Hommage à José Maria Riba lors de la dernière soirée Espagnolas en Paris

Posté par MpM, le 28 septembre 2020

Il était la pierre angulaire de l'association Espagnolas en Paris, créée il y a 12 ans pour montrer aux cinéphiles de la capitale un « autre » cinéma espagnol et latino-américain. José Maria Riba, par ailleurs journaliste et sélectionneur, nous a quittés le 2 mai dernier. "Sans lui il nous sera difficile, voire même impossible, de continuer à faire vivre cette association car cette magnifique aventure n’aurait pas pu voir le jour, avec nos modestes moyens, sans l’initiative, la passion, l’énergie et le caractère têtu de notre « chef » de bande", déclare Laura del Sol, présidente de l'association. "José incarnait le cœur et l’âme de cette association, notre colonne vertébrale. Oui, José était "Dífferent" !"

Malgré tout, Espagnolas en Paris investit le Majestic Passy le 5 octobre prochain pour une dernière soirée consacrée à José Maria Riba, et à ce cinéma qu'il aimait. On y découvrira en avant-première Une vie secrète de Aitor Arregi, Jon Garaño et José Mari Goenaga (sortie nationale le 28 octobre 2020) ainsi que la version courte du film hommage conçu par la cinéaste mexicaine Lila Avilés (La camarista) : José María Riba, un agradecimiento por siempre dont la version intégrale réunit plus de 50 témoignages de cinéastes, acteurs et professionnels du monde entier.

L'occasion de se souvenir de celui qui, inlassablement, a œuvré pour aider et faire connaître le cinéma espagnol et latino-américain en France. D'abord journaliste à RFI, puis à l'AFP, José Maria Riba a fait partie pendant près de 30 ans de l'équipe de sélection du Festival de San Sebastian. Egalement sélectionneur pour la Semaine de la Critique du Festival de Cannes, il en fut le Délégué général en 2000 et 2001. C'est ainsi lui qui a découvert et sélectionné, entre autres, les premiers longs métrages des Mexicains Guillermo del Toro (Cronos) et Alejandro González Iñárritu (Amours chiennes), ou de l'Espagnol Cesc Gay (Krampack). Par la suite, il a été pendant plusieurs années le consultant privilégié de Thierry Frémaux, Délégué général du Festival de Cannes et d'Edouard Waintrop, Délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs, en matière de films espagnols et latino-américains.

Il a également créé en 2008 le festival Différent! consacré à l' "autre cinéma espagnol", rejoint en 2012 le comité de sélection du Prix Jean Vigo, avant de devenir en 2016 le Délégué générale de la cérémonie des Lumières de la presse internationale... Passionné, et passionnant, il n'a cessé de porter haut les couleurs du cinéma, espagnol et latino-américain bien sûr, et plus généralement d'un cinéma souvent "différent", méconnu, parfois à la marge, dont il s'était fait le chantre, et auquel il manquera.

Le festival Différent ! rend hommage à Ricardo Darin

Posté par MpM, le 22 juin 2016

L'acteur argentin Ricardo Darin (Les nouveaux sauvages, Dans ses yeux, Les neuf reines...) a enflammé le festival Différent ! lors de l'hommage qui lui était consacré lundi 20 juin dans un Majestic Passy plein à craquer. Il était de passage à Paris pour présenter son nouveau film Truman, grand succès du cinéma espagnol 2015, en présence du réalisateur Cesc Gay et de son partenaire à l'écran Javier Camara.

L'acteur, visiblement ému par le très joli discours de Laura del Sol, la présidente d'Espagnolas en Paris, l'association qui organise l'événement, a confirmé sa réputation de modestie et de simplicité en déclarant qu'il ne méritait pas la distinction offerte par le festival. Il s'est ensuite rapidement effacé au profit de  Cesc Gay et Javier Camara afin de ne pas voler la vedette au film dont il a précisé qu'il avait été fait "avec beaucoup d'amour" mais que cet amour leur avait été rendu "au centuple".

"Faire des films, c'est un peu comme avoir des enfants qui partent de la maison et qu'on ne voit pas pendant un certain temps", a confié Cesc Gay. "Là c'est un peu comme si je me retrouvais avec mon fils, ce soir ! Ceux qui ont des enfants me comprendront..."

Javier Camara a quant à lui séduit l'assistance en s'exprimant en français. Il a souligné à quel point Truman est un film intime et a avoué que son rôle s'était résumé à regarder Ricardo Darin jouer. "J'ai fait un travail très simple parce que lui a fait tout le travail" a-t-il conclu avec humour.

Truman (qui a reçu cinq Goyas, les équivalents des César) raconte la visite que rend Tomas (Camara) à son ami Julian (Darin), atteint d'un cancer. Entre complicité et désarroi, humour et nostalgie, les deux hommes échangent sur la vie et la mort et retissent avec simplicité des liens qui s'étaient un peu relâchés.

Oscillant entre situations cocasses et passages plus dramatiques, le film joue à fond la carte du Buddy movie et offre une partition de choix à son duo d'acteurs. Ricardo Darin est impeccable en personnage manipulateur et cabotin qui n’a plus rien à perdre tandis que Javier Camara joue avec gourmandise les faire-valoirs un peu dépassés. A découvrir sur les écrans français à partir du 6 juillet.

Crédit photo : Espagnolas en Paris

Espagnolas à Paris : Daniel Burman présente Felicidad

Posté par kristofy, le 8 octobre 2014

felicidadLe rendez-vous "Espagnolas en Paris" rassemble régulièrement les férus de cinéma espagnol et latino-américain, avec à chaque rencontre un film en avant-première et un buffet de spécialités ibères autour duquel se rencontrer.

La séance du 6 octobre a permis la découverte du film argentin Felicidad, avant sa sortie prochaine le 29 octobre en France, en compagnie de son réalisateur Daniel Burman. A tout juste 41 ans, Burman est auteur d’une dizaine de longs-métrages dont la plupart ont eu une sortie dans les cinémas français, ce qui est assez rare pour un cinéaste argentin : En attendant le Messie en 2001, Toutes les hôtesses de l'air vont au paradis en 2003, Le Fils d'Elias en 2004, Les Lois de la famille en 2006, Les Enfants sont partis en 2008, et donc à la fin du mois son nouveau film, Felicidad.

Une belle régularité qui cette fois devrait lui permettre de se faire mieux connaître : Felicidad est une joyeuse comédie sur l’amitié et le couple qui est déjà le 3e plus gros succès de l’année en Argentine. « La France est un marché important et exigeant, pour la sortie de Felicidad je salue le travail de ma distributrice (Eurozoom) qui est presque contre-nature en terme commercial. C’est une fierté que mon film venant d’Argentine soit présent dans des cinémas en France, comme ici à Paris au milieu de tant de films fabuleux en provenance de partout ailleurs. »

Le film raconte l'histoire de Santiago et Eugenio, deux amis de longue date également associés dans le travail. Ils se comprennent sans se parler, se complètent et ne se quittent pratiquement jamais. Lorsqu'Eugenio disparaît mystérieusement, voilà Santagio obligé de supporter Laura, l’épouse d’Eugenio qu’il a toujours pris soin d’éviter. Le moins qu'on puisse dire est que Laura et Santiago ne s'apprécient pas, mais désormais ils sont bien obligés de cohabiter en attendant le retour d’Eugenio.

« Ce qui pourrait être autobiographique, burmance sont certains dilemmes que l’on voit dans le film, liés à l’âge ou au temps qui passe. Ce qui m’intéresse beaucoup, c’est la peur de perdre quelqu’un au point de l’encapsuler, ou de se lier avec par un contrat comme le contrat de mariage par exemple. Avec le temps, on tient plus à ce contrat qu’à l’autre personne… »

L’Argentine est depuis de nombreuses années le pays latino qui a pris le plus d’importance sur la carte du cinéma mondial. Avant Felicidad, Daniel Burman avait déjà gagné un Ours d’argent au Festival de Berlin pour Le Fils d'Elias, qui avait été aussi le candidat de l’Argentine pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.

Plus récemment la précieuse statuette a justement été remportée par le film Dans ses yeux de Juan José Campanella (le remake américain se prépare avec Julia Roberts et Gwyneth Paltrow). Ce dernier film, qui fut à l'époque le plus gros succès du box-office argentin, a depuis été dépassé par un autre film au succès encore plus énorme : Relatos Salvajes avec le très populaire Ricardo Darín qui a fait l’unanimité, en sélection officielle au dernier festival de Cannes. Il sera à l’affiche le 14 janvier 2015. Avant cela, rendez-vous en salles dès le 29 octobre pour découvrir Felicidad et sa quête du bonheur.

La belle jeunesse de Jaime Rosales clot le 7e festival Différent

Posté par MpM, le 27 juin 2014

different 2014Après une semaine placée sous le signe du cinéma espagnol indépendant et singulier, le Festival Différent s'est achevé le 24 juin avec une soirée parcourue par la thématique des nouvelles technologies et de la place qu'elles ont désormais dans notre vie quotidienne.

Dans 10 000 km de Carlos Marques-Marcet, un jeune couple doit vivre les affres de la séparation géographique. Elle part travailler en Californie tandis que lui reste travailler à Barcelone. Le film raconte la relation houleuse qu'ils entretiennent à distance à travers l'écran de leurs ordinateur et smartphone.

Hormis l'originalité formelle de proposer des images filmées à la webcam (mais on a depuis découvert la séquence époustouflante de rupture par Skype filmée par Pascale Ferran dans Bird people, qui fait un usage encore plus âpre de l'interface informatique dans la communication de couple), le film aligne sur un ton de comédie insouciante les passages obligés de la comédie romantique : conversations enjouées et drôles, puis disputes, tentation de séparation, infidélité, réconciliation... Rien de révolutionnaire, mais un regard léger et tendre sur notre époque et ses petits travers.

Dans Hermosa juventud (La belle jeunesse), Jaime Rosales suit quant à lui un couple de jeunes Espagnols pris dans les filets terribles de la crise économique. S'ils sont au départ insouciants et joyeux, la naissance de leur fille les amène peu à peu à repenser leurs priorités. Ils s'aperçoivent alors que quelle que soit leur bonne volonté, il n'existe pour eux aucun moyen de s'en sortir.

Le film mêle prises de vue en 16mm et images numériques prises sur le vif par les protagonistes avec leurs téléphones portables. Plusieurs ellipses temporelles (notamment la grossesse de la jeune femme) sont ainsi représentées par le défilement de photos et de messages sur un écran de smartphone. Une manière pour Jaime Rosales de porter un regard critique sur la perte de repères des jeunes générations, qui ne sont plus capables selon lui de faire la différence entre ce qui est important et ce qui ne l'est pas, puisque tout figure sur le même plan dans leurs téléphones.

A l'exception de cette théorie étonnamment simpliste, le film est un portrait convaincant et saisissant d'une Espagne en proie au chômage et à une violence sociale qui se répercute dans toutes les couches de la société.

"Le point de départ du film", explique le réalisateur, révélé dans les années 2000 par Las horas del dias et La soledad,  "c'est mon besoin de comprendre les jeunes qui vivent en Espagne. J'avais envie de faire un portrait de cette jeunesse actuelle. Par ailleurs, j'avais envie de changer de direction dans mon œuvre, de faire quelque chose avec un langage plus ouvert, plus dirigé vers les autres et moins vers-moi-même. " Pour cela, il a créé une équipe de jeunes techniciens et de jeunes comédiens, et c'est à partir de leurs témoignages et propositions qu'il a écrit une partie du contenu du film.

Les conversations entre amis (où il est question des centaines de CV déposés sans succès, ou des rêves simples d'avoir sa petite camionnette à soi ou de passer son permis) ont également été improvisées. Cela donne un aperçu glaçant de la réalité espagnole contemporaine, sans jamais tomber dans le film purement social ou misérabiliste. Ceux que montre Jaime Rosales ne sont pas les enfants des familles les plus défavorisées, mais la jeunesse d'une classe moyenne en pleine paupérisation. Lorsque l'on voit Natalia envisager d'aller travailler en Allemagne (Eldorado européen à ses yeux), quitte à laisser sa fille en arrière, on ne peut s'empêcher de songer aux jeunes femmes d'Asie du Sud-Est qui viennent en France pour garder les enfants des autres pour pouvoir nourrir les leurs, restés dans leur pays.

Même s'il s'en défend, le propos de Jaime Rosales semblent ainsi au final bien pessimiste, montrant une génération sacrifiée et une société où l'absence d'espoir conduit à un déchainement de violence symbolique mais aussi physique et sexuelle. Un tableau d'autant plus sombre qu'il est filmé avec une grande douceur, presque sans à-coup et même parfois avec légèreté. A l'image des personnages du film qui semblaient avoir toute la vie devant eux, le spectateur ne peut alors qu'être saisi par l'inexorable chute qui les entraîne au fond du gouffre.

Focus sur un cinéma espagnol audacieux et singulier avec le 7e Festival Différent

Posté par MpM, le 18 juin 2014

different 2014Tout au long de l'année, l'association Espagnolas en Paris met à l'honneur le cinéma espagnol en proposant des films inédits ou en avant-première et des rencontres entre le public et les professionnels. Depuis 2008, le festival Différent ! permet de compléter cette programmation au long cours par une véritable fête du cinéma ibérique qui fait la part belle aux films indépendants, singuliers et tout simplement "différents".

Au programme, 16 films (longs et courts métrages, fictions, documentaires) réunis pour la première fois en un lieu unique, le très beau cinéma Louxor, mais aussi un hommage (à l'acteur catalan Eduard Fernández), une exposition (Fronteras, qui réunit des photographies d'Alain Coiffier et des poèmes en prose d'Inès Montés), deux rendez-vous professionnels et la venue de 26 invités au total.

C'est l'excellent documentaire Con la pata quebrada de Diego Galan qui ouvre le bal dès ce soir à 19h. Ce film de montage explore le cinéma espagnol des années 30 à nos jours pour en tirer une réflexion passionnante sur  l'évolution de la place de la femme dans la société espagnole au cours du XXe siècle. Il sera précédé d'un extrait présenté en avant-première mondiale du film collectif Yo decido / El tren de la libertad dans lequel une soixantaine de cinéastes espagnoles s'expriment autour du mouvement de protestation contre la reforme restrictive de la loi sur l'avortement. Suivra ensuite La herida de Fernando Franco, récompensé à San Sebastian et Cinespana en 2013, et qui a valu un Goya de la meilleure actrice à Marian Álvarez.

Une première soirée extrêmement riche, à l'image du reste du festival, qui présentera notamment Canibal de Manuel Martín Cuenca, également récompensé à San Sebastian, En ningún lugar, Don Luis Buñuel de Laurence Garret, le regard très personnel et poétique d’une jeune cinéaste française sur Luis Bunuel et son imaginaire, ou encore Hermosa juventud de Jaime Rosales, sélectionné dans la section Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes.

La convivialité sera également au rendez-vous avec des dégustations de produits espagnols, des rencontres avec les différentes équipes de films et une soirée spéciale "Fête de la musique" le 21 juin.

Dans un paysage européen morose où le cinéma espagnol s'est imposé ces dernières années comme l'un des plus singuliers et audacieux, en perpétuelle évolution, il est donc chaudement recommandé aux cinéphiles et aux curieux de profiter de cette nouvelle édition de Différent ! pour faire le plein d'un autre cinéma, comme une salutaire bouffée d'oxygène cinématographique.

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Différent !
Du 18 au 24 juin 2014
Cinéma Le Louxor
170 Boulevard de Magenta
75010 Paris

Informations et programme sur le site de la manifestation

Cultiver la singularité du cinéma espagnol avec la 6e édition du festival Différent !

Posté par MpM, le 13 juin 2013

Différent 6Voilà déjà la sixième année que "l'autre cinéma espagnol" investit les écrans parisiens le temps d'un festival coloré, singulier et convivial qui met en valeur la créativité et l'originalité de la péninsule ibérique.

Cette année, les festivaliers se régaleront dès l'ouverture avec le Grand Prix du Festival de Cinéma espagnol de Nantes, Una pistola en cada mano de Cesc Gay, qui réunit un casting de rêve, d'Eduardo Noriega à Ricardo Darin, en passant par Javier Cámara et Luis Tosar.

Le reste de la semaine sera du même acabit, avec le grand retour de Maribel Verdu dans 15 años y un día de Gracia Querejeta (Grand Prix du Festival de Malaga 2013) dans laquelle elle est la mère d'un jeune adolescent qui lui en fait voir de toutes les couleurs ; Carta a Eva, le nouveau film d'Agustí Villaronga (dont Pa negro avait connu un succès retentissant) présenté en présence de ses deux interprètes principales, Ana Torrent et Carmen Maura ou encore un hommage rendu au grand documentariste José María Berzosa (Pinochet y sus tres generales).

La fantaisie et la singularité seront également au rendez-vous à travers des oeuvres atypiques et originales. Les spectateurs auront notamment la chance de découvrir Con la pata quebrada (Retourne à tes fourneaux) de Diego Galán, un film de montage sur la femme vue par le cinéma espagnol, composé de plus de 180 extraits de films et sélectionné au Festival de Cannes 2013.

En tout, une vingtaine de films, tous formats confondus, seront ainsi présentés entre le 14 et le 21 juin et, histoire de ne pas rompre avec les bonnes habitudes, un grand concert avec de nombreux invités-surprise clôturera la manifestation le soir de la fête de la musique.

A noter que pour la première fois, un prix sera décerné non à un film en compétition, mais à l'un des spectateurs présents durant le festival ! En effet, Espagnolas en París (qui organise l'événement) s'est associé à la compagnie aérienne Vueling pour offrir un voyage à Barcelone pour deux personnes (comprenant les vols et deux nuits d'hôtel) à un heureux festivalier tiré au sort. Une manière élégante de récompenser la fidélité du public de Différent !, souvent fourni et chaleureux, et qui fait depuis cinq ans le succès de la manifestation.

Générosité, bonne humeur et qualité cinématographique, trois bonnes raisons supplémentaires d'aller à la rencontre du cinéma espagnol et de sa différence...

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6e Festival Différent !
Du 14 au 21 juin 2013
Programme et renseignements sur le site de la manifestation

Espagnolas à Paris : Maribel Verdu, Blancanieves et Silvia Perez Cruz concluent l’année en toute beauté

Posté par MpM, le 22 décembre 2012

C'était un peu Noël avant l'heure le 17 décembre dernier dans la grande salle du Majestic Passy. Pour sa dernière soirée de l'année, Espagnolas à Paris avait en effet concocté un programme exceptionnel mêlant cinéma, musique et convivialité.

Devant une salle plus que comble, la délicieuse actrice Maribel Verdu (Belle époque de Fernando Trueba, Y tú mamá también, d'Alfonso Cuarón, Tetro de Francis Ford Coppola...) a tout d'abord reçu un hommage vibrant de la part d'Olivier-René Veillon, directeur général de la Commission du Film d'Île-de-France.

Pleine d'humour et de spontanéité, la comédienne a ensuite accueilli son réalisateur de Blancanieves, Pablo Berger, qui a lui-aussi mis à mal sa modestie. "Maribel est l'une des meilleures actrices de sa génération, et je ne parle pas seulement des actrices espagnoles !", a-t-il assuré. "Ses yeux sont des aimants. C'est comme s'il y avait en permanence un projecteur qui la suit. Sur le tournage, elle faisait toute la lumière."

Des compliments qu'on peut juger mérités au vu de la prestation de l’actrice dans ce Blancanieves qui revisite le célèbre conte des frères Grimm, situé pour l'occasion dans l'univers de la corrida. Maribel Verdu y incarne une version particulièrement cruelle (et décadente) de la marâtre de Blanche Neige, et y défile dans des tenues plus saugrenues les unes que les autres. Venimeuse et sensuelle, elle s'en donne à cœur joie dans le registre de la malveillance et du sadisme. Le rôle lui a d'ailleurs valu un prix d’interprétation au festival de San Sebastian.

Muet et en noir et blanc, le film joue à fond la carte du mélodrame manichéen, avec des personnages sympathiques maltraités par la vie et une "méchante" à qui tout profite. Le lyrisme de la musique et du jeu des acteurs n'empêche pas un humour sérieusement noir et des clins d’œil au spectateur qui font incontestablement du film une œuvre du 21e siècle (et non une pâle copie du passé, de type The artist). Pablo Berger permet ainsi de renouer avec la fausse naïveté des premiers temps du cinéma tout en jouant brillamment de ses codes esthétiques.

La soirée s'est ensuite poursuivie avec le concert de Silvia Pérez Cruz. Simplement accompagnée du guitariste Mario Mas, le chanteuse espagnole a interprété différents titres de musique espagnole et latino-américaine, dont la chanson principale du film, et a notamment cloué les spectateurs à leur fauteuil avec sa version ultra sensible de Cucurrucucú paloma.

Après toutes ces émotions, les organisateurs de la soirée avaient eu la délicatesse prévoir un buffet convivial autour duquel chacun a pu tout doucement reprendre contact avec la réalité avant de se donner rendez-vous pour de nouvelles rencontres cinématographiques et humaines lors des "Espagnolas à Paris" 2013 !

Photos de la soirée : Alba del Sol pour Espagnolas à paris

Espagnolas à Paris : hommage à Maribel Verdú et avant-première de Blancanieves de Pablo Berger

Posté par MpM, le 14 décembre 2012

Cette année, l'excellent rendez-vous Espagnolas à Paris propose aux Franciliens férus de cinéma et d'Espagne de célébrer Noël avec une semaine d'avance. Le 17 décembre prochain, la grande salle du Majestic Passy accueillera en effet l'avant-première du film Blancanieves de Pablo Berger qui a reçu deux prix au Festival de San Sebastian (prix spécial du jury et meilleure interprétation féminine) et représente l'Espagne dans la course aux oscars.

Le film, qui est une adaptation libre du fameux conte de Grimm Blanche Neige (la troisième de l'année... mais qui promet de se distinguer pas mal des deux autres !), met en scène la grande comédienne Maribel Verdú dans le rôle de la méchante marâtre. A cette occasion, un hommage sera rendu à l'actrice en sa présence. Trop peu connue en France, Maribel Verdú est l'une des très grandes comédiennes espagnoles actuelles, qui a à son actif plus de soixante-dix films, dont Belle époque de Fernando Trueba (Oscar du meilleur film étranger en 1994), Y tú mamá también, d'Alfonso Cuarón, Tetro de Francis Ford Coppola, ou encore Le labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro.

A l'issue de la projection, la chanteuse Silvia Pérez Cruz, qui interprète le thème principal du film, et le guitariste Mario Mas donneront un concert. Le coup d'envoi des agapes de fin d'année sera ensuite donné autour des désormais célèbres plats de jambon des soirées Espagnolas à Paris.

Autant dire qu'il n'y aura pas de place pour tout le monde ! Pour ce qui est du jambon, du récital et de la chance de rencontrer Maribel Verdú, on ne peut rien faire pour les malchanceux qui resteront à la porte. Mais pour ce qui est du film, il sera heureusement possible de le rattraper sur grand écran dès sa sortie française le 23 janvier prochain.

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Lundi 17 décembre 2012
Majestic Passy (18 rue de Passy - 75016 Paris)
Informations sur le site de la manifestation

Cinespana 2012 / Espagnolas à Paris : avant-première du captivant « N’aie pas peur »

Posté par MpM, le 6 octobre 2012

N'aie pas peurDeux rendez-vous incontournables du cinéma espagnol, Espagnolas en paris et le festival Cinespana de Toulouse, avaient choisi cette semaine de présenter en avant première le film N'aie pas peur de Montxo Armendariz qui sortira sur nos écrans le 31 octobre prochain. Une œuvre forte et violente qui aborde frontale ment la question de l'inceste et surtout la difficulté qu'éprouvent les victimes à se reconstruire après avoir subi ce type d'abus sexuels.

Très sobre formellement (puisque les scènes sexuelles entre le père et la fille sont systématiquement suggérées et non montrées), le film montre à la fois le douloureux parcours de son héroïne, de son enfance au jour où elle décide de se révolter contre son bourreau, et des témoignages poignants d'autres personnes, hommes et femmes de tous âges, qui ont également vécus l'inceste.

En cadrant Sylvia (Michelle Jenner) de près, son visage net se découpant sur un fond presque toujours flou, avec seulement des bribes de son direct nous parvenant, Montxo Armendariz isole la jeune femme du monde dans lequel elle évolue comme pour bien faire sentir qu'elle n'appartient pas à ce monde dont elle n'a pas les clefs. Quoique libre d'aller et venir, elle est comme emmurée en elle-même, privée de parole et de libre-arbitre, condamnée à se percevoir comme l'objet impuissant du désir de son père. La mise en scène acérée conduit ainsi à une impression de huis clos oppressant où le mal-être de l'héroïne donne un relief particulier à chaque parole échangée, chaque regard, chaque geste esquissé.

Car Montxo Armendariz donne à voir la réalité concrète de l'inceste : dilemme entre amour (père ambigu qui se montre prévenant et attentionné) et haine, sentiment d'incompréhension, n'aie pas peurde culpabilité et de trahison, malaises physiques, et une immense solitude qui agit comme un cercle vicieux et empêche la victime de briser le silence. La fin est d'ailleurs ouverte car le processus de "libération" est long. On ne guérit jamais complètement des plaies laissées par un inceste mais on apprend à vivre avec, semble dire le film.

Il livre ainsi une réflexion juste et sensible sur un sujet qui reste souvent tabou. Lors de la présentation du film à Espagnolas en Paris, Montxo Armendariz a d'ailleurs expliqué que cela faisait partie des raisons fondamentales qui l'avaient poussé à réaliser N'aie pas peur : "Dans notre pays et dans nos sociétés occidentales, l'inceste demeure méconnu. Les gens subissent en silence. Le cinéma leur rend leur voix, et c'est la seule manière de trouver une solution. J'ai passé du temps avec des gens qui avaient subi des violences sexuelles et j'ai vu le temps que cela leur prend pour surmonter ce traumatisme. Toutes ces personnes luttent contre un destin qui a mis leur vie par terre, et ça peut arriver à tout le monde."

Parfois, certains cinéastes se réfugient derrière un douloureux sujet de société pour réaliser un film plein de bons sentiments, et cinématographiquement pauvre. Mais dans le cas de N'aie pas peur, le cinéma est incontestablement présent, totalement au service d'un thème auquel il donne résonance et profondeur. Une œuvre maîtrisée et puissante à découvrir de toute urgence dès le 31 octobre.

Le cinéma espagnol affiche sa différence jusqu’au 21 juin

Posté par MpM, le 13 juin 2011

On ne présente plus le festival Différent ! qui met en valeur "l’autre cinéma espagnol", celui qui sort des sentiers battus et peine à se faire une place sur les écrans français. Pour sa 4e édition, la manifestation récidive avec une douzaine de films inédits en provenance de Madrid, de Catalogne, d'Andalousie, de Pays Basque et de Galice, offrant un large panorama des cultures, langues et sensibilités espagnoles.

L'idée est bien sûr de faire découvrir au public des oeuvres de qualité dans une ambiance festive, mais également de "capter l’attention des distributeurs et des professionnels français" et de les inciter à distribuer en salles les pépites présentées par le festival. Une journée professionnelle se tiendra d'ailleurs le 17 juin, au cours de laquelle les participants pourront découvrir huit projets de productions indépendantes à la recherche de nouveaux partenaires.

Côté programmation, la guerre civile espagnole plane sur la sélection. Caracremada de Lluís Galter aborde ainsi la résistance libertaire au régime franquiste, à travers les yeux du dernier guérillero actif, Ramon Vila Capdevila ; De Madrid al hielo de Bruno Lázaro Pacheco croise le destin d'un soldat canadien parti défendre la démocratie espagnole en 1937 et d'un poète espagnol ayant fui la dictature franquiste en 1968 ; Familystrip de Lluís Miñarro parle de l'Espagne marquée par le catholicisme et la Guerre Civile... Mais des thématiques sociétales particulièrement actuelles comme l'homosexualité, la folie ou la famille sont également abordées par des films comme Las dos vidas des Andrés Rabadán de Ventura Durall ou 80 egunean de Jon Garaño et Jose Mari Goenaga.

Enfin, un hommage sera rendu, en sa présence, à Emilio Gutiérrez Caba, acteur de cinéma et de théâtre que l'on a notamment vu chez Carlos Saura, Mario Camus et Alex de la Iglesia. L'occasion de découvrir notamment Lo más importante de la vida es de no haber muerto de OPALMA primé à Toulouse et Solothurn. Un "clin d'oeil complice" mettra également en avant le producteur Lluís Miñarro, désormais célèbre pour avoir produit la palme d'or 2010, Oncle Boonmee de Apichatpong Weerasethakul.

Comme tous les ans, cette grande fête du cinéma espagnol s'achèvera en musique, lors de la nuit la plus courte de l'année, avec le concert "Espagnolas en la intimidad", qui réunira María de Medeiros, Blanca Li, Miguel-Ange, Ramón Arroyo et bien d'autres. Un incontournable rendez-vous ouvert à tous, qui se tiendra au cinéma le Chaplin dès 22h30 le soirt de la fête de la musique.

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Différent 4!
L’autre cinéma espagnol
Du 15 au 21 juin 2011
Cinémas Chaplin, Majestic Passy, Nouveau Latina et auditorium de l’Instituto Cervantes

Programme et informations sur le site de la manifestation