Roman Polanski président des César 2017

Posté par vincy, le 18 janvier 2017

Les choses se précisent à moins de dix jours de l'annonce des nominations de la 42e cérémonie des César. Roman Polanski sera le président de la soirée, qui sera présentée par Jérôme Commandeur à la salle Pleyel (le Théâtre du Châtelet est en travaux) le 24 février.

Le choix est assez logique vu son palmarès.

Alain Terzian, Président de l'Académie des Arts et Techniques du Cinéma, souligne dans le communiqué que les César ont "distingué le cinéaste" par huit fois. "Esthète insatiable, Roman Polanski réinvente son art et ses œuvres au fil des époques" rappelle-t-il. "Artiste, cinéaste, producteur, scénariste, comédien, metteur en scène, il existe bien des mots pour définir Roman Polanski mais un seul pour lui exprimer notre admiration et notre enchantement" explique le communiqué.

Repulsion, Cul-de-sac, Le bal des Vampires, Rosemary’s Baby, Chinatown ont construit sa réputation d'être l'un des plus grands cinéastes de son époque. Avec Tess, en 1980, il reçoit les César du Meilleur Réalisateur et du Meilleur Film ainsi que le Golden Globe du Meilleur Film Étranger en 1981.

Le Pianiste en 2002 signe sa consécration: Palme d'or à Cannes, Oscar du Meilleur Réalisateur, BAFTA du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur, Goya du Meilleur Film Européen et sept César parmi lesquels le César du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur.

En 2011, avec The Ghost Writer, il est de nouveau césarisé (réalisateur et adaptation) et en 2014, avec La Vénus à la fourrure, il obtient son quatrième César du meilleur réalisateur, un record absolu. Entre les deux, il gagne le César de la meilleure adaptation pour Carnage.

Roman Polanski vient de terminer l'adaptation du best-seller de Delphine de Vigan, D'après une histoire vraie, avec Emmanuelle Seigner et Eva Green. Le scénario est co-signé avec Olivier Assayas. Il prépare toujours sa version cinématographique de l'Affaire Dreyfus.

Polanski président? Ça ne plaît pas à tout le monde. Il ne s'agit pas de ses immenses qualités de réalisateur. Mais, depuis l'annonce de cette nomination, les réseaux sociaux s'enflamment appelant au boycott des César, avec le hashtag #BoycottCésar. Le réalisateur franco-polonais est mis en cause dans une affaire de viol sur une mineure de 13 ans. Les faits remontent à 1977, des faits qu'il a reconnu (il a plaidé coupable pour "rapports sexuels illégaux" contre l’abandon des charges de viol et sodomie), qui ont conduit à une transaction financière avec la victime Samantha Geimer, qui elle-même a avoué ne pas comprendre l'acharnement judiciaire à l'encontre du cinéaste. À plusieurs reprises elle a demandé que les poursuites soient abandonnées.

Malheureusement, Polanski n'avait pas attendu le verdict et, seulement libéré sous caution, avait fuit les USA. Visé par un mandat d'arrêt international émis à Los Angeles en 2005 pour des raisons juridico-politiques et médiatiques, le cinéaste est toujours considéré comme un fugitif par Interpol et n'a droit de se déplacer qu'en France, Suisse et Pologne, pays qui a récemment refusé de l'extrader. Régulièrement, le réalisateur est interpelé sur cette affaire de mœurs, certes prescris dans beaucoup de pays, mais pas aux Etats-Unis. Régulièrement, la justice américaine cherche à l'attraper, dès qu'il se rend à l'étranger.

On peut alors comprendre que cette nomination provoque un malaise et incite au boycott. Au-delà du jugement de chacun.

Festival de Cannes : bisbilles autour de la succession de Gilles Jacob

Posté par redaction, le 9 janvier 2014

On connaît le proverbe : il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Jusqu'à preuve du contraire, Gilles Jacob est donc toujours président du Festival de Cannes. Certes, il a annoncé officiellement son départ (lire notre actualité du 7 mai dernier). Il avait été reconduit il y a deux ans (lire notre actualité du 20 décembre 2011), après plusieurs mois de rumeurs et manigances dans les coulisses des beaux palais (lire notre actualité du 31 mai 2011).

Mais depuis ce matin, médias, réseaux, professionnels s'enflamment. Son successeur aurait été désigné. C'est à moitié vrai.

Quand Cannes se moque de Paris Match...

Paris Match annonce ce matin une exclusivité : Pierre Lescure sera le prochain président du Festival de Cannes. Mazette. Le compte twitter du Festival réplique d'abord sérieusement : "@ParisMatch diffuse de fausses informations. Aucune élection n'a eu lieu et le Président de Cannes est Gilles Jacob jusqu'à l'été 2014." Puis plus ironiquement (ce tweet a notre préférence) : "Arnaud Lagardère va annoncer qu'il vend @ParisMatch ! Mais le trio Bergé-Niel-Pigasse serait aussi sur les rangs… (#nousaussionpeutlefaire)"

Le match des ex : Canal + vs. Arte

Fast check. le conseil d'administration de l'Association du Festival de Cannes ne se réunit que mardi prochain. Selon Le Film français, "la question de la succession à la présidence est inscrite à l'ordre du jour". Deux candidats sont déclarés depuis plusieurs mois : Pierre Lescure et Jérôme Clément.

Dès décembre, Lescure, ex big boss de Canal +, s'y voyait déjà. Et peu de gens dans la profession croyait aux chances de Clément, l'ancien patron d'Arte. Les deux ont activement soutenu l'élection de François Hollande, contribuant à des notes politiques ou à des mises en réseau de personnalités avec le candidat. Différentes actions de lobbying étaient entreprises. Selon Paris Match, Clément avait la faveur du Premier ministre et du ministre des affaires étrangères. Il semblerait que le Président de la république avait sa préférence pour Lescure. Celui-ci avait en plus l'avantage d'avoir rendu un rapport sur la "Contribution aux politiques culturelles à l'ère numérique" en mai dernier.

L'Etat choisit Pierre Lescure

Mécaniquement, Jérôme Clément serait de toute façon hors-course. "J'ai été informé avant Noël que ce serait M. Lescure. Car pour devenir président du festival, il faut être membre du conseil d'administration. Et j'ai été informé que l'Etat proposerait Pierre Lescure pour y entrer. Donc n'y étant pas je ne pourrai être élu", a indiqué M. Clément à l'AFP ce matin.

Hollande a donc imposé son poulain. Mais rien ne dit qu'il sera élu président par le conseil d'administration (1). On ne doit pas préjuger d'une élection. Ce qui explique le silence sage de Pierre Lescure et du Festival de Cannes. Lescure a tout juste commenté auprès de Libération : "Paris Match a anticipé dangereusement. Le conseil du festival ne statue que le mardi 14 janvier."

Tous les scénarios sont possibles, même si peu probables. Thierry Frémaux, actuel délégué général, ne sera pas candidat : "Je ne veux pas être Président. Je suis et reste Délégué général." a-t-il affirmé sur son compte twitter cet après midi.

Si Lescure est élu, il prendra ses fonctions après la prochaine édition du festival en mai. Mais d'ici là, la page de "@Jajacobbi" n'est pas encore tournée.

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(1) Le Conseil d'administration du festival de Cannes a pour fonction d’élire le Président (pour un mandat de 3 ans), de voter le budget, de débattre des principales décisions soumises à sa ratification, comme la nomination aux postes les plus importants (Délégué général, éventuellement Directeur général, etc.).?
Font partie de droit du CA le directeur du CNC (qui assure la principale subvention), deux représentants de l'Etat, un du ministère de la Culture et de la Communication et l'autre des Affaires étrangères, ainsi que des représentants de l'Assemblée nationale et du Sénat, le contrôleur d’Etat, le représentant de la ville de Cannes, etc. Sont également représentés les principales associations professionnelles de l’industrie cinématographique :les producteurs, les exploitants, les distributeurs, les techniciens, les comédiens, et les critiques par l'intermédiaire du représentant du Syndicat Français de la Critique Cinématographique.

Ça balance pas mal à Paris (sur le cinéma français)

Posté par vincy, le 2 janvier 2013

[Actualisé le 10 janvier 2013]

Plutôt que de vous faire une synthèse, nous vous laisseront lire les différentes tribunes et coups de gueule pour/contre le système actuel du cinéma Français. Une revue de web que nous mettrons à jour si besoin est.

Tout est parti du fameux exil fiscal de Gérard Depardieu. Les acteurs se sont enflammés. Torreton a pris sa plume, belle, pour renvoyer Cyrano à son métier. Deneuve, pourtant avare en paroles publiques, a répliqué, avec justesse. Libération a alors donné la parole à d'autres : Moreau, Goupil, Berling... Globalement, ce n'était finalement pas l'usage que Depardieu faisait de son fric qui choquait mais plutôt la déchéance du personnage, s'acoquinant avec des dictateurs ou remplissant les chroniques "faits divers".

Puis Vincent Maraval, producteur et distributeur (Wild Bunch) profita de cet élan pour taper du poing en révélant chiffres et scandales financiers du moment. Le problème est plus profond, plus lourd, moins flatteur. Depardieu et consorts sont surtout trop payés. La charge est lourde, parfois difficile à suivre tant le système est plus complexe, omettant des revenus dérivés (recettes publicitaires à la TV, nouvelles chaînes de TV à remplir de contenus, ventes de DVD/Blu-Ray, exportation des films...). Mais au moins, on mettait le débat sur la table. Et depuis, chacun y va de ses témoignages, analyses, points de vue. En moins d'une semaine, entre 2012 et 2013, on n'en a jamais autant su sur les rouages du cinéma français qu'en 5 ans. Il faut remonter au Club des 13 de Pascale Ferran pour avoir une vision aussi clinique des tumeurs qui rongent le système.

Ce n'est pas une polémique, c'est un cap : celui d'un débat. La Ministre de la Culture a d'abord rappelé un constat : le cinéma français est en forme. «La fréquentation des salles augmente depuis plus de 10 ans. Les Français vont de plus en plus au cinéma. Ils vont surtout voir de plus en plus de films français. On est quasiment à 40% de spectateurs pour des films français. Ce qui est exceptionnel. Nulle part ailleurs dans le monde, si ce n'est en Inde, vous ne trouverez un pays qui résiste à ce point au cinéma américain», a déclaré Aurélie Filippetti.

Filippetti ouvre cependant la porte à une éventuelle réforme : «Maintenant, évidemment il y a des améliorations à apporter. Et ce qu'il [Vincent Maraval] dit sur la participation des chaînes de télé au financement cinéma, et bien à l'heure où les chaînes ont des budgets qui diminuent des recettes moindres, c'est une question que l'on pourra se poser dans le cadre d'une réflexion globale sur l'amélioration des services rendus à nos concitoyens à travers la télévision notamment le financement de la création, le soutien et l'accompagnement des films d'auteur et des films de qualité».

Une réforme qui semble plus qu'utile. Joann Sfar en parlait déjà en septembre!

Mercredi 9 janvier 2013 : "Maraval cherche un bouc émissaire à ses échecs" par Pascal Rogard, président de la SACD
Mardi 8 janvier 2013 : Les matins de France Culture : Faut-il revoir le système de financement du cinéma français avec Robert Guédiguian, Michel Hazanavicius, Marie Masmonteil (vidéo)
Dimanche 6 janvier 2013 : Dany Boon : "Mon vrai salaire" dans le JDD ; plus de détails accessibles dans l'article du Parisien
Samedi 5 janvier 2013 : "Les gros salaires dans le cinéma, ça se règle par la fiscalité" par Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture, dans un entretien au Monde
Samedi 5 janvier 2013 : "Payons les acteurs en fonction du budget" par Marc Missonnier, producteur indépendant du dernier "Astérix" et président de l'Association des producteurs de cinéma (APC)
Vendredi 4 janvier 2013 : Non, Vincent Maraval, je ne suis ni un parvenu ni un assisté du cinéma par Philippe Lioret, réalisateur de "Welcome" et scénariste
Vendredi 4 janvier 2013 : Le cinéma français est-il devenu masochiste? par Christine Gozlan, directrice de Thelma Films
Jeudi 3 janvier 2013 : Règles, éditorial de Sylvain Bourmeau (Libération)
+ Star-system : ça tourne avide par Didier Péron, journaliste à Libération
+ «Le système de financement français est peut-être périmé», entretien avec Olivier Bomsel, professeur d’économie
+ L’affaire Maraval agite encore le milieu par Burno Icher, journaliste à Libération
+ Des actrices grand luxe par Clément Ghys, journaliste à Libération
Jeudi 3 janvier 2013 : Le cinéma français desservi par des scénarios trop faibles par Eric Neuhoff, journaliste au Figaro
Jeudi 3 janvier 2013 : Interview sur France Inter d'Eric Garandeau, président du CNC (vidéo)
Mercredi 2 janvier 2013 : Vive l'exception culturelle ! par Jérôme Clément, ancien président du Centre national de la cinématographie et d'Arte
Mardi 1er janvier 2013 : Avis de tempête sur le cinéma français par Isabelle Regnier, journaliste au Monde
Lundi 31 décembre 2012 : Maraval Gate par Florence Gastaud, délégué générale de l'Arp
Lundi 31 décembre 2012 : Hypertension par Pascal Rogard, président de la SACD
Lundi 31 décembre 2012 : Toubiana répond à Maraval sur son blog
Lundi 31 décembre 2012 : Les acteurs français sont trop payés ? C'est un peu plus compliqué que ça... par Aurélien Ferenczi, journaliste à Télérama
Dimanche 30 décembre : Cinéma français : la flambée des prises par Didier Péron et Bruno Icher, journalistes à Libération
Samedi 29 décembre 2012 : De la fortune des vedettes en particulier et des perversions d’un bon système en général par Jean-Michel Frodon, critique de cinéma et ancien directeur des Cahiers du Cinéma
Samedi 29 décembre 2012 : Réponse de Sam Karmann à l’article de Vincent Maraval sur les salaires des acteurs français sur Le Mague
Vendredi 28 décembre 2012 : Les acteurs français sont trop payés! par Vincent Maraval, distributeur et producteur, fondateur de la société de distribution de films Wild Bunch
Mercredi 7 septembre 2012 : Si notre nouvelle ministre de la Culture ne sait pas quoi faire du cinéma français, qu'elle lise cette double page ! par Joann Sfar dans son Journal de Merde sur le site Télérama

Plus tard tu comprendras : touchant mais pesant

Posté par Morgane, le 20 janvier 2009

jeanne moreau plus tard tu comprendras« - Promets-moi de résister à l’intolérance »

L’histoire : Paris, aujourd’hui : Victor, un homme d’une quarantaine d’années, seul, se recueille devant un grand mur où l’on devine des noms gravés. Le mur à la mémoire des déportés. Paris, 1987. Alors que le procès de Klaus Barbie est retransmis en direct, on découvre Victor entouré de documents où il tente de découvrir la vérité à propos de son passé familial.

De son côté, Rivka, sa mère, s’active à préparer un repas. De la télévision, on entend très distinctement le début du même procès, le témoignage d’une rescapée. Lors du dîner, Victor tente de faire parler sa mère qui s’y refuse. Elle fait mine de ne rien entendre ou change de conversation, elle veut finir tranquillement sa vie, au milieu d’objets et de souvenirs et entourée de ses enfants et petits-enfants. Son attitude ne fait que renforcer l’agitation de Victor. Sa femme Françoise va le soutenir dans cette reconquête de la mémoire familiale.

Ce que l’on en pense : Loin des conflits armés, Amos Gitaï plonge ici au cœur d’une famille juive parisienne, dans les dédales de la mémoire et de la transmission. Il se fonde sur les Mémoires de Jérôme Clément, président de la chaîne Arte, qui diffuse, d'ailleurs le film en avant-première ce soir.

Victor (Hippolyte Girardot), petit-fils de grands-parents juifs morts dans les camps, cherche à savoir et part en quête de quelque chose d’impalpable. Espérant trouver des réponses auprès de sa propre mère Rivka, interprétée par la grande Jeanne Moreau, cette-dernière se ferme à lui et refuse de parler du passé. A ses côtés, sa femme Françoise (Emmanuelle Devos) le soutient, l’aide à comprendre tandis que sa sœur Tania (Dominique Blanc) cherche à respecter ce silence, celui de la mémoire qui a parfois nécessité de se rompre ou bien au contraire de rester enfouie, comme c’est le cas ici, afin de continuer d’avancer et surtout de pouvoir vivre.

Le sujet abordé ici est bien évidemment touchant mais également lourd et pesant. Cette sensation d’étouffement est renforcée par une mise en scène tout en sobriété. Les scènes tournées en plans-séquences, presque exclusivement dans des intérieurs plutôt sombres, symbolisent fortement l’enfermement des personnages, notamment de Rivka dans sa mémoire et de Victor dans son obsession de savoir. Même les extérieurs, rares, semblent fermés, dans des rues étroites. Les seuls moments de respiration, aussi bien pour les personnages que pour les spectateurs, se situent dans le petit village où Victor et sa famille se rendent sur les traces de ses grands-parents disparus ou lorsque, tour à tour, Victor puis Rivka ouvrent rapidement la fenêtre comme une bouffée d’air nécessaire avant de replonger en apnée en eux-mêmes.

Malheureusement, tout ceci est trop vite dissimulé par le côté beaucoup trop scolaire avec lequel Amos Gitaï peint son film et son propos. Celui-ci débute face au mur à la mémoire des déportés comme un cours d’histoire nous frappant en pleine figure. Le fil se déroule pour ensuite déboucher sur le procès de Klaus Barbie retransmis à la télévision. Puis ce dernier continue son chemin via des questions très scolaires des enfants de Victor et Françoise sur les juifs et leur grand-mère. Le côté très démonstratif, à l’image d’un cours magistral, ôte l’émotion de certaines scènes devenant alors très froides comme celle où Rivka emmène ses petits-enfants à la synagogue pour Kippour.

Amos Gitaï interroge avec pudeur la question du silence et de la mémoire ensevelie. Néanmoins, son aspect instructif en fait un film froid d’où l’émotion et les sentiments sont finalement absents là où ils devraient être à fleur de peau.