 films sortis depuis 1982...

Premier de la liste, la Palme d'or Pulp Fiction, de Quentin Tarantino. Le film emblématique de ces 25 dernières années ?

Il y a forcément désaccord puisque nous ne sommes pas sur la même planète. A New York ou Los Angeles, les films non hollywoodiens n'existent pas. On ne compte que dix films réalisés par des non anglophones (le mieux classé étant 28e, Les ailes du désir). Aucun français. Les cinéastes "reconnus" sont donc Wenders, Ang Lee, Michel Gondry, Alfonso Cuaron, Florian Henckel, Pedro Almodovar, Lars Von Trier et Wong Kar-wai.

Dans le registre "notons-le sur nos tablettes", on décompte cinq films d'animation (Toy Story, 5e au général, 1er en animation et en comédie), sept "suites" (Casino Royale, 19e, si l'on met à part la trilogie du Seigneur des Anneaux), qui donc surpassent les épisodes précédents, et trois films "récents" c'est-à-dire de l'an dernier : There Will be blood, No Country for Old Men, Michael Clayton. Pas de doute : les Oscars influent les jugements.

Certains cinéastes ont l'immense honneur d'avoir deux de leurs films dans le Top 100. Spielberg (Il faut sauver le soldat Ryan, 6e et La Liste de Schindler, 21e), Martin Scorsese (Les affranchis, 13e et The Departed, 76e), Tim Burton (Edward aux mains d'argent, 15e, et Ed Wood, 93e), Paul Thomas Anderson (Boogie Nights, 16e et There Will be Blood, 51e), Rob Reiner (This is Spinal tap, 11e et Quand Harry rencontre Sally, 30e), Doug Liman (The Bourne Supremacy, 29e et Swingers, 87e), Ang Lee (Brokeback Mountain, 31e et Tigre et dragon, 49e), les frères Coen (Fargo, 34e, et No Country for old men, 64e), Ridley Scott (Gladiator, 43e et Thelma et Louise, 72e), Alfonso Cuaron (Children of Men, 46e et Y Tu Mama Tambien, 86e) et Peter Weir (The Truman Show, 53e et Witness, 68e). Forcément on se révolte : quid de Casino, Magnolia ? Et Allen, Eastwood, Lynch, Kubrick, Fincher, Soderbergh... un seul film ? Et Michael Mann aucun ?

Un seul réalisateur place trois films (là encore si l'on excepte la position unique de la trilogie de Peter Jackson). James Cameron. Titanic (3e), Aliens (27e) et Terminator 2 (78e).

Il en manque du film, y compris dans le culte. Aucun acteur ne se détache, même si Bruce Willis, Tom Hanks, Tom Cruise, Matt Damon , Johnny Depp sont en vedette d'au moins trois films. Côté femmes, saluons la performance de Julianne Moore, présente aussi dans plus de trois films.

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