Berlin 2018 : Lav Diaz est de retour avec une tragédie musicale statique et obsédante

Posté par MpM, le 20 février 2018

La durée est une donnée fondamentale du cinéma de Lav Diaz, qui nous a habitués à des films de cinq ou huit heures. Season of devil, présenté en compétition dans cette 68e Berlinale, fait donc pour lui figure de moyen métrage, puisqu’il dure « seulement » 4h. Quatre heures dont on ressent malgré tout chaque minute dans un processus à la fois épuisant (on s’ennuie beaucoup, il ne faut pas le nier) et efficace, consistant à faire physiquement ressentir au spectateur la pesanteur, l'immobilisme et l’inéluctabilité de la situation dans laquelle il se retrouve immergé.

C’est que Lav Diaz situe son intrigue à la fin des années 70, sous la dictature de Ferdinand Marcos, lorsque des milices paramilitaires sont créées, officiellement pour faire régner l’ordre, et en réalité plutôt pour tyranniser les civils. Il dépeint la vie d’un petit village tombé sous la coupe de l’une de ces milices toutes-puissantes. La dictature se manifeste ainsi par des exécutions, des viols et des actes de violence gratuite qui instaurent un climat d’angoisse permanente. Comme si cela ne suffisait pas, la milice agit aussi insidieusement sur les consciences, tentant d’imposer l'obscurantisme à travers de nouvelles croyances et surtout de nouvelles craintes fantasmatiques. Elle renforce ainsi sa main mise sur un peuple qui n’a pas les armes (au sens propre comme au figuré) pour se défendre.

Season of devil n’est donc ni romanesque, ni rythmé, et propose une progression dramatique si limitée que la situation de fin sera sensiblement la même que celle du début, à l’exception de la disparition de quelques personnages. Dès le départ, on nous avait prévenu qu’il s’agissait d’un conte : on aurait plutôt penché pour le cauchemar éveillé. La situation s’avère en effet sans issue et sans le moindre embryon d’espoir d’amélioration. La force brutale triomphe. Les faibles et les sages sont humiliés et annihilés. L’Humanité tout entière court à sa perte dans une irrépressible fuite en avant.

Le plus saisissant, peut-être, n’est pas cet hommage rendu par Lav Diaz aux victimes de la répression, mais le parallèle qu’il tisse avec notre époque, et le régime de Rodriguo Dutertre. Les références à la drogue, notamment, sont assez transparentes, puisque le président actuel a autorisé une guerre sans merci contre la drogue, autorisant les milices à tuer. On ne sait donc pas trop si le réalisateur nous plonge dans le passé, ou dans sa vision de l’avenir.

Dans les deux cas, la noirceur et le pessimisme sont de rigueur. Et ce malgré l’étonnant choix formel de Lav Diaz de remplacer tous les dialogues par des chansons. De très beaux chants qui deviennent de plus en plus lancinants au fur et à mesure que le récit avance. Chaque couplet est d’ailleurs répété deux fois, plusieurs chants reviennent à plusieurs reprises, et un terrible refrain formé de « la, la, la, la » hante tout le film comme une menace. On ne sait ce qui est le plus surprenant, voir les soldats psalmodier avec morgue des paroles parfois extrêmement poétiques, ou entendre chanter en chœur oppresseurs et oppressés.

Ce climat musical contribue quoi qu'il en soit à créer une atmosphère étrange et irréelle, à mi-chemin entre la réalité et le fantasme, le monde des vivants et celui des esprits. Comme ce dirigeant qui a littéralement deux visages, dont un toujours endormi, les choses, les situations et les gens sont doubles. Même les séquences les plus tragiques finissent par tourner à la farce, et les discours les plus guerriers à la blague, quand ils ne sont pas tout simplement incompréhensibles. Il faut d'ailleurs saluer l'audace de Lav Diaz qui ose aller vers cette ambivalence permanente (le ridicule et le tragique, le grotesque et le profond) pour traiter un sujet aussi sensible.

Le cinéaste continue ainsi de creuser son sillon singulier sans se soucier de la tyrannie du marketing ou des attentes des spectateurs. Une politique qui, jusque-là, l'a plutôt bien servi en festival. Après un Léopard d'or en 2014 pour From what is before, un lion d'or en 2016 pour La femme qui est partie, et si 2018 était l'année de l'Ours ?

Berlin 2018 : le cinéma français discret mais bien présent

Posté par MpM, le 18 février 2018

Nous relevions dernièrement la faible place accordée au cinéma français à Berlin cette année. Et c’est vrai que les deux seuls  films sélectionnés en compétition, Eva de Benoît Jacquot (remake du film du même nom de Joseph Losey et adapté de James Hadley Chase) et La prière de Cédric Kahn, semblent les représentants du versant le plus académique de notre cinématographie nationale. Ici, peu de recherche formelle, des intrigues relativement classiques (un thriller, un récit initiatique), et surtout des films qui auraient tout aussi bien pu être tournés il y a dix ou vingt ans. Même le choix des cinéastes dénote un certain manque de curiosité à l’égard d’un cinéma français plus contemporain, plus novateur, ou en tout cas d’une absence de risque de la part d’un festival qui a pourtant l’habitude d’en prendre.

Mais peut-être est-ce cette vision du cinéma français que l’on a à l’international, entre classicisme et héritage du passé, et qu'il est plus facile de donner aux spectateurs ce qu'ils attendent que de forcer leur curiosité. Le cahier des charges est d'ailleurs plutôt rempli par les deux films en compétition, chacun à sa manière.

Eva de Benoît Jacquot (un habitué de la Potsdamer Platz, venu en compétition en 2012 pour Les adieux à la reine, et en 2015 pour Le journal d'une femme de chambre) est un thriller figé et scolaire qui ne parvient jamais à nous faire croire à ce qu’il raconte. C’est dû, peut-être, à la présence carnassière d’Isabelle Huppert, dont il nous est impossible de croire une seconde qu’elle puisse être manipulée par le falot personnage interprété par Gaspard Ulliel.

C’est d’ailleurs la comédienne qui tire toute la couverture à elle, piquante, entière et ironique, mais également touchante lorsqu'il s'agit de la relation qu'elle a avec son mari. Une femme indépendante et forte dont on peut certes acheter le corps, mais pas la liberté. La mise en scène très classique et le scénario approximatif (qui abandonne des personnages en chemin, et ne sait comment conclure) empêchent certes le venin d’infuser, et le suspense de prendre. Mais il y a l’ombre de Losey sur le film, et cet ancrage dans l’histoire du cinéma français n’est sans doute pas étranger à sa présence en compétition.

Cédric Kahn, lui, nous emmène dans un tout autre univers avec La prière, qui se déroule dans une communauté isolée qui lutte contre toutes les formes de dépendance à travers la religion. On découvre avec son jeune personnage principal, interprété par Anthony Bajon, les règles de cet endroit très strict où les journées sont rythmées par le travail manuel et les horaires des prières. Les « compagnons » n’ont droit à aucune intimité, aucun contact avec l’extérieur, et n’ont pour se libérer de leurs accoutumances que leur foi, et l’amitié vigilante de ceux qui sont déjà passés par là.

Ce qui est étrange, c’est le contraste entre l’ambivalence de la situation (ce lieu de refuge qui devient comme une prison dont les personnages n’osent plus sortir, cette gentillesse permanente qui donne l’impression que les « compagnons » ont subi un lavage de cerveau, l’aide réelle apportée qui exclut pourtant tout traitement ou suivi psychologique, l’omniprésence de la religion et l’injonction à croire) et l’absence de point de vue du réalisateur sur cette ambivalence. Plus le film avance, plus on a la sensation d’être face à une communauté sectaire, et plus le film reste premier degré, se contentant de montrer les bienfaits du Centre sur ceux qui y vivent.

Le scénario est par ailleurs maladroit, souvent au service de la démonstration, quitte à quelques invraisemblances, ou raccourcis dramatiques. La mise en scène, heureusement, apporte un vrai cadre narratif au récit. Les plans sont précis, les scènes sont efficaces et bien découpées, à l’exception de l’embarrassante scène d’amour (filmée in extenso) qui montre donc toujours en 2018 une femme tomber dans les bras d’un homme et avoir une relation sexuelle intense avec lui (sans préservatif, hein, on n’est pas dans un film sur le sida) en trois minutes chrono.

Certes, on saisit le message (pulsion de vie contre pulsion de mort, alternative profane à la vocation religieuse, espoir d’une vie dans le monde réel), mais on peut vous assurer qu’il aurait au moins aussi bien marché avec un personnage féminin plus finement écrit. Il faut avouer à la décharge de Cédric Kahn que ce n’est pas un traitement de faveur réservé à ce personnage féminin, puisque quasiment tous les autres protagonistes du film manquent eux-aussi de consistance, quand ils ne sont pas juste des silhouettes à peine entr’aperçues. Reste malgré tout un film de bonne facture qui fait bien meilleure figure que certains de ses concurrents dans la course à l'ours d'or.

Mais si la compétition est évidemment le lieu vers lequel se tournent tous les regards, la France est heureusement présente sous d’autres formes dans les sections parallèles, donnant une vision élargie du dynamisme, et des singularités, de notre cinématographie nationale. On peut ainsi relever la présence de Stéphane Demoustiers avec Allons enfants (Generation Kplus), Claire Simon (Premières solitudes, au Panorama), Julien Faraut (L’empire de la perfection, Panorama), Jean-Paul Civeyrac (Mes provinciales, Panorama), Clément Pinteaux Des jeunes filles disparaissent, Berlinale Shorts) ou encore Arash Nassiri (City of tales, Berlinale Shorts).

Mais ce qui devrait rester comme le plus beau film français présenté à Berlin cette année, on l’a déjà vu, c’est Le tigre de Tasmanie de Vergine Keaton, un court métrage de la sélection officielle (en lice pour l’ours d’or, donc) qui montre en parallèle des images d’un thylacine (également connu sous l’appellation Tigre de Tasmanie) et d'un glacier en train de fondre, reconstitué en animation. La musique envoûtante et puissante signée Les Marquises est en parfaite harmonie avec les images hypnotiques de la glace, puis de sa fusion avec la lave, et du déchaînement de la nature, ainsi qu’avec les allers et retours du tigre qui semble littéralement danser en rythme dans sa cage, avant de se coucher, comme abattu.

On est à la fois bouleversé et sidéré par l’absolue beauté de la nature en action, qui déconstruit tout sur son passage, avant de recombiner ses différents éléments en une autre forme de paysage. La lave en fusion se mue en une nuée d’étoiles, de nouvelles splendeurs apparaissent, et le tigre peut se remettre à danser. Comme s'il avait survécu à sa propre extinction (le dernier représentant de l'espèce a disparu en 1936), l'animal se multiplie même à l'écran, et laisse alors entrevoir un avenir possible à inventer. Même pas besoin d'extrapoler pour y voir en parallèle un signe du renouveau palpable du cinéma français.

Berlin 2018 : Dovlatov d’Alexey German jr remet l’engagement politique au coeur de l’art

Posté par MpM, le 17 février 2018

Alexey German jr, déjà présent à la Berlinale en 2015 avec Under electric clouds, est de retour en compétition au 68e Festival de Berlin avec Dovlatov, une plongée enlevée et piquante dans le Leningrad artistique et intellectuel du début des années 70. Le film s’intéresse plus particulièrement à cinq jours dans la vie de Sergueï Dovlatov, futur grand écrivain russe de la fin du XXe siècle, qui est alors dans une impasse professionnelle. Aucun média officiel n’accepte en effet de publier ses textes, et il en est réduit à couvrir des événements patriotiques pour des journaux serviles obsédés par le fait d’être « positif » et donc conforme à la ligne du parti de l’époque.

La temporalité du film n'a bien sûr pas été choisie au hasard. Novembre, c'est le mois des commémorations de la Révolution d'octobre, qui occupent une part importante de la société civile. Alexey German jr filme ainsi un pays qui ne cesse de regarder en arrière, enlisé dans un passé dont il ne parvient pas à s'extraire. Au point mort, l'Union soviétique honore ses plus grands artistes (défunts) dans des reconstitutions de pacotille, mais délaisse les nouveaux, cantonnés à des travaux de propagande sans âme, à l'humiliation et à la faim, quand ce n'est à l'exil ou à la mort.

En parallèle, le réalisateur nous immerge dans la communauté artistique du Leningrad de l'époque, dont il fait ressortir la vitalité et la fougue vibrante. Ses portraits de groupe sont d'une étonnante fluidité, captés par une caméra aérienne qui fait oublier toute notion d'effort de mise en scène pour ne garder que cette impression de plans-séquences à la chorégraphie spontanée et naturelle. Les dialogues sont à l'unisson, aiguisés et percutants, qui révèlent à la fois l'intelligence des personnages et leur irrémédiable désespoir.

On retrouve au coeur du récit l'un des thèmes de prédilection d'Alexy German jr, celui de la droiture morale, à travers le formidable personnage de Dovlatov lui-même (magnifiquement incarné par le comédien Milan Maric), trublion cynique et désabusé qui refuse pourtant toute forme de compromission. Son combat est celui du Juste qui sait avoir raison contre tout le monde, esprit brillant persécuté par les médiocres et les faibles, et qui malgré tout continue à croire en son destin. On sent vibrer en lui  l'irrépressible nécessité d'écrire, coûte que coûte, et la douleur d'en être empêché.

Ce qui est peut-être le plus beau, dans ce biopic d'un genre très singulier, c'est qu'il pourrait aussi bien s'agir de l'histoire d'un individu lambda qui n'aurait jamais eu aucune reconnaissance. Dovlatov devient en effet la double allégorie de l'artiste maudit et de l'homme engagé, une figure éminemment symbolique de résistance à l'oppression et de persévérance obstinée. Un être prêt à tout perdre pour poursuivre le but qu'il s'est fixé, à la fois intime (s'accomplir en tant qu'écrivain) et politique (combattre le système en parlant de la réalité de son époque).

Ainsi, le film a beau être ancré dans un contexte et une période historique extrêmement particuliers, il est en réalité atemporel, et bénéficie d'une portée universelle qui le rend encore plus dense et puissant. On est tout simplement bouleversé par la vision de tant d'intelligence bafouée, comme par la démonstration sans ambiguïté de la manière dont l'art a toujours su répondre (avec panache et humour) à la bêtise et à la tyrannie. A l'image de son héros, Alexey German jr ne fait pas plus de compromis sur ses choix formels que sur ses positions idéologiques, et rappelle que si talent et succès ne vont pas forcément de pair, art et engagement politique, eux, peuvent parfois se combiner à la perfection.

Berlin 2018 : Hong Sang Soo et l’éloge des émotions

Posté par MpM, le 16 février 2018

Un an seulement après avoir présenté le très beau Seule sur la plage la nuit, Hong Sang Soo est de retour à Berlin, cette fois dans la section Forum. Il présente Grass, un film choral d’à peine plus de 60 minutes, qui fait brillamment la synthèse de tout son cinéma, et paraît un camouflet pour tous les films de plus de deux heures, tant il semble dire de choses en un temps si resserré.

Le dispositif de départ est pourtant d'une grande simplicité. Il filme (en noir et blanc et en plans souvent fixes, fidèle à ses codes traditionnels de mise en scène) une succession de conversations entre des couples installés dans le même café, puis dans un restaurant. Leurs relations sont différentes, leurs propos aussi, et pourtant, bien sûr, les correspondances entre eux sont troublantes et nombreuses : ils s'assoient à la même place, prennent des boissons identiques, abordent des thèmes qui se répondent, du suicide à l'écriture, en passant par des remords ou des regrets sur le temps passé.

Lorsque l'on est un habitué du cinéma d'Hong Sang Soo, on a appris à se méfier des apparences. Aussi suspecte-t-on rapidement que les différents couples, et leurs discussions, sont en réalité le fruit de l'imagination d'une jeune femme, assise à l'écart devant un ordinateur, et incarnée par Kim Min-hee, nouvelle muse d'Hong Sang Soo. Les mouvements de caméra eux-mêmes le suggèrent lors de travellings latéraux explicites entre les deux tables. La voix-off, celle de la jeune femme commentant, voire expliquant la situation et le contexte, ne fait que confirmer cette impression, qui sera pourtant troublée par la suite du récit, avant d'être à nouveau validée par l'image, et ainsi de suite jusqu'à la toute fin du film.

Le film propose ainsi une double lecture de son récit, à la fois réalité captée par une observatrice distante et fiction imaginée par cette même observatrice. Peu importe, au fond, puisque ce personnage à part (en apparence le seul à ne pas fonctionner en duo) peut être perçu comme le double de cinéma du réalisateur. Que ce soit elle, ou lui, qui modèle l'intrigue à sa guide, reviendrait finalement au même.  Elle est à la fois la figure du réalisateur qui contrôle hors champ ce que disent ses acteurs, et celle du spectateur qui écoute et regarde sans prendre part à l'action.

On sent d'ailleurs Hong Sang Soo de plus en plus introspectif sur son propre cinéma, glissant des remarques sur la musique (classique) qui sert d'ambiance sonore à la première partie du film, ou des compliments à l'égard du mystérieux propriétaire du café où se déroule l'intrigue, jusqu'à constituer une sorte de portrait en creux de lui-même. Un autre personnage se plaint même d'avoir l'impression de toujours dire la même chose (n'est-ce pas le reproche principal fait abusivement au cinéma d'Hong Sang Soo ?).

Fidèle à son habitude, le cinéaste coréen brouille donc les pistes et tisse une intrigue faussement limpide (mais réellement fine, légère  et drôle) dont chaque scène entre pourtant de manière complexe en résonance avec les autres, formant un ensemble cohérent et dense sur l'éternelle question des rapports entre les hommes et les femmes. On pourrait un temps penser que Hong Sang Soo est dans une phase pessimiste, et qu'il remet en question avec ses personnages la notion même d'amour. Mais ce n'est que pour mieux retourner chacun de ses propres arguments dans une seconde partie qui fait l'éloge de l'émotion comme trait indissociable de la nature humaine.

Rarement, peut-être, aura-t-on vu une telle chaleur humaine se dégager d'un des films du réalisateur coréen lors d'un final admirablement filmé (qui a dit que Hong Sang Soo n'était pas un véritable metteur en scène ?) où la cartographie des lieux et la chorégraphie des corps suffisent à nous éclairer sur les rapports de chacun avec les autres. De l'intérieur à l'extérieur, d'une table à une autre, d'un plan serré à un plan d'ensemble, les liens se renouent, les émotions se libèrent, les espoirs renaissent.

On se sent comme la narratrice, sentimentale devant ce ballet sensibles des êtres et des sentiments. "A la fin, les gens sont émotions" dit-elle dans une de ces formules grandiloquentes que Hong Sang Soo affectionne, principalement pour les tourner en dérision. Et pourtant, on sent dans cet émerveillement du personnage quelque chose de sincère, une admiration réelle pour la propension de l'être humain à se laisser déborder par ses émotions, et à les vivre pleinement, sans retenue.

Comme le personnage interprété par Kim Minhee (et par ricochets Hong Sang Soo lui-même ?), le spectateur n'a plus qu'une seule envie : entrer à son tour dans la danse, et participer à la grande ronde des émotions humaines. Peu importe qu'elle ne mène nulle part, l'essentiel est juste d'y avoir sa place.

Berlin 2018 : Wes Anderson ouvre brillamment la compétition avec L’île aux chiens

Posté par MpM, le 15 février 2018

La 68e Berlinale s’est ouverte avec l’un des films les plus attendus du printemps, L'île aux chiens de Wes Anderson qui sortira le 11 avril prochain sur les écrans français. Il s'agit du 9e long métrage du cinéaste américain (La vie aquatique, Moonrise kingdom) et son deuxième film d'animation après Fantastic Mr Fox en 2009.

Principalement réalisé avec des marionnettes animées en stop motion, le film se déroule au Japon, dans un futur proche. Profitant d'une épidémie de grippe canine, le maire de Megasaki ordonne la déportation de tous les chiens, qu'ils soient errants ou domestiques, sur une île voisine servant de décharge publique. Très vite, l'île devient un lieu de désolation. Mais l'arrivée d'Atari, un jeune garçon en quête de son chien Spots, leur redonne un peu d'espoir.

Malgré un contexte assez noir, L'île aux chiens est avant tout un formidable récit d'aventures  sous la double influence du cinéma japonais et des films mettant en scène des chiens (comme une réhabilitation du chien à une époque où il n’y en a que pour les chats ?). Wes Anderson cherche clairement à s'amuser, et truffe donc son film de clins d'oeil et de références qui forment un Japon alternatif, ludique et inventif, qui tient probablement plus d'Anderson lui-même que de Kurosawa, sorte de synthèse entre les fantasmes du réalisateur et les nombreuses références esthétiques et narratives dont il s'est inspiré.

Peut-être le réalisateur a-t-il d'ailleurs emmagasiné trop de matière. Ce foisonnement de détails, flash-backs et autres intrigues parallèles finit par encombrer la narration au détriment du récit lui-même. On est si noyé sous les informations, les gags et les digressions que l'on a par moments l'impression de ne pas profiter pleinement de la richesse scénaristique et formelle du film.

C'est comme si L'ile aux chiens avait à la fois les qualités d'un film de Wes Anderson : style inimitable, inventivité exubérante, ton savoureusement décalé, et les défauts inhérents à ces qualités, à commencer par une construction trop brillante, si travaillée qu'elle ne laisse pas de place à la magie et à l'émotion, mettant le cerveau du spectateur sous pression, plus obnubilé par le désir de ne rien perdre du film que par le plaisir de profiter de chaque minute.

C'est d'autant plus surprenant que bien que le cinéaste cherche à compliquer à l'envi son intrigue et sa construction dramatique (notamment d'un point de vue temporel), le dénouement est lui expédié en quelques minutes, si ce n'est bâclé.

Toutefois, il faut reconnaître la grande réussite visuelle du film qui exploite habilement les possibilités de l'animation image par image. Les marionnettes ont un rendu très spécifique qui ne cherche pas à être réaliste, ou encore moins "mignon". Les chiens, notamment, ne sont pas de mignonnes peluches que l'on a envie de caresser. Ils ont tous une physionomie particulière, blessés ou mal en point, hirsutes ou sales. Leur personnalité prime clairement sur leur physique, tout en permettant à chacun d'avoir un style bien défini.

Les thèmes du film sont également denses et ambivalents : si le lien ancestral entre l'homme et le chien est au coeur de l'intrigue, ainsi que l'amitié et la solidarité, il est aussi question d'eugénisme, de maltraitance animale, d'intolérance et de manipulation politique. On peut d'ailleurs faire une lecture très politique du film, dans lequel le pouvoir en place cherche à expulser les étrangers (la jeune Tracy qui se bat pour la vérité), élimine les opposants politiques (le professeur Watanabe), utilise toute une population comme bouc émissaire et ravive symboliquement de mauvais souvenirs liés à l'Histoire du XXe siècle.

L'occasion de vérifier qu'animation et sujets graves font on ne peut meilleur ménage, la première permettant de mieux faire passer les seconds, avec une légèreté délibérée qui n'en rend le propos que plus fort et marquant. Wes Anderson allie ainsi comme à son habitude la forme et le fond, auxquels il porte le même soin jaloux. Les deux se répondent alors dans un dialogue singulier et saisissant où le récit d'aventures le dispute à un véritable hymne à la tolérance et à la désobéissance civique, entre comédie satirique, thriller engagé et récit initiatique audacieux. Exactement le genre de film qui triomphe généralement à la Berlinale. Un Ours d'or pour les chiens, avouez que ça aurait un certain panache.

Berlin 2018: 10 nouveaux films annoncés en compétition

Posté par vincy, le 15 janvier 2018

La sélection berlinoise s'enrichit de dix nouveaux titres, en plus du film d'ouverture (Wes Anderson) et des premiers films déjà annoncés dont ceux de Gus van Sant, Benoît Jacquot, Malorzata Szumowska et Alexey German Jr.

Pour la 68e Berlinale, les organisateurs ont ajouté 10 nouveaux films en compétition et trois hors-compétition, et avec les venues de Robert Pattinson, Mia Wasikowska, Hanna Schygulla et Tony Leung Chiu Wai. Cette année le jury est présidé par Tom Tykwer.

Compétition

  • 3 Tage in Quiberon (3 Days in Quiberon) de Emily Atef, avec Marie Bäumer, Birgit Minichmayr, Charly Hübner, Robert Gwisdek, Denis Lavant
  • Black 47 de Lance Daly, avec Hugo Weaving, James Frecheville, Stephen Rea, Freddie Fox, Barry Keoghan, Moe Dunford, Sarah Greene, Jim Broadbent
  • Damsel de David et Nathan Zellner , avec Robert Pattinson, Mia Wasikowska, David Zellner, Nathan Zellner, Robert Forster, Joe Billingiere
  • Eldorado de Markus Imhoof - documentaire
  • Las herederas (The Heiresses) de Marcelo Martinessi, avec Ana Brun, Margarita Irún, Ana Ivanova
  • Khook (Pig) de Mani Haghighi, avec Hasan Majuni, Leila Hatami, Leili Rashidi, Parinaz Izadyar, Ali Bagheri
  • La prière (The Prayer) de Cédric Kahn, avec Anthony Bajon, Damien Chapelle, Alex Brendemühl, Louise Grinberg, Hanna Schygulla (photo)
  • Toppen av ingenting (The Real Estate) de Mans Mansson et Axel Petersén, avec Léonore Ekstrand, Christer Levin, Christian Saldert, Olof Rhodin, Carl Johan Merner, Don Bennechi
  • Touch Me Not de Adina Pintilie, avec Laura Benson, Tómas Lemarquis, Christian Bayerlein, Grit Uhlemann, Hanna Hofmann, Seani Love, Irmena Chichikova
  • Transit de Christian Petzold, avec Franz Rogowski, Paula Beer, Godehard Giese, Lilien Batman, Maryam Zaree, Barbara Auer, Matthias Brandt, Sebastian Hülk, Emilie de Preissac, Antoine Oppenheim

Berlinale Special Gala

  • Monster Hunt 2 de Raman Hui, avec Tony Leung Chiu Wai, Baihe Bai, Boran Jing
  • Gurrumul de Paul Williams - documentaire
  • Viaje a los Pueblos Fumigados de Fernando Solanas - documentaire

L’île aux chiens de Wes Anderson en ouverture de la 68e Berlinale

Posté par vincy, le 4 décembre 2017

Wes Anderson est un habitué du festival de Berlin. Alors qu'il n'a été en compétition à Cannes et à Venise qu'une seule fois, le cinéaste américain a été trois fois sélectionné pour l'Ours d'or au cours de sa carrière (et a remporté le Grand prix du jury pour The Grand Budapest Hotel). Il revient à la Berlinale avec son nouveau film, L'île aux chiens (Isle of Dogs), pour ouvrir le festival (honneur déjà réalisé avec Grand Budapest Hotel il y a 4 ans).

La 68e édition se lancera le 15 février avec un film d'animation, une première dans l'histoire du festival. Le film y sera présenté en avant-première mondiale. Il faut dire que le casting vocal est alléchant: Bryan Cranston, Koyu Rankin, Edward Norton, Liev Schreiber, Bill Murray, Bob Balaban, Jeff Goldblum, Scarlett Johansson, Kunichi Nomura, Tilda Swinton, Ken Watanabe, Akira Ito, Greta Gerwig, Akira Takayama, Frances McDormand, F. Murray Abraham, Courtney B. Vance, Yojiro Noda, Fisher Stevens, Mari Natsuki, Nijiro Murakami, Yoko Ono, Harvey Keitel et Frank Wood.
Soit 4 acteurs et actrices oscarisées et six acteurs et actrices nommées aux Oscars. Sept d'entre eux étaient déjà dans Grand Budapest Hotel et autant de comédiens et comédiennes étaient au générique de Moonrise Kingdom. Et c'est le 8e film de Anderson avec Bill Murray.

L'histoire de L'île aux chiens commence lorsqu’une épidémie de grippe canine envahit la ville japonaise de Megasaki et menace de contaminer les hommes. Le maire corrompu Kobayashi ordonne la mise en quarantaine de tous les chiens. L’île poubelle devient ainsi l’Île aux Chiens. Un jeune garçon de 12 ans, Atari, s'envole sur place avec un propulseur à la recherche de son chien perdu, Spots. C’est alors qu’il fait la découverte, à l’aide d’une meute de cinq chiens, d’une conspiration qui menace la ville.

C'est le premier film que Wes Anderson écrit sans co-scénariste.

Le film sort le 23 mars en Amérique du nord et le 11 avril en France.

Tom Tykwer présidera le jury de la Berlinale 2018

Posté par vincy, le 2 novembre 2017

Le réalisateur, scénariste, compositeur et producteur allemand Tom Tykwer présidera le jury du prochain Festival de Berlin. La 68e édition qui se déroulera du 15 au 25 février, a donc choisi un enfant du pays. C'est la première fois depuis Werner Herzog en 2010 qu'un Allemand hérite de ce poste.

"Tom Tykwer est l'un des réalisateurs allemands les plus en vue et s'est imposé sur la scène internationale comme un grand cinéaste. Son talent exceptionnel et sa marque innovatrice ont été démontrés dans une variété de genres cinématographiques", a déclaré Dieter Kosslick, le directeur du festival.

Tykwer, 52 ans, est un habitué de la Berlinale. Il y a présenté ix de ses films, dont le court métrage Epilog en 1992 dans la section Panorama. Il a également fait l'ouverture du Festival en 2002 avec Heaven et en 2009 avec L'enquête (The International). Le réalisateur s'est fait connaître internationalement avec Cours, Lola, cours en 1998, meilleur film étranger au Independent Spirit Awards et prix du public à Sundance, et a connu son plus gros succès avec Le Parfum, histoire d'un meurtrier en 2006. En 2012, il coréalise avec les Wachowski l'épopée Cloud Atlas. Son dernier long métrage, A Hologram for the King (réalisé en 2015 mais sorti en 2017), avec Tom Hanks, adaptation d'un best-seller éponyme, a été un fiasco aux USA et n'est jamais sorti en France. On lui doit aussi les films Maria la maléfique, Les rêveurs, La Princesse et le guerrier et Drei. Il a également participé à la série Sense8. Son prochain projet est d'ailleurs une série qu'il vient de tourner, Babylon Berlin.

C'est en tant que compositeur de la BOF de Cloud Atlas qu'il a été nommé aux Golden Globes en 2013. Il a récolté deux fois le prix du meilleur réalisateur aux German Film Awards (pour Cours Lola Cours et Drei) sur un total de 11 nominations tout au long de sa carrière

Regards sur courts, le court métrage dans tous ses états

Posté par redaction, le 25 août 2017

Le format court sous toutes ses formes sera à l'honneur en septembre à Epinal avec le nouveau festival Regards sur Courts. Nouvelle appellation du Festival de l'image (ou Festival d'Art numérique) créé dans la cité vosgienne en 1961, cette manifestation couplera cette année pour la première fois courts métrages photos (c'est-à-dire réalisés en image fixe) et courts métrages de cinéma traditionnels.

La compétition de courts métrages photos est le résultat d'un travail de présélection parmi les oeuvres proposées par leurs auteurs. Elle réunira 58 concurrents venus d'Italie, de Norvège, de France ou encore d'Australie, tous en lice pour la très convoitée Coupe de l'Europe.

La compétition de courts métrages de cinéma a elle été l'objet d'une sélection spécifique permettant d'offrir un panorama varié de ce qu’est le court métrage contemporain en termes de genres (comédie, thriller, intimiste, social, historique, fantastique…) comme de styles (animation, prise de vue réelles, format hybride…). Elle est constituée de douze films venus de Grèce, des Pays-Bas, du Canada, de France, du Brésil... et dont la moitié sont réalisés ou co-réalisés par des femmes.

Si les deux formes de création auront chacune leur section compétitive, elles seront bel et bien réunies lors de la séance spéciale qui viendra clôturer l'édition 2017. L'occasion d'observer les nombreux points communs entre les deux formes de création, au-delà de leur format.

Parmi les films sélectionnés, on retrouve des oeuvres ayant déjà connu une belle carrière internationale, à l'image de Delusion is a redemption for those in distress de Fellipe Fernandes (vu à la Semaine de la Critique à Cannes en 2016) et Hiwa de Jacqueline Lentzhou (en compétition à Berlin cette année), mais aussi un film autoproduit dont on vous a déjà parlé : AXN de Jean-Marie Villeneuve, un film d'école repéré à Poitiers, Meral, Kizim de Süheyla Schwenk, ou encore le film précédent de Matthew Rankin (sélectionné à Cannes cette année avec Tesla : lumière mondiale) : Mynarski chute mortelle.

On peut également noter la présence en séance spéciale de L'immense retour de Manon Coubia, Léopard d'or à Locarno en 2016, et de KL de William Henne & Yann Bonnin, découvert à Annecy en juin dernier. De quoi offrir aux festivaliers spinaliens un bel aperçu de la production contemporaine de films courts, et de son immense vitalité.

La compétition de Courts métrages

Airport de Michaela Müller
AXN de Jean-Marie Villeneuve
Chez soi de François Raffenaud
La convention de Genève de Benoit Martin
Cour de récré de Francis Gavelle et Claire Inguimberty
Delusion is redemption to those in distress de Fellipe Fernandes
Hiwa de Jacqueline Lentzou
Import de Ena Sendijarevic
Meral, Kizim de Süheyla Schwenk
Mynarski chute mortelle de Matthew Rankin
The National Garden de Syni Pappa
We Will Never Be Royals de Mees Peijnenburg

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Regards sur Courts
Du 7 au 10 septembre 2017
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Berlin 2017 : Nos pronostics

Posté par MpM, le 18 février 2017

Il y a des années où il s'avère ardu de se mettre à la place du jury, et d'autres où le palmarès semble presque aller de soi. Pour cette 67e édition de la Berlinale, la qualité inégale de la compétition nous place incontestablement dans la deuxième position. On a en effet l'impression que les jurés, menés par Paul Verhoeven, n'auront en réalité le choix qu'entre une poignée de films, les autres s'avérant trop faibles ou trop anecdotiques pour prétendre à un prix d'importance.

De l'or pour Aki ?

Pour ce qui est de l'Ours d'or, on ne voit pas trop comment il pourrait échapper à Aki Kaurismäki qui a mis à peu près toutes les chances de son côté avec L'autre côté de l'espoir : le film est remarquablement construit, il traite avec intelligence d'un sujet actuel fort, il est universel aussi bien sur le fond que dans sa forme, et enfin, cerise sur le gâteau, le réalisateur finlandais est un immense cinéaste qui est souvent reparti bredouille des grands festivals internationaux. Si la compétition 2017 (plutôt faible) n'a pas été pensée pour lui dérouler le tapis rouge jusqu'à l'Ours, ça y ressemble fort.

Autres grands prix potentiels, le sensible On body and soul de Ildikó Enyedi qui a beaucoup touché la critique internationale ; le très exigeant Colo de Teresa Villaverde qui bénéficie lui aussi d'une cinématographie remarquable doublée d'un sujet politique ; On the beach at night alone, le Hong SangSoo du mois, et sa vision mélancolique de l'amour, mais aussi, en embuscade, le surprenant film d'animation chinois, Have a nice day de Liu Jian, qui croque les travers, les absurdités et les échecs de la société chinoise, sans oublier Ana, mon amour du roumain Calin Peter Nexter, déjà couronné d'or en 2013 pour Mère et fils, qui parvient à faire rire et pleurer avec son analyse thérapeutique d'un couple instable. On pense aussi à Una mujer fantastica dont le propos quasi pédagogique sur la transsexualité est d'une importance capitale dans des sociétés encore trop souvent mal informées (au mieux), voire malveillantes sur tout ce qui sort de la "norme". Le film a par ailleurs remporté le Teddy Award vendredi soir.

Daniela Vega favorite

Mais s'il est un prix que l'on donnerait les yeux fermés au film de Sebastian Lelio, c'est évidemment le prix d'interprétation féminine, tant Daniela Vega est formidable, à la fois touchante, combative, désespérée et digne. Il y a malgré tout de la concurrence du côté de Kim Minhee, une nouvelle fois exceptionnelle chez Hong SangSoo (On the beach at night alone) ; Véro Tshanda Beya, elle aussi très bien en Félicité devant la caméra d'Alain Gomis ; Alexandra Borbély dans On body and soul, Diana Cavallioti dans Ana mon amour ou même Agnieszka Mandat dans Spoor d'Agnieszka Holland.

Pour l'acteur masculin, cela reste assez ouvert, même si on pense forcément à Reda Kateb pour Django d'Etienne Comar, la totalité du casting masculin du Kaurismaki, Sherwan Haji et Sakari Kuosmanen en tête, Josef Hader en critique musical au bout du rouleau dans Wilde Maus, Georg Friedrich en père maladroit dans Helle Nächte de Thomas Arslan, Géza Morcsányi pour On body and soul, Mircea Postelnicu pour Ana mon amour, Chang Chen pour Mr Long ou même Julio Machado pour le rôle historique du martyr Joaquim chez Marcelo Gomes.

Et Alfred Bauer, dans tout ça ?

Enfin, on aimerait voir figurer quelque part au palmarès le documentaire Beuys d'Andres Veiel, formidable travail de montage qui dresse avec beaucoup de sensibilité et de profondeur le portrait de l'artiste allemand. En revanche, il faut avouer qu'on sèche sur le prix Alfred Bauer censé récompenser un film ouvrant "de nouvelles perspectives". Bien sûr tout dépend de ce que l'on met dans cette jolie formule... mais on voit bien qu'il manquait cette année un ou deux films plus singuliers que les autres, voire un peu fous, qui bousculeraient les codes et les habitudes. Et c'est sans doute ce que l'on peut dire de plus révélateur sur cette compétition clairement en demi-teinte.