Dimanche 22 avril, 10 candidats s'affrontent au premier tour de l'élection présidentielle. Hormis une poignée d'entre eux a évoqué la CULTURE. François Bayrou veut insérer l’enseignement artistique dans les programmes scolaires ; Jacques Cheminade souhaite interdire les jeux vidéo violents et surtaxer tous ceux étant dépourvus de contenu pédagogique ; François Hollande parle lui aussi d'un Plan national d'éducation artistique et propose une décentralisation des aides publiques ; Eva Joly aimerait organiser des états généraux des droits culturels par région ; Marine Le Pen s'inspire du modèle anglais en voulant lier les subventions aux recettes ; Philippe Poutou veut développer un service public de la culture, développer et soutenir les réseaux alternatifs de diffusion ; préférant continuer son action actuelle, Nicolas Sarkozy ne propose que la création d'une Agence culture France.
Hormis l'actuel Président de la république, tous veulent abroger HADOPI. Voilà au moins un point commun. Après ils diffèrent : accès libre pour Nathalie Arthaud ; développement d'une offre de téléchargement légal pour François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon ; taxe de deux euros par mois et par abonnement sur les FAI pour Jacques Cheminade ; licence globale pour Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen ; développement de l'offre légale, lutte contre la contrefaçon commerciale et contribution des plateformes comme Google et Amazon pour François Hollande ; instauration d'une contribution d'un milliard d'euros pour soutenir la création pour Eva Joly ; taxe sur le chiffre d'affaire des majors, des opérateurs de télécoms, des fabricants de matériel informatique pour Philippe Poutou.
Il y a un autre moyen de les départager : en fonction de leurs goûts. Allociné a demandé aux dix candidats quels étaient leurs films préférés (voir les films par candidats). Et là, Ecran Noir se dit qu'il y connait un peu quelque chose. Palme d'or donc à Eva Joly qui obtient la meilleure moyenne avec sa liste de chefs d'oeuvre. Mais on ne peut être que déçu de l'ensemble : quasiment aucun film datant de ses dix dernières années ; hormis les cinémas américain, français, britannique et italien, le reste du monde du 7e art ne semble pas les intéresser ; on peut en conclure que ce sont les films de leur jeunesse qui les ont marqués, mais cela dénote une certaine inadéquation avec la jeunesse actuelle ; cependant, ne nous plaignons pas : la moyenne de chaque candidat est plutôt haute et l'ensemble de leurs films a de la tenue.
Nathalie Arthaud : 3,6/5. Des films cultes plus que des grands films mais au moins des films contemporains (et fortement féministes). Mention spéciale pour avoir choisi Chicken Run, film d'animation.
François Bayrou : 4/5. Des films cultes ET grand public. Et surtout des comédies. Choix insolites d'un cinéma traditionnel et atemporel où son amour pour Julia Roberts côtoie l'humour de Lubitsch.
Jacques Cheminade : 4/5. Iconoclaste : un film d'horreur et un documentaire aux côtés de trois grands films dans leur genre. Et finalement cinq films sur des "civilisations disparues.
Nicolas Dupont-Aignan : 4/5. Tavernier, Fellini, Allen, les films préférés du candidat sont avant tout attachés à ses réalisateurs préférés. Un point commun : les passions humaines et leurs tourments.
François Hollande : 4/5. Péplum façon Kubrick et Western de John Ford cohabitent avec Rohmer, Ozon et Truffaut. Un certain classicisme se dégage de ces choix romanesques.
Eva Joly : 4,6/5. La grande classe avec une série de chefs d'oeuvre (pré-années 2000). Des fresques signées par de grands auteurs mais on peut regretter qu'il n'y ait qu'un seul film français.
Marine Le Pen : 3,6/5. Des choix peu audacieux avec cinq films très populaires (dont trois américains) et tous sortis dans les années 80/90 et multi-diffusés à la TV.
Jean-Luc Mélenchon : 4,2/5. Une liste très variée, allant de l'épique à la science-fiction, de Coppola à Fellini. Là encore des films sortis entre les années 70 et 90.
Philippe Poutou : 3,4/5. De Loach à Chaplin, avec une très forte connotation sociale, les films du candidat du NPA ne sont pas surprenant mais, au moins, ils sont singuliers.
Nicolas Sarkozy : 4,2/5. Le patrimoine comme seule valeur étalon avec des films antérieurs aux années 70. Mais un véritable choix de film d'auteurs, tous genres confondus.