C'est le petit bijou de Netflix à ne pas manquer. Une mini-série, entre drame, mélo et feel-good movie, en quatre épisodes de trois quarts d'heure (ça se bingewatche en une soirée) inspirée d'une histoire vraie.
Self Made : D'après la vie de Madam C.J. Walker (Self Made: Inspired by the Life of Madam C.J. Walker) a été mise en ligne le 20 mars 2020 sur Netflix. Adaptée de la biographie On Her Own Ground d’A'Lelia Bundles, inédite en France, écrite par la petite-fille de Madam C.J. Walker, la série raconte comment une blanchisseuse née d'esclaves de plantations est devenue la première femme d'affaires afro-américaine à devenir de manière autodidacte millionnaire et voisine de Rockfeller.
Réalisée avec soin et un bon sens du récit par Kasi Lemmons, à qui l'on doit Harriet, deux fois nommé aux Oscars cette année, et DeMane Davis, la série vaut surtout par un casting impeccable, Octavia Spencer en tête, parfaite en femme déterminée, instinctive, indépendante et ambitieuse. Autour d'elle, Tiffany Haddish, en fille aussi singulière qu'effrontée, Blair Underwood en mari castré et dépassé, Carmen Ejogo en rivale moins bitch qu'elle n'en a l'air...
Sous ses allures classiques de série historique inspirée de faits réels, le film est avant tout un triple combat émancipateur. La cause féministe d'abord, puisque finalement tous les hommes à l'exception de l'avocat, sont faibles et arrogants de leur pouvoir partiarcal. Ce sont finalement les femmes qui mènent le récit jusqu'à le monopoliser complètement. Une histoire de femmes qui va jusqu'à un autre combat, la liberté individuelle. Celle d'aimer qui on veut, celle de ne pas vouloir d'enfant, ou d'adopter une héritière, celle de ne dépendre de personne, et surtout pas d'un homme. S'ajoute à ces deux causes, la lutte pour l'égalité des noirs américains - on est au début du XXe siècle, les plaies de l'esclavage et de la guerre de Sécession sont encore vives - et de la représentation de la communauté dans la société. Cela passe par la beauté blanche comme idéal, et ainsi la force des métis à peau claire, comme de la place au sein des strates de pouvoirs politiques et économiques.
L'histoire est belle, et plus que l'intrigue, assez banale, ce sont bien ces enjeux sociétaux qui font écho à notre époque contemporaine et portent la série au-delà du simple biopic autour d'une success-story où seul le fric semble être gage de réussite, et même l'unique valeur qui dicte les choix de chacun. Très américain. Heureusement, formellement, c'est allégé de dérives visuelles - autant d'illustrations des obsessions du moment - comme la comédie musicale dans le deuxième épisode ou la cabane de la plantation dans le dernier.
Ceci dit, ça ne retire rien à la réussite de Madam C.J. Walker. Outre son activité de cosmétiques (l'entreprise aura vécu 71 ans), l'entrepreneuse a été une philanthrope, défendant les droits des femmes et des Afro-Américains, finançant la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), vice-présidente de la National Equal Rights League. Elle est inscrite au National Women's Hall of Fame. Et Octavia Spencer restitue avec panache la splendeur de son caractère, même dans ses aspects les plus âpres.
Annoncé par Deadline, Down Under Cover est un buddy movie qui sera produit par Thematic Entertainment, la sociétéde Chris Hemsworth, et qui est proposé au marché du film cannois. Dans cette comédie policière proche de Rush Hour et Les Flingueuses, Chris Hemsworth incarnera un détective qui infiltre une bande de braqueurs de casinos dont la particularité est d’être une troupe de danseurs exotiques australiens.
Sans surprise, il sera contraint de faire équipe avec une Tiffany Haddish dont le personnage est solitaire et particulièrement casse-cou. Ensemble, ils devraient former un duo particulièrement détonant. Pour rappel, Chris Hemsworth n’en est pas à son coup d’essai puisqu'il a pu prouver dans Ghosbusters, Thor : Ragnarok mais également Avengers : Endgame qu’il disposait d’un sens de l’humour tout particulier. De son côté, Tiffany Haddish est devenue incontournable suite aux cartons de Girls Trip et Back to School.
Le New York Film Critics Circle n'ont pas manqué d'audace dans cette course vers les Oscars où plusieurs favoris, principalement indépendants hormis les films de Steven Spielberg et Paul Thomas Anderson, rivalisent dans les palmarès.
Ainsi Call Me By Your Name et Get Out, favori des Gotham Awards, se retrouvent cités une fois de plus, même s'ils doivent laisser la "locale" de l'étape, Greta Gerwig, remporter le prix suprême, en plus du prix de la meilleure actrice pour la favorite des Oscars, Saoirse Ronan.
La bonne nouvelle pour le cinéma français est la reconnaissance de 120 battements par minute, dont c'est le premier prix récolté aux Etats-Unis, alors que le film y fait un bide, et de Visages, Villages, le documentaire d'Agnès Varda, tout juste auréolée d'un Oscar d'honneur. Sans oublier le jeune franco-américain Timothée Chalamet qui est sacré comme acteur, le plus jeune récompensé dans l'histoire de ce palmarès.
En revanche les critiques new yorkais ont boudé The Post, principal triomphateur des National Board of Review Awards, préférant un autre film présenté à Cannes, The Florida Project.
Cela donne une couleur très "indé" au Palmarès. Mais rappelons que depuis The Artist en 2012, leur choix du meilleur film n'a jamais été transformé en Oscar du meilleur film.
Meilleur film: Lady Bird de Greta Gerwig Meilleur réalisateur: Sean Baker (The Florida Project)
Meilleure actrice:Saoirse Ronan (Lady Bird) Meilleur acteur: Timothée Chalamet (Call me by your name) Meilleur second-rôle féminin: Tiffany Haddish (Girls Trip) Meilleur second-rôle masculin: Willem Dafoe (The Florida project)
Meilleur scénario: Phantom Thread Meilleure photo: Mudbound Prix spécial pour l'ensemble de sa carrière: Molly Jaskell, ancienne critique au NY Magazine et à Village Voice