Les Gardiens de la Galaxie 3 : Disney ne devrait pas réembaucher James Gunn

Posté par wyzman, le 2 août 2018

Voilà maintenant près de deux semaines que les fans des Gardiens de la Galaxie retiennent leur souffle : après que des blogueurs conservateurs américains ont fait remonter d'anciens tweets de James Gunn, Disney a tout simplement décidé de renvoyer le scénariste. Il ne réalisera pas Les Gardiens de la Galaxie, Vol. 3.

Scandale politique

Lors du dernier Comic-Con, Warner Bros. a tout donné. Côté séries, l'entreprise américaine a joué des coudes pour être le centre d'attention des médias, annonçant l'arrivée prochaine sur The CW de Batwoman, une série centrée sur l'héroïne lesbienne. Et si côté cinéma, le studio a pu compter sur les panels d'Aquaman, Shazam! ou encore Les Animaux fantastiques 2, c'est finalement de Disney dont on a le plus parler. En effet, durant l'événement annuel le plus important des fans de pop culture, le géant de l'entertainment a tout simplement décidé de virer James Gunn, le co-scénariste et réalisateur des deux premiers Gardiens de la Galaxie.

Mais pourquoi cela ? La raison est simple. Des blogueurs conservateurs pro-Trump (dont l'adepte des théories du complot Mike Cernovich) ont fait remonter d'anciens tweets du réalisateur. Ces tweets, particulièrement nauséabondes dataient parfois de 10 ans. The Verge les a compilés pour l'occasion. Sans doute écrits avec un humour loin de faire l'unanimité, on peut lire sur certains : "La meilleure chose à propos d'être violé, c'est quand vous avez fini d'être violé et vous êtes en mode 'Ca sent bon de ne plus être violé !'" ou encore "Je fais une grande adaptation hollywoodienne de L'Arbre généreux avec une fin heureuse - l'arbre repousse et fait une fellation à l'enfant." Plus qu’inappropriés, d'autres tweets du même acabit mentionnaient le Sida, l'Holocauste ou encore le 11 septembre. Bref, des sujets particulièrement sensibles pour l'opinion publique américaine. Et d'autant plus pour Disney, une entreprise bâtie sur le thème de la famille et dont les valeurs morales peuvent différer des autres studios.

Pour certains, Disney a tout simplement été piégé par la droite conservatrice américaine. Après avoir rédigé un billet de blog intitulé "Les 50 super-héros avec lesquels tu aurais le plus envie de baiser", James Gunn avait dû présenter des excuses publiques. Nous étions fin 2012 et le réalisateur avait écrit dans ledit billet qu'il était possible de "transformer" Batwoman en hétérosexuelle et que Batgirl était une fille "facile". L'ayant déjà placé aux commandes Gardiens de la Galaxie, Disney a choisi de croire qu'il avait changé (comme le reste du casting) mais s'est retrouvé malgré tout sous le feu des critiques au cours des deux dernières semaines.

Le casting s'engage

Poussé par les fans et des membres du tournage, les acteurs principaux des Gardiens de la Galaxie (Chris Pratt, Zoe Saldana, Vin Diesel, Dave Bautista, Karen GillanBradley Cooper, Sean Gunn, Michael Rooker et Pom Klementieff) ont rédigé une lettre ouverte appelant Disney à revenir sur sa décision. Disponible sur les réseaux sociaux, la lettre a obtenu plus de 2 millions de likes. A côté, une pétition a été lancée par les internautes. Au moment où nous écrivons ces lignes, celle-ci a recueilli plus de 362.000 signatures. Un joli score qui ne semble pas faire de différence puisque Disney et Marvel semblent bien partis pour camper sur leur position : ne pas réembaucher James Gunn. Un pari risqué dès lors que l'on sait que James Gunn est l'âme des Gardiens de la Galaxie.

C'est en effet lui qui a su insuffler aux personnages de la saga le grain de folie qui les rend si attrayants aux yeux d'un public qui, pour la grande majorité, n'en avait jamais entendus parler avant 2014. Si le casting semble pour le moment uni du côté du réalisateur, les acteurs ont malheureusement les mains liées. En effet, le casting principal est d'ores et déjà sous contrat avec Disney et Marvel pour Les Gardiens de la Galaxie, Vol. 3. Tout manquement à l'appel au moment du début du tournage se solderait pas des poursuites judiciaires aux conséquences désastreuses pour la carrière de chacun et chacune.

La direction ne lâche rien

Selon les informations recueillies par Variety, Disney ne semble pas prêt à revoir sa décision concernant James Gunn. S'il se murmure depuis quelques jours que l'entreprise chercherait un remplaçant au réalisateur, le futur ou la future chanceux.se ne devrait pas être u.e habitué.e du studio. En effet, Jon Favreau (Iron Man), Taika Waititi (Thor: Ragnarok) et les frères Russo (Avengers : Infinity War) sont d'ores et déjà engagés sur d'autres projets et ne pourront pas prendre part aux Gardiens de la Galaxie, Vol. 3 si la phase de production débute bien au cours du premier semestre 2019. De plus, il convient de rappeler que le renvoi de James Gunn a été approuvé par Alan Horn, le président de Walt Disney Studios Entertainment. Une décision soutenue par Bob Iger, le président-directeur général de la Walt Disney Company. Si les porte-paroles n'ont pas souhaité répondre aux questions de Variety, une source proche du studio aurait tout de même déclaré au média : "Je ne vois pas Disney le réembaucher. Ces tweets étaient si horribles et Disney a un standard différent des autres studios."

Bien qu'il ait présenté des excuses publiques, James Gunn se retrouve au beau milieu d'un scandale à un très mauvais moment. Depuis le début du mouvement #MeToo et l'avalanche d'accusations de harcèlement et d'agressions sexuelles, Hollywood se voit régi par une tolérance zéro. Des personnalités telles que Harvey Weinstein, Kevin Spacey, Terry Richardson, Jeffrey Tambor, Ed Westwick, ou encore Charlie Sheen en savent quelque chose. Ils ont été blacklistés de l'usine à rêves et leurs projets mis de côté. A moins d'un miracle, on voit donc difficilement comment James Gunn pourrait réintégrer l'équipe des Gardiens de la Galaxie ou retrouver du travail chez Disney prochainement...

3 raisons d’aller voir Le procès du siècle

Posté par vincy, le 26 avril 2017

Deborah Lipstadt, historienne et auteure reconnue, défend farouchement  la mémoire de l’Holocauste. Mais un universitaire extrémiste, David Irving, avocat de thèses controversées sur le régime nazi, la met au défi de prouver l’existence de la Shoah. Pour lui c'est une manière d'exposer et banaliser le révisionnisme. Pour elle c'est une question de vie. Sûr de son fait, Irving assigne en justice Lipstadt, qui se retrouve dans la situation aberrante de devoir prouver l’existence des chambres à gaz. Comment, en restant dans les limites du droit, faire face à un négationniste prêt à toutes les bassesses pour obtenir gain de cause, et l’empêcher de profiter de cette tribune pour propager ses théories nauséabondes ?

Un débat fondamental. Prouver que l'holocauste existe n'est pas si facile si on retire les témoignages des survivants. Pourtant, il est indéniable que ceux qui "minore" ou "doute" de la Shoah sont dans un déni total, historique, politique, scientifique. Le film propose un débat toujours essentiel, qui ne convaincra peut-être pas ceux qui croient à un complot sioniste. Pourtant, là, on nous explique par A+B comment on peut prouver l'existence d'une extermination massive des Juifs, homos, handicapés, tziganes, opposants politiques... Cela permet de rappeler à quel point l'horreur a existé, réellement. Qu'il est toujours vital de s'en rappeler. Mais, au-delà de cet angle, on retient que la visite d'Auschwitz par l'avocat interprété par Wilkinson est de loin la meilleure séquence du film: seule la honte nous envahit en contemplant ce camp de la mort.

Un quatuor parfait. Rachel Weisz n'a plus à nous convaincre de son talent, même dans un film "classique". On comprend que le personnage de cette justicière dans l'âme obligée de se taire l'ait séduite. L'actrice s'impose naturellement à l'écran comme la star autour de laquelle tourne trois astres: son opposant, l'affreux pro-Nazi incarné par un Timothy Spall au sommet de l'ambiguïté, passant du père aimable au détestable négationniste, de l'employeur a priori non raciste au populiste le plus xénophobe ; Andrew Scott hérite du rôle le plus discret, celui de l'avocat travailleur, mais c'ets aussi le lien entre tous, capable de perdre son flegme britannique tout en ayant un humour froid ; enfin, l'avocat orateur, celui qui va croiser le fer dans l'arène, est joué par un Tom Wilkinson impeccable, malaxant chaque relief de la personnalité colorée de son rôle, et qui, finalement s'avère être le véritable astre solaire du groupe.

Un film pédagogique. Mick Jackson, 74 ans, n'a pas beaucoup tourné pour le cinéma. Le réalisateur ne s'embarasse pas d'ailleurs d'une quelconque mise en scène originale, préférant l'efficacité (quitte à être didactique). De la part du cinéaste auteur du charmant Los Angeles Story (L.A. Story), du lourd mais très profitable Bodyguard (The Bodyguard) ou de la série B catastrophe Volcano, il ne fallait pas forcément s'attendre à autre chose. Pourtant, on peut reconnaître au film une vertu: sa pédagogie. Pas seulement sur la Shoah, mais aussi sur le fonctionnement du négationnisme, du populisme, et de la justice britannique. En prenant le spectateur pour un apprenant intelligent, Le procès du siècle réussit à être intéressant et instructif.

Vous ne connaissez pas le Dr Viktor Frankl?

Posté par vincy, le 24 août 2016

Un biopic sur Viktor Frankl est en cours de développement par les producteurs de Hands of Stone (avec Robert De Niro et Edgar Ramirez), présenté à Cannes en séance spéciale. Qui est Viktor Frankl, nous direz-vous?

Viktor Emil Frankl est né à Vienne le 26 mars 1905 et mort dans sa ville le 2 septembre 1997. C'est un professeur autrichien de neurologie et de psychiatrie, à l'origine d'une nouvelle thérapie, la logothérapie, qui prend en compte le besoin de « sens » et la dimension spirituelle de la personne. Il a écrit une trentaine de livres sur le sujet.

Mais Viktor Frankl est aussi un survivant de la Shoah. Précoce (il correspond avec Sigmund Freud à l'âge de 15 ans, donne sa première conférence un an plus tard sur le thème « À propos du sens de la vie »), le médecin a dirigé le pavillon des femmes suicidaires de l’hôpital psychiatrique de Vienne dans les années 1930. Lorsque l'Autriche devient nazie, il n'obéit pas aux ordres afin de ne pas euthanasier les malades mentaux. En 1942, lui et sa famille sont déportés dans le camp de concentration de Theresienstadt et en 1944 il est envoyé à Auschwitz. Il perd toute sa famille et son épouse dans les camps. C'est aussi de cette expérience qu'il tire sa théorie du sens de la vie (la logothérapie). Neurologue et psychiatre réputé mondialement, il devient l'auteur de best-sellers dans le domaine.

Voilà de quoi faire un film. The Search est scénarisé par Adam Gibgot, qui a puisé dans la correspondance entre le médecin et Jerry Long, dont les rêves avaient été brisés par un accident et qui avait su se reconstruire grâce à la méthode de Frankl. Le film devrait se concentrer sur les années qui ont suivi sa libération des Camps.

Un documentaire inédit d’Hitchcock sur les Camps de concentration va enfin être diffusé

Posté par vincy, le 11 janvier 2014

alfred hitchcockUn documentaire sur l'holocauste d'Alfred Hitchcock, réalisé en 1945, va être projeté pour la première fois, après avoir été restauré par l'Imperial War Museum. Pour des raisons politiques, jamais personne n'a pu voir ce film tel que le cinéaste l'avait voulu.

A la fin de la guerre, Hitchcock reçoit une commande singulière : on lui demande de faire le montage de prises de vues réalisées par un caméraman de l'armée britannique. Il s'agit de la libération du camp de concentration de Bergen-Belsen (Allemagne). Hitchcock s'exécute et livre un film montrant les atrocités que les Nazis ont fait subir dans le camp. Pour les Britanniques, il s'agissait de montrer ce film aux Allemands, afin de les informer et les éduquer sur les crimes commis pendant la guerre. Une arme pédagogique et politique pour qu'ils se sentent responsables.

Finalement, le film ne fut jamais diffusé. D'une part, les Britanniques ne souhaitaient plus le montrer, considérant que ce genre de films n'aiderait pas à la reconstruction après-guerre et à la réconciliation avec l'Allemagne. D'autre part, Hitchcock aurait été terrifié par les images et n'aurait pas souhaité sa projection. Le caméraman qui avait filmé les images aurait rapporté, selon The Independent, que le Maître du suspens était si traumatisé par ce qu'il voyait qu'il n'avait pas mis les pieds au studio Pinewood durant une semaine.

Cinq des six bobines furent entreposées à l'Imperial War Museum et ne furent redécouvertes que dans les années 80, après la mort du cinéaste.

En 1984, le Festival de Berlin a projeté une version incomplète du documentaire, avec une bobine en moins et une qualité d'image très médiocre. La narration avait été écrite par un politicien anglais et un journaliste australien. La voix était celle du grand acteur Trevor Howard. L'acteur venait d'être révélé au grand public avec l'un des premiers films de sa carrière, Brève rencontre de David Lean. On donna un titre au documentaire, Memory of the Camps. En 1985, le réseau télévisé public américain, PBS, le montra dans sa version berlinoise.

30 ans plus tard, le public va pouvoir découvrir le film intégral, avec une copie restaurée numériquement. Il sera diffusé sur la BBC en 2015, à l'occasion de la célébration de la fin de la seconde guerre mondiale. D'ici là, il devrait faire le tour des festivals de Cinéma, et pourquoi pas l'objet d'une sortie en salles dans plusieurs pays.

De l'avis de ceux qui l'ont vu, les images sont choquantes et le film horriblement dérangeant. La mémoire et la vérité historiques ne souffrent d'aucun compromis. Ouvrir les yeux plutôt que de se mettre des oeillères. Ce testament "politique" d'Hitchcock devrait faire l'événement dans les prochains mois.

Sean Penn et un film à 22 millions d’euros pour Paolo Sorrentino

Posté par vincy, le 15 juillet 2010

This must be the place. Paolo Sorrentino (Les conséquences de l'amour, Il Divo, tous deux présentés à Cannes) passe à la dimension supérieure pour son cinquième long métrage. Un casting hollywoodien oscarisé - Sean Penn et Frances McDormand - et un budget de 22 millions d'euros en font l'un des films italiens les plus chers et les plus singuliers de ces dernières années. Il a fallut réunir les fonds auprès de deux groupes, la société de production Medusa et la banque Intesa Sao Paolo, avec différents partenaires (dont le français ARP sélection). C'est la première fois que cette banque investit dans le cinéma (2,5 millions d'euros), profitant ainsi de la récente loi sur les crédits d'impôts externes, qui accorde des facilités fiscales aux entreprises non-cinématographiques investissant dans le cinéma.

L'histoire  tourne autour d'une rockstar à la retraite chassant un criminel nazi qui a ordonné la mort de son père dans un camp de concentration. Penn incarne ce traqueur, tandis que McDormand joue sa femme. A noter que la bande originale du film sera composée par David Byrne.

Le tournage débutera à Dublin (Irlande) le 16 août, avant de s'envoler aux Etats-Unis pour sept semaines. Envisageable pour Cannes 2011.

Sorrentino a d'ailleurs rencontré Penn lors du Festival 2008. Sean Penn était Président du jury, Paolo Sorrentino était en compétition pour Il Divo (repartant d'ailleurs avec le prix du jury). L'acteur avait expressément signalé au réalisateur qu'il voulait travailler avec lui. "Contrairement à mes autres films, celui-ci est solaire, ouvert, et tourne autour d'un personnage porteur de joie", annonce le réalisateur. "Le film suivra deux pistes : la comédie échevelée et le portrait intime d'un rapport père-fils à reconstruire sur fond d'holocauste".

Exposition « Filmer les camps »: l’Histoire capturée par le 7ème art.

Posté par Benjamin, le 28 février 2010

samuel fullerDu 10 mars au 31 août prochain, le Mémorial de la Shoah propose une exposition intitulée « Filmer les camps ». Une exposition qui se focalisera notamment sur les travaux, sur les images de trois grands cinéastes américains, George Stevens (réalisateur des comédies musicales avec Fred Astaire et Ginger Rogers), Samuel Fuller (réalisateur de polars nerveux et sociétales, en photo) et John Ford qu’il est inutile de présenter. Trois hommes qui ont porté leurs caméras sur les différents théâtres d’opération de la Seconde Guerre mondiale : l’Afrique du Nord, le débarquement de Normandie, la bataille du Midway (où John Ford perdit son œil) et bien entendu, les camps de travail et de concentration (ceux de Dachau et de Falkenau notamment).

Cette exposition, bien qu’elle porte sur une période de l’Histoire tristement célèbre, est une occasion de s’interroger sur le rôle du cinéma dans l’Histoire et sur l’importance de l’Histoire dans notre société. Un débat, une réflexion qui peut être relancée également avec la sortie prochaine de La rafle, film français avec Jean Reno et Gad Elmaleh qui retrace lesépisodes qui ont conduit des français judaïques du stade du Vel’ d’Hiv’ aux camps de concentration, à l’heure où le débat sur l’identité nationale est au cœur de l’actualité. Un film de fiction qui refait « vivre » un tragique évènement de notre Histoire (l’occasion de confronter – si on le désire - le rôle des fictions et des documentaires lorsqu’il s’agit de toucher à l’Histoire, tout en écartant les films comme 10 000 d’Emmerich qui place les pyramides en 10 000 av. J.C…)

Que peut alors apporter le cinéma à l’Histoire ? Quel pouvoir ont ces images qu’ils nous livrent ? A-t-il un rôle à jouer dans l’Histoire ?

Il ne faut pas perdre de vue que ces images témoignent également d’une évolution majeure. En effet, avec la Seconde Guerre mondiale, ce sont avec les soldats de nombreuses caméras qui débarquent sur les différents lieux du conflit et qui suivent les combats au plus près du danger. Certes, la télévision n’est pas encore là pour reléguer massivement les images aux citoyens comme ce sera le cas avec le Vietnam, mais c’est ici le cinéma qui se pose en acteur du conflit avec des hommes qui risquent leur vie pour capturer des images précieuses. Des images d’autant plus importantes que la Seconde Guerre mondiale est un véritable cap dans l’Histoire de l’humanité où l’horreur a atteint un pic relégué par les témoignages des survivants et des images qui mettent devant le fait accompli les plus sceptiques.

Une exposition, un rendez-vous donc qui semble incontournable au Mémorial de la Shoah parce que ces images (pour la plupart inédites !) témoignent d’un pan unique de notre Histoire. Des films qui maintiennent intact la mémoire qui est certainement notre bien le plus précieux pour avancer…

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Site internet et informations sur le Mémorial de la Shoah

17 rue Geoffroy l’Asnier, 75004 Paris
FILMER LES CAMPS, JOHN FORD, SAMUEL FULLER, GEORGE STEVENS
De Hollywood à Nuremberg, exposition du 10 mars au 31 août 2010

Berlin : The Reader émeut, Kate Winslet séduit

Posté par MpM, le 7 février 2009

berlinale kate winslet ralph fiennesPour cette première journée de festival, c’est un film hors compétition qui a monopolisé toute l’attention berlinoise. Little soldier d’Annette K. Olesen (un thriller intimiste entre un père proxénète et sa fille récemment revenue de la guerre) et Ricky de François Ozon (comédie réalistico-symbolique sur une famille étrangement bouleversée par la naissance du petit dernier) ont en effet été élégamment éclipsés par le très attendu The reader (Le liseur) de Stephen Daldry. Logique pour un film cinq fois nommé aux Oscar (dont meilleur film et meilleur réalisateur) et adapté d’un best-seller, le roman éponyme de Bernhard Schlinck…

Plus encore que la présence du réalisateur ou de son interprète masculin Ralph Fiennes, la venue de Kate Winslet a littéralement électrisé la capitale allemande. L’actrice, qui interprète une ancienne gardienne de camp de concentration, rôle pour lequel elle a déjà reçu le Golden Globe du meilleur second rôle féminin, s’est retrouvée sous un feu nourri de questions allant de son rapport à la nudité à son opinion sur la manière dont on enseigne l’Holocauste aujourd’hui. Elle a expliqué s’être énormément documentée sur cette période de l’histoire afin de mieux entrer dans son personnage. "C’était très compliqué pour moi de jouer ce rôle", a-t-elle avoué. "J’ai éprouvé une grande responsabilité. Il était difficile de trouver le bon équilibre entre la honte ressentie par Hannah et la culpabilité dont elle prend conscience au moment de son procès. Pour autant, il aurait été faux de tenter de l’humaniser… même s’il fallait aussi qu’elle reste un être humain également capable de faire parfois preuve de chaleur."

L’interprétation de la comédienne est à ce titre extrêmement subtile, entre rudesse et passion, violence et douceur, monstruosité et banalité. L’Oscar pourrait facilement être au bout du chemin… Le film, lui, s’inscrit dans un surprenant retour en force des intrigues liées à la seconde guerre mondiale dans le cinéma américain : Walkyrie de Bryan Singer, Adam resurrected de Paul Shrader (présent en section parallèle), The boy in the striped pyjamas de Mark Herman, Inglorious basterds, le prochain Quention Tarantino… et même international ! Rien qu’à Berlin on découvrira quatre films ayant pour toile de fond cette période de l’histoire récente (John Rabe de Florian Gallenbreger, North face de Philipp Stolz…). La Scandinavie semble même s’être fait une spécialité des "actionners" situés pendant le conflit mondial, comme Max Manus des Norvégiens Joachim Roenning et Espen Sandberg, qui raconte l’histoire vraie d’un saboteur ayant combattu l’occupant nazi…

Immanquablement, le retour en force de ce type de films fait grincer quelques dents : faire de l’art (et de l'argent) avec un sujet tel que l’Holocauste choque encore de nombreux professionnels… et Stephen Daldry, malgré la qualité de The reader, n’a pas échappé aux remarques acerbes. Lui, pourtant, se défend d’avoir fait un film sur la Shoah. "Le sujet est l’Allemagne d’après-guerre", clame-t-il. C’est justement ce que les esprits chagrins lui reprochent : ce mélange de love story sensuelle et de récits terribles sur le fonctionnement d’Auschwitz… Pourtant, à bien y regarder, c’est le cas de la plupart des films à venir, qui ne se sentent plus obligés de témoigner sur le passé et n’éprouvent aucun malaise à utiliser la force dramatique et romanesque de ce traumatisme récent. On jugera sur pièces, mais le fait est que ces histoires ne viennent pas de nulle part : elles plaisent au public international et remplissent les salles, voire récoltent des prix. On n’a donc pas fini de voir des nazis parler anglais dans des thrillers haletants et des comédies sentimentales tragiques…