Mon film de l’année: Moonlight, sublime drame queer

Posté par wyzman, le 28 décembre 2017

Sans surprise, le film qui m’a le plus marqué, touché et ému cette année est Moonlight de Barry Jenkins. Il y a un an, j’annonçais même fièrement que c’était le film que j’attendais le plus en 2017. Et je n’ai pas été déçu !

Pendant 110 minutes, Moonlight raconte l’évolution (voire carrément la transformation) de Chiron, un enfant noir issu des quartiers pauvres de Miami et persécuté par ses camarades en un homme muré dans le silence et rongé par ses démons. La raison de son mal-être ? Elle est double. Il y a tout d’abord cette mère qui est accro à la drogue et incapable de prendre soin de lui et cette orientation sexuelle qu’il n’arrive pas à définir mais qui fait naître en lui un désir certain pour Kevin, son meilleur ami d’enfance.

Auréolé de trois Oscars (meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali), Moonlight est le film le plus récompensé de l’année dernière. Mais c’est également le résultat d’une incroyable success story. Celle qui voit se croiser deux scénaristes de talent, trentenaires, noirs et homosexuels, la société de production de Brad Pitt et le seul acteur de série dont le talent en fait le digne héritier de Denzel Washington.

Découpé en trois parties où la tension dramatique est à son paroxysme, Moonlight est porté par trois versions toutes magnifiques de Chiron. Alex R. Hibbert incarne un jeune Chiron curieux de savoir ce qu’est une « pédale », Ashton Sanders est un adolescent fasciné par les rapports sexuels qu’a son meilleur ami quand l’impressionnant Trevante Rhodes émeut en homosexuel baraqué mais refoulé. Véritable tour de force visuel, Moonlight et surtout la photographie de James Laxton parviennent à sublimer de manière identique trois acteurs bien différents et à rendre justice au charme des hommes noirs.

Plein d’empathie, le scénario donne une place importance aux silences et aux non-dits. A ces spectateurs impatients et trop pragmatiques qui ont fustigé l’absence de fin arrêtée, je leur réponds sans détour que c’est là que réside la force de Moonlight, dans le fait de laisser volontairement chacun décider de la suite du parcours de Chiron. Poétique et symbolique, Moonlight est le grand film que la communauté queer mérite... à moins que ce ne soit Call Me By Your Name ?

Les autres films marquants de l'année
Le film d'animationBigfoot Junior de Ben Stassen et Jérémie Degruson. Une petite pépite belge, faite avec amour et qui traite avec brio du rapport père-fils.
Le film français120 battements par minute. Véritable plongée au cœur des actions d’Act Up-Paris, le film de Robin Campilo a fait pleurer de rage la Croisette et la France. Certains y ont vu de cultiver la mémoire collective, d’autres une tentative ratée de faire un grand drame sur fond de débâcle politique.
Le blockbusterLes Derniers Jedi. Auteur de la future trilogie Star Wars (la quatrième donc), Rian Johnson a essayé de s’émanciper de la mythologie trop oppressante de George Lucas.
Le film surfaitLe Fidèle de Michaël R. Roskam. A force de voir en Adèle Exarchopoulos une grande star du box-office, on en oublierait presque l’essentiel : la nécessité d’avoir du talent pour livrer de grandes performances.
L'objet filmique non identifiéMy Little Pony de Jayson Thiessen. Ça galope partout et ça envoie des sorts mais ça ne décolle jamais vraiment !

9 visages à ne pas manquer en 2018: Liu Yifei

Posté par vincy, le 28 décembre 2017

En Chine, c'est déjà une star. Yifei Liu (ou Liu Yifei, aka Crystal Liu) est une actrice et une chanteuse célèbre. A 30 ans pile poil, elle a même une longue carrière dans le mannequinat, le cinéma et la scène. A l'international, hormis un petit rôle dans Le Royaume interdit de Rob Minkoff, avec Jackie Chan et Jet Li, elle est quasiment inconnue. Cette native du Hubei a migré aux Etats-Unis à l'âge de 10 ans avant de retourner pour ses 15 ans en Chine où elle a débuté sa carrière d'actrice (surtout pour la télévision). Elle a ensuite enchainé les rôles dans ces épopées en costumes et avec des sabres et autres arts martiaux qui envahissent le calendrier cinématographique chinois. Parallèlement, en signant un contrat avec Sony, elle a débuté une carrière de chanteuse, plutôt soft rock que pop, s'exportant jusqu'au Japon.

Fille d'un diplomate et professeur de français et d'une danseuse, la bonne étoile sourit à cette comédienne, en couple avec la star sexy sud-coréenne Seung-heon Song. Ils se sont rencontrés sur le tournage de The Third Way of Love (2015). Elle a été choisit pour être Mulan dans la version en prises de vues réelles de Disney. Une chinoise incarnant une chinoise dans une production hollywoodienne, c'est presque miraculeux. Disney s'évite ainsi une polémique, pariant sur la popularité du personnage. Le tournage est prévu cet hiver pour une sortie en novembre, 20 ans après celle du dessin animé, même si peu croient à la tenue de ce délai très serré. En confiant cette grosse production issue du patrimoine Disney à une réalisatrice, Niki Caro, le studio réussit en tout cas à faire le buzz dans le bon sens: comme dans l'histoire, Mulan est une affaire de genre et de femmes.

2017 dans le rétro : 12 courts métrages étrangers qui ont marqué l’année

Posté par MpM, le 28 décembre 2017

Après avoir fait un tour d’horizon des films plébiscités en festival, il est temps de se mouiller en proposant une liste forcément subjective des autres courts métrages qu’il fallait absolument voir cette année.

Dernière étape, après un focus sur le cinéma français, les douze (autres) films étrangers qui ont marqué 2017 !

Airport de Michaela Müller (Suisse)


Comment les aéroports sont-ils devenus des lieux anxiogènes de contrôle et de sécurité, où tout semble paradoxalement pouvoir déraper à tout moment ? Michaela Müller nous fait vivre l'expérience dans un film réalisé en peinture sur verre. Ses images envoûtantes, à la limite de l'abstraction, ont un effet quasi hypnotiques qui atteignent leur apogée lorsque s'élève subitement un chant puissant. Toutes les contradictions de nos sociétés modernes concentrées en un film.

Ela de Oliver Adam Kusio (Allemagne)


On pourrait facilement passer à côté d'Ela, film ténu sur le moment du départ, à cause de sa (très) grande simplicité. C'est pourtant cette capacité à tout dire en quelques plans, en quelques scènes épurées, qui en font la plus grande force. La cartographie des relations humaines y est également d'une désarmante évidence, laissant affleurer leur douceur un peu amère et leur fragilité, sans ces éclats surjoués qui parasitent tant de films sur la fin programmée d'une belle histoire d'amour.

Flores de Jorge Jácome (Portugal)

Flores adopte une forme (faussement) documentaire pour nous emmener sur une île des Açores tellement envahie par les hortensias que ses habitants en ont été contraints de fuir. Construit en trois actes, le film mêle utopie et dystopie, discours écologique et quête introspective, topologie d’un lieu et exploration d’une relation intime. On est frappé par la force et l’ampleur de la mise en scène qui offre à cette fresque sensible un écrin au souffle quasi épique.

Hiwa de Jacqueline Lentzou (Grèce)

Dans Hiwa, Jacqueline Lentzou tente de reconstituer à l’écran l’expérience intime du rêve. Tandis que le personnage raconte en voix-off le contenu du songe qu’il vient de faire, la caméra se fait subjective pour traduire en images les sensations et les émotions de la nuit. À l’aide de gros plans et de faible profondeur de champ, elle nous entraîne dans une succession de scènes tantôt oniriques, tantôt ultra-réalistes qui laissent transparaître les sourdes inquiétudes de celui qui les rêve. D'une beauté magnétique et sidérante.

Jodilerks de Carlo Francisco Manatad (Philippines)

Pour évoquer la dure réalité sociale de son pays, le cinéaste philippin Carlo Francisco Manatad propose un film punk, explosif et désespéré, où l'humour noir le dispute à la tragédie glaçante. Une fable dense, perpétuellement sur le fil, dont la noirceur est renforcée par l'épure cathartique des plans. Il s'en dégage une énergie folle, salvatrice, et forcément communicative.

Ligne noire de Mark Olexa et Francesca Scalisi (Suisse)

Saisissant documentaire, Ligne noire capte, quasiment par accident, les allers et retours incessants d'une femme qui pêche dans une rivière contaminée par une pollution pétrolière. Sa ténacité face à cette tâche digne de Sisyphe a quelque chose de terriblement bouleversant qui nous raconte, en quelques plans, la misère et la survie, la résignation et l'espoir. Il semble y avoir toutes les contradictions de notre monde dans ce destin tragique soumis aux aléas des ravages écologiques et des réalités économiques.

Möbius de Sam Kuhn (Etats-Unis)

Cet ovni lynchien en forme de teen movie énigmatique tient tout autant du récit initiatique que du conte cruel. Sur les pas de son héroïne Stella, qui pleure son amour disparu, il nous emmène aux confins de la raison, dans les bribes brumeuses des souvenirs et du rêve qui tourne au cauchemar. Sans doute est-on déconcerté, secoué, même, mais c'est cette singularité diffuse et instinctive qui en fait toute la beauté insaisissable.

Real gods require blood de Moin Hussain (Grande Bretagne)

Il n'est pas si fréquent de voir des courts métrages réussir leur incursion dans le cinéma de genre. Moin Hussain s'y essaye avec délectation, lançant le spectateur sur la (fausse) piste d'un cinéma social si fréquent dans le cinéma britannique pour nous emmener à la frontière d'une horreur poisseuse et terrifiante. On aime la manière magistrale dont le réalisme se teinte peu à peu de trouble, puis de fantastique, avant d'exploser en une angoisse incontrôlable.

Selva de Sofía Quirós Ubeda (Costa Rica)

Oeuvre sensorielle et fantomatique à la beauté sidérante, Selva intrigue par sa sensibilité et son épure. Sur la fatalité des départs et des séparations, Sofía Quirós Ubeda tisse un récit lumineux et doux dans lequel même la nostalgie a quelque chose de joyeux. Il faut accepter de lâcher prise devant cette histoire qui nous parvient depuis les origines du monde, transcendant l'espace et le temps pour nous parler de l'essence même de l'Humanité.

Tesla lumière mondiale de Matthew Rankin (Canada)

Probablement n'avez-vous jamais vu un film comme Tesla lumière mondiale, que l'on pourrait qualifier de quasi biopic du scientifique Nicolas Tesla, mais traité avec une audace folle, entre hommage au cinéma d'avant garde et expérimentation pyrotechnique. C'est en apparence déconcertant, voire complètement délirant, et pourtant tout est parfaitement maîtrisé, visuellement passionnant, et surtout en exacte résonance avec certains épisodes de l'existence de Tesla.

Toutes les poupées ne pleurent pas de Frédérick Tremblay (Canada)

Toutes les poupées ne pleurent pas laisse le spectateur dans un état de sidération difficilement descriptible. On est à la fois ébahi par l'expressivité des marionnettes qui sont au cœur du récit, frappé par l'intelligence de la mise en abîme (le film montre dans une grande épure, en prise de son direct, et sans musique, le tournage d'un film en stop-motion par un couple - également de marionnettes - qui ne se croise jamais) et émerveillé par la précision de la mise en scène à la fois au niveau du film dans le film (choix des plans, mouvements minuscules pour animer les marionnettes, magie de la succession de plans fixes qui recrée une histoire) et dans le récit qui effectue le même travail avec une force dramatique décuplée. On est face à du grand art de l'animation, mais aussi devant une oeuvre solide, qui suggère et propose plusieurs niveaux de lecture sans jamais rien asséner, et fait naître de ses êtres pourtant inanimés des fulgurances existentielles déchirantes.

Vilaine fille de Ayce Kartal (Turquie)

Délicat récit à la première personne d'une petite fille ayant subi une agression, Vilaine fille met son animation libre et inventive au service du sujet sensible des viols collectifs d'enfants en Turquie. Plus on avance dans le récit, plus la légèreté du ton et de l'image renforce l'effroi qui saisit le spectateur, cueilli presque par surprise par une puissance émotionnelle sèche, dénuée de tout pathos, et d'autant plus violente.

Mon film de l’année : Okja de Bong Joon-ho, fable virtuose et film refuge

Posté par kristofy, le 27 décembre 2017

Vendredi 19 mai dans le Palais du Festival de Cannes: la première projection du matin est celle du nouveau film très attendu Bong Joon-ho, tout se passe bien dans la salle Debussy (c’est en salle Lumière qu’il y a eu des sifflets surtout à cause d’un incident technique de lever de rideau pendant le début), et en sortant on a tous un peu les yeux qui brillent. Alors que la croisette était agitée par la question de juger si un film Netflix (donc sans impôts payés en France ni participation au CNC pour le financement du cinéma, et sans sortie en salles…) peut ou ne doit pas être récompensé, une réponse est trouvée vers 11h : ce film, Okja, pourrait mériter d’être au palmarès. Il y a eu ensuite diverses tentatives pour faire en sorte que le public puisse le découvrir dans certaines salles de cinéma soit avec un visa temporaire soit avec des projections gratuites (contrecarrées par l’opposition des exploitants). Avec ce nouveau poids lourds de la production/diffusion, rien n’est réglé et on reparlera de nouveau de la chronologie des médias et d’éventuelles sorties simultanées en salles à propos du prochain film de Martin Scorsese The Irishman. Autre problème avec Netflix: l’absence du film en dvd/bluray. Bref, ce coup de cœur n’a rien à voir avec Netfli. Okja mérite simplement d'être cité dans les grands films de l'année.

Pourquoi Okja ? La jeune actrice Ahn Seo-hyun est épatante, Jake Gyllenhaal est impayable en guignol, et Tilda Swinton est encore métamorphosée avec le rôle de deux sœurs. Et puis il y a, bien entendu, l’énorme Okja, adorable avec son regard attendrissant. L’histoire démarre avec le calme d’une vie traditionnelle dans une campagne coréenne pour se déplacer jusqu’au capitalisme outrancier d’une corporation agro-alimentaire à New-York. Une fiction qui ne serait pas tellement éloignée du réel : mensonges à propos des OGM, violence des coups de matraque des policiers contre des manifestants altermondialistes, un immense abattoir qui ressemble un peu à un camp d’extermination… On peut être indigné par le cynisme verbal de l’industriel (Tilda à propos des consommateurs : ‘si c’est pas cher, ils mangeront’), bouleversé par la torture faite aux animaux (Okja est violée pour être inséminée), touché par le sauvetage d’un bébé cochon à la fin. Bong Joon-ho réalise avec brio une longue séquence d’action longue d’une dizaine de minutes avec une gamine poursuivant un camion conduit par des activistes qui kidnappe ce gros cochon convoité, jusqu'au carnage à la Marx brothers dans un centre commercial provoquant une panique générale…

Pour résumer au plus simple l’histoire de Okja : un enfant a pour meilleure amie une créature qui est capturée par des scientifiques qui vont lui faire du mal. Oui c’est un peu la trame narrative du célèbre ET de Steven Spielberg, comme un archétype de film-refuge. Bong Joon-ho est parvenu ici à nous exalter avec du spectaculaire, à nous faire vibrer avec du suspens, à nous émouvoir avec du merveilleux, et même à faire vibrer notre corde sensible prête à verser une larme. Ce film Okja a tout d’une aventure qui touche notre imaginaire de grand enfant.

Les autres films marquants de l'année

Le film de chorégraphie : romantique en plans larges avec la comédie musicale La La Land de Damien Chazelle ou sanglant ultra-découpé avec le film de sabre Blade Of The Immortal de Takashi Miike. La mise en scène c’est aussi mettre des corps en mouvements.

Le film français : le corps affaibli a besoin de médicaments contre le sida dans 120 battements par minute de Robin Campillo et de viande humaine pour assouvir un besoin cannibale dans Grave de Julia Ducournau, même si la mort plane le sexe reste une pulsion de vie. Quand il faut s’afficher ou se cacher de la société...

Le ‘blockbuster’ passé inaperçu : vu dans quelques festivals mais malheureusement pas sorti en salles Their Finest (Une belle rencontre) de Lone Scherfig a tous les atouts : réalisé par une femme, une histoire féministe avec la production d’un film durant la guerre, avec Gemma Aterton qui n’avait pas été valorisée ainsi depuis longtemps, et Bill Nighy très drôle qui joue avec son image. C’est le gros film britannique de l’année qui aurait dû rassembler.

Le film surfait : 2017 a été catastrophique pour des grands réalisateurs qui ont fait des films décevants comme Happy end de Michael Haneke, Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson, Song to song de Terrence Malick, D’ après une histoire vraie de Roman Polanski, Creepy de Kiyoshi Kurosawa… 2017 a été également cataclysmique pour les comédies françaises à leur pire niveau comme Faut pas lui dire, Si j'étais un homme, Telle mère telle fille, Bad buzz, Loue moi, Mission pays basque.. :-(

L'objet filmique non identifié : Retour en 1983 avec le clip musical en forme de court-métrage Thriller pour lequel Michael Jackson avait demandé au réalisateur John Landis d’en faire un loup-garrou. Considéré comme le meilleur clip de tous les temps, il a été restauré avec une conversion en 3D pour quelques projections évènementielles avec son making-of (après le festival de Venise) Thriller 3D + Making Michael Jackson's Thriller (14 + 45 minutes).

9 visages à ne pas manquer en 2018: Ophélie Bau

Posté par kristofy, le 27 décembre 2017

Ophélie Bau est encore une inconnue, mais ce ne sera plus le cas au printemps 2018 avec la sortie du nouveau film d'Abdellatif Kechiche Mektoub, My Love (chant 1). Encore une fois, le réalisateur se montre un directeur de casting et un révélateur de nouveaux talents qui a l'oeil. C'est le premier film pour de nombreux jeunes dont Shaïn Boumedine, Lou Luttiau, Alexia Chardard. Déjà présenté en compétition lors du festival de Venise, Mektoub, my love (chant 1) se révèle être autant un marivaudage de dialogues et de corps qu’un épisode de la chronique d’une famille. On a vraiment été séduit par le film, et en particulier par sa révélation absolue: Ophélie Bau'.

Amine arrive de Paris pour des vacances avec sa famille, il surprend Ophélie et Tony en train de faire l’amour, il reste derrière une fenêtre à les regarder avant de sonner pour parler à Ophélie, après le départ de Tony. Alors qu’il y a éventuel projet de mariage avec un militaire, celle-ci avoue qu’elle le voit depuis longtemps... Dès l'ouverture du film, l'actrice impose un corps sensuel. Mais passé ce moment elle devient surtout le visage (et la voix) d'un des personnages forts autour duquel s'articule le film, et derrière lui c'est le talent d'actrice de Ophélie Bau qui irradie. Premier rendez-vous avec elle au cinéma au mois de mars, avant d'autres moments où la retrouver.

Après tout c'est à Kechiche que l'on doit les découvertes de Sara Forestier, Hafsia Herzi et Adèle Exarchopoulos.

2017 dans le rétro: 7 leçons à retenir du box office

Posté par vincy, le 27 décembre 2017

La fréquentation est plutôt stable un peu partout dans le monde. Même si ce n'est pas une année portée par un record ou un phénomène, le cinéma continue d'être populaire, une sortie incontournable (pour les jeunes et les seniors essentiellement), et ce malgré le prix du billet qui augmente année après année et la concurrence d'autres loisirs visuels (du smartphone aux jeux vidéos).

Le cinéma d'animation, vecteur fédérateur

Le film d'animation reste le secteur fédérateur par excellence, attirant les enfants et donc les parents. Aux Etats-Unis, le genre s'essouffle un peu cette année, même si 5 films dépassent les 100 millions de dollars. Des deux côtés de l'atlantique en tout cas, Moi, Moche et méchant 3 domine. Ce film franco-américain est le seul à être dans le Top 10 nord-américain et est en position de leader annuel en France en étant d'ailleurs le seul film à avoir séduit plus de 5 millions de spectateurs. Il est aussi le seul film animé à avoir récolté plus d'un milliard de dollars de recettes dans le monde, cap franchi par trois autres films cette année. Même si l'année fut décevante pour Pixar, et même si certains films n'ont pas trouvé leur public à hauteur des attentes, le genre a de beaux jours devant lui puisqu'au niveau mondial 6 films dépassent les 300M$ (dont le japonais Your Name). En France, le cinéma d'animation local a souffert, ne s'imposant qu'avec Sahara (1,1 million d'entrées) et Le grand méchant renard (650000 entrées). Mais les productions américaines continuent de plaire: Baby Boss, Cars 3 et Coco ont franchit la barre des 2 millions de spectateurs.

Les super-héros, un peu moins musclés

Ils sont toujours là, année après année. 2017 n'a pas fait exception. Wonder Woman, Les Gardiens le Galaxie, Spider-Man, Thor, Logan, Justice League squattent la moitié des places du Top 12 américain. Les trois premiers ont même empoché plus de 300M$. Ils étaient 4 l'an dernier. Au niveau mondial, Spider-Man reste le plus populaire (880M$), devant les Gardiens de la Galaxie, Thor et Wonder Woman, tous au dessus des 800M$, tous dans les 10 meilleures recettes de l'année. Mais en 2016 Captain America avait ramassé 1,15 milliard de dollars! Plus nombreux mais moins rentables et un peu moins forts... En France, le genre est populaire mais n'atteint pas le phénomène remarqué ailleurs. Cette année, Les gardiens de la galaxie ont été les seuls à fédérer plus de 3 millions de spectateurs (mais en réalisant un score moindre que le champion de l'an dernier Deadpool). Thor, Spider-Man, Logan et Wonder Woman ont été bimillionnaires. En revanche Justice League a été un échec.

La comédie toujours rentable

C'est le genre qui cartonne partout dans chaque pays, à défaut de savoir s'exporter. Aux Etats-Unis, la seule comédie qui est parvenue à s'offrir un succès est Girls trip (115M$). Année après année, la comédie américaine ne trouve plus son public. Un ou deux films percent miraculeusement depuis 2014. Maintenant l'humour est partout (animation, super-héros, action et même dans Star Wars). Aucune comédie n'a su s'imposer mondialement. A l'inverse, en Europe, cela reste le genre dominant. En France, sur les 16 films millionnaires nationaux, 10 sont des comédies. A commencer par le premier film français de l'année, Raid Dingue (4,6 millions de spectateurs). Dany Boon confirme son statut de star du rire. Mais il est serré de près par le duo Philippe Lacheau/Tarek Boudali, tous deux derrière Alibi.com (3e film français) et Epouse-moi mon pote (5e film français). Les deux films sont surtout les plus rentables de l'année. Parmi les films rentables on retrouve d'autres comédies millionnaires: Il a déjà tes yeux, Le sens de la fête, L'ascension et C'est tout pour moi!. Le grand perdant de l'année, finalement, c'est Kev Adams, qui aligné les bides.

Le chauvinisme, valeur sûre

Le cinéma national reste prépondérant dans des pays comme la Chine, le Japon, la Corée du sud, la France ou les Etats-Unis. Aux USA, hormis les films bollywoodiens ou chinois pour les publics concernés, le seul film en langue étrangère à avoir récolté plus de un million de dollars est le dessin animé Your Name. Les Américains ne vont plus voir de films sous-titrés, et le cinéma étranger devient réservé à quelques villes. En France, temple de la cinéphilie, seulement 6% des entrées concernent un film qui n'est ni américain ni français. Là aussi on constate un désintérêt pour les cinémas d'ailleurs, même quand ils sont récompensés à Cannes ou aux Oscars. Mettons à part Paddington 2 et Big Foot Junior, deux films familiaux européens, le succès étranger le plus populaire de l'année, est un thriller égyptien: Le Caire Condientiel (380000 entrées).
Le spectateur français est chauvin. Quand il n'est pas attiré par les productions hollywoodiennes, il aime les films français: 5 dépassent les 2 millions de spectateurs. 16 sont millionnaires avec l'arrivée en dernière minute du Brio et de Santa & Cie. Les 36 autres sont américains.

Le drame du drame

C'est l'autre enseignement des tendances annuelles. le drame, qu'il soit mélo, spectaculaire ou de genre, fait moins recette. On peut toujours ajouter Logan, avec son aspect western crépusculaire, il n'en reste pas moins qu'hormis Dunkerque, d'un certaine manière Get Out et Split, et bien entendu Wonder, l'année ne fut pas drôle pour les drames. Ce sont aussi les quatre seuls films dramatiques, qui ont réussi à s'exporter. En France, le drame subit aussi un désintérêt. La La Land, Dunkerque et Lion ont trouvé leur public. Au revoir là-haut a limité la casse avec près de 2 millions de spectateurs. Les films familiaux (Un sac de billes, L'école buissonnière) ou Patients (qui ne manque pas d'humour) ont su se frayer un chemin vers le succès. Mais pour beaucoup d'autres, ce fut la déconvenue. Comme la comédie, ça se joue de plus en plus à pile ou face et la rentabilité est aléatoire.

Le film d'auteur en danger

Trop de films? Certes, mais pour être sur de limiter le risque, les distributeurs sont obligés de multiplier les sorties. Près de 20 distributeurs ont ainsi placé leurs espoirs sur plus de dix films chacun cette année. Aujourd'hui le film d'auteur est un succès entre 150000 et 50000 entrées, quand avant on s'enthousiasmait dès que l'un d'eux passait le million et que la norme était entre 500000 et 1 million. Cette année, mis à part La La Land, Dunkerque et Au revoir là-haut bénéficiant de gros budgets (y compris marketing), le film d'auteur est rare au box office. Le film d'art et essai est quasiment inexistant. Pas étonnant alors que le champion annuel soit 120 battements par minute (815000 entrées), loin devant Ôtez-moi d'un doute (680000) et Moonlight (565000). Petit paysan suit avec 515000 entrées. Et ça s'arrête là. Il y a urgence à revoir la manière dont ces films sont promus, y compris à la télévision.

La concentration des pouvoirs

Enfin, c'est une année où tout se fusionne, se concentre, se grossit. Pathé et Gaumont vont devenir un seul réseau. CGR avale Cap' Ciné. La Disney absorbe la Fox. Sans compter les studios qui se piquent leurs décideurs et leurs talents. Les nouveaux ennemis sont pour les circuits comme pour les studios Facebook, Google, Apple, Netflix, Amazon... On réalise bien que cette concentration en amont se déverse aussi en aval. 2017, encore plus que les années précédentes, c'est une histoire de parts de marché. Les films événements (Star Wars, La belle et la bête, Ça, The Fate of the Furious...) focalisent l'attention jusque dans les médias les plus réputés pour leur diversité et leur indépendance. Le public se rue en masse dès les premiers jours pour voir ses films, tuant de facto tous les autres. Aux Etats-Unis, 23 films ont récolté plus de 40 millions de $ (20 en 2016) durant leurs trois premiers jours, parfois en s'octroyant jusqu'à 85% des recettes totales du week end. En France 23 films ont attiré plus de 700000 spectateurs dans les salles en cinq jours, s'accaparant en moyenne 30 à 40% des tickets vendus durant cette période. Cela tue la diversité, et par conséquent la carrière des films fragiles. Il est là aussi urgent que l'on régule l'offre pour ne pas finir avec une distorsion de concurrence fatale.

9 visages à ne pas manquer en 2018: Tye Sheridan et Hannah John-Kamen

Posté par wyzman, le 26 décembre 2017

Dire que Tye Sheridan et Hannah John-Kamen ont des parcours différents est un doux euphémisme. A 21 ans, le premier semble destiné à un très bel avenir. Lui est né au Texas et a été élevé par une mère propriétaire d'un salon de beauté et un père coursier chez UPS ; elle est un pur produit anglais de 28 ans, passionnée de danse. Elle a d'ailleurs longtemps pratiqué le jazz, la salsa et les claquettes. Tandis que Tye Sheridan a décroché son premier rôle dans un film de Terrence Malick largement applaudi par la critique (The Tree of Life), les amateurs de jeux vidéo connaissent surtout Hannah John-Kamen pour sa voix, qu'elle a notamment prêtée Dark Souls 1 et 2.

Salué pour ses performances dans Mud, Joe, Entertainment ou Dark Places, Tye Sheridan a vécu une année 2017 plus que trépidante. Après s'être parfaitement approprié le personnage de Cyclope dans X-Men Apocalypse, on lui a demandé de rempiler tandis que le drame militaire The Yellow Birds et le thriller Grass Stains lui ont permis d'asseoir son statut d'étoile montante du cinéma indépendant. De son côté, Hannah John-Kamen peut se vanter d'avoir écumé les séries de qualité : Misfits et Black Mirror en 2011, White Chapel et The Hour en 2012, Cucumber et Banana en 2015. L'an dernier, vous avez pu la voir entre autres dans Killjoys, The Tunnel et même Game of Thrones.

Mais c'est bien en 2018 que ces deux-là exploseront. Normalement. Dès le 28 mars, ils seront à l'affiche Ready Player One, le nouveau film de science-fiction de Steven Spielberg, adapté du roman éponyme. Mise en ligne il y a une semaine, la bande annonce a déjà été vue par plus de 12 millions de curieux. S'il faudra patienter jusqu'au 31 octobre pour retrouver Tye Sheridan sous les traits de Cyclope dans X-Men : Dark Phoenix, notez bien que Hannah John-Kamen, elle, sera le 14 mars aux côtés d'Alicia Vikander dans le reboot de Tomb Raider et le 18 juillet dans Ant-Man et la Guêpe ! De quoi les transformer pour de bon en idoles des jeunes.

2017 dans le rétro: les séries qu’il fallait voir !

Posté par wyzman, le 26 décembre 2017

2017 touchant presque à sa fin, il est temps pour nous de faire un tour sur ce que cette année nous a offert en termes de séries. Qu'elles soient nouvelles ou de retour, bonnes ou extrêmement bonnes, les séries qui suivent ont marqué 2017. Scénarios atypiques, personnages captivants, intrigues impressionnantes... Ces programmes ont été largement commentés, souvent à juste titre. Pour éviter toute jalousie, nous les avons rangées par ordre alphabétique.

13 Reasons Why - saison 1 (Netflix). Mise en ligne le 31 mars, le show créé par Brian Yorkey et adapté du roman de Jay Asher a longtemps été présenté comme "la série de Selena Gomez", simple productrice. Centré sur les 13 cassettes qu'une adolescente harcelée et violentée (Hannah) laisse à l'un de ses amis (Clay), 13 Reasons Why a permis de mettre en lumière l'important taux de suicide chez les adolescents. La mise en scène est impeccable, à l'instar de la bande originale. Mais c'est bien le jeu de ses acteurs (Dylan Minnette, Katherine Langford, Alisha Boe, Brandon Flynn, Miles Heizer) qui en a fait le teen show le plus réaliste que l'on ait jamais vu. Intense et dense, 13 Reasons Why reviendra en 2018 pour une deuxième saison qui ne s'intéressera plus directement au calvaire de Hannah mais aux répercussions des viols et des accusations de viol de la première salve d'épisodes. Si vous ne l'avez pas commencée, un conseil : foncez !

American Gods - saison 1 (Starz). Mêlant drame et fantasy, American Gods est l'un des plus gros ovnis de l'année. Un ancien détenu (Ombre) devient le garde du corps d'un étranger rencontré dans un avion (Voyageur). Ensemble, ils vont sillonner les Etats-Unis à la recherche d'anciens dieux et de personnages issus du folklore afin de mener une lutte sans merci contre Internet, les médias, l'automobile, etc. Vous l'aurez compris, American Gods est une série sacrément barrée mais qui a le mérite de nous offrir des scènes de sexe d'anthologie. A l'image de cette scène onirique entre Omid Abtahi et Mousa Kraish qui a nécessité d'être retournée. Pour info, c'est la première fois que deux hommes musulmans ont un rapport aussi explicite à la télévision américaine. Après avoir "trouvé où étaient les trous", l'équipe d'American Gods s'est vantée d'avoir tourné la scène de sexe la plus chaude depuis Sense8.

Big Little Lies - saison 1 (HBO). Niveau sexe, la série écrite par David E. Kelley et réalisée par Jean-Marc Vallée n'a pas démérité. Portée par Reese Witherspoon, Nicole Kidman et Shailene Woodley, Big Little Lies s'intéresse au quotidien bouleversé de trois mères de famille (Madeline, Celeste, Jane) après qu'un meurtre a eu lieu au cours d'une soirée caritative. Ecriture précise, réalisation soignée, Big Little Lies n'a eu de cesse d'être commentée et évoquée par la presse et sur les réseaux sociaux en raison des scènes de sexe sulfureuses et violentes de Nicole Kidman et Alexander Skarsgard ainsi que pour la relation toxique qu'ils ont ont brillamment mise en scène. Nommée 6 fois aux Golden Globes, 5 fois aux Critics's Choice Awards et 4 fois aux SAG Awards, Big Little Lies peut se vanter d'avoir décroché 16 nominations aux derniers Emmy Awards. Un phénomène qui n'est pas sans rappeler Game of Thrones et qui a valu à ce qui ne devait être qu'une mini-série une saison 2...

Dear White People - saison 1 (Netflix). Pour s'assurer que la série adaptée de son film serait entre de bonnes mains, Justin Simien a fait appel à la crème de la crème : lui-même. Aidé à la réalisation par Barry Jenkins (Moonlight), Justin Simien a poursuivi ce qu'il avait entamé trois ans plus tôt. Sa série traite ainsi des rivalités et crises identitaires entre étudiants blancs et noir sur le campus de Winchester. Plus poussée et aboutie que le film, la série Dear White People a le mérite d'avoir su changer quelques acteurs-clés : Tessa Thompson laisse place à Logan Browning, Tyler James Williams est remplacé par DeRon Horton tandis que Gabe n'est plus joué par Justin Dobies mais par John Patrick Amedori. Plus que jamais ancrée dans la réalité, Dear White People propose même une parodie de Scandal plus vraie que nature !

Game of Thrones - saison 7 (HBO). La série la plus commentée de ces dernières années était de retour cet été pour une salve réduite d'épisodes. Au lieu des traditionnels 10 épisodes, ce sont finalement 7 sacrés bébés qui ont tenu les fans captivés. Marquée par des hacks de HBO et des leaks d'épisodes, cette septième saison a vu se produire la mort des Frey, la mise à mal des Sand, l'alliance de Daenerys avec les frère et sœur Grejoy ainsi que le retour au pouvoir de Cersei Lannister. Handicapée par des sauts temporels majeurs, cette fournée a été l'occasion d'assister à la naissance d'une romance longtemps rêvée par les fans et à la mort d'un personnage on ne peut plus haï. Suivi par plus de 12 millions d'aficionados, le dernier épisode a quant à lui offert à HBO un record d'audience ainsi que les prémisses d'une saison 8 immanquable en 2019.

How to Get Away with Murder - saisons 3 et 4 (ABC). Constamment bousculés par la performance exceptionnelle de Viola Davis, on en oublie souvent que celle-ci est épaulée par une brochette d'acteurs au talent certain et qui portent également le programme. Brillants et courageux, les scénaristes ont signé des intrigues sensationnelles : disparition d'un personnage principal, grossesse compliquée, destruction d'une carrière, réhabilitation, etc. Tout ça en gardant le même ton, très sombre, et en explorant davantage leurs personnages plus complexes les uns que les autres. Sur une chaîne nationale américaine, cela a tout du jamais-vu !

Riverdale - saisons 1 et 2 (The CW). Disponible sur Netflix au lendemain de sa diffusion en prime-time, on oublie souvent que Riverdale est bien une série de The CW, la chaîne qui nous a offert entre autres Gossip Girl, 90210, The Vampire Diaries, Arrow, The 100 et Jane The Virgin. En s'intéressant aux aventures d'Archie Andrews, un adolescent beau gosse qui vit dans une ville paisible jusqu'à la mort de Jason Blossom, autre lycéen populaire, Riverdale a offert au teen soap un virage twinpeaksien. Bourrée d'imperfections voire d'incohérences, Riverdale est tout de même parvenue à générer de véritables débats sur le body shaming, les agressions sexuelles et la drogue auprès des adolescents. Avec son esthétique rétro et ses acteurs au physique de mannequin, Riverdale offre une dose hebdomadaire de fous rires et de moments WTF.

Star Trek Discovery - saison 1 (CBS All Access). Produit d'appel de la plateforme de streaming de CBS, DIS (pour les fans) est la 7e série issue de l'univers Star Trek. Située une dizaine d'années avant l'action de la série originale, Star Trek Discovery a fait du bruit en raison de son casting diversifié : héroïne noire, femme capitaine asiatique, couple homosexuel, romances interraciales, etc. Semblable à un Stargate sur le plan de la narration, la série de Bryan Fuller (Hannibal, American Gods) et Alex Kurtzman (Edge of Tomorrow, La Momie) a rapidement su trouver son public. Les 9 premiers épisodes ont été proposés sur le même modèle que Riverdale (diffusion sur le site-mère puis le lendemain sur Netflix) tandis que les 6 prochains arriveront début 2018.

Stranger Things - saison 2 (Netflix). Une chose est sûre, la série de science-fiction horrifique aura fait le bonheur des internautes. Complètement fans de la première saison, ils sont jetés en masse sur la seconde, certes moins réussie mais tout aussi captivante. Le Démogorgon laisse cette fois place à des créatures plus nombreuses et plus dangereuses... Avec ses influences et ses références aux univers créés par Steven Spielberg, John Carpenter ou encore Stephen King, Stranger Things a su brasser un public large. Les plus de 30 ans y voient un retour en enfance quand les moins de 30 ans y ont trouvé un objet rétro, loin de la politisation actuelle des programmes audiovisuels. Si Winona Ryder risque de voir son rôle de mère un brin folle lui coller à la peau pendant un moment, retrouver "Onze" et sa bande d'amis demeure un régale.

The Good Fight - saison 1 (CBS All Access). Série dérivée de The Good Wife, le premier bébé de la plateforme de streaming de CBS n'a pas tardé à dépasser sa grande sœur. Plus féministe et audacieuse, The Good Fight est parvenue en seulement 10 épisodes à éclipser The Good Wife en travaillant plus frontalement sur la limite entre bien et mal et sur l'importance d'avoir la loi de son côté. Grâce à Rose Leslie (Game of Thrones) et Justin Bartha (Very Bad Trip), l'intrigue principale s'est offerte un coup de jeune quand la réalisation et l'écriture ont gardé sobriété et finesse. Plus politique que jamais, The Good Fight débute avec la victoire de de Donald Trump. Une victoire vécue "en direct" par Christine Baranski, la véritable star de The Good Wife qui a bien fait de patienter le temps d'avoir sa propre série. La saison 2 débute le 4 mars 2018.

Outre ces 10 séries, d'autres ont également retenu notre attention. A commencer par House of Cards ! Si les frasques de Kevin Spacey ont sonné la fin de la série, la cinquième saison a permis à Claire Underwood de monter encore et toujours en puissance. Et ça, on ne peut que valider - surtout lorsque l'on sait que c'est désormais son interprète, la géniale Robin Wright qui tiendra les reines de la sixième et ultime saison. A côté, Legion a parfaitement tenu la route. Nouvelle série Marvel diffusée sur FX, le programme de Noah Hawley s'est attiré les grâces de la presse spécialisée américaine. L'autre série Marvel à ne pas manquer, c'est bien évidemment Runaways, dont la saison est actuellement en cours de diffusion sur Hulu. Produite par Josh Schwartz et Stephanie Savage (Gossip Girl, Dynasty), Runaways dispose d'un rythme bien à elle et d'acteurs au charme certain.

Cette année, il ne fallait pas non plus manquer Mindhunter, la nouvelle-née de Netfix signée Joe Penhall, réalisée en partie par David Fincher et produite par Charlize Theron. Très loin de son rôle de gay trentenaire à la recherche du grand amour, la star de Looking Jonathan Groff se mue ici en agent du FBI particulièrement couillu. Toujours à la recherche d'un nouveau hit pouvant combler prendre la relève de Game of Thrones, HBO a dégainé The Deuce, drame historique issue de l'esprit de David Simon (The Wire, Treme). The Deuce s'intéresse à la montée du porno dans le New York des années 1970. Au casting, on retrouve James Franco et Maggie Gyllenhaal. Les amateurs d'action pure seront déçus, les historiens ravis.

Enfin, impossible de ne pas évoquer la série féministe de cette année : The Handmaid's Tale. Adaptée du roman éponyme, la série de Bruce Miller raconte comment, dans un futur proche, une secte a pris le pouvoir aux Etats-Unis et tente de lutter contre le faible taux de natalité en catégorisant les femmes, démises de leur statut de citoyenne. Dure mais nécessaire, le programme a fait un tabac dans les mêmes cérémonies de remises de prix que Big Little Lies !

Mon film de l’année: A beautiful day de Lynne Ramsay, polar elliptique et flottant

Posté par MpM, le 26 décembre 2017

Lorsqu'on a vu A beautiful day pour la première fois (à Cannes, en toute fin de festival), il s'appelait encore You Were Never Really Here (Tu n'as jamais vraiment été là) comme le roman de Jonathan Ames dont est inspiré le film. Un titre envoûtant, mystérieux, presque fantomatique. Et c'est bien l'impression que nous avait fait le quatrième long métrage de Lynn Ramsay : un poème visuel, quasi expérimental, où se succèdent de manière hypnotique plans nocturnes et plans urbains, plans de pluie et gros plans sur le visage de Joaquin Phœnix, plans moyens embrassant la mère et le fils et plans sous-marins aux échos déchirants ou encore flashbacks minimalistes de quelques secondes pour évoquer l'emprise du passé. On a rarement vu un polar aussi elliptique et flottant à la beauté littéralement sidérante.

Lynne Ramsay revient à l'essence d'un cinéma principalement esthétique et sensoriel, ultra formaliste, dans lequel les cadres et les éclairages enrichissent plus sûrement l'intrigue que les (rares) dialogues, et où la musique ample et frénétique de Jonny Greenwood est en osmose permanente avec le récit et les émotions qu'il suscite. Le motif du héros solitaire, violent et torturé, n'a rien de neuf. Mais elle s'en empare avec une singularité fulgurante, revisitant les scènes d'action et les explosions brutes de violence, presque systématiquement laissées hors champ, et jouant avec les codes du genre intégrés par le spectateur.

Si A beautiful day nous a fait une telle impression, hantant littéralement toute notre année cinématographique, c'est probablement parce qu'il réunit tout ce que l'on cherche dans un film : une démarche formelle assumée, un jeu réflexif sur les conventions du cinéma, la volonté de transcender un genre presque banal pour l'amener à une dimension supérieure. Sans oublier le sous-texte éminemment politique qui renverse les attentes pour aller vers un polar plus crépusculaire que jamais, mais féministe, ironique et lucide sur son époque. Lynne Ramsay filme peut-être la fin du monde tel qu'on l'a connu, pris dans un déclin cauchemardesque inéluctable, mais elle le fait avec une énergie créatrice qui vient contredire le pessimisme de son propos.

Les autres films marquants de l'année

Le film d'animation : Psiconautas d'Alberto Vasquez, un film envoûtant, ironique et puissant qui porte un regard au vitriol sur une société qui a perdu le sens des réalités.

Le film français : 120 battements par minute de Robin Campillo, un film politique, engagé et militant qui raconte, sans pathos, ni voyeurisme, la terrible période de propagation de l'épidémie du sida . On aura rarement filmé de cette manière l’angoisse irrépressible de la mort et le choc inacceptable de la perte.

Le blockbuster : Thor Ragnarok de Taika Waititi, pour ses histoires de familles toujours plus tordues et son auto-dérision qui fait du bien.

Le film surfait : The square de Ruben Östlund, improbable Palme d'or qui assène (et rabâche) sa thèse avec la subtilité d'un 38 tonnes.

L'objet filmique non identifié : la saison 3 de Twin Peaks, signée David Lynch himself, est probablement ce qu'on a vu de plus cinématographiquement abouti et enthousiasmant cette année, avec une richesse narrative, esthétique et visuelle qui laisse loin derrière à peu près tout le monde.

9 visages à ne pas manquer en 2018: Fantine Harduin

Posté par vincy, le 25 décembre 2017

Fantine Harduin passera le cap des 13 ans ce mois de janvier. La jeune comédienne belge de Mouscron, née dans une famille d'artistes, est une actrice précoce, maîtresse dé cérémonie dès son enfance. A 8 ans, elle entame son premier tournage. Elle devient vite une professionnelle. cérébrale, réfléchie, presque trop mature pour son âge: "Je sais que c’est du cinéma et qu’il n’y a rien de vrai dans tout ça, même si c’est un peu la réalité du monde d’aujourd’hui. Je sais que c’est de la fiction et qu’à la fin de la journée, c’est moi qui rentre à la maison."

Vue dans la série Engrenages, aperçue dans Les Nouvelles Aventures d'Aladin, remarquée dans Le Voyage de Fanny, Fantine Harduin s'offre les marches de Cannes l'an dernier avec Happy end de Michael Haneke. Inquiétante et innocente, presque trop jeune pour le rôle, elle vole la vedette aux vétérans et, avec Jean-Louis Trintignant, sauve le film grâce à deux séquences ambivalentes et intimement intenses.

En 2018, Fantine Harduin changera de registre avec deux films radicalement différents: Dans la brume, aux côtés de Romain Duris et d'Olga Kurylenko, film de genre apocalyptique de Daniel Roby. En salles le 4 avril. Puis dan le nouveau film de Philippe Faucon où elle interprète Celia, la fille d'Emmanuelle Devos dans Amin. Et qui pourrait la faire revenir sur la Croisette.