Et si on regardait… le Festival national d’animation BIS

Posté par MpM, le 8 avril 2020

Alors que Festival d'Annecy, carrefour mondial du cinéma d'animation, vient d'officialiser l'annulation de son édition 2020, qui sera remplacée par une édition en ligne du 15 au 20 juin prochain, le cinéma d'animation n'a pas tout à fait dit son dernier mot. Le Festival national de Rennes, qui avait dû lui aussi renoncer à organiser sa 26e édition, propose en effet dès ce mercredi 8 avril à 10 h une version BIS entièrement dématérialisée !

Grâce au soutien de la plateforme de vidéo à la demande UniversCiné et du média breton de culture en ligne KuB, plusieurs programmes de la sélection officielle 2020, représentant environ 90 films, seront en effet disponibles en ligne jusqu'au 12 avril. Outre les sept programmes de courts métrages en compétition, les internautes pourront découvrir six longs métrages dont J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, La Fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti ou encore L'extraordinaire voyage de Marona d'Anca Damian et Sam-Sam de Tanguy de Kermel en exclusivité VOD.

Seront également accessibles gratuitement les clips - écrans rythmiques, les films bricolés et les films faits maison. Par ailleurs, des interviews exclusives de réalisateurs en compétition seront diffusées sur le site du Festival.

La grande fête annuelle de l'animation française aura ainsi bien lieu, en attendant celle de l'animation mondiale courant juin. L'occasion de vous recommander quelques courts métrages qui valent le déplacement (virtuel), tels que Ruunpe de Boris Labbé, Moutons, loup et tasse de thé de Marion Lacourt, Les songes de Lhomme de Florent Morin, L'heure de l'ours d'Agnès Patron, et des films étudiants, à l'image de L'échappée de Benoit Michelet, Le chant des poissons-anges de Louison Wary ou encore Chat de Rui Chang.

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Festival national d'animation de Rennes BIS
Du 8 au 12 avril
Plus d'informations sur le site de la manifestation

Cartoon Movie récompense le studio Xilam et les réalisatrices des Hirondelles de Kaboul

Posté par redaction, le 5 mars 2020

les hirondelles de kaboulLes Cartoon Movie Tributes récompensent chaque année une personnalité ou une société "ayant eu une influence dynamique et positive sur l’industrie européenne du long métrage d’animation."

La 22e édition se déroule à Bordeaux jusqu'à ce soir.

Zabou Breitman & Éléa Gobbé-Mévellec, pour Les Hirondelles de Kaboul, ont reçu le prix du Réalisateur européen de l'année. Le film, qui avait fait son avant-première à Un certain regard à Cannes et qui était en lice pour le César du long métrage d'animation, avait déjà gagné le prix de la Fondation Gan pour la distribution à Annecy et le Valois de Diamant du Festival du film francophone d'Angoulême.

Marjane Satrapi, Peter Lord ou encore Claude Barras ont reçu ce prix les années précédentes.

Le prix du Producteur européen de l’année est également revenu à l'animation française en récompensant Xilam, distingué en 2019 à Cannes (Grand prix de la Semaine de la critique) et aux César (meilleur long métrage d'animation, en plus d'une nomination aux Oscars, grâce à J'ai perdu mon corps.

Le prix du Distributeur européen de l’année a été décerné à la société belge Lumière, qui d'ailleurs distribué en Belgique J'ai perdu mon corps, mais aussi Funan.

[2019 dans le rétro] Le triomphe ambivalent de l’animation adulte

Posté par MpM, le 10 janvier 2020

Un regard rapide sur l'année écoulée suffit pour se réjouir de la vitalité du cinéma d'animation en France. Avec 50 longs métrages et 20 programmes de courts, il représente en effet en moyenne plus d'une sortie par semaine, sans compter les ressorties, ce qui témoigne d'une offre riche et diversifiée.

L'animation française s'en sort bien, avec 9 longs métrages, contre 16 pour les Etats-Unis, et 8 pour le Japon. Côté box-office, cette année encore ce sont les blockbusters américains qui dominent : Le Roi lion est en tête avec 10 millions d'entrées, suivi de La Reine des neiges 2 et de Toy Story 4. Le premier film français est loin derrière avec 750 000 entrées (Minuscule 2), tandis que le premier film d'auteur et à destination d'un public adulte, Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, affiche 320 000 entrées. Evidemment, on préférerait que ce soit le contraire, et que l'animation exigeante (et de manière générale le cinéma d'auteur) triomphe dans les salles, au nez et à la barbe des blockbusters et autres sequels en série.

Pourtant, on peut aussi voir le verre à moitié plein et se dire que si l'adaptation du roman de Yasmina Khadra pouvait sans doute prétendre à mieux (n'est-ce pas toujours le cas ?), surtout avec Zabou Breitman, personnalité connue et appréciée du grand public à la co-réalisation, son résultat au-dessus des 300 000 entrées prouve malgré tout qu'il existe un public art et essai susceptible de se mobiliser pour aller voir un long métrage d'animation qui aborde un sujet complexe et difficile (en l'occurence, l'Afghanistan des Talibans). Ce qui signifie qu'un "transfert" de spectateurs amateurs d'art et essai est bel et bien possible entre prise de vue continue et animation.

La question est plutôt de savoir pourquoi le transfert marche dans certains cas, et pas dans d'autres. On pense notamment à Funan de Denis Do, premier long métrage sensible et bouleversant sur la période terrible de la dictature des khmers rouges au Cambodge. Inspiré de l'histoire vraie de la mère et du frère du réalisateur, le film nous plonge sans fard dans le quotidien des camps de travail khmers, et expose toute la complexité d'une situation dans laquelle chacun joue sa vie à chaque instant. Malgré sa force, malgré son sujet, malgré le Cristal du meilleur long métrage à Annecy en 2018, le film n'a pas trouvé son public. Hélas, il est loin d'être le seul.

Et s'il fallait une démonstration plus cruelle encore du fait que la qualité est parfois inversement proportionnelle au nombre d'entrées, il faudrait citer ce qui demeure comme l'un des plus beaux films (tout court) de l'année 2019, Ville neuve de Félix Dufour-Laperrière, malheureusement sorti sur très peu d'écrans, et donc vu par un nombre limité de spectateurs. Ville neuve démontre pourtant autre chose que les injustices grossières du box-office.

Il est l'exemple parfait de ce que les amateurs de cinéma d'animation attendaient depuis longtemps : un long métrage qui bouscule les habitudes, tente des choses d'ordinaire bannies en animation (un long plan fixe sur deux personnages à la fenêtre, des passages abstraits au milieu du récit, un plan-séquence virtuose sur deux personnages qui marchent dans la rue...) et affirme à chaque image que l'animation n'est pas du sous-cinéma. Son histoire de couple qui tente de renouer avec le passé nous touche autant que sa variante en prise de vue continue chez Christophe Honoré dans Chambre 212, l'autre grand film sur le couple de 2019. De la même manière, son aspiration à rapprocher les espaces du rêve, de l’imaginaire, du souvenir, de l’intime et du collectif, nous interpelle et nous interroge. Ville neuve est non seulement un film destiné à un public adulte, mais aussi un film doté d'une incontestable maturité formelle et narrative.

L'autre exemple criant en la matière est bien entendu J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, qui fait lui aussi la démonstration d'une maîtrise formelle peu fréquente. Attention, il ne s'agit pas ici de technique, mais bien de mise en scène, avec un sens du cadre et du point de vue qui dénotent une connaissance millimétrée du langage cinématographique. Une virtuosité qui ne doit pas faire oublier les autres qualités de ce premier long métrage singulier, à commencer par sa mélancolie douce-amère et son émotion sous-jacente. Là encore, Jérémy Clapin déjoue les attentes en proposant, entre deux scènes d'action qui flirtent avec le cinéma de genre, une longue séquence presque statique de dialogue entre les deux personnages principaux, par interphone interposé. Cerise sur le gâteau, même s'il n'a pas battu de record, J'ai perdu mon corps est loin d'avoir démérité au Box-Office, surtout en comparaison avec nos précédents exemples...

Il faut encore mentionner Bunuel après l'âge d'or de Salvador Simó et Another day of life de Raul de la Fuente et Damian Nenow qui, s'ils nous ont moins enthousiasmés, participent également à ce mouvement général de longs métrages d'animation résolument tournés vers un public plus adulte. De la même manière que le documentaire Zero impunity de Nicolas Blies, Stéphane Hueber-Blies et Denis Lambert (grand succès de festival encore inédit en salles), qui dénonce l'impunité des violences sexuelles dans les conflits armés actuels.

Quelques films, enfin, prennent le parti de s'adresser à un public certes familial, mais tout en offrant un niveau de lecture particulièrement développé aux spectateurs adultes. C'est le cas dans une moindre mesure de La Fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti, et surtout du formidable Voyage du Prince de Jean-François Laguionie, qui aborde sans fard la question des réfugiés et de l'accueil que leur réservent nos sociétés contemporaines bien pensantes.

Et puis, bien sûr, il y a L'extraordinaire voyage de Marona d'Anca Damian, qui vient tout juste de sortir en salles, mais qui dès sa première projection au festival d'Annecy, montrait lui-aussi les facilités qu'a le cinéma (qu'il soit d'animation ou non) pour s'adresser simultanément à tous les publics. Brillant, splendide et d'une grande intelligence, le film est ainsi à la fois une fresque colorée qui retrace la vie douce amère d'une petite chienne et une réflexion profonde sur le bonheur, et notre incapacité à le saisir, ou même à le reconnaître.

A noter enfin qu'il serait impossible de prétendre à un quelconque tour d'horizon du cinéma d'animation en omettant sa part la plus foisonnante, celle du court et du moyen métrage. Cette année encore, on a vu des films superbes, comme en témoignent nos deux focus sur les meilleurs courts métrages de 2019, qui comptent une dizaine de films d'animation sur les 25 titres cités. Afin de ne pas se répéter, on ne citera donc que deux d'entre eux, qui ont d'ores et déjà marqué durablement les esprits : L'Heure de l'ours d'Agnès Patron et Physique de la Tristesse de Théodore Ushev.

Les réalisatrices triomphent à Angoulême

Posté par vincy, le 25 août 2019

C'est un palmarès très féminin que celui du 12e Festival du film francophone d'Angoulême décerné ce soir.

La présidente du jury, Jacqueline Bisset, et son jury ont récompensé un film (d'animation!) réalisé par deux femmes, une primo-réalisatrice et deux fois un film réalisé par une femme, qui repart aussi avec le prix du public.

Ce fut donc le sacre de Zabou Breitman et Éléa Gobbé-Mévellec, avec Les hirondelles de Kaboul (présenté à Un certain regard à Cannes et qui sort le 4 septembre), Valois de diamant et Valois de la musique ; Hafsia Herzi, avec Tu mérites un amour (présenté à la Semaine de la critique à Cannes et qui sort le 11 septembre), Valois de la mise en scène ; et Mounia Meddour, avec Papicha (présenté à Un certain regard à Cannes et qui sort le 9 octobre), Valois de la meilleure actrice, du scénario et du public.

Les Valois ont aussi primé Nina Meurisse, l'interprète de Camille le film de Boris Lojkine et Anthony Bajoin, l'acteur d'Au nom de la terre d'Edouard Bergeon, qui par ailleurs est aussi à l'affiche de Tu mérites un amour.

Palmarès

Valois de diamant
Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Éléa Gobbé-Mévellec

Valois de la mise en scène
Hafsia Herzi pour Tu mérites un amour

Valois de l’actrice
Lyna Khoudri dans Papicha de Mounia Meddour et Nina Meurisse dans Camille de Boris Lojkine

Valois de l’acteur
Anthony Bajon dans Au nom de la terre d’Edouard Bergeon

Valois du scénario
Mounia Meddour pour Papicha

Valois René Laloux du meilleur court-métrage d’animation
Selfies de Claudius Gentinetta

Valois de la musique
Alexis Rault pour Les Hirondelles de Kaboul d

Valois des étudiants francophones
Adam de Maryam Touzani

Valois du Public
Papicha de Mounia Meddour

Annecy 2019 : focus sur l’animation française 1/2

Posté par MpM, le 17 juin 2019

Le Japon avait beau être à l'honneur cette année à Annecy, c'est pourtant l'animation française qui a brillé de mille feux avec des propositions puissantes et éclectiques, et une démonstration magistrale d'inventivité et de savoir-faire. Tout, de l'esthétique aux sujets, en passant par les modes de narration et les techniques, est venu prouver l'immense vitalité d'un cinéma qui ne cesse d'expérimenter et d'explorer les possibilités infinies de son format.

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si quatre longs métrages français étaient en compétition, représentant 40% de cette sélection, et si plusieurs des principaux prix toutes sélections confondues sont allés à des productions ou coproductions françaises : J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, Mémorable de Bruno Collet, La vie de château de Clémence Madeleine-Perdrillat et Nathaniel H'Limi, Le Parfum d’Irak "Le Cowboy de Fallujah" de Léonard Cohen... D'où l'envie de consacrer deux articles distincts à la richesse exponentielle d'un cinéma qui semble au firmament, en s’attachant d'abord au cas particulier du format long, avant de se tourner vers ce qui est traditionnellement le cœur d'Annecy, à savoir le format court

Côté longs métrages, c'était donc une année exceptionnelle pour le cinéma français, avec un deuxième Cristal d'affilée : J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, déjà historiquement récompensé à Cannes du Grand prix de la Semaine de la critique, succède en effet à Funan de Denis Do qui avait triomphé l'an passé. A ses côtés, quoique repartis bredouilles, La fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti, Les Hirondelles de Kaboul et L'Extraordinaire voyage de Marona d'Anca Damian ont créé l'événement. Dans la nouvelle compétition Contrechamp, c'est le documentaire Zero impunity qui dénonce les violences sexuelles dans les conflits armés actuels, qui a également beaucoup fait parler de lui.

Enfin, deux séances événements ont permis de découvrir le nouveau film de Jean-François Laguionie, Le Voyage du Prince, et le passage réussi au long de Bonjour le monde, la série télévisée d'Anne-Lise Koehler et Eric Serre.

J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin (compétition)

C'est incontestablement le grand gagnant de cette édition, qui cumule Prix du Public et Cristal du meilleur long métrage, en plus d'un bouche-à-oreille en béton armé. Avec sa trame narrative très simple et son spleen ténu, le premier long métrage de Jérémy Clapin impressionne autant par ses qualités de mise en scène que par son atmosphère ultra sensible. Tour à tour film de genre, portrait délicat d’un jeune homme qui cherche sa place, récit initiatique et même rencontre amoureuse, il suit en alternance une main coupée qui part à la recherche de son corps, et Naoufel, un jeune homme qui change de vie par amour. C’est dans cette juxtaposition des temporalités que se tisse le fil rouge du récit, la question du destin et de la manière dont il s’écrit, se suit et se contrarie.

Malgré l’humour de certaines situations, voire l’autodérision des dialogues, c’est une profonde mélancolie qui habite le film, portée par la très belle musique de Dan Levy et les teintes désaturées de l’image, éclairée ponctuellement par quelques touches de couleur vive, comme des gouttes de sang ou le manteau jaune et les écouteurs fluo de Gabrielle. Cette mélancolie sourde est celle des souvenirs et des regrets, la nostalgie d’un temps révolu, un sentiment d’errance. Naoufel, comme la main coupée, comme nous tous, n’en finit plus de chercher sa place dans le monde

Sortie : 6 novembre 2019

L'extraordinaire voyage de Marona d'Anca Damian (compétition)

Explosion de couleurs et d'émotions, le nouveau long métrage d'Anca Damian est une splendeur visuelle qui raconte la vie mouvementée d'une petite chienne nommée Marona. On a rarement vu un film destiné à un public familial qui respecte autant l'intelligence et le sens esthétique des enfants, comme des adultes. Malgré un scénario a priori tragique, rien n'est en effet jamais mièvre ou facile, chaque élément dramatique étant systématiquement contrebalancé par une touche d'humour et de poésie.

Formellement, Anca Damian s'offre toutes les libertés, et notamment de multiplier les styles graphiques, allant parfois très loin dans l'abstraction, ou dans une représentation stylisée du monde. On a la sensation qu'elle applique au long métrage ce qu'on aime tant dans le court : cette audace formelle qui ne s'interdit aucune expérimentation, et propose un cinéma libéré des contraintes esthétiques ou narratives traditionnelles, débordant d'idées visuelles et poétiques. Tout fonctionne, nous surprenant souvent, nous éblouissant sans cesse, et nous emportant dans les souvenirs doux amers du personnage. Avec elle, on se met à porter un regard différent sur le monde et sur nos semblables.

Sortie : 8 janvier 2020

La fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti (compétition)

Déjà présenté à Cannes, en section Un Certain regard, La fameuse invasion des ours en Sicile est l'un des films d'animation les plus attendus de l'année, signé par l'illustrateur et auteur BD Lorenzo Mattotti. Il s'agit d'un conte, adapté du seul roman jeunesse de Dino Buzatti, et scénarisé par le duo gagnant Thomas Bidegain et Jean-Luc Fromental, qui met en scène Léonce, le roi des Ours, parti en guerre contre les hommes après l'enlèvement de son fils Tonio.

Visuellement époustouflant, notamment dans la richesse de ses décors et de ses paysages naturels, le film fait le grand écart entre son inconstatable maîtrise technique, et le choix d'un positionnement un peu trop prudent. On sent que le film a été voulu pour plaire au (très) jeune public, quitte parfois à édulcorer le récit original, plus féroce, avec des éléments comiques comme les baladins ou les personnages fantoches. La trame narrative semble aussi expédiée, comme s'il s'agissait moins de critiquer et dénoncer la société que de proposer des péripéties romanesques. Malgré tout, le film reste une fable très plaisante, charmante et joyeuse, qui témoigne de la grande force de l'animation française contemporaine.

Sortie : 9 octobre 2019

Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec (compétition)

Un an à peine après Parvana de Nora Twomey, l'Afghanistan des Talibans était de retour à Annecy avec cette adaptation inégale du roman de Yasmina Khadra pensée comme une plongée sans fard dans une société rongée par l’obscurantisme, l’hypocrisie et la bêtise. Les personnages, malgré leurs différences sociales et culturelles, sont uniformément écrasés par le joug terrible qui régit les moindres détails de leur vie (la manière de s'habiller, le droit de rire, que dire et que penser) et fait peser sur eux une menace sourde et permanente.

Mais si l'on est convaincu par l'aspect esthétique du film, et notamment ses très beaux plans larges sur la ville, esquissée à grands traits dans des teintes désaturées, et ses personnages stylisés, on a plus de mal avec l'orientation clairement mélo-dramatique du récit, qui ajoute sans cesse de l'émotion à l'émotion. On a l'impression que ce type de cinéma "à sujet" finit par atteindre ses limites, parce qu'il ne parvient plus à s'extraire de l'incontestable noblesse de sa cause. Bien sûr, on ne peut qu'être sensible à l'hymne à la libération des consciences que véhicule le film, mais malgré tout on est déçu par son incapacité à aller au-delà d'une narration schématique et manichéenne.

Sortie : 4 septembre 2019

Zero impunity de Nicolas Blies, Stéphane Hueber-Blies et Denis Lambert (Contrechamp)

Ce documentaire engagé fait partie d'un vaste projet transmédia global combinant journalisme d'investigation et activisme, dont le but est de dénoncer l'impunité des violences sexuelles dans les conflits armés actuels, mais aussi de lutter pour y mettre fin. Construit en différents chapitres, le film aborde la question du viol comme arme de guerre ou de torture en Syrie, dans le Donbass, en République démocratique du Congo et aux Etats-Unis.

Les témoignages recueillis ont été reconstitués en animation, tandis que des experts témoignent à visage découvert dans les parties en prise de vue réelle. C'est dans les deux cas édifiants, avec la dénonciation d'une utilisation systématique du viol comme un outil d'humiliation, voire de destruction des individus, mais aussi comme un prolongement d'exploitation sociale. En s'attachant à des cas de figure très différents les uns des autres (notamment la violence sexuelle d'état à Guantanamo et les viols camouflés en prostitution volontaire en République démocratique du Congo), le film montre que le problème est loin d'être localisé dans une partie du monde ou un camp en particulier, même si l'on peut malgré tout être surpris qu'il fasse l'impasse sur de nombreux autres cas de violences sexuelles (on s'attendait par exemple à voir évoqués les viols systématiques perpétrés avec une rare violence dans la région du Kivu, également en République démocratique du Congo). Il s'agit quoi qu'il en soit d'un film indispensable, pensé avant tout comme un plaidoyer puissant et habité.

Sortie : à venir

Le voyage du prince de Jean-François Laguionie (séance événement)

Vingt après la sortie du Château des singes, Jean-François Laguionie lui donne une suite à travers cette sorte de journal de voyage tenu par le prince que l'on découvrait dans le premier volet. Celui-ci a traversé la mer pour aller à la rencontre d'une autre civilisation de singes. S'il est au départ fasciné par ce peuple qui vit dans une métropole moderne et industrialisée, il s'aperçoit pourtant rapidement que la société tout entière est régie par la peur. Dans cet univers très codifié, la haine et le rejet de l'autre sont en effet érigés en valeurs sûres, notamment au nom de la suprématie des uns sur les autres, mais aussi de la sécurité nationale.

Avec une forme d'humour léger, et à travers des images superbes, dans des teintes douces presque délavées, le réalisateur s'amuse une fois encore des travers de ses semblables, entre tentation du repli sur soi et tendance à l’inaction confortable. Son Prince vieillissant est comme un double de lui-même, personnage bienveillant et chaleureux qui observe avec curiosité et ironie le monde dans lequel il évolue, ne parvenant jamais à étancher sa soif de connaissances. Malgré la douceur du trait et l'humour du propos, l'urgence de celui-ci nous parvient 5 sur 5 : quand enfin cesserons-nous de prendre prétexte d'être les singes "les plus évolués de la création" pour asservir et ostraciser les autres ?

Sortie : 4 décembre 2019

Bonjour le monde de Anne-Lise Koehler et Éric Serre (séance événement)

Demain le monde est à l’origine une série télévisée destinée aux plus petits, dont le concept est de montrer la vie de bébés animaux. Après avoir été diffusée sur France 5, et avoir notamment gagné un Cristal à Annecy en 2015, elle devient désormais un long métrage qui fait se croiser autour d’une mare une faune diverse composée de castors, ablettes, tortues, salamandres et autres hibous.

Il faut le reconnaître, le ton volontairement pédagogique du film risque de décourager les plus âgés, de même que l’anthropomorphisme systématique dans le propos des animaux (« j’existe, c’est merveilleux ») finit par être assez agaçant. De la même manière, les voix donnent souvent faux, même en considérant que ce sont des animaux qui parlent. Malgré tout, on aura envie de montrer aux plus petits ce programme tout doux dans lequel les animaux sont des marionnettes de papier mâché (les caractères d’imprimerie sont encore lisibles) qui évoluent dans de somptueux décors colorés. On est en effet séduit par la réalisation extrêmement soignée et délicate, de même que par la manière dont le film stimule l’imaginaire des enfants tout en leur donnant une foule d’informations vraies sur la nature et son fragile équilibre.

Sortie : 2 octobre 2019

Annecy 2019 : une édition centrée sur l’animation japonaise

Posté par MpM, le 9 juin 2019

Après avoir découvert l'éclectisme de l'animation brésilienne en 2018, retour en terrain plus connu avec cette édition 2019 du Festival d'Annecy centrée sur le Japon. Les organisateurs de la manifestation ne pouvaient guère se tromper en mettant à l'honneur l'une des animations les plus riches mais aussi les plus populaires au monde, qui n'avait pas fait l'objet d'une rétrospective à Annecy depuis exactement vingt ans.

Au programme, des nouveautés, comme Ride your wave de Masaaki Yuasa (Lou et l'île aux sirènes, Night is short, walk on girl), The Wonderland de Keiichi Hara (Colorful, Miss Hokusai) et The relative worlds de Yuhei Sakuragi en compétition longs métrages ; Les Enfants de la mer de Ayumu Watanabe en compétition Contrechamp ou encore Modest heroes, un programme de 3 courts métrages du studio Ponoc, en séance spéciale.

Mais aussi des hommages à l'animation japonaise du début du XXe siècle, la projection du premier long métrage d'animation japonaise en couleurs, Le Serpent blanc de Taiji Yabushita, et un panorama de la nouvelle vague du cinéma japonais contemporain. Enfin, plusieurs courts métrages venus du Japon sont sélectionnés dans les différentes compétitions, tels que The Dawn of ape de Mirai Mizue, Leaking life de Shunsaku Hayashi, Keep forgetting de Takahiro Shabata ou encore Somewhere soft de Satoe Yoshinari.

L'occasion de vérifier si la "perte de savoir-faire" et l' "uniformisation esthétique" déplorées par Libération dans son édition du 7 juin sont perceptibles dans les productions récentes, et si la crise plus profonde également mentionnée par Libération, touchant les animateurs, las de travailler dans des conditions déplorables, vient faire parler d'elle jusqu'à Annecy.

En parallèle, les regards se tourneront probablement avec autant d'attention vers l'animation européenne, et plus particulièrement française, qui propose cette année un large choix de films attendus, et pour certains précédés d'excellents retours du Festival de Cannes où ils étaient présentés. On pense évidemment à J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, Grand Prix à la Semaine de la critique, mais aussi à La fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti et aux Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, tous deux sélectionnés à Un Certain Regard. A leurs côtés en compétition, on découvrira en avant-première Bunuel après l'âge d'or de Salvador Simo et surtout notre coup de coeur L'extraordinaire voyage de Marona d'Anca Damian.

En compétition Contrechamp, nouveauté de cette année 2019, on pourra notamment découvrir Away de Gints Zilbalodis (Lettonie), Kung food de Haipeng Sun, et surtout Ville neuve de Félix Dufour-Laperrière, autre grand choc cinématographique de ce festival, et de ce premier semestre.

Côté courts, on reverra avec plaisir Je sors acheter des cigarettes de Osman Cerfon, Nuit chérie de Lia Bertels, Movements de Dahee Jeong ou encore The Little soul de Barbara Rupik, fraîchement récompensé à Cannes, et on découvrira avec curiosité les nouveaux films de Michael Frei (Kids), Franck Dion (Per aspera ad astra), Bastien Dupriez (Sous la canopée), Regina Pessoa (Oncle Tomas), Chintis Lundgren (Toomas dans la vallée des loups sauvages), Vincent Patar et Stéphane Aubier (Panique au village : la foire agricole) ainsi que le premier film d'animation de Clémence Madeleine-Perdrillat, co-réalisé avec Nathaniel H'limi, La vie de château.

Comme toujours, le festival s'agrémentera également de pitchs, work in progress et autres séances exceptionnelles, sans oublier la compétition de films en réalité virtuelle, qui permettront d'avoir un panorama complet de l'animation contemporaine et à venir. De quoi passer une semaine évidemment animée, le jeu de mots est facile, mais surtout captivante, au coeur du plus grand festival du monde consacré exclusivement à l'une des formes de cinéma les plus innovantes et singulières du moment.
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Festival international du film d'Annecy 2019
Du 10 au 15 juin
Informations et programme sur le site du Festival

Cannes 2019 : l’intime et la liberté au féminin à Un Certain Regard

Posté par MpM, le 28 mai 2019

Un Certain Regard, section souvent encensée par les festivaliers comme sorte de compétition bis, plus riche en découvertes et en révélations que la vraie compétition, semble avoir mécaniquement souffert cette année de la très grande qualité des films en lice pour la Palme d'or. Par comparaison, on a en effet eu le sentiment que les 18 films présentés en salle Debussy étaient à quelques rares exceptions près inaboutis, pas assez singuliers, fragiles, voire carrément anecdotiques.

Cela se sent au niveau de la qualité (subjective) des films, mais aussi des thématiques abordées, et du regard porté sur le monde. Un Certain Regard a ainsi été moins traversé par la vision apocalyptique d’un monde sur le point de disparaître que n'a pu l'être la compétition. Cette année, c’est au contraire l’intime qui était au cœur de tout. Des histoires d’amour et d’amitié, des rencontres, des trajectoires personnelles, des destins empêchés ou brisés par des événements qui les dépassent, mais dans tous les cas de simples individus pris dans une tourmente plus personnelle que blobale.

Le fil rouge de l'intime


Dans La femme de mon frère de Monia Chokri, c'est par exemple une jeune femme trop attachée à son frère, qui souffre de le voir heureux avec une autre. Dans Port Authority de Danielle Lessovitz, un jeune homme un peu paumé tombe amoureux d'une jeune femme rencontrée dans la rue et tente de se faire accepter par les siens. Chambre 212 de Christophe Honoré et Once in Trubchevsk de Larisa Sadilova sont chacun dans leur style des histoires de couples qui s'aiment, se trompent et se retrouvent. Dans Summer of Changsha de Zu Feng, un enquêteur de police n'arrive pas à se remettre du suicide de sa petite amie. The Climb de Michael Angelo Covino présente une amitié toxique entre deux amis d'enfance, dont l'un convoite sans cesse ce qu'a l'autre.

Chez Kantamir Balagov, dans Une Grande fille, ce sont deux femmes qui sont unies par une amitié dévorante. La vie invisible d'Euridice Gusmao de Karim Aïnouz raconte en creux le lien indéfectible qui n'a jamais cessé de relier deux sœurs séparées par la vie. Et Adam de Maryam Touzani est l'histoire d'une rencontre fortuite entre une femme qui s'est fermée à l'amour et une jeune fille sur le point d'accoucher. Bull de Annie Silverstein, quant à lui, raconte l'amitié naissante entre une adolescente blanche paumée et un adepte de rodéo noir et vieillissant

De même, quand la grande histoire s’invite dans les intrigues, c’est toujours par le prisme de la petite. Presque par la bande, en se focalisant sur la manière dont la réalité affecte les personnages plus que sur cette réalité en elle-même. C'est le cas dans Une grande Fille : malgré le contexte de la fin de la guerre et du terrible siège de Leningrad, les événements historiques ne sont jamais au cœur du film. En revanche, ils servent de contexte à l’histoire, et permettent au réalisateur d’observer les traumatismes subis par ses personnages, et la manière dont ils affectent leurs relations.

Dans Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, on suit le destin particulier de quelques personnages aux prises avec le régime des Talibans, qui luttent chacun à sa manière pour exister dans le cadre ultra étroit qui leur est imposé. Dans Papicha, le personnage central est une jeune étudiante qui résiste à l’obscurantisme de différents groupes islamistes faisant régner la terreur à Alger en s’accrochant à sa passion du stylisme. En confectionnant de belles robes pour les jeunes femmes de la ville, et en organisant un défilé de mode dans l'université, la jeune fille affirme sa liberté et son indépendance. Nina Wu de Midi Z aborde frontalement la question du harcèlement dans le milieu du cinéma, en se concentrant sur les séquelles indélébiles qui détruisent à petit feu son personnage. Enfin, En terre de Crimée de Nariman Aliev s'ancre dans la situation complexe de la Crimée, que se disputent la Russie et l'Ukraine, mais à travers l'histoire ténue d'un père (qui appartient à la minorité tatare) souhaitant enterrer son fils sur sa terre natale de Crimée, au risque de tout perdre.

Le poids des dilemmes


C'est l'un des autres points saillants du Certain Regard 2019, la présence au sein de la plupart des histoires d'un dilemme contraignant les personnages à faire des choix plus ou moins déterminants pour leur existence. On pense évidemment à Jeanne de Bruno Dumont, dans lequel le célèbre personnage historique est présenté sous les traits d'une frêle jeune fille s'accrochant envers et contre tout à ses convictions, et refusant de se renier, même si cela lui permettrait de sauver sa vie. Autre dilemme incommensurable chez Kantamir Balagov (jusqu'où aller pour préserver une amitié ?) et dans Les Hirondelles de Kaboul (Faut-il laisser condamner une innocente ou risquer sa vie à la sauver ?), ou encore chez Midi Z (jusqu'où aller pour obtenir un rôle au cinéma ?), Maryam Touzani (abandonner ou non l'enfant que l'on vient de mettre au monde ?), Mounia Meddour (Céder à la peur ou prendre le risque de vivre pleinement ?) et dans Port authority, qui voit le personnage principal déchiré entre deux loyautés incompatibles. Car la plupart du temps, il n'existe pas de bonne ou de mauvaise décision objective, mais juste deux chemins conduisant à deux avenirs distincts.

La bonne nouvelle, c'est que la plupart des films laissent ainsi véritablement le choix aux personnages, ne les déterminant pas dès le départ à une voie plutôt qu'une autre. Fort de ce libre arbitre, chacun agit en son âme et conscience, et en fonction de ses propres valeurs. Ainsi, dans La Fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti, le Roi Léonce doit-il d'abord se dépouiller de ses attributs d'ours pour régner parmi les hommes, puis renoncer à ses privilèges royaux pour retrouver un sens à sa vie. Liberté d'Albert Serra s'affranchit d'emblée de toute question morale pour n'être qu'une succession de tableaux libertins vivants, filmés magnifiquement jusqu'à l’écœurement. Et pourtant on sent que le film n'est pas si éloigné du sujet, avec son hymne à la liberté de jouir de tout, y compris de l'humiliation et de la douleur.

Car, on le remarque finalement dans la plupart des films présentés cette année, la notion de choix est souvent moins une question de morale que de liberté. Celle d'être maître de son existence, de ne rien se laisser dicter, de vivre sa vie comme on l'entend, de s’affranchir des carcans. Un peu à part dans la sélection, Viendra le feu d'Oliver Laxe aborde en creux cette question de la liberté : une liberté qui peut sembler une soumission,mais qui est celle choisie et vécue par le personnage principal : vivre en harmonie avec la nature, et d'accepter son rôle au sein d'un tout qui le dépasse.

Les femmes au centre


On ne sait pas trop si cette omniprésence d'une quête de liberté, quelle que soit la forme qu'elle prend (aimer qui et comme on veut, s'habiller comme on veut, vivre comme on veut...), est la cause ou la conséquence du rôle central des femmes dans la sélection. Derrière la caméra, bien sûr, avec sept des dix-huit films sélectionnés réalisés par des femmes, mais aussi devant, avec plus des deux tiers présentant des personnages féminins de premier plan, et abordant des questions liées au droit des femmes (Papicha et ses extrémistes refusant aux femmes la liberté de s'habiller comme elles le souhaitent, Les Hirondelles de Kaboul dans lequel les femmes sont des êtres inférieurs interchangeables, La vie invisible d'Euridice Gusmao qui dresse un portrait glaçant du patriarcat triomphant...) ou tout simplement à leur vécu quotidien : harcèlement et même "droit de cuissage" dans Nina Wu, avortement dans La femme de mon frère, viols d'état dans Une Grande fille, maternité dans Adam...

Sans oublier les films qui abordent moins frontalement la question mais offrent de superbes personnages féminins. On pense évidemment à Chiara Mastroianni dans Chambre 212, femme moderne et libre qui suit ses désirs, notamment sexuels, et assume ses infidélités. Il y a aussi la jeune fille de Bull, fascinée par le rodéo jusqu'à souhaiter s'y exercer elle-même, ou encore l'épouse adultère de Once in Trubchevsk qui elle-aussi assume ses sentiments et refuse d'être soumise au bon vouloir d'un homme, sans oublier les libertines de Liberté, qui ont la pleine maîtrise de leur corps et de leur sexualité.

On a donc vécu une édition 2019 d'Un Certain regard peut-être en demi-teinte en terme de chocs cinématographiques, mais passionnante dans ce qu'elle dit du monde. Cette double prise de pouvoir par les réalisatrices et par les personnages féminins participe d'un mouvement général qui redonne la parole à la moitié de l'Humanité, et consacre les problématiques qui lui sont propres comme aussi dignes d'intérêt que les autres. On se réjouit, parmi ces 18 films, de compter dix premiers longs métrages (et même 11 si l'on compte Elé Gobbé-Mévellec qui est en duo avec Zabou Breitman) qui sont autant de promesses pour l'avenir. On attend donc avec impatience le jour où l'on ne se croira plus obligé de souligner la place des femmes dans les films cannois (le fait-on pour les hommes ?) parce qu'elle sera définitivement acquise.

Animation : Les Armateurs multiplie les projets ambitieux

Posté par vincy, le 30 juin 2014

les hirondelles de kaboulLes Armateurs (Kirikou, Les triplettes de Belleville, Ernest & Célestine) mettent les bouchées doubles. Le studio d'animation vient d'annoncer qu'ils allaient adapter le best-seller de Yasmina Khadra, Les Hirondelles de Kaboul. Le film sera co-réalisé par Zabou Breitman, qui fera là ses premiers pas dans l'animation, et Eléa Gobbé-Mevellec, qui supervisera la direction artistique.

Le roman de Kahdra est paru en 2002 chez Julliard. L'histoire se déroule dans le Kaboul des talibans. Mohsen, bourgeois déchu, vit avec sa femme Zunaira, avocate enfermée chez elle et interdite d'exercer. Leur amour et leur respect mutuel les aident à surmonter le contexte. Un jour que Mohsen se retrouve au milieu d'une foule qui veut lapider une femme coupable d'adultère et une autre coupable du meurtre de son mari. Hymne à la femme, le roman prouve que l'amour refuse de céder et se réclame du miracle. Mais qu'est-ce que le miracle dans un pays ou «les liesses sont aussi atroces que les lynchages» ?

Scénarisé par Sébastien Tavel et Patricia Mortagne, le film sera co-produit avec Mysteo et devrait être en salles en 2017

Les Armateurs ont également révélé un autre projet, French Rivera, co-scénarisé par Joel Cohen et Alec Sokolow (auteurs de Toy Story et Garfield). Le film doit être réalisé par le graphiste et illustrateur Monsieur Z. Pas de sortie avant 2017 (le scénario est encore à l'état de réécriture). Ce projet, co-produit avec StudioCanal met en scène félins, souris et crocodile, et surtout un vol de diamant sur la Côte d'Azur. Cela rappellera La main au collet (jusque dans le personnage principal : une délicieuse féline qui passe de toits en toits)

Enfin au dernier Festival du film d'animation d'Annecy, le studio s'est officiellement associé à son "rival", Folimage (La prophétie des grenouilles et Une vie de chat) pour une série d'animation, Anna Trampetes (Cheeky Anna).

Cette effrontée d'Anna est le premier projet développé par le nouveau patron des Armateurs, Reginald de Guillebon. Le personnage a des airs de Mafalda : une jeune fille qui fait tout pour ne pas aller à l'école, et qui a l'étrange manie de parler avec une voix qui commente tous ses faits et gestes. Le projet sera plus largement révélé au prochain Cartoon Forum de Toulouse en septembre.

La série, 52 épisodes de 3 minutes, sera réalisée par Elena Pomares, une artiste de Folimage qui a été animatrice sur Tante Hilda et qui a réalisé le court métrage animé (et primé dans de nombreux festivals) The Henhouse.

Les Armateurs prendront en charge le développement, la pré-production et le graphisme tandis que Folimage s'occupera de l'animation et de toute la phase de production et post-production.