Hommage à José Maria Riba lors de la dernière soirée Espagnolas en Paris

Posté par MpM, le 28 septembre 2020

Il était la pierre angulaire de l'association Espagnolas en Paris, créée il y a 12 ans pour montrer aux cinéphiles de la capitale un « autre » cinéma espagnol et latino-américain. José Maria Riba, par ailleurs journaliste et sélectionneur, nous a quittés le 2 mai dernier. "Sans lui il nous sera difficile, voire même impossible, de continuer à faire vivre cette association car cette magnifique aventure n’aurait pas pu voir le jour, avec nos modestes moyens, sans l’initiative, la passion, l’énergie et le caractère têtu de notre « chef » de bande", déclare Laura del Sol, présidente de l'association. "José incarnait le cœur et l’âme de cette association, notre colonne vertébrale. Oui, José était "Dífferent" !"

Malgré tout, Espagnolas en Paris investit le Majestic Passy le 5 octobre prochain pour une dernière soirée consacrée à José Maria Riba, et à ce cinéma qu'il aimait. On y découvrira en avant-première Une vie secrète de Aitor Arregi, Jon Garaño et José Mari Goenaga (sortie nationale le 28 octobre 2020) ainsi que la version courte du film hommage conçu par la cinéaste mexicaine Lila Avilés (La camarista) : José María Riba, un agradecimiento por siempre dont la version intégrale réunit plus de 50 témoignages de cinéastes, acteurs et professionnels du monde entier.

L'occasion de se souvenir de celui qui, inlassablement, a œuvré pour aider et faire connaître le cinéma espagnol et latino-américain en France. D'abord journaliste à RFI, puis à l'AFP, José Maria Riba a fait partie pendant près de 30 ans de l'équipe de sélection du Festival de San Sebastian. Egalement sélectionneur pour la Semaine de la Critique du Festival de Cannes, il en fut le Délégué général en 2000 et 2001. C'est ainsi lui qui a découvert et sélectionné, entre autres, les premiers longs métrages des Mexicains Guillermo del Toro (Cronos) et Alejandro González Iñárritu (Amours chiennes), ou de l'Espagnol Cesc Gay (Krampack). Par la suite, il a été pendant plusieurs années le consultant privilégié de Thierry Frémaux, Délégué général du Festival de Cannes et d'Edouard Waintrop, Délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs, en matière de films espagnols et latino-américains.

Il a également créé en 2008 le festival Différent! consacré à l' "autre cinéma espagnol", rejoint en 2012 le comité de sélection du Prix Jean Vigo, avant de devenir en 2016 le Délégué générale de la cérémonie des Lumières de la presse internationale... Passionné, et passionnant, il n'a cessé de porter haut les couleurs du cinéma, espagnol et latino-américain bien sûr, et plus généralement d'un cinéma souvent "différent", méconnu, parfois à la marge, dont il s'était fait le chantre, et auquel il manquera.

Mon Premier Festival 2019 : une ouverture élégante et ironique avec Le Voyage du prince de Jean-François Laguionie

Posté par MpM, le 28 octobre 2019

Les nombreux enfants présents lors de l'ouverture de la 15e édition de Mon Premier Festival n'en avaient pas forcément conscience, mais c'est un beau cadeau que leur avait réservé la manifestation en invitant Jean-François Laguionie à présenter son nouveau film, Le Voyage du Prince, co-réalisé avec Xavier Picard. Peu savaient sans doute que le réalisateur, qui s'est adressé à la salle avec chaleur et simplicité, est l'un des plus grands auteurs de cinéma d'animation vivants, et qu'on lui doit une oeuvre riche et éclectique de longs et de courts métrages élégants, poétiques, délicats et intelligents. De Gwen (ressorti récemment) à Louise en Hiver, en passant par Le Tableau, sa filmographie fait la part belle à l'imaginaire, à la mélancolie et à des réflexions douces-amères sur le temps qui passe, sans oublier un regard distancié, quand ce n'est pas ironique, sur les travers de l'être humain.

Le voyage du Prince, qui est plus un spin-off qu'une suite de son Château des singes sorti en 1999, reprend le personnage du Prince, et le fait échouer seul et blessé sur un rivage inconnu, de l'autre côté de la mer. Recueilli par des scientifiques chevronnés qui en font leur objet d'études, il découvre une autre civilisation, plus avancée technologiquement que la sienne, mais basée sur une organisation quasi militaire, des injonctions à (sur)consommer en permanence, et une peur auto-entretenue. Le réalisateur réunit ainsi ses thèmes de prédilection dans un récit qui n'en est pas moins romanesque et souvent malicieux.

Son personnage principal, malgré, ou peut-être en raison de son âge, ne s'embarrasse guère de formalités, et joue quelques tours amusants à ses hôtes, dont il vient troubler la vie paisible. Il remet également en cause les croyances de cette société repliée sur elle-même jusqu'à l'immobilisme, et qui préfère nier l'évidence plutôt que se laisser bousculer par la nouveauté ou l'inconnu. Les Académiciens affirment sans trembler leur "supériorité morale" face un étranger qui ne peut être que "brutal et primitif", et toutes les preuves apportées ne sauraient avoir raison de leurs certitudes confortables. Jean-François Laguionie s'en donne ainsi à coeur joie lors de la scène éloquente de la présentation à l'Académie, dans laquelle l'ironie infuse dans chaque ligne de dialogue.

Il est alors facile de dresser des correspondances entre le monde où atterrit le Prince et le nôtre, dans lequel les étrangers, les naufragés, et globalement tout ce qui est un tant soit peu différent est considéré avec méfiance et angoisse, quand ce n'est pas avec haine. Ce sous-texte politique échappera vraisemblablement aux plus jeunes (le film est conseillé à partir de 7 ans), mais ils y trouveront autre chose, à commencer par une belle histoire d'amitié (entre le Prince et Tom, l'écolier qui le sauve) et d'aventure (lors de l'escapade à la "fête de la peur", ou dans la dernière partie qui conduit les personnages loin de la ville), beaucoup d'humour, et des décors souvent spectaculaires, qu'il s'agisse de la nature sauvage ou des deux cités que visite le Prince. Les enfants sont également tout à fait capables d'éprouver à leur échelle la notion centrale de rejet et d'injustice, qui peut malheureusement leur être déjà familière, ainsi que l'antagonisme entre la ville industrielle grandiose et la forêt qui tente de reprendre ses droits.

C'est aussi la grande beauté du film : s'adresser à tous les spectateurs avec des niveaux de lecture adaptés, et ne jamais douter de leur intelligence. La fin ouverte évite notamment tout angélisme, et si elle ne donne pas raison au pessimisme qui baigne tout le récit, elle laisse clairement percevoir le peu d'espoir que Jean-François Laguionie semble mettre dans ses semblables, à l'exception de ce Prince vieillissant (son double ?) qui est d'ailleurs condamné à une exploration solitaire du monde, sa curiosité et sa soif de découvertes l'excluant de fait des différentes sociétés qu'il rencontre.

Rendez-vous donc dès le 4 décembre pour découvrir au cinéma ce conte brillant qui se savoure véritablement en famille. Et pour achever de vous convaincre, voici l'avis de Raphaël, 7 ans, qui a eu la chance d'assister à la projection.

Le Résumé de Raphaël

Il était une fois, dans un village de singes : un nouvel arrivant vient d’arriver ! Le Pr Abervrach, qui cherche à être réhabilité auprès de l’académie, a une idée : il va faire un énorme rapport qu’il montrera au Maire de la ville…

L’avis de Raphaël

Ce que j’ai aimé : L’histoire ; l’arrivée du prince ; la fête de la peur ; l’escalade dans l’arbre ; la musique…
Ce que j’ai moins aimé : quand le Prince est prisonnier ; quand on lui jette des cailloux.

Cannes 2019: Sciamma, Guzman, Pariser, Dumont et Breitman en avant-première au Louxor

Posté par vincy, le 25 juin 2019

Une semaine d'avant-premières de films du Festival de Cannes 2019 et de nombreuses rencontre se tiendront au cinéma Le Louxor à Paris du 26 juin au 2 juillet.

Demandez le programme de "Cannes au Louxor":

- MERCREDI 26 JUIN - 20H / SORRY WE MISSED YOU
Ken Loach - Sélection Officielle / Compétition

- JEUDI 27 JUIN - 20H / LA CORDILLÈRE DES SONGES
Patricio Guzman - Sélection Officielle / Séance spéciale - Prix de L'œil d'or du meilleur documentaire
séance suivie d'une rencontre avec Patricio Guzman

-VENDREDI 28 JUIN - 20H / LES HIRONDELLES DE KABOUL
Zabou Breitman, Éléa Gobbé-Mévellec - Sélection officielle / Un Certain Regard
séance suivie d'une rencontre avec Zabou Breitman et Éléa Gobbé-Mévellec

- SAMEDI 29 JUIN - 16H / J'AI PERDU MON CORPS
Jérémy Clapin - Semaine de la Critique - Grand prix de la Semaine de la Critique

- 18H / ALICE ET LE MAIRE
Nicolas Pariser - Quinzaine des Réalisateurs - Label Europa Cinémas
séance suivie d'une rencontre avec Nicolas Pariser

- 20H30 / JEANNE
Bruno Dumont - Sélection Officielle / Un Certain Regard - Mention spéciale du Jury Un Certain Regard
séance présentée par Bruno Dumont

- DIMANCHE 30 JUIN - 15H / CHAMBRE 212
Christophe Honoré - Sélection Officielle / Un Certain Regard - Prix d'interprétation pour Chiara Mastroianni

- 17H / BACURAU
Kleber Mendonça Filho - Sélection Officielle / Compétition - Prix du Jury

- 20H / FIRST LOVE
Takashi Miike - Quinzaine des Réalisateurs

- LUNDI 1er JUILLET - 20H / PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU
Céline Sciamma - Sélection Officielle / Compétition - Prix du scénario
séance suivie d'une rencontre avec Céline Sciamma

- MARDI 2 JUILLET - 20H / LE TRAÎTRE
Marco Bellocchio - Sélection Officielle / Compétition

Champs-Elysées Film festival 2019: Les films, jurys, avant-premières et invités dévoilés

Posté par vincy, le 10 mai 2019

Du 18 au 25 juin, le 8e Champs-Elysées Film Festival déroulera son tapis rouge au cinéma indépendant français et américain. Les projections auront lieu dans les cinémas UGC George V, Le Balzac, PubliciCinémas, Le Lincoln et au Gaumont Marignan.

Demandez le programme.

Les avant-premières

Dragged Across Concrete de S. Craig Zahler avec Mel Gibson et Vince Vaughn ; Her Smell d'Alex Ross Perry, en présence du réalisateur, avec Elisabeth Moss et Cara Delevingne ; The Pretenders de et avec James Franco, Dennis Quaid et Juno Temple ; The Mountain : une odyssée américaine, de Rick Alverson en présence du réalisateur, avec Jeff Goldblum et Tye Sheridan ; The Old Man & The Gun de David Lowery, en présence du réalisateur, avec Robert Redford, Casey Affleck et Sissy Spacek.

Soirée d’ouverture : Yves de Benoît Forgeard, avec Doria Tillier, Philippe Katerine et William Lebghil.

Soirée de clôture : Can You Ever Forgive Me?de Marielle Heller, en première française, avec Melissa McCarthy, nommée aux Oscars pour ce rôle.

A cela s'ajoutent deux documentaires en séances spéciales: Lil'Buck Renaissance de Louis Wallecan et Océan de Océan.

Les invités

L’acteur Jeff Goldblum, la réalisatrice Debra Granik, l'acteur Kyle MacLachlan, l'acteur Christopher Walken, les réalisateurs David Lowery, Alex Ross Perry et Rick Alverson seront mis à l'honneur. Goldblum, MacLachlan et Walken auront le droit à une masterclass.

La sélection

Compétition américaine: Chained for Life d'Aaron Schimber ; Fourteen de Dan Sallitt ; Lost Holiday de Michael et Thomas Mattews ; Pahokee de Ivete Liucas et Patrick Bresnan (documentaire) ; Saint-Frances d'Alex Thompson ; The World is Full of Secrets de Graham Swon

Compétition française: Braquer Poitiers de Claude Schmitz ; Daniel fait face de Marine Atlan ; Frères d'arme de Sylvain Labrosse ; L'angle mort de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic ; Siblings d'Audrey Gordon (documentaire) ; Vif-argent de Stéphane Batut

Les jurys

Pour les longs métrages, le jury sera présidé par Stéphane Brizé, entouré de Jeanne Added, Danielle Arbid, Yoann Bourgeois, Clotilde Hesme, Grégoire Ludig et Océan.

Le jury du Prix de la Critique dont le jury sera composé des journalistes Sarah Drouhaud, Romain Burrel et Sylvestre Picard. S

Le jury courts métrages sera présidé par Valérie Donzelli, accompagnée de Galatea Bellugi, Thomas Scimeca, Christophe Taudière, et Virgil Vernier.

Pour les pros

Les Journées professionnelles US IN PROGRESS – « The heart of Paris beats for film industry » auront lieu du 19 au 21 juin et présentera aux professionnels venus de l'Europe entière six films in progress qui seront soumis à un jury professionnel, composé de la distributrice Cécile Salin (Diaphana), de la productrice Gabrielle Dumon (The Bureau), du producteur et exploitant Nathanaël Karmitz (MK2), du journaliste et producteur Scott Macaulay (Filmmaker Magazine) et de Sophie Frilley (TitraFilm).

Reprise US

La troisième édition de cette tournée outre Atlantique se tiendra en octobre 2019 dans un minimum de six villes américaines (Los Angeles, San Francisco, Portland, Austin, Minneapolis et Chicago) où seront présentés les courts et les longs métrages français en avant-première dans chaque ville.

The white crow de Ralph Fiennes en avant-première dans le cadre de la 19e édition de l’Industrie du Rêve

Posté par MpM, le 27 janvier 2019

Pour sa 19e édition ce lundi 28 janvier, l'événement L’Industrie du Rêve poursuit sa mission de mettre en lumière les métiers du cinéma, et élargit sa réflexion au rôle qu’occupe la France et sa fameuse « French Touch » dans la production et la fabrication de films étrangers.

Plusieurs tables rondes permettront ainsi de réfléchir plus particulièrement aux liens et échanges cinématographiques possibles entre la France et la Grande Bretagne. Une rencontre exceptionnelle avec Charlotte Rampling, animée par l'incontournable critique de cinéma Michel Ciment, donnera l'occasion à la comédienne de revenir sur l'ensemble de sa carrière.

Enfin, une dernière table ronde intitulée "Travailler les uns avec les autres" offrira un retour d'expérience autour du tournage du troisième long métrage de Ralph Fiennes, The white crow, qui sera projeté en avant-première le soir même à 20h.

Le film, qui s'intéresse à une partie spectaculaire de la vie de Rudolf Noureev, à savoir sa fuite vers l’Occident en 1962, au plus fort de la guerre froide, réunit notamment le danseur russe Oleg Ivenko, Ralph Fiennes lui-même ainsi que les comédiens français Adèle Exarchopoulos, Laurent Lafitte et Raphaël Personnaz. Pour le moment, aucune date de sortie n'a encore été annoncée.

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L'Industrie du rêve
Lundi 28 janvier
Club de l'étoile - 14 rue troyon 75017 Paris

Informations sur le site de la manifestation

Cannes 2018 : Thierry Frémaux impose son style

Posté par wyzman, le 23 mars 2018

A l'approche de la 71e édition du Festival de Cannes, son délégué général, Thierry Frémaux, s'est entretenu avec nos confrères du Film français. L'occasion pour lui de mettre les point sur les "i" après une édition anniversaire qui était malheureusement en demi-teinte. Marquée par ce que l'on appelle communément l'affaire Netflix, Cannes 2017 semblait en effet être un terrain d'affrontement entre les organisateurs du festival et les studios de production et les distributeurs. Voici la liste des mesures entreprises par Thierry Frémaux concernant Cannes 2018 :

  • La fin du selfie : afin de fluidifier la montée des marches, le délégué général du Festival de Cannes l'a annoncé, "les selfies seront interdits pour les spectateurs sur le tapis rouge". Il précise : "Nous avons décidé avec Pierre Lescure de carrément les prohiber. En haut du tapis rouge, la trivialité et le ralentissement provoqués par le désordre intempestif créé par la pratique des selfies nuit à la qualité de la montée des marches. Et donc au Festival tout entier." Une initiative qui devrait ravir les photographes présents sur place mais laisser un goût amer aux anonymes souhaitant immortaliser leur passage sur la Croisette.
  • Plus d'avant-première pour la presse : afin de "redonner toute leur attractivité et tout leur éclat aux soirées de gala", le festival se passera désormais des projections réservées aux journalistes et programmées le matin. En effet, pour s'assurer que "le suspense sera total" au moment des projections publiques, Thierry Frémaux a choisi de modifier complètement la manière dont la presse devra travailler. Les projections presse auront donc lieu le jour même de la montée des marches par l'équipe du film (ou le lendemain matin si le film en question est projeté à 22 heures).
  • Netflix perd sa place en compétition : marqué par le scandale lié à Okja et The Meyerowitz Stories, Thierry Frémaux assure regretter que les deux films se soient "perdus dans les algorithmes de Netflix et n'appartiennent pas à la mémoire cinéphile". Voilà pourquoi un film produit et/ou distribué par Netflix en France ne pourra plus concourir à la Palme d'or. Le géant américain du streaming pourra néanmoins proposer ses films hors-compétition.
  • La place des femmes donnera lieu à une réelle réflexion : persuadé que "sur un sujet pareil, le plus grand festival du monde doit être exemplaire", Thierry Frémaux devrait rencontrer "prochainement" la secrétaire d’État Marlène Schiappa afin de s'assurer que Cannes reste le festival de prédilection des réalisatrices et actrices. Malgré ses 23% de femmes présentes en sélection officielle l'an dernier, l'événement a vu son image terni par l'affaire Harvey Weinstein et le mouvement #MeToo. Pour rappel, Cate Blanchett sera la présidente du jury de cette 71e édition qui se tiendra du mardi 8 mai au samedi 19 mai. Elle est la 12e femme à se voir confier cette fonction.

Berlin 2017: La splendeur et l’obsession selon James Gray

Posté par vincy, le 14 février 2017

On ignore pourquoi The Lost City of Z n'est pas en compétition à la Berlinale. Un manque de confiance des producteurs? Ou la volonté de Dieter Kosslick, le directeur du Festival, de ne pas écraser la concurrence avec cette œuvre épique et magnifique?

Changements de casting

Hors compétition, l'adaptation du livre de David Grann arrive enfin sur les écrans. Sept ans que le projet serpentait. En 2010, Brad Pitt confirmait qu'il allait s'embarquer dans cette aventure. Trois ans plus tard, sa société de production, Plan B, qui possède les droits d'adaptation, annonçait un changement d'acteur : Benedict Cumberbatch était désormais chargé d'incarner l'explorateur Percy Fawcett. La production se lance en fin en 2015, mais Cumberbatch n'est plus disponible, occupé à jouer les Doctor Strange. Charlie Hunnam le remplace.

Il est frappant de voir à quel point l'acteur ressemble à Brad Pitt dans ses premiers films (Et au milieu coule une rivière, Sept ans au Tibet). Même blondeur, même charme, même candeur, même fêlure.

A l'ombre des Maîtres

James Gray lui aussi a mis ses pas dans ceux de ses pairs. David Lean, Stanley Kubrick, John Huston... A chaque plan, sublimé par Darius Khondji (Fincher, Jeunet, Haneke, Allen, ...), un de leurs vieux films nous revient en mémoire. On ne boudera pas ce plaisir cinéphilique mais cela resterait un film à références plutôt qu'un film de référence.

Hors, si le cinéaste nous éblouit avec cette histoire qui mêle le portrait d'une caste anglaise, l'horreur de la première guerre mondiale et l'aventure exploratrice en terre inconnue, avec ce qu'il faut d'action, de périls mais aussi d'anthropologie et d'ouverture aux autres, c'est parce qu'il transcende d'autres confrères qui ont essayé ce genre de film. Citons Bob Rafelson avec Aux sources du Nil ou Roland Joffé avec son Mission. Plus proche de nous, on pourrait évoquer Martin Scorsese et son Silence, où une certaine pesanteur et surtout un discours unilatéral plutôt en faveur des Jésuites occidentaux nous conduisaient à avoir des réserves. James Gray a su bien mieux manier les séquences intimistes et d'autres plus contemplatives, la longue durée des multiples voyages et le sens du spectacle.

Vingt ans de quête

On se doit alors de trouver une autre filiation: le cinéaste britannique Hugh Hudson. Car avec Greystoke (1984) et Altamira (2016), plusieurs thèmes similaires (jusqu'aux débats houleux entre savants sur ces ethnies "primitives" qu'on déclassaient de l'échelle de la civilisation) se croisent dans The Lost City of Z. Là où Hudson échouait à chaque fois à flirter avec une grande œuvre faisant dialoguer la nature et l'Homme, les différences et les ressemblances, l'esprit de curiosité et le désir de conquête, James Gray y parvient.

Le spectateur pourra toujours se laisser envoûter par les décors somptueux, se laisser séduire par ce personnage hors-du-commun, prêt à tous les sacrifices pour atteindre son rêve, se laisser porter par ce récit sur vingt ans où la mort, l'amour et la vie s'entremêlent. The Lost City of Z est bien plus que cela.

Existentiel

L'obsession presque égoïste de Percy Fawcett, motivée par sa capacité à comprendre la jungle et à être humble devant ses habitants d'un autre temps, révèle à quel point un désir peut mener à une forme de folie qui faut mériter de vivre. Peu importe l'issue, c'est bien le parcours qui compte. Faire un film, peindre un tableau, composer une musique, écrire un livre suffit à rendre l'existence plus intense, et ce, même si le résultat n'est pas à la hauteur des attentes ou ne vaut aucune reconnaissance.

Le film est ainsi une glorification de l'ethnologie et de l'anthropologie, avec sa part de mystère et de mystique, où l'homme est seul face à lui-même, préférant risquer sa vie à avoir vu l'invisible plutôt que de se laisser vivre dans le confort du vécu. L'homme est pareil, partout, qu'il soit Indien ou Anglais, géographe ou soldat, pourri par les honneurs, les richesses ou sincère dans sa quête illuminatrice.

Jungle Fever

James Gray a du expurger de la violence pour des questions de classification américaine. Il a retiré du scénario les conséquences de la dernière expédition des Fawcett. Il nous laisse dans la brume tropicale de cette jungle (avec ce formidable plan de son épouse sortant de la Royal Geographical Society, par une serre, où les plantes rappellent la jungle).

Le cinéaste avait demandé à Francis Ford Coppola des conseils pour tourner dans la jungle (si le film se déroule entre la Bolivie et le Brésil, le tournage a eu lieu en Colombie): "N'y vas pas" lui a répondu le réalisateur d'Apocalypse Now, répétant ainsi le conseil que lui avait donné Roger Corman.

On ne peut-être qu'heureux de voir que Gray, comme son héros Fawcett, a désobéi. Sans doute poussé par un rêve obsessionnel et splendide qui le dépassait et dont il a su retranscrire toute la démesure. La cité d'or et de maïs est perdue, mais le réalisateur y a trouvé son plus joyau: l'inspiration.

Les Arcs 2016: un festival sous le signe de la diversité et de l’enthousiasme

Posté par vincy, le 11 décembre 2016

La 8e édition du Festival du cinéma européen des Arcs a été lancée samedi soir après un petit cocktail où le vin savoyard frappait un peu les festivaliers. La salle était remplie. Cofondateur du festival, avec Guillaume Calop, Pierre-Emmanuel Fleurantin était aux anges: "ça fait du bien d'avoir autant d'ouverture d'esprit et d'enthousiasme. Ça rend optimiste par les temps qui courent."

120 films seront présentés entre Bourg Saint-Maurice dans la vallée et les cimes savoyardes, aux Arcs 1800, 1950 et 2000. Cette année, plutôt que de faire un focus sur une cinématographie nationale, les Arcs ont privilégié les femmes cinéastes. En Europe, un film sur cinq seulement est réalisé par une femme. "Aux Arcs, cette statistique nous heure, nous questionne, comme un cailloux dans une chaussure" explique la responsable des RP, Fabienne Silvestre-Bertoncini, appelant tous les festivaliers à se "mobiliser pour faire changer les choses."

Le président Claude Duty animait la soirée d'ouverture et a présenté le jury, présidé par Radu Mihaileanu qui a "félicité la diversité et la beauté de l'expression en Europe".

De la diversité et de la beauté humaine, il y en avait dans le film d'ouverture, Patients (Step by Step pour les marchés internationaux). Réalisé par Mehdi Idir et Grand Corps Malade, librement inspiré de son roman en grande partie autobiographique, cette comédie douce-amère, tantôt drôle, tantôt dramatique, "un rollercoaster" comme le définirait Frédéric Boyer, directeur artistique du festival, est un quasi huis-clos dans un centre de rééducation pour tétra et quadriplégiques, porté par un groupe d'acteurs formidables. Le film est promis à un joli succès en salles. Gaumont le sortira le 1er mars 2017.

Isabelle Adjani au Festival du film francophone d’Angoulême avec un téléfilm pour Arte

Posté par vincy, le 22 juillet 2016

Elle est toujours aussi rare. Son nom ne dit plus grand chose à ceux qui sont nés après les années 1990. Mais une chose est certaine, Isabelle Adjani reste une star. Elle signera son énième retour (voir encadré) sur les écrans avec Carole Matthieu, un thriller social de Louis-Julien Petit.

Le réalisateur de Discount, film révélé au festival de film francophone d'Angoulême (Prix du public), signe ici un téléfilm. Adjani cherchait un réalisateur pour l'adaptation des Visages écrasés, le roman noir de Marin Ledun sur les conséquences dramatiques d'un management écrasant dans une entreprise de télécommunications (cela rappelle forcément la vague de suicides chez France Telecom). En voyant Discount, elle n'a pas hésité à contacter Louis-Julien Petit.

Médecin du travail dans une entreprise aux techniques managériales écrasantes, Carole Matthieu tente en vain d’alerter sa hiérarchie des conséquences de telles pratiques sur les employés. Lorsque l’un d’eux la supplie de l’aider à en finir, Carole réalise que c’est peut-être son seul moyen de forcer les dirigeants à revoir leurs méthodes.

Des comédiens de Discount - Corinne Masiero, Pablo Pauly, Sarah Suco - donnent la réplique à Isabelle Adjani.

Le film, produit par Elemiah Films, sera présenté hors-compétition le 25 août, puis sera présenté au Festival de la fiction de La Rochelle, avant d'être diffusé sur Arte. Et si le succès d'audience est au rendez-vous, le film pourrait connaître une deuxième vie mais en salles. C'est ce qui était arrivé avec La journée de la jupe (avec Adjani, en 2009), dont le carton d'audience historique sur Arte, avait permis une sortie au cinéma (et au final donné un César à l'actrice).

Le 9e Festival du film francophone d’Angoulême se tiendra du 23 au 28 août. Le jury sera coprésidé par Gilles Jacob et Virginie Efira (et composé de Danielle Arbid, Thierry Chèze, Sophie Desmarais, Nicolas Dumont, David Foenkinos, Salim Kechiouche). Outre un hommage au Liban, une rétrospective des Films du Losange et un focus sur la carrière de Catherine Corsini, la manifestation s’ouvrira sur L’odyssée de Jérôme Salle et se clôturera sur Le fils de Jean de Philippe Lioret.

La carrière d'Adjani a commencé il y a 46 ans. Primée partout, attirant dans les salles un large public avec des films plus tragiques et dramatiques que comiques, elle avait commencé à s'absenter après Camille Claudel en 1988. On ne la revoit que cinq ans plus tard dans Toxic Affair, flop magistral, compensé par le gros succès de La Reine Margot l'année suivante, qui sera aussi son dernier grand rôle. Un passage face à Sharon Stone (Diabolique), un caméo dans Paparazzi, et il faut attendre 2002 pour la revoir au cinéma.
Deuxième trou d'air, donc. Hélas avec La Repentie, elle subit un échec cuisant. Mais comme toujours, elle trouve un peu d'oxygène avec des cinéastes plus expérimentés : Benoît Jacquot (Adolphe) et Jean-Paul Rappeneau (Bon voyage). Sans atteindre ses box office d'antan, au moins sa réputation de grande comédienne est intacte. On est alors en 2003. On ne la revoit plus avant 2009!
Elle revient dans un téléfilm, La journée de la jupe, gros succès d'audience et un César pour elle, en plus de refaire face à Depardieu dans un rôle décalé chez Delépine et Kervern, dans le culte Mammuth. Et en prêtant sa voix à la méchante mère de Raiponce, on croit enfin à son grand retour. Que nenni: elle enchaîne quelques rôles dans des fiascos (notamment le joli David et Madame Hansen où elle semble se caricaturer avec une subtilité et un second degré rare).
Heureusement, Audrey Dana la convainc de faire partie de l'aventure de la chorale féminine dans Sous les jupes des filles, joli succès en salles où elle n'est qu'un second rôle (sans doute pour oublier qu'elle a loupé 8 femmes de Ozon). Car Adjani a refusé beaucoup de films, n'en a fait qu'à sa tête. Et cela fait plus de vingt ans que sa carrière est aussi errante qu'elle. Mais à chaque fois, on espère qu'elle va se remettre sur de bons rails...

Festival 2 Valenciennes : Leena Yadav triomphe, Mia Hansen-Løve déçoit et Emma Watson épate

Posté par wyzman, le 18 mars 2016

Alors que la compétition côté fictions bat désormais son plein au festival 2 Valenciennes, certains films commencent à sérieusement se distinguer. On pense notamment à l'exceptionnel La Saison des femmes qui a ravi public et critiques hier soir.

Introduit par Linda Hardy et en présence de sa réalisatrice (Leena Yaday), le film n'a pas manqué de marquer les esprits. En effet, La Saison des femmes raconte comment, dans un petit village indien, quatre femmes tentent de s'opposer aux hommes et aux traditions qui les asservissent. Film féministe certes, c'est avant tout un film engagé que l'on vous recommande vivement (confirmant d'ailleurs l'émergence d'un cinéma indien "mainstream" hors Bollywood). Dur et parfois tragique, le résultat final a plus que conquis notre cœur - sans même parler de celui des centaines de spectateurs présents. Parce que les personnages veulent changer la donne et être libres, La Saison des femmes a tout de l'ode à l'espoir. Et bon sang c'que ça fait du bien ! Pour rappel, le film sort le 20 avril dans nos salles et ce sera à ne surtout pas manquer !

Un peu comme Tout pour être heureux dont nous vous parlions hier et qui n'a pas manqué de faire son petit effet auprès du public valenciennois ! Son réalisateur, Cyril Gelblat, s'est même livré à quelques confidences savoureuses mais nous y reviendrons plus tard. A l'inverse, le nouveau film de Mia Hansen-Løve, L'Avenir, a peiné à convaincre. Et cela, qu'il s'agisse du public comme de la critique. Oui, le film est porté par une Isabelle Huppert formidable. Oui, le film a la chance d'être sublimé de manière quasi érotique par Romain Kolinka. Mais ça s'arrête là. En narrant les péripéties d'une prof de philosophie proche de la retraite, la réalisatrice d'Eden - prix de la mise en scène à la dernière Berlinale - surprend autant qu'elle ennuie. En ressortent tout de même des plans magnifiques et l'envie de partir dans le Vercors, à l'instar du duo principal.

Et en parlant de duo, force est de reconnaître que l'association Emma "Hermione" Watson/Daniel Brühl fonctionne à merveille dans le Colonia de Florian Gallenberger. On en redemanderait aussitôt le film terminé. Dans le Chili de Pinochet, le couple tente de mettre un terme aux agissements d'une secte et de son gourou, incarné par le magnétique Michael Nyqvist. Match il y a et c'est un véritable bonheur. Ce thriller historique n'a pas encore de date de sortie, mais il ne fait aucun doute qu'après son passage aux Festival 2 Valenciennes, ce petit contretemps devrait se résoudre. C'est tout ce qu'on peut lui souhaiter !