Cannes 2013 : Lettre à Jafar Panahi – jour 3

Posté par MpM, le 17 mai 2013

le passéCher Jafar,

Aujourd'hui, l'Iran est à l'honneur sur le tapis rouge. Le film de ton compatriote Asghar Farhadi, intitulé Le passé, est présenté en compétition officielle, avec montée des marches et honneurs de la presse. Il se déroule à Paris, avec des acteurs français (Bérénice Béjo, Tahar Rahim...) et un acteur iranien, Ali Mosaffa.

C'est une histoire familiale, très ténue, avec des secrets et des révélations. J'ai envie de dire : un film très francais, et même bourgeois. Hormis le fait que Berenice Bejo ne porte pas de foulard et a un amant, il pourrait presque plaire au gouvernement de ton pays. D'ailleurs, Asghar Farhadi a déclaré à la presse qu'il venait d'obtenir une autorisation de distribution. "L'histoire se déroule ailleurs qu'en Iran, donc il a été accepté", a-t-il expliqué.

Qu'en sera-t-il de l'autre film présenté en compétition aujourd'hui, A Touch of sin de Jia Zhang-ke ? Au premier regard, on se demande comment il pourrait passer la censure chinoise en s'attaquant à la corruption des élites, au mirage économique qui pressure tout le monde et à l'exaspération des individus, prêts à tout pour briser le cercle vicieux de la misère. Pas des thèmes très flatteurs pour le régime, tout ça...

Sur le Twitter chinois (Weibo), après avoir vu la bande annonce, les internautes ont exprimé leurs craintes de voir le film censuré, voire interdit... Mais Jia Zhang-ke assure que non. Il a même obtenu l'autorisation de son pays avant de venir à Cannes, et a été en partie financé par des capitaux chinois. Les temps changeraient-ils ?

"On entre maintenant dans une ère en Chine où on est soi-même son propre média. Il y a beaucoup de discussions sur ce qui se passe dans le pays par le biais du twitter chinois", affirme le cinéaste, qui semble y déceler une volonté de conciliation du régime. Selon lui, les spectateurs chinois pourront découvrir A touch of sin exactement dans la même version que les festivaliers cannois.

De quoi reprendre un peu espoir ?

Cannes 2013 : Lettre à Jafar Panahi – jour 2

Posté par MpM, le 16 mai 2013

attentatCher Jafar,

Pendant la cérémonie d'ouverture de cette 66e édition, il a été beaucoup question d'un sujet qui te tient particulièrement à cœur : la liberté d'expression. Gilles Jacob a rappelé une nouvelle fois que Cannes a vocation à être une "terre d'accueil". Pour les cinéastes, et par extension pour tous ceux qui se battent pour avoir le droit d'émettre librement des opinions.

En l'occurrence, ce sont des dessinateurs de presse qui sont à l'honneur cette année, avec une exposition de dessins humoristiques autour du cinéma. Comme le souligne Gilles Jacob : "en programmant un ensemble où vibre un appel à l'indocilité, le festival n'a pas craint de prendre le risque qu'on l'applique à lui-même ! " Joli clin d'oeil.

Mais un homme qu'une telle propension à l'autodérision doit faire rêver, c'est Zaid Doueri, le réalisateur libanais de L'attentat. Lui ne s'est moqué de personne, et subit malgré tout les foudres de son pays et de la Ligue arabe dans sa globalité.

Son crime ? Avoir tourné son film en partie en Israél avec des acteurs israéliens, ce que proscrit le bureau de boycottage d'Israël. L'attentat, d'après le best-seller de l'écrivain algérien Yasmina Khadra, sur un médecin arabe israélien découvrant que sa femme est l'auteur d'un attentat suicide à Tel-Aviv, a donc été interdit dans les 22 pays membres de l'organisation.

La ministre française à la Francophonie, Yamini Benguigui, est déjà montée au créneau pour défendre Zaid Doueri et le film est attendu en France le 29 mai. On garde donc espoir qu'il connaisse la carrière qu'il mérite.

Mais il faut t'avouer que sur la croisette, cette censure déguisée ne fait pas vraiment le buzz. Peut-être les journalistes ont-ils la tête trop farcie des frasques de la jeunesse américaine obsédée par les fringues et les starlettes vue dans The Bling Ring de Sofia Coppola ? Le pire, c'est que le film trouve un étrange écho chaque soir au moment de la montée des marches, quand le monde entier se focalise... sur une poignée de stars et les robes de marque qu'elles portent.

Cannes 2013 : Lettre à Jafar Panahi – jour 1

Posté par MpM, le 15 mai 2013

jafar panahiCher Jafar,

Ca y est, la 66e édition du Festival de Cannes va commencer. Comme chaque année, journalistes, producteurs, cinéastes et distributeurs venus du monde entier vont s’y presser, dans l’espoir de découvrir la pépite ultime. Tout le monde sera là, comme on dit. Tout le monde, sauf toi. Pourtant, comme le soulignaient les militants des droits de l’homme à Berlin en février dernier, tu devrais y être. Définitivement.

D’autant que tu as une longue histoire avec Cannes, qui t’a offert la consécration internationale en 1995 pour ton premier long métrage, Le ballon blanc. Tu as ensuite gagné bien des prix (dont un léopard, un ours et un lion), mais c’est Cannes qui t’a offert le premier : la Caméra d’or. Tout un symbole…

Cannes t’a aussi soutenu dans le conflit qui t’oppose au régime iranien : en 2010, tu es officiellement invité à faire partie du jury. En 2011, Ceci n’est pas un film est présenté hors compétition. Dans les salles, une place reste symboliquement vide, avec ton nom dessus. Et puis le silence… En 2012, un panneau interroge même : "où est Jafar Panahi ?"

Cette année, nous t'avons retrouvé. A Berlin, ton film est en compétition. Toi, tu restes à Téhéran. Interdiction de sortir du territoire...

Alors, c’est décidé, nous t'emmenons à Cannes. Puisque tu ne peux pas faire le déplacement, nous te raconterons chaque jour le festival tel que tu aurais dû le vivre. A travers les films qui, comme les tiens, parlent du monde dans lequel nous vivons. Qui sait, peut-être y trouveras-tu des échos à ta propre vie, à ton propre combat. Une manière comme une autre de te souvenir que tout cela n’est pas complètement vain.

Les collaborateurs de Jafar Panahi privés de passeport

Posté par MpM, le 11 mars 2013

Kambuzia Partovi et Maryam Moghadam à BerlinLe scandale continue. Après la lourde condamnation qui a frappé Jafar Panahi en 2010, le contraignant à une vie de reclus, et lui interdisant surtout de tourner, c'est au tour de son collaborateur de longue date Kambuzia Partovi et de l'actrice Maryam Moghadam (notre photo)  d'être privés de leur liberté de mouvement après avoir participé à son dernier projet, Pardé (Closed curtain). En effet, le gouvernement iranien vient de saisir leur passeport, les empêchant de continuer à promouvoir le film dans les festivals internationaux, comme ils le firent en février dernier à Berlin.

Téhéran s'était déjà officiellement plaint du fait que le film ait reçu l'Ours d'argent du meilleur scénario lors de la Berlinale. "Nous avons protesté auprès des organisateurs du Festival, avait déclaré le responsable du cinéma iranien et vice-ministre de la culture Javad Shamaqdari selon l'agence de presse ISNA. "Nous pensons qu'ils devraient rectifier leur comportement. Tout le monde sait qu'il faut une permission pour tourner un film et l'envoyer à l'étranger. Faire ce genre de film est illégal, mais jusqu'à présent, la République islamique a fait preuve de patience à l'égard de tels actes."

Depuis l'annonce de l'existence de Pardé (qui fait suite à un premier long métrage également tourné en secret, Ceci n'est pas un film), on craint les conséquences pour Jafar Panahi et pour ceux qui l'ont aidé. A Berlin, Kambuzia Partovi avait laissé entendre qu'il s'attendait à des représailles, sans savoir lesquelles. "Nous ne savons pas quelles seront les conséquences [de cette transgression]", avait-il déclaré. "Nous ne pouvons pas prévoir ce qui va arriver. Nous sommes dans l'attente."

Une attente qui se poursuit, puisqu'il est difficile de savoir si les autorités iraniennes en resteront là. D'une part, elles savent que le sort de Jafar Panahi et plus généralement des artistes iraniens importe à l'opinion internationale : veulent-elles vraiment risquer une nouvelle mobilisation d'envergure en brisant le statu quo qui avait fini par s'instaurer ? D'autre part, le régime ne peut pas non plus donner l'impression qu'il se laisse bafouer impunément... D'où la crainte d'une action (graduée ?) dans les semaines à venir. D'autant que Pardé, lui, poursuit sa carrière. Il fera notamment la clôture du 37e festival international de Hong Kong le 2 avril prochain.

Berlin 2013 : Jafar Panahi, filmer pour rester en vie

Posté par MpM, le 12 février 2013

"Wo bleibt Jafar Panahi ?" (où est Jafar Panahi ?) interrogeait désespérément un panneau installé devant le Palais lors de la Berlinale 2012. Cette année, même si le réalisateur iranien n'est pas présent physiquement à Berlin, ce que déplore le comité Friedensfilmpreis dans un nouveau happening, on a enfin de ses nouvelles par l'intermédiaire de son nouveau film, Pardé (Closed curtain), coréalisé avec le réalisateur Kambuzia Partovi.

Le long métrage, qui mêle documentaire et fiction, a été entièrement tourné avec une équipe réduite dans une villa aux rideaux presque perpétuellement tirés. Jafar Panahi est en effet toujours sous le coup d'une interdiction de travailler à la suite des événements de 2009 (voir notre actualité du 17 octobre 2011). Officiellement, toute transgression pourrait lui valoir un emprisonnement d'une durée de six ans.

"Nous ne savons pas quelles seront les conséquences [de cette transgression]", a confirmé Kambuzia Partovi, qui a lui reçu l'autorisation de venir présenter le film à Berlin. "Nous ne pouvons pas prévoir ce qui va arriver. Nous sommes dans l'attente."

Pardé emmène le spectateur directement dans la tête de Jafar Panahi, tiraillé entre son désir de continuer à travailler et l'angoisse que tout cela soit vain. Son dilemme insoluble (travailler ou mourir) est matérialisé à l'écran par deux personnages aux réactions antinomiques qui se disputent sur la manière dont ils voient l'avenir du cinéaste.

A sa manière, avec beaucoup d'humour, un brin de folie, et surtout une grande tristesse latente, Jafar Panahi nous fait sentir ce que c'est, pour un artiste, que de ne plus pouvoir créer, et réalise un hymne poignant à la liberté. Sur la forme, le cinéaste a visiblement travaillé avec les moyens du bord, dans un huis clos étouffant qui peut parfois accentuer la langueur des situations et des dialogues.

"Jafar Panahi a toujours essayé de réaliser des projets dans les limites de ce que permettent les circonstances" a rappelé Kambuzia Partovi. "Les conditions qui vous limitent peuvent également vous inspirer." Il a également rappelé à quel point il est difficile, pour un réalisateur, de ne pas être en mesure de poursuivre son oeuvre. Toutefois, il a tenu à rassurer les spectateurs du monde entier : "Jafar Panahi ne pense pas sans cesse à se suicider, sinon il n'aurait pas fait le film. Mais moi, si j'étais confiné et interdit de travailler, ce genre d'idées noires me passeraient parfois par la tête, inconsciemment. On finit par être déprimé et c'est je crois ce que montre le film."

Il le montre en effet, et avec une épure de moyens qui finit par s'avérer tout simplement bouleversante. On oublie l'austérité du procédé et les temps morts qui jalonnent le récit pour ne plus voir que l'ingéniosité cinématographique et la force dramatique du propos. Car si certains tournent pour le plaisir ou pour l'argent, Jafar Panahi, lui, tourne indéniablement pour demeurer vivant.

Photos : Happening organisé par le comité du Friedensfilmpreis 2013 / Kambuzia Partovi et l'actrice Maryam Moghadam lors de la conférence de presse

Crédit : MpM

Jafar Panahi et Nasrin Sotoudeh reçoivent le prix Sakharov

Posté par vincy, le 28 octobre 2012

Vendredi, le prix Andreï Sakharov "pour la liberté de l'esprit" du Parlement européen a été décerné à deux Iraniens : l'avocate spécialisée dans les droits de l'Homme Nasrin Sotoudeh et le réalisateur Jafar Panahi, tous deux condamnés à de lourdes peines dans leur pays.

"Nous voulons par là exprimer notre admiration pour une femme et un homme qui résistent à l'intimidation dont sont victimes les Iraniens", a expliqué le président du Parlement, Martin Schulz. Selon lui, l'attribution de ce prix doit être interprétée comme un "non très clair au régime iranien" qui "ne respecte aucune des libertés fondamentales".

En remettant ce prix, le Parlement européen prend des risques. Le régime iranien y verra un complot international et pourrait s'en servir pour accentuer la répression à l'intérieur du pays. Conséquence plus immédiate : la visite d'une délégation de cinq eurodéputés à Téhéran a été annulée samedi 27 octobre après le refus des autorités iraniennes d'autoriser une rencontre avec les deux lauréats iraniens du prix Sakharov 2012,

Jafar Panahi, 52 ans, est accusé de propagande contre le régime. Il a été condamné en décembre 2010 à six ans d’assignation à résidence ainsi qu’à vingt années d’interdiction de voyager et d’exercer son métier. Les plus grands Festivals de cinéma ne cessent de lui prouver leur solidarité. Cannes l'a ainsi invité à faire partie de son jury en 2010, laissant un siège vide durant tout l'événement. Berlin a récidivé en 2011. Un Carrosse d'or lui a été décerné à la Quinzaine des réalisateurs cette année-là. Ses films passent "sous le manteau" (une clé USB fait l'affaire) et parviennent à être projetés. Ainsi Ceci n'est pas un film a été sélectionné à Cannes en 2011 et L'accordéon avait été retenu par Venise.

Car malgré sa condamnation, Jafar Panahi continue de tourner. Selon Abbas Kiarostami, il préparerait un nouveau film, clandestinement.

Avec la guerre civile en Syrie et le printemps arabe, on a oublié le printemps iranien, écrasé par le régime en 2009. Panahi, défenseur des droits de l'homme, et surtout de la femme, dénonciateur des atrocités de son pays, a payé cher sa liberté d'expression.

Mercredi prochain, dans les salles, Une famille respectable de Massoud Bakhshi dévoile la corruption, la violence et la bureaucratie absurde qui pourrissent le pays. Le film remonte d'ailleurs, ironiquement, au début des années 80, cadre du film de Ben Affleck (en salles le 7 novembre), Argo. Leader du box office américain ce week-end, le thriller engagé de la star hollywoodienne, produit avec George Clooney, revient sur les tensions diplomatiques entre les USA et l'Iran, notamment avec l'affaire des otages de l'ambassade américaine. Et, grâce à une reconstitution documentée et fascinante, montre comment et pourquoi le peuple iranien s'est laissé embarquer dans une telle spirale infernale qui conduit aujourd'hui à condamner une avocate et un artiste...

Kiarostami revient en Italie

Posté par vincy, le 28 mai 2012

Après un détour (raté) au Japon avec Like Someone in Love, en compétition à Cannes cette année, Abbas Kiarostami revient en Italie, 2 ans après Copie Conforme qui avait valu le prix d'interprétation à Cannes à Juliette Binoche.

Son prochain film, Horizontal Process, toujours produit par le français MK2, sera son troisième tourné en dehors d'Iran. Le tournage aurait lieu dans la région des Pouilles (dans le sud de l'Italie). Cela fait quatre ans qu'il photographie les paysages de cette région. Il avait révélé son projet en mars lors du Festival du film de Bari, la capitale des Pouilles.

Kiarostami a commencé l'écriture de film, qu'il imagine aussi complexe que l'architecture des villes apuliennes. Le tournage devrait débuter l'an prochain.

Berlin 2012 : où est Jafar Panahi ?

Posté par MpM, le 11 février 2012

On se posait justement la question : que devient le cinéaste Jafar Panahi ? En 2011, Berlin lui apportait officiellement son soutien en lui offrant une place dans le jury d'Isabella Rossellini. Cette année au 62e Festival international du film de Berlin, rien d'aussi spectaculaire. Les démêlés du réalisateur avec la "justice" de son pays ont peu à peu été chassés de l'actualité. Depuis mi-octobre 2011, date à laquelle avait été annoncée la confirmation en appel de sa condamnation à six années de prison et vingt ans d'interdiction de travail, la presse internationale a cessé de relayer les nouvelles le concernant. Berlin s'est ouvert sans qu'aucune initiative particulière n'ait été officiellement mise en œuvre.

Le monde du cinéma aurait-il oublié Jafar Panahi ? Pas complétement, comme en témoigne ce panneau géant stationné en face du palais où se déroule le festival. On peut y lire, en allemand et en anglais, "Où est Jafar Panahi ?" ainsi que la mention "n'oubliez pas !". Un message qu'il faudrait faire suivre aux autorités de Téhéran pour leur rappeler que l'opinion internationale n'a pas la mémoire (si) courte, et qu'elle n'oublie pas le sort réservé aux artistes iraniens indépendants.

jafar panahi à Berlin

L’instant Court : Corps et Âmes par Jean-Baptiste Mondino, avec Golshifteh Farahani

Posté par kristofy, le 3 février 2012

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage Bref, Megaupload a fermé des comédiens Côme et Antoine, voici l’instant Court n° 64.

La prochaine cérémonie des Césars aura lieu à la fin du mois, le vendredi 24 février. La liste des nommés dans chacune des catégories est maintenant connue, elle reflète à la fois les films préférés des spectateurs qui ont d’ailleurs été pour la plupart des succès inattendus en terme de nombres de tickets vendus (Intouchables, La guerre est déclarée, Polisse par exemple ont dépassé les prévisions les plus optimistes), et aussi certains des films les plus appréciés par la critique (L’Apollonide souvenirs de la maison close, Pater, L'exercice de l'Etat). Cette année est particulière car le film The Artist a 10 nominations pour les Césars, et également 10 nominations pour les Oscars américains (dont la soirée a lieu le 26 février). Le cru 2011 apparaît plutôt équilibré (comme on l’avait remarqué précédemment ici), même si quelques voix font entendre leur déception de n’être pas sélectionné comme Mathieu Demy avec Americano ou Mathieu Kassovitz dont L’ordre et la morale n’est cité qu’une fois (pour meilleur scénario mais pas meilleur réalisateur)…

Une catégorie en particulier propose une pré-sélection avant de publier la liste des noms retenus, celle de Meilleur Espoir Féminin et Meilleur espoir Masculin. Ils étaient 31 jeunes comédiens et comédiennes qui ont été d’abord choisis par le Comité Révélations de l’Académie des Césars. Ceux et celles qui ne figurent pas dans la liste finale voient ainsi tout de même une certaine reconnaissance de leur travail. Chaque année, un mini-film est même réalisé pour présenter l’ensemble de ces visages qui peut-être feront le cinéma de demain.

Cette vidéo, avec ces Espoirs qu’on fait se déshabiller, est désormais l’objet d’une polémique embarrassante : une vive indignation à l’encontre d’une des actrices au point de la bannir de son pays d’origine,  l’Iran. Il s’agit de Golshifteh Farahani, à l’affiche de Si tu meurs, je te tue, film pour lequel elle est nommée ici. Agée de 29 ans, c'est une actrice internationale qui a déjà joué dans deux gros films américains (Mensonges d’Etat avec Leonardo Di Caprio et Russell Crowe, There Be Dragons), À propos d'Elly de Asghar Farhadi (réalisateur de Une séparation, dans la catégorie Meilleur film étranger), et également Poulet aux prunes de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud... mais elle était déjà avant une actrice populaire connue pour sa participation à plus d'une quinzaine de films iraniens.

La vidéo la montre se dénuder la poitrine en disant "de vos rêves, je serai la chair"… L’Iran condamne cette image qui "montre la face cachée et dégoûtante du cinéma" et un responsable du ministère de la Culture et de la guidance islamique aurait fait savoir que l'actrice pouvait "offrir ses services artistiques ailleurs". Certains opposants au régime en place craignent d’ailleurs que cette image nuise à la cause des femmes en Iran. On a surtout l'impression que, désormais, tous les prétextes sont bons au régime iranien pour relancer sa croisade contre (au choix) la modernité, l'occident, l'art, la liberté d'expression... ou toute autre chose allant à l'encontre de ses dogmes.

Le mieux est encore de se faire sa propre opinion de ce "scandale" international. Voila donc le film Corps et Âmes par Jean-Baptiste Mondino (avec un texte de Laurent de Bartillat), avec les 31 jeunes comédiens et comédiennes qui étaient en lice pour être sélectionné dans la liste Meilleur Espoir Féminin et Meilleure espoir Masculin au Césars. Alors, glamour, choquant, ou anecdotique ?

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Corps et Âmes.

Verdict confirmé pour Jafar Panahi

Posté par MpM, le 17 octobre 2011

liberté pour jafar panahiDans un contexte de répression systématique envers les artistes jugés hostiles au régime (actualités du 13 octobre, du 1er octobre, du 20 septembre...), la justice iranienne vient de confirmer la condamnation de Jafar Panahi à six années de prison et 20 ans d'interdiction de filmer, voyager ou s'exprimer. La forte mobilisation internationale n'y aura donc rien fait, et le cinéaste a été reconnu coupable d'"activités contre la sécurité nationale et [de] propagande contre le régime".

Ses proches précisent que "le jugement en appel a été rendu il y a deux semaines, mais n'a pas encore été appliqué." Jafar Panahi demeure donc libre "pour l'instant". Son avocate, Farideh Gairat, a quant à elle assuré n'avoir reçu aucune notification du jugement.

Par ailleurs, d'après le quotidien gouvernemental Iran qui a révélé l'information concernant ce verdict, la Cour aurait réduit à un an de prison la peine de Mohammad Rasoulof. L'auteur d'Au revoir avait préalablement été condamné à la même peine que Jafar Panahi, pour avoir participé au même projet de film.

A l'heure actuelle, l'incertitude demeure sur les conditions d'application de la peine infligée à Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof, ainsi que sur le sort de tous ceux qui, comme eux, ont eu le tort de déplaire au courant politique ultra-conservateur placé à la tête du pouvoir judiciaire iranien.