Emmanuelle Riva (1927-2017): une flamme s’éteint

Posté par vincy, le 28 janvier 2017

César de la meilleure actrice en 2013, Emmanuelle Riva est morte vendredi 27 janvier à l'âge de 89 ans, succombant à son cancer. D'Hiroshima mon amour d'Alain Resnais en 1959 à Amour de Michael Haneke en 2012, Emmanuelle Riva avait été sans doute trop rare au cinéma. On la verra une dernière fois sur grand écran dans Paris Pieds nus de Fiona Gordon et Dominique Abel, qui sortira le 8 mars.

Artiste exigeante, actrice bouleversante, elle a voulu travailler jusqu'au bout, comme le suligne son entourage, tournant en Islande ou faisant une lecture à la Villa Médicis à Rome. Son courage, sa dignité, son audace sont d'ailleurs les traits de la personnalité de ses deux personnages emblématiques, jeune chez Resnais et au crépuscule de sa vie chez Haneke. Avec Amour, où elle choisit sa mort, la reconnaissance sera mondiale : un BAFTA de la meilleure actrice et une nomination à l'Oscar de la meilleure actrice, en plus du César tardif.

Mais il ne faudrait pas résumer sa carrière à ces deux films.

hiroshima mon amour emmanuelle rivaUne flamme entre deux amours

Née le 24 février 1927 dans les Vosges, dans une famille d'origine italienne, elle s'est éprise de théâtre très jeune, en lisant des pièces et rejoignant une troupe amateur. A 26 ans, elle entre à l'école de la rue Blanche avant de se lancer sur scène. C'est d'ailleurs sur une affiche de théâtre que Resnais la repère et la choisit pour son film, scénarisé par Marguerite Duras. Durant le tournage d'Hiroshima mon amour, avec son appareil photo, elle capte des instantanés de cette ville en reconstruction, seulement treize ans après avoir été dévastée par la bombe (on retrouve ces photos dans le livre Tu n'as rien vu à Hiroshima, réédité en 2009). Elle incarne la part d'humanité dans ce monde post-traumatique, tout en étant errante et distante de l'horreur qui la submerge. L'amour promis, espéré, face à la mort, inévitable. C'est là que la Palme d'or Amour boucle la boucle en la filmant au seuil de sa disparition, affrontant décemment sa mort, après avoir vécu une vie d'amour... Elle était incandescente chez Resnais. La flamme s'éteint chez Haneke.

Après avoir tourné Recours en grâce de László Benedek, Adua et ses compagnes d'Antonio Pietrangeli et Kapò de Gillo Pontecorvo, elle retrouve un grand rôle assez rapidement avec celui d'une jeune femme agnostique, passionnément amoureuse d'un prêtre (incarné par Belmondo) dans Léon Morin, prêtre de Jean-Pierre Melville. On est en 1961. L'année suivante elle reçoit une Coupe Volpi de la meilleure actrice à Venise pour son interprétation dans Thérèse Desqueyroux de Georges Franju.

Son visage, suave, gracieux et lumineux, est une page blanche où l'on peut écrire toutes sortes de secrets, de douleurs, de passions, de douceurs. Pourtant, son itinéraire la détournera de films populaires. Elle a tourné une cinquantaine de films dont Thomas l’imposteur (1965), toujours de Georges Franju, sur un scénario posthume de Jean Cocteau, Les Risques du métier d'André Cayatte, Les Yeux et La bouche de Marco Bellocchio, Liberté, la nuit de Philippe Garrel, Y a-t-il un Français dans la salle ? de Jean-Pierre Mocky, Trois Couleurs : Bleu de Krzysztof Kie?lowski, où elle incarnait la mère, Vénus beauté (institut) de Tonie Marshall, Tu honoreras ta mère et ta mère de Brigitte Roüan, Le Skylab de Julie Delpy et Un homme et son chien de Francis Huster, où elle recroise Belmondo. L'an dernier elle était à l'affiche de Marie et les Naufragés de Sébastien Betbeder. Insaisissable, touchant à tout, du cinéma d'Arcady à celui de Bonitzer, de Jean-Pierre Améris à Emmanuel Bourdieu, elle disait souvent non et préférait sa liberté, et le théâtre.

Retour d'amour

Euripide, Molière, Shakespeare, Marivaux, George Bernard Shaw, Harold Pinter, Luigi Pirandello, Nathalie Sarraute, Marguerite Duras... elle n'avait aucune barrière, aucune frontières. La jeune fille humble, modeste, issue d'un milieu prolétaire, plus fantaisiste et moins sage qu'il n'y apparaissait, était discrète, a pu être oubliée. Dans l'ombre de son personnage mythique et encombrant du film de Resnais, elle continuait à jouer. Vive et insolente, drôle et toujours jeune, presque punk malgré ses 80 balais, Riva mordait sa vie à pleine dents, et semblait n'avoir aucun regret. Elle touchait à tout, dévorait les textes. Sa curiosité et son affranchissement ont fait le reste.

Dans Amour, il y avait d'ailleurs ce dialogue qui aurait pu être une de ses propres insolences: ""Qu’est-ce que tu dirais si personne ne venait à ton enterrement? - Rien, probablement.".

Hors-système, Emmanuelle Riva laisse une jolie trace dans nos mémoires. Elle a écrit Juste derrière le sifflet des trains, Le Feu des miroirs et L'Otage du désir. Son livre d'entretien, paru il y a trois ans, s'intitulait C'est délit-cieux !. Jeu de mot qui résumait bien sa personnalité. Dans ce livre, elle expliquait: "Très petite, j’aimais dire des poèmes. J’aimais les dire devant les autres. Je ne pouvais pas les garder pour moi seule. Il me fallait donner à entendre la parole de l’auteur, comme une jouissance à ce partage." Un partage généreux qui aura duré 60 ans.

Sylvie Pialat reçoit le 7e Prix Daniel Toscan du Plantier

Posté par vincy, le 25 février 2014

sylvie pialat berlinale 2011Traditionnellement, le prix Daniel Toscan du Plantier est décerné quelques jours avant la cérémonie des César. Lundi 24 février, pour sa 7e édition, le prix a été remis à Sylvie Pialat.

Le prix Daniel Toscan du Plantier récompense le meilleur producteur de l'année. Sylvie Pialat, à la tête des Films du Worso, a produit L'inconnu du Lac d'Alain Guiraudie et La religieuse de Guillaume Nicloux. L'inconnu du lac a reçu le prix Un certain regard de la mise en scène et la Queer Palm au dernier festival de Cannes et il est nominé huit fois aux Césars. La religieuse était en compétition au Festival de Berlin 2013. Les films du Worso ont également coproduit Quand le soir tombe sur Bucarest ou Métabolisme de de Corneliu Porumboiu, en compétition au dernier Festival de Locarno.

Après la mort de son compagnon Maurice Pialat, Sylvie Pialat, scénariste des films du réalisateur (Police, Sous le soleil de Satan - Palme d'or et Le garçu), se lance dans la production en 2003. Depuis, les films du Worso ont produit une trentaine de fictions (principalement des long-métrages mais aussi quelques court-métrages, documentaires et téléfilms), parmi lesquelles A perdre la raison, Maman, Bouquet final ou Meurtrières.

Elle est revenue à Berlin cette année avec le film événement L'enlèvement de Michel Houellebecq, de Guillaume Nicloux, et avec l'écrivain Michel Houellebecq. Le nouveau film d'Abderrahmane Sissako, Chagrin des oiseaux, tourné durant l'automne 2013, devrait être présenté au prochain Festival de Cannes. Elle reviendra en Afrique avec le nouveau projet de Joachim Lafosse sur l'affaire de l'Arche de Zoé (lire notre actualité de décembre 2012), qui se tournera à partir de la mi-mars.

Notons enfin que Sylvie Pialat avait rencontré Maurice Pialat sur le tournage d'A nos amours, produit par Daniel Toscan du Plantier (producteur de chacun des films du cinéaste par la suite). La boucle est bouclée.

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Les précédents récipiendaires du Prix Daniel Toscan du Plantier :
- 2008 : Claude Berri
- 2009 : (ex-æquo) Pascal Caucheteux ; Thomas Langmann
- 2010 : Pascal Caucheteux et Grégoire Sorlat
- 2011 : Yaël Fogiel et Laetitia Gonzalez
- 2012 : Alain Attal
- 2013 : Gaëlle Bayssière et Didier Creste

Valérie Benguigui (1965-2013), rires et châtiment

Posté par vincy, le 3 septembre 2013

valérie benguiguiUn César (mérité) en début d'année l'avait enfin consacrée. Second-rôle brillant, elle étincelait dans Le prénom en épouse en colère et fatiguée des disputes familiales dans Le prénom, avec un personnage qu'elle avait créé sur scène en 2010. Valérie Benguigui, 47 ans, est décédée ce mardi 3 septembre, des suites d'un cancer. Sacrée par un César, et puis Avé, morituri te salutant.

Avec 30 ans de carrière, la comédienne était un de ces visages connus des spectateurs et téléspectateurs, sans être une célébrité. Discrète et travailleuse, elle enchaînait les films, principalement des comédies où elle se donnait à fond pour donner de l'épaisseur à des personnages issus de la classe moyenne. La soeur de Dov dans La vérité su je mens! (1997) c'était elle. Benguigui a tourné avec Pierre Richard, Charlotte de Turkheim, Michel Hazanavicius, Marion Vernoux, Artus de Penguern, récemment disparu, Olivier Daran (Pur week-end où elle pétait allègrement les plombs), Steve Suissa... Les réalisatrices faisaient souvent appel à elle pour son talent : une mécanique bien huilée côté comédie, et une efficacité redoutable pour changer la tonalité d'une scène, parfois pète-sec, ou complètement émotive. Coline Serreau (Chaos), Nicole Garcia (Selon Charlie), Jennifer Devoldère (Jusqu'à toi), Lisa Azuelos (Comme t'y es belle!), Isabelle Doval (Rire et châtiment), Anne Fassio (Je déteste les enfants des autres), Axelle Ropert (La famille Wolberg), et Anne Le Ny (Les Invités de mon père) ne s'y sont pas trompées. Passant de Toledano/Nakache (Je préfère qu'on reste amis) à Olivier Baroux (trois films au compteur dont Safari) ou Pascal Elbé (Tête de turc), elle a joué en toute discrétion dans des films populaires plus ou moins réussis.

Valérie Benguigui avait surtout fait sa place au soleil sur le petit écran et sur les planches. A la télévision, on la découvre dans la série culte "Palace", avant qu'elle ne tienne un rôle récurrent durant plus de 40 épisodes dans "Avocats et associés". Au théâtre, outre le Prénom, elle fut mise en scène par Pascal Elbé ou Bernard Murat, jouant Molière, Labiche, Stephenson, Feydeau... Elle avait surtout mis en scène elle même plusieurs spectacles, notamment les exquis One-Woman Show de Valérie Lemercier.

Argo, un Oscar du meilleur film pas comme les autres

Posté par vincy, le 25 février 2013

Quentin Tarantino pour le scénario, Christoph Waltz pour le second rôle masculin et Ang Lee pour la réalisation ont reçu leur 2e Oscar dans ces catégories respectives. Daniel Day-Lewis a remporté son troisième Oscar du meilleur acteur. Un record, seulement dépassé par les 4 Oscars pour Katharine Hepburn. De même James Bond a gagné ses deuxième et troisième Oscar dans l'histoire de la franchise (seul Opération Tonnerre avait gagné celui des effets visuels auparavant). Jennifer Lawrence, à 22 ans, est la plus jeune oscarisée en tant qu'actrice après Marlee Matlin. Un cinéaste autrichien (Michael Haneke) a gagné pour la première fois l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. On peut ajouter un gagnant ex-aequo, dans la catégorie montage son (Zero Dark Thirty et Skyfall). C'est la première fois que cela arrive depuis 1994 (deux gagnants se partageaient l'Oscar du meilleur court métrage).

Argo, outsider jusqu'à la soirée des Golden Globes

Et pourtant, derrière ces "faits", c'est bien Argo qui marquera l'histoire de ces 83e Oscars. Début janvier, Lincoln est encore favori, avec 12 nominations aux Oscars. Zero Dark Thirty a séduit les critiques américains mais une controverse commence a plombé son buzz. Et comme cette année, le calendrier déconnecte les nominations aux Oscars de la remise des Golden Globes, Argo semble un outsider : aucune nomination dans les catégories réalisation et interprétation. Warner Bros doute alors que le film puisse battre Lincoln.

Mais le dimanche 13 janvier, les Golden Globes couronnent le film et son réalisateur. Durant un mois, le parcours du combattant devient une voie royale pour Affleck et ses producteurs, Clooney et Heslov : les British Awards, la Guilde des réalisateurs, la Guilde des producteurs, la puissante Guilde des acteurs, la Guilde des scénaristes  et même les "snobs" Césars français décernent leur prix le plus prestigieux à cette histoire de grande évasion iranienne. Une razzia rarement réalisée.

Seulement trois statuettes, mais une First Lady en bonus

C'est donc la première fois depuis Miss Daisy et son chauffeur en 1989 qu'un film gagne l'Oscar le plus important sans que son réalisateur ne soit nominé! C'est aussi la première fois depuis 2005 (Collision) que l'Oscar du meilleur film revient à une production qui ne gagne que trois Oscars au total (le record est toujours détenu par Sous le plus grand chapiteau du monde, 1952, avec deux Oscars). Clairement Argo a défié les annales de l'Académie. Pas étonnant, par conséquent, que même la personnalité qui dévoila le nom du vainqueur n'était ni sur scène ni une personnalité du cinéma. Dialoguant avec Jack Nicholson, la "First Lady" Michelle Obama usa de la formule habituelle pour sacrer Argo, en direct et en duplex de la Maison Blanche (après la Reine d'Angleterre qui joue avec James Bond pour l'ouverture des Jeux Olympiques de Londres l'été dernier, on se demande si Valérie Trierweiler remettra une Palme d'or à Cannes...).

Sans doute aussi, Obama voulait elle ainsi remercier les producteurs du film Ben Affleck et George Clooney, généreux donateurs et fervents soutiens de son mari lors des campagnes électorales de 2008 et 2012.

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Tapis rouge et oscarisés en photos sur notre Tumblr

Les César 2013 en direct sur EcranNoir.fr

Posté par vincy, le 22 février 2013

Vous pouvez suivre les César 2013 en direct sur notre compte Twitter.

Sur notre Page Facebook et notre site Tumblr nous posterons des photos des lauréats et les bande-annonces des films primés.

Enfin le palmarès complet, réactualisé au fil de la soirée, est à retrouver, sur notre site.

Le Prénom, champion de la rentabilité en 2012

Posté par vincy, le 22 février 2013

Comme chaque année, Le Film Français a calculé le ratio budget/entrées pour déterminer le taux de rentabilité des films. On en déduira que Bruel n'est pas forcément bankable malgré le carton du Prénom puisque Paris Manhattan est 57e de cette liste de 136 films. En revanche Omar Sy, Jean Dujardin, Jamel Debbouze et Fabrice Luchini méritent davantage leurs gros cachets que des Dany Boon, Gérard Depardieu, Mathilde Seigner, Gad Elmaleh, Yvan Attal et autres Audrey Tautou... D'autant que dans les 10 films les plus rentables de l'année, on compte deux films d'animation et deux films avec des inconnus en vedettes. Par ailleurs 7 films sur les 10 plus rentables ont coûté moins de 9 millions d'euros.

Le podium.

Champion toute catégorie, la pièce à succès transposée sur grand écran, Le prénom, en lice pour le César du meilleur film ce soir. Le film affiche un taux de 93,57% grâce à ses 3,34 millions de spectateurs pour un film qui a coûté 11 millions d'euros. Seuls deux autres films ont dépassé les 75% de rentabilité : De l'autre côté du périph' et Les kaïra.

Césarisables.

Parmi les césarisables pour le meilleur film, l'ordre est le suivant : Camille redouble (12e), Dans la maison (14e), De rouille et d'os (16e), Quelques heures de printemps (28e), Amour (37e, mais plus rentable grâce aux entrées à l'étranger), Les adieux à la reine (38e). Seul Holy Motors fait figure de vilain petit canard avec sa 46e place.

Animation.

Zarafa domine les films d'animation avec un taux de 52,3%. 9e film le plus rentable de l'année, il devance le troisième épisode de Kirikou, 10e. Ernest et Celestine est le seul autre film animé rentable (30e), surclassant largement Le jour des corneilles (47e) et surtout le fiasco de Patrice Leconte, Le magasin des suicides (77e). Il fait partie des 5 films ayant coûté plus de 10 millions d'euros à avoir une rentabilité de mois de 8%.

La comédie en forme.

Contrairement à ce qu'on entend depuis des mois, la comédie française ne se porte pas si mal. Ainsi Mince alors!, Les infidèles, La vérité si je mens 3 sont dans les 10 films les plus rentables de l'année. Sur la piste du Marsupilami (13e), Les seigneurs (15e), Les vacances de Ducobu, malgré des budgets supérieurs à 10 millions d'euros affichent une rentabilité supérieure à 30% et se classent parmi les 25 films les plus rentables. Parmi les budgets moyens, à ce niveau de rentabilité on retrouve Et si on vivait tous ensemble?, Les saveurs du palais, Du vent dans mes mollets, Le grand soir et Radiostars.

Petits films costauds.

Si on prend en compte les budgets inférieurs à 4 millions d'euros, on remarque quelques jolis succès financiers. Rengaine et Adieu Berthe sont ainsi 4e et 5e du classement. Le premier a coûté un demi million d'euros et a séduit plus de 109 000 spectateurs ; le Podalydès avec 702 000 entrées a couvert 63% de son budget avec les seules entrées. Ainsi dans les films ayant une rentabilité de 20% et plus, soit 40 longs métrages, 7 sont des très petits budgets.

Gros fiascos.

Chers ou pas assez populaires, Cendrillon au Far West, La traversée, Confession d'un enfant du siècle, Bye Bye Blondie, Dans la tourmente, Mauvaise fille, Do not Disturb, David et Madame Hansen, Trois mondes, Sport de filles, A coeur ouvert n'ont même pas rapporté 6% de leurs budgets. Dans une moindre mesure, Populaire, Astérix 4, Nous York, Bowling, Un plan parfait, Thérèse Desqueyroux, Comme un chef et L'oncle Charles ont beau voir dépensé de 10 à 61 millions d'euros pour leur production, ils n'ont même pas atteints les 25% de rentabilité. De même des cinéastes comme Costa-Gavras, Assayas, Arcady, Salles, ou encore Resnais n'ont pas satisfait les attentes des producteurs.

L’instant Court : Les Révélations 2013 pour un César du Meilleur Espoir

Posté par kristofy, le 1 février 2013

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage Du poil de la bête réalisé par Gregori Baquet avec une apparition de Bernadette Lafont, voici l’instant Court n° 99.

L'Académie des Arts et Techniques du Cinéma a annoncé les nominations pour les César 2013 qui se tiendront le 22 février. Pour ce qui est du César du Meilleur Espoir Féminin et du Meilleur Espoir Masculin, il y avait au départ 32 actrices et acteurs pré-sélectionnés, dont seuls dix ont été retenus pour la course finale.

Comme chaque année, un partenaire officiel de l’Académie a produit un petit film avec ces 32 visages. Le court de l’année dernière avait fait polémique puisque Jean-Baptiste Mondino avait choisi de les faire se déshabiller devant sa caméra, ce qui avait d’ailleurs porté préjudice à la réputation de la comédienne Golshifteh Farahani en Iran son pays d’origine…

Le court 2013 montre avec un même noir et blanc élégant les 32 espoirs 2013 qui se dévoilent moins frontalement sous les draps d’un lit, inspiré par la musique de Georges Delerue pour le film Le Mépris. Voici Les Révélations 2013, un film court réalisé par Dominique Issermann, qui a été diffusé dans environ 400 salles de cinéma du 16 au 29 janvier 2013.

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Les Révélations 2013.

Césars 2013 : le fabuleux destin de Noémie Lvovsky

Posté par vincy, le 25 janvier 2013

Avec 13 nominations, Camille redouble, comédie honnête et touchante de Noémie Lvovosky (un peu surestimée à notre goût) égale Cyrano, Un prophète et Polisse ! Surtout, la réalisatrice-actrice-scénariste se rajoute 4 nominations sur son nom ce qui porte son total de nominations à 10 (dans 5 catégories) pour toute sa carrière. Le film, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, part ainsi comme le grand favori de la 38e cérémonie des César. Mais n’est pas Cyrano ou Prophète qui veut, et le film pourrait repartir quasi bredouille à l’instar de Polisse l’an dernier (2 sur 13).

C’est d’ailleurs l’étrange paradoxe de ces César. Un mix entre films « populaires », aux budgets moyens, et des œuvres plus dramatiques de grands auteurs (voir la liste des nominations). Un grand écart qui fait cohabiter Carax avec Le prénom, des styles aussi différents que ceux d’Ozon, Jacquot ou Audiard, et un multi-nommé aux Oscars, Amour.

Amour, le film à battre

Car Haneke, avec dix citations, reste le mieux parti, a priori. Une Palme d’or, une razzia de prix internationaux, cinq nominations aux Oscars. Difficile de battre un tel poids lourd. A l’instar du Pianiste, il pourrait rafler les prix majeurs : film, réalisateur, acteur et actrice. Comment croire que Bruel, dans un rôle honnête, mais pas transcendant, peut côtoyer Trintignant, immense et rare ? Chez les actrices, Riva a davantage de rivales avec Cotillard, Vincent et Masiero, qui pourrait créer la surprise.

Seul Audiard (9 nominations pour De rouille et d’os) pourrait jouer le chien dans ce jeu de quilles. Mais le cinéaste, déjà très césarisé dans sa carrière, pourrait faire les frais de cette concurrence acharnée entre des chéris de la profession. Il est le seul, à deux occasions, à avoir reçu plus de 8 Césars pour un film depuis Cyrano. Outre Lvovsky et Haneke, on peut remarquer 10 nominations pour Les adieux à la Reine (Prix Louis-Delluc) et 9 pour Holy Motors.

Des films divertissants et des chouchous de Festivals

Mais on note aussi que les professionnels ont voulu s’ouvrir à des films plus distrayants comme celui de Lvovsky. Le Prénom, qui n’en demandait pas tant, Populaire, Cloclo, Cherchez Hortense reçoivent plusieurs honneurs.

Notons cependant qu’hormis le Carax, tous ont touché un large public. Beaucoup ont aussi profité de leurs sélections dans les grands festivals : Locarno (Quelques heures de printemps), San Sebastian (Dans la maison), Berlin (Les adieux à la reine)… il n’y a bien que Venise qui est snobé. Tandis que Cannes fait une vaste OPA sur la liste : Camille redouble, Amour, De rouille et d’os, Holy Motors, Ernest et Célestine, Augustine, Rengaine, Laurence Anyways, Oslo 31 août, La part des anges, A perdre la raison

Puisqu’on évoque les films étrangers, on remarquera qu’hormis l’hollywoodien Argo et le québécois Laurence Anyways, tous les films retenus proviennent d’Europe du nord, dont deux de nos voisins belges. C’est sans doute la seule catégorie où il y a un sans faute. Dans l’animation la guerre fera rage tant la sélection oppose des courts et des longs, des succès au box office et des films que personne n’a vu.

Quelques perdants, beaucoup d'oubliés

Et puis il y a des perdants : Adieu Berthe, 38 témoins, Augustine ; et surtout il y a des des oubliés : Mains dans la main, Les bêtes du sud sauvage, La désintégration, La taupe, Le sommeil d’or, Two Days in new York, Take Shelter, Une bouteille à la mer, Du vent dans les mollets… Plus étonnant, le film d’Alain Resnais n’a reçu aucune citation. Un camouflet pour le cinéaste le plus nommé de l’histoire dans la catégorie réalisateur.

Cela n’empêche pas Isabelle Huppert de récolter sa 14e nomination (un record pour une actrice). Seul Depardieu a fait mieux (avec 16 nominations).

Jamel présidera. Tranches de rire assurées. Simone Signoret parrainera, grâce à l'affiche nostalgique de la cérémonie. Les gagnants seront connus le 22 février.