Et si on regardait… Sa dernière volonté

Posté par vincy, le 12 avril 2020

Adapté d’un roman américain, Sa dernière volonté (The Last Thing He Wanted), présenté à Sundance, est un mélange de film noir, de thriller politique et de film « complotiste ». On peut le voir sur Netflix depuis le 20 janvier.

Le film de Dee Rees (Empire, Mudbound) réunit Anne Hathaway, Ben Affleck, Rosie Perez, Edi Gathegi, Toby Jones, et Willem Dafoe. Ce méli-mélo de film noir, drame romantique et polar d'espionnage a de quoi attirer la curiosité d'un cinéphile.

Nous voici replongés dans les années 1980, sous le règne tout puissant de Reagan, en pleine campagne électorale pour sa réélection. Mais en coulisses, un scandale couve : les liens troubles entre Washington, la CIA, les trafiquants d’armes et de drogue et les rebelles anticommunistes en Amérique centrale. Auxquels se mêlent les services secrets français.

A travers une journaliste – Anne Hathaway, qui sauve toutes les faiblesses du scénario et brille dans ce rôle de journaliste flirtant avec le danger, égarée et manipulée – on va ainsi découvrir les rouages d’une odieuse politique impérialiste, cupide, opaque et immorale.

Car c’est bien son personnage qui nous happe malgré la complexité des imbroglios et liaisons dangereuses. Parfois le récit est confus, on s’y perd, un peu comme l’héroïne, entre tous ceux qui tirent les ficelles, jouent double jeu, mentent ou menacent. Cela affaiblit assurément cette histoire pourtant très romanesque. A vouloir ménager le suspens, les scénaristes ont oublié d’être pédagogue et d’instruire clairement les affaires. On ne sait plus qui fait quoi, les enjeux de chacun, au fil des péripéties.

Pourtant on capte bien le tourbillon (de boue et de sang) dans laquelle est entraînée la journaliste. On voit bien qu’elle se perd dans ce labyrinthe de jungles et de lieux faussement paradisiaques. Elle perd le contrôle de sa destinée dès lors qu’elle devient la marionnette de chacun, ne sachant plus à qui se fier, se faisant bernée. Sa dernière volonté est un portrait de femme – revenue d’un cancer et mutilée de son sein gauche, loin de sa fille, divorcée, en deuil de ses parents – à la fois combattive et résistante, passionnée et résignée, égoïste et dévouée.

Une femme qui finalement est victime de ce pouvoir patriarcal et de ces jeux entre mâles. Non pas parce qu’elle est faible, mais bien parce qu’elle les dérange en étant plus persévérante et clairvoyante. C’est à travers ses yeux qu’on voit le monde horrible, pour ne pas dire l’enfer, qui l’entoure. Que les diables soient en costume cravate ou en treillis. De toute façon, ils ont peu de considération pour ceux qui parasitent leurs ambitions et sont prêts à toutes les trahisons, même les plus fatales.

Bradley Cooper et Cate Blanchett dans le prochain Guillermo del Toro?

Posté par vincy, le 7 août 2019

Guillermo Del Toro, Lion d'or et Oscar du meilleur réalisateur pour La Forme de L'eau, a inauguré son étoile sur le Walk of Fame d'Hollywood. Mais son acyualité est plutôt du côté de son prochain film derrière la caméra. Fox Searchlight, pour l'instant rescapée de la fusion Disney-Fox, a confirmé qu'il s'agirait de Nightmare Alley.

A l'origine, Leonardo DiCaprio devait en être le rôle principal. mais la star hollywoodienne semble opter pour le nouveau film de Martin Scorsese comme prochain projet. Bradley Cooper aurait été choisi pour le remplacer selon la presse américaine. A ses côtés, Cate Blanchett est en discussions pour incarner le rôle principal féminin, qui était convoité par Toni Collette. Willem Dafoe et Richard Jenkins ont également été pressentis au générique.

Il s'agit de l'adaptation du roman de William Lindsay, traduit en France sous le titre Le Charlatan. Le roman noir avait déjà fait l'objet d'une adaptation au cinéma en 1947, réalisée par Edmund Goulding, avec Tyrone Power. Dans l'univers underground de l'industrie du divertissement des années 1940, un petit escroc pourri et une psychiatre pas très nette s'amusent à manipuler les gens pour leur extorquer leur fric. Ce qui fait leur petite fortune, jusqu'à ce que la manipulation se retourne contre l'arnaqueur.

Le tournage doit commencer d'ici quelques mois. Avant que le réalisateur ne se lance dans son Pinocchio en stop-motion pour Netflix.

Venise 2018: des valeurs sûres au palmarès

Posté par vincy, le 8 septembre 2018

Netflix repart avec le Lion d'or, et le prix du scénario. le jury a fait fi des polémiques. Au passage, le cinéma mexicain s'offre un deuxième Lion d'or consécutif puisque Guillermo del Toro (et son jury) a récompensé son ami Alfonso Cuaron pour sa fresque Roma. Dans le reste du palmarès de la compétition, on note que ce sont des artistes affirmés qui ont presque tout raflé, souvent des cinéastes estampillés cannois: Audiard à la réalisation (seul prix majeur pour un film français), les Coen, Willem Dafoe et bien sûr Lanthimos, autre grand vainqueur avec le Grand prix du jury ET le prix d'interprétation féminine pour The Favourite. L'omniprésence d'un cinéma en langue anglaise peut aussi inquiéter : Venise se transforme de plus en plus en rampe vers les Oscars, plus qu'en zone de découverte.

Seules véritables surprises: l'absence de Capri-Revolution, qui a récolté plusieurs prix chez les jurys parallèles, et les deux prix mérités pour The Nightingale, seul film réalisé par une femme dans la compétition, et qui aurait sandoute mérité un peu mieux quand même.

Compétition
Lion d'or: Roma d'Alfonso Cuaron
Grand prix du jury:The Favourite de Yorgos Lanthimos
Meilleur réalisateur: Jacques Audiard pour The Sisters Brothers
Coupe Volpi de la meilleure actrice: Olivia Colman dans The Favourite de Yorgos Lanthimos
Coupe Volpi du meilleur acteur: Willem Dafoe dans At Eternity's Gate de Julian Schnabel
Meilleur scénario: The Ballad of Buster Scruggs de Joel & Ethan Coen
Prix spécial du jury: The Nightingale de Jennifer Kent

Prix Marcello Mastroianni pour un acteur émergent
Baykali Ganmbarr dans The Nightingale de Jennifer Kent (compétition)

Prix Luigi de Laurentiis
Meilleur premier film (toutes sélections confondues): Yom Adaatou Zouli (The Day I Lost My Shadow) de Soudade Kaadan (en sélection Orizzonti)

Lion d'or d'honneur: Vanessa Redgrave et David Cronenberg

Orizzonti
Meilleur film: Kraben Rahu de Phuttipohong Aroonpheng
Meilleur réalisatrice: Emir Baigazin pour Ozen
Prix spécial du jury: Anons de Mahmut Fazil Coskun
Meilleure actrice: Natalya Kudryashova dans The Man Who surprised Everyone de Natasha Merkulova et Aleksey Chupov
Meilleur acteur: Kais Nashif dans Tel Aviv on Fire de Sameh Zoabi
Meilleur scénario: Jinpa de Pema Tseden
Meilleur court métrage: Kado d'Aditya Ahmad

Venice Virtual Reality
Meilleur VR: Spheres d'Eliza McNitt
Meilleure expérience: Buddy VR de Chuck Chae
Meilleure histoire: L'île des morts de Benjamin Nuel

Venezia Classics
Meilleur film restauré: La notte du San Lorenzo de Paolo et Vittorio Taviani
Meilleur documentaire sur le cinéma: The Great Buster: a Celebration de Peter Bogdanovich

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Les palmarès de la Gironate degli autore et de la Semaine internationale de la Critique
Tous les autres prix décernés au Festival de Venise

Venise 2018: aucun film français parmi les premiers prix décernés à la Mostra

Posté par vincy, le 8 septembre 2018

La première salve de prix (ils sont nombreux) a été remise au fil des heures à la 75e Mostra de Venise. Si le nouveau Laszlo Nemes a eu les faveurs de la critique internationale, ce sont d'autres films de la compétition qui récolte deux ou plusieurs prix tous jurys confondus. Les films de Florian Henckel von Donnersmarck et Julian Schnabel notamment, mais surtout Capri-Revolution de Mario Martone qui rafle six prix. Le cinéma italien se porte plutôt bien avec plusieurs prix pour Ricordi? et Sulla mia Pelle, distribution Netflix. La plateforme de streaming  n'a, cependant, pas fait de razzia malgré des titres forts en compétition.

L'autre vainqueur est bien entendu le film de Saeed Al Batal et Ghiath Ayoub, Still Recording, déjà deux fois récompensé à la Semaine internationale de la critique. Le film repart avec deux autres prix, dont celui de la critique internationale pour les sections parallèles, et une mention spéciale. Mais, si deux films français ont les honneurs des sections parallèles (Giornate degli autore et SIC), aucun film français, toutes sélections confondues, n'a été distingué avant le palmarès suprême.

Une chose est certaine: hormis éventuellement le Martone, aucun film n'a réellement fait l'unanimité parmi ces jurys très divers, ce qui laisse le palmarès très ouvert.

FIPRESCI Award (Critique internationale)
Napszállta (Sunset) de László Nemes
Lissa Ammetsajjel (Still Recording) de Saeed Al Batal et Ghiath Ayoub (sections parallèles)

Lionceau d'Or
Werk Ohne Author (Never Look Away) de Florian Henckel von Donnersmarck

Queer Lion Award
José de Li Cheng

UNICEF
What you gonna do when the world's on fire? de Roberto Minervini

CICT - UNESCO "Enrico Fulchignoni" Award (Conseil International du Cinema et de la Télévision)
Pepe, une vie suprême d'Emir Kusturica

Smithers Foundation Award (UNESCO et observatoire culturel de l'ONU)
A Star is Born de Bradley Cooper
Mention spéciale: The Mountain de Rick Alverso

HRNs Award (Droits de l'Homme)
A Letter to a Friend in Gaza d'Amos Gitai
Mentions spéciales: Peterloo de Mike Leigh et 1938 Diversi de Giorgio Treves

Lanterna Magica Award
Amanda de Mikhael Hers

Francesco Pasinetti Award (Syndicat national des journalistes de cinéma italiens)
Capri-Révolution de Mario Martone
Prix spécial: Sulla mia Pelle d'Alessio Cremonini pour les interprétations d'Alessandro Borghi et Jasmine Trinca

FEDIC Award (Federation italienne des cinéclubs)
Sulla mia Pelle d'Alessio Cremonini
Mentions spéciales: Ricordi? de Valerio Mieli et I Villani de Daniele De Michele

Gillo Pontecorvo Award (Institut pour le cinéma des pays latins)
Meilleur coproduction pour un premier film: The Road not taken de Tang Gaopeng

Lizzani Award – ANAC (Association nationale des auteurs pour le cinéma)
Capri-Révolution de Mario Martone

Brian Award (Athées et Agnostiques)
Sulla mia Pelle d'Alessio Cremonini

SIGNIS Award (Associations catholiques)
Roma d'Alfonso Cuarón
Mention spéciale: 22 July de Paul Greengrass

Interfilm Award for Promoting Interreligious Dialogue (Organisation interreligieuse)
Tel Aviv on Fire de Sameh Zoabi

Green Drop Award (Croix verte italienne)
At Eternity's Gate de Julian Schnabel, et pour Willem Dafoe

ARCA Cinemagiovani Award (jeunesse)
Meilleur film italien: Capri-Révolution de Mario Martone
Meilleur film: Werk Ohne Author (Never Look Away) de Florian Henckel von Donnersmarck

Sorriso diverso Award (université)
Un Giorno all'improvviso de Cirio D’Emilio

UNIMED Award (universités méditerranéennes)
A Tramway in Jerusalem d'Amos Gitai

Edipo Re Award (Université de Padoue)
Lissa Ammetsajjel (Still Recording) de Saeed Al Batal and Ghiath Ayoub

Fondazione Mimmo Rotella Award
Julian Schnabel et Willem Dafoe pour At Eternity's Gate

NuovoImaie Award (Droit des artistes)
Linda Caridi pour Ricordi? de Valerio Mieli et Giampiero De Concilio pour Un Giorno all'improvviso de Cirio D’Emilio

La Pellicola d'Oro Award
Franco Ragusa pour les effets spéciaux de Suspiria
Katia Schweiggl pour les costumes de Capri-Révolution
Prix pour l'ensemble de sa carrière: Atelier Nicolao du Stefano (costumes)

Premio Soundtrack Stars (musiques de film)
Meilleure BOF: Capri-Révolution de Mario Martone, musique de Sacha Ring et Philipp Thimm
Meilleure chanson: A Suspirium de Thom Yorke pour Suspiria de Luca Guadagnino
Mention spéciale: Judy Hill pour What You Gonna Do When the World's on Fire de Roberto Minervini

Premio Vivere da Sportivi, Fair play al cinema
What You Gonna Do When the World's on Fire de Roberto Minervini
Mentions spéciales: Zen sul Ghiaccio Sottile de Margherita Ferri et Lissa Ammetsajjel (Still Recording) de Saeed Al Batal and Ghiath Ayoub

Sfera 1932 Award
Capri-Révolution de Mario Martone

en attente: HFPA Award (Hollywood Foreign Press Association)
Casa Wabi – Mantarraya Award

200 personnalités lancent un appel contre « un cataclysme planétaire »

Posté par vincy, le 3 septembre 2018

200 personnalités ont signé l'appel publié dans Le Monde aujourd'hui lancé par Juliette Binoche et de l’astrophysicien Aurélien Barrau pour une action politique ferme et immédiate face au changement climatique. Parmi les signataires du monde entier, on retrouve Adjani, Almodovar, Baye, Boorman, Campion, Cotillard, Cronenberg, Cuaron, Dafoe, Delon, Deneuve, Faithfull, Fiennes, Frémaux, Hawke, Huppert, Jaoui, Kapoor, Marceau, Rampling, Robbins, Rossellini, Santoro, Satrapi, Scott Thomas, Sissako, Stewart, Tarr, Trintignant, Turturro, Viard, Wenders ou encore Jia Zhang-ke.

Tribune. Quelques jours après la démission de Nicolas Hulot, nous lançons cet appel : face au plus grand défi de l’histoire de l’humanité, le pouvoir politique doit agir fermement et immédiatement. Il est temps d’être sérieux.
Nous vivons un cataclysme planétaire. Réchauffement climatique, diminution drastique des espaces de vie, effondrement de la biodiversité, pollution profonde des sols, de l’eau et de l’air, déforestation rapide : tous les indicateurs sont alarmants. Au rythme actuel, dans quelques décennies, il ne restera presque plus rien. Les humains et la plupart des espèces vivantes sont en situation critique.
Il est trop tard pour que rien ne se soit passé : l’effondrement est en cours. La sixième extinction massive se déroule à une vitesse sans précédent. Mais il n’est pas trop tard pour éviter le pire.
Nous considérons donc que toute action politique qui ne ferait pas de la lutte contre ce cataclysme sa priorité concrète, annoncée et assumée, ne serait plus crédible.
Nous considérons qu’un gouvernement qui ne ferait pas du sauvetage de ce qui peut encore l’être son objectif premier et revendiqué ne saurait être pris au sérieux.
Nous proposons le choix du politique – loin des lobbys – et des mesures potentiellement impopulaires qui en résulteront.
C’est une question de survie. Elle ne peut, par essence, pas être considérée comme secondaire.
De très nombreux autres combats sont légitimes. Mais si celui-ci est perdu, aucun ne pourra plus être mené.

Isabelle Adjani, actrice ; Laure Adler, journaliste ; Pedro Almodovar, cinéaste ; Laurie Anderson, artiste ; Charles Aznavour, chanteur ; Santiago Amigorena, écrivain ; Pierre Arditi, acteur ; Niels Arestrup, acteur ; Ariane Ascaride, actrice ; Olivier Assayas, cinéaste ; Yvan Attal, acteur, cinéaste ; Josiane Balasko, actrice ; Aurélien Barrau, astrophysicien (Institut universitaire de France) ; Nathalie Baye, actrice ; Emmanuelle Béart, actrice ; Xavier Beauvois, cinéaste ; Alain Benoit, physicien (Académie des sciences) ; Jane Birkin, chanteuse, actrice ; Juliette Binoche, actrice ; Benjamin Biolay, chanteur ; Dominique Blanc, actrice ; Gilles Boeuf, biologiste ; Mathieu Boogaerts, chanteur ; John Boorman, cinéaste ; Romane Bohringer, actrice ; Carole Bouquet, actrice ; Stéphane Braunschweig, metteur en scène ; Zabou Breitman, actrice, metteuse en scène ; Nicolas Briançon, acteur, metteur en scène ; Irina Brook, metteuse en scène ; Valeria Bruni Tedeschi, actrice, cinéaste ; Florence Burgat, philosophe ; Gabriel Byrne, acteur ; Cali, chanteur ; Sophie Calle, artiste ; Jane Campion, cinéaste ; Isabelle Carré, actrice ; Emmanuel Carrère, écrivain ; Anne Carson, auteure et professeure ; Michel Cassé, astrophysicien ; Laetitia Casta, actrice ; Bernard Castaing, physicien (Académie des sciences) ; Antoine de Caunes, journaliste, cinéaste ; Alain Chamfort, chanteur ; Boris Charmatz, chorégraphe ; Christiane Chauviré, philosophe ; Jeanne Cherhal, chanteuse ; François Civil, acteur ; Hélène Cixous, écrivaine ; Isabel Coixet, cinéaste ; Françoise Combes, astrophysicienne (Collège de France) ; François Cluzet, acteur ; Gregory Colbert, photographe, cinéaste ; Bradley Cooper, acteur ; Brady Corbet, acteur ; Béatrice Copper-Royer, psychologue ; Marion Cotillard, actrice ; Denis Couvet, écologue ; Camille Cottin, actrice ; Clotilde Courau, actrice ; Franck Courchamp, écologue (Académie européenne des sciences) ; Nicole Croisille, chanteuse ; David Cronenberg, cinéaste ; Alfonso Cuaro, cinéaste ; Willem Dafoe, acteur ; Philippe Decouflé, chorégraphe ; Sébastien Delage, musicien ; Vincent Delerm, chanteur ; Alain Delon, acteur ; Catherine Deneuve, actrice ; Lire le reste de cet article »

Berin 2018: jury, honneur, hommages et ultimes films sélectionnés

Posté par vincy, le 6 février 2018

Le jury international au complet
Le Président du jury, le cinéaste Tom Tykwer, sera entouré de l'actrice belge Cécile de France, l'ancien directeur de la cinémathèque espagnole et photographe Chema Preado, la productrice américaine Adele Romanski, le compositeur et musicien japonais Ryuichi Sakamoto et la critique de cinéma américaine Stephanie Zacharek.

Deux films en sélection officielle
Le film norvégien Utoya 22. juli (U- July 22) de Erik Poppe se rajoute à la compétition berlinoise qui comprend désormais 19 titres. Le documentaire Songwriter de Murray Cimmungs, sur le chanteur britannique Ed Sheeran, sera présenté en Berlinale Special Gala.

Un Ours d'or d'honneur
Willem Dafoe, nommé cette année à l'Oscar du meilleur second-rôle masculin pour The Florida Project, recevra un Ours d'or d'honneur en plus d'un hommage, qui sera accompagné de la projection du film de Daniel Nettheim, The Hunter (2011). Une rétrospective de 10 films, signés William Friedkin, Oliver Stone, Abel Ferrara, Wes Anderson, Alan Parker, Lars von Trier ou encore Martin Scorsese sera organisée dans le cadre du festival. En dehors d'un Prix Donostia à Saint-Sebastian et d'un prix spécial à Locarno, l'acteur n'a jamais reçu de récompenses majeures en près de 40 ans de carrière.

Trois Berlinale Camera
Les trois prix honorifiques du Festival de Berlin seront décernés cette année à Beki Pobst, Président du European Film Market (le marché du film du festival) de 1988 à 2014 ; à Katriel Schory, producteur (Belfilms) et directeur exécutif du Israel Film Fund (le CNC israélien) depuis 1999 ; et à Jiri Menzel, réalisateur et acteur tchèque, Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1966 et Ours d'or en 1990.

Lady Bird grand vainqueur des National Society of Film Critics

Posté par vincy, le 7 janvier 2018

Le National Society of Film Critics a choisi Lady Bird de Greta Gerwig comme meilleur film, mais aussi comme meilleur réalisation, meilleur scénario et meilleur second-rôle féminin pour Laurie Metcalf. Une belle razzia. Si le palmarès historique de cette association de critiques a rarement été en phase avec les Oscars (4 "matchs" entre 1980 et 2010), soulignons que ces deux dernières années ils ont touché juste en récompensant Spotlight et Moonlight.

Il ne reste donc que quelques miettes pour les autres films. Daniel Kaluuya (Get Out) reçoit le prix du meilleur acteur, Sally Hawkins (La forme de l'eau) comme meilleure actrice et Willem Dafoe (The Florida Project) comme meilleur second-rôle masculin.

Les critiques de la NSF ont récompensé le documentaire d'Agnès Varda et JR, Visages Villages, Roger Deakins pour l'image de Blade Runner 2049 et le film roumain de Cristian Mungiu Baccalauréat pour le film étranger. Le documentaire de Ben Russell Good Luck a été distingué comme film expérimental.

Call me by your name et The Shape of Water plébiscités par les critiques de L.A.

Posté par vincy, le 4 décembre 2017

Les critiques de Los Angeles ont ignoré Lady Bird, favori de ceux de New York, The Post, élu par le National Board of Review, et confirmé le choix des Gotham Awards, en plébiscitant Call Me By Your Name qui hérite de trois grands prix.

Mais la Los Angeles Film Critics Association a aussi invité The Shape of Water, Lion d'or à Venise, dans les films oscarisables. Jusque là le film de Guillermo del Toro n'avait pas été récompensé dans les premiers palmarès de l'année. Là il ramasse trois prix. Finalement, les Golden Globes joueront sans doute les arbitres, tout comme les palmarès des guildes. Une chose est certaine: il y a des favoris qui se détachent -  notamment Willem Dafoe qui fait un grand chelem en second-rôle masculin, Visages, Villages, le documentaire d'Agnès Varda, et 120 battements par minute - parmi lesquels le jeune Timothée Chalamet, primé aux Gotham, à New York et à Los Angeles, alors que Gary Oldman semblait favori pour l'Oscar du meilleur acteur.

Toute la question est de savoir si les votants aux Oscars récompenseront de nouveau un film indépendant, dont le sujet est une fois de plus une histoire d'amour entre deux hommes (comme Moonlight l'an dernier). Les critiques de Los Angeles ont rarement choisi l'Oscar du meilleur film, même s'ils ne se sont pas trompés depuis deux ans avec Spotlight et Moonlight. La compétition est ouverte...

Meilleur film: Call me by your name (finaliste: The Florida Project)
Meilleur réalisateur: Guillermo del Toro (The Shape of Water) et Luca Guadagnino (Call Me by Your Name)

Meilleure actrice: Sally Hawkins (The Shape of Water); finaliste: Frances McDormand (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri)
Meilleur acteur: Timothée Chalamet (Call me by your name) ; finaliste James Franco (The Disaster Artist)
Meilleur second-rôle féminin: Laurie Metcalf (Lady Bird); finaliste: Mary J. Blige (Mudbound)
Meilleur second-rôle masculin: Willem Dafoe (The Florida Project); finaliste: Sam Rockwell (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri)

Meilleur film d'animation: Parvana, une enfance en Afghanistan de Nora Twomey (finaliste: Coco de Lee Unkrich et Adrian Molina)
Meilleur documentaire: Visages, villages d'Agnès Varda et JR (finaliste: Jane de Brett Morgen)
Meilleur film en langue étrangère: 120 battements par minute de Robin Campillo et Faute d'amour de Andrey Zvyagintsev

Meilleur scénario: Get Out (finaliste: Three Billboards Outside Ebbing, Missouri)
Meilleure image: The Shape of Water (finaliste: Blade Runner 2049)
Meilleure musique: Phantom Thread (finaliste: The Shape of Water)
Meilleurs décors: Blade Runner 2049 (finaliste: The Shape of Water)
Meilleur montage: Dunkerque (finaliste: I, Tanya)

Les critiques de New York couronnent Lady Bird, Timothée Chalamet, 120 BPM et Visages, Villages

Posté par vincy, le 30 novembre 2017

Le New York Film Critics Circle n'ont pas manqué d'audace dans cette course vers les Oscars où plusieurs favoris, principalement indépendants hormis les films de Steven Spielberg et Paul Thomas Anderson, rivalisent dans les palmarès.

Ainsi Call Me By Your Name et Get Out, favori des Gotham Awards, se retrouvent cités une fois de plus, même s'ils doivent laisser la "locale" de l'étape, Greta Gerwig, remporter le prix suprême, en plus du prix de la meilleure actrice pour la favorite des Oscars, Saoirse Ronan.

La bonne nouvelle pour le cinéma français est la reconnaissance de 120 battements par minute, dont c'est le premier prix récolté aux Etats-Unis, alors que le film y fait un bide, et de Visages, Villages, le documentaire d'Agnès Varda, tout juste auréolée d'un Oscar d'honneur. Sans oublier le jeune franco-américain Timothée Chalamet qui est sacré comme acteur, le plus jeune récompensé dans l'histoire de ce palmarès.

En revanche les critiques new yorkais ont boudé The Post, principal triomphateur des National Board of Review Awards, préférant un autre film présenté à Cannes, The Florida Project.

Cela donne une couleur très "indé" au Palmarès. Mais rappelons que depuis The Artist en 2012, leur choix du meilleur film n'a jamais été transformé en Oscar du meilleur film.

Meilleur film: Lady Bird de Greta Gerwig
Meilleur réalisateur: Sean Baker (The Florida Project)

Meilleure actrice: Saoirse Ronan (Lady Bird)
Meilleur acteur: Timothée Chalamet (Call me by your name)
Meilleur second-rôle féminin: Tiffany Haddish (Girls Trip)
Meilleur second-rôle masculin: Willem Dafoe (The Florida project)

Meilleur film en langue étrangère: 120 battements par minute
Meilleur premier film: Get Out
Meilleur film d'animation: Coco
Meilleur documentaire: Visages, Villages

Meilleur scénario: Phantom Thread
Meilleure photo: Mudbound
Prix spécial pour l'ensemble de sa carrière: Molly Jaskell, ancienne critique au NY Magazine et à Village Voice

3 raisons d’aller voir Seven Sisters

Posté par vincy, le 30 août 2017

En 2073, la Terre est surpeuplée, aussi le gouvernement décide d’instaurer une politique d’enfant unique, appliquée de main de fer par le Bureau d’Allocation des Naissances, sous l’égide de Nicolette Cayman. Confronté à la naissance de septuplées, Terrence Settman décide de garder secrète l’existence de ses 7 petites-filles. Confinées dans leur appartement, prénommées d’un jour de la semaine, elles devront chacune leur tour partager une identité unique à l’extérieur, simulant l’existence d’une seule personne : Karen Settman. Si le secret demeure intact des années durant, tout s’effondre le jour où Lundi disparait mystérieusement…

Un scénario qui aime surprendre. La première chose qui frappe le spectateur, c'est l'inventivité du pitch. Cette dystopie cauchemardesque n'est que le cadre d'un formidable film "choral" où sept femmes/sœurs jumelles très différentes par leur personnalité doivent faire face à la disparition de l'une d'entre elles, puis d'une deuxième, d'une troisième... Ce qui vaut de multiples interrogations, pistes tortueuses, et surtout une flopée de rebondissements et de surprises. On ne s'ennuie jamais car Seven Sisters veut déstabiliser le spectateur avec une série d'incertitudes. Ajoutons à cela un environnement despotique et cruel, fascisant pour tout dire, et l'histoire devient vite passionnante. Seule l'issue, un double duel (Glenn Close contre Noomi Rapace et un autre qu'on ne divulguera pas) résoudra ce récit où même les héroïnes meurent. Ce qui est assez rare et d'autant plus trippant.

Une actrice qui aime étonner. Les sept sœurs sont toutes incarnées par Noomi Rapace. Depuis Millénium, on sait l'actrice très à l'aise dans les genres (thrillers, action, SF, ...). Pas étonnant alors de la voir faire des cascades improbables, se battre à poings nus ou à coup de portes de frigo, tirer avec un flingue sans être ridicule. Seven Sisters lui permet également de montrer l'étendue de son registre en interprétant sept femmes aux personnalités et looks très différents. Un cadeau pour une comédienne, rendu possible grâce à la magie des effets spéciaux. Cette multiplicité lui offre l'occasion d'occuper l'écran de bout en bout. Charismatique et crédible, Noomi Rapace a trouvé ici sans aucun doute le film qui correspond le mieux à son talent: une femme forte, émancipée, indépendante et résistante.

Un thriller-SF comme on aime. Un scénario sans temps morts et une actrice idoine ne suffisent pas à faire un bon film. Tommy Wirkola, jusque là réputé pour ses films de zombies (Dead Snow) et son ratage fantasy (Hansel et Gretel), a, semble-t-il, été bien plus inspiré par ce thriller futuriste. Il maîtrise parfaitement les méandres du script, réussit la composition des séquences avec sa comédienne démultipliée et surtout, à quelques rares exceptions, ne s'égare jamais dans les scènes d'action, en faisant au plus sobre quant à l'unité de temps et de lieu. Le découpage n'est pas frénétique et le rythme reste pourtant soutenu. Alternant explications qui font avancer le récit, présentation psychologique des personnages, et poursuites/combats/meurtres, le cinéaste réalise un divertissement "à l'ancienne" de haute volée où le spectateur n'est jamais pris pour un décérébré.