Venise 2018 : le grand (et ambitieux) retour du réalisateur de « La vie des autres »

Posté par kristofy, le 5 septembre 2018

Plus c'est long plus c'est bon ? A Venise beaucoup de films ont une durée de 2h15 ou de 2h30 : First Man de Damien Chazaelle, Roma de Alfonso Cuaron, A Star is born de Bradley Cooper, The Ballad of Buster Scruggs des frères Coen, Sunset de Laszlo Nemes, Peterloo de Mike Leigh, Suspiria de Luca Guadagnino, Dragged across the concrete de S. Craig Zahler, 22 july de Paul Greengrass, The Nightingale de Jennifer Kent... les records étant Nuestro tiempo de Carlos Reygadas (2h53) et Werk ohne Autor (Never look away) de Florian Henkel Von Donnersmark qui s'étend sur 3h08 !

Avec l' abandon des caméras à pellicule (et le temps de leur mise en place) les outils numériques ont permis une réduction des coûts de journées de tournage : on filme davantage de séquences, plus vite et pour moins cher. Difficile parfois de ne pas en utiliser certaines dans le montage final...

Ces 188 minutes de Werk ohne Autor (Never look away pour son titre international, soit "ne jamais détourner le regard", et littéralement "travailler sans auteur") de Florian Henkel Von Donnersmark ne paraissent pas être les plus pesantes : le récit romanesque nous fait suivre une poignée de personnages durant une longue période depuis 1937 jusqu'en 1961, entre Allemagne nazie et Allemagne sous domination soviétique. C'est une autre particularité de la compétition de Venise: beaucoup de films nous renvoient dans le passé.

En 1937, le petit Kurt Barnet est un gamin emmené par sa tante visiter une exposition de peinture. D ans ce musée, il y a toute une partie qui montre des tableaux représentatifs d' exemple d' "art dégénéré'"qui ne doivent plus se peindre en Allemagne (des corps nus ou des abstractions géométriques, comme Kandinsky ou Mondrian). Sa tante est une personne plutôt réfractaire au parti nazi, qu'il faut presque obligatoirement incorporer et saluer. Elle est surprise un jour par sa famille dans un moment de crise exutoire à jouer du piano nue et se frapper la tête : visite chez le médecin, nazi, qui plaide la schizophrénie, et donc le placement dans une institution. C' est précisément ce sujet assez peu évoqué qui hante le film : l'idéologie de race aryenne incitait à la stérilisation contrainte des allemandes diagnostiquées d'un trouble mental ou handicapées. La disparition de cette femme restera un souvenir douloureux pour Kurt, qui après la guerre s'intéresse justement à la peinture. En 1951, Kurt est donc étudiant en art, il rencontre la belle Ellie et c'est le début d'une histoire d'amour dans cette partie Est (aka communiste) de l'Allemagne : pour la peinture, c'est en fait la même doctrine contraignante qu'aux temps des Nazis. Il faut glorifier la famille et l'ouvrier, il faut oublier "l'art décadent". Les médecins nazis qui avaient euthanasié femmes et enfants sont recherchés par le pouvoir, mais il y en a un en particulier qui n'a pas encore été inquiété et qui va de nouveau se retrouver dans l'entourage de Kurt...  Il va falloir enfin faire face au passé...

Avec Never Look Away, on finit ému d'avoir partagé un bout de vie avec ces personnages.

Le réalisateur allemand s'est imposé sur la scène internationale avec La vie des autres en 2006 : César du meilleur film étranger en France et Oscar du meilleur film en langue étrangère. Evidemment,il fut alors courtisé par Hollywwod. En 2010 il dirige Angelina Jolie et Johnny Deep dans The Tourist (remake du film français Anthony Zimmer), un honnête ratage, déséquilibré entre suspens, action et romance. Depuis plus rien... Avec ce nouveau Werk ohne Autor (Never look away) il revient à une thématique familière : une évocation de l'Histoire trouble de l'Allemagne. Cette fois il s'intéresse plus particulièrement à la génération qui a grandit durant la Seconde guerre mondiale, ceux dont les parents ont partagé l'idéologie nazie et ceux dont la famille en ont été victime.

Werk ohne Autor (Never look away) parle beaucoup d'art (la pratique, la recherche, la résonance personnelle...) avec en toile de fond l'oppression (la censure, les directives, la précarité...), et surtout l'art face à la douleur de l'intolérable. La créativité pour renaître.

Kurt est joué par l'Allemand Tom Schilling (La femme au tableau, Suite française, Oh Boy). Ellie est incarnée par Paula Beer, dèjà connue en France pour Frantz de François Ozon (d'ailleurs découverte à Venise avec un prix Mastroianni du meilleur espoir en 2016). Et la menace planante sur leur amour est le terrible le professeur Carl Seeband interprété par Sebastian Koch (qui était l'artiste espionné dans La vie des autres, et qu'on a aussi vu dans Amen, Black Book, Die Hard 5, Le pont des espions, Danish Girl...). L'ensemble de casting est impeccable, le scénario joue avec des scènes romantiques et d'autres tragiques : il ne serait pas étonnant que Werk ohne Autor (Never look away) figure au palmarès de ce festival de Venise.

Florian Henkel Von Donnersmark a déjà reçu une bonne nouvelle il y a quelques jours: son film a été choisi comme le candidat allemand pour l'Oscar du film en langue étrangère. Venise, plus que jamais, reste une voie royale vers la statuette dorée d'Hollywood.

Tom Cruise ne veut que du sur-mesure

Posté par vincy, le 4 mai 2009

tomcruise.jpgIl a beau ne plus être LA star incontournable depuis La guerre des mondes (2005) et ses frasques médiatiques, Tom Cruise reste l'un des hommes les plus puissants du système. Selon Forbes, il est 31e de son dernier classement annuel, et touche 13 millions de $ en moyenne par films. Il se situ, dans la hiérarchie, derrière Johnny Depp, Brad Pitt, Will Smith et Bruce Willis, mais devant Di Caprio. On est loin de sa position de leader en 2006. Il n'est désormais que le 13e acteur le plus bankable du show-biz américain. Son dernier films, Walkyrie, n'a rapporté "que" 200 millions de $ dans le monde, et souligne à quel point il n'a plus la même aura, tout en conservant une bonne cote auprès du public.

Suffisamment pour qu'il impose la réécriture des scénarios à tous les producteurs avec qui il travaille actuellement. Variety a récemment fait le point sur ses projets, et les "nègres" (des "scripts doctors") qui travaillent pour le compte de Cruise. Ils reçoivent ses anotations, les insèrent dans le script, qui devient ainsi taillé sur mesure pour l'acteur. Et cela coûte une fortune aux studios... Environ 250 000$ la semaine de réécriture.

S"il a abandonné Le 28e amendement de Florian Henckel, et Lost for Words de Susanne Bier, Cruise a  encore quatre projets qui font la navette entre les différentes parties concernées.

- Motorcade (DreamWorks), de Len Wiseman, réécrit par Billy Ray

- The Tourist (Spyglass), de Bharat Nalluri, avec Charlize Theron, réécrit par Christopher McQuarrie

- Wichita (20th Century Fox), de James Mangold, avec Cameron Diaz, réécrit par Scott Frank qui complètement transformé le personnage le jour où Cruise a accepté le film.

- Le cercle Matarese (MGM), de David Cronenberg, avec Denzel Washington, réécrit par Paul Attanasio, puisque le script de Cronenberg n'était pas complètement convainquant pour l'acteur.

Entertainment Weekly se reconnaît dans Pulp Fiction

Posté par vincy, le 6 août 2008

pulpfiction.jpgLes américains adorent les classements. Ecran Noir devrait peut-être s'y mettre... Dernier en date, celui de l'hebdomadaire "pop-culturel" Entertainment Weekly qui, pour célébrer ses 25 ans, a décidé de tout classer : affiches de films, scènes fatales et surtout les "classiques" du cinéma soit 100 films sortis depuis 1982...

Premier de la liste, la Palme d'or Pulp Fiction, de Quentin Tarantino. Le film emblématique de ces 25 dernières années ?

Il y a forcément désaccord puisque nous ne sommes pas sur la même planète. A New York ou Los Angeles, les films non hollywoodiens n'existent pas. On ne compte que dix films réalisés par des non anglophones (le mieux classé étant 28e, Les ailes du désir). Aucun français. Les cinéastes "reconnus" sont donc Wenders, Ang Lee, Michel Gondry, Alfonso Cuaron, Florian Henckel, Pedro Almodovar, Lars Von Trier et Wong Kar-wai.

Dans le registre "notons-le sur nos tablettes", on décompte cinq films d'animation (Toy Story, 5e au général, 1er en animation et en comédie), sept "suites" (Casino Royale, 19e, si l'on met à part la trilogie du Seigneur des Anneaux), qui donc surpassent les épisodes précédents, et trois films "récents" c'est-à-dire de l'an dernier : There Will be blood, No Country for Old Men, Michael Clayton. Pas de doute : les Oscars influent les jugements.

Certains cinéastes ont l'immense honneur d'avoir deux de leurs films dans le Top 100. Spielberg (Il faut sauver le soldat Ryan, 6e et La Liste de Schindler, 21e), Martin Scorsese (Les affranchis, 13e et The Departed, 76e), Tim Burton (Edward aux mains d'argent, 15e, et Ed Wood, 93e), Paul Thomas Anderson (Boogie Nights, 16e et There Will be Blood, 51e), Rob Reiner (This is Spinal tap, 11e et Quand Harry rencontre Sally, 30e), Doug Liman (The Bourne Supremacy, 29e et Swingers, 87e), Ang Lee (Brokeback Mountain, 31e et Tigre et dragon, 49e), les frères Coen (Fargo, 34e, et No Country for old men, 64e), Ridley Scott (Gladiator, 43e et Thelma et Louise, 72e), Alfonso Cuaron (Children of Men, 46e et Y Tu Mama Tambien, 86e) et Peter Weir (The Truman Show, 53e et Witness, 68e). Forcément on se révolte : quid de Casino, Magnolia ? Et Allen, Eastwood, Lynch, Kubrick, Fincher, Soderbergh... un seul film ? Et Michael Mann aucun ?

Un seul réalisateur place trois films (là encore si l'on excepte la position unique de la trilogie de Peter Jackson). James Cameron. Titanic (3e), Aliens (27e) et Terminator 2 (78e).

Il en manque du film, y compris dans le culte. Aucun acteur ne se détache, même si Bruce Willis, Tom Hanks, Tom Cruise, Matt Damon , Johnny Depp sont en vedette d'au moins trois films. Côté femmes, saluons la performance de Julianne Moore, présente aussi dans plus de trois films.

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