Cannes 70 : chants (et contrechamps) du cygne

Posté par MpM, le 14 avril 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-34 Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .


Cannes, nous l'avons déjà écrit dans le cadre de ce dossier, c'est le lieu des découvertes mais aussi de la reconnaissance de grands auteurs reconnus, comme le confirment les Palmes d'or tardives dans leur vie et leur carrière de Roman Polanski, Ken Loach, Theo Angelopoulos ou Michael Haneke. On pourrait dire qu'ils l'ont obtenue à l'usure et certains ne s'en sont pas privés, à tort ou à raison.

Mais, pour ne citer qu'un exemple, comment résister à la bouleversante Palme du cinéaste polonais, Le Pianiste ? "I wish I knew you better", dernière phrase de Wladyslaw Spillman prononcée à sa sœur avant qu'il ne soit séparé définitivement de sa famille, est une des plus belles répliques entendues dans une Palme, la plus intime peut-être, prononcée par un réalisateur dans un film - au moins en apparences - non autobiographique.

Les quatre grands cinéastes cités ci-dessus ont encore tourné plusieurs films après leur prix, Michael Haneke, 75 ans, étant le seul cette année à tenter à nouveau sa chance avec un long-métrage au titre quasi parfait pour cet article : Happy End. Le nonagénaire Claude Lanzmann sera présent en séance spéciale avec un documentaire (Napalm) mais ne soyons pas désobligeants en citant ces deux personnalités :  rien ne laisse présager – en dehors de leur âge avancé – qu'ils ne mèneront pas d'autres projets à terme dans les prochaines années.

Petit tour d'horizon de quelques grands noms du cinéma dont les tout derniers longs-métrages sont passés en sélection officielle, en compétition ou hors-compétition. La retraite anticipée d'un artiste est rarement volontaire et nombreux sont ceux qui rêvent à tourner jusqu'à leur dernier souffle et y parviennent, parfois avec des films qui n’entachent en rien leur carrière prestigieuse.

Pas encore prêt...


En 1993, Akira Kurosawa, le cinéaste qui a grandement participé au rayonnement du Japon à l'international, livrait, à 83 ans, une œuvre testamentaire qui renie cette dimension dans son titre mais l'embrasse dans son contenu avec ironie et douleur. «Madadayo» («pas encore !», sous-entendu «prêt à mourir») est, dans le film éponyme, la réponse rituelle d'un vieux professeur à l'attention de ses anciens élèves réunis 17 années de suite après sa retraite à la question «maadakai» («êtes-vous prêt ?»). Après cinquante années de cinéma, impossible de ne pas reconnaître le cinéaste dans ce récit sur le temps qui passe et la postérité. Son grand âge et sa réputation lui firent dire non sans malice, alors qu'il était applaudi avant la première projection : «vous me célébrez avant même d'avoir vu mon film parce que vous me reconnaissez comme un maître. Et vous allez voir que vous avez raison». Il décède en 1998 avec plusieurs projets dans sa besace, dont une adaptation d'une nouvelle d'Edgar Allan Poe (Le Masque de la mort rouge) et après avoir achevé les scénarios de Après la pluie et La Mer regarde qui seront réalisés par d'autres après sa disparition.

En 1960, Jacques Becker, l'un des premiers grands cinéastes français du parlant, disparaît alors qu'il achève le montage de ce qui restera comme son dernier film. Le Trou est l'un de ses chefs d’œuvre, occupant une belle place à côté de Goupi Mains Rouges, Falbalas, Antoine et Antoinette, Rendez-vous de juillet ou Casque d'or. Dans ce film viril mais surtout humain sans être angélique, un jeune homme bien sous tous rapports se retrouve en prison aux côtés d'hommes bien plus solides que lui. Méfiants d'abord, ils finissent par l'accepter dans leur groupe alors qu'ils préparent une évasion. «Pauvre Gaspard», l'une des plus belles dernières répliques dans un long-métrage, est concise, nette, percutante, indélébile, lorsqu'elle pénètre dans les oreilles de son destinataire qui rentre alors dans un abyme de solitude dont il ne sortira peut-être jamais. Le trou du titre n'est pas tant celui creusé par ces frères de cellule que celui d'une culpabilité sans fin. La Cinémathèque Française rend hommage au cinéaste jusqu'au 29 avril et ce grand film noir, une brillante étude de caractères sans concession, est à ne pas manquer.

Dernières danses


Étrange vision en 1983 lorsque le vénérable Orson Welles, dont le dernier film remonte déjà à quelques années, est invité à remettre un double Grand prix à deux autres grands cinéastes en fin de parcours. Robert Bresson est récompensé pour son dernier film, L'Argent et Andrei Tarkovski pour son avant-dernier, Nostalghia, mais il s'agit de sa dernière présence sur scène, Le Sacrifice en 1986 lui permettant de recevoir un troisième Grand Prix alors qu'il se meurt d'un cancer du poumon dans un hôpital parisien. La Palme revient cette année là à Roland Joffé pour Mission... En 1983, c'est un autre grand nom du cinéma qui recevait la Palme : Shohei Imamura, qui recevra une deuxième Palme en 1997 pour L'Anguille et quittera la scène en 2001 avec De l'eau tiède sous un pont rouge, un film pourtant d'une grande santé, sensuelle et enlevée, également dévoilée en compétition.

Federico Fellini a obtenu la Palme pour La Dolce Vita en 1960 et le Prix du 40ème anniversaire en 1987 pour Intervista. L'italien s'est rendu très régulièrement sur la Croisette pendant plus de 35 ans, achevant son parcours en 1990 avec La Voce della luna, avec Roberto Benigni (et Sim dans un petit rôle), un film très mal reçu qui déçoit les cinéphiles malgré quelques jolis moments, que l'on peut voir comme l'un des symboles de la fin d'un âge d'or du cinéma italien. Il disparaît en 1993, suivi quelques mois plus tard de sa muse et épouse Giulietta Massina.

Pouvait-on imaginer en 1996 que The Sunchaser serait le dernier film de Michael Cimino, vingt ans son décès l'an dernier ? Après une série de quatre chefs d’œuvres en douze ans, marqueurs indéniables de l'histoire de son pays, au niveau politique mais surtout cinématographique (Le Canardeur, Voyage au bout de l'enfer, La Porte du paradis, L'Année du dragon), il avait ensuite déçu avec Le Sicilien et La Maison des otages. Son dernier opus, un road-movie dans lequel un cancérologue (Woody Harrelson) est kidnappé par un jeune membre de gang d'origine indienne, n'est pas très bien accueilli dans l'ensemble malgré quelques avis dithyrambiques. Il reviendra brièvement en 2007 pour l'un des sketchs de Chacun son cinéma en 2007. Même questionnement en 2000 avec le taïwanais Edward Yang avec Yi Yi. Son prix de la mise aurait du être le jalon d'une deuxième partie de carrière au premier plan après des années de relative discrétion. En 2007, il décède d'un cancer alors qu'il cherchait à réunir des fonds pour un long-métrage d'animation avec Jackie Chan.

En 1998, 26 ans après sa récompense suprême pour le grand film politique L'Affaire Mattei, Francesco Rosi rend hommage, avec La Trêve, à Primo Levi en adaptant son autobiographie Si c'est un homme, récit de sa survie à Auschwitz, sur l'indicible douleur des survivants des camps. Le film est jugé trop académique et décrié pour la scène où un officier allemand demande pardon au double de Levi joué par John Turturro, un passage absent du livre. Le réalisateur se justifiait ainsi : «Je l'ai rajouté en hommage au chancelier Willy Brandt, le premier allemand à l'avoir fait. Mais qu'on ne se méprenne pas : ce pardon, Primo Levi ne l'a pas donné, et moi, l'auteur du film, je ne le donne pas non plus ».

2012 marque quasiment un double adieu à la scène. Abbas Kiarostami, révélé comme grand cinéaste de l'enfance mais qui ne s'est pas limité à cet âge de la vie, proposait ce qui aurait pu être une parenthèse stylistique avec Like Someone in Love, tourné au Japon. Il avait révélé au monde le cinéma iranien et séduit de nombreux confrères dont Nanni Moretti qui a tourné un court métrage sur la sortie de Close-up et s'était battu au sein du jury présidé par Isabelle Adjani pour lui faire obtenir une Palme d'or en 1997 pour Le Goût de la Cerise.

Akira Kurosawa l'avait adoubé avec enthousiasme : «Quand Satyajit Ray est décédé, j’ai été très déprimé. Mais après avoir vu les films de Kiarostami, j’ai remercié Dieu de nous avoir donné exactement la bonne personne pour prendre sa place». Jean-Luc Godard aurait dit de lui : «le cinéma commence avec D.W. Griffith et prend fin avec Abbas Kiarostami». Le Festival 2017 rendra hommage à celui qui fut un pilier de Cannes de 1992 à 2014 (l'année où il fut président du jury de la Cinéfondation) en présentant 24 frames, annoncée comme expérimental et que l'on croyait inachevée. Ce sera donc à vérifier entre le 17 et le 27 mai. Il disparaît le lundi 4 juillet 2016, moins de 48 heures après Michael Cimino.

Toujours en 2012, Alain Resnais venait avec son avant-dernier film, que nous citons ici pour son côté testamentaire, un film «boucle» au titre évocateur, Vous n'avez encore rien vu, comme un lien à travers les âges au «Tu n'as rien vu à Hiroshima» de Hiroshima, mon amour, son premier long.

S'ils ne sont pas inconscients de leur grand âge, rares seront les réalisateurs à admettre directement la part testamentaire de leur dernière œuvre, se confronter à sa mortalité n'étant pas une chose aisée. Pour certains, la possibilité de la poursuite de leur carrière passe notamment pas l'impossibilité de ne jamais, ou difficilement, admettre cette dimension. Manoel de Oliveira a tourné en 1982 Visite ou Mémoires et Confessions, une œuvre réellement testamentaire, la sortie ne pouvant être que posthume selon ses vœux, alors que sa carrière ne faisait que commencer et s'est achevée trente ans plus tard avec Gebo et l'ombre, dévoilé à Venise alors que la quasi-totalité de ses films ont été montrés sur la Croisette dans les années 90-2000. Clint Eastwood, autre abonné cannois, rêve de tourner à un âge aussi avancé, au-delà de son centième anniversaire.

Rajoutons à tous ces prestigieux exemples d'autres noms en bref : Leopold Lindtberg, l'un des premiers habitués avec trois sélections entre 1946 et 1953 (Le Village près du ciel, son dernier film) et membre du jury en 1955) ; Alfred Hitchcock hors-compétition en 1976 avec Complot de famille ; Yilmaz Guney avec Le Mur en 1983, un an après sa palme pour Yol, la permission ; Sergio Leone hors-compétition avec sa fresque magnifique Il était une fois en Amérique en 1984 ; Shuji Terayama disparu prématurément à 47 ans, présent en 1984 avec Adieu l'arche ; André Delvaux avec L'Œuvre au noir en 1988 (avec l'immense Gian Maria Volonté dans l'un des ses derniers rôles) ; Bernhard Wicki en 1989 avec La Toile d'araignée ; Axel Corti, l'auteur de la magnifique trilogie Welcome in Vienna qui signait son dernier passage cannois avec l'europudding sinistre La Putain du roi (qui sera heureusement suivi de la brillante mini-série pour la télévision La Marche de Radetzky) ; João César Monteiro avec Va et vient en 2003, la même année que le Sri-lankaisen Lester James Peries avec Le Domaine (toujours vivant mais âgé de 98 ans, il n'a pas tourné depuis) ou le sénégalais Ousmane Sembène qui dénonce l'excision avec Moolaadé à Un Certain regard en 2004. Tous, ou presque, sont décédés peu de temps après ce dernier volet de leur parcours.

Enfin, difficile de conclure ce texte d'une immense gaieté sans évoquer la «mort sur scène» de Roberto Rossellini, un cas bien particulier dans l'Histoire du festival, celui de la disparition, une petite semaine après la fin de l'édition 1977, du président d'un jury marqué par une polémique. Le jury du réalisateur de Rome, ville ouverte a préféré remettre la palme à Padre, Padrone des frères Taviani alors qu'un autre de leurs compatriotes, Ettore Scola était le favori avec Une Journée particulière. Le président du festival, Robert Favre le Bret, est en colère, le fait savoir et n'assiste pas à la remise des prix, une première et une dernière dans l'Histoire de Cannes ! Dans son ouvrage La Vie passera comme un rêve, Gilles Jacob rapporte les mots du cinéaste à Favre Le Bret dans la dernière lettre qu'il lui a écrite : «Cher Robert, nous n'allons tout de même pas mourir pour un festival… »

Pascal Le Duff de Critique-Film

Cannes 2017: « Carne y Arena », ovni en réalité virtuelle sur la Croisette

Posté par vincy, le 14 avril 2017

Annoncé hier dans le cadre des événements du 70e anniversaire du Festival de Cannes, Carne Y Arena (Virtually Present, Physically invisible), le nouveau film d'Alejandro G. Inarritu est le premier film en réalité virtuelle en sélection officielle du Festival. Le film sera ensuite présenté à la nouvelle Fondazione Prada de Milan à partir de juin avant de faire un tour de musées dans le monde l'année prochaine.

Le dossier de presse indique qu'il s'agit d'une exploration de la condition humaine, des migrants et des réfugies, une installation conceptuelle en réalité virtuelle et une occupation inédite d'un vaste espace visuel original.

Historiquement, c'est de facto le tout premier programme de réalité virtuelle présenté en Sélection officielle du Festival. Le fait qu'il soit signé par un réalisateur oscarisé (deux Oscars du meilleur réalisateur, un Oscar du meilleur film, un Oscar du meilleur scénario original) et également primé à Cannes (prix de la mise en scène pour Babel, Grand prix de la semaine de la critique pour Amores Perros) légitime en soi ce choix. D'autant que la photographie est assurée par le triple-oscarisé Emmanuel Lubezki (et indirectement palmé grâce à son travail avec Terrence Malik pour The Tree of Life ­L’Arbre de vie).

La condition humaine

Produite et financée par Legendary Entertainment et la Fondazione Prada, cette installation en réalité virtuelle est à la fois expérimentale et visuelle. "À partir de faits bien réels, les lignes qui semblent habituellement séparer le sujet observé de son observateur se trouvent ici brouillées quand chacun est invité à se déplacer à l’intérieur d’un vaste espace, en suivant des réfugiés et en en vivant intensément une partie de leur périple" explique le dossier. Ce qui n'éclaire pas vraiment et attise la curiosité. On sait juste que le film utilise la technologie virtuelle "pour créer un espace infini de narrations multiples peuplé de personnages réels."

Cela ne dure que six minutes trente. Même s'il a fallu quatre ans pour le faire. Cet "ovni" cinématographique est cependant (avant tout?) politique dans le contexte actuel (on le rappelle: le POTUS Donald Trump souhaite construire un mur entre les Etats-Unis et le Mexique). "J’ai eu la chance de rencontrer et d’interviewer de nombreux réfugiés arrivant du Mexique et d’Amérique centrale. Ce qu’ils me racontaient de leur vie continuait à m’obséder, je leur ai donc proposé de collaborer à mon projet", confie le cinéaste. "Je souhaitais pouvoir utiliser la réalité virtuelle pour explorer la condition humaine tout en m’affranchissant de la dictature du cadre ­à l’intérieur duquel on ne peut être que simple observateur ­ pour prendre possession de la totalité de l’espace dans lequel je propose au visiteur de vivre l’expérience réelle des migrants, en marchant avec eux, en pénétrant sous leur peau et au plus profond de leur cœur" précise-t-il.

Transition et transformation

Selon Germano Celant, responsable des Arts et des Sciences au sein de la Fondazione Prada, "C’est une véritable révolution dans la façon de communiquer : quand, au cinéma, voir se transforme en ressentir, l’engagement physique est total. Il s’agit bien là d’une transition, d’un passage de l’écran au regard de l’homme dont tous les sens se trouvent alors sollicités."

Fusion des identités, dualité entre organique et artificiel, rapport vision/expérience: les éléments de langage n'aident pas forcément à comprendre ce projet qui sera, à coup sûr, pris d'assaut par les journalistes durant le Festival. Un espace sera dédié et Thierry Frémaux a promis que la presse serait un public privilégié pour vivre cette expérience.

Peu importe si le résultat apparaît comme un gadget aux yeux des critiques: le Festival de Cannes ne voulait pas manquer le train. L'an dernier, Michel Reilhac avait présenté "Viens!" à Sundance. Venise a annoncé il y a quelques semaines que la VR aurait sa compétition, en plus d'avoir déjà installé l'an dernier un atelier permettant de financer des projets (lire notre article du 29 mars. Les salles de cinéma commencent à s'en équiper (notamment MK2 et la Géode à Paris). Après la révolution numérique, le retour de la 3D, l'émergence de la 4D, le cinéma continue d'avancer pour rendre le spectacle encore plus immersif. A défaut de nouveau langage, il s'aventure là où la technologie l'emmène: vers un horizon mystérieux, où l'Homme, curieux, tâte le terrain, avec un casque.

Cannes 70 : les habitués de la croisette

Posté par cannes70, le 13 avril 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-35 Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .


Depuis sa création, le festival de Cannes compte son lot d’habitués, ces réalisateurs prestigieux assurés d’obtenir une place en compétition dans le plus grand festival de cinéma du monde. Une situation confortable qui ne garantit pas pour autant l’accession au Graal Suprême, la Palme d’Or, que Ettore Scola ou Carlos Saura ont convoité maintes fois, en vain.

Tous les cinéastes rêvent de voir leur film envahir l’écran du Théâtre Lumière mais très peu ont eu ce privilège. Une évidence ou une injustice ? Lorsque l’on regarde attentivement la liste des cinéastes qui ont leur rond de serviette cannois, force est d’admettre qu’elle est très loin de faire pâle figure : Michelangelo Antonioni, Ingmar Bergman, Federico Fellini ou Andrei Tarkovski pour ceux « qui ne sont plus disponibles », Clint Eatwood, Michael Haneke, Lars Von Trier, Nuri Bilge Ceylan, Ken Loach, les frères Coen ou Nanni Moretti pour les réalisateurs toujours en activité.

Ignorer les réalisateurs les plus importants de leur temps serait une absurdité et les responsables du festival l’ont bien compris (un peu trop d’ailleurs). Certains ont été primés dès leurs premiers pas en compétition (les frères Coen avec Barton Fink, Steven Soderbergh et son Sexe, Mensonge et Vidéo) tandis que d’autres ont longtemps attendu la consécration (Michael Haneke et ses deux Palmes successives, Le Ruban Blanc et Amour). Et ceux qui n’ont jamais décroché la Palme ont plus d’une fois présenté l’une de leur œuvre majeure, que ce soit Clint Eastwood (Mystic River), Carlos Saura (Cria Cuervos), James Gray (La nuit nous appartient) ou Pedro Almodovar et sa très venimeuse Piel Que Habito.

Si la fidélité aux cinéastes est le plus souvent sauvegardée, quelques malheureux ont soudain subi l’opprobre dont ils ne se sont pas remis. Le cas le plus manifeste étant le réalisateur danois Bille August, deux fois lauréat de la Palme d’Or (pour Pelle le Conquérant et Les Meilleures Intentions) qui n’a plus foulé le tapis rouge depuis vingt-cinq ans.

Mais cette fidélité se transforme parfois en aveuglement et met à mal la fameuse politique des auteurs qui veut nous faire croire qu’un grand cinéaste ne créé que des chefs d’œuvre. Aussi immenses qu’ils furent, Hitchcock, Chaplin et Welles ont connu, le temps d’un film, un sérieux coup de mou. Sous le prétexte d’obtenir le label Festival de Cannes, pour quelle raison avouable les membres du club n’auraient pas droit eux aussi à un moment de faiblesse ? Leur présence sur la Croisette n’en est alors que plus cruelle et le retour de bâton peut s’avérer très violent. On se souvient encore des sifflets et des ricanements accompagnant la projection de Nos Souvenirs de Gus Van Sant (lauréat d’une Palme d’Or pour Elephant), indigne d’une sélection. Ou de la lente décomposition artistique de Wim Wenders, présent régulièrement en compétition en souvenir d’une Palme (Paris, Texas) déjà bien lointaine.

De ces grands noms, le festival a besoin. Sans eux, le prestige de la manifestation prendrait un sérieux coup dans l’aile. Mais Cannes ne peut pas se contenter de suivre obstinément toujours les mêmes, et doit battre en brèche l’idée reçue consistant à proclamer qu’ils font les meilleurs films. Un argument hautement contestable utilisé paresseusement afin de pas se risquer à proposer des auteurs neufs qui ne croulent pas encore sous les honneurs ronflants.

Et puis il faut bien avouer que cette obsession des "habitués" qui ont la "carte" finit par conduire à des aberrations. Souvenons-nous de l'affaire Arnaud Desplechin en 2015 : son film Trois souvenirs de ma jeunesse n'est pas retenu en compétition mais a les honneurs de la Quinzaine, dont il fait l'ouverture. Scandale, selon certains, qui prétendent qu'il s'agit là de son meilleur film, et donc d'une grave "faute" de la part du Festival. Les mêmes râlent sur la présence de cinéastes non "habitués" (dont les films sont jugés mauvais avant même d'être vus). Et on peut supposer sans tellement de mauvaise foi que cette année-là, la sélection de Desplechin en compétition, si elle avait eu lieu, n'aurait pas manqué d'être raillée (par les mêmes ou par d'autres) sur l'air de "toujours les mêmes". Thierry Frémaux doit alors prendre modèle sur Schrödinger et son chat, en tentant l'expérience de cinéastes qui sont en même temps sélectionnés et  laissés de côté. On invite tous les râleurs à se plier à l'exercice.

Quoi qu'il en soit, un grand cinéaste, s’il n’est plus à la hauteur, s'il n'apporte rien de nouveau à son propre travail, ou tout simplement s'il a été trop vu, doit céder sa place, même provisoirement. Car Cannes est censé refléter le meilleur du cinéma mondial. De temps à autre, des réalisateurs font une entrée fracassante, à l’instar d’un Lazslo Némès avec Le Fils de Saul ou de Maren Ade et son jubilatoire Toni Erdmann, salués et appréciés de manière générale. Enfin un peu de nouveauté, se dit-on alors avec une certaine satisfaction. Jusqu'à ce qu'ils deviennent eux-aussi des habitués... ?!

Antoine Jullien de Mon Cinématographe et de l'émission Flashback sur Séance radio

PS : Notons cette année que les vœux de notre rédacteur invité Antoine Jullien, écrits juste avant l'annonce de la sélection 2017, ont été comme exaucés. Certes 14 des 18 cinéastes invités ont déjà concouru pour la Palme d'or, Michael Haneke l'a même reçu deux fois pour ses deux derniers films et d'autres ont été primés directement ou pour leurs interprètes (Fatih Akin, Michel Hazanavicius, Todd Haynes, Andrey Zvyagintsev).

Pourtant, on peut noter que plusieurs ne sont en lice que pour la deuxième fois (Sofia Coppola, Yorgos Lanthimos, Lynne Ramsay...) ou la troisième (François Ozon, Jacques Doillon en 1979 et 1984, Andrey Zvyagintsev, Sergey Loznitsa, Kornél Mundruczó...) sans avoir cette étiquette d'habitués de "premier plan" portée par Haneke, Hong Sangsoo et Naomi Kawase cette année.

Pour être complets pour certains d'entre eux, il faudrait citer l'intégralité de leur parcours cannois. Bong Joon-ho est passé par la Quinzaine des Réalisateurs, tout comme les frères Safdie, Kornel Mandruczo a vu tous ses films présentés sur la Croisette, recevant par exemple le prix Un Certain Regard pour White God... Reste néanmoins que la sélection 2017 est l'une des prometteuses sur le papier depuis des lustres et devrait surprendre jusqu'aux festivaliers les plus basés. On le souhaite en tout cas. On le sent...

Pascal Le Duff (critique-film.fr) et Marie-Pauline Mollaret (Ecran Noir)

Cannes 2017: les films d’Un certain regard

Posté par vincy, le 13 avril 2017

Ouverture
Barbara de Mathieu Amalric

La novia del desierto (La fiancée du désert)
de Cecilia Atan et Valeria Pivato (premier film)
Tesnota (Etroitesse) de Kantemir Balagov (premier film)
Aala Kaf Ifrit (La belle et la meute) de Kaouther Ben Hania
L'atelier de Laurent Cantet
Fortunata (Lucky) de Sergio Castellitto
Las hijas de abril (Les filles d'avril) de Michel Franco
Western de Valeska Grisebach
Posoki (Directions) de Stephan Komandarev
Out de Gyorgy Kristof (premier film)
Sanpo Suru Shinryakusha (Before we vanish) de Kiyoshi Kurosawa
En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui (premier film)
Lerd (Dregs) de Mohammad Rasoulof
Jeune femme de Léonor Serraille (premier film)
Wind River de Taylor Sheridan (premier film)
Après la guerre d'Annarita Zambrano (premier film)

les films en compétition
les films hors-compétition et en séances spéciales

Cannes 2017: les films hors-compétition et en séances spéciales

Posté par vincy, le 13 avril 2017

Hors-compétition
Ouverture du festival: Les fantômes d'Ismael d'Arnaud Desplechin
Mugen Non Junin (Blade of the Immortal) de Takashi Miike
How to Talk to Girls at Parties de John Cameron Mitchell
Visages, Villages de Agnès Varda et JR

Séances spéciales
An inconvenient sequel (Une suite qui dérange) de Bonni Cohen et Jon Shenk
12 jours de Raymond Depardon
They de Anahita Ghazvinizadeh (premier film)
Claire's Camera de Hong Sangsoo
Promised Land d'Eugene Jarecki
Napalm de Claude Lanzmann
Demons in Paradise de Jude Ratman (premier film)
Sea Sorrow (Une mer de larmes) de Vanessa Redgrave

Séances de minuit
Ak-Nyeo (The Villainess) de Jung Buyng-Gil
Bulhandang (The Merciless) de Byun Sung-Hyun
Prayer before Dawn de Jean-Stéphane Sauvaire

Autres films

Réalité virtuelle
Carne y Arena d'Alejandro G. Inarritu

Evénements 70e anniversaire
Top of the Lake, deuxième saison de Jane Campion (série TV)
Twin Peaks, deux épisodes, de David Lynch (série TV)
24 Frames d'Abbas Kiarostami (film posthume)
Come swim de Kristen Stewart (court métrage)

les films en compétition
les films à Un certain regard

Cannes 2017: les films en compétition

Posté par vincy, le 13 avril 2017


Il y aura sûrement des ajouts ("des retouches"). A un mois et quelques jours du lancement du 70e festival de Cannes, la sélection officielle dévoilée par Thierry Frémaux, qui célèbre sa dixième programmation cette année, n'est certainement pas complète. Pour l'instant, les cinémas africains, latino-américains et proche-orientaux sont relativement absents. Aucun film chinois, indien, espagnol. Pas d'animation non plus.

Mais le menu est alléchant, entre fidèles de la Croisette, nouveaux-venus, films de genre et œuvres engagées, premiers films (9, soit deux de plus) et films de femmes (12, soit trois de plus), éclectisme géographique (29 pays, soit deux de plus). Des 1930 longs visionnés (inflation toujours forte), il ne reste donc que cette cinquantaine de films, entre grands noms du 7e art et jeunes pousses attisant la curiosité, sans oublier l'ouverture vers la réalité virtuelle et deux séries TV signées par deux palmés. La compétition présente des films qui durent de 1h31 à 2h22. Pas de quoi effaroucher le cinéphile.

Les stars seront aussi présentes (même si Pitt, Damon et Clooney ne sont pour l'instant pas au programme comme on pouvait s'y attendre). Nicole Kidman, Marion Cotillard, Julianne Moore, Isabelle Huppert, Elle Fanning, Tilda Swinton, Joaquin Phoenix, Diane Kurger, Ben Stiller, Vincent Lindon, Adèle Haenel, Robert Pattinson monteront les marches.

Thierry Frémaux s'est fait finalement politique en espérant que le cinéma était une promesse de vivre ensemble, et que le festival préférait un futur désirable à un regard nostalgique sur le passé. Insoumis aux influences, en marche vers l'avenir, le 7e art sera célébré du 17 au 28 mai, sous la présidence de Pedro Almodovar.

Aus dem Nichts (In the Fade) de Fatih Akin
The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach
Okja de Bong Joon-ho
120 battements par minute de Robin Campillo
The Beguiled (Les proies) de Sofia Coppola
Rodin de Jacques Doillon
Happy End de Michael Haneke
Wonderstruck de Todd Haynes
Le redoutable de Michel Hazanavicius
Geu-hu (The Day After) de Hong Sangsoo
Hikari (Vers la lumière) de Naomi Kawase
The Killing of a sacred deer (Mise à mort du cerf sacré) de Yorgos Lanthimos
A Gentle creature de Sergei Loznitsa
Jupiter's moon de Kornel Mandruczo
L'amant double de François Ozon
You were never really here de Lynne Ramsey
Good time de Benny et Josh Safdie
Nelyubov (Loveless) d'Andrey Zvyagintsev

Les films à Un certain regard
Les films hors-compétition et en séances spéciales

Cannes 70 : les poids lourds de Hollywood débarquent sur la Croisette

Posté par cannes70, le 12 avril 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-36. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .

Cannes est le festival des grandes opportunités pour les films qui ont la chance d'y être en compétition, mais aussi pour ceux qui sont invités pour de simples projections sans la pression de la course à la Palme. Il n'est donc pas étonnant de voir l'industrie du Blockbuster envahir la croisette malgré les risques d'une mauvaise réception critique. Casting quatre étoiles, pur divertissement, montée des marches vertigineuse et glamour ou encore fêtes spectaculaires, la projection à Cannes de ces films capteurs de rétines avides de gros budget  est une rampe supplémentaire pour leur visibilité. Pourtant, la tradition est relativement récente dans l'histoire du festival. Les blockbusters sont apparus longtemps après que Cannes soit devenu le festival incontournable du 7e art.

Retour sur quelques blockbusters qui ont marqué la croisette.


1982: le maître du genre

La 35e édition du festival a eu l'honneur d’accueillir Monsieur Steven Spielberg pour son film E.T. L'Extraterrestre projeté en avant-première mondiale. Personne ne se doutait durant la projection que cette histoire de petit garçon qui rencontre un extraterrestre au ventre rond allait devenir l'un des plus gros succès du cinéma et un film de référence pour le genre. La fin de la projection officielle a même reçu une standing ovation de plusieurs minutes. E.T. est resté onze ans en tête du box-office mondial avant d'être détrôné par une autre œuvre de Spielberg, Jurassic Park.

1997: Besson est dans son cinquième élément

Pour la 50e édition du festival, la croisette fut foulée par Luc Besson et son équipe du Cinquième élément. Si le film à l'époque reçut un accueil mitigé, il fallait attendre fin 2014 afin que les aventures de Leelo et de Corben Dallas (Bruce Willis) deviennent le quatrième plus grand succès d'un long métrage français à l'étranger, toutes langues de tournage prises en compte, avec 43,4 millions d'entrées dans le monde, dont 7,7 millions d'entrées en France et 35,7 millions à l'international. Comme on dit, mieux vaut tard que jamais.

2005: Quand le meilleur pote de Spielberg squatte la croisette

Le 58e festival de Cannes s'est vu envahir par des Stromtroopers : l'ultime volet de la deuxième trilogie Star Wars, réalisée par George Lucas, reçoit un accueil digne de l'arrivée de Ryan Gosling en string panthère au Franprix en bas de chez vous (non ce n'est pas possible mais si ça l'était il y aurait une émeute... donc vous voyez à peu près le triomphe que La Revanche des Sith a reçu).

2006: Ron Howard et son Da Vinci Code

16 mai 2006, Da Vinci Code de Ron Howard, qui ouvre le 59e festival cannois, est accueilli par des sifflets et des rires (ce n'est pas toujours rose à Cannes)... un véritable fiasco pour cette adaptation du roman de Dan Brown avec (tout de même) Tom Hanks et Audrey Tautou. Fiasco également du côté de la critique, ce qui n'a pas empêché les spectateurs curieux de voir le film.

2007: Soderbergh et son équipe de choc

60e édition du festival de cannes, il fait chaud très chaud lorsque l'équipe d'Ocean's 13 arrive sur la croisette. George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon, Al Pacino, Andy Garcia, Don Cheadle, Bernie Mac, Casey Affleck… Autant vous dire que les photographes ont bossé (certains ont perdu des phalanges). Avec un tel casting, les mauvaises langues diront que le film a été sélectionné uniquement pour faire crépiter les flashs sur le tapis rouge. Le film reçoit un accueille mitigé dû à son scénario qualifié d'invraisemblable mais boosté par une ambiance bon enfant et désinvolte.

2008: Panda Party

Un gros panda a fait irruption à la 61e édition du festival de Cannes. Que la PETA se rassure, il était accompagné d'une Angelina Jolie radieuse et enceinte ainsi que d'un Jack Black drôle et so cute pour la présentation du premier volet de l'énorme succès de Dreamworks: Kung Fu Panda.

2013/2014 : le règne de Katniss

Deux années de suite, la saga américaine Hunger Games a irradié la croisette. Tout d'abord en 2013 avec L'embrasement, puis en 2014 avec La Révolte Partie 1. Le casting dans sa quasi-totalité a embrasé le tapis rouge et la salle avant de faire danser le gratin sur le thème du film. Je vous laisse imaginer une soirée sur le thème de Hunger Games…  Prudent, Thierry Frémaux n'a même pas invité l'un de ces deux opus hors-compétition, craignant peut-être de perdre l'un des prestigieux cinéastes visant la Palme d'or.

2014 toujours: l'agence casse-cou

Après l'équipe de la saga Hunger Games, la 67e édition du festival de Cannes a accueilli le casting testostéroné du film Expendables 3, venu se pavaner sans être accompagné de la moindre projection. Jason Statham, Sylvester Stallone ou encore Mel Gibson ont fait vibrer la croisette en débarquant dans un tank... nous ne faisons pas les choses à moitié à Cannes !

2015: Be Furious and Mad!

Dès la parution de sa bande-annonce choc et à la vue de son magnifique casting, Mad Max: Fury Road est fortement pressenti pour faire l'ouverture de Cannes. Perdu ! Le film de George Miller sera projeté hors compétition le lendemain en face de celle des sections parallèles ! L'accueil est triomphal autant du côté de la presse que des spectateurs. Grâce à ce lancement parfait, il raflera de nombreux Oscars en 2016.

D'autres suites – pas vraiment bien accueillies – ont affiché leurs premières bobines sur la Croisette : les troisièmes volets honnis de deux franchises populaires (Matrix Reloaded des ex-frères Wachowski en 2003 et X-Men l'affrontement final de Brett Ratner en 2006) ; Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal de Steven Spielberg en 2010, que tout le monde a à un peu près rejeté à commencer par Shia LaBeouf lui-même, ou Madagascar 3 des studios Dreamworks en 2012. Tous ont été des succès en salles, tous ont fait à peu près l'unanimité contre eux et pourtant les grands studios continuent à profiter de la publicité unique des tapis rouges.

En 2011, le quatrième volet de Pirates des Caraïbes se faisait unanimement saborder. Le duo de réalisateurs norvégiens à la barre du cinquième épisode (Joachim Rønning et Espen Sandberg, nommé à l'Oscar du film étranger pour Kon-Tiki) feront-ils mieux que Rob Marshall si les nouvelles aventures de Jack Sparrow & co (La Vengeance de Salazar) sont sélectionnées cette année ? La date de sortie étant fixée au 24 mai (soit pendant le Festival 2017), il n'est pas interdit d'imaginer qu'il fera partie de la liste des films hors-compétition qui sera annoncée lors de la conférence de presse de Thierry Frémaux et Pierre Lescure qui aura lieu ce jeudi 13 avril à partir de 11h00.

Cynthia Hamani pour Ecran Noir

Jude Law s’empare de la baguette de Dumbledore

Posté par cynthia, le 12 avril 2017

À vos baguettes les "potterheads"... Nous connaissons enfin l'identité de l'acteur qui incarnera Dumbledore jeune dans la suite des Animaux fantastiques. Et ce sera Jude Law. Autant dire qu'après avoir porté la tenue du pape dans la série Young Pope, la longue robe de sorcier ne va pas trop perturber l'acteur, qu'on verra bientôt dans Le Roi Arthur: la légende d'Excalibur.

Dans cette suite des Animaux Fantastiques (toujours quelques décennies avant les aventures de Harry Potter), David Yates reviendra derrière la caméra tandis que Johnny Depp (même si les fans ne sont pas d'accord) continuera à incarner le méchant Grindelwald (seul amour d'Albus Dumbledore), né en 1883 et mort en 1998.

Rappelons que c'est Richard Harris qui a tenu le rôle du célèbre sorcier aux lunettes demi-lune dans les deux premiers opus de Harry Potter avant de mourir en 2002 et d'être remplacé par Michael Gambon. Dumbledore (1881-1997) est un sang-mêlé.

Avant de choisir Jude Law, les studios avaient pensé à Benedict Cumberbatch, Mark Strong (Mad Men), Jared Harris (The Crown) ou encore Christian Bale (éternel Batman dans nos cœurs).

Le premier volet des Animaux Fantastiques a récolté plus de 813 million de dollars au box-office. La production du deuxième volet débutera cet été pour une sortie en 2018. Suivront reois autres films de la franchise, tous les deux ans.

3 bonnes raisons de voir « Pas comme des loups »

Posté par wyzman, le 12 avril 2017

Parce qu'il s'intéresse à des jumeaux vivant en marge de tout (ou presque), le nouveau film documentaire de Vincent Pouplard, Pas comme des loups, qui sort aujourd'hui dans nos salles mérite mieux qu'une simple critique.

Le synopsis est original

Roman et Sifredi ont à peine 20 ans. Entre exclusion et marginalité, ils vivent en mouvement, ils inventent leur vie, leur langage, leurs codes. Et cela fonctionne à merveille. En moins d'une heure, Vincent Pouplard parvient à donner vie à une notion mal connue, la marginalité. De manière très convaincante, Vincent Pouplard dépeint une nouvelle forme de fougue adolescente, bouillonnante mais réfléchie, vive mais durable.

Les sujets valent le détour

Roman et Sifredi sont des marginaux, certes. Mais ils sont loin d'être les asociaux que l'on pourrait redouter de rencontrer. Loin des clichés attendus et redoutés, ces deux frères apparaissent rapidement comme deux êtres humains qui, les antécédents n'aidant pas, ont décidé de fuir les normes d'une société qui ne voulait pas les comprendre. Sans trop jouer sur leur gémellité, Vincent Pouplard montre à quel point ces sujets, ces deux acteurs one-shot sont avant tout des survivants et des individus différents mais complémentaires.

La séquence finale

Le film décolle pour ne plus jamais revenir sur terre lors d'une scène que beaucoup pourraient trouver banale. Assis par terre dans une rue, Roman et Sifredi discutent de la vie, de la volonté, de la manière dont la société a tendance à enfermer les gens dans une boîte. A ce moment-là, le spectateur se retrouve face à un mode de pensée qui, s'il lui échappait auparavant, prend désormais tout son sens. On ne peut être d'accord avec eux, leur reprocher leur prise de distance avec la société mais pas leur manque de lucidité. Ils ont choisi leur mode de vie, assument leur réflexion et sont deux personnages réels que l'on aurait eu du mal à inventer.

Pas comme des loups sort aujourd'hui dans toute la France.

Cannes 2017: les courts métrages en compétition et la sélection Cinéfondation

Posté par vincy, le 12 avril 2017

Cette année, le comité de sélection du 70e festival de Cannes a reçu 4843 courts métrages, selon le communiqué. La Compétition des courts métrages 2017 est composée de neuf films (8 fictions et 1 animation) issus de quatre continents. De 8 à 15 minutes de durée, ils seront en lice pour la Palme d’or du court métrage 2017, décernée par Cristian Mungiu, Président du Jury, le 28 mai 2017.

De son côté la Sélection Cinéfondation a choisi, pour sa 20e édition, 16 films (14 fictions et 2 animations) parmi les 2600 qui ont été présentés cette année par des écoles de cinéma du monde entier. "Quatre des films sélectionnés proviennent d’écoles qui participent pour la toute première fois" précise le Festival. Les trois Prix de la Cinéfondation seront remis lors d’une cérémonie précédant la projection des films primés le vendredi 26 mai.

Courts métrages

  • Teppo Airaksinen - Katto (Ceiling) - Finlande
  • Lucrèce Andreae - Pépé le morse (Grandpa Walrus) - animation - France
  • Madhi Fleifel - A Drowning Man - Royaume Uni/ Danemark / Grèce
  • Alireza Ghasemi - Lunch Time - Iran
  • Fiona Godiver - Across My Land - Etats-Unis
  • Grzegorz Molda - Koniec Widzenia (Time to Go) - Pologne
  • Qiu Yang - Xiao Cheng Er Yue (A Gentle night) - Chine
  • Andrés Ramirez Pulido - Damiana - Colombie
  • Julia Thelin - Push it - Suède

Cinéfondation

  • Yuval Aharoni - Ben Mamshich (Heritage) - Steve Tisch School of Film & Television (Tel Aviv)
  • Bahman Ark - Heyvan (Animal) - Iranian National School of Cinema
  • Michal Blasko - Atlantida, 2003 (Atlantis, 2003) - IFTF VŠMU (Slovaquie)
  • Stijn Bouma - Lejla - Sarajevo Film Academy
  • Eduardo Brandao Pinto - Vazio do Lado de Fora (Empty on the Outside) - Universidade Federal Fluminense (Brésil)
  • Aya Igashi - Tokeru - Toho Gakuen Film Techniques Training College (Japon)
  • Payal Kapadia - Afternoon Clouds - Film and Television Institute of India (FTII)
  • Léa Krawczyk - A perdre haleine - La Poudrière (France)
  • Marian Mathias - Give up the Ghost - NYU Tisch School of the Arts (New York)
  • Valentina Maurel - Paul est là - INFAS (Belgique)
  • Imge Özbilge - Camouflage - KASK (Belgique)
  • Roberto Porta - Pequeno manifiesto en contra del cine solemne ((Little Manifesto Against Solemn Cinema) - Universidad del Cine (FUC) (Argentine)
  • Rory Stewart - Wild Horses - NFTS (Royaume-Uni)
  • Aron Szentpéteri - Lathatatlanul (Invisibly) - Szinhaz-es Filmmuveszeti Egyetem (Hongrie)
  • Tommaso Usberti - Deux égarés sont morts - La Fémis (France)
  • Wang Yi-Ling - Yin Shian Bien Jian Gon Lu (Towards the Sun) - National Taiwan University of Arts