Et si on binge-watchait… Mrs. America sur Canal +

Posté par vincy, le 21 avril 2020

Pendant le confinement, Ecran Noir s’occupe de votre listes de séries à découvrir ou rattraper. Aujourd’hui, une série qui vient de débuter, le 15 avril, sur Hulu aux Etats-Unis, sur Canal + en France: Mrs. America.

Trois épisodes, c'est court. Six autres sont attendus, comme des micro-saisons. Mais trois épisodes avec Cate Blanchett, c'est évidemment inoubliable tant elle est formidable. Eblouissante même. En incarnant l'ultra-conservatrice Phyllis Stewart Schlafly, activiste, écrivaine très vendue, opposée à l'avortement et à l'égalité des sexes, obsédée par la menace nucléaire soviétique et contre tout traité de désarmement, elle brille à chaque plan. Qu'elle encaisse une humiliation masculine ou qu'elle manipule les mères de famille pour sa propre gloire, qu'elle force son sourire face caméra, capable d'assumer des fausses-vérités pour avoir raison, ou qu'elle s'allonge en étoile de mer pour assurer le devoir conjugal, Cate Blanchett, avec son élégance naturelle, ses nuances infimes qui trahissent sa pensée, et sa maîtrise parfaite du rôle, épate.

Mais elle n'est pas seule. Car, Mrs. America est une fresque historique qui s'amorce au début des années 1970 pour s'achever sous l'ère Reagan. Au troisième épisode, Nixon n'est pas encore réélu. Réalisée par Anna Boden & Ryan Fleck, Amma Asante, Laure de Clermont-Tonnerre et Janicza Bravo, la série est le récit du grand combat féministe, du vote incertain de l'Equal Rights Amendment à la première candidature d'une femme noire pour l'élection présidentielle, du droit des femmes à avorter comme du choix des épouses à rester au foyer.

Selon ses opinions, on sera plutôt d'un côté que de l'autre, même si le scénario évite tout manichéisme (Phyllis, après tout, est une femme puissante, pas une épouse soumise). Car, Mrs America se découpe par personnages. Si Phyllis Schlafly est au centre de l'intrigue (Blanchett est productrice tout de même), on découvre les différents visages du mouvement féministe de l'époque: Gloria Steinem (Rose Byrne), en attendant les biopics prévus sur elle, Shirley Chisholm (Uzo Aduba), Bella Abzug (Margo Martindale), Betty Friedan (Tracey Ullman)... Autant d'égos et de batailles persos qui dramatisent les enjeux tout en amenant les fondations aux débats. L'impuissance du politique et l'immobilisme idéologique se fracassent dans un chaos où chacun a ses arguments.

Côté casting, mentionnons aussi Elizabeth Banks, Ary Graynor, Jeanne Tripplehorn, Sarah Paulson, John Slattery, ou encore James Marsden. C'est de la haute société hollywoodienne.

Pas si loin de nous

Derrière cette série d'époque, on saisit aussi comment les conservateurs vont l'emporter sur les libéraux. Si le combat de l'égalité semble juste, c'est bien l'Amérique morale, religieuse, traditionnelle, qui va insidieusement placer ses pions pour balayer "les hippies, les gauchistes et les lesbiennes" avec l'arrivée de Reagan en 1980, rendant l'Amérique plus puritaine et communautariste que jamais. Mrs. America c'est d'ailleurs une saga sur les droits des femmes, mais aussi des noir(e)s et des LGBT. Si des conquêtes ont réussi au fil des décennies, on verra que rien n'est acquis et qu'il faut se battre parfois, convaincre souvent, jusqu'à la parfaite cuisinière de gâteau à la banane.

L'histoire non binaire est à savourer délicieusement. La réalisation pop, que Todd Haynes n'aurait pas reniée, les personnages à fort caractère et les dialogues piquants enrichissent le conflit d'idées dans une sorte de mix entre Desperate Housewives et House of Cards. La série est à l'image de ce générique fabuleux, sur l'air de "A Fifth of Beethoven" de Walter Murphy, remix disco de la mythique partition classique, aussi enjouée que rythmée.

Bref, on a hâte de voir la suite...

Et si on binge-watchait… Homecoming sur Amazon

Posté par kristofy, le 19 avril 2020

En attendant la fin du confinement, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées mais encore sur vos écrans. Et parce que cette période de confinement dont la durée s'allonge (et qui pour beaucoup continuera justement encore après le 11 mai...) est propice à diverses théories de complots (l'animal en Chine ayant transmis le virus à l'homme est-il passé par le laboratoire de recherche de Wuhan ? les membres du conseil scientifique qui entoure le président payés par des laboratoires pharmaceutiques retardent-ils l'accès à la chloroquine pour se soigner dès les premiers symptômes ?) et de révélations embarrassantes sur le retard par le gouvernement de certaines mesures de protection (pas de stock de masques pour la population, pas assez de tests...), alors on vous recommande mini-série (10 épisodes de 30 minutes), Homecoming.

Julia Roberts + Sam Esnail = une équation parfaite
Julia Roberts n'est pas que la méga-star des comédies romantiques (Pretty Woman et Coup de foudre à Notting Hill), oscarisée pour Erin Brockovich, seule contre tous, ou s'amusant en bande dans Ocean's 11 et sa suite. Elle a souvent joué dans des thrillers "où la vérité est ailleurs" comme L’Affaire Pélican de Alan J. Pakula impliquant le FBI et Complots de Richard Donner dénonçant la CIA. Elle devient rare au cinéma et elle est encore plus rare à la télévision, alors que Julia Roberts soit l'héroïne de Homecoming est déjà un évènement. Il s'agit de la nouvelle série de Sam Esnail le créateur de la série à succès Mr Robot avec déjà une multitude de complots impliquant une entreprise E.Corp et un groupe Dark Army qui entoure le héros Rami Maleck à la santé mentale défaillante... Si Mr Robot vous manque, bienvenue dans Homecoming, lancée l'automne dernier, qui en reprend certains éléments de paranoïa dont une entreprise aux diverses ramifications. Cette fois, on y parle d'un centre qui accueille des soldats revenus de guerre au Moyen-Orient pour les aider à vivre un transition vers l'existence civile, après leur mission militaire, il s'agit du programme Homecoming qui est développé avec des méthodes et des objectifs qu'il vous faudra découvrir. Après une plainte, un enquêteur vient trouver une femme (Julia Roberts) qui y avait travaillé, mais elle prétend ne pas se souvenir de tout... Cette série Homecoming a fait sensation, avec une nomination pour Julia Roberts pour un Golden Globe de la meilleure actrice.

C’est une série originale et intrigante
Contrairement à Mr Robot dont le public était plutôt une cible jeune et très connectée au numérique, Homecoming, avec Julia Roberts comme héroïne s'adresse à tout le monde (jeunes et moins jeunes, femmes et hommes, rebelles complotistes ou bigot religieux...). Aucune image avec du sang ou de la nudité ne fera polémique. L'ancrage de l'histoire est le développement d'une aide pour que des soldats ayant vécu des expériences traumatisantes en terrain de guerre puisse être re-intégrés au mieux comme citoyens, comme par exemple comment gérer un entretien d'embauche... Autour de Julia Roberts on y voit Bobby Cannavale, Stephan James, et Sissy Spacek.

Dès le premier épisode, on sait que quelque chose ne s'est pas passé comme prévu. On découvre que Heidi travaille désormais dans un restaurant au moment où un enquêteur du ministère de la Défense la trouve pour lui poser quelques questions. La narration alterne entre le passé et le présent (avec même une variation d'image au format rectangle/carré), et joue aussi avec le split-screen (l'écran se partage pour  une conversation au téléphone dans des lieux différents). Homecoming est en fait une double enquête : on découvre à la fois les secrets d'un programme particulier pour des soldats et aussi la quête de certains souvenirs oubliés qui font douter de son identité...

Homecoming c'est addictif avec des épisodes courts.
C'est le format idéal pour binge-watcher en toute sérénité. Il est d'ailleurs fortement recommandé de regarder tous les épisodes à la suite. Il faut donc prévoir 5 heures de visionnage sur 1 ou 2 jour/soir/nuit, c'est assez facile. Les apparences peuvent être trompeuses, et tel détail d'un épisode peut avoir une certaine importance dans un autre. Ces 10 épisodes de Homecoming forment un one-shot, soit une histoire complète avec à la fin une conclusion : les différentes questions soulevées au fur et à mesure trouvent bien des réponses au fil des épisodes. Au final le spectateur ne se retrouve pas frustré par l'attente d'une éventuelle saison 2 pour une complète résolution d'un mystère.

Cependant, comme il s'agit d'une série avec une identité visuelle particulière et forte, de par la mise en scène singulière de Sam Esnail, on voit, après le déroulement du générique de fin du dernier épisode, une courte scène supplémentaire qui laisse une porte ouverte à un éventuel développement. Evidement une série pilotée par Sam Esnail se devait de permettre d'envisager une suite... Bonne nouvelle, des nouveaux épisodes ont déjà été tournés avec certains personnages de la première saison, ces responsables de la manipulation qui nous ont tenu en haleine durant 10 épisodes.

Une saison 2 sera à découvrir à partir du 22 mai. Voici une autre raison de découvrir dès maintenant la série. Il n'y aura plus Julia Roberts puisque la nouvelle héroïne sera interprétée par Janelle Monáe.

Homecoming disponible sur Amazon Prime Video ici.

Et si on binge-watchait… Stranger Things sur Netflix

Posté par wyzman, le 18 avril 2020

Pendant le confinement, Ecran Noir s’occupe de votre listes de séries à rattraper. Aujourd’hui, coup de projecteur sur la série phénomène de Netflix, j’ai nommé Stranger Things.

C’est une série pour les nostalgiques — et tous les autres ! En novembre 1983, le jeune Will disparaît à Hawkins (Indiana) sans laisser de traces. Très vite, sa mère Joyce, sa bande d’amis et le chef de la police Jim Hopper partent à sa recherche. Leur rencontre avec Onze, une jeune fille dotée de facultés psychiques, va les mener jusqu’au Laboratoire national de Hawkins, contrôlé par le Département de l’Energie… Voilà pour le pitch !

Intrigue majeure de la première saison de la série, la disparition de Will est ici l’occasion pour les créateurs Matt et Ross Duffer de mettre en scène des personnages qui n’auraient eu de cesse de simplement se croiser sans cela. Désormais adulée par des millions d’internautes à travers le monde, Stranger Things est le résultat d’une recette sans faille. Lancez une intrigue digne d’un thriller, ajoutez-y une énorme dose de science-fiction, doublez celle d’humour habituelle, saupoudrez de grands moments de bravoure et laissez reposer le tout dans un univers 80s. Et le tour est joué ! Stranger Things se savoure comme un drame familial à la touche Spielberg et sans modération.

C’est de la comfort TV comme on l'aime. On le sait, de nombreux projets de Netflix sont le fruit de l’étude pointue d’algorithmes. Et pour le casting de Stranger Things, la production a eu la bonne idée de mêler jeunes inconnus (Millie Bobby Brown, Finn Wolfhard) et anciennes gloires sur le retour (Winona Ryder, David Harbour). Grâce à des dialogues parfaitement écrits, la complicité de tout ce beau monde devient rapidement crédible et ile ne faut généralement pas plus de trois épisodes pour devenir complètement accro aux préadolescents de Hawkins.

Avec leurs histoires d’amitié et d’amour naissant qui parlent à tous, la petite bande n’a pas tardé à devenir de véritables mascottes pour le géant du streaming. Et pour s’assurer que la série fasse du bruit dans la conversation numérique, Netflix met en ligne chaque nouvelle saison à des moments stratégiques de l’année (le lendemain de la fête nationale française, juste avant Halloween et le jour de la fête nationale américaine). De quoi nous laisser le temps de binge-watcher ce programme aussi passionnant qu’hilarant.

C’est le Game Of Thrones de Netflix que personne n’avait vu venir. En seulement trois saisons, Stranger Things est passée de série de niche dispo en streaming à phénomène planétaire. 64 millions de foyers devant la troisième saison le mois de sa sortie, près de 8 millions de fans sur Facebook, des dizaines de millions d’abonnés aux comptes Instagram des acteurs… Stranger Things est le meilleur filon de Netflix, la série incontournable de son calendrier et la plus appréciée par le public et la critique.

Emmy Awards, Golden Globes, Grammy Awards, Critics Choice, Saturn Awards, PGA Awards, SAG Awards… La série produite par Shawn Levy et Dan Cohen est de toutes les cérémonies qui comptent ! Il faut dire qu’avec ses effets spéciaux plus que réussis et sa bande originale d’époque (The Police, Duran, Duran, Joy Division, Bon Jovi, Peter Gabriel, The Who, Madonna, Wham!), ce programme a tout pour vous donner envie de voir la suite.

Stranger Things, l’intégrale disponible sur Netflix ici.

Et si on binge-watchait… Unorthodox sur Netflix

Posté par vincy, le 16 avril 2020

En attendant le 11 mai, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées ou encore sur vos écrans. Et parce que cette période de confinement, on a le sentiment d’être enfermés et la volonté de profiter de sa liberté, on vous recommande vivement la mini-série (4 épisodes et un making-of) Unorthodox.

Un portrait de femme passionnant et une actrice épatante. Adapté de l’autobiographie de Deborah Feldman, Unorthodox : The Scandalous Rejection of My Hasidic Roots, l’histoire prend quelques libertés avec la vie de cette jeune femme prisonnière de sa communauté à Williamsburg (Brooklyn, New York). Dans la réalité, Deborah enfreint les règles strictes des Juifs orthodoxes en fréquentant la bibliothèque et en étudiant la littérature, avec l’accord de son mari. Elle devient écrivain par la suite, à Berlin. Dans la fiction réalisée par l’actrice et cinéaste allemande Maria Schrader, Deborah devient Esther, surnommée Esty, et apprend clandestinement la musique. Elle s’enfuit aussi à Berlin et, par un concours de circonstance, va tenter un concours d’entrée dans une école prestigieuse de la capitale.

Entre son passé étouffant à New York et un présent rempli de découvertes à Berlin, on suit l’évolution de Esther, de son enfance à son émancipation, en passant par un mariage arrangé avec Yanky, sa relation fusionnelle avec sa grand-mère rescapée des camps, son apprentissage du corps et de la sexualité, son évasion clandestine, ses rencontres et la traque de son mari et d’un cousin.  L’actrice Shira Haas est en soi un motif incontournable pour voir cette série. La comédienne israélienne, âgée de 24 ans, est bouleversante, toujours juste, capable de basculer du yiddish à l’allemand et l’anglais, de chanter mezzo soprano ou de pleurer à chaudes larmes sur commande. Avec un personnage oscillant entre émotions intériorisées et frustrations douloureuses, désir de vivre librement et conscience de ses différences, à la fois fragile et déterminée, elle déploie soutes les palettes d’un jeu riche en variations en moins de 4 heures.

Révélée par la série israélienne Shtisel, on l’avait aperçue dans Foxtrot de Samuel Moaz, Grand prix du jury à Venise, La femme du gardien de Zoo de Niki Caro, Marie-Madeleine de Garth Davis. Elle a remporté un « Oscar » israélien pour son second-rôle dans Noble Savage de Marco Carmel. On pourra la voir dans Esau de Pavel Lounguine, avec Harvey Keitel, et Asia de de Ruthy Pribar, qui était prévu à Tribeca avant que le festival ne soit annulé.

Une série qui peut déranger au-delà de l’enjeu dramatique. Netflix continue sa globalisation : une série allemande, parlée la moitié du temps en yiddish (une première pour la plateforme). Outre la communauté hassidique, les personnages secondaires remplissent toutes les cases du cahier de charge de Netflix : une mère lesbienne, un couple mixte homosexuel, dont un réfugié, une amie yéménite, une israélienne athée…

Car l’histoire que raconte Unorthodox est bien celle d’une jeune femme pieuse qui se sent de moins en moins bien au sein de son cocon communautaire. La force de la série n’est pas seulement de nous montrer sa réaction au monde réel extérieur (persuadée que le jambon allait la rendre malade, elle se précipite pour aller vomir, en vain). Non, le récit est aussi un tableau ethnologique sur ce mouvement religieux extrême. Refusant de se mélanger au reste de la population, obéissant aveuglément au Tamuld, critiquant le sionisme, se complaisant dans la souffrance du peuple élu, distinguant les deux sexes, rejetant tout dévoiement au monde moderne, se méfiant des technologies comme des idéologies, on regarde, stupéfaits, certains rites d’un autre temps perdurer, des costumes aux cérémonies. Ainsi, on reste évidemment choquer de la manière dont les mariages s’arrangent, dont on prépare la mariée à vivre une vie sexuelle allongée sur le dos, habillée, sans aucun baiser ni caresse, dont on contraint les femmes à se soumettre à la loi des Hommes. Jusqu’à enlever leur enfant si elles quittent la communauté.

C’est psychologiquement fascinant et dramatiquement plus brutal que ça n’en a l’air. La place de la femme interroge (il faut voir Esty découvrir qu’elle a un vagin ou souffrir lors d’une pénétration), tout comme la manière dont elle est poursuivie sur ordre du rabbin new yorkais. L’absence d’amour, d’affection, la tyrannie des mensonges et des hypocrisies sont peu flatteuses pour cette communauté, qui, malgré tout aime célébrer, danser, être solidaire. On comprend l’aspiration d’Esther à fuir ce monde en cage où on  est jugé au nombre d’enfants procréés et où on tond les femmes dès le mariage pour leur enlever toute identité et toute force. Son exil et sa rupture sont alors aussi violents pour elle que compréhensibles pour nous.

Une construction qui passe de l'étonnement à l’émotion. Avec une parfaite maîtrise de l’espace et du temps, des flash-backs à différentes périodes et du présent en cours, le scénario nous happe rapidement dans cette histoire a priori banale. On a parlé de la saisissante interprétation de l’actrice principale, du sujet coup-de-poing, mais le grand mérite de cette courte série est d’avoir condenser en quelques heures l’histoire d’une vie. Bien sûr, la traque par le cousin et le mari offre un vecteur aventureux et incertain à ce drame.

Evidemment, quelques plans sur-signifient leur symbolique (le rouge à lèvre de marque Epiphany, la mort d’un personnage au moment de la renaissance d’un autre, le deuxième baptême dans un lac). Mais on est tout autant hypnotisés par la longue séquence du mariage, quasi documentaire et par ce dénouement presque irréaliste tout en chant, en bienveillance et en sourire. Car si Unorthodox est une histoire de divorce (avec le mari et avec la communauté), c’est finalement la réconciliation (avec la mère, avec la vie) et la force de la rencontre (les musiciens) qui prennent le dessus, rendant l’œuvre lumineuse et positive.

Tout est fait pour nous faire aimer Esther, mais aussi tous les autres : du sale cousin qui cherche une rédemption malgré ses addictions, à la tante qui essaie de sauver la destinée malheureuse de sa nièce, de la mère qui dévoile la cruelle vérité sur son abandon indigne dans le dernier épisode au jeune mari, qui fait tout pour retrouver sa femme, jusqu’à enfreindre quelques règles ancestrales, prêt à accepter la différence de son épouse. Cette séquence de séparation résume parfaitement l’intention du film : pas de dispute trop dramatique, juste un fossé entre deux mondes impossible à combler. Même avec leur premier baiser, après un an de mariage.

C’est là que tout nous emporte : dans cette voix venue du fin fond des âges qui se lamente du passé tragique de sa communauté et dans ce sourire esquissé qui embrasse un nouvel avenir plein de promesses. C’est l’histoire d’une esclave qui s’affranchit, se libère de ses chaînes et s’ouvre au monde tel qu’il est.

Unorthodox disponible sur Netflix ici.

Annecy 2020 se réinvente en ligne

Posté par redaction, le 16 avril 2020

Ca devait être l'année du soixantième anniversaire, une édition exceptionnelle avec l'animation africaine en invitée d'honneur, et tous les acteurs du secteur réunis pour réaffirmer l'importance de l'animation sous toutes ses formes à travers le monde. Hélas, comme tant d'autres, Annecy avait dû se résoudre à annuler son festival 2020 le 7 avril dernier, pour le remplacer par une version numérique.

Si ce grand rendez-vous annuel manquera à chacun, professionnels comme grand public, on ne peut que se réjouir de penser que le cinéma d'animation, ses acteurs et ses amateurs n'en feront pas les frais. Du 15 au 30 juin prochain (soit une durée doublée par rapport aux dates initiales), Annecy se réinventera donc en ligne, et proposera sur une plate-forme dédiée la majorité de sa sélection ainsi que des contenus exclusifs. Le 60e anniversaire et l'hommage à l’animation du continent africain seront en revanche reportés à 2021.

Si l'on attend de connaître les modalités et détails de ce festival 2020 dématérialisé, et notamment tout ce qui concerne le Marché, la sélection de courts métrages a elle d'ores et déjà été annoncée. Elle se compose donc de 37 films en compétition officielle, 12 en Off-Limits, 20 en Perspectives, 10 dans la section Jeune public, 44 dans la compétition films de fin d’études, 21 films de TV et 35 films de commande.

Une offre foisonnante, dans laquelle on peut trouver à la fois des films déjà acclamés, comme Physique de la tristesse de Theodore Ushev, Genius Loci d'Adrien Mérigeau, How to disappear de Robin Klengel, Leonhard Müllner, Michael Stumpf, Aletsch Negative de Laurence Bonvin et des oeuvres attendues telles que Homeless Home d'Alberto Vasquez, Kosmonaut de Kaspar Jancis et Altötting d'Andreas Hykade. A noter dans la compétition étudiante la présence du très singulier Ce n'était pas la bonne montagne, Mohammad de Mili Pecherer (réalisé au Fresnoy et passé par Berlin) ainsi que de 1000 rêves : Zenti l'invincible, le nouveau film de Jonathan Phanhsay-Chamson dont on avait vu en 2019 le très puissant Big Boy et l'année précédente le déjà très réussi Les enfants du béton.

La sélection longs métrages ainsi que les films en réalité virtuelle seront quant à eux annoncés mi-mai, ainsi que les autres contenus proposés par le Festival. Si l'on est à peu près sûr que les festivaliers numériques devront cette année se passer de fondue et autre croziflette, à moins de les préparer eux-mêmes, on espère en revanche que cette version dématérialisée d'Annecy offrira malgré tout un espace de rencontres, échanges et partages ouvert à tous, professionnels comme spectateurs.

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Pour en savoir plus sur la sélection officielle

Annulation de la Quinzaine des Réalisateurs, de la Semaine de la Critique et de l’ACID

Posté par vincy, le 15 avril 2020

"À la suite de l'annonce du Président de la République du lundi 13 avril 2020 interdisant tout festival jusqu'à mi-juillet, les sections parallèles du Festival de Cannes prennent acte que le report envisagé fin juin début juillet n’est plus possible. Par conséquent, la Quinzaine des Réalisateurs, la Semaine de la Critique et l'ACID ont le regret d’annoncer l’annulation de leurs éditions cannoises 2020" annoncent dans un communiqué commun les trois sélections parallèles du festival.

"La crise sanitaire à laquelle nous sommes confrontés ne nous permet pas de prévoir concrètement la suite des événements. Afin de soutenir l’ensemble du secteur cinématographique, très affecté par la situation présente, chaque section, en concertation avec le Festival de Cannes, étudie cependant la meilleure façon de continuer à accompagner les films soumis à leur édition 2020" ajoutent les trois organismes.

Pour le cinéma indépendant, cette annulation est un coup dur. Les producteurs devront attendre l'été et l'automne pour espérer se faire une place dans les festivals. A moins de garder le film au frais jusqu'à l'année prochaine...

« Le Festival de Cannes ne peut pas être organisé cette année sous sa forme initiale »

Posté par vincy, le 14 avril 2020

Le président de la République Emmanuel Macron l'a annoncé hier: les salles de cinémas resteront fermés au-delà du 11 mai et les festivals culturels (musique, théâtre, cinéma) ne pourront pas avoir lieu avant la mi-juillet: Avignon annulé, comme les Francopholies, le Champs-Elysées Film festival ou le festival de cinéma de La Rochelle. Le Festival de Cannes, qui avait opté pour un report entre le 23 juin et le 5 juillet, devait donc prendre acte de ce nouveau calendrier.

"Suite à la déclaration du Président de la République du lundi 13 avril, nous avons pris acte que le report envisagé à fin juin début juillet pour la 73e édition du Festival International du Film de Cannes n’est plus possible à cette date. Il apparaît désormais difficile de penser que le Festival de Cannes puisse être organisé cette année sous sa forme initiale" annonce le Festival dans un communiqué. Il ajoute: "Nous espérons être en mesure de communiquer rapidement sur les formes que pourrait prendre ce Cannes 2020."

Idéalement, si celui de Venise était décalé, Cannes pourrait reprendre sa place. Mais cela pourrait aussi prendre une toute autre forme à d'autres dates.

"Nous avons commencé hier soir de nombreuses consultations dans le milieu professionnel en France et à l’étranger. Elles s'accordent sur le fait que le Festival de Cannes, qui est un instrument essentiel de soutien à l’industrie cinématographique, doit continuer à étudier l’ensemble des éventualités permettant d’accompagner l’année cinéma en faisant exister les films de Cannes 2020 d’une manière ou d’une autre" précisent les organisateurs.

"Quand la crise sanitaire, dont la résolution reste la priorité de tous, sera passée, il faudra redire et démontrer l’importance et la place que le cinéma, ses œuvres, ses artistes, ses professionnels et ses salles et leurs publics occupent dans nos vies. C’est à cela que le Festival de Cannes, son Marché du film et les sections parallèles (Semaine de la Critique, Quinzaine des Réalisateurs, ACID) entendent contribuer. Nous nous y engageons et remercions tous ceux qui sont à nos côtés, les responsables publics (Mairie de Cannes, Ministère de la Culture, CNC), les professionnels ainsi que nos partenaires" affirme le Festival.

Et si on binge-watchait… Elite sur Netflix

Posté par wyzman, le 14 avril 2020

En attendant le 11 mai, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées ou encore sur vos écrans. Et parce que cette période de confinement s’accompagne pour beaucoup d’entre nous d’une hausse de la créativité au moment de faire des nudes, on ne peut que leur recommander de jeter un coup d’oeil à Elite.

C’est le mix réussi de Gossip Girl et How to Get Away with Murder. Avant même son lancement en octobre 2018, l’arrivée d’Elite sur le géant du streaming était accompagnée d’un léger parfum d’interdit. Créée par Dario Madrona et Carlos Montero, Elite met en scène la rentrée de trois étudiants de la classe populaire espagnols à Las Encinas, l’école la plus huppée du pays, après que leur lycée d'origine s’est effondré. S’ils tentent comme ils peuvent de s’intégrer, Samuel, Nadia et Christian ne cessent d’être méprisés par leurs camarades, tous issus de l’élite. Mais les choses deviennent passionnantes lorsque le corps de Marina, une élève de Las Encinas, est retrouvé sans vie. Cela ne vous rappelle rien ? Gossip Girl et How to Get Away with Murder bien sûr !

Elite emprunte à la première l’ensemble de ses codes esthétiques : l’uniforme des élèves, la mise en scène de cliques propres aux années lycée, l’utilisation d’espaces luxueux pour donner vie aux personnages et enfin une bande-son des plus contemporaines ! Aya Nakamura, MHD, Rosalia, AaRON, Swedish House Mafia, The Kills, CHVRCHES, Charli XCX et Asaf Avidan sont autant d'artistes présents dessus. Au niveau du scénario, les rôles d’outsiders occupés par Dan et Jenny Humphrey dans l’Upper East Side reviennent à par Samuel, Nadia et Christian. Quant à How to Get Away with Murder, il est évident qu’elle a donné beaucoup d’idées aux créateurs. De l’arme du crime de la saison 1 à la solidarité de la saison 3 en passant par les flash-backs à outrance de la saison 2, Elite a tout d’un HTGAWM pour adolescents hispaniques au premier abord.

C’est une série à ne pas mettre devant les yeux de tout le monde. Depuis les lancements de House Of Cards et Orange Is the New Black en 2013, nous le savons : Netflix tend à représenter le plus de personnes possibles dans ses productions originales. Et comme l’adolescence va de pair avec la quête d’identité — notamment sexuelle —, vous ne serez pas surpris de trouver dans Elite des personnages hétérosexuels, homosexuels et bisexuels. Il se murmure même que les saisons 4 et 5 (si celles-ci sont produites et mettent en scène un nouveau casting) devraient accueillir un personnage transgenre.

Les scènes de sexe et d’euphorie collective sont devenues la marque de fabrique de la série. Mais ce serait oublier son intrigue principale : la mort d’une lycéenne. Et en nous présentant les relations de ces futurs adultes sans prendre de gant, Elite en dit long sur les rapports qu’entretiennent les ados d’aujourd’hui. Peut-être même plus que n’importe quel teen soap avant lui. Les notions de bien et de mal, de moralité et de sacrifice ainsi que celles d’honneur et de culpabilité sont explorées avec une minutie toute particulière et parfois éreintante. Car il se passe dans Elite ce qu’il se passe souvent dans le monde réel : la culpabilité ronge mais ne s’accompagne pas nécessairement d’un soulagement pour les familles de victimes. Sous ses airs de série pour ados un peu trop vernie, Elite se révèle bien plus complexe et humaine.

C’est un programme qui a une fin. On le sait, de nombreuses séries sont annulées sans que les scénaristes aient eu le temps de rédiger une véritable conclusion. De Hannibal à Devious Maids en passant par The Family ou encore Kyle XY, les exemples sont nombreux. Mais avec Elite, les choses sont différentes. Si Gossip Girl et Veronica Mars se sont royalement vautrées au moment où leurs personnages sont entrés à l’université, Elite se concentre activement sur les dernières années de lycée d’étudiants particulièrement créatifs et malins. C’est parce que celle-ci dispose d’une fin des plus satisfaisantes (voir l’épilogue de la saison 3 en ligne depuis le 13 mars) que l’on ne peut que vous la présenter pour ce qu’elle est : un programme sexy et savoureux. Et si le casting venait à vous manquer, n’oubliez pas que tous les acteurs et actrices du programme sont sur Instagram — l’occasion de poursuivre l’exploration du corps de certain.e.s !

Elite, l’intégrale disponible sur Netflix ici.

Retrouvez James Gray, Agnès Varda ou encore Francis Ford Coppola dans le « Forum numérique » du Forum des images

Posté par MpM, le 9 avril 2020

C'est la version moderne de la caverne d'Ali Baba : le Forum des Images se transforme, le temps du confinement, en Forum numérique, proposant des centaines de contenus exclusifs disponibles en un clic. On vous laisse notamment explorer les rubriques "Master class" et "Rencontres" riches d'environ 280 entrées, parmi lesquelles des rencontres avec James GrayAgnès VardaPeter Lord, Isabelle Huppert, Francis Ford Coppola, Adèle Haenel...

On trouve aussi des tables rondes telles que Filmer l'époque : le mouvement des gilets jaunesJeu Vidéo et Cinéma : une histoire de contaminationsBrésil : le cinéma en danger ? et des conférences autour des "images du pouvoir", "l'écrivain superstar ?" ou encore "la révolution".

Pour ceux qui auraient envie de mettre à profit la période pour perfectionner leur cinéphilie, 300 cours de cinéma sont par ailleurs en ligne ! "Hong Sang-soo : l’égarement comme méthode" ; "It is happening again. La répétition selon Lynch" ; "Le noir, le blanc et le reste" ; "Un film sans fin" ; Sweet Aliens (nomades galactiques & migrants extraterrestres au cinéma)... rien que les intitulés donnent envie d'être étudiant à vie.

Enfin, il y a de quoi employer utilement quelques jours de confinement à défricher le web-magazine Un état du monde (en écho au Festival du même nom) ; le site événementiel du NewImages Festival, dédié à la création numérique et aux mondes virtuels ; et la collection de films à 360 degrés qui permettent de découvrir autrement les lieux les plus connus de la capitale.

Et si on regardait… le Festival national d’animation BIS

Posté par MpM, le 8 avril 2020

Alors que Festival d'Annecy, carrefour mondial du cinéma d'animation, vient d'officialiser l'annulation de son édition 2020, qui sera remplacée par une édition en ligne du 15 au 20 juin prochain, le cinéma d'animation n'a pas tout à fait dit son dernier mot. Le Festival national de Rennes, qui avait dû lui aussi renoncer à organiser sa 26e édition, propose en effet dès ce mercredi 8 avril à 10 h une version BIS entièrement dématérialisée !

Grâce au soutien de la plateforme de vidéo à la demande UniversCiné et du média breton de culture en ligne KuB, plusieurs programmes de la sélection officielle 2020, représentant environ 90 films, seront en effet disponibles en ligne jusqu'au 12 avril. Outre les sept programmes de courts métrages en compétition, les internautes pourront découvrir six longs métrages dont J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, La Fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti ou encore L'extraordinaire voyage de Marona d'Anca Damian et Sam-Sam de Tanguy de Kermel en exclusivité VOD.

Seront également accessibles gratuitement les clips - écrans rythmiques, les films bricolés et les films faits maison. Par ailleurs, des interviews exclusives de réalisateurs en compétition seront diffusées sur le site du Festival.

La grande fête annuelle de l'animation française aura ainsi bien lieu, en attendant celle de l'animation mondiale courant juin. L'occasion de vous recommander quelques courts métrages qui valent le déplacement (virtuel), tels que Ruunpe de Boris Labbé, Moutons, loup et tasse de thé de Marion Lacourt, Les songes de Lhomme de Florent Morin, L'heure de l'ours d'Agnès Patron, et des films étudiants, à l'image de L'échappée de Benoit Michelet, Le chant des poissons-anges de Louison Wary ou encore Chat de Rui Chang.

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Festival national d'animation de Rennes BIS
Du 8 au 12 avril
Plus d'informations sur le site de la manifestation