La Chine agacée par le succès historique d’Avatar?

Posté par vincy, le 19 janvier 2010

100119161625_confucius_avatar_ap_466.jpgContre toute attente, Avatar a été retiré de l'affiche de 1628 écrans 2-D chinois, autrement dit 95% de son circuit de diffusion. Le distributeur a soudainement privilégier un biopic sur Confucius (avec Chow Yun-fat). Cette décision a provoqué la colère de nombreux internautes.

Derrière cette manoeuvre grossière, on comprend surtout l'agacement des autorités chinoises face au triomphe d'Avatar, quelques semaines après le phénoménal succès de 2012 (46 millions d'euros. La part de marché d'Hollywood prenait des proportions affolantes et en fait humiliantes pour un régime si nationaliste. Or, à moins d'un mois du nouvel an, la Chine en profite souvent pour sortir de grosses productions un peu chauvines (pour ne pas dire patriotiques), nommées hesuipian, censées fédérées les familles réunies durant la semaine de festivité (cette année, on célèbre l'année du tigre).

Malgré sa popularité (54 millions de'euros, un record historique pour le B.O. chinois), Avatar a subit la même règle que de nombreux films étrangers : une durée d'exploitation limitée dans le temps. Les studios américains ont réussi à imposer le partage des recettes avec les distributeurs locaux, là où les autres films étrangers étaient payés au forfait. C'est autant de revenus qu'ils ne se partageront pas.

Certes, il reste au film de James Cameron 900 écrans 3D qui ont contribué aux deux tiers de ses ventes de tickets jusqu'à présent. C'est d'ailleurs la réponse officielle de China Film : les recettes en 2D n'ont pas été élevées. Il est toujours difficile d'aborder ce marché spécifique, où seulement 20 films étrangers ont le droit d'être exploités en salles (une cinquantaine au total est diffusée). Avatar a d'ailleurs du attendre le mois de janvier pour sortir car les quotas de 2009 étaient remplis. Le cinéma français a ainsi pu présenter trois films : Transporter 3, Les deux mondes et Les femmes de l'ombre ont d'ailleurs reçu un très bon accueil. Mais le nombre ne varie pas, et même s'il changeait, rien ne dit que ce serait en faveur de films non-américains. D'autant qu'il faut braver aussi la censure..

Tout cela facilitera évidemment au piratage. Des DVD sont déjà disponibles dans les rues des grandes villes.

Bilan 2009 : Star Trek en tête des films les plus piratés

Posté par vincy, le 4 janvier 2010

Selon le site web de téléchargement Torrent Freak, Star Trek l'emporte sur Transformers 2 pour le titre du film le plus piraté. Contrairement à 2008, le champion du box office mondial Batman The Dark Knight ne coïncide pas avec le record de téléchargement illégal de l'année. Torrent Freak constate aussi une forte hausse de la pratique. Batman avait été téléchargé 7, 03 millions de fois quand cette année 9 films font mieux au compteur. De même en 2008, les films étaient assez variés (Juno, Horton, Braquage à l'anglaise coexistaient avec L'incroyable Hulk, Rien que pour vos cheveux et Tonnerre sous les Tropiques). Hormis Rock n' Rolla et Jeux de pouvoir, les huit autres films sont des blockbusters classiques où le téléchargement n'a pas eu beaucoup d'impact sur leur box office final. Deux longs métrages sont sortis en 2008 et aucun film d'animation n'y apparaît.

1. Star Trek : 10 960 000 téléchargements (386 millions de $ dans le monde)
2. Transformers 2 - La Revanche : - 10 600 000 (835 millions de $)
3. Rock'n'Rolla : 9 430 000 (26 millions de $)
4. Very Bad Trip : 9 180 000 (460 millions de $)
5. Twilight 1 : 8 720 000 (385 millions de $)
6. District 9 : 8 280 000 (205 millions de $)
7. Harry Potter et le Prince de sang mêlé : 7 930 000 (929 millions de $)
8. Jeux de Pouvoir : 7 440 000 (88 millions de $)
9. X-Men Origins: Wolverine : 7 200 000 (373 millions de $)
10. Prédictions : 6 930 000 (183 millions de $)

Huppert, les Pirates et Robin des bois…

Posté par vincy, le 8 août 2009

Au Festival de cinéma de Lima (Rencontre latino-américaine du cinéma), hommage à Isabelle Huppert. Elle n'en finit plus de faire le tour du monde. Mais à Lima, l'actrice a rejoint le choeur des comédiens ayant une position ambivalente sur le piratage.

Après Cannes, elle avait été l'invitée vedette d'un festival culturel à Beijing (Pékin) en Chine. Elle inaugurait l'exposition "La femme aux portraits", une centaine de clichés d'elle réalisés par les plus grands photographes. Elle avait aussi confié sond ésir de tourner avec un cinéaste chinois, elle qui est moins connue là -bas que Marceau, Binoche et Deneuve. C'était son premier séjour en Chine depuis 17 ans. La cinémathèque de Pékin organisait aussi une rétrospective des films de l'actrice, présentée par le cinéaste Wang Xiaoshuai, et le Festival International du Film de Shanghai lui a remis un prix récompensant sa carrière.

Une escale, début juillet, au Festival de Karlovy Vary où on l'honorait d'un prix spécial, un Globe de Cristal, et où elle participait à la rétrospective de Patrice Chéreau. Et puis l'Amérique du Sud où elle déclare que la piraterie "c'est comme Robin des Bois qui vole pour les pauvres". "La même chose se passe en Chine", qu'en Amérique latine, a ajouté Isabelle Huppert : "au cours d'un récent voyage dans ce pays j'ai constaté que La pianiste y était connu et avait donc été vu bien qu'il ne soit jamais sorti dans les salles chinoises." Sans donner sa position personnelle sur le sujet, on voit bien que ce qui est considéré comme du piratage est aussi, dans certains cas, un véritable outil de démocratisation culturelle et de combat contre l'hégémonisme ((hollywoodien) ou l'obscurantisme.

« X-Men Origins : Wolverine » tronqué sur le web

Posté par MpM, le 3 avril 2009

Le nouveau volet de la franchise X-Men, qui raconte la naissance du personnage incarné par Hugh Jackman, Wolverine, vient de rejoindre la longue liste des blockbusters pris de vitesse par le web. Alors que le film ne doit sortir que dans quatre semaines (le 29 avril exactement sur les écrans français), il est déjà disponible (dans une version incomplète, volée et bien évidemment illégale) sur de nombreux sites de peer-to-peer.

Le studio Twentieth Century Fox Films, qui produit Wolverine, procède à un marquage numérique de ses films, ce qui lui permet de les suivre s'ils sont diffusés en ligne. C'est ainsi que la fuite a été immédiatement remarquée et dénoncée par le Studio. Même si l'on peut comprendre l'irrépressible impatience des fans, il faut quand même avouer que l'on voit mal le plaisir que les internautes l'ayant téléchargée pourront retirer de cette version tronquée et inachevée dans laquelle manquent nombre d'éléments visuels et sonores...

Toujours est-il que ce nouvel incident prouvre qu'il faudra sans doute plus qu'une loi de plus pour trouver une solution intelligente à la diffusion de films et chansons en ligne. Le FBI est sur la piste de ces "esprits criminels" (ou rebelles). De quoi faire un scénario de cinéma?

Slumdog déjà piraté en Russie

Posté par vincy, le 11 mars 2009

slumdog milionaire en russieOn savait qu'en Chine, les vendeurs de DVD pirates, malins, se positionnaient devant les (rares) multiplexes des grandes villes.

Mais les Russes font plus fort.

Tandis que le film sept fois oscarisés, Slumdog Millionaire, attire les foules dans 160 salles du pays (3 millions de $ de recettes cumulées au box office), les passagers à l'aéroport de Moscou, dans un café type "Irish Pub", peuvent regarder le film gratuitement, impunément et dans son intégralité.

Il s'agit évidemment d'une version piratée, doublée en russe.

slumdog millionaire à la télévisionEcran Noir a mis deux extraits sur son compte YouTube:
- extrait 1
- extrait 2

(c) photos : vincy thomas

Les 50 ans du cinéma marocain : un pays qui manque de salles

Posté par vincy, le 23 novembre 2008

blog_marrakech1.jpgPour ses cinquante ans, le cinéma marocain a profité du Festival international du film de Marrakech (FIFM) pour établir son bilan. Cetes le Festival, à l'origine destiné pour défendre le cinéma africain et arabe, est devenu un instrument marketing pour la ville de Marrakech et le Royaume du Maroc. Une vitrine luxueuse (et coûteuse) où l'on invite médias français et stars hollywoodiennes.

Pourtant, Marrakech mériterait de promouvoir davantage le cinéma maghrébin et d'attirer l'aspect industriel de la profession. Car le Maroc manque de salles. Au point que les quotidiens nationaux peuvent aficher la programmation des quelques multiplexes sur une demi page (Megarama est présent à Casablanca et Marrakech). Les sorties sont presque simultanées avec l'Europe, et les films américains se taillent la part du lion d'un marché qui se réduit année après année. Les Marocains préfèrent regarder la télévision. Il y a trente ans, 40 millions de spectateurs allaient dans les salles chaque année, il n'en reste plus que quatre millions. La faute aux chaînes étrangères et aux antennes satellites. Pendant le Ramada, la prgrammation cinéma est si intense que tous les blockbusters hollywoodiens remplissent les écrans.

Peu de nouvelles salles se son construites, beaucoup ont disparu, et la vétusté de la plupart des cinémas n'incite pas à séduire un public en voie d'occidentalisation. Le Maroc ne compte que 90 écrans (130 de moins en trente ans), soint trois fois moins qu'en Afrique du Sud ou en Egypte. Il y aurait un manque de 150 salles.

Une association "Sauvons les salles de cinéma au Maroc" est née il y a un an (voit leur site : savecinemainmarocco.com), dans ce même Festival du film de Marrakech. L'associationveut que le cinéma redevienne un vecteur régional de culture et d'ouverture, tout en sensibilisant les citoyens sur l'état désastreux de l'exploitation cinématographique locale. L'Eden de Marrakech, avec le soutien de l'Unesco, sera le premier chantier de réhabilitation lancé par l'association.

Hélas, depuis un an, une salle (à El Jadida) à été complètement détruite, après cinq ans de fermeture, et quatre ont baissé le rideau (deux à Fès, une à Al-Hoceima, une autre à Casablanca).

Le cinéaste Ahmed El Maânouni évoquait en avril dernier au quotidien L'Humanité ce problème de chaînon manquant pour favoriser la croissance d'un cinéma nord-africain. "Il y a (...) le problème du piratage. On peut acheter Bienvenue chez les Ch’tis pour un euro. Il y a deux multiplexes au Maroc dont un tenu par un Français, Claude Lemoine, à Casablanca. Le second est à Marrakech. Il me semble que ceux qui analysent mal la situation disent que le cinéma ne se porte pas bien à cause des multiplexes. Or, il en faudrait beaucoup plus car cela permet une offre de films variée avec un accueil marchand qui fait venir le client. Nous en sommes réduits à ça. On a besoin des petites salles de quartiers et de multiplexes."

Piratage : propagande ou réelle peur?

Posté par vincy, le 7 août 2008

Ah ces médias officiels et officiellement libéraux (comprendre la presse quotidienne économique) : ils se sont régalés dès ce matin à brandir la menace du piratage. L'Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle a publié la première étude mesurant "précisément" les statistiques de piratage de films. Cette Alpa qui veut alpaguer les corsaires du clic est une vieille association de 23 ans, créée par le Ministère de la Culture et celui de la Justice, financée par les professionnels du cinéma  et présidée par le P-DG de Gaumont. Il y a plus neutre. Sise dans les très chics quartiers du VIIIe arrondissement de Paris, cette Alpa a un site internet qui ne contient que ses contacts et son logo. On fait mieux en guise de transparence.

Alors, certes, l’Alpa a déclenché le signal d’alarme, voudrait que le train s’arrête, parlant de « péril ». L’étude porte sur la période novembre 2007 / juin 2008. Les chiffres son évidemment balancés aux médias pour faire paniquer les professionnels et pointer du doigt les méchants internautes.

De façon grossière, on nous dit « autant de films piratés que d’entrées payées ». Pourtant si l’on sait calculer les chiffres reçus on note 14,1 millions de téléchargements en juin + 62 millions de téléchargements de janvier à mai, soit 76 millions d’actes de piratages. Contre près de 100 millions de vendus. Bien sûr, ça ne retire en rien l’effarante donnée de 450 000 téléchargements illicites par jour en France.

Mais il faut relativiser certaines données et s’inquiéter pour d’autres. Car finalement cela impacte davantage sur le marché du DVD, en chute libre, que sur les entrées, plutôt dynamiques malgré la crise économique. D’abord les films américains s’octroient une part de marché bien plus importante chez les pirates (66%) que chez les spectateurs. Les blockbusters sont made in USA, avec en tête des daubes comme Transformers et Next, mais aussi American gangster, Bee Movie et No country for Old men, tous au dessus de 2 millions de clics. C’est d’autant plus inquiétant que le film des Coen est très loin d’avoir obtenu ce nombre de spectateurs en salles. De même, la part de marché des films européens est de 12% chez les pirates, ce qui n’a rien à voir avec la moyenne de 4% annuelle dans les salles.

Autant de clics pour Bienvenue chez les Ch'tis que pour Persépolis
Mais bizarrement les films français sen tirent bien. Seulement 19% de part de marché sur les ordinateurs contre 40% en moyenne sur les grands écrans. Le plus gros « hit » est évidemment Bienvenue chez les Ch’tis avec 682 000 téléchargements, soit 3,5 % des entrées du film ! De même les 206 000 clics de Disco ou 287 000 clics de La Môme sont très loin des 2,5 millions de clics pour le film oscarisé des Coen mais aussi de leurs scores au box office. A la rigueur le producteur de Survivre avec les loups a raison d’avoir la rage : 149 000 téléchargements pour 650 000 entrées… Pire, Persépolis accumule 675 000 curieux en ligne pour à peine deux fois plus de fidèles des salles obscures.

Mais attention, rien ne dit que ces pirates n’achètent pas le DVD ou ne vont pas aussi voir le film en salles. Il faudra surtout croiser les chiffres de la VOD avec la prochaine étude pour voir si la tendance est à la hausse ou à la baisse.
Enfin, plutôt que de se focaliser sur les Top 10 des œuvres les plus téléchargées, peut-on s’interroger sur les motifs des « pirates » et de se demander comment faire pour les attirer à voir un film brésilien ou japonais sur un ordinateur plutôt que d’aller le voir en salles ?