« Muslim Ban »: Asghar Farhadi boycotte les Oscars, Hollywood se révolte contre Trump

Posté par redaction, le 30 janvier 2017

Donald Trump a décidé par décret de bloquer l’accès aux Etats-Unis de ressortissants de sept pays musulmans et de réfugiés (Iran, Irak, Yémen, Somalie, Soudan, Libye et Syrie).

Il ne se doutait sans doute pas qu'il allait avoir des juges (qui ont suspendu le décret temporairement), des avocats et même Hollywood contre lui. Tout a commencé avec l'actrice iranienne Taraneh Alidousti, vedette féminine du film d'Asghar Farhadi, Le client, nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. La comédienne a annoncé dès le jeudi 26 janvier qu'elle boycotterait la cérémonie pour protester contre le projet de décret «raciste» du président américain concernant les immigrants musulmans. Elle l'a fait directement sur Twitter: "L'interdiction de visa portée par Trump contre les Iraniens est raciste. Qu'elle s'applique ou non à un événement culturel, je n'assisterai pas aux #AcademyAwards 2017 en signe de protestation".

Dimanche 29 janvier, c'est le réalisateur lui-même Asghar Farhadi, Oscar du meilleur film en langue étrangère et nommé à l'Oscar du meilleur scénario pour Une séparation, qui a finalement renoncé à faire le voyage à Los Angeles pour la cérémonie des Oscars le 26 février. Les agences de presse iraniennes étaient visiblement heureuses que le cinéaste s'oppose à l'administration Trump - pour l'Iran, ce décret est "un cadeau pour les extrémistes" et le pays a annoncé qu'il allait appliquer la réciprocité et interdire l'entrée des ressortissants américains.

"Pas acceptable"

Initialement le réalisateur devait venir aux Oscars, accompagné de son chef opérateur. Le communiqué d'Ashgar Farhadi a gelé sa décision qu'il justifie ainsi: "Mon intention n’était pas de ne pas assister à la cérémonie ou de la boycotter pour montrer mes objections (aux politiques de Trump), car je sais que beaucoup de gens dans l’industrie américaine du cinéma et au sein de l’Académie des arts et sciences du cinéma sont opposés au fanatisme et à l’extrémisme qui règnent plus que jamais aujourd’hui. Mais il semble maintenant que la possibilité même de ma présence soit soumise à des “si” et des “mais” et ce n’est pas acceptable pour moi, même si l’on venait à faire exception pour mon voyage."

Il ajoute une tonalité engagée, plus surprenante quand on connait son discours plutôt consensuel et rarement polémique sur les sujets politiques. "Durant des années, des deux côtés de l’océan, des groupes de gens adeptes d’une ligne dure ont essayé de présenter à leur peuple des images irréalistes et effrayantes des gens d’autres cultures afin que les différences deviennent des désaccords, les désaccords des inimitiés et les inimitiés des peurs. Instiller la peur de l’autre est un des moyens préférés pour justifier des comportements extrémistes et fanatiques par des gens étroits d’esprit." Notons qu'il reprend là l'élément de langage du pouvoir iranien (qui, rappelons-le, n'a pas vraiment de leçons à donner concernant la liberté d'expression et l'ouverture au monde).

"Muslim Ban" et bouclier de protestations

A Hollywood aussi on s'offusque de ce décret. Les stars tweetent leur colère et leur choc. L'Académie des Oscars a officiellement protesté, "extrêmement troublée qu'on puisse barrer l'entrée du pays à cause de la religion ou du pays d'origine". Au festival de Sundance lors de la cérémonie du palmarès et à la soirée des Producers Guild Awards, toutes deux samedi soir, ou à la remise des prix des Screen Actors Guild Awards hier soir, les artistes n'ont pas eu leur langue dans la poche. Lily Tomlin a même comparé les tactiques de Trump à celles des Nazis.
Le "Muslim Ban" devrait être dans toutes les têtes (et quelques vannes) aux prochains Oscars. Aux SAG Awards, John Legend, producteur de La La Land, acteur, auteur et chanteur, a rappelé que "Los Angeles est le foyer de tellement d'immigrants, de tellement de personnes créatives, de tellement de rêveurs. Notre Amérique est grande, elle est libre et elle est ouverte aux rêveurs de toutes les races, de tous les pays, de toutes les religions. Notre vision de l'Amérique est directement antithétique de celle du président Trump. Je veux spécifiquement rejeter ce soir sa vision et affirmer que l'Amérique doit être meilleure que ça."

Le réalisateur Michael Moore s'est lui excusé au nom des "dizaines de millions d'Américains".

Roman Polanski président des César 2017

Posté par vincy, le 18 janvier 2017

Les choses se précisent à moins de dix jours de l'annonce des nominations de la 42e cérémonie des César. Roman Polanski sera le président de la soirée, qui sera présentée par Jérôme Commandeur à la salle Pleyel (le Théâtre du Châtelet est en travaux) le 24 février.

Le choix est assez logique vu son palmarès.

Alain Terzian, Président de l'Académie des Arts et Techniques du Cinéma, souligne dans le communiqué que les César ont "distingué le cinéaste" par huit fois. "Esthète insatiable, Roman Polanski réinvente son art et ses œuvres au fil des époques" rappelle-t-il. "Artiste, cinéaste, producteur, scénariste, comédien, metteur en scène, il existe bien des mots pour définir Roman Polanski mais un seul pour lui exprimer notre admiration et notre enchantement" explique le communiqué.

Repulsion, Cul-de-sac, Le bal des Vampires, Rosemary’s Baby, Chinatown ont construit sa réputation d'être l'un des plus grands cinéastes de son époque. Avec Tess, en 1980, il reçoit les César du Meilleur Réalisateur et du Meilleur Film ainsi que le Golden Globe du Meilleur Film Étranger en 1981.

Le Pianiste en 2002 signe sa consécration: Palme d'or à Cannes, Oscar du Meilleur Réalisateur, BAFTA du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur, Goya du Meilleur Film Européen et sept César parmi lesquels le César du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur.

En 2011, avec The Ghost Writer, il est de nouveau césarisé (réalisateur et adaptation) et en 2014, avec La Vénus à la fourrure, il obtient son quatrième César du meilleur réalisateur, un record absolu. Entre les deux, il gagne le César de la meilleure adaptation pour Carnage.

Roman Polanski vient de terminer l'adaptation du best-seller de Delphine de Vigan, D'après une histoire vraie, avec Emmanuelle Seigner et Eva Green. Le scénario est co-signé avec Olivier Assayas. Il prépare toujours sa version cinématographique de l'Affaire Dreyfus.

Polanski président? Ça ne plaît pas à tout le monde. Il ne s'agit pas de ses immenses qualités de réalisateur. Mais, depuis l'annonce de cette nomination, les réseaux sociaux s'enflamment appelant au boycott des César, avec le hashtag #BoycottCésar. Le réalisateur franco-polonais est mis en cause dans une affaire de viol sur une mineure de 13 ans. Les faits remontent à 1977, des faits qu'il a reconnu (il a plaidé coupable pour "rapports sexuels illégaux" contre l’abandon des charges de viol et sodomie), qui ont conduit à une transaction financière avec la victime Samantha Geimer, qui elle-même a avoué ne pas comprendre l'acharnement judiciaire à l'encontre du cinéaste. À plusieurs reprises elle a demandé que les poursuites soient abandonnées.

Malheureusement, Polanski n'avait pas attendu le verdict et, seulement libéré sous caution, avait fuit les USA. Visé par un mandat d'arrêt international émis à Los Angeles en 2005 pour des raisons juridico-politiques et médiatiques, le cinéaste est toujours considéré comme un fugitif par Interpol et n'a droit de se déplacer qu'en France, Suisse et Pologne, pays qui a récemment refusé de l'extrader. Régulièrement, le réalisateur est interpelé sur cette affaire de mœurs, certes prescris dans beaucoup de pays, mais pas aux Etats-Unis. Régulièrement, la justice américaine cherche à l'attraper, dès qu'il se rend à l'étranger.

On peut alors comprendre que cette nomination provoque un malaise et incite au boycott. Au-delà du jugement de chacun.

Edito: Coups de Corée

Posté par redaction, le 17 août 2016

Cet été, le polar était coréen. The Strangers (à Cannes), Man on High Heels et cette semaine Dernier train pour Busan (lui aussi à Cannes). Et il n'y a aucun doute: les cinéastes sud-coréens ont le savoir-faire nécessaire pour nous emballer, avec une technicité impressionnante, mais ils ont surtout une audace qui manque dans la plupart des autres productions américaines ou d'ailleurs. Il y a toujours une envie de subversion, un désir de film noir, un goût pour la métaphore ou la double lecture qui enrichissent leurs histoires.

Désormais, les réalisateurs de la péninsule sont courtisés par Hollywood, de Netflix aux studios. Ou s'embarquent dans des productions somptueuses comme Mademoiselle de Park Chan-wook, qui sortira en octobre. De tous les cinémas asiatiques, c'est assurément celui qui se porte le mieux. Grâce à une politique de quotas dans les salles et une diversité de sa production, le cinéma sud-coréen est prospère et domine son box office. Dernier train pour Busan est le leader annuel (78M$) loin devant Captain America. Sur les 10 plus grands succès de l'année, 7 sont des films nationaux (dont Mademoiselle, 6e, 32M$). Pour donner une idée, Suicide Squad ne dépassera pas les 15M$ et Deadpool n'a récolté que 24M$. Semaine après semaine, un film coréen est en tête (cette semaine c'est The Tunnel, sorti sur 1000 écrans).

Dernière chance pour Busan

Le tableau serait parfait si. La Corée du Sud est doté du plus grand festival et du plus grand marché du film en Asie, à Pusan (Busan) durant l'automne. Or, ce rendez-vous est au cœur d'un énorme baroufle depuis quelques mois. Les producteurs et réalisateurs du pays ont menacé de boycotter la 21e édition, début octobre, qui va devoir réduire la voilure. Ils sont en train d'obtenir gain de cause. Soucieux que le festival garde son indépendance, les nouvelles règles qui étaient prêtes à être appliquées mettaient en danger, selon eux, l'identité du festival.

Cela fait deux ans que le combat est engagé. Tout est parti de la programmation d'un documentaire controversé et très politique, The Truth Shall Not Sink with Sewol, sur le naufrage du Sewol, causant la mort de 476 personnes. Ce documentaire sans concessions fustigeait l'inefficacité des secours. Face à cette violente charge anti-gouvernementale, le pouvoir a répliqué: L'ancien directeur du festival international du film de Busan (Biff), Lee Yong-Kwan, a été inculpé de détournements de fonds en Corée du Sud, accusations, motivées selon ses soutiens par des considérations politiques. Suite à la projection du docu, le comité organisateur du festival avait en effet été l'objet de toute une série d'enquêtes et d'audits, tandis que ses subventions avaient été considérablement réduites.

Crise nationale

Depuis, c'est la pagaille. A l'étranger, tout le monde a soutenu les dirigeants du festival. En Corée du sud, la profession a décidé de faire pression sur le pouvoir en censurant l'événement. Face aux enjeux économiques et diplomatiques, le pouvoir sud-coréen n'a pas eu d'autres choix que de revoir sa copie et de promettre des garanties sur l'indépendance et l'autonomie du festival dans un pays où la liberté d'expression n'est pas acquise. Et désormais, tant que les accusations contre Lee Yong-kwan sont maintenues, producteurs et réalisateurs veulent continuer le bras de fer.

Pour l'instant, on compte les morts. Le Festival manque d'argent, les sponsors ont détourné les regards (et le porte monnaie), le centre de recherche va être fermé et le marché du film fortement réduit. Et tout ça, alors que le géant chinois cherche à bâtir deux ou trois grands festivals de cinéma...

Quentin Tarantino se met la police de New York à dos

Posté par vincy, le 26 octobre 2015

Au départ, il y a Quentin Tarantino dans les rues de New York, manifestant le 24 octobre, sous les acclamations, contre la violence policière aux Etats-Unis. Les deux manifestations new yorkaises réclamaient la fin des violences policières mais aussi une réforme du système judiciaire. Tarantino a lu une liste de noms des victimes policières en public, expliquant que ce problème n'est pas pris en considération et ajoutant: "Si c'était pris en considération, ces policiers meurtriers seraient emprisonnés ou au moins inculpés".

Ce ne fut pas du goût de tout le monde. Dès dimanche, dans un communiqué, le syndicat de policiers new yorkais Patrolmen's Benevolent Association, le plus important des syndicats policiers de la métropole, a réclamé le boycott des films de Quentin Tarantino.

Le syndicat dénonce l'hypocrisie d'un réalisateur qui "gagne sa vie en glorifiant la criminalité et la violence". A moins que ce ne soit, selon le syndicat, la raison principale de son "combat" contre la police. "Les policiers que Quentin Tarantino qualifie de meurtriers ne vivent pas dans un univers fait de ses fantasmes pervers pour grand écran, ils risquent et parfois sacrifient leur vie pour protéger des communautés de la véritable criminalité et du désordre", a réagi le syndicat. Qui demande que les New Yorkais n'aillent plus voir ses films.

Le syndicat, au passage, oublie la liberté d'expression (premier amendement de la constitution américaine)  et la liberté de création. Mais nul ne doute que son prochain film, Les huit salopards, qui sort le 25 décembres à New York et le 6 janvier en France, ne devrait pas trop souffrir de ce "boycott".

Rappelons que depuis le début de l'année, 356 personnes ont été tuées par les forces de l'ordre aux Etats-Unis, ce qui inclus les cas de légitime défense. En 2014 on a compté 623 morts, un record depuis le début du siècle.

La crise touche les festivals de cinéma en Espagne, excepté San Sebastian

Posté par vincy, le 22 septembre 2012

Jeudi soir, le Festival de Saint-Sébastien s'est ouvert dans un contexte particulier. La TVA sur les billets de cinéma est désormais de 21% en Espagne. Les régions, l'Etat et les banques espagnoles sont en faillite. La fréquentation des cinémas est en chute libre depuis trois ans. Autant dire que le plus grand festival cinématographique de la péninisule ibérique n'avait pas forcément le sourire.

Et pourtant.

Le Festival de Saint-Sébastien échappe à la rigueur. Avec un budget confortable de 7,4 millions d'€, il n'a pas subit de coupes budgétaires pour son 60e anniversaire. "Si malgré la crise Saint-Sébastien veut continuer à être l'un des grands festivals, derrière Venise et Berlin qui ont plus du double de notre budget, il doit augmenter ses moyens" explique le directeur du Festival, José Luis Rebordinos. Il s'offre même un forum de coproduction Europe-Amérique Latine en guise de nouveautés. Et même une bonne dose de glamour avec plusieurs vedettes invitées. Seul bémol à la fête : mercredi 26 septembre, une grève générale contre les réformes d'austérité devraient paralyser la manifestation. Presque tous les actes du festival, excepté les projections des films en compétition, seront suspendus ce jour-là.

Tout le monde n'a pas cette chance en Espagne. le Festival international de cinéma de Gijon, qui fête sa 50e édition en novembre, est dans la tourmente. Pedro Almodovar, Atom Egoyan, Todd Solondz, Monte Hellman, Hal Hartley, Victor Erice, Abel Ferrara, Fernando Trueba, Geraldine Chaplin, Harmony Korine, Carlos Reygadas, Lucia Puenzo font partie de 375 personnalités qui avaient annoncé leur intention de boycotter le Festival si Jose Luis Cienfuegos n'était pas réinstallé à son poste de directeur. Cienfuegos, en poste depuis 1995, a été viré en janvier dernier, la mairie (extrême-droite), principal pourvoyeur de fonds du Festival, transformé durant son mandat en grand rendez-vous national et international.

Depuis Gijon a un nouveau directeur. Et Cienfuengos a rejoint, en mai, la direction du Festival du film européen de Séville, qui a subit d'importantes coupes budgétaires ces dernières années (pour atteindre un petit million d'euros). Le Festival se déroulera du 2 au 10 novembre, juste avant celui de Gijon. Il aborde cette 9e édition en position de combat face à l'adversité de la situation économique.

Alice au pays des merveilles dans la tourmente

Posté par vincy, le 22 février 2010

alice au pays des merveillesLe prochain film de Tim Burton, Alice au pays des merveilles, l'un des blockbusters les plus attendus de l'année, fait l'objet d'un boycott qui a commencé sa propagation aux Pays-Bas. Ecran Noir aurait pu vous en parler alors, mais nous ne sommes pas là pour répéter les communiqués de presse et les dépêches "officielles". Nous avons bien fait d'attendre puisqu'en une semaine, le problème est devenu international, et donc plus sérieux.

Dans un premier temps, le producteur et distributeur du film, Walt Disney,  annonce qu'il va bousculer, là où il peut, c'est-à-dire pas en France par exemple, la chronologie des fenêtres de diffusion du film : le DVD sortira trois mois après sa sortie en salles, au lieu de quatre voire six dans certains pays.

Les Américains comprennent. Les Néerlandais annoncent très vite un boycott. Les réseaux Pathé, Minerva, Wolff et Jogchems (quatre cinémas sur cinq à peu près à eux tous) menacent en effet de ne pas projeter une seule copie du film, considérant, avec une certaine mauvaise foi, que cela leur enlève des spectateurs potentiels. Mauvaise foi car un blockbuster de cette trempe va faire l'essentiel de ses entrées dans le premier mois d'exploitation, vite chassé par les blockbusters du printemps (Iron Man 2 pour commencer). Mais les propriétaires des circuits pensent qu'en annonçant une sortie DVD/VOD aussi rapide, cela découragera certains spectateurs de se déplacer. On nous dit la même chose du piratage alors que les entrées en salles sont en hausse dans toute l'Europe depuis un an. La peur est mauvaise conseillère.

Et puis voilà que les britanniques s'y mettent. Ce lundi 22 février, en soirée, Odeon, le plus gros réseau de cinéma anglais a décidé de suivre le mouvement de ses confrères (Cineworld et Vue avaient déjà annoncé leur refus de jouer le jeu de Disney).

Or, le succès d'un film, notamment une imposante production comme celle-ci, dépend de son nombre de copies et de sa diffusion à travers un territoire. La Grande Bretagne n'est pas les Pays-Bas, puisqu'il s'agit d'un des cinq plus gros marchés étrangers pour les studios américains. Et Disney a réellement besoin d'un énorme hit après des résultats en 2009 un peu contrastés (quelques gros hits, pas mal de flops).

La tendance est un raccourcissement du délai à trois mois, notamment aux USA. Les Européens veulent faire d'Alice un précédent qui décourage les studios américains dans cette spirale temporelle où les films ont de moins en moins de temps pour s'installer.

Dans une interview au Film Français, le directeur de Disney France, Jean-François Camilleri, confirme la stratégie de son groupe : "La question de la chronologie est au centre des préoccupations du nouveau président du studio. L'idée est d'analyser la nouvelle façon de consommer les programmes, et de réagir le plus vite possible. On réfélchit beaucoup à la VOD, au téléchargement définitif."

Malgré les maladresses sémantiques,  il constate que les usages changent et qu'il faut s'y adapter. On ne lui donne pas tort.

Alice sort en France le 23 mars.

Berlin 2010 : Shah Rukh Khan plus fort que les extrêmistes

Posté par vincy, le 19 février 2010

my name is khanHors-compétition, la Berlinale présentait un film bollywoodien pas comme les autres. My Name is Khan, de Karan Johar, met en vedette la superstar indienne Shah Rukh Khan (ou Sha Rukh Khan ou Shahrukh Kha), après quasiment une année de disette pour ses fans. Surtout, son sujet était éminemment politique puisqu'il traite de la discrimination subie par les musulmans aux Etats-Unis après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, tout en prêchant un retour à la tolérance.

Mais le film n'est sorti que dans quelques salles à Mumbay (Bombay) car les exploitants ont du céder aux pressions du Shiv Sena, parti d'extrême droite local.  Le parti voulait que l'on boycotte cette production coûteuse. Les producteurs ont alors réclamé auprès de la police que l'on garantisse la sécurité des spectateurs à l'entrée et à la sortie des cinémas. De quoi plomber un démarrage.

Car ne plaisantons pas, les membres de ce parti sont extrêmement violents. Ils avaient attaqué des salles, brûlé des affiches et encerclé la résidence de l'acteur dans les jours qui précédaient la sortie du film la semaine dernière. Au total, la police a arrêté 1 800 extrêmistes.

Mais qu'on ne se méprenne pas : leur colère n'est pas à l'égard du film mais de l'acteur. Shah Rukh Khan a en effet osé dire publiquement qu'il regrettait qu'aucun joueur pakistanais n'était dans la sélection de la Ligue de cricket indienne! Outrage patriotique! Quant au parti xénophobe Shiv sena, il a de moins en moins de crédit et cherche ainsi à rebondir médiatiquement.

Manque de chance, leur calcul s'est avéré faux. Quelque soit leur communauté, les habitants de la métropole sont venus manifestés, se mobilisent pour pacifier la ville et sont allés voir le film en masse. Le film a effectué le plus gros démarrage pour une production indienne en trois jours, avec au niveau mondial des recettes s'élevant à 18 millions de $, dont 2 millions de $ dans les 120 cinémas d'Inde. Aux USA, il a rapporté 2,5 millions de $ le même week-end, lui permettant, en étant 13e du box office, de devenirle plus gros succès bollywoodien en Amérique.

De là à dire que les extrêmistes lui ont fait sa pub...