Park Chan-wook veut faire un remake d’un film de Costa-Gavras

Posté par vincy, le 6 novembre 2019

Alors que le nouveau film de Costa-Gavras, Adults in the Room, sort dans les salles aujourd'hui, Park Chan-wook a annoncé au Festival de Busan qu'il réaliserait le remake d'un des films du cinéaste franco-grec, Le Couperet. Sorti en 2005, Le Couperet est l'adaptation d'un roman de Donald Westlake. Il mettait en scène José Garcia, Karin Viard, Ulrich Tukur, Olivier Gourmet et Yolande Moreau et avait reçu une nomination pour le César de la meilleure adaptation.

Il s'agit de l'histoire d'un cadre qui refuse d'être délocaliser et se retrouve au chômage. Pour retrouver un emploi, il ne voit d'autres solutions que d'éliminer ses concurrents directs. Le cinéaste sud-coréen a confié qu'il s'agissait du projet de sa vie, et qu'il souhaite en faire son chef d'œuvre.

Costa-Gavras et son épouse ayant les droits, Park Chan-wook a décidé de travailler directement avec le couple pour faire aboutir ce projet. Ils seront également producteurs du film, en langue anglaise. Reste à savoir quand le film sera tourné, et avec quel casting.

Sortie DVD : La petite chanteuse de Ladislas Starewitch

Posté par MpM, le 5 novembre 2019

Ladislas Starewitch, cinéaste russe exilé en France, fut un pionnier de l'animation de marionnettes et un précurseur des effets spéciaux réalisés directement devant la caméra. Ses films les plus célèbres (Le rat des villes et le rat des champs, Fétiche mascotte ou encore Le roman de Renard) ont été réalisés en à peine plus d'une décennie, du début des années 20 au milieu des années 30.

Installé à Fontenay-sous-Bois où il installe son propre studio, le réalisateur tourne alors beaucoup (environ deux films par an) et expérimente tout autant. Il poursuit notamment son travail mêlant prise de vues continue et animation, dans des courts métrages réalisés en famille, avec sa fille aînée Irène comme assistante et la cadette, Jeanne, à l'écran, sous le nom de Nina Star. Quatre de ces films (L'épouvantail, Le Mariage de Babylas, La Voix du rossignol, La reine des papillons) ont déjà été édités en DVD en 2013 par Doriane Films. Les trois suivants, La Petite chanteuse des rues (1924), La petite parade (1928) et L'Horloge magique (1928), composent le nouveau programme proposé par l'éditeur sous le titre La petite Chanteuse.

Étrangement, La petite Chanteuse des rues est l'un des films les moins "animés" du cinéaste. On y suit une jeune adolescente (incarnée par Jeanne Starewitch, donc) qui décide de chanter dans la rue en compagnie de son singe pour aider sa mère à payer ses dettes et récupérer la maison dont les a expulsées un usurier plus qu'antipathique. Le fond éminemment social de l'intrigue n'empêche pas une certaine forme d'humour, porté justement par le personnage du singe, tantôt réel, tantôt marionnette animée.

C'est d'ailleurs lui qui finit par sauver la situation en terrorisant au passage le personnage du "méchant". Pris par l'espièglerie du récit autant que par sa dimension tragique, on oublie bien vite que le singe n'est pas toujours réel pour ne voir que ses tentatives audacieuses pour sauver sa maîtresse (et au passage retrouver sa liberté). L'animation est ici entièrement au service du film, destinée à demeurer invisible pour ne pas gâcher le plaisir et l'émerveillement du spectateur.

Moins atypique dans l'oeuvre de Starewitch, La petite parade est au contraire animé à 90%. Inspiré d'un conte d'Andersen (L'intrépide soldat de plomb), il met en scène une danseuse, ses deux soupirants (le Casse-Noisette et un soldat) et le diable, échappé de sa boîte grâce à l'intervention malicieuse d'une poupée de chiffon. Interviennent également des rats et même une sirène. Ce que l'on admire dans ce récit plein de fantaisie au rythme effréné, ce sont les multiples métamorphoses qui y sont présentées, à l'image de ces cigares qui deviennent des danseuses, et du diable qui ne cesse lui-aussi de se transformer devant la caméra, comme autant de tours de magie.

L'autre élément frappant est la vitesse de l'animation, qu'il s'agisse d'une foule de rats attaquant un château-fort ou d'une course poursuite frénétique entre la petite danseuse, le diable déguisé en rat, et un chat valeureux. Le récit semble ainsi ne jamais reprendre son souffle, jusqu'à la conclusion à la fois poétique (deux âmes enfin unies) , morale (la punition du casse-noisettes) et légèrement inquiétante : retourné dans sa cachette initiale, le diable est prêt à sévir à nouveau.

Incontestablement, L'horloge magique est le plus abouti des trois films, et c'est d'ailleurs le plus long. Plusieurs récits s'y mêlent étroitement : la réalité, filmée en prise de vues réelles, le monde de l'horloge, d'inspiration médiévale, et l'univers fantastique de la forêt dans lequel sera possible la rencontre entre la petite-fille de l'horloger et le valeureux chevalier de l'horloge. En plus de la tonalité singulière du récit, qui joue ironiquement avec la vie et la mort de ses personnages ("Réveille-toi, tu vas rater l'heure de ta mort !" s'exclame un personnage), on est frappé par cette horloge monumentale qui semble une allégorie de l'existence. D'autant que lorsque la fillette recule l'heure du destin, les personnages redeviennent de simples figurines que l'on peut jeter par la fenêtre. Certes sauvées d'une mort certaine, elles connaissent l'humiliation d'être des pantins privés de libre arbitre.

Pour réaliser cette histoire ambitieuse aux multiples niveaux de lecture, Starewitch fait une démonstration de sa maîtrise des effets spéciaux, à grands renforts de surimpressions, de rétro-projections et de technique du "cache-contre cache" qui permettent aux créatures de toutes sortes de cohabiter dans un même plan. L'un des passages les plus impressionnants est d'ailleurs celui où Nina rétrécit sous nos yeux puis est hissée, minuscule, dans la main du monstre de la forêt. Il ne faudrait pourtant pas réduire L'horloge magique à un catalogue de prouesses techniques. Au contraire, le spectateur oublie en un instant cet aspect du récit pour se concentrer sur son humour, sa vivacité et son irrévérence. C'est pour cette raison que l'on peut revoir l'oeuvre de Starewitch presque un siècle plus tard, à l'ère du tout numérique, et y trouver un plaisir inchangé : chez lui, le trucage, l'effet spécial et les rouages de l'animation demeurent en permanence au service d'une certaine idée de la poésie et du cinéma de divertissement.

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La petite chanteuse de Ladislas Starewitch, 1924-1928, Doriane Films

Suite aux révélations d’Adèle Haenel, la SRF exclut Christophe Ruggia

Posté par vincy, le 4 novembre 2019

C'est une première. La Société des réalisateurs de films a décidé de lancer aujourd'hui la procédure de radiation de l'un de ses membres, Christophe Ruggia. Suite à l’enquête parue dans Médiapart, la SRF a exprimé "son soutien total, son admiration et sa reconnaissance à la comédienne Adèle Haenel, qui a eu le courage de s’exprimer après tant d’années de silence. Nous tenons à lui dire que nous la croyons et que nous en prenons acte immédiatement, sans nous dérober à notre propre responsabilité et sans faire l’économie de notre remise en question collective." Christophe Ruggia pourra s'expliquer ou contester son exclusion face au conseil d’administration.

Dans cette enquête de plusieurs mois, réalisée et publiée par Mediapart, l'actrice doublement césarisée et d'autres témoins ont confié les agissements du réalisateur lors du tournage et de la promotion de son film Les Diables. Christophe Ruggia réfute les accusations, et a fait savoir, par ses avocats n'avoir "exercé un harcèlement quelconque ou toute espèce d’attouchement sur cette jeune fille alors mineure". Adèle Haenel, qui avait alors entre 12 et 15 ans (Christophe Ruggia avait entre 36 et 39 ans) a expliqué que le cinéaste avait exercé son emprise sur elle, des attouchements et du harcèlement sexuel.

"Je veux dénoncer le système de silence et de complicité qui, derrière, rend cela possible"

La SRF explique qu'elle a été "est un des lieux qui a fait exister Christophe Ruggia fortement depuis 2003". Celui-ci en a été le co-président en en 2006, 2001, 2013, 2014 et 2018. "La grande majorité des membres du Conseil d’Administration ignorait tout de cette histoire, certain.e.s connaissaient la dynamique d’emprise révolue, tous ignoraient la dimension sexuelle de cette affaire" précise l'organisation.

"D’abord, il y a eu la « honte », profonde, tenace, indélébile. Puis la « colère », froide, qui ne l’a pas quittée pendant des années. Et enfin l’apaisement, « petit à petit », parce qu’il a bien fallu « traverser tout cela ». En mars 2019, la colère s’est ravivée, « de manière plus construite », à l’occasion du documentaire de la chaîne HBO sur Michael Jackson, qui révèle des témoignages accablants accusant le chanteur de pédocriminalité, et met à jour une mécanique d’emprise" raconte Médiapart. "La honte isole. La prise de parole nous met en commun, ça fait de nous un peuple. C'est important de constituer ce peuple militant, actif qui contribue à la société" explique l'actrice dans son interview vidéo sur Médiapart.

Adèle Haenel a finalement exprimé sa colère. "Je veux raconter un abus malheureusement banal, et dénoncer le système de silence et de complicité qui, derrière, rend cela possible" explique-t-elle au site. Celui-ci a vérifié son témoignage auprès de ses proches, de la directrice de casting, de membres de l'équipe du film, dont l'acteur Vincent Rottiers et de la réalisatrice Mona Achache, ex-compagne de Christophe Ruggia. dèle Haenel, à l'époque, décide de renoncer au cinéma face à cette violence: "J'avais le jeu dans les tripes, c'était ce qui me faisait me sentir vivante. Mais pour moi, c'était lui le cinéma, lui qui avait fait que j'étais là, sans lui je n'étais personne, je retombais dans un néant absolu."

"En tant que cinéastes nous devons questionner notre pouvoir et nos pratiques"

"Comprendre et mettre au jour les mécanismes d’impunité est la grande leçon et le sens même de la démarche de la comédienne. Adèle Haenel a décidé de porter une parole politique en offrant son histoire à autopsier et investiguer. Nous saluons sa générosité et son courage.  Nous nous engageons pleinement dans cette dynamique. En tant que cinéastes nous devons questionner notre pouvoir et nos pratiques, sur les plateaux et comme collectif. C’est aussi notre vocation et notre responsabilité" rappelle la SRF.

En pleine affaire Weinstein, la Société des réalisateurs de films s’engageait à "œuvrer pour une révolution des rapports hiérarchiques dans l’industrie du cinéma ncore trop inégalitaire, fortement hiérarchisée", contre les "abus de pouvoir, centralisation du pouvoir dans les mains des mêmes, dérives sexuelles s’appuyant sur la part affective à l’œuvre dans le processus de fabrication des films." En France, peu d'affaires ont été révélées, hormis le cas de Luc Besson et celui, plus récent de Patrick Bruel, sans que cela n'affecte réellement, pour l'instant leur carrière. Ruggia, quant à lui, n'a rien tourné depuis dans la tourmente en 2012.

"Je dois le fait de pouvoir parler à celles qui ont parlé avant dans le cadre de #Metoo"

Une relation, selon les termes de Médiapart, "exclusive" et "trop affective", qui aurait conduit à l’occasion de la tournée promotionnelle du film à du "harcèlement sexuel". Pour l'actrice, la justice n'était pas la réponse, car, selon elle, les tribunaux condamnent peu les agresseurs: "La justice nous ignore, on ignore la justice" déclare-t-elle. "Je dois le fait de pouvoir parler à celles qui ont parlé avant dans le cadre de #Metoo. C'est un responsabilité pour moi, aujourd'hui je ne suis pas dans la même précarité que la plupart des gens à qui ça arrive. Je voulais leur parler à eux. Leur dire qu'ils ne sont pas seuls" clame-t-elle dans la vidéo mise en ligne sur Mediapart.

Palmarès, films à suivre et animation russe : retour sur la 15e édition de Mon premier festival

Posté par MpM, le 4 novembre 2019

La 15e édition de Mon Premier Festival s'est achevée mardi 29 octobre par l'annonce très attendue du palmarès. C'est le film néerlandais Fight girl de Johan Timmers (sans date de sortie pour le moment) qui a séduit le jury composé d'enfants. Il s'agit de l'histoire de Bo, une jeune fille en souffrance, qui retrouve un équilibre à travers la pratique de la boxe.

Pour la première fois, le jury a également récompensé la meilleure musique de film. Fabien Leclercq (alias Le Motel) a ainsi été distingué pour Binti de Frederike Migom (sans date de sortie) qui aborde à hauteur d'enfants la question des sans-papiers. Le public avait lui aussi la possibilité de voter, et c'est La dernière vie de Simon de Léo Karmann (attendu en salle en 2020) qui a été plébiscité par les jeunes spectateurs. On y suit Simon, 8 ans, un orphelin qui rêve d'être adopté. Mais Simon a un pouvoir secret : celui de pouvoir prendre l’apparence de chaque personne qu’il a déjà touchée.

Le Festival fut également l'occasion de repérer les films à suivre parmi les avant-premières. Pour les plus jeunes, le programme Zibilla ou la vie zébrée raconte avec douceur et humour des histoires d'exclusion qui font toujours écho d'une manière ou d'une autre avec leur vécu. Zibilla, l'héroïne du court métrage principal, est une enfant adoptée qui vient s'installer dans une nouvelle ville. Problème : elle est une zèbre dans un monde de chevaux. Mais c'est en affirmant sa personnalité bien à elle qu'elle viendra à bout des moqueries et des préjugés.

A voir à partir de 5 ans, Le monde animé de Grimault permet de redécouvrir 4 films du maître de l'animation française : L'épouvantail, Le Voleur de paratonnerres, La Flûte magique et Le Petit soldat. Des histoires drôles et subversives dans lesquelles le faible défie systématiquement le fort ou l'autorité, et qui sont un formidable moyen de (re)nouer avec l'oeuvre sautillante, ironique et poétique de Grimault. A redécouvrir sur grand écran dès le 6 novembre, accompagné d'un autre programme, destiné aux plus grands, qui comporte quatre autres films donnant un large aperçu de la palette sensible du réalisateur.

Pour les plus grands (à partir de 8 ans), le festival a également permis de découvrir L'extraordinaire voyage de Marona d'Anca Damian plusieurs mois avant sa sortie (8 janvier). Le film qui a enchanté Annecy, et dont nous avons déjà eu l'occasion de vous dire le plus grand bien, à la fois en raison de sa sensibilité, de sa fantaisie, et de sa liberté, figure définitivement parmi les incontournables de 2020.

Enfin, Mon Premier festival est toujours l'occasion de se pencher sur une cinématographie particulière, et cette année les jeunes festivaliers étaient particulièrement gâtés puisqu'il s'agissait de l'animation russe ! Ils ont ainsi pu se régaler toute la semaine avec différents programmes de courts métrages, un focus sur le réalisateur Garri Bardine et la (re)découverte de deux très beaux longs métrages : Tout en haut du monde de Rémi Chayé (2016) et La Reine des neiges de Lev Atamanov (1957).

Garri Bardine demeure irrémédiablement l'un des cinéastes d'animation russes les plus captivants de ces trente dernières années. En plus de son humour et de sa fantaisie, flagrante dans l'ode à l'imagination et à l'enfance qu'est La Nounou, dans lequel un petit garçon se crée de toutes pièces une nounou aux nombreux pouvoirs magiques, on est frappé par la manière dont il utilise les conventions de l'animation comme éléments de l'intrigue, notamment en jouant sans cesse sur les matériaux, ou la matière, qui constituent ses personnages.

Dans La Nounou, on assiste à rien de moins que la mise en abyme du processus de création de la marionnette. Dans Le Loup gris et le petit chaperon rouge, ce sont les corps qui s'étirent, s'allongent, se déforment au gré de l'histoire et de ses péripéties, jusqu'à l'explosion finale du ventre du loup. Dans Hop-là badigeonneurs, les multiples accidents provoqués par les apprentis-peintres les obligent sans cesse à se remodeler eux-mêmes. Dans Adagio, allégorie anxiogène sur le rejet de l'Autre et le fanatisme, les personnages sont de simples feuilles de papier pliées, uniformément grises, qui renvoient à une humanité universelle. Il y a ainsi chez le réalisateur une volonté d'améliorer sans cesse la réalité grâce aux artifices de l'animation qui lui permettent d'ajouter des niveaux de lecture complémentaires.

Il faut enfin souligner l'oeuvre d'un autre maître de l'animation russe, Youri Norstein, dont étaient présentés deux courts métrages : Le Héron et la cigogne et Le Hérisson dans le brouillard. On entre avec ces deux films dans l’œuvre particulière du cinéaste russe à qui l’on doit également le magnifique Conte des contes. Dépouillé, dans un registre de couleurs qui se cantonne à un camaïeu de gris, de verts foncés, de marron, de noirs et de blanc, les deux films sont des démonstrations de la finesse et de la poésie mélancolique de Norstein. Dans le premier, un héron et une cigogne ne cessent de se courtiser puis de se refuser, à tour de rôle. Dans le second, un petit hérisson se rend chez son ami l’ourson pour observer les étoiles, mais se trouve pris dans une nappe de brouillard qui rend inquiétant le décor familier.

Dans les deux films, les éléments météorologiques (la pluie dans l’un, le brouillard dans l'autre) influent sur l’ambiance feutrée et intimiste des récits, brouillent l’image, et vont dans le cas du hérisson jusqu’à plonger le spectateur dans une angoisse diffuse. Dans ce dernier, on est par ailleurs émerveillé par le rendu duveteux du brouillard, le travail sur les ombres, et la tension anxiogène créée à partir d’un jeu de « caméra » subjective qui nous met à la place du hérisson, soudain plongé dans un monde flou où tout est menace potentielle. Un conte délicat qui se termine bien mais laisse malgré tout notre hérisson songeur et mélancolique, et le spectateur stupéfait par une telle splendeur.  D'ailleurs, entre les enfants qui assistaient à la projection, et les adultes présents, on ne saurait dire lesquels étaient les plus émerveillés.

Les yeux d’or de Marie Laforêt se ferment (1939-2019)

Posté par vincy, le 3 novembre 2019

La chanteuse et actrice Marie Laforêt est morte samedi 2 novembre en Suisse, a annoncé sa famille aujourd'hui, à l'âge de 80 ans. De son vrai nom Maïtena Marie Brigitte Douménach, née le 5 octobre 1939, elle s'était retirée du métier il y a dix ans. Sa carrière est lancée quand elle remporte le concours "Naissance d'une étoile", organisé par Europe 1 en 1959.

Si son premier film, Liberté de Louis Malle, est abandonné, elle est prise pour le rôle féminin principal dans Plein soleil, le film mythique de Réné Clément, avec Alain Delon et Maurice Ronet. Il y a pires débuts même si elle en gardait un souvenir amer: "Alain Delon et Maurice Ronet étaient si prétentieux, si méprisants : deux trous du cul !" On ne reteindra que son personnage d'amante bronzée et peu vêtue. Magnétique.

Elle rencontre alors le réalisateur Jean-Gabriel Albicocco, qui deviendra son mari, qui la fait tourner dans deux de ses films : La Fille aux yeux d'or (Lion d'Argent au Festival de Venise), qui va lui donner son surnom d'artiste, et Le Rat d'Amérique, avec Charles Aznavour.

Comédienne, sans réel plan de carrière, elle a navigué de la comédie burlesque au drame en costumes. Dans les années 1960, ses plus prolifiques, Marie Laforêt est ainsi aux génériques de films aussi différents que Le Rouge et le Noir de Pierre Cardinal, Leviathan (Grand Prix de la critique Festival de Venise) de Léonard Keigel, À cause, à cause d'une femme de Michel Deville, La Chasse à l'homme de Édouard Molinaro, Des filles pour l'armée de Valerio Zurlini, Marie-Chantal contre le docteur Kha de Claude Chabrol...

Après une décennie quasiment vide, consacrée à la chanson, elle revient en second-rôle à la fin des années 1970 grâce à Jean-Paul Belmondo, qui en fait l'une de ses partenaires fétiches. Elle se régale avec des personnages de bourgeoises bafouées, flirtant avec un langage vulgaire et un ton cassant. On l'a voit ainsi dans Flic ou voyou de Georges Lautner, Les Morfalous de Henri Verneuil (où elle se réjouit de voir son mari électrocuté en pissant, lâchant : "c'est la première fois que sa bite fait des étincelles") et Joyeuses Pâques de Georges Lautner, pas dupe des mensonges cocasses de son mari qui tente de la faire cocue avec une jeune femme (Sophie Marceau).

Ces succès populaires la conduisent naturellement vers des comédies françaises et oubliables. Pourtant, Marie Laforêt tourne aussi dans quelques films beaucoup plus marquants dans les années 1980: Le Pactole de Jean-Pierre Mocky, Tangos, l'exil de Gardel (Grand Prix Spéçial du Jury au Festival de Venise) de Fernando Ezequiel Solanas, et Fucking Fernand de Gérard Mordillat, où son personnage formidable de tenancière de maison close lui vaut sa seule nomination aux César.

La suite de sa filmographie sera plus inconsistante, la comédienne préférant alors le théâtre. On la croise dans Dis-moi oui de Alexandre Arcady, Tykho Moon de Enki Bilal, Héroïnes de Gérard Krawczyk et une dernière fois dans Les Bureaux de Dieu de Claire Simon en 2008.

Chanteuse, galeriste, animatrice, écrivaine

Gracieuse, énigmatique, capable d'une franchise désarçonnante ou d'un humour graveleux, Marie Laforêt captait la lumière par une cinégénie naturelle, aidée par des yeux splendides qui ont fasciné au-delà des frontières. C'est d'ailleurs, avant tout, en tant que chanteuse qu'elle fut connue dans le monde. Dès le début des années 1960, Saint-Tropez Blues, enregistrée avec Jacques Higelin, puis Vendanges de l'amour et Viens sur la montagne, énormes tubes de l'époque la lancent. Elle fait de nombreuses reprises à succès, en plus de chanter quelques hits comme Frantz avec Guy Béart. Pionnière de la "world music" en France, avec des airs plus folks et métissés, puisant dans les rythmes brésiliens ou les mélodies slaves, elle se produit dans de grandes salles comme l'Olympia. Dans les années 1970, elle se réoriente vers des chansons plus commerciales et moins personnelles (Tant qu'il y aura des chevaux, Il a neigé sur Yesterday) avant de renoncer aux enregistrements lorsqu'elle s'installe en Suisse en 1977, pour "échapper à la surmédiatisation et pouvoir écrire des livres dans l'anonymat".

Elle ouvre une galerie d'art, pour laquelle elle exerce aussi la profession de commissaire-priseur. Elle écrit également: Contes et légendes de ma vie privée, Mes petites magies, livre de recettes pour devenir jeune, Panier de crabes : les vrais maîtres du monde, et, sous le pseudonyme de Erna Huili-Collins, elle participe à l'ouvrage collectif Correspondances intempestives : à la folie... pas du tout.

"Ma carrière est de bric et de broc"

Marie Laforêt a aussi animée durant un été une émission sur RTL, "Cause toujours, tu m'intéresses". La comédienne a aussi brûlé les planches, notamment dans Le Partage de midi, de Paul Claudel, L'Écorce bleue de Marguerite Yourcenar, Le Vietnam de Marguerite Duras, Master Class de Terrence McNally, où elle incarne Maria Callas et pour laquelle elle fut nommée deux fois au Molière de la meilleure comédienne, La Presse est unanime de Laurent Ruquier. Sa dernière prestation fut récitante dans l'opéra de Simon Laks L'Hirondelle inattendue, à Marseille.

Mariée cinq fois, Marie Laforêt a eu trois enfants avec Judas Azuelos, dont la réalisatrice Lisa Azuelos, et avec Alain Kahn-Sriber. Elle avait confié avoir été une mère absente, compliqué, rappelant les paroles d'une de ses chansons: "Sans la tendresse, l'amour ne serait rien." Fréquentant des hommes d'affaires qui lui ont valu des articles de presse (people ou généraliste) sulfureux, elle était humble et snob, drôle et distante, sensuelle et intello. "Ma carrière est de bric et de broc mais ma vie est remplie du début à la fin" expliquait-elle en guise de résumé. Après tout, comme elle le disait: "Le bonheur est un métier, il s'apprend."

Cumberbatch, Foster, Woodley et Rahim dans « Prisoner 760″

Posté par vincy, le 2 novembre 2019

Planning chargé pour Benedict Cumberbatch. En attendant une suite à Docteur Strange, calée à juillet 2021, et de le voir dans le prochain film de Sam Mendes, 1917, prévu en France le 15 janvier 2020, l'acteur a accepté d'être dans le prochain film de Jane Campion, The Power of Dog, avec Elisabeth Moss et probablement Paul Dano, et vient de tourner Louis Wain, avec Claire Foy et Andrea Riseborough.

A l'American Film Market de Los Angeles, STX International a annoncé qu'il serait la tête d'affiche du prochain film de Kevin Macdonald, Prisoner 760, entouré de Jodie Foster, plutôt rare au cinéma, Shailene Woodley et du français Tahar Rahim. Kevin MacDonald a réalisé quelques fictions (Le dernier roi d'Écosse, Jeux de pouvoir, L'aigle de la neuvième légion, Black Sea) et de nombreux documentaires (dont le récent Whitney).

Une histoire vraie

Il s'agit d'une histoire vraie. En 2002, le Mauritanien Mohamedou Ould Slahi, incarné par Rahim, a été capturé par le gouvernement américain, et traine dans la prison de Guantanamo, où il est régulièrement torturé, sans avoir été accusé de quoique ce soit ni même avoir eu un procès. Officiellement, il serait membre d'Al-Qaeda. Il trouve deux alliées avec une avocate, Nancy Hollander (Foster) et son assistante (Woodley). Une course d'obstacles commence pour obtenir justice. Intervient alors le procureur militaire, le Lieutenant Stuart Couch (Cumberbatch), qui découvre une situation indigne des droits américains. Slahi ne sera libéré finalement qu'en 2016, après quatorze ans de détention sans aucune charge contre lui.

Il en a tiré un livre, Les carnets de Guantanamo (publié en France chez Michel Lafon), dont s'est inspiré le scénariste Michael Bronner.

Le tournage débutera début décembre en Afrique du sud.

La doublement oscarisée Jodie Foster n'a été à l'affiche que de quelques films depuis 10 ans, Hotel Artemis, Elysium, Carnage, Le complexe du castor et Maman mode d'emploi. Shailene Woodley a été très remarquée dans la série "Big Little Lies". La star de Divergente a aussi été vue dans A la dérive. Elle a tourné récemment Endings, Beginnings et termine le tournage de Last Letter from Your Lover. Quant à Tahar Rahim, il a été engagé sur deux séries anglophones, The Eddy et The Serpent (toutes deux chez Netflix aux USA). Son dernier long, The Kindness of Strangers, de Lone Scherfig, avait fait l'ouverture de la Berlinale en février dernier.

Rachel Weisz dans la peau d’Elizabeth Taylor

Posté par vincy, le 1 novembre 2019

Rachel Weisz, oscarisée en 2006 pour The Constant Gardener et nommée en début d'année pour The Favorite, va incarner Elizabeth Taylor dans A Special Relationship. Le film se focalisera sur l'engagement de la star dans la lutte contre le SIDA dans les années 1980, bataillant avec le gouvernement de Ronald Reagan qui ignorait la pandémie.

Taylor a d'ailleurs profité de l'absence de propositions intéressantes dans le cinéma pour endosser un rôle plus politique dans ces années là, n'hésitant pas à mettre sa notoriété au service de ce combat contre le virus et plus globalement contre l'homophobie. Le scénario, selon les informations de la presse américaine, fait écho à la relation qu'elle avait avec son assistant personnel, Roger Wall, ouvertement gay, ayant grandit dans la pauvreté et un environnement homophobe dans le sud profond des USA. Taylor a pris de nombreux risques à ce moment là de sa carrière, quitte à enfreindre la loi, et à subir des menaces de morts ou voir des amis de longue date l'abandonner.

« Je regardais toutes les actualités sur cette nouvelle maladie et je me demandais pourquoi personne ne faisait rien. Et ensuite je me suis rendu compte que j’étais comme eux. Je ne faisais rien pour aider » expliquait l’actrice sur le site de l’American Foundation for AIDS Research (amfAR), qu'elle a fondé aux côtés du Dr Mathilde Krim et de médecins et scientifiques après la mort de son ami et partenaire (au cinéma) Rock Hudson en 1985.

En 1991, elle a créé sa propre organisation The Elizabeth Taylor AIDS Foundation et elle a apporté son soutien à plusieurs événements majeurs, dont la Journée mondiale de lutte contre le SIDA ainsi que les soirées organisées au Festival de Cannes chaque année. En 1999, elle aurait contribué à la collecte d’au moins 50 millions de dollars pour financer la recherche contre le SIDA.

L'histoire a été écrite par Simon Beaufoy (The Full Monty, Slumdog Millionaire, Hunger Games : L'Embrasement, Battle of the Sexes) et sera réalisée par le duo de réalisatrices Bert & Bertie (Troop Zero, Dance Camp). Ce film "est un hommage sur la manière dont l'amitié peut changer les vies des gens et comment Elizabeth a aidé à changer le monde" expliquent-elles.

On reverra d'ici là Rachel Weisz dans Black Widow, le premier film du nouveau cycle Marvel, aux côtés de Scarlett Johansson, dans le rôle de Melina Vostokoff.