Berlinale 2019: Synonymes et Grâce à Dieu grands vainqueurs du palmarès

Posté par vincy, le 16 février 2019

Alors que le Festival se termine avec des températures printanières et un grand ciel bleu, la soirée de la remise des prix de la 69e Berlinale a commencé avec une ombre, la mort de l'acteur suisse Bruno Ganz. Une ovation debout a salué celui qui fut l'un des plus grands comédiens de théâtre et de cinéma germanophones. Et puisqu'on était dans les adieux, ça a aussi été l'occasion de voir un film hommage et un prix honorifique pour le directeur Dieter Kosslick, qui cède les rênes de la Berlinale après 18 ans de service.

Les prix des autres palmarès de la 69e Berlinale
Le bilan de la compétition

Il y a eu un consensus entre le jury et le public puisque la coproduction franco-soudanaise Talking about trees, prix du public Panorama plus tôt dans la journée, a été couronné par le jury, toutes sélections confondues du Prix du meilleur documentaire.

Mais on note surtout que le cinéma allemand s'en sort bien cette année avec l'Ours d'or du court métrage et le Prix du meilleur premier film (toutes sélections confondues). Mais aussi l'Ours d'argent de la réalisation pour Angela Schenalec et le prestigieux Prix Alfred Bauer (pour des films qui ouvrent des perspectives) décerné à une autre réalisatrice: Nora Fingscheidt.

Le jury de Juliette Binoche avait à remettre 6 autres prix pour les 14 films restants. Tout résidait plus dans la hiérarchie des prix que dans le choix des films primés. Le film de Wang Xiaoshuai a récolté les deux prix d'interprétation, s'offrant ainsi une belle victoire sans être dans le haut du tableau. Mais on soulignera avant tout que c'est le cinéma français le grand vainqueur de cette Berlinale, avec l'Ours d'or et le Grand prix du jury distinguant le film le plus parisien de Nadav Lapid et le film de François Ozon, deux films engagés. Déjà primé à Berlin pour 8 femmes (un prix d'ensemble pour ses actrices), il reçoit là le plus important prix de sa carrière alors que l'on saura lundi si son film sortira en salles mercredi.

Que Synonymes soit sacré par un Ours d'or, alors qu'il s'agit d'un film audacieux, aussi burlesque que tragique, drôle que dramatique. C'est aussi la première fois qu'un cinéaste israélien remporte la récompense. Et par le même coup, on souligne que le jury a oublié Dieu existe, son nom est Petrunya, l'un des favoris. Il faut croire que le jury a été sensible au discours de Nadav Lapid: ouvrez les frontières!

Tout le palmarès

Ours d'or: Synonymes de Nadav Lapid
Grand prix du jury: Grâce à Dieu de François Ozon
Prix Alfred Bauer: Systemsprenger (System Crasher) de Nora Fingscheidt

Interprétation féminine: Yong Mei dans Di jui tian chang (So Long, My Son) de Wang Xiaoshuai
Interprétation masculine: Wang Jingchun dans Di jui tian chang (So Long, My Son) de Wang Xiaoshuai

Mise en scène: Angela Schanelec pour Ich war zuhause, aber (I Was at Home, But)
Scénario: Maurizio Barucci, Claudio Giovannesi & Roberto Saviano pour La paranza dei bambini (Piranhas)
Contribution artistique: Rasmus Videbæk pour l'image de Out Stealing Horses réalisé par Hans Petter Moland.

Ours d'or du court métrage: Umbra de Florian Fischer et Johannes Krell, Allemagne
Prix du jury du court métrage: Blue Boy de Manuel Abramovich, Argentine
Prix du court métrage Audi: Rise de Barbara Wagner et Benjamin De Burca, Brésil

Meilleur premier film: Oray de Mehmet Akif Büyükatalay, Allemagne (Perspektive Deutsches Kino)

Meilleur documentaire: Talking About Tree de Suhaib Gasmelbari, Soudan (Panorama)

3 raisons d’aller voir Les Drapeaux de papier de Nathan Ambrosioni

Posté par kristofy, le 13 février 2019

Le pitch: Charlie, bientôt 24 ans, mène une vie sans excès : elle se rêve artiste et peine à joindre les deux bouts.
Quand son frère vient la retrouver après douze ans d’absence, tout se bouscule. Vincent a 30 ans et sort tout juste de prison où il a purgé une longue peine. Il a tout à apprendre dans un monde qu’il ne connait plus. Charlie est prête à l’aider. C’est son frère après tout, son frère dont la colère peut devenir incontrôlable et tout détruire malgré lui...

Nathan Ambrosioni, nouveau (très jeune) talent du cinéma français
En France l'une des particularité de notre cinéma est de voir chaque année éclore quantité de premiers films ; c'est réaliser un second ou un troisième film qui est parfois plus complexe...  Les Drapeaux de papier est l'œuvre du très jeune Nathan Ambrosioni : écrit à 17 ans, tourné à 18 ans, et maintenant, à 19 ans, il s'offre une belle sortie dans les salles. C'est déjà son 3ème long-métrage, après deux films qui font peur ) Hostile en 2014 et Therapy en 2016 qui avaient été sélectionné dans plusieurs festival fantastiques (comme le BIFFF). Il a déjà un scénario en cours pour son prochain film ! Après s'être fait la main dans le registre de l'horreur, il change de registre avec ce drame émouvant. La jeunesse de Nathan Ambrosioni est en fait un détail : il raconte là une histoire très adulte d'une famille éclatée avec une belle sensibilité. La caméra s'attache à fixer en gros plan les personnages où à les suivre de manière à ce que l'on soit toujours au plus près deux, et il évite les dialogues pompeux tout en sachant ménager des silences. Le pari des Drapeaux de papier est justement d'avoir su capter et faire parler les différents regards de cette famille... «Dis moi comment faut faire pour être quelqu’un de bien, quelqu’un de mieux?»

Après être sorti de prison, on entre comment dans la vie ?
«La prison c’est long, 12 ans c’est long.» Lui vient tout juste de sortir de prison, il a 30 ans et personne ne l'attend. Alors il va frapper à la porte de sa petite sœur qui à la vingtaine : elle ne l'a quasiment pas vu depuis gamine, c'est presque un étranger. Le frère et la sœur vont devoir s'apprivoiser et apprendre à se (re)connaître et à cohabiter ensemble pour quelques temps. Vincent est sans aucune ressource ni compétence et il va devoir essayer de trouver un travail; du côté de Charlie elle vivote comme elle peut. Avec le délicat sujet de la réinsertion pour le frère, et en creux de l'insertion pour la sœur, le film commence par jouer sur cette subtile relation à la fois de confiance et de défiance entre eux deux. Progressivement les rôles s'inversent. Ce qu'ils se disent et en même temps les non-dits font dessiner une famille qui ne peut se retrouver sans l'ombre de leur père...

La lumière sur Guillaume Gouix et Noémie Merlant
«On est obligé de s’aimer parce qu'on est une famille ?» La caméra filme quasiment tout du long soit le frère soit la soeur, et quelques autres personnages dont le père. Les Drapeaux de papier c'est d'abord un vibrant jeu d'acteur de la part de Guillaume Gouix et de Noémie Merlant, mais aussi de Jérôme Kircher. Il y a beaucoup de gros plans sur les visages et les variations des regards. Le duo frère-soeur entre brutalité et complicité est particulièrement émouvant. Guillaume Gouix s'impose avec une violence contenue prête à surgir et, en même temps, un lâcher-prise où enfin il peut jouir d'être libre. Noémie Merlant est tout à la fois dans la détermination ou la fragilité, dans un rôle plus compliqué à faire exister et où sa présence fait merveille. La puissance du film est justement d'avoir su observer la confrontation de ce duo : c'est avec eux qu'opère toute la séduction de Les Drapeaux de papier.

César 2019: Le grand bain et Jusqu’à la garde en tête des nominations

Posté par vincy, le 23 janvier 2019

cesar

Les César ont révélé leurs nominations. Et il y a plusieurs grosses surprises: l'absence des films cannois de la compétition parmi les meilleurs films, à commencer par le lauréat du prix Louis-Delluc, Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré, et celle de Mektoub, my love d'Abdellatif Kechiche. A l'inverse plusieurs films des autres sélections cannoises et plusieurs premiers films ont été remarqués par la profession. Au final cette liste des César embrasse tous les genres, de la comédie au drame en passant par le western. On regrettera toujours que des films plus audacieux, comme Les garçons sauvages, ne trouvent pas leur place.

On note que cette 44e cérémonie sera colorée par des sujets de société (violence conjugale, déclin masculin, adoption, abus sexuel). Le grand bain de Gilles Lellouche et Jusqu’à à la garde de Xavier Legrand dominent avec 10 nominations devant En liberté ! et Les frères Sisters (9), La douleur (8), Pupille (7), Guy et Mademoiselle de Joncquières (6). Autrement dit, il n'y a pas de grand favori dans une année qui s'avère très ouverte entre de bons films, mais aucun grand chef d'œuvre.

Les lauréats seront révélés le 22 février.

Meilleur film
La douleur
En liberté
Les frères Sisters
Le grand bain
Guy
Jusqu'à la garde
Pupille

Meilleur réalisateur
Emmanuel Finkiel, La douleur
Pierre Salvadori, En liberté
Jacques Audiard, Les frères Sisters
Gilles Lellouche, Le grand bain
Alex Lutz, Guy
Xavier Legrand, Jusqu'à la garde
Jeanne Herry, Pupille

Meilleur acteur
Edouard Baer (Mademoiselle de Joncquières)
Romain Duris (Nos batailles)
Vincent Lacoste (Amanda)
Gilles Lellouche (Pupille)
Alex Lutz (Guy)
Pio Marmaï (En liberté)
Denis Ménochet (Jusqu'à la garde)

Meilleure actrice
Elodie Bouchez (Pupille)
Cécile de France (Mademoiselle de Joncquières)
Léa Drucker (Jusqu'à la garde)
Virginie Efira (Un amour impossible)
Adèle Haenel (En liberté)
Sandrine Kiberlain (Pupille)
Mélanie Thierry (La douleur)

Meilleur acteur dans un second rôle
Jean-Hugues Anglade (Le grand bain)
Damien Bonnard (En liberté)
Clovis Cornillac (Les chatouilles)
Philippe Katerine (Le grand bain)
Denis Podalydès (Plaire, aimer et courir vite)

Meilleure actrice dans un second rôle
Isabelle Adjani (Le monde est à toi)
Leila Bekhti (Le grand bain)
Virginie Efira (Le grand bain)
Audrey Tautou (En liberté)
Karine Viard (Les chatouilles)

Meilleur espoir masculin
Anthony Bajon (La prière)
Thomas Giora (Jusqu'à la garde)
William Lebghil (Première année)
Karim Leklou (Le monde est à toi)
Dylan Robrt (Shéhérazade)

Meilleur espoir féminin
Ophélie Bau (Mektoub, my love : Canto Uno)
Galatéa Bellugi (L'apparition)
Jehnny Beth (Un amour impossible)
Lily-Rose Depp (L'homme fidèle)
Kenza Fortas (Shéhérazade)

Meilleur scénario original
En liberté ; Le grand bain ; Guy ; Jusqu'à la garde ; Pupille

Meilleure adaptation
Les chatouilles ; La douleur ; Les frères Sisters ; Le grand bain ; Jusqu'à la garde

Meilleurs décors
La douleur ; L'empereur de Paris ; Les frères Sisters ; Mademoiselle de Joncquières ; Un peuple et son roi

Meilleurs costumes
La douleur ; L'empereur de Paris ; Les frères Sisters ; Mademoiselle de Joncquières ; Un peuple et son roi

Meilleure photographie
La douleur ; Les frères Sisters ; Mademoiselle de Joncquières ; Le grand bain ; Jusqu'à la garde

Meilleur montage
Les chatouilles ; En liberté ; Les frères Sisters ; Le grand bain ; Jusqu'à la garde

Meilleur son
La douleur ; Les frères Sisters ; Le grand bain ; Guy ; Jusqu'à la garde

Meilleure musique originale
Amanda ; En liberté ; Les frères Sisters ; Guy ; Pupille ; Un amour impossible

Meilleur premier film
L'amour flou
Les chatouilles
Jusqu'à la garde
Sauvage
Shéhérazade

Meilleur film d'animation
Astérix - Le secret de la potion magique
Dilili à Paris
Pachamama

Meilleur court métrage d'animation
Au coeur des ombres
La mort, père et fils
L'évasion verticale
Vilaine fille

Meilleur film documentaire
America de Claus Drexel
De chaque instant de Nicolas Philibert
Le grand bal de Laetitia Carton
Ni juge ni soumise de Jean Libon et Yves Hinan
Le procès contre Mandela et les autres de Nicolas Champeaux, Gilles Porte

Meilleur film étranger
3 billboards, les panneaux de la vengeance de Martin McDonagh
Capharnaum de Nadine Labaki
Cold war de Pawel Pawlikowski
Hannah de Andrea Pallaoro
Nos batailles de Guillaume Senez
Une affaire de famille de Hirokazu Kore-Eda

Meilleur court métrage
Braguino
Les âmes galantes
Kapitalistis
Laissez-moi danser
Les petites mains

Le Prix Claude Chabrol 2019 pour « Jusqu’à la garde »

Posté par vincy, le 22 janvier 2019

Le Prix Claude Chabrol, qui "récompense chaque année un film français sorti dans l’année écoulée dont les qualités cinématographiques font honneur au genre policier" distingue cette année l'excellent Jusqu'à la garde, premier long métrage de Xavier Legrand.
Il succède à Hubert Charuel (Petit paysan), lauréat en 2018, et Arthur Harari (Diamant noir), récompensé en 2017. Le prix sera remis durant le Festival de Beaune du film policier (3-7 avril).

Un beau parcours

Ce "thriller familial haletant", indique le communiqué, sorti il y a un an, est passé par les festivals de Venise, Toronto et San Sebastian. Il a reçu le prix du public aux Festivals de San Sebastien et de Glasgow, le prix de la mise en scène à Macao, le prix du scénario à Miami,  le prix nouveau talent à Palm Springs, le prix de la critique à Sao Paulo. A Venise, il a décroché le prix Luigi de Laurentiis, récompensant un premier film, et le prix de la mise en scène en compétition.

Jusqu'à la garde est quatre fois nommé aux prix Lumières (premier film, réalisateur, acteur, actrice), et a été distingué parmi les 10 films étrangers de l'année du National Board of Review. Il a aussi reçu le Prix Louis-Delluc du meilleur premier film. En France il a attiré 380000 spectateurs et dans le monde, il a ajouté plus de 230000 entrées payantes.

Jusqu'à la garde raconte le divorce du couple Besson. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive entre ces deux adultes qui perdent la raison. Il est l'un des favoris pour les prochains César.

Le Prix Alice Guy pour récompenser une réalisatrice

Posté par vincy, le 9 janvier 2019

touche me not

Il vous reste moins d'une semaine pour voter et choisir les finalistes dy 2e Prix Alice Guy, initiative de la journaliste Véronique Le Bris. Le vote se termine le 15 janvier.

"Au terme du processus de vote public, les cinq films les plus souvent cités seront soumis à un jury paritaire et professionnel qui se réunira le 21 février 2019" indique le site. Le lauréat succèdera à Paris la blanche de Lidia Terki, Prix Alice Guy 2018.

"Le film gagnant et sa réalisatrice seront célébrés lors d’une soirée évènement qui aura lieu courant mars à Paris puis dans plusieurs villes de France dont La Rochelle".

Le Prix Alice Guy consacre la meilleure re?alisatrice de l’anne?e dans le but de valoriser le talent de ces femmes cine?astes. Alice Guy, morte il y a 51 ans, a été la première réalisatrice de l'histoire du cinéma avec un premier film signé en 1896.

La liste comprend des films aussi différents que Pupille de Jeanne Henry, Cassandro the Exotico! de Marie Losier, Les chatouilles d'Andréa Bescond (et Eric Metayer), Un amour impossible de Catherine Corsini, High Life de Claire Denis, 8 avenue Lénine de Valérie Mitteaux et Anna Pitoun, Touch me not d'Adina Pintilie, Paul Sanchez est revenu de Patricia Mazuy, 3 jours à Quiberon d'Emily Atef, Place publique d'Agnès Jaoui, Kings de Deniz Gamze Ergüven, Revenge de Coralie Forgeat, Gueule d'ange de Vanessa Filho ou La fête est finie de Marie Garel-Weiss.

2018 dans le rétro: un bilan mitigé pour le cinéma français

Posté par vincy, le 29 décembre 2018

L'année 2018 finit plutôt bien pour le cinéma français, avec une part de marché cumulée de 35%. Plus d'un ticket sur trois achetés a été dédié à un film français. Cocorico? Presque. Car tout n'est pas au beau fixe.

Mais ne soyons pas aigris. Commençons par les bonnes nouvelles de l'année. Quatre gros hits, onze millionnaires: les films nationaux continuent de plaire. La comédie et le film familial restent les genres les plus attractif. Le César du film le plus populaire sera décerné cette année aux troisième opus des Tuche. A 50000 entrées près, Dany Boon remontait sur a scène des César pour la deuxième année consécutive. Avec La Ch'tite famille, lui aussi a passé le cap des 5,6 millions d'entrées. La famille Tuche et la famille Ch'ti, ce sont deux France "gilets jaunes" (comme le prouve la photo) qui finalement dictent leur loi au parisiannisme, en bon héros gaulois résistant à l'envahisseur Disney (Pixar, Marvel), à l'instar du nouvel Astérix animé, qui vise les 3 millions d'entrées avec son secret de la potion magique.

La surprise finalement est ailleurs: celle du déclin du mâle alpha qui séduit plus avec son slip de bain et son ventre un peu rondouillard que le sexy Gastambide dans Taxi 5, le populaire Dubosc dans Tout le monde debout ou l'ex star de la Génération Y, Kev Adams, dans Alad'2. Clairement Le Grand bain, avec 4,2 millions d'entrées est un carton pour un film moins formaté et moins farce que les deux champions. Si on ajoute les beaux scores, même s'ils sont parfois en dessous des attentes, de la suite de Neuilly sa mère, du Jeu, des Vieux fourneaux, de Larguées, de Ma reum, du Flic de Belleville ou d'En liberté, tous au-dessus des 600000 tickets, il reste peu de place pour des œuvres plus dramatiques (Belle et Sébastien 3, Sauver ou périr, Pupille...). On peut quand même être heureux de voir qu'un film animé d'Ocelot (Dilili) ou un mélo spirituel de Mouret (Mademoiselle de Joncquières) trouvent leur public.

Cette diversité se retrouve également dans les films qui ont séduit la critique, sans forcément avoir une force de frappe nécessaire pour attirer un large public. On appellera ça les cinéastes "hypes", ceux qui sont parfois hors des sentiers battus mais font le bonheur de festivals qui cherchent à montrer d'autres formes narratives ou visuelles que celles d'un film formaté pour la télévision ou alignant un casting de stars très pros pour les promos TV.Cet écart entre critique et public semble de plus en plus marqué. C'est un effet d'optique. Comment peut-on avoir un succès populaire si un film n'est pas projeté dans plus de 50 cinémas? Il faudra s'interroger, mais pas trop tard car les plateformes de streaming sont prêtes à faire une OPA sur les cinéastes en vogue, sur la manière dont on défend réellement l'exception culturelle quand on ne donne pas sa chance à des films d'auteurs qui ont pourtant un bon potentiel. A une autre époque, un film comme Nos batailles aurait doublé son box office et dans un pays comme les USA, un film de genre comme Ghostland aurait été un carton inespéré, un film comme L'homme fidèle aurait bien mieux dragué les cinéphiles urbains. Le box office ne reflète pas la variété et la qualité du cinéma hexagonale. On n'expliquera jamais l'insuccès de Mektoub my love d'Abdellatif Kechiche ou de En guerre de Stéphane Brizé.

De nouveaux cinéastes tentent des esthétiques et des récits qui se distinguent de la tradition de la nouvelle vague ou du film calibré pour le prime-time télévisuel. On y parle ou on montre du cul, de l'asociabilité, des vérités tabous, des visions pessimistes ou des danses en transes. A l'instar de Yann Gonzalez (Un couteau dans le cœur) et Bertrand Mandico (Les garçons sauvages), de Camille Vidal-Naquet (Sauvage) ou Franck Ribière (La femme la plus assassinée du monde), de Alexandre Espigares (Croc-Blanc) ou Claire Denis (High Life), de Gaspar Noé (Climax) ou Guillaume Brac (L'île au trésor), d'Antony Cordier (Gaspar va au mariage) ou Andréa Bescond et Eric Metayer (Les chatouilles) . Le cinéma français ose, que ce soit dans l'animation ou le genre, comme on l'a vu cette semaine, mais aussi en s'aventurant dans la SF ou en préférant des influences différentes, étrangères, moins classiques.

C'est ce qui ternit cette année. De très bons films, parfois sensationnels, parfois saisissants, souvent émouvant, toujours dramatiques quand même, ont été ignorés des palmarès. Il y a, heureusement, l'exception vénitienne. L'an dernier, Jusqu'à la garde triomphait, à juste titre au festival de Venise. Le film a su s'imposer parmi les meilleurs de l'année. Cette année, Venise et Les Arcs ont récompensé C'est ça l'amour de Claire Burger, qui sera, sans aucun doute dans notre bilan de l'année prochaine. Mais sinon, hormis Plaire, aimer et courir vite, qui sauve son honneur avec un Louis-Delluc inattendu, et En guerre, dont on parlait plus haut, ou Amanda primé à Tokyo, La prière, récompensé à Berlin, quatre films qui parlent de l'époque (sexualité, social, terrorisme et foi à travers un prisme de lutte de classes ou du détachement du monde), le cinéma français n'a pas brillé dans les palmarès internationaux. Au point qu'aucun film français n'est reparti avec un prix cannois de la sélection officielle. Au point que le sublime film de Finkiel, La douleur, n'a pas atteint la demi-finale des Oscars. Tout un symbole qu'on nous recale Duras.

En fait, cette année, on a aimé le cinéma français, mais les films que nous avons aimés - on peut le regretter - n'ont pas profité de l'enthousiasme que nous espérions. Pourtant indéniablement, le cinéma français continue d'avoir la frite... Prenons un peu de sérotonine et voyons les choses du bon côté.

Les Arcs 2018: Claire Burger au sommet du palmarès

Posté par vincy, le 21 décembre 2018

La 10e édition des Arcs Film Festival s'achève avec succès - plus de 1500 personnes accréditées, près de 80 longs métrages et 40 courts métrages projetés, plus de 20 000 entrées.

Le palmarès décerné ce soir sacre C'est ça l'amour de Claire Burger. Le film obtient la Flèche de Cristal, le prix le plus important du Festival du cinéma européen, le Prix d’Interprétation Masculine pour Bouli Lanners et le Prix du jury presse.

Mars films le sortira le 27 mars. Dans cette histoire, Mario tient la maison et élève seul ses deux filles. Frida, 14 ans, lui reproche le départ de sa mère. Niki, 17 ans, rêve d'indépendance. Mario, lui, attend toujours le retour de sa femme.

Quatre ans après Party Girl, Claire Burger confirme son statut de cinéaste à suivre. Avec C'est ça l'amour, elle avaitdéjà  reçu le principal prix de la sélection Venice Days à la Mostra de Venise en septembre.

Le Grand Prix du Jury a récompensé Joy de Sudabeh Mortezai. Le film a déjà été sacré à Chicago, Londres, Vienne, après deux prix à Venise. Le public a préféré Smuggling Hendrix de Marios Piperides, qui avait triomphé à Tribeca en avril.

Deux autres films ont été particulièrement distingués. Aniara de Pella Kagerman et Hugo Lilja a été distingué par le Prix d'Interprétation Féminine pour Emelie Jonsson, une mention spéciale du jury presse et une mention spéciale du jury jeune ainsi que le Prix Cineuropa. In Fabric de Peter Stickland a reçu de son côté le Prix 20 Minutes d’Audace et le Prix de la Meilleure Photographie pur Ari Wegner.

Les autres récompenses sont le Prix de la Meilleure Musique Originale a été remis à Bernhard Fleischmann pour L’Animale (de Katharina Mückstein), le Prix du Meilleur Court Métrage est allé à The girl with two heads de Betzabé Garcia (avec une mention spéciale pour Bonobo de Zoel Aeschbacher) et le Prix du jury jeune a été décerné à Mug de Malgorzata Szumowska.

Quatre comédies françaises parmi les 100 meilleures audiences de l’année

Posté par vincy, le 20 décembre 2018

qqu'est-ce qu'on a fait au bon dieu?2018 aura été avant tout sportive pour les téléspectateurs. Le football a squatté l'essentiel des audiences les plus importantes sur le petit écran : le Mondial a ainsi réalisé un quart des plus grosses audiences de l'année, dont les 9 plus importantes. Et TF1 s'avère la grande gagnante avec 91 des 100 meilleures audiences de l'année.

Le cinéma apparaît comme l grand perdant avec seulement 4 films parmi les 100 meilleures audiences de l'année, contre 8 l'an dernier. Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? (8,5 M - 34,6% Part d'audience, 9 décembre), dont la suite est attendue en janvier, devance Les Tuche (7,7 M - 28,8% PDA, 4 février),  diffusé au moment de la sortie des Tuche 3 au cinéma, et Rien à déclarer (7,1 M - 28,8% PDA, 11 mars), diffusé quand le nouveau Dany Boon, La Ch'tite famille, sortait en salles.

Finalement le seul film inédit sur une chaîne nationale non payante à avoir cartonné est Retour chez ma mère, qui en 2016 avait séduit 2,2 millions de spectateurs dans les salles, et qui a réunit le 7 octobre 6,8 millions de téléspectateurs (soit 27,3% PDA).

Les quatre films, quatre comédies françaises, ont été programmés sur TF1.

A côté les séries cartonnent avec 25 fictions françaises et 18 fictions étrangères (Good Doctor étant largement dominante). Et c'est souvent un bon pari pour les comédiens parfois oubliés par le 7e art comme Muriel Robin a attiré 8,3M de téléspectateurs avec Jacqueline Sauvage, c’était lui ou moi, ou Tomer Sisley a cartonné avec Balthazar (6M de téléspectateurs en moyenne, 7,3M au plus haut). La vérité sur l’affaire Harry Quebert permet au cinéaste Jean-Jacques Annaud de retrouver le succès, après quelques échecs au cinéma.

Lumières 2019: Les Frères Sisters, Mademoiselle de Joncquières, Jusqu’à la garde et Pupille en tête des nominations

Posté par vincy, le 17 décembre 2018

Un total de 37 films, et pas vraiment de favoris, sont en course pour l'un des Prix lumières, dont la 24e cérémonie ura lieu le lundi 4 février 2019 à l’Institut du monde arabe. La presse internationale devra départager des films très différentes, certains primés dans des grands festivals, d'autres ayant connu un joli succès populaire. Là encore, on remarque la domination des sélections cannoises sur l'ensemble des nominations, même si pour la catégorie meilleur film, seul Guy est passé par la Croisette.

On notera surtout qu'aucun film hormis Pupille n'est présent dans les quatre catégories principales - film, réalisation, acteur ou/et actrice, scénario. Mais ce qui fait le plus plaisir sans doute c'est l'ouverture à des films audacieux comme Les garçons sauvages, Cassandro the Exotico, Chris the Swiss, Sauvage, tout comme on soulignera quelques grands manques (En liberté! en meilleur film, Mektoub my love une seule fois nommé...) et des sacrés absents comme Le grand bain et Plaire, aimer et courir vite, pourtant Prix Louis-Delluc.

Film
Amanda, de Mikhaël Hers
Les Frères Sisters, de Jacques Audiard
Guy, de Alex Lutz
Mademoiselle de Joncquières, de Emmanuel Mouret
Pupille, de Jeanne Herry

Réalisateur
Jacques Audiard - Les Frères Sisters
Jeanne Herry – Pupille
Xavier Legrand – Jusqu’à la garde
Gaspar Noé – Climax
Pierre Salvadori – En Liberté !

Actrice
Elodie Bouchez – Pupille
Cécile de France – Mademoiselle de Joncquières
Léa Drucker – Jusqu’à la garde
Virginie Efira – Un amour impossible
Mélanie Thierry – La Douleur

Acteur
Romain Duris – Nos batailles
Vincent Lacoste – Amanda
Vincent Lindon – En guerre
Alex Lutz – Guy
Denis Ménochet – Jusqu’à la garde

Scénario
Andréa Bescond et Eric Métayer – Les Chatouilles
Jeanne Herry – Pupille
Thomas Lilti – Première année
Emmanuel Mouret – Mademoiselle de Joncquières
Pierre Salvadori, Benoît Graffin et Benjamin Charbit – En liberté !

Image
Benoît Debie – Climax
Benoît Debie – Les Frères Sisters
Laurent Desmet – Mademoiselle de Joncquières
Julien Hirsch – Un peuple et son roi
David Ungaro – Les Confins du monde

Révélation masculine
Anthony Bajon – La Prière
William Lebghil – Première année
Andranic Manet – Mes provinciales
Félix Maritaud – Sauvage
Dylan Robert – Shéhérazade

Révélation féminine
Ophélie Bau – Mektoub My Love
Galatéa Bellugi – L’Apparition
Andréa Bescond – Les Chatouilles
Jeanne Cohendy – Marche ou crève
Kenza Fortas – Shéhérazade

Premier film
Les Chatouilles, de Andréa Bescond et Eric Métayer
Les Garçons sauvages, de Bertrand Mandico
Jusqu’à la garde, de Xavier Legrand
Sauvage, de Camille Vidal-Naquet
Shéhérazade, de Jean-Bernard Marlin

Pays francophones
Capharnaum, de Nadine Labaki
Chris the Swiss, de Anja Kofmel
Girl, de Lukas Dhont
L’Insulte, de Ziad Doueiri
Nos batailles, de Guillaume Senez

Film d'animation
Astérix - Le Secret de la potion magique, de Louis Clichy et Alexandre Astier
Dilili à Paris, de Michel Ocelot
Mutafukaz, de Shojiro Nishimi et Run
Pachamama, de Juan Antín

Documentaire
Cassandro, the Exotico !, de Marie Losier
De chaque instant, de Nicolas Philibert
Nul homme n’est une île, de Dominique Marchais
Premières solitudes, de Claire Simon
Samouni Road, de Stefano Savona

Musique
Camille Bazbaz – En liberté !
Vincent Blanchard et Romain Greffe – Guy
Alexandre Desplat – Les Frères Sisters
Pierre Desprats – Les Garçons sauvages
Grégoire Hetzel – Un amour impossible

4 films en plus pour les sélections du Prix Louis-Delluc

Posté par vincy, le 4 décembre 2018

9 films et 5 premiers films avaient été sélectionnés le 25 octobre dernier pour les Prix Louis-Delluc qui doivent être révélés le 12 décembre.

Finalement trois titres s'ajoutent à la pré-sélection du Delluc : Amanda de Mikhaël Hers, Pupille de Jeanne Herry et L’homme fidèle de Louis Garrel.

Pour le Delluc du premier film, L’amour flou de Romane Bohringer et Philippe Rebbot s'invite dans la course.

Ce qui donne finalement:

Prix Louis-Delluc
- Amanda, Grand prix du festival de Tokyo
- La douleur, film français sélectionné pour les Oscars
- En liberté, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs
- Les frères Sisters, Prix de la mise en scène à Venise
- Le grand bain, hors-compétition à Cannes
- High Life
- L’homme fidèle, Prix du scénario à San Sebastian
- Mademoiselle de Joncquières
- Mes provinciales
- Plaire, aimer et courir vite, en compétition à Cannes
- La prière, prix d'interprétation masculine à Berlin
- Pupille

Prix Louis-Delluc du premier film
- Jusqu'à la garde, plusieurs fois primé à Venise
- Les garçons sauvages, récompensé à Venise J
- Shéhérazade, primé à la Semaine de la Critique à Cannes
- Sauvage, primé à la Semaine de la Critique à Cannes
- Retour à Bollène
- L'amour flou