Alain Guiraudie et Noémie Lvovsky passent Noël en Auvergne

Posté par vincy, le 28 janvier 2020

Aujourd'hui commence le tournage de huit semaines du nouveau film d'Alain Guiraudie. Viens je t'emmène, produit par CG Cinéma (Charles Gillibert), a été coécrit par le réalisateur et Laurent Lunetta.

Côté casting, Noémie Lvovsky sera entourée de Jean-Charles Clichet (un fidèle de Christophe Honoré), Iliès Kadri (révélé par la série "Les sauvages"), Doria Tillier (La belle époque, Yves, Monsieur et Madame Adelman) et Renaud Reutten (actuellement à l'affiche d'Adoration).

"C’est la veille de Noël à Clermont-Ferrand. Médéric, un jeune homme d’une trentaine d’années, tombe follement amoureux d’Isadora, une prostituée qui tapine dans un hôtel du coin. Mais un attentat, survenu la nuit de leur rencontre, va plonger la ville dans un état de paranoïa collective et mettre en péril leur nouvel amour" explique le synopsis. "C'est un conte de Noël qui interroge avec une drôlerie et une incorrection jubilatoires le mythe du «vivre ensemble». Nous vivons une époque folle, complexe, inquiétante. Et la comédie est le meilleur ton que j’ai trouvé pour parler d’aujourd’hui. C’est une façon de rester positif mais aussi une façon d’évoquer nos peurs et nos fantasmes collectifs sous une forme ludique" détaille le réalisateur.

Les films du Losange, déjà distributeur des trois derniers films du cinéaste - Le roi de l'évasion, L'inconnu du lac et Rester vertical - se chargeront de la sortie en salles. Arte a annoncé son soutien à la production depuis septembre dernier. On imagine qu'il pourrait sortir à la fin de l'année.

Noémie Lvovsky sera à l'affiche cette année de La bonne épouse de Martin Provost et de Filles de joie de Frédéric Fonteyne.

Paul Otchakovsky-Laurens (1944-2018), éditeur cinéphile

Posté par vincy, le 4 janvier 2018

L'éditeur Paul Otchakovsky-Laurens, qui a publié George Pérec, Marguerite Duras ou encore Emmanuel Carrère, était aussi un homme de cinéma. Disparu accidentellement le 2 janvier à l'âge de 73 ans, P.O.L (comme le nom de sa maison d'édition) était passionné par le 7e art. Il a notamment fondé la revue Trafic suite à une rencontre avec le critique Serge Daney, qui écrivait : "Les images du cinéma sont très précieuses parce qu’elles constituent pour deux ou trois générations de par le monde une véritable archive de souvenirs, un trésor d’émotions stockées et aussi une usine à questions. Le temps est venu de se servir du cinéma pour questionner les autres images – et vice versa. Trafic veut retrouver, retracer, voire inventer les chemins qui permettent de mieux savoir, dès aujourd’hui, « comment vivre avec les images »."

Un trimestriel où cinéastes, écrivains, philosophes écrivaient sur le cinéma qui a survécu à Daney grâce au soutien de Otchakovsky-Laurens. Une collection de livres fut même déclinée. Le n°104 de la revue vient de paraître.

Il a surtout publié de nombreux écrits de Serge Daney, dont Persévérance, avec Serge Toubiana, L’exercice a été profitable, Monsieur, adapté au théâtre, l’Amateur de tennis et la Maison cinéma et le monde en quatre tomes.

Outre le romancier-scénariste-cinéaste Emmanuel Carrère (La classe de neige, L'adversaire, La moustache...), P.O.L a aussi publié des romans ou des essais d'Alain Guiraudie, Jean-Luc Godard, Werner Herzog, Abbas Kiarostami, ...

L'éditeur a aussi soutenu la revue Positif durant les années 1990 et Lettre du cinéma. Plus institutionnellement, il a présidé l’Avance sur recette du CNC entre 2011 et 2014 et continuait de présider le conseil d'administration du Festival international de cinéma de Marseille (FID).

La Présidente du CNC, Frédérique Bredin, a rendu hommage à cet "esprit intuitif" dont les livres "ont également inspiré de bien belles adaptations cinématographiques", et a souligné son apport à ce travail d'adaptation quand il a été le dirigeant de la Scelf (Société civile des éditeurs de langue française) et initié au Salon du livre de Paris les Rencontres audiovisuelles et à Cannes le rendez-vous Shoot the Book, où les éditeurs et les producteurs se croisaient pour trouver des projets de films et de téléfilms.

Le FID a adressé "un salut à cet homme immense. Immense, il l’était, dans ses affections comme dans ses engagements, et jusque dans sa modestie."

Le documentaire, Paul Otchakovsky-Laurens l'avait pratiqué avec deux films: Sablé-sur-Sarthe, Sarthe, en 2009, où il évoquait son enfance douloureuse (la mort de son père, la maladie de sa mère, l'adoption par une cousine de celle-ci, un abus sexuel) et Editeur, sorti en novembre dernier, où il filme son métier et son parcours avec un regard décalé, sa courtoisie légendaire et son humilité sincère. Paradoxalement, cet homme qui a su se révéler grâce aux mots des autres, discret et sentimental, avait su s'exposer en pleine lumière grâce à la réalisation, sans filtre, sans les phrases de ceux qu'il publiait.

[69, année érotique] Cannes 2016: La vie d’Adèle et L’inconnu du lac en 2013

Posté par cynthia, le 13 mai 2016

Gros, dur, mou, large, ouvert ou mouillé, le sexe se révèle sans pudeur depuis quelques temps et l'anatomie humaine devient un sujet abordable et traité de manière poétique, romantique, ou plus trash selon les films. En 2013, le semi-soft porno a déboulé sur la Croisette. La vie d'Adèle (en compétition, Palme d'or) et L'inconnu du lac (Un certain regard, primé plusieurs fois) en avaient choqué plus d'un(e) - certains journalistes (des gens ouverts d'esprits normalement surtout quand on se vante d'être critique de cinéma) avaient claqué leurs sièges (et d'autres bandaient secrètement sans doute). Ces deux films majeurs du cinéma Français de ces dernières années ont en effet un point commun: le sexe cru et homosexuel.

Une femme avec une femme. Terminée la blondasse de service qui se fait tringler par un homme poilu et musclé sur du Barry White, ici elle se fait lécher et elle a les cheveux bleus. La vie d'Adèle est une histoire d'amour entre deux femmes (Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos). Entre les gros plans sur la bouche d'Adèle qui mange des spaghettis avec une sensualité apparente et son touche pipi en solitaire, le spectateur est souvent ébullition. Mais c'est la fameuse scène de sexe entre les deux femmes qui surprend: longue, intense quoique un peu banale), les corps fusionnent, les sexes se frottent, le plaisir fait monter la sève. Impossible de ne pas imaginer la tête du gentil papa Steven Spielberg (président du jury de l'époque) devant ces images, lui qui n'a jamais osé ne serait-ce qu'un bout de fesses dans ses films.

Donc voilà 7 minutes et des poussières devant une partie de jambes en l'air sulfureuse avec pour seul fond sonore les claquements de peau, les fessées et les gémissements de nos deux interprètes. Il n'est donc pas étonnant de lire certains témoignages de spectateurs qui en avaient gros dans le pantalon durant cette scène. Cru et beau, est-ce possible? Lorsqu'on se retrouve face au film de Kéchiche, ce la semble évident. Il signe ici un film magistral. Ce qui débute telle une histoire d'amour pure et tendre se transforme, avec une scène de baise intense, presque une transe chorégraphiée, en une histoire d'amour passionnelle. Car Abdellatif Kechiche n'a-t-il pas voulu montrer avec cette scène la passion destructrice qu'offre l'amour?

Le film n'a pas tant choqué, hormis quelques intégristes et homophobes. Les spectateurs sont plus à l'aise avec l'homosexualité féminine que masculine (merci au porno bad gamme disponible gratuitement sur le net et dédié aux geeks célibataires de plus de 25 ans). Alors que l'image de l'homosexuel à l'écran reste stéréotypée dans les comédies populaires - un mec efféminé, fan de Lady Gaga ou de Mylène Farmer et aux mimiques hyperboliques -, des cinéastes comme Ozon, Ducastel et Martineau, Téchiné ont ouvert la voie à une représentation plus fine et moins caricaturales, y compris en filmant des rapports sexuels un peu crus. Mais c'est Alain Guiraudie à qui l'on devra un changement de paradigme complet sur le sujet avec L'inconnu du lac.

Un homme et des hommes. D'emblée l'affiche du film a été censuré...ça commence bien! On y voit l'image (lointaine mais vraiment lointaine) d'un homme en plein bisou bisou au niveau du phallus. Il n'en a pas fallu plus pour que tout le monde pète un plomb! Ont-ils cru que le sexe d'un homme n'existait que pour faire pipi? Certes, l'affiche est explicite... peut-être qu'ils auraient pu se la jouer façon La vie d'Adèle avec une photo de deux mecs qui ouvrent grand la bouche annonçant ainsi un jeu buccal coquin.

Quant au film, il se déroule dans un lieu nudiste réservé aux homosexuels (clairement on n'y joue pas au Scrabble). On y fait la connaissance de Franck, jeune, beau et frivole (Pierre Deladonchamps) qui s'envoie en l'air comme un fumeur fume clopes sur clopes, mais bon lui c'est plutôt la taille d'un cigare qui l'intéresse. Du jour au lendemain, il tombe sur le charme de Michel, moustachu, musclé, macho et un brin soupçonné de meurtre. Entre parties de jambes en l'air sur la plage ou entre les arbres, on pénètre avec fougue (toutes mes excuses pour cette expression) dans l'intimité de ce couple mystérieux. Comme pour Kéchiche, Alain Guiraudie ne cache rien de l'intimité de ses protagonistes en filmant en gros plans érections, fellations, éjaculations. Ni même de l'intimité des voyeurs, branleurs, enculeurs, qui rodent aux alentours. Les phallus sont exhibés, mous ou raides, les chairs ne sont pas forcément fermes, les regards dévient toujours vers l'entrejambe.

Vous aviez toujours rêvé de voir un kiki en gros plan en dehors d'un porno? Enfin!!! L'inconnu du lac ce n'est pas Game of Thrones qui nous montre des vagins à tous les épisodes et pas de kiki...même pas un rikiki!

Mais qu'est-ce qui pousse un réalisateur à tourner un film comme cela? Envie de se faire remarquer par Rocco Siffredi? Envie de recevoir un tweet admiratif de Miley Cyrus? Envie de créer la polémique? Non, non et non! Si l'homosexualité est montrée de manière crue ce n'est que pour montrer la réalisation à l'écran du désir sexuel et de son assouvissement, de nos fantasmes et de nos abandons, là où toute classe sociale est à égalité dans la nudité, là où l'appel de la nature se mélange à la nature de l'homme. Evidemment, La vie d'Adèle est avant tout une histoire d'amour qui finit mal, et L'inconnu du lac un thriller psychologique qui se termine mystérieusement.

Mais, avec leur audace, ces films ont pu montrer le sexe sans tabou et même sublimé.

Cannes 2016: Qui est Damien Bonnard?

Posté par vincy, le 12 mai 2016

Alain Guiraudie a du flair pour choisir ses acteurs. Pour Rester vertical, plutôt que d'enrôler des comédiens qui lui étaient familiers, il a opté pour un casting inédit, où l'on note la présence de Damien Bonnard. Diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts, formé au Théâtre du soleil, entre autres, ce jeune quadra séduisant a commencé un peu sur le tard.

Au cinéma, on l'aperçoit d'abord en arrière plan chez Rachid Bouchareb (Hors-la-Loi), Bertrand Blier (Le bruit des glaçons), Pascal Chaumeil (Un plan parfait), Alice Winocour (Augustine). En 2013, il est repéré de manière plus frappante grâce au film de Virgil Vernier, Mercuriales.

Il est également très actif dans d'autres formats que le long métrage. Damien Bonnard tourne pour la télévision: Rapace (Claire Devers), Nicolas Le Floch, la série Paris... Côté courts, il tourne pour Sylvain Desclous (Le monde à l'enversMon héros, sélectionné à Clermont-Ferrand), Charlotte Le Bon (Modern Monster) et Hugo Rousselin (Pays rêvé, pays réelVirée), entre autres. Il apparait également dans des clips et des fictions radiophoniques.

Assurément, ce mois de mai 2016 n'est pas comme les autres. Outre Rester verticalen compétition à Cannes, il est au casting, dans un petit rôle, de Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin, sélectionné à Un certain regard et Vendeur, premier long métrage de Sylvain Desclous à l'affiche actuellement. Chez Guiraudie, il interprète un cinéaste en panne d'inspiration, s'enfonçant dans la misère, avec un bébé sur les bras et qui cherche son salut en essayant de rencontrer un loup en Lozère. Homme traqué, paumé, il trouve du réconfort chez des exclus de la société, qui le rejettent. Une atmosphère aux antipodes des deux autres films cités plus haut.

L'occasion de découvrir (enfin) ce comédien un peu à la marge, qui n'a jamais eu de grands rôles, mais, par fidélité ou exigence, a choisi, souvent, des chemins de traverse. Ici, son errance en France le met littéralement à nu.

Alain Guiraudie trace une diagonale pour Rester Vertical

Posté par vincy, le 18 juillet 2015

alain guiraudieAlain Guiraudie prépare pour septembre le tournage de son prochain film, Rester Vertical. Sylvie Pialat et Les Films du Worso sont fidèlement au rendez-vous côté production, comme pour ses deux précédents films, Le Roi de l’évasion (2009) et L’Inconnu du lac (2013). La productrice annonce un budget supérieur à celui de L'inconnu du lac.

Ce road movie dont le scénario est tenu secret est un voyage à travers la France. Dans la note de production, Alain Guiraudie explique qu'il a conçu le film "avec l’idée de rendre l’invraisemblable crédible, l’impossible envisageable et de faire un grand voyage pas très loin de chez [lui], de rapprocher l’ailleurs et de [s]’évader au coin de la rue." Il ajoute : "Le film se déroule dans une France que l’on appelle «profonde», une diagonale qui va de la Lozère à Brest."

Pas de casting pour le moment, mais une forte possibilité de voir le film au prochain Festival de Cannes.

Depuis L'Inconnu du lac, son plus gros succès public et critique, présenté à Un certain regard en 2013, Guiraudie a également publié un premier roman l'an dernier, Ici commence la nuit.

Ici commence la carrière d’écrivain d’Alain Guiraudie

Posté par vincy, le 6 juin 2014

alain guiraudieUn an après la sortie de L'inconnu du lac, prix Un certain regard de la mise en scène et Queer Palm au Festival de Cannes 2013, le réalisateur Alain Guiraudie s'apprête à publier son premier roman.

Ici commence la nuit sortira en librairies le 9 octobre, aux éditions P.O.L.

Selon les premières informations, le livre racontera l'histoire d'un jeune homme, Gilles, qui tombe amoureux pour Pépé, vieillard de 98 ans. Le chef des gendarmes du coin s'inquiète de cette étrange relation. D'autant qu'il est lui aussi attiré par Gilles. Il va (ab)user de son autorité pour aller jusqu'au bout de sa passion.

Alain Guiraudie, 50 ans en juillet, né dans un famille d'agriculteur du sud de la France, a réalisé son premier court métrage en 1980, Les héros sont immortels. Il a réalisé 4 longs métrages entre 2003 et 2013.

Chéries Chéris va chérir Alain Guiraudie

Posté par vincy, le 16 juillet 2013

festival chéries chéris 2013 films gays et lesbiens de paris tom de pékin affiche posterAlain Guiraudie, 49 ans, a reçu deux jolis cadeaux d'anniversaire le 15 juillet. Son dernier film, L'inconnu du Lac, Queer Palm et prix Un Certain Regard de la mise en scène à Cannes cette année, a passé le cap des 100 000 entrées en France après 5 semaines d'exploitation. C'est son plus gros succès.

Par ailleurs, le Festival Chéries Chéris (Paris Forum des Images, 15-20 octobre 2013) a décidé de lui rendre hommage en le désignant invité d'honneur. Guiraudie donnera une Master Class à cette occasion. Pour accompagner cet événement, l'affiche du Festival, tout juste révélée, est signée Tom de Pékin : il s'agit d'une déclinaison de celle de L'inconnu du Lac, qui avait fait polémique à Saint-Cloud et Versailles.

Enfin, le Festival LGBT a déjà annoncé en guise de programmation une nuit consacrée aux serial killers (et killeuses), là encore en rapport avec l'histoire du thriller érotique de Guiraudie.

Prix Jean Vigo pour le moyen métrage Ce vieux rêve qui bouge en 2001, le réalisateur a réalisé 4 longs métrages depuis 10 ans.

Pas d’affiche de L’inconnu du Lac pour les habitants de Versailles et de Saint-Cloud

Posté par redaction, le 10 juin 2013

l'inconnu du lac affiche censureÇa commence avec un tweet des Films du Losange : "Ce matin, la mairie de St Cloud a fait retirer les affiches de L'Inconnu du lac ! Ce serait pas un tout petit peu de la censure abusive, ça?". C'était en début d'après midi aujourd'hui. A deux jours de la sortie du film d'Alain Guiraudie - Queer Palm et Prix Un certain regard de la mise en scène au dernier festival de Cannes - la nouvelle s'est évidemment propagée sur les réseaux sociaux.

Que voit-on sur l'affiche? Le dessin de deux hommes s'embrassant. On peut vaguement deviner une scène de fellation à l'arrière plan. L'affiche est conçue par Tom de Pékin. Elle est illustrative mais ne rien dit d'un film dont quelques scènes de sexe sont crues dans une histoire qui est avant tout un suspens anxiogène. Rappelons que le film est interdit aux moins de 16 ans (car oui un rapport sexuel est moins acceptable qu'un sadisme sanglant).

Mobilisation pour le retrait des affiches dans d'autres villes

Depuis des mois, les opposants à la Loi sur le mariage pour tous (rappelons-le votée en mai et effective depuis deux semaines avec le premier mariage homosexuel célébré à Montpellier) trouvent n'importe quel prétexte pour se faire entendre (jusqu'à parasiter la finale homme de Roland Garros hier). Le contexte est de plus en plus violent, pour ne pas dire radical. Les élus en rajoutent une couche : certains refusant de faire leur devoir en mariant deux personnes du même sexe. Les films du Losange s'inquiètent d'éventuels autres effets. Au cours de l'après midi, on a appris que la ville de Versailles a également demandée à JC Decaux de retirer l'affiche du film. Dans un autre tweet, le distributeur informait que "sur Twitter les anti mariage-gay se mobilisent pour demander le retrait dans d'autres villes." Tout est amour disait-Il.

Une censure qui ne dit pas son nom

Selon Rue 89 la Ville de Saint-Cloud s'est défendu ainsi : « On a été harcelés de coup de fils, de mails depuis jeudi dernier. Certains Clodoaldiens se sont déplacés en personne à la mairie. » On en est encore là : deux hommes qui s'embrassent dans un dessin, ça choque. Les Clodoaldiens n'ont pas finit d'en baver.

A Versailles, toujours selon Rue 89, "la direction de la communication dément formellement avoir contacté Decaux pour demander le retrait des affiches mais dit « comprendre que l’affiche puisse choquer un public qui se retrouve désarmé face à des affiches qui abordent la sexualité dans la rue »." « Dans les faits, nous ne nous opposerons pas au retrait de ces affiches et il est pour nous essentiel que Decaux prenne conscience de ses responsabilités ». La censure ne dit jamais son nom. Rappelons que le député maire divers droite François de Mazières, farouchement opposé au mariage pour tous, avait voté par erreur l'article premier du texte de la Loi.

Procédure rare?

Or JC Decaux a retiré les affiches « à la demande des municipalités de Saint-Cloud et Versailles ». La procédure est extrêmement rare et touche souvent des publicités liées à l'homosexualité (Têtu), au sexisme (Damien Saez), à la politique (Stéphane Guillon), au racisme (Le Mouv), au tabac (Tati) ou à l'érotisme. Bientôt les publicités pour sous-vêtements?

Le distributeur, Les Films du Losange, affirme qu'il n'y a pas eu de refus de programmation. On espère juste que la phobie des coincés et autres obscurantistes s'arrêtera là. Que ce sera leur dernière tentation...

De notre côté, nous ne vous conseillons qu'une seule chose : allez voir le film dès mercredi dans les salles!

Cannes 2013 : une Queer Palm militante pour L’inconnu du lac d’Alain Guiraudie

Posté par vincy, le 26 mai 2013

queer palm pour l'inconnu du lac

Avec La Vie d'Adèle, prix Fipresci de la critique internationale et favori des festivaliers, on pouvait s'attendre à ce que Abdellatif Kechiche soit le premier à remporter la Queer Palm pour une histoire amoureuse entre deux femmes. Dans cette sélection il y avait aussi un hétéro qui aime porter des talons hauts, une sprinteuse qui préfère les shorts aux belles robes, un chanteur et son amant vivant dans l'opulence et le déni, un metteur en scène qui finit déguiser et maquiller comme une femme ou une gouvernante travestie...

Que nenni. Les effeuilleuses de Tournée ont remis le prix à L'inconnu du lac, d'Alain Guiraudie. Le cinéaste venait de recevoir deux heures auparavant le prix de la mise en scène à Un certain regard. C'est, par ailleurs la troisième fois (consécutive) qu'un film de cette sélection obtient le prix "LGBT" du festival.

Beaucoup y verront un contre-point politique aux manifestations anti-mariage pour tous. Perché sur ses talons aiguilles, le maître de cérémonie Patrick Fabre, directeur artistique du Festival des jeunes réalisateurs à Saint-Jean-de-Luz, a d'ailleurs souligné que cette Queer Palm n'était pas comme les autres puisque la France était désormais dans la liste des 14 pays permettant le mariage aux homosexuels : "On est très fiers de faire partie de la communauté LGBT (Lesbiennes, gays, bi et trans), car cette année, il y a une avancée des droits et de l'égalité dans notre pays ! Je ne sais pas pour vous, mais moi, je vais pouvoir me marier !"

Guiraudie, ouvertement homosexuel, filme frontalement les relations homosexuelles. Cette Queer Palm était aussi artistique que militante, sacrant un grand défenseur de la cause. Sur la scène (trop petite) de la Terrazza Martini, alors que la plage était transformée en "backroom" mixte (hétéros, gays, lesbiennes, les hommes sandwich de La Baronne, jeunes minets, vieux de la vieille...), le jury, les organisateurs et le gagnant (accompagné de ses deux comédiens) savouraient une édition qui n'a jamais été aussi populaire et médiatisée. Fragile financièrement, peu aidée (sponsors frileux, subventions annulées), la Queer Palm a prouvé qu'elle était un événement en soi.

soirée queer palmSi Dolan a refusé de venir la chercher l'an dernier, le jouisseur Guiraudie a assumé sans complexes son prix. Son film, beau et audacieux, est à l'image de son oeuvre : transgressive, fantaisiste et même paysagiste. Il est dans la lignée des Eustache, Moullet et autres Larrieu. Avec L'inconnu du lac, la critique est dithyrambique. La nudité choque à peine. La métaphysique séduit. Il mélange sexualité et nature. Sensuel en diable. Ça ne pouvait que plaire à un jury activiste et exigeant, présidé par Joao Pedro Rodrigues. Le cinéaste portugais ne pouvait qu'aimer cette histoire d'amours et de morts, cette mise en abime du désir. La poésie de l'image et l'impudeur des plans ont fait le reste.

Le plus étonnant fut finalement que, chez Kechiche comme chez Guiraudie, les scènes de sexe étaient explicites. Deux films d'auteurs reconnus exhibaient ce qui, habituellement, était réservé aux films "undergrounds" ou "expérimentaux". Deux films qui imposent l'égalité amoureuse et émotionnelle sans se soucier de l'orientation sexuelle.

L'inconnu du lac, qui sera interdit aux moins de 16 ans au moment de sa sortie en salles le 12 juin, a été vendu à un distributeur américain durant le Festival.

Cannes 2013 : le palmarès d’Un certain regard n’a pas manqué le génial film de Rithy Panh

Posté par vincy, le 25 mai 2013

L'image manquante de rithy panh

Le jury de Thomas Vinterberg a été conquis, comme nous, par l'excellent documentaire, aussi inventif que juste de Rithy Panh, L'image manquante. Le film reçoit le prix Un certain regard, la plus haute distinction dans cette sélection. Le cinéaste, dans son discours, n'a pas manqué de dédier son film à un autre habitué cannois, l'invité manquant Jafar Panahi.

Durant la cérémonie, bouclée en 40 minutes, Thierry Frémaux a fait applaudir l'ensemble du personnel de la sélection, Ludivine Sagnier a servi de traductrice anglas-français, Alain Guiraudie a failli oublier de remercier ses comédiens et Thomas Vinterberg a fait la synthèse : "L’une des plus belles choses de notre métier est de créer des moments inoubliables - des moments qui demeurent en nous et dans la mémoire collective, ce miroir commun de notre existence. Figurines d’argile, beauté extrême, violence, fellations homosexuelles, humiliation systématique de la nature humaine, jambes de Léa Seydoux, formidables imitations de Brando sont les images uniques qui vont nous poursuivre pendant longtemps. Cette sélection était férocement non sentimentale mais toutefois poétique. Elle était politique, hautement originale, parfois déroutante, variée, mais avant tout inoubliable" a-t-il expliqué en guise d'introduction à la soirée.

Et le jury de récompenser un documentaire qui cherche à combler l'absence d'archives visuelles par une petite invention de cinéma, un film où des mecs niquent en pleine nature, le Grand prix de Sundance sur l'histoire vraie d'une victime d'un abus policier... La variété était au rendez-vous. Un Certain regard continue de défendre les films fragiles, et, contrairement à la Quinzaine, prime ceux qui en ont le plus besoin.

Prix Un Certain Regard : L'image manquante de Rithy Panh (dédié à Jafar Panahi)
Prix du jury : Omar de Hany Abu-Assad
Prix de la mise en scène : Alain Guiraudie pour L'inconnu du Lac
Prix Un talent certain : pour l'ensemble des comédiens de La jaula de oro de Diego Quemada-Diez
Prix de l'avenir : Fruitvale station de Ryan Coogler