Si depuis 4 mois toute la presse people n'a d'yeux que pour Cate Blanchett, présidente du jury de cette année, il se pourrait bien que le plus intéressant se trouve ailleurs. En effet, l'actrice qui succède à Pedro Almodovar a beau être "le symbole de l'ère Time's Up", elle n'en demeure pas moins relativement proche (jusqu'à preuve du contraire) de Woody Allen. Et à l'heure où les amitiés et inimitiés de chacun sont passées à la loupe, la véritable révolution de cette 71e édition est sans doute à chercher du côté de la diversité des membres du jury, des films sélectionnés et des acteurs présents sur le tapis rouge...
Des femmes in formation
Si l'an dernier, le Festival pouvait se féliciter d'avoir réussi à embarquer l'acteur Will Smith en son sein, cette année, les organisateurs semblent avoir fait bien mieux. Parmi les personnalités qui auront la lourde tâche d'attribuer Palme d'or et Grand prix, on trouve en effet deux femmes noires : la réalisatrice et productrice Ava DuVernay et la chanteuse venue du Burundi Khadja Nin. Bien plus qu'une "caution noire", les deux femmes pourraient faciliter le dynamitage d'un palmarès souvent trop pompeux grâce à leur œil unique et leur sens du détail.
Du côté des films, il faudra sans aucun doute compter sur Wanuri Kahiu. La réalisatrice est en effet la première représentante du Kenya dans toute l'histoire du Festival de Cannes. Quant à son film, Rafiki, il est au centre d'une polémique. Sélectionné du côté d'Un certain regard, le film traite d'une romance lesbienne et a d'ores et déjà été censuré dans son pays d'origine. Mais preuve que cette 71e édition pourrait être bourrée de surprise, notez que Rafiki concourt également pour la Queer Palm et que Grand-père, raconte-nous de la réalisatrice sénégalaise Safi Faye sera projeté à Cannes Classics.
Enfin, impossible de ne pas évoquer le documentaire Whitney. Projeté en Séance de minuit, le film de Kevin MacDonald dispose de tous les ingrédients nécessaires pour éclipsés certains films plus "gros" : une chanteuse adorée de tous, une histoire dramatique au possible et un regard porté sur une communauté (les Noirs américains) toujours malmenée par les autorités.
Des hommes toujours dans la partie
Souvent sous le feu des critiques, Spike Lee effectuera tout de même son grand retour sur la Croisette. Seize ans après Ten Minutes Older : the Trumpet, l'homme venu présenter BlacKkKlansman est en compétition pour la troisième fois. D'ailleurs, son film devrait marquer les esprits puisqu'il y est question du premier officier de police noir à avoir infiltré le Ku Kux Klan. Eh oui, rien que ça !
Côté acteurs, il ne faudra pas manquer les performances de Donald Glover, Michael B. Jordan et Alex van Dyk. Le premier est à l'affiche du très attendu Solo : A Star Wars Story, premier volet de ce qui pourrait être une trilogie fun et décalée. Le deuxième est la star de Fahrenheit 451, le téléfilm de HBO projeté en Séance de minuit et réalisé par Ramin Bahrani. Quant au dernier, Alex van Dyk, il se murmure que sa performance dans Les Moissonneurs fait partie des meilleures. Le film du sud-africain Etienne Kalos sera visible dans la section Un certain regard.
Et à défaut de proposer une surprise du côté de la Quinzaine des réalisateurs ou de la Semaine de la critique, les organisateurs ont eu la bonne idée de programmer Hyènes du Sénégalais Djibril Diop Mambéty à Cannes Classics. Une chose est sûre, à Cannes 2018, black lives matter enfin !