Cannes 2013 : où sont les femmes ? – A Touch of Sin

Posté par MpM, le 17 mai 2013, dans Festivals, Films, Personnalités, célébrités, stars.

a touch of sinLa femme, dans le cinéma asiatique, est souvent cantonnée à des rôles très définis, on aura l'occasion d'y revenir d'ici la fin du festival de Cannes.

Premier exemple criant, A Touch of sin de Jia Zhang-ke, une fresque romanesque sur les difficultés économiques d'une partie de la population chinoise. On y croise  des individus confrontés à toutes formes de violence symbolique et sociale, qui finissent eux aussi par passer à l'acte.

Parmi les quatre protagonistes principaux, on ne trouve qu'une seule femme. Elle est la maîtresse de longue date d'un homme marié et travaille comme réceptionniste dans un "sauna" qui sert de maison close. Aux yeux des hommes qui fréquentent l'établissement, elle est donc une prostituée potentielle. Et lorsqu'elle s'en défend face à un client trop entreprenant, il laisse entendre qu'elle n'a qu'à se laisser faire, puisqu'il est riche.

La femme comme objet de plaisir au service des hommes puissants, vision classique (et toujours aussi révoltante) des sociétés patriarcales. Heureusement, Jia Zhang-ke venge l'affront en transformant l'héroïne en amazone vengeresse. Voilà au moins un homme qui n'achètera plus jamais rien ni personne avec sa fortune.

Dans les autres volets, une autre jeune femme est confrontée à la prostitution, mais elle n'a pas le loisir de s'y soustraire. Elle doit subvenir aux besoins de sa petite fille, et n'a d'autre horizon que le club très privé où elle est travaille. Les autres personnages féminins se définissent tous en fonction d'un homme : femme de, sœur de, mère de. Des stéréotypes sans aucune épaisseur psychologique, qui attendent sans cesse le bon vouloir d'un homme, qu'il s'agisse d'argent ou de chaleur humaine.

Il faut reconnaître que les personnages masculins ne sont guère mieux lotis en termes de statut social : exploités, niés, humiliés, maltraités... Ils bénéficient toutefois d'une autonomie plus importante, et demeurent au centre du récit. Comme si leur destin avait quelque chose de plus tragique que celui des personnages féminins, au fond assez traditionnel.

Pour la femme chinoise dans la société décrite par Jia Zhang-ke, il n'y a donc que deux options : femme convenable sous le joug d'un seul homme ou prostituée soumise au bon plaisir de tous.

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