Oscar 2011 : certains films nommés ont failli ne jamais voir le jour
On a dû mal à l'imaginer, mais des films comme Le discours d'un roi, d'ores et déjà multi-récompensé (notamment aux BAFTA, cf notre photo) et multi-nommé aux Oscar, The Fighter, Tout va bien ! The kids are all right ou Black Swan ont failli ne jamais voir le jour, faute de financement.
Ce sont les frères Weinstein qui ont rendu possible la production du film de Tom Hooper : ils ont eu un coup de foudre pour le scénario. The Fighter avait carrément été lâché par la Paramount, ses acteurs et même son réalisateur, avant d'être sauvé in extremis par Relativity Media et ses 25 millions de dollars.
Pour Black swan, le producteur Mike Medavoy raconte qu'il a été "très difficile" de trouver de l'argent. Après un premier désistement, lui-même a "pratiquement renoncé à tout salaire pour que le film se fasse". C'est finalement la société Cross Creek Pictures qui a sauvé le projet. Dans ce cas précis, la notoriété de Darren Aronofsky (The wrestler) n'a rien changé à l'affaire : "Personne ne pensait que Darren allait faire un film qui rapporterait 205 millions de dollars [à ce jour]. Aucune personne sensée ne pouvait prévoir ça".
Selon Mike Medavoy, les films dont le budget tourne autour de 20 millions de dollars sont généralement les plus difficiles à financer : "on doit beaucoup dépenser en publicité en en marketing [environ dix fois le budget de fabrication]. C'est aussi difficile que de passer le fil dans le chas d'une aiguille".
Ce n'est pas Jeffrey Levy-Hinte (Antidote) qui va le contredire, lui qui s'est battu pour que Tout va bien ! The kids are all right de Lisa Cholodenko voit le jour. "Plusieurs studios étaient intéressés mais au final, aucun n'a donné son feu vert au projet", explique-t-il. "En 2005, le film est finalement entré en production, mais notre financement s'est évaporé". Le casting (Julianne Moore, Annette Bening et Mark Ruffalo) a permis de faire la différence, mais il aura finalement fallu l'intervention d'une douzaine d'investisseurs pour boucler le budget de 5 millions de dollars, modeste même pour un film indépendant.
Résultat : il a fallu tourner le film en 23 jours. "Nous n'avons pas pu nous offrir le luxe d'une approche cinématographique plus ambitieuse", avoue-t-il avant de conclure : "chaque année, il semble plus difficile de trouver des financements. Ceci dit, ça ne m'intéresse pas de porter des projets formatés pour les investisseurs. Mes films ne seront donc sans doute jamais faciles à financer."
Pourtant, ce type de films tire souvent son épingle du jeu lors des récompenses annuelles et certains pourraient prendre une revanche bien méritée lors de la cérémonie de cette nuit. Le discours d'un roi est nommé douze fois, The fighter sept fois, Black swan cinq fois, The kids are all right, quatre fois. Ce qui fait autant de possibilités de prouver aux producteurs frileux qu'ils ont eu tort de ne pas croire en ces projets.
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