Un thriller européen pour Danis Tanovic

Posté par vincy, le 25 mars 2019

Le réalisateur bosniaque Danis Tanovic a commencé le tournage de son nouveau film, une production britannique, The Postcard Killings. Il s'agit de l'adaptation du best-seller de James Patterson, à qui l'on doit la série Alex Cross, et Liza Marklund, traduit en français en 2011 sous le titre Bons baisers du tueurs.

Dans le roman, l'histoire est celle d'un détective de New York dont sa fille, tout juste mariée, vient d'être assassinée avec son époux. Il commence l'enquête qui le conduit vers une série de meurtres à travers tout l'Europe. Avec pour seul clé, des cartes postales envoyées aux quotidiens locaux juste avant le passage à l'acte. Le scénario a été coécrit par Andrew Stern et Ellen Furman.

Le projet a du surmonter pas mal d'obstacles ces trois dernières années, notamment l'abandon par le réalisateur initialement prévu, le polonais Janusz Kaminski. De même les acteurs pressentis, Patrick Dempsey et Dakota Fanning, ont laissé tomber le film. Désormais le casting comprend Jeffrey Dean Morgan (The Walking Dead, Rampage)  et Connie Nielsen (Wonder Woman, Gladiator). On retrouvera aussi au casting Cush Jumbo, Steven Mackintosh et Leander Vyvey. Le film se tournera à Londres, en Norvège et à Stockholm, pour une sortie en 2020.

Danis Tanovic vient de réaliser la série Uspjeh pour HBO Europe. Il a remporté le Grand prix du jury en 2016 à Berlin pour Mort à Sarajevo et le prix du meilleur scénario en 2001 à Cannes pour No Man's Land (également César du meilleur premier film).

Berlin 2016 : un palmarès qui mêle choix politiques et confirmations artistiques

Posté par MpM, le 20 février 2016

Fuocoammare

A l'issue de la compétition de cette 66e Berlinale, les options de palmarès ne manquaient pas pour le jury de Meryl Streep qui a dû départager 18 films éclectiques, parfois audacieux, souvent puissants, et presque tous dotés des qualités requises pour séduire, émouvoir ou intriguer.

Travail d'orfèvre

C'est finalement à un travail d'orfèvre que se sont livrés les jurés en récompensant la plupart des films qui avaient marqué les esprits durant cette dizaine de jours, et en panachant cinéma esthétique, films politiques et œuvres plus intimes. L'ours d'or est ainsi logiquement allé au documentaire italien Fuocoammare de Gianfranco Rosi qui, en dressant un parallèle entre le quotidien des habitants de l'île de Lampedusa et l'arrivée par milliers de migrants ayant traversé l'enfer, avait placé la question brûlante des réfugiés au cœur de la compétition berlinoise. Présenté dès le deuxième jour de la compétition, le film avait immédiatement fait office de favori.

Tout aussi logiquement, le grand prix revient (pour la 2e fois) à Danis Tanovic pour son étonnant Mort à Sarajevo, pamphlet politique articulé autour de trois intrigues parallèles : le tournage d'une émission historique sur l'héritage laissé par Gavrilo Prinzip, l'assassin de l'archiduc Franz Ferdinand en 1914, connu pour avoir précipité le monde dans la première guerre mondiale ; les coulisses d'un grand hôtel qui part à vau l'eau pour cause de crise économique, et la répétition par un comédien de la pièce Hôtel Europe de Bernard-Henri Lévy sur la guerre d'ex-Yougoslavie et l'échec de l'Europe face aux horreurs commises à l'époque, et à l'occasion de chaque conflit depuis.

Constat politique et social

Il propose ainsi un film une nouvelle fois très ancré dans la réalité sociale, économique et politique du pays, et qui pourtant n'hésite pas à se moquer de lui-même. Il pose également un certain nombre de questions brûlantes sur l'échec de la diplomatie européenne face aux conflits majeurs des 50 dernières années, cette "Europe qui meurt dans tous les Sarajevo d'aujourd'hui" évoquant évidemment l'inextricable situation syrienne.

La séquence d'explication entre la journaliste bosniaque et l'héritier (serbe) de Prinzip, qui interprètent chacun à leur manière l'héritage du passé et se rejettent mutuellement la faute des génocides commis pendant la guerre, est à la fois fascinante et d'une extrême violence symbolique. On entrevoit dans ce long échange le nœud gordien de la Bosnie-Herzégovine actuelle, toujours déchirée par les traumatismes enfouis du passé auxquels se mêlent les difficultés économiques et sociales. Son constat, doublée de choix formels singuliers, en faisait le candidat idéal pour ce grand prix du jury qui récompensé souvent une œuvre atypique ou plus difficile d'accès.

Hedi, double révélation

Si le prix d'interprétation féminine est revenu assez classiquement à Trine Dyrholm, la femme trompée et bafouée de The commune de Thomas Vinterberg, l'un des personnages féminins les plus forts de la sélection, le prix d'interprétation masculine est lui un choix plus audacieux, et une vraie belle surprise. On avait été terriblement touché, et séduit, par la performance de Majd Mastoura dans Hedi de Mohammed Ben Attia, où il est ce jeune homme étouffé par une mère aimante mais maladroite qui tente de reprendre possession de son existence.

Mais au-delà de la performance tout en retenue de l'acteur, qui arrive à changer de physionomie d'une scène à l'autre, faisant ressentir physiquement au spectateur son mal de vivre et sa soif de liberté. Le film en lui-même méritait  une place au palmarès, tant il est finement écrit, déjouant tous les pièges du drame familial et se détournant de la trop facile Love story salvatrice. Du début à la fin, Hedi surprend, rassure, et conforte par sa simplicité narrative et son absence d'effets spectaculaires et dramatiques. Cette histoire si douce d'un homme qui s'émancipe et se trouve lui-même a d'ailleurs récolté en parallèle le prix (ô combien mérité) du meilleur premier film du festival, toutes sections confondues.

On est plus dubitatif sur le prix du meilleur réalisateur qui couronne étrangement Mia Hansen-Love et son Avenir, certes sympathique, et même drôle, mais qui vaut sûrement plus par son scénario que par sa mise en scène. On ne peut s'empêcher de trouver que quitte à distinguer un réalisateur français, le jury s'est trompé, et laisse injustement André Téchiné repartir bredouille.

Regrets pour CrossCurrent

Au finale, ce sont les propositions esthétiques qui tirent peut-être le moins bien leur épingle du jeu. Banalement, le prix Alfred Bauer récompense en la Berceuse au mystère douloureux de Lav Diaz un film "qui offre de nouvelles perspectives", ce qui est une manière peu compromettante de valider l'aspect singulier de cette vaste fresque historique de plus de 8h. Quant au sublime Contre courants (Crosscurrent) de Yang Chao, il repart avec un certes incontestable prix de la meilleure contribution artistique, mais il était sans doute le film le plus sensible et envoûtant de la compétition, et le candidat idéal au prix de mise en scène, si ce n'est mieux. C'est décidément ce cinéma formel qui semble avoir le moins convaincu (intéressé ?) le jury qui le cantonne à des prix "techniques".

Dernier grand oublié, le captivant documentaire Zero days d'Alex Gibney sur l'utilisation par les Etats-Unis d'un virus informatique pour mettra au pas le nucléaire iranien. Deux documentaires au palmarès, peut-être était-ce finalement trop ?

Berlin 2016: Fuocoammare, Mort à Sarajevo, Mia Hansen-Love, Hedi, Lav Diaz récompensés

Posté par vincy, le 20 février 2016

La 66e Berlinale s'achève. Les jurys ont rendu leur verdict. Dans la compétition, Meryl Streep (présidente) était entourée de Lars Eidinger (acteur), Nick James (critique), Brigitte Lacombe (chef op), Clive Owen (acteur), Alba Rohrwacher (actrice) et Margorzata Szumowska (réalisatrice). Pour le jury du premier film était composé de Enrico Lo Verso (acteur), Ursula Meier (réalisatrice) et Michel Franco (réalisateur).

Avec un Ours d'or, Gianfranco Rosi réalise un doublé après son Lion d'or à Venise en 2013 pour Sacro GRA. Danis Tanovic réussit aussi un autre doublé, un deuxième Grand prix du jury berlinois, trois ans après celui de La femme du ferrailleur.

Si le cinéma européen est en force dans ce palmarès, notons les beaux prix pour le philippin Lav Diaz et le chinois Yang Chao, deux oeuvres dont l'esthétisme a été salué. Enfin, le cinéma français n'est pas en reste avec le prix de la meilleure réalisatrice pour Mia Hansen-Love, manière de signaler que les femmes existent aussi derrière la caméra, et surtout pour Hedi, le film tunisien de Mohamed Ben Attia, récompensé par deux jurys: celui pour le meilleur premier film et celui de la compétition pour son acteur.

Ours d'or (meilleur film): Fuocoammare (La mer en feu) de Gianfranco Rosi (Italie)
Ours d'argent - Grand prix du jury: Smrt u Sarajevu (Mort à Sarajevo) de Danis Tanovic
Prix Alfred Bauer pour un film qui offre de nouvelles perspectives: Hele Sa Hiwagang Hapis (Une berceuse au mystère douloureux) de Lav Diaz (Philippin)
Ours d'argent du meilleur réalisateur: Mia Hansen-Love pour L'amour (France)
Ours d'argent de la meilleure actrice: Trine Dyrholm dans La commune de Thomas Vinterberg (Danemark)
Ours d'argent du meilleur acteur: Majd Mastoura dans Hedi (Tunisie)
Ours d'argent du meilleur scénario:: Tomasz Wasilewski pour son film Zjednoczone Stany Milosci (United States of Love / Les Etats-Unis de l'amour) (Pologne)
Ours d'argent pour la meilleure contribution artistique: Le chef opérateur Mark Lee Ping-Bing pour Chang Jiang Tu (Courant contraire) de Yang Chao (Chine)

Prix du meilleur premier film (toutes sélections confondues): Inhebbek Hedi (Hedi) de Mohamed Ben Attia (Tunisie) en section Compétition - photo

Ours d'or du meilleur court métrage: Balada de um batraquio de Leonor Teles (Portugal)
Ours d'argent du court métrage - Prix du jury: A man returned de Mahdi Fleifel (Royaume Uni)
Prix Audi du meilleur court métrage: Jin Zhi Xia Mao (Anchorage Prohibited) de Chiang Wei Liang (Taiwan)

Ours d'or d'honneur: Michael Ballhaus
Berlinale Kamera: Ben Barenholtz, Tim Robbins, Marlies Kirchner

Tous les autres prix remis au Festival du film de Berlin 2016

Berlin 2016 : nos pronostics et favoris pour le palmarès

Posté par MpM, le 19 février 2016

Fuocoammare

L'heure est déjà aux pronostics et bilans en vue du palmarès du 66e festival de Berlin qui sera révélé samedi 20 février, après dix jours d'une compétition éclectique et de bonne facture qui a permis de mettre à l'honneur le cinéma dans tous ses états. Premier constat, c'est que là où Cannes entérine le talent en invitant chaque année les plus grands réalisateurs du monde, Berlin essaye de le révéler, de donner une chance aux nouveaux venus ou cinéastes moins réputés, et se concentre pour cela en priorité sur ce que proposent les films sélectionnés plus que sur ceux qui les font, stars et paillettes incluses.

Pour le jury, il ne s'agit donc plus de distinguer le plus "méritant" parmi ses pairs, mais bien de choisir une direction, un type de cinéma, une esthétique, voire un message à défendre, en prenant en compte au-delà des qualités purement  cinématographiques, une notion d'urgence et de nécessité, d'expérimentation ou d'audace. Dans cette optique, bien des choix s'offrent à la présidente Meryl Streep et aux jurés.

Fuocoammare, ours d'or trop évident ?

crosscurrentDans la droite ligne de la tradition berlinoise, l'Ours d'or pourrait aller à l'un des films les plus politiques de la sélection. Un choix logique serait Fuocoammare de Gianfranco Rosi qui aborde avec beaucoup de subtilité le sort terrible des migrants en recherche d'une terre d’accueil. Mais peut-être est-ce trop évident, dans une Berlinale qui a mis continuellement l'accent sur l'aide aux réfugiés. Un Grand prix pourrait alors faire l'affaire, à condition de choisir un ours d'or qui fasse contrepoint.

De notre point de vue, CrossCurrent de Yang Chao serait le choix idéal, mêlant des qualités cinématographiques sidérantes à un propos complexe sur la Chine contemporaine. Ce serait alors le 2e Ours d'or pour un film chinois en l'espace de trois éditions (Black coal, thin ice de Diao Yi'nan en 2014) et le 3e en 10 ans (Le mariage de Tuya de Wang Quan'an en 2007).

Mais ce sont loin d'être les seules options du jury pour les deux plus grands prix. S'il souhaite être radical, il s'orientera vers A Lullaby to the Sorrowful Mystery de Lav Diaz et ses 8 heures de projection-marathon dans un noir et blanc classieux. S'il souhaite être politique, il choisira Mort à Sarajevo de Danis Tanovic et sa vision corrosive de l'ex-Yougoslavie et de l'Europe, ou même Zero days, l'impressionnant documentaire d'Alex Gibney sur le virus Stuxnet et le recours par les Etats-Unis à la guerre virale pour lutter contre le nucléaire iranien... A condition que Meryl Streep n'ait rien contre le fait de se fâcher avec l'administration Obama.

Hedi, prix du scénario du coeur

Le point fort de la compétition cette année hediétait clairement le scénario, et les candidats au prix ne manquent pas. On a une préférence pour Hedi de Mohammed Ben Attia qui raconte l'émancipation d'un jeune homme jusque là étouffé par une famille trop aimante. Avec une subtilité déconcertante, le film évite tous les écueils du drame familial qui tourne au cauchemar pour aller systématiquement vers la lumière et l'espoir.

A côté des sujets plutôt lourds abordés par les autres concurrents, ce premier film tunisien intimiste a quelque chose de l'outsider improbable, et pourtant il est incontestablement la découverte du festival. A défaut du scénario, Meryl Streep pourrait choisir de distinguer l'acteur masculin, le caméléon Majd Mastoura qui arrive à changer de physionomie d'une scène à l'autre, recroquevillé et maladroit quand il est sous le joug de sa mère, ouvert et séduisant quand il est enfin libre.

Quand on a 17 ans d'André Téchiné serait également un choix intéressant de prix du scénario, tant le film vaut par sa finesse d'écriture, là encore toujours plus subtile que son sujet ne le laissait présager. Même chose pour The commune de Thomas Vinterberg qui a par ailleurs l'avantage d'être l'un des films les plus drôles, quoique grinçant, de la compétition, avec l'Avenir de Mia Hansen-Love, lui aussi joliment écrit. Toutefois, les jurés pourraient leur préférer 24 Wochen d'Anne Zohra Berrached, pas vraiment un grand film, mais qui tient un propos intelligent et mesuré sur la difficile question de l'avortement thérapeutique.

CrossCurrent et A Lullaby to the Sorrowful Mystery favoris pour le Prix de mise en scène ?

lullabyLe choix sera sans doute plus facile pour le prix de mise en scène qui devrait en toute logique récompenser l'une des propositions esthétiques de la compétition, à condition que les plus fortes d'entre elles (CrossCurrent de Yang Chao et A Lullaby to the Sorrowful Mystery de Lav Diaz) n'aient pas déjà reçu une récompense plus importante.

Les teintes désaturées du film polonais United states of love de Tomasz Wasilewski ou la construction expérimentale de A dragon arrives de Mani Haghighi peuvent alors être des seconds choix intéressants.

En revanche, il faut espérer que le jury ne tombera pas dans le piège du noir et blanc maniéré d'Ivo M. Ferreira pour Lettres de guerre. A la limite, on préférerait voir distinguée la rigueur stylistique de Jeff Nichols dans Midnight special, même si le film se perd en route.

Isabelle Huppert, Julia Jentsch et Trine Dyrholm en tête

On a vu plusieurs grands rôles féminins juliacette année, et il est possible que la présence de Meryl Streep au jury fasse pencher la balance en faveur d'une des deux cinquantenaires délaissées : celle de l'Avenir de Mia Hansen-Love, incarnée avec humour par une Isabelle Huppert très juste, ou celle de The commune de Thomas Vinterberg, Trine Dyrholm, qui propose une composition plus dramatique.

Julia Jentsch (24 Wochen) serait elle-aussi une candidate sérieuse en femme contrainte à une décision impossible, mais elle a déjà obtenu le prix en 2005 pour son rôle dans Sophie Scholl, les derniers jours. Un doublé à l'horizon ?

Bien sûr, la surprise pourrait aussi venir du casting féminin d'United states of love avec un prix collectif pour les quatre actrices Julia Kijowska, Magdalena Cielecka, Dorota Kolak et Marta Nieradkiewicz.

Pas de favori pour le prix d'interprétation masculine

soy neroCôté acteurs masculins, personne ne se détache vraiment, ce qui laisse la possibilité au jury de mettre en avant un film sur lequel il n'arrive pas à se mettre d'accord. On pense notamment à Johnny Ortiz, le jeune homme déraciné de Soy Nero, à Majd Mastoura pour Hedi, à Amir Jadidi pour A dragon arrives, à Qin Hao pour Crosscurrent, au casting masculin dans sa globalité du film de Lav Diaz, ou même au duo Kacey Mottet Klein et Corentin Fila pour Quand on a 17 ans.

S'ils sont vraiment désespérés, les jurés pourraient toutefois aller jusqu'à se tourner vers des performances pensées pour impressionner comme celles de Brendan Gleeson en résistant au nazisme dans Alone in Berlin de Vincent Perez, de Denis Lavant dans Boris sans Béatrice de Denis Côté ou de Colin Firth et Jude Law, respectivement éditeur de génie et écrivain grandiloquent dans Genius de Michael Grandage.

Mais avant même de connaître les lauréats 2016, on peut d'ores et déjà se réjouir des belles propositions de cinéma découvertes pendant cette 66e édition de la Berlinale, qui viennent rappeler que le cinéma ne se résume pas aux suites, prequels, franchises, comédies décérébrées et autres blockbusters qui se bousculent au box-office à longueurs d'année. Un cinéma engagé (politiquement comme artistiquement), ancré dans son époque, qui propose des pistes de réflexion et d'interrogation au spectateur, et refuse les voies formatées du prêt-à-penser. Contrairement à ce que laissait entendre un titre de la compétition, le cinéphile, lui, n'est jamais seul à Berlin.

Berlin 2016 : le cinéma français dans tous ses états

Posté par MpM, le 16 février 2016

Pour le cinéma français, la Berlinale est une belle vitrine, et même si cela fait 15 ans que l'Ours d'or n'est pas allé à un film français (depuis l'anglophone et londonien Intimité de Patrice Chéreau en 2001), ceux-ci sont toujours présents en nombre dans la compétition ainsi que dans les différentes sections du festival. Les adieux à la reine de Benoit Jacquot avait d'ailleurs fait l'ouverture en 2012.

6 films français en compétition

Pour cette 66e édition, on recense une trentaine de longs métrages français ou coproduits par la France, dont six en compétition et deux en sélection officielle hors compétition. Parmi les prétendants à l'Ours d'or, trois sont des coproductions minoritaires : le désastreux Alone in Berlin de Vincent Perez, adaptation plate du roman de Hans Fallada (Seul dans Berlin) se déroulant en Allemagne nazie pendant la guerre, mais en anglais ; le peu inspiré Soy Nero de Rafi Pitts, qui se passe aux Etats-Unis et en Afghanistan avec des acteurs hispanos rêvant de devenir citoyens américains, et le documentaire italien Fuocoammare de Gianfranco Rosi sur l'île de Lampedusa.

Les films français, ou majoritaires, sont aussi ceux qui présentent le plus de chances d'apparaître au palmarès. Outre Quand on a 17 ans d'André Téchiné dont on a déjà parlé, il s'agit de L'avenir de Mia Hansen-love, un film éminemment français, rempli de citations et de philosophie, qui fait le portrait doux amer d'une femme de 50 ans qui se retrouve soudainement livrée à elle-même et ne sait pas trop quoi faire de cette liberté retrouvée, avec une Isabelle Huppert toujours juste dans la gravité comme dans les séquences plus légères, et de Mort à Sarajevo de Danis Tanovic dont c'est le retour à Berlin après le succès de La femme du ferrailleur en 2013 (Grand prix et prix d'interprétation masculine).

Mort à Sarajevo de Danis Tanovic

Son nouveau film est un pamphlet politique articulé autour de l'anniversaire de l'assassinat par Gavrilo Prinzip de l'archiduc Franz Ferdinand, événement connu pour avoir précipité le monde dans la première guerre mondiale. Reliant l'héritage laissé par Prinzip (criminel ou héros ?) aux horreurs commises pendant la guerre en ex-Yougoslavie, à la pièce Hôtel Europe de Bernard-Henri Lévy (sur l'échec de l'Europe) et aux coulisses d'un hôtel qui part à vau l'eau pour cause de crise économique, il propose un film une nouvelle fois très ancré dans la réalité sociale, économique et politique du pays et qui n'hésite pas à se moquer de lui-même. Il pose également un certain nombre de questions brûlantes sur l'échec de la diplomatie européenne face aux conflits majeurs des 50 dernières années, cette "Europe qui meurt dans tous les Sarajevo d'aujourd'hui" évoquant évidemment l'inextricable situation syrienne.

Autres sections

Hors-compétition, Saint Amour de Gustave Kervern et Benoît Delépine et Des nouvelles de la planète Mars de Dominik Moll sont attendus. En forum et en panorama, ce sont en tout 18 longs métrages qui ont été sélectionnés sous la bannière française, parmi lesquels TheEend de Guillaume Nicloux, Le fils de Joseph d'Eugène Green, Théo et Hugo dans le même bateau de Olivier Ducastel et Jacques Martineau ou encore La Route d'Istanbul de Rachid Bouchareb. Parmi les coproductions, on nota le présence de Baden Baden de Rachel Lang, L'Ange blessé de Emir Baigazin et Les Premiers, les Derniers de Bouli Lanners, déjà sorti en France.

La 66e Berlinale : 18 films pour un Ours d’or

Posté par vincy, le 11 février 2016

Le jury du 66e Festival de Berlin présidé par Meryl Streep, entourée de Lars Eidinger (acteur), Nick James (critique), Brigitte Lacombe (chef op), Clive Owen (acteur), Alba Rohrwacher (actrice) et Ma?gorzata Szumowska (réalisatrice), va devoir choisir entre 18 films de la compétition pour trouver le successeur de Taxi Téhéran de Jafar Panahi.

Même si la Berlinale ne se résume pas à cette sélection (la section Panorama, plus éclectique et cosmopolite, est souvent la plus intéressante), même si les 30 ans des Teddy Awards feront aussi l'événement, il y a parmi ces films un Ours d'or qui fera parler de lui.

Côté français, Mia Hansen-Love, André Téchiné et Vincent Perez seront en lice. D'Amérique du nord, on verra les nouveaux films de Denis Coté et Jeff Nichols. Et puis il y a de grands noms du cinéma mondial: Yan Chao de Chine, Lav Diaz des Philippines, Thomas Vinterberg du Danemark, Danis Tanovic de Bosnie... La compétition accueille même deux documentaires et deux premiers films.

Hors compétition, les Coen, Delépine et Kervern Lee Tamahori, Dominik Moll et Spike Lee feront sensation au Berlinale Palast. Et dans les séances spéciales on attend les films de Terence Davies, Don Cheadle, Kiyoshi Kurosawa et Michael Moore.

Notons dans la section panorama la présence des films de Olivier Ducastel et Jacques Martineau (Théo et Hugo dans le même bateau), Rachid Bouchareb (La route d'Istanbul), d'Oliver Schmitz (Shepherds and Bitchers), de Bouli Lanners (Les premiers, les derniers), de Daniel Burman (El rey del once) et de Wayne Wang (While the Women Are Sleeping)

La Berlinale n'a pas particulièrement misé sur le glamour cette année, à l'exception du tapis rouge pour Avé César! des frères Coen et son casting de folie en ouverture: Josh Brolin, George Clooney, Alden Ehrenreich, Tilda Swinton et Channing Tatum. Mais plusieurs stars sont attendues: Isabelle Huppert, Gérard Depardieu, Sandrine Kiberlain, Michael Shannon, Ewan McGregor, Colin Firth, Emma Thompson, Nicole Kidman, Jude Law, Daniel Brühl, Kirsten Dunst, Jennifer Ehle, Steve Coogan, James Franco, Julianne Moore, Greta Gerwig...

Cannes 2014 : Danis Tanovic reçoit le Prix media de l’Union Européenne

Posté par kristofy, le 18 mai 2014

danis tanovicChaque année durant le Festival de Cannes le Programme MEDIA de la Commission Européenne remet un prix à un cinéaste, afin de récompenser un nouveau projet de film. Ce programme a pour but de développer des mesures pour encourager le développement de l’industrie audiovisuelle.  Dans les diverses sélections de Cannes cette année se retrouvent d’ailleurs 21 films qui ont bénéficié d’un soutien du Programme MEDIA.

Cette année, le réalisateur bosniaque Danis Tanovic partage le Prix avec son co-scénariste Predag Kojovic et sa productrice Amra Baksic Camo, pour son futur film What are you looking at ? Après la cérémonie, il s’est confié  à propos de ce qui a inspiré ce futur film : « J’ai réalisé que je n’avais jamais fait de film à propos de la ville où je suis, Sarajevo. Il y a tant de choses à dire sur la Bosnie d’aujourd’hui. Les politiciens se rencontrent ensemble plus souvent au restaurant qu’au parlement, il y a de la corruption. Les citoyens vivent toujours dans une certaine peur, qui est ravivée à chaque élection ».

Androulla Vassilou, la commissaire européenne chargée de la culture, a quant à elle déclaré : « L’Europe ce n’est pas seulement un marché économique, c’est aussi un projet culturel. Le cinéma aujourd’hui se pense dans un environnement digital, le numérique c’est autant un challenge que des défis et des opportunités. La première bonne chose est que les jeunes puissent accéder plus largement à la culture et puissent y contribuer. »

Cannes 2014 : Danis Tanovic, prix Media de l’Union européenne

Posté par MpM, le 12 mai 2014

danis tanovicAprès Asghar Farhadi et Thomas Vinterberg, c'est le réalisateur bosniaque Danis Tanovic qui recevra le Prix MEDIA de l'Union européenne le 17 mai prochain, lors du 67e Festival de Cannes. Ce prix récompense un scénariste et son producteur pour un "projet de qualité à fort potentiel européen, ayant bénéficié de l’aide au développement de MEDIA".

L'an passé, Thomas Vinterberg, son co-auteur Tobias Lindholm et sa productrice Sisse Graum (Zentropa) avaient été choisis pour leur film Kollektivet (The Commune). Danis Tanovic, lui, partagera son prix avec son co-auteur Predrag Kojovic et sa productrice Amra Baksic Camo pour le projet What are you looking at ?. Une histoire qu’il décrit comme celle "d’une ville dans une période indéfiniment prolongée d’après-guerre, sans héros et avec des valeurs détournées par la corruption et le crime".

Le cinéaste bosniaque récemment récompensé par un double prix au Festival de Berlin 2013 pour son dernier long métrage La femme du ferrailleur (Grand prix du jury et Ours d'argent du meilleur acteur), avait été révélé à Cannes en 2001 avec son premier film No man's land, couronné par un Prix du scénario puis par un Oscar du meilleur film étranger. Ses trois longs métrages suivants, L'enfer, Eyes of War et Cirkus Columbia, avaient été montrés en avant-première à Toronto.

"En Bosnie Herzegovine, un pays de peu mais cependant de bons films, il est presque impossible de produire un film sans avoir accès à des initiatives et des fonds européens", a déclaré Danis Tanovic en réaction à l'annonce du Prix. "Etre membre d’« Europe créative » et son sous-programme MEDIA est essentiel pour notre industrie cinématographique."

De son côté, Androulla Vassiliou, la commissaire européenne à l’éducation et à la culture, qui remettra personnellement le prix au lauréat, a déclaré : "Danis Tanovic est l’un des meilleur réalisateur de sa génération. Son dernier projet de film est exceptionnel, avec un scénario captivant qui dégage une puissante et dynamique identité culturelle". Ce qui en fait logiquement un candidat sérieux pour une prochaine édition du Festival de Cannes.

6 questions à Danis Tanovic (La femme du ferrailleur)

Posté par cynthia, le 14 mars 2014

danis tanovic berlinale 2013

N'ayant pas pu venir dans notre capitale parisienne dû aux conflits que connait en ce moment sa Bosnie natale, Danis Tanovic réalisateur de No man's Land (Oscar du meilleur film en langue étrangère) et de La femme du ferrailleur, actuellement en salles, s'est prêté au jeu du questions/réponses par mail. La femme du ferrailleur, Grand prix du jury à la Berlinale 2013, est le récit d'un homme qui doit trouver une somme considérable pour que son épouse puisse se faire soigner à l'hôpital.

Ecran Noir: Votre film est littéralement un fait réel, comment avez-vous connu cette triste histoire?

Danis Tanovic: J'ai lu un article dans un journal local sur ce qui leur était arrivé, et ça m’a révolté. Je suis donc allé à leur rencontre, sans savoir d’idées précises en tête. Tout ce que je savais, c’est que je voulais faire un film de leur histoire, mais j’ignorais encore quel genre de film. Leur histoire m'a ému parce que, au delà de l'aspect tragique, il y a une immense tendresse et beaucoup d'amour entre-eux, et finalement c'est ce qui reste à la fin, l'amour et l'amitié.

EN: L'équipe du film est novice, cela a-t-il été difficile de diriger des apprentis acteurs?

Danis Tanovic: Il y a des amateurs qui sont très naturels et d'autres non. Je ne saurais pas dire si c'est plus difficile ou si je préfère diriger des amateurs ou des professionnels, c'est juste très différent. Je ne peux pas faire certaines choses avec des amateurs que j'aurais fait avec des professionnels, ça c'est sûr.

EN:  Sur un plan technique, pourquoi avez-vous choisi de filmer votre film avec une Canon 5D Mark? Pourquoi en si peu de temps? Neuf jours de tournage je crois...

Danis Tanovic: Nous n'avions que 17 000 euros de budget, impossible de faire autrement. J'utilise cet appareil pour faire des photos et par chance, mon directeur de la photographie et le directeur de production avaient le même. Entre avoir une caméra beaucoup plus précieuse qui demande plus d'investissement et trois appareils photos déjà disponibles, nous n’avons pas hésité longtemps. Ce dispositif permettait également de les intervertir facilement à cause des conditions de tournage, et notamment le froid. Elles ne sont pas parfaites mais quand vous tournez à moins 13 ou moins 15 degrés, il ne faut pas être trop difficile!

EN : Quel souvenir vous garder de ce tournage ?

C'était un moment très fort pour moi. J'ai aimé ce sentiment d'amitié sur le tournage, avec l'équipe, Nazif et Senada. J'ai dû demander à beaucoup de techniciens de travailler sans être payés et ils ont participé à l'aventure parce qu'ils pensaient que c'était la chose à faire, beaucoup de gens se sont mobilisés autour du film pour nous aider, juste par conviction.

EN: La discrimination qui touche vos personnages est-elle fréquente dans le domaine médical en Bosnie ?

Danis Tanovic: Il y a une semaine, j'ai lu la même histoire, une femme à qui on a refusé des soins et qui a failli mourir. C'est une des raisons pour lesquelles ce film a tellement voyagé, c'est une histoire universelle. Je viens de rentrer des États-Unis (du MoMA où il a présenté son oeuvre) où le film a été aussi très bien accueilli. C'est malheureusement une histoire qui n'est pas cantonnée à la Bosnie, et que l'on peut retrouver partout.

EN:  Quel message voulez-vous véhiculer à travers La femme du ferrailleur ?

Danis Tanovic: Il n'y a pas de message, je ne veux pas imposer ma vision messianique. Je cherche plutôt à poser des questions, je ne donne pas de message, c'est plutôt ça que j'aime faire, poser des questions : à vous de trouver les réponses !

Le palmarès de Berlin 2013 : le film roumain Child’s Pose remporte l’Ours d’or

Posté par vincy, le 16 février 2013

child's pose ours d'or berlin 2013

Lire aussi : Berlin 2013 : pronostics et favoris ; Une édition dominée par les femmes, le poids de la religion et le spectre de l’enfermement

Child's Pose du roumain a surclassé tous les favoris, y compris Bruno Dumont, ignoré par le jury. A cet Ours d'or, ajoutons les deux prix pour le film de Danis Tanovic, An episode in the Life of an Iron Picker (belle, sensible et réaliste incursion dans une petite communauté rom où la solidarité finit par prédominer) et tout cela confirme que le cinéma d'Europe de l'Est continue de séduire ; sans oublier le Teddy Award remis hier au très beau film polonais In the Name of...!

Child's Pose, "portrait d'une époque et d'un certain milieu social en même temps que celui d'une mère possessive", aborde le conflit de générations et la question de la culpabilité. Ce tableau d'une classe moyenne dominante et arrogante est composé de "scènes étirées, de dialogues brutaux et tout contribue à un sentiment de malaise qui sonne juste" écrivions-nous dans notre bilan.

Un court-métrage Français (La fugue), une grande actrice chilienne, Paulina Garcia, époustouflante Gloria, et un cinéaste québécois, Denis Côté, qui aime les chemins de traverse, au point d'être autant adoré que détesté avec son Vic + Flo ont vu un Ours, sont parmi les primés de ce soir, qui feront oubliés des choix plus discutables dans d'autres catégories.

Jafar Panahi n'hérite ainsi que d'un modeste prix du meilleur scénario pour son film clandestin Closed Curtain. Harmony Lessons du Kazakh Emir Baigazin, magistralement filmé, ne revient qu'avec le prix, mérité, de la meilleure contribution technique. Gold et In the Name of Father... ont été snobé, tout comme les films français, pourtant appréciés par la critique. Ne parlons pas du cinéma américain : on trouve Wong Kar-wai bien indulgent d'avoir décerné une mention spéciale à Gus Van Sant pour son Promised Land.

On reste aussi circonspects avec le prix de la mise en scène pour David Gordon Green, dont Prince avalanche a séduit une partie de la presse, et qui s'avère un remake d'Either way de l'Islandais Hafsteinn Gunnar Sigurðsson, dont le charme décalé avait plus d'intérêt.

Palmarès du jury

Ours d'or : Pozitia Copilului (Child's Pose) de Calin Peter Netzer (Roumanie)

Deux mentions spéciales : Layla Fourie de Pia Marais et Promised Land de Gus Van Sant

Grand prix du jury : An episode in the Life of an Iron Picker de Danis Tanovic (Bosnie Herzégovine)

Prix Alfred Baueur (innovation) : Vic+Flo ont vu un Ours de Denis Côté (Canada)

Meilleur réalisateur : David Gordon Green pour Prince Avalanche (USA)

Meilleure actrice : Paulina Garcia dans Gloria de Sebastian Lelio (Chili)

Meilleur acteur : Nazif Mujic dans An episode in the Life of an Iron Picker de Danis Tanovic (Bosnie Herzégovine)

Meilleure contribution technique : le directeur de la photographie Aziz Zhambakiyev pour Harmony Lessons d'Emir Baigazin (Kazakhstan)

Meilleur scénario : Closed Curtain de Jafar Panahi (Iran)

Ours d'or d'honneur : Claude Lanzmann

Prix du premier film (toutes sélections confondues)

Meilleur premier film : The Rocket de Kim Mordaunt (Australie), sélectionné en Generation Kplus

Mention spéciale : A batalha de Tabatô (The Battle of Tabatô) de João Viana (Guinée Bissau/Portugal)

Court-métrages

Ours d'or  : La Fugue de Jean-Bernard Marlin (France)

Ours d'argent : Die Ruhe bleibt (Remains Quiet) de Stefan Kriekhaus (Allemagne)