9 visages à ne pas manquer en 2018: Alden Ehrenreich

Posté par wyzman, le 24 décembre 2017

A 28 ans, Alden Ehrenreich a ce qu'on appelle communément une carrière cinématographique atypique. Élevé en Californie auprès d'un père comptable et d'une mère décoratrice d'intérieur, Alden Ehrenreich dispose d'origines autrichiennes, hongroises, russes et polonaises. Passionné de théâtre, ses rêves le mèneront à l'Université de New York... où il n'achèvera pas ses études ! Mais coup de bol, Steven Spielberg le repère lors d'une bar mitsva, alors qu'il fait le pitre avec la fille de celui-ci dans une vidéo diffusée pour l'occasion.

Par la suite, les choses s'enchaînent assez rapidement. Steven Spielberg lui trouve un agent qui lui-même lui décroche des rôles dans Supernatural et Les Experts. Le bouche-à-oreille faisant effet, les Coppola se jettent sur lui. Francis Ford le fait jouer dans Tetro puis Twixt tandis que Sofia lui offre un petit rôle dans Somewhere. Les millenials se souviennent de lui à cause de son rôle dans Sublimes créatures tandis que les fans de Woody Allen le voient en éternel beau-fils de Cate Blanchett dans Blue Jasmine. Et malgré la pluie d'éloges et de nominations pour sa participation en acteur plouc dans Ave, César ! c'est bien 2018 qui devrait marquer un tournant dans sa carrière.

En effet, le garçon tient le rôle-titre de Solo : A Star Wars Story, le prochain coup d'éclat de l'ultime usine à rêves qu'est devenu Disney. Si le casting compte en son sein Donald Glover (Atlanta), Emilia Clarke (Game of Thrones), Woody Harrelson (Hunger Games) et Thandie Newton (Westworld), c'est bien sur les épaules d'Alden que reposent tous les espoirs. Car après le carton extraordinaire du Réveil de la Force, le succès critique de Rogue One et le sursaut créatif des Derniers Jedi, Disney veut continuer son sans-faute. Et pour être sûre que tout se passe sur des roulettes, la production a rapidement engagé un coach pour parfaire le jeu d'Alden, encore un peu trop théâtral pour le personnage... Verdict le 23 mai 2018 !

2017 dans le rétro : 10 courts métrages français qui ont marqué l’année

Posté par MpM, le 24 décembre 2017

Après avoir fait un tour d’horizon des films plébiscités en festival, il est temps de se mouiller en proposant une liste forcément subjective des autres courts métrages qu’il fallait absolument voir cette année. Pour commencer, voici donc les dix (autres) films français qui ont marqué 2017 !

After school knife fight de Caroline Poggi et Jonathan Vinel


Chronique adolescente stylisée et élégante, After school knife fight est un film au romantisme fou qui explore ce moment bref où notre monde intime est sur le point de basculer. Pour la bande d'amis au centre du récit, c'est déjà la fin d'une époque, dont chacun a conscience à sa façon. Caroline Poggi et Jonathan Vinel captent à la fois l'exaltation radicale de la jeunesse, et la nostalgie anticipée de ce qui n'est pas encore passé.

Les bigorneaux d'Alice Vial


Magnifique portrait de femme, entre rires et larmes, dérision et réalité sombre, Les bigorneaux est un film doux amer sur la nécessité de prendre son envol. On est désarmé par la sensibilité de la narration, qui nous cueille par surprise, et évoque avec pudeur la question de la féminité comme des liens filiaux.

Chose mentale de William Laboury


En 2016, William Laboury était en compétition à Clermont Ferrand avec Fais le mort et Hotaru, qui ont tous deux remportés un prix. Cette année, il propose une œuvre complexe et envoûtante qui transcende en même temps le motif du huis clos inquiétant, celui du glissement vers le fantastique et les codes de la comédie romantique. Coup de foudre.

Des hommes à la mer de Lorris Coulon



L’un des plus beaux films français vus cette année se déroule dans un bateau de pêche où cohabitent quelques marins venus d’horizons différents. Le hasard fait basculer ce qui ressemblait à un regard quasi documentaire sur un univers âpre et rude vers un film de piraterie qui fait l’éloge des chemins de traverse et de la liberté. C’est une contagieuse invitation au voyage et au lâcher-prise que lancent les personnages au spectateur. Non seulement Lorris Coulon propose un film singulier et envoûtant d’une grande beauté formelle, mais ce faisant il aborde à sa manière les réalités sociales, économiques et humaines d’un monde ultra-globalisé.

Diamenteurs de Chloé Mazlo

Chloé Mazlo (César du meilleur court métrage en 2015 avec Les petits cailloux) est de retour avec une oeuvre hybride captivante qui utilise un matériau intime pour raconter un conte apparemment anodin aux accents pourtant universels. Il s'agit en effet de dresser un parallèle sidérant entre le processus qui transforme un diamant brut en pierre ultra formatée, et celui qui fait de même avec les êtres humains. Avec le ton décalé qui est le sien, puisant dans ses images familiales, la réalisatrice nous livre du monde une vision singulière qui est d'autant plus sidérante qu'elle est aussi cruelle que juste.

Les enfants partent à l'aube de Manon Coubia

Une oeuvre forte et puissante, tout en retenue, qui porte un regard sensible sur la relation complexe, ténue et intime, entre une mère et son fils devenu chasseur alpin, peut-être sur le point de partir au combat. A travers cette dernière journée qu'ils passent ensemble, on devine l'inévitable douleur de la séparation à laquelle doit s'ajouter l'angoisse de la disparition.

(Fool time) job de Gilles Cuvelier

Gilles Cuvelier propose une fable clinique et désespérée sur un homme contraint d'accepter un travail terrifiant pour nourrir sa famille. Sa mise en scène ultra précise et son sens aigu de l'ellipse permettent d'avancer implacablement vers un trouble de plus en plus palpable. L'épure du récit, le choix du noir et blanc et l'actualité brûlante du contexte social du film lui confèrent une dimension quasi prophétique qui n'en est que plus glaçante.

Hédi et Sarah de Yohan Manca


À quel moment une histoire d’amour bascule-t-elle dans l’obsession malsaine ? Construit en deux volets, qui adoptent chacun le point de vue d’un des personnages, le film explore le mécanisme et les conséquences de ce qui, d'un amour déçu, se mue en harcèlement violent. Entre cet homme qui se transforme en bourreau, et cette femme qui refuse de se vivre en victime, se joue alors une tragédie vibrante, portée par deux comédiens exceptionnels, Judith Chemla et Thomas Scimeca.

Orogenesis de Boris Labbé

Orogenesis fait de nous les témoins de la genèse du monde en reproduisant à l'écran le processus supposé de la création des montagnes. On est tout simplement fasciné, incapable de détacher nos yeux de ces mouvements incessants des plaques qui s'étendent et se contractent dans une transe hallucinatoire. Le son, magnifiquement travaillé par Daniele Ghisi, apporte une résonance physique quasi intime à ce qui n'est rien moins que le dévoilement (bouleversant) de nos origines à tous.

Le visage de Salvatore Lista


C’est l’histoire d’une fascination. Celle d’un homme pour une femme rencontrée par hasard, mais aussi celle du réalisateur pour une actrice, puis peu à peu celle du spectateur pour un personnage. On ne peut s’empêcher de penser que ce film n’aurait pu exister sans Solene Rigot, qui est de tous les plans, et se livre à la caméra en un abandon sacrificiel. On est tout aussi captivé par les contours de cette fascination que par celle qui l’exerce si mystérieusement. Comme s’il fallait se dépêcher de capter cet indescriptible aura avant qu’il ne disparaisse.

Les Arcs 2017 couronne Lean on Pete de Andrew Haigh

Posté par MpM, le 23 décembre 2017

C'est Lean on Pete, le nouveau film d'Andrew Haigh, déjà acclamé pour 45 ans en 2015 et Week-end en 2011, qui a triomphé au 9e festival de cinéma européen des Arcs.  Basé sur un roman de Willy Vlautin, il raconte l'histoire de Charley, un adolescent de quinze ans, qui se prend de passion pour Lean on Pete, un cheval de course appartenant à son employeur.

Andrew Haigh poursuit dans la veine du récit intimiste qui a fait son succès, mais le situe dans les vastes paysages de l'Ouest des Etats-Unis qui lui apportent une certaine ampleur. Si la trajectoire du personnage principal a des accents déchirants, la construction de l'histoire elle-même laisse grandement à désirer. On a l'impression d'un film qui voudrait aborder tous les sujets et tous les styles à la fois, multipliant les rebondissements dramatiques plus ou moins convenus, et les digressions inutiles. Lean on Pete mélange ainsi road movie traditionnel, portrait d'un pays au fil des rencontres archétypales du personnage (les vétérans, les laissés pour compte...),  film initiatique et même mélodrame. Cela fait beaucoup pour un seul film, qui paraît de ce fait très long et un peu indigeste, malgré quelques beaux passages.

Le jury, présidé par la réalisatrice française Céline Sciamma et composé de la comédienne belge Natacha Régnier, du réalisateur hongrois László Nemes, du compositeur russe Evgueni Galperine, de la comédienne française Clotilde Courau, de la réalisatrice franco-lituanienne Alanté Kavaïté et de l'acteur et réalisateur franco-tunisien Sami Bouajila, n'en a toutefois pas jugé ainsi, et remet quatre prix (sur six) au film : Flèche de Cristal, Prix d'interprétation masculine (Andrew Plummer), meilleure musique originale (James Edward Baker) et meilleure photographie (Magnus Nordenhof Jonck). Il a également choisi de récompenser Nico, 1988 de Susanna Nicchiarelli (Grand prix du jury) et Mademoiselle Paradis de Barbara Albert (Prix d’interprétation féminine pour Maria-Victoria Dragus).

A noter que deux autres films ont tiré leur épingle de la compétition : La Mauvaise Réputation de Iram Haq, prix du public et mention spéciale du jury jeune, ainsi que The Captain- L’Usurpateur, de Robert Schwentke qui reçoit le prix du jury jeunes, le Prix 20 Minutes d’Audace et une mention décernée par le jury de la presse.

Enfin, côté courts métrages, c'est un de nous chouchous de 2017 qui a séduit le jury présidé par le réalisateur Rémi Bezançon, et composé de la comédienne Frédérique Bel, le réalisateur Nicolas Bary, la comédienne Alysson Paradis, le réalisateur Morgan Simon, le comédien Swann Arlaud, et le programmateur Laurent Guerrier : le très beau Los Desheredados de la réalisatrice espagnole Laura Ferrès.

Le palmarès complet

Flèche de Cristal
Lean on Pete de Andrew Haigh

Grand Prix du Jury
Nico, 1988 de Susanna Nicchiarelli

Prix d’interprétation féminine
Maria-Victoria Dragus dans Mademoiselle Paradis de Barbara Albert

Prix d’interprétation masculine
Andrew Plummer dans Lean on Pete de Andrew Haigh.

Prix de la meilleure musique originale
James Edward Baker pour Lean on Pete de Andrew Haigh.

Prix de la meilleure photographie
Magnus Nordenhof Jonck pour Lean on Pete de Andrew Haigh

Prix du Public
La Mauvaise Réputation de Iram Haq

Prix de la Presse
Arrhythmia de Boris Khlebnikov.
Mention spéciale pour The Captain- L’Usurpateur, de Robert Schwentke

Prix 20 Minutes d’Audace
The Captain - L’Usurpateur de Robert Schwentke

Prix Cineuropa
Sonate pour Roos de Boudewijn Koole

Prix du Meilleur court-métrage
Los Desheredados de Laura Ferrès
Mention spéciale pour Koropa de Laura Henno.

Prix du Jury Jeune
The Captain - L’Usurpateur de Robert Schwentke
Mention spéciale pour La Mauvaise Réputation d’Iram Haq.

9 visages à ne pas manquer en 2018: Florence Pugh

Posté par vincy, le 23 décembre 2017

Florence Pugh. 22 ans le 3 janvier. L'actrice britannique a grandi en Andalousie, avec toute sa famille, dont le musicien Toby Sebastian, son grand frère, qu'on a pu voir aussi dans Game of Thrones. La comédienne a connu sa vocation très tôt, à l'âge de 7 ans. depuis, elle chante, danse, joue de la guitare et la comédie. Enfin plutôt le drame. Elle aime le danger. Elle avoue être exigente sur les personnages qu'elle choisit.

Révélée dans The Falling il y a trois ans, elle a été l'une des sensations de l'année passée avec The Young Lady (Lady Macbeth), qui lui a valu le prix de la meilleure actrice aux British Independent Film Awards.

Elle a ensuite enchaîné cinq tournages: The Passenger de Jaume Collet-Serra, avec Liam Neeson et Vera Farmiga, en salles le 24 janvier, Fighting with My Family de Stephen Merchant, avec Dwayne Johnson et Vince Vaughn, Outlaw King de David Mackenzie, avec Chris Pine et Aaron Taylor-Johnson, Hush de Olaf de Fleur Johannesson, et le téléfilm Le Roi Lear, avec Anthony Hopkins et Emma Thompson, où elle sera Cordelia.

2017 dans le rétro : une année plutôt animée

Posté par MpM, le 23 décembre 2017

Après une année enchantée en 2016, où l'on avait pu découvrir à la fois Ma vie de courgette, La tortue rouge, Louise en hiver ou encore Tout en haut du monde, le cinéma d’animation semble avoir moins brillé en 2017. Pourtant, cela ne signifie pas qu’il ait été moins présent en salles, puisqu’on compte tout de même une soixantaine de sorties de films ou programmes d'animation, ce qui fait plus d'un par semaine.

Suites et reboots


Les suites, reboots et autres déclinaisons de franchises étaient comme c’est de plus en plus souvent le cas à l’honneur, avec notamment Cars 3, Paddington 2, Moi, moche et méchant 3, Opération casse-noisettes 2, Les Schtroumpfs et le village perdu, LEGO Ninjago et LEGO Batman, My Little Pony, Bob Le bricoleur : Megamachines, Pokémon, le film : Je te choisis, Yo-Kai Watch, le film... Des œuvres clairement à destination des enfants / pré-adolescents et dont le principal objectif est de capitaliser sur leurs acquis.

Très jeune public


L'autre grande tendance sont les programmes (souvent collectifs) de courts métrages à destination d'un très jeune public, comme À deux, c'est mieux !, Le Voyage en ballon, La Ronde des couleurs, Au Fil des saisons, Mr Chat et les Shammies, La Fontaine fait son cinéma, Des trésors plein ma poche, Les P'tits explorateurs, A la découverte du monde, Polichinelle et les contes merveilleux, Myrtille et la lettre au Père Noël... De quoi initier les plus jeunes en douceur à l'expérience du cinéma.

Animation française


Côté animation française, on ne peut pas dire que l’année ait été mauvaise. On retiendra bien sûr Benjamin Renner et son merveilleux Grand méchant renard qui a enchanté un large public, sans distinction d'âge, mais aussi le très beau programme de courts Le vent dans les roseaux, qui faisait la part belle à la liberté et à la résistance. Citons également le "blockbuster" Zombillénium d'Arthur de Pins et Alexis Ducord, tonitruante adaptation de la série BD à succès, Ernest et Célestine en hiver de Julien Chheng et Jean-Christophe Roger (4 épisodes de la série télévisée Ernest et Célestine, la collection), La cabane à histoires de Célia Rivière, Les As de la Jungle de David Alaux, adaptation sous forme de long métrage de la série télévisée du même nom ou encore Drôles de petites bêtes d'Arnaud Bouron et Antoon Krings (également adapté d'un succès d'édition qui bénéficiait déjà d'une série télévisée).

Les révélations d'Annecy


À l’international, trois films primés à Annecy ont fait parler d’eux : Lou et l’île aux sirènes de Masaaki Yuasa (cristal du long métrage), qui raconte l'amitié hors normes entre un collégien solitaire et une sirène ; Dans un recoin du monde de Sunao Katabuchi (prix du jury), portrait d'une jeune femme rêveuse confrontée à la guerre et à la tragédie d'Hiroshima, et La passion Van Gogh de Dorota Kobiela et Hugh Welchman (prix du public) dont la principale prouesse est de donner vie à la peinture de Van Gogh, bien que cela soit au service d’un scénario raté.

Disney et compagnie


On notera aussi Coco, le Disney de l’année, qui nous emmène au royaume des morts, et Ferdinand (Fox) sur un taureau bien décidé à retrouver son village natal. La Grande Bretagne a elle livré Un conte peut en cacher en autre de Jakob Schuh et Jan Lachauer, l’un des rares longs métrages en stop motion de l’année, qui se moque des contes de fées de notre enfance. Mentionnons enfin deux adaptations de livres pour enfants qui jouent la carte de la comédie mal dégrossie et à moitié à poil : Baby boss de Tom McGrath et Capitaine Superslip de David Soren.

Animation pour adultes

psiconautas

Bien que l’animation soit toujours considérée comme un genre à part, réservé aux plus jeunes, quelques films clairement destinés à un public adulte ont eux-aussi eu les honneurs de la salle, à commencer par le nouvel opus de Bill Plympton, La vengeresse, co-réalisé par Jim Lujan. On pense également à Psiconautas d’Alberto Vasquez, cruel conte post-apocalyptique sur un monde en décomposition, et à Téhéran Tabou d’Ali Soozandeh, regard sans fard sur les contradictions de la société iranienne, surtout pour tout ce qui touche à la sexualité. Des œuvres puissantes qui utilisent l’animation à la fois comme un formidable vecteur de liberté et de créativité, et comme une manière de transcender la réalité qu’elles dépeignent.

Films du patrimoine


Enfin, il faut souligner le travail accompli par certains distributeurs dans le domaine du cinéma de patrimoine. On a ainsi pu (re)découvrir des joyaux du cinéma d’animation tchèque avec les programmes Quel cirque (Bretislav Pojar, Zdenek Ostrcil, Karel Zeman) et Les nouvelles aventures de Ferda la fourmi d’Hermina Tyrlova, qui brillebt tous deux par la délicatesse de l’animation (marionnettes et animation à plat), la virtuosité des mouvements et l'onirisme du récit. On a aussi pu revoir La ferme des animaux, d’après George Orwell, Brisby et le secret de Nimh, sans oublier le duo star des studios Aardman : Wallace et Gromit, de retour avec le programme Cœurs à modeler comportant un inédit : Un sacré pétrin, et réservant un festival de prouesses visuelles, de références cinématographiques et de gags aussi drôles au second degré qu’au premier.

Un bref panorama des sorties 2017 met ainsi en lumière l'éclectisme et la richesse du cinéma d'animation proposé sur grand écran. Si les plus films les plus médiatisés occupent beaucoup le terrain (et les salles), ils ne dissimulent heureusement qu'à moitié une offre pléthorique, contrastée, et adaptée à tous les publics. Visuellement comme thématiquement, c'est une explosion de propositions parfois audacieuses et d'expérimentations singulières, qui côtoient des œuvres plus balisées qui tentent de se renouveler, ou au contraire se contentent d'appliquer toujours les mêmes recettes. Sans réelle surprise, le cinéma d'animation est à ce titre exactement au même niveau que le cinéma en prise de vues réelles : pris en étau entre des créatifs qui osent, des faiseurs qui reproduisent, et des grands financiers qui comptent. L'essentiel étant que le spectateur, lui, ait toujours le choix.

9 visages à ne pas manquer en 2018: Daniel Kaluuya

Posté par wyzman, le 22 décembre 2017

Fils d'immigrés ougandais, Daniel Kaluuya est ce que l'on pourrait appeler un pur produit anglais. Qu'il s'agisse de son accent, de son style ou des choix de carrière, l'acteur de 28 ans a toujours été classe et et cohérent. A 28 ans et malgré les yeux doux que lui font Hollywood (surtout ces temps-ci), il réside aujourd'hui encore à Londres, avec celle qui partage sa vie.

Et ça, le public britannique aime beaucoup, lui qui l'a vu grandir au fil de ses apparitions télévisées. Les plus jeunes l'ont ainsi découvert dans le teen show trash mais incontournable Skins avant de le retrouver dans Doctor Who, FM, Psychoville, Harry and Paul et enfin The Fades. La plupart des programmes dans lesquels il a joué ont eu du mal à traverser la Manche mais l'amour que lui portent les Anglais en a rapidement fait un acteur à suivre. En 2011, son passage dans la série d'anthologie Black Mirror lui a ouvert de nombreuses portes. Après avoir cartonné sur les planches avec Sucker Punch, il a fait un malheur dans Johnny English Reborn et décroché de petits rôles dans Kick-Ass 2 et Sicario. Mais c'est bien évidemment le phénomène Get Out qui lui permet cette année de rêver d'un Oscar du meilleur acteur.

Dès le 3 janvier 2018, il recevra le Creative Impact Award du Palm Springs Film Festival pour son rôle dans Get Out. Nommé aux Golden Globes, SAG Awards, Critics' Choice Awards, Independent Spirit Awards et NAACP Image Awards, l'acteur devra composer avec son concurrent direct, la révélation de Call Me By Your Name, Timothée Chalamet, et son compatriote Gary Oldman (Les heures sombres). Et s'il ne remporte pas tous ces prix, il pourra se satisfaire d'un énorme carton au box-office mondial. Le 14 février, il sera ainsi à l'affiche de Black Panther, l'un des Marvel les plus ambitieux et attendus.

2017 dans le rétro : le cinéma de genre en quête de plus de visibilité

Posté par kristofy, le 22 décembre 2017

C’était quoi le cinéma de genre en 2017 ?

On avait déjà fait la remarque : où sont les films français avec des serial-killers masqués, des poursuites de voitures, des bagarres de kung-fu, des zombies affamés, des aliens envahisseurs...  Où sont les films de genre français ? Ils n’arrivent plus à être produits, et quand c’est le cas, ils ne parviennent pas à être distribués correctement dans les salles de cinéma. Ce genre de films, ça marche quand c’est américain… Cette vision de films américains ultra-rentables versus films français mal-aimés est toujours malheureusement d’actualité. Toutefois, 2017 marque un glissement vers une nouvelle reconnaissance du cinéma de genre.

Cette année le Genre a trouvé 2 fois un nouveau point G avec les films Grave et Get out qui ont réussi à surprendre, interpeller, choquer, et même faire l’actualité dans des médias généralistes autres que cinéma.

Ici le personnage principal est féminin pour Grave et il est noir dans Get out, soit une mise en avant de protagonistes qui étaient plutôt auparavant des victimes dans les films d’horreur… Le cinéma de genre est guidé par des codes à respecter, à détourner, à re-interpréter. C’est l’autre point commun entre ces deux films. "Le fantastique ou le paranormal contaminent peu à peu l'intrigue sans l'absorber tout à fait" comme on l'écrivait dans notre critique de Grave. Dans ces deux films, les codes du genre sont infusés dans du drame avec un peu d’humour et différents niveaux de lecture. Ici, une mise en perspectives de questionnements plus large à propos du racisme avec Get out et du déterminisme avec Grave. De plus, autant pour Jordan Peele que pour Julia Ducournau, il s’agit de leur premier long-métrage derrière la caméra, et leurs films ont fait le tour du monde avec succès : bravo !

Pour ce qui est des films américains ultra-rentables, les multiplexes ont bien profité des ventes de pop-corn grâce aux cartes illimitées avec ces différentes suites (inutiles ?): Resident Evil: Chapitre Final de Paul W.S. Anderson, Le Cercle: Rings de F. Javier Gutiérrez, Underworld: Blood Wars de Anna Foerster, Annabelle 2: la Création du Mal de David F. Sandberg, Jigsaw de Michael Spierig… Dans la même lignée de ‘faire du neuf avec du vieux’ il a fallu subir deux ratages Alien: Covenant de Ridley Scott et La Momie avec Tom Cruise (deux déceptions au box-office), et essayer de se réjouir de Ça de Andy Muschietti, énorme carton pour une vraie déception cinématographique, et de Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve, qui aura davantage séduit pour son formalisme que pour son ambition.

blade runner

On remarquera que les films de type space-opéra conçu pour sortir sur tout les écrans de tout les pays de toutes planètes ont connu diverses aventures : Les Gardiens de la Galaxie 2 de James Gunn est moins bon que le premier, mais un numéro 3 est de toute façon prévu; Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson avait l’ambition de démarrer une trilogie, mais son relatif échec ne devrait pas initier une suite; et enfin le 8ème Star Wars: Les Derniers Jedi (mais 9ème film de la saga après Rogue One) ne va pas dépasser les records de recettes du Réveil de la Force, mais cela n'a aucune importance puisque désormais Disney programme un nouveau Star Wars pour chaque année jusqu’à la fin du monde.

Le cinéma de genre s’est renouvelé durant cette année 2017 avec des films comme l'enthousiasmant Split de M. Night Shyamalan (qui signe son grand retour), The Jane Doe identity de André Øvredal, It comes at night de Trey Edward Shults, et (en étant indulgent) Happy Birthdead de Christopher Landon pour les Etats-Unis. Ailleurs : en Angleterre The Last Girl-Celle qui a tous les dons de Colm McCarthy, en Australie Love Hunters de Ben Young, en Italie On l’appelle Jeeg Robot de Gabriele Mainetti, en Corée du Sud Tunnel de Kim Seong-hun, en France quasi-rien à part Le Serpent aux mille coupures de Eric Valette.

2017 c’est aussi un certain glissement vers une nouvelle reconnaissance du cinéma de genre : certains de ces films dépasse ‘leur public’ pour aussi avoir un plus large succès auprès du ‘grand public’. Il suffit de regarder par exemple certaines des récompenses les plus prestigieuses. Quel film a gagné le Lion d’Or au Festival de Venise ? C’est le film de monstre The Shape of water de Guillermo Del Toro ! C’est le grand favori des prochains Golden Globes avec 7 nominations aux, d’autres sont à venir pour les Oscars (sortie en France en février 2018). Un Oscar pour Del Toro n'est d'ailleurs pas impossible. Une consécration pour le maître mexicain. Quel premier film cumule le plus de récompenses ? C’est Get Out pour les cercles de critiques de Boston, Chicago, Detroit, New-York, Toronto, le National Board of Review, et bientôt aussi les Golden Globes… Il pourrait être l'un des premiers films d'horreur nommé à l'Oscar du meilleur film, en plus d'avoir été un carton en salles. De même en France, quel premier film a été le plus remarqué ? C’est Grave qui vient de recevoir le Prix Louis-Delluc du meilleur premier film après un Prix FIPRESCI à Cannes et avant quelques nominations aux Césars…

Ces différents succès n’occulte pas que le cinéma de genre est bel et bien toujours peu et mal distribué dans nos salles de cinéma, sans compter une certaine frilosité quand des œuvres ont une interdiction aux moins de 16 ans. C’est en Asie qu’il y a eu le plus de films de genre réjouissants, mais malheureusement aucune distribution chez nous : par exemple Blade of the immortal de Takashi Miike (pourtant au Festival de Cannes), Call of Heroes de Benny Chan, Opération Mékong de Dante Lam, Headshot des The Mo Brothers, The Prison de Hyun Na, Vanishing Time: a boy who returned de Um Tae-hwa,… D’ailleurs comment s’étonner de cette non-visibilité asiatique quand ces très bons films que sont El Bar (Pris au piège) de Alex de la Iglesia ou Golem le tueur de Londres avec la crème des acteurs british arrivent directement en dvd/vàd sans avoir une sortie en salles ? C’est d’ailleurs la même chose pour le film américain Leatherface des français Julien Maury et Alexandre Bustillo, pourtant à priori film-porteur puisque c’est la jeunesse du tueur de Massacre à la Tronçonneuse. Sortie directement pour le petit écran. Pour continuer sur une note triste, 2017 a d’ailleurs vu les décès des figures cultes du genre que sont Tobe Hopper et George A. Romero.

La bonne nouvelle pour 2018 c’est que les 2 patrons français du cinéma de genre (obligés par la conjoncture de travailler à l’étranger…) sont de retour : Pascal Laugier avec Ghostland le 14 mars (avec Mylène Farmer!) et Xavier Gens avec  Cold skin (et aussi The Crucifixion). On va suivre aussi la révélation des nouveaux talents avec les films Hostile de Mathieu Turi et Revenge de Coralie Fargeat.

Cadeau de Noël : un des meilleurs films de genre de cette année 2017 qui n'aura malheureusement pas été visible en France est Better watch out (nouveau titre de Safe Neighborhood, et qui en fait sortira en directement en dvd chez nous le 30 décembre sous le titre Watch out) de Chris Peckover :

Kenneth Branagh a trouvé « son » Artemis Fowl

Posté par vincy, le 22 décembre 2017

Artemis Fowl est sur les rails. Le film en prises de vues réelles qui sera réalisé par Kenneth Barnagh, actuellement à l'affiche avec Le crime de l'Orient-Express, a trouvé son héros.

Après "une immense campagne de recherche qui a été organisée pour découvrir l’acteur qui incarnera Artemis Fowl, durant laquelle la directrice de casting Lucy Bevan a rencontré plus de 1200 candidats", explique le studio Walt Disney en charge du projet, c'est le jeune Irlandais Ferdia Shaw, qui fera ses débuts à l’écran dans le rôle-titre.

Le tournage débutera début 2018 au Royaume-Uni et sortira en salles aux États-Unis le 9 août 2019.

Artemis Fowl est adapté de la série de 8 livres jeunesse (parus entre 2001 et 2012) écrits par Eoin Colfer, sur un scénario du dramaturge Conor McPherson. Le jeune Artemis Fowl – 12 ans et une intelligence hors du commun –, descendant d’une longue lignée de cerveaux criminels, s’apprête à livrer un combat où se mêlent force et ingéniosité contre le Peuple des Fées, des créatures puissantes et mystérieuses qui pourraient bien être derrière la disparition de son père.

Au casting, on trouvera également Josh Gad dans le rôle de Mulch Diggums, un nain kleptomane qui travaille pour les fées  et pour son propre compte, Judi Dench qui sera la commandante Root, redoutable chef des forces de police des fées, Lara McDonnell qui incarnera la capitaine Holly Short, une elfe déterminée, et Nonso Anozie pour le personnage de Butler, l’impressionnant garde du corps d’Artemis Fowl.

ARTEMIS FOWL est tiré de la série de best-sellers écrits par Eoin Colfer, sur un scénario du dramaturge primé Conor McPherson. Le film sortira en salles aux États-Unis le 9 août 2019. Le tournage débutera début 2018 au Royaume-Uni.

2017 dans le rétro : 12 courts métrages plébiscités en festival

Posté par MpM, le 21 décembre 2017

A l'heure où la presse toute entière (et même vous, là, devant vos écrans, si, si, on vous a vus) se livre à l'exercice délicat et jubilatoire du top des films (livres / albums / séries...) de l'année, nous avons eu envie de nous pencher sur l'année 2017 du point de vue du court métrage.

Il est parfois ardu d'avoir une perspective complète et exhaustive de l'état de la création courte à un moment donné, puisqu'il est par définition impossible de se baser sur une date de sortie et que la carrière d'un court métrage en festival se fait sur un laps de temps assez long qui ne s'embarrasse guère des années calendaires. Tel film découvert en 2017 est donc peut-être un film datant de 2016, et tel film de 2017 connaîtra peut-être son apogée en 2018. Est-ce si grave, dans la mesure où l'on cherche à dessiner un paysage cinématographique plutôt qu'un index exhaustif ?

Un bon prisme, toutefois, pour lancer cette mini-série autour du court métrage, était de regarder du côté des films récompensés dans les grands festivals 2017. Retour sur douze lauréats qui dessinent de 2017 un portrait complexe entre introspection intime et recherche formelle, parfois (mais pas systématiquement) teintées d'un regard sur l'état du monde.

A gentle night de Qiu Yang (Chine)
Palmarès sélectif : Palme d'or à Cannes

Le titre est évidemment trompeur : A gentle night raconte le calvaire d’une femme dont la fille adolescente a disparu. Sa quête désespérée, son angoisse grandissante rythment une nuit filmée principalement dans ses moments de creux, son attente, ses doutes, son impuissance. Les plans sont fixes, merveilleusement cadrés. Tout est fait pour (sur)symbolisé l'isolement du personnage, qui apparaît presque systématiquement dans un environnement entièrement flou. Les autres sont des silhouettes, des voix. Des individus qui existent par leur fonction plus que par leur personnalité : le mari, le policier, l'instituteur... On est face à une oeuvre étonnamment classique et atemporelle, dans laquelle rien ne dépasse, même pas un peu d'émotion désordonnée. On est frappé par l'élégance calculée des plans, la justesse du montage, l'efficacité de la construction. Et pourtant il manque un peu de chair, de personnalité, d'audace peut-être, à ce qui reste un récit un peu trop propre.

And so we put goldfish in the pool de Makoto Nagahisa (Japon)
Palmarès sélectif : Grand prix du jury à Sundance et mention spéciale du jury à Clermont Ferrand

Voilà un film détonnant qui ne fait pas dans la demi-mesure. Quatre adolescentes s’ennuient à mourir à Saitama, petit ville du Japon où il semble ne jamais rien se passer. Désabusées et dénuées du moindre espoir d'un avenir meilleur, elles traînent leur mal de vivre avec une certaine forme de délectation. En commençant très fort, avec un montage survitaminé et des choix de narration qui se jouent des conventions, le film accroche le spectateur et attire immédiatement son attention. De provocations en ruptures de ton, d'outrances formelles en audaces scénaristiques, il dresse le portrait cynique et faussement décadent d'une jeunesse sans rêves ni envies. Au delà de la fougue parfois mal canalisée, on détecte dans cette oeuvre singulièrement hors normes un sens du montage et de l'écriture qui donne très envie de miser sur le prochain film du réalisateur.

Cidade Pequena de Diogo Costa Amarante (Portugal)
Palmarès sélectif : Ours d'or à Berlin

C'est une oeuvre à la beauté lancinante, documentaire énigmatique sur la sœur et le neveu du réalisateur : doit-on toujours dire la vérité aux enfants ? Et surtout, doit-on leur parler de la mort ?  Diogo Costa Amarante construit patiemment ses plans, et incite le spectateur à scruter l'image pour en décoder tous les secrets. Ainsi ces très beaux cadres gigognes qui se répondent d'un plan à l'autre : rétroviseur reflétant l'enfant endormi pendant que les adultes dansent, scène champêtre que l'on aperçoit par la fenêtre, puis moutons qui paissent dans le même encadrement... C'est un poème d'amour, fait d'images plus que de mots, de sensations plus que de sens. Peut-être prend-il le risque de nous perdre en cours de route, et pourtant il nous conquiert, malgré nous.

Le film de l’été d'Emmanuel Marre (France)
Palmarès sélectif :  Prix Jean Vigo et Grand Prix de la compétition nationale à Clermont Ferrand

Emmanuel Marre emprunte la forme assez classique du road movie pour raconter, en creux, une rencontre fugace entre un homme qui a perdu le pied dans sa vie, et un enfant qui ne le juge pas. Si le sujet est plutôt classique, le travail du cinéaste sur l'image (faussement documentaire) ainsi que ses choix de mise en scène (notamment de très beaux mouvements de caméra sur la route) offrent au film un ton plus singulier. En s'interessant surtout aux intervalles, au moment où il ne se passe rien, ou si peu, il capte des instantanés de vie ténus, mais qui sonnent juste.

Gros chagrin de Céline Devaux (France)
Palmarès sélectif : Lion d'or à Venise

C'est le récit d'une rupture amoureuse qui oscille entre humour façon comédie sentimentale et amertume déchirante inspirée des plus grands drames amoureux. Réalisé à la fois en prise de vues réelles et en animation, il dit ces petites choses qui président à la séparation, ces signes annonciateurs que l'on refuse de voir, ces maladresses qui nous échappent, ce mécanisme irréversible qui se met en route, et la lâcheté, la fausse indifférence, les défis bravaches. Avant le vide au goût d'éternité, les regrets et les souvenirs qui reviennent précisément quand on voudrait tout oublier. Céline Devaux reste visuellement dans le style qui était le sien à l'époque du Déjeuner dominical, et sans doute est-ce le plus gros reproche qu'on peut lui faire : la technique rare de l'écran d'épingles (inventé par Alexandre Alexeïeff et Claire Parker dans les années 30 afin de se rapprocher au plus près de l'esthétique de la gravure en aquatinte) dont elle se sert ne prend jamais vraiment l'ampleur que l'on pourrait attendre, comme si elle l'utilisait a minima, pour reproduire ce qu'elle savait déjà faire, et non pour ses propriétés délicates et particulières.

Les îles de Yann Gonzales (France)
Palmarès sélectif : Queer Palm à Cannes (Semaine de la Critique)

C'est un rêve éveillé dans lequel les fils conducteurs sont l'amour et le désir. Les protagonistes y déambulent, s'y croisent et s'y frôlent, sans préjugés, sans barrières. Même lorsqu'un monstre tout droit sorti du cinéma fantastique des années 70 surgit, il est accueilli avec bienveillance et douceur, et pourquoi pas, avec tendresse et sensualité. Parenthèse follement romantique où les corps se cherchent et se trouvent, où le sexe est cru et ardent, où le plaisir des uns ravive le désir des autres. Explosion d'une forme de liberté insaisissable qui rend soudainement tout possible.

Los deshederados de Laura Ferres (Espagne)
Palmarès sélectif : Grand Prix de la Semaine de la critique à Cannes

Los deshederados est une oeuvre hybride, entre documentaire et fiction, qui dresse le portrait juste et sensible d'un homme confronté à la perte de son entreprise familiale. Avec humour et bienveillance, Laura Ferres juxtapose de beaux plans minutieusement composés qui forment autant de saynètes tour à tour joyeuses et mélancoliques, amusantes ou profondes, donnant à voir en creux la réalité d'un homme autant que d'un pays face à la crise. Ce qui est peut-être le plus beau, c'est que le film ne se cache jamais d'être avant tout le regard d’une fille sur son père, avec ce que cela induit de sous-texte particulier et de tendresse à peine voilée.

Min Borda de Niki Lindroth Von Bahr (Suède)
Palmarès sélectif : Cristal du court métrage à Annecy et Emile Award du meilleur court métrage d'animation européen

Comédie musicale animalière en stop motion dans laquelle des poissons solitaires, des singes travaillant dans un centre d'appel et des souris employées de fast-food chantent leur mal de vivre, Min borda est probablement le film le plus déjanté et le plus désespéré de l'année. Entre dérision hilarante et constat terrifiant, il nous renvoie le terrible miroir d'une société où plus rien ne tourne rond. Et ce faisant, il rafle également le prix de la meilleure chanson originale toutes catégories confondues.

Paul est là de Valentina Maurel (Belgique)
Palmarès sélectif : Grand prix de la Cinéfondation à Cannes

Pour son court métrage de fin d'étude à l’atelier de réalisation de l’INSAS, prestigieuse école d’art bruxelloise, Valentina Maurel signe un film cérébral, très maîtrisé et très cadré, qui raconte la relation ambivalente entre une jeune femme mal dans sa peau et un homme qui réapparaît brutalement dans sa vie. Préférant la suggestion à l'explication, l'ellipse à la démonstration, la réalisatrice privilégie la subtilité du non-dit, mais prend aussi le risque de laisser le spectateur un peu à la porte. On comprend le malaise de personnages complexés qui ne sont pas vraiment à la place qu'on voudrait leur assigner, mais tout est trop retenu, trop stylisé pour nous toucher.

Retour à Genoa city de Benoît Grimalt (France)
Palmarès sélectif : Prix Illy du meilleur court métrage à la Quinzaine des Réalisateurs

Interroger son histoire familiale à travers celle d'une série télévisée, c'est l'étonnante idée du réalisateur Benoît Grimalt. Il se penche donc sur les relations que sa grand-mère et  son grand-oncle, "Mémé "et "Tonton Thomas", entretiennent avec la championne de longévité de la télévision, la série Les feux de l'amour. S'il décortique habilement les chimères d’une saga qui ne raconte rien, et reflète même une certaine vacuité faite d'émotions perpétuellement renouvelées et filmées en gros plans, il crée surtout l'émotion en dressant en creux le portrait de sa propre famille, originaire d'Italie, et qui a vécu en Algérie avant de s'installer à Nice. Les parallèles entre les protagonistes de la série et "Mémé" et "Tonton Thomas" ont une saveur particulière, à la fois humoristique et mélancolique, et renvoient le spectateur à son propre récit familial, construit lui-aussi d'éléments concrets et des vapeurs venues de Genoa city ou d'ailleurs.

Rewind forward de Justin Stoneham (Suisse)
Palmarès sélectif : Léopard d'or du meilleur court métrage suisse à Locarno

Documentaire touchant et introspectif, Rewind forward raconte avec beaucoup de sincérité l'histoire d’un fils qui part symboliquement à la recherche de sa mère gravement handicapée. Il dresse son portrait à travers les films amateur inlassablement réalisés par son père mais aussi à partir de ses souvenirs douloureux de fils honteux et fuyant. Sans pathos ni émotions surjouées, il retrace ainsi le parcours familial jusqu'au moment de la rupture, lorsque la maladie de sa mère lui a fait emprunter une voie définitivement différente. Car ce que le film montre en filigrane, ce n’est pas la difficulté du handicap ou l’émotion facile des retrouvailles, mais bien la vérité crue d’une relation irrémédiablement brisée.

Rubber Coated Steel de Lawrence Abu Hamdan (Liban)
Palmarès sélectif : Tiger award à Rotterdam

Rubber coated steel fait le récit haletant d'un procès dans lequel deux soldats israéliens étaient accusés d'avoir tués deux enfants palestiniens. Le réalisateur expose une analyse audio des bruits entendus sur les lieux du crime, qui permet de comprendre ce qui s'est véritablement passé, mais sans jamais faire entendre au spectateur le moindre son, et sans montrer non plus la moindre image du tribunal. La caméra est posée dans une pièce nue évoquant un peu un stand de tir où des photos reproduites en grand format sont les cibles mouvantes qui s'approchent puis s'éloignent au fil des explications défilant à l'écran sous forme de sous-titres. Un dispositif radical qui permet de se concentrer uniquement sur les faits et le déroulé du raisonnement, et donne également à entendre le silence assourdissant de ceux que les autorités cherchent à faire taire. Par extension, le film interpelle sur la notion de cinéma et interroge les choix formels du réalisateur. On est notamment frappé par le contraste entre le minimalisme de l'image et du son et la force des émotions qu'il suscite.  A ce titre, c'est probablement l'un des films les plus saisissants de l'année.

Les Arcs 2017 : l’émigration s’invite en compétition

Posté par MpM, le 20 décembre 2017

Il est toujours fascinant d'observer comment, dans le cadre d'un festival, les thématiques se répondent d'un film à l'autre, et viennent donner du monde une vision particulière, renforcée par le hasard (et les coïncidences) des sélections. Ainsi, trois films présentés dans la compétition officielle de ce 9e festival des Arcs traitent plus spécifiquement des questions de migration, d'exil et d'expatriation : La mauvaise réputation d'Iram Haq, The charmer de Milad Alami et Beyond words d'Urszula Antoniak.

Le premier prend le sujet à contrepied en racontant l'histoire, inspirée de l'expérience personnelle de la réalisatrice, d'une jeune fille d'origine pakistanaise vivant en Norvège, parfaitement intégrée, qui est enlevée par sa famille puis envoyée au Pakistan, pays qu'elle ne connaît pas et avec lequel elle doit se confronter. Le deuxième raconte le combat mené par Esmail, un jeune homme iranien dont le permis de résidence au Danemark a été refusé. Son seul espoir réside dans le fait de se marier avec une Danoise, ce qui l'oblige à draguer inlassablement toutes les jeunes femmes qu'il rencontre. Le troisième s'intéresse à Michael, un jeune avocat d'affaires talentueux exerçant à Berlin et cherchant à dissimuler au maximum ses origines polonaises.

A chaque fois, il y a une originalité dans la manière de traiter le sujet de l'exil et de l'intégration. L'angle choisi par Milad Alamai est à ce titre particulièrement intéressant puisqu'il place son personnage dans une situation de "séduction" permanente complètement intenable, faisant de lui une sorte de gigolo dissimulé à qui toute sincérité est refusée. Son parcours est un peu trop tracé d'avance (notamment dans la dernière partie du film qui multiplie les maladresses de scénario), mais il est malgré tout assez représentatif d'une détresse humaine impossible à exprimer. Le personnage, en plus du stress de sa situation, souffre en effet à la fois de la honte de devoir utiliser son corps, de la culpabilité de mentir aux femmes qu'il rencontre et du déshonneur de trahir sa famille.

Le réalisateur parvient à s'abstraire de tout misérabilisme, grâce à des scènes très courtes et une mise en scène tout en retenue, et suggère habilement à la fin que le destin d'Esmail n'a rien d'un cas particulier. Il observe ainsi un durcissement des conditions d'accueil des réfugiés qui les pousse à renoncer à toute dignité élémentaire. Car tout le paradoxe est là : Esmail est intégré socialement, a un travail, et parvient à se débrouiller au Danemark, mais il doit malgré tout monnayer son corps et ses sentiments dans le but d'être autorisé à rester.

Discours plus ambigu dans Beyond words d'Urszula Antoniak, une réalisatrice néerlandaise d'origine polonaise, qui s'inspire de son propre vécu d'émigrante pour dresser le portrait d'un jeune homme parfaitement intégré dans le pays où il a choisi de vivre, et qui pourtant n'y serait pas parfaitement à sa place. On a de quoi être dérangé par le fort relent de déterminisme qui émane de la cinéaste pour qui son personnage continue d'appartenir au monde des réfugiés vivant dans des conditions précaires bien qu'il soit installé depuis longtemps en Allemagne et ait réussi à y avoir une belle carrière.

Avec un mélange de naïveté et de didactisme, le film traque en lui tout ce qui le distingue d'un "vrai" Allemand, s'embourbant dans un parallèle douteux avec un réfugié africain tentant d'obtenir le droit d'asile. On vous passe la justification hallucinante du choix d'une image noir et blanc pour mieux renforcer ce qui semble être le message clef du récit : il est plus facile pour un émigré blanc de passer inaperçu en Allemagne, que pour un émigré noir. C'est d'autant plus regrettable que le film dispose de belles qualités esthétiques et qu'il sonne juste lorsqu'il s'attache aux scènes de rue, aux respirations dans un Berlin parfaitement capté, ou encore à la relation ténue et hésitante qui se tisse entre le personnage et son père qu'il croyait mort.

On sent ainsi que le cinéma a besoin de s'emparer du sujet de l'exil et des migrations, volontaires ou contraintes, et d'interroger à la fois les représentations du migrant (Esmail comme Michael sont loin de la figure stéréotypée du réfugié en galère) et l'histoire particulière de chaque pays avec son immigration. Pourtant, le sujet le plus brûlant, celui des réfugiés de guerre ou victimes de répression politique, et qui est au coeur des préoccupations européennes actuelles, est étonnamment hors champ, laissé à distance. Comme s'il était trop tôt (trop douloureux ?) de se pencher sur une réalité contemporaine dans laquelle la responsabilité collective est plus présente.