Cannes 70 : les temps forts du cinéma LGBT

Posté par cannes70, le 5 mai 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-13.  Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .

A quelques jours du lancement de sa 70e édition, il semblait plus qu'évident de revenir sur les films LGBT qui ont marqué l'histoire du festival de Cannes. Qu'ils aient remporté des prix ou simplement choqué critiques et festivaliers, tous à leur manière ont permis aux lesbiennes, gays, bis et trans d'être représentés dans "le plus grand festival de cinéma du monde". Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette représentation remonte à bien plus loin que la Queer Palm, équivalent cannois des Teddy Awards. Tour d'horizon en quelques films-clefs.

Années 1970 : l'incursion d'une thématique

Bien que le cinéma présent à Cannes se soit très tôt intéressé à la sexualité de ses personnages, deux films présentés lors de cette décennie sortent du lot. Il s'agit de Taxi Driver (1976) et  Midnight Express (1978). Le premier, Palme d'or réalisée par Martin Scorsese raconte les péripéties de Travis Bickle, un ancien Marine reconverti en chauffeur de taxi. Paranoïaque et ultra sensible, il tente de secourir Iris, une prostituée de douze ans avec qui il a sympathisé. A l'instar de son scénariste Paul Schrader, Taxi Driver transpire le sexe et la transgression. Sans jamais virer dans le purement pornographique, le film de Martin Scorsese regorge de personnages à la sexualité assumée et non-hétérosexuelle. Ces personnages LGBT ne sont jamais mis en avant mais sont bien présents.

A l'inverse, Midnight Express d'Alan Parker ne rechigne pas contre un peu de frontalité. En voulant se faire de l'argent, le touriste américain qu'est "Billy" tente de rentrer chez lui avec deux kilos de haschisch. Pas de bol, une fouille au corps contrecarre ses plans et il atterrit dans une prison turque. Là-bas, il croise la route d'Erich, un autre prisonnier. Entre les séances de yoga, de méditation et les bains, une certaine tension sexuelle se fait sentir entre les deux hommes. Et le climax érotique est atteint lors d'une scène de baiser. Sont-ils homosexuels, bisexuels ou juste en manque d'affection ? Le scénario d'Oliver Stone en le précisera jamais mais l'oeuvre sur laquelle le film se base est plus claire : William "Billy" Hayes a eu des rapports sexuels consentis avec d'autres prisonniers lors de son emprisonnement.

Années 1990 : sexualité violente pour personnages ambivalents

Film d'ouverture et en compétition pour la Palme d'or lors du Festival de Cannes 1992, Basic Instinct n'a pas manqué de faire beaucoup de bruit. Catherine Tramell, riche romancière, est soupçonnée du meurtre de son amant, Johnny Boz. Assassiné au pic à glace dans des conditions qui ressemblent à celles décrites dans l'un des romans de Catherine, le policier Nick Curran soupçonne naturellement celle-ci. Personnage ouvertement bisexuel, Catherine Tramell n'a pas plu à tout le monde. Car si les scènes de sexe explicite ont été appréciées par les festivaliers à l'époque, des militants pour les droits des personnes LGBT ont été scandalisés. La raison : pour une fois qu'un personnage bisexuel a le rôle principal d'un film à gros budget, il faut que ce soit une sociopathe assoiffée de sexe !

Deux ans plus tard, nouveau coup de tonnerre. Si les films J'ai pas sommeil de Claire Denis et Priscilla, folle du désert de Stephan Elliott ont subtilement mis en scène des personnages LGBT, ce ne fut pas le cas du Pulp Fiction de Quentin Tarantino. Celui-ci reçoit la Palme d'or, certes, mais la violence dont il fait preuve n'a échappé à personne. Si l'usage d'armes à feu, les insultes et les litres de faux sang déversées en ont fait un film culte, la scène de viol homosexuel n'a pas été du goût de tous. En effet, le rapport sexuel entre Zed et Marsellus est certes violent mais surtout présenté comme honteux du fait de la virilité présumée de Marsellus. Drôle pour certains, homophobe pour d'autres, cette séquence continue d'être débattue aujourd'hui encore.

En 1996, c'est le film Crash de David Cronenberg qui marque la Croisette. Prix spécial du jury, Crash suit les aventures de James Ballard, un producteur de films en couple libre et qui nourrit une fascination étrange pour les blessures après qu'il a lui-même été victime d'un accident de voiture. Il a par la suite une liaison avec Vaughan, fétichiste des corps abîmés. L'une des scènes les plus mémorables de Crash est sans doute celle où les deux amants échangent des baisers passionnés pendant plus de deux minutes, découvrent le corps de l'autre avec admiration, le tout menant à une violente sodomie. A sa sortie dans les salles françaises, Crash est interdit aux moins de 16 ans.

Années 2000 : la normalisation des sexualités

Dès 2000, Tabou de Nagisa Oshima participe à la meilleure visibilité de la communauté gay. Pendant 1h40, nous suivons les péripéties de Sozabuo Kano, jeune homme androgyne qui tente d'intégrer une milice de samouraïs. Pensé comme un thriller romantique, le film qui est en compétition pour la Palme d'or traite subtilement de l'homosexualité au 19e siècle et plus globalement du tabou que cela demeure encore dans la société japonaise. Un véritable tour de force bien éloigné de Requiem for a Dream de Darren Aronosfky, présenté la même année, et dans lequel la seule scène de sexe lesbien est filmée d'un point de vue masculin et qui plus est hétérosexuel. Et si cela pourrait être une erreur, cette scène présente dans la dernière partie du film a au moins le mérite de montrer la fascination des hommes hétérosexuels pour les rapports entre femmes comme fondamentalement malsaine.

En 2002, La Chatte à deux têtes de Jacques Nolot, sélectionné pour le prix Un certain regard, traite de l'histoire amoureuse complexe entre une caissière, un projectionniste et un vieil homme dans un cinéma pornographique. La démultiplication des sentiments et la standardisation de l'amour pluriel en font un must-see. Et il en va de même pour Elephant, Palme d'or et prix de la mise en scène 2003. Inspiré par la fusillade du lycée Columbine commise par deux adolescents américains, le film de Gus Van Sant a créé la surprise. Lors d'une scène de douche, le réalisateur de Harvey Milk met en scène un rapprochement et un baiser entre Eric et Alex, unique moyen pour ces deux souffre-douleurs de trouver une forme de réconfort quelque part. A l'image de Midnight Express, Elephant n'explique jamais s'ils étaient vraiment attirés l'un par l'autre mais suggère simplement que c'est dans les bras de l'autre que se trouve leur seul rempart contre la tension psychologique qui les anime une fois avec leurs camarades.

Par la suite, en 2006, le Shortbus de John Cameron Mitchell ira également dans ce sens. Centré sur des personnages qui se croisent et sont obsédés par leur propre sexualité et leur quête de jouissance, Shortbus fascine aujourd'hui encore à cause de ses scènes de sexe non simulées. Rapports hétérosexuels, homosexuels, à deux, à trois ou plus si affinités, Shortbus plaît par sa normalisation pleinement assumée des pratiques sexuelles soft et hard. Un projet qui fait du bien ! L'année suivante, c'est Les Chansons d'amour de Christophe Honoré qui retient notre attention et se retrouve en compétition pour la Palme d'or. Grâce au personnage d'Erwan, le réalisateur des Malheurs de Sophie banalise encore un peu plus l'homosexualité. Erwan se sait homosexuel mais n'a encore jamais eu de véritable relation et échappe ainsi au stéréotype du jeune minet parisien qui enchaîne les histoires. Et si le film n'est pas à la hauteur de nos attentes, il contient une scène à la tendresse folle entre Erwan (Grégoire Leprince-Ringuet) et Ismaël (Louis Garrel).

Pour retrouver autant de tendresse, il faudra attendre l'édition 2009 et I Love You Philip Morris de Glenn Ficarra et John Requa. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, le film raconte l'histoire vraie et rocambolesque de l'escroc Steven Jay Russell (Jim Carrey), passionnément amoureux du naïf Phillip Morris (Ewan McGregor). La même année et dans la même sélection, J'ai tué ma mère intronise le surdoué Xavier Dolan. Colérique et tourmenté, le jeune Hubert tente de composer avec son homosexualité et la haine qu'il voue à sa mère. Un film fort à l'esthétique marquante.

Années 2010 : l'essor des personnages LGBT ?

Lauréat de la première Queer Palm de l'histoire du Festival de Cannes, Kaboom de Gregg Araki met en scène les péripéties de Smith, jeune étudiant toujours accompagné de sa meilleure amie lesbienne, et qui est secrètement amoureux de son éphèbe de colocataire. La même année, Xavier Dolan revient avec lui aussi une histoire centrée sur trois personnages. Les Amours imaginaires raconte ainsi le combat que se livrent Francis et Marie, deux amis de longue date, amoureux du même garçon. Ce dernier, campé par le beau Niels Schneider, est un simple objet de désir comme un autre.

En 2011, La Piel que habito de Pedro Almodovar raconte le changement de sexe d'un personnage à la mystérieuse identité. Prix Vulcain de l'artiste technicien et prix de la jeunesse, le drame espagnol fait du changement de sexe un acte quasi artistique et non une énième mutilation comme cela lui est souvent reproché. L'année suivante, la question transgenre sera brillamment soulevée par le troisième film de Xavier Dolan. Homosexualité, travestissement, transgenre ou transsexualité, Laurence Anyways permet au novice d'y voir plus clair et à la communauté trans de se sentir enfin correctement représentée sur grand écran.

En 2013, la Croisette fait preuve d'une diversité sans précédent en ce qui concerne la représentation des LGBT. Palme d'or historique, La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche traite de l'histoire passionnée et passionnante d'Adèle et Emma. La première croit que le grand amour de sa vie sera un homme jusqu'à ce qu'elle rencontre la seconde, mystérieuse lesbienne aux cheveux bleus. Egalement en compétition, Ma vie avec Liberace s'intéresse à la relation complexe de Scott Thorson, jeune homme naïf, et du célèbre pianiste de music-hall Liberace. Pendant cinq ans, Scott va tout faire pour Liberace, passant à de multiples reprises sur le billard dans le seul but de satisfaire ses désirs.

Dans la section Un certain regard, le thriller d'Alain Guiraudie L'Inconnu du lac ne passe pas inaperçu puisqu'il remporte la Queer Palm cette année-là. Un été, une plage naturiste fréquentée par des homosexuels et une série de meurtres. Tourné avec seulement 850.000€, le film fait sensation sur la croisette et révèle Pierre Deladonchamps, acteur sur lequel il faut désormais compter. Du côté de la Quinzaine des réalisateurs, impossible de ne pas mentionner Les Garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne puisque le film invente le concept de "coming-out inversé". Soit lorsqu'un homme que l'on pense homosexuel se révèle être hétérosexuel.

Les éditions suivantes se montrent alors plus sombres, portées par des personnages LGBT en fin de course, voire en fin de vie. Dès 2014, Saint Laurent de Bertrand Bonello et Sils Maria d'Olivier Assayas donnent le la. Amours contrariées ou impossibles, décadence, haine de soi, tout y est. Cette année-là, la seule éclaircie viendra de Pride, lauréat de la Queer Palm qui raconte comment des activistes gay et lesbiens tentent de réunir des fonds pour aider les familles de mineurs britanniques touchés par la grève de 1984. Oeuvre comique, optimiste et excitante, Pride jure avec les deux films cités avant et avec ceux qui vont venir.

Car en 2015, ce sont Carol de Todd Haynes et Valley of Love de Guillame Nicloux qui étonnent. Le premier raconte l'attirance mutuelle que partagent deux femmes que tout semble opposer, dans le New York des années 1950. Tortueux et profond, Carol est porté par le charisme de ses deux interprètes principales Cate Blanchett et Rooney Mara. De son côté, Valley of Love suit les "retrouvailles" d'un couple séparé, parti à la recherche de leur fils gay qui s'est suicidé quelques mois plus tôt. Absent, ce fils qui a laissé une lettre à ses parents leur permet d'apprendre à le connaître, bien qu'il ne soit plus des leurs.

Et après ?

Dans un registre toujours aussi funeste, l'édition 2016 du festival de Cannes aura été marquée par l'adaptation de la pièce de Jean-Luc Lagarce Juste la fin du monde. Grand prix du jury, le sixième film de Xavier Dolan narre le difficile retour dans sa famille de Louis, un écrivain parti douze ans plus tôt et qui doit désormais annoncer à ses proches sa mort future. Huit-clos troublant, cette version 2016 de Juste la fin du monde laisse entendre que Louis est atteint du sida, sans que cela ne soit le cœur du propos. Complètement assumée, son homosexualité devient dès lors un simple trait de sa personnalité et non l'unique moyen de l'identifier. A l'heure où la sélection de la Queer Palm 2017 vient d'être dévoilée, il se pourrait bien que nous ayons enfin atteint un niveau d'écriture des personnages LGBT dont on peut être fier.

Wyzman Rajaona pour Ecran Noir

[69, année érotique] Cannes 2016: La vie d’Adèle et L’inconnu du lac en 2013

Posté par cynthia, le 13 mai 2016

Gros, dur, mou, large, ouvert ou mouillé, le sexe se révèle sans pudeur depuis quelques temps et l'anatomie humaine devient un sujet abordable et traité de manière poétique, romantique, ou plus trash selon les films. En 2013, le semi-soft porno a déboulé sur la Croisette. La vie d'Adèle (en compétition, Palme d'or) et L'inconnu du lac (Un certain regard, primé plusieurs fois) en avaient choqué plus d'un(e) - certains journalistes (des gens ouverts d'esprits normalement surtout quand on se vante d'être critique de cinéma) avaient claqué leurs sièges (et d'autres bandaient secrètement sans doute). Ces deux films majeurs du cinéma Français de ces dernières années ont en effet un point commun: le sexe cru et homosexuel.

Une femme avec une femme. Terminée la blondasse de service qui se fait tringler par un homme poilu et musclé sur du Barry White, ici elle se fait lécher et elle a les cheveux bleus. La vie d'Adèle est une histoire d'amour entre deux femmes (Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos). Entre les gros plans sur la bouche d'Adèle qui mange des spaghettis avec une sensualité apparente et son touche pipi en solitaire, le spectateur est souvent ébullition. Mais c'est la fameuse scène de sexe entre les deux femmes qui surprend: longue, intense quoique un peu banale), les corps fusionnent, les sexes se frottent, le plaisir fait monter la sève. Impossible de ne pas imaginer la tête du gentil papa Steven Spielberg (président du jury de l'époque) devant ces images, lui qui n'a jamais osé ne serait-ce qu'un bout de fesses dans ses films.

Donc voilà 7 minutes et des poussières devant une partie de jambes en l'air sulfureuse avec pour seul fond sonore les claquements de peau, les fessées et les gémissements de nos deux interprètes. Il n'est donc pas étonnant de lire certains témoignages de spectateurs qui en avaient gros dans le pantalon durant cette scène. Cru et beau, est-ce possible? Lorsqu'on se retrouve face au film de Kéchiche, ce la semble évident. Il signe ici un film magistral. Ce qui débute telle une histoire d'amour pure et tendre se transforme, avec une scène de baise intense, presque une transe chorégraphiée, en une histoire d'amour passionnelle. Car Abdellatif Kechiche n'a-t-il pas voulu montrer avec cette scène la passion destructrice qu'offre l'amour?

Le film n'a pas tant choqué, hormis quelques intégristes et homophobes. Les spectateurs sont plus à l'aise avec l'homosexualité féminine que masculine (merci au porno bad gamme disponible gratuitement sur le net et dédié aux geeks célibataires de plus de 25 ans). Alors que l'image de l'homosexuel à l'écran reste stéréotypée dans les comédies populaires - un mec efféminé, fan de Lady Gaga ou de Mylène Farmer et aux mimiques hyperboliques -, des cinéastes comme Ozon, Ducastel et Martineau, Téchiné ont ouvert la voie à une représentation plus fine et moins caricaturales, y compris en filmant des rapports sexuels un peu crus. Mais c'est Alain Guiraudie à qui l'on devra un changement de paradigme complet sur le sujet avec L'inconnu du lac.

Un homme et des hommes. D'emblée l'affiche du film a été censuré...ça commence bien! On y voit l'image (lointaine mais vraiment lointaine) d'un homme en plein bisou bisou au niveau du phallus. Il n'en a pas fallu plus pour que tout le monde pète un plomb! Ont-ils cru que le sexe d'un homme n'existait que pour faire pipi? Certes, l'affiche est explicite... peut-être qu'ils auraient pu se la jouer façon La vie d'Adèle avec une photo de deux mecs qui ouvrent grand la bouche annonçant ainsi un jeu buccal coquin.

Quant au film, il se déroule dans un lieu nudiste réservé aux homosexuels (clairement on n'y joue pas au Scrabble). On y fait la connaissance de Franck, jeune, beau et frivole (Pierre Deladonchamps) qui s'envoie en l'air comme un fumeur fume clopes sur clopes, mais bon lui c'est plutôt la taille d'un cigare qui l'intéresse. Du jour au lendemain, il tombe sur le charme de Michel, moustachu, musclé, macho et un brin soupçonné de meurtre. Entre parties de jambes en l'air sur la plage ou entre les arbres, on pénètre avec fougue (toutes mes excuses pour cette expression) dans l'intimité de ce couple mystérieux. Comme pour Kéchiche, Alain Guiraudie ne cache rien de l'intimité de ses protagonistes en filmant en gros plans érections, fellations, éjaculations. Ni même de l'intimité des voyeurs, branleurs, enculeurs, qui rodent aux alentours. Les phallus sont exhibés, mous ou raides, les chairs ne sont pas forcément fermes, les regards dévient toujours vers l'entrejambe.

Vous aviez toujours rêvé de voir un kiki en gros plan en dehors d'un porno? Enfin!!! L'inconnu du lac ce n'est pas Game of Thrones qui nous montre des vagins à tous les épisodes et pas de kiki...même pas un rikiki!

Mais qu'est-ce qui pousse un réalisateur à tourner un film comme cela? Envie de se faire remarquer par Rocco Siffredi? Envie de recevoir un tweet admiratif de Miley Cyrus? Envie de créer la polémique? Non, non et non! Si l'homosexualité est montrée de manière crue ce n'est que pour montrer la réalisation à l'écran du désir sexuel et de son assouvissement, de nos fantasmes et de nos abandons, là où toute classe sociale est à égalité dans la nudité, là où l'appel de la nature se mélange à la nature de l'homme. Evidemment, La vie d'Adèle est avant tout une histoire d'amour qui finit mal, et L'inconnu du lac un thriller psychologique qui se termine mystérieusement.

Mais, avec leur audace, ces films ont pu montrer le sexe sans tabou et même sublimé.

Edito: Guillaume Gallienne se met à table

Posté par redaction, le 9 mars 2016

Guillaume Gallienne s'est épanché sur RTL. On se demande bien d'ailleurs pourquoi lancer une controverse sur le sujet: "Je m’interroge quand même sur le choix du cinéma français, en tout cas de la famille du cinéma français, à vouloir, tout le temps, euh, prôner la diversité, euh, culturelle et tout ça, parfois je ne sais pas à quel point le moteur de ça est artistique ou politique, voilà."

On peut toujours croire qu'une question est légitime une fois posée. Celle-là est complètement absurde. N'accusons pas le sociétaire de la Comédie Française d'être insidieusement raciste en visant ainsi Fatima et sûrement Timbuktu, César du meilleur film cette année et l'an dernier. Le comédien consacre beaucoup de ses émissions radiophoniques aux minorités.

Mais on trouve le Sieur un peu gonflé et on ne peut pas voir de la part d'un homme de textes une simple maladresse oratoire.

Petit rappel. Son film à lui, Les garçons et Guillaume à table!, "comédie" assez mal filmée adaptée d'une son "one-man-show" plutôt brillant, a récolté 5 César: Meilleur film, Meilleur premier film, Meilleur acteur et Meilleure adaptation pour Guillaume Gallienne, en plus du Meilleur montage pour Valérie Deseine. Le plus gênant dans cette histoire ait qu'il a reçu le trophée suprême face à L'inconnu du lac et La vie d'Adèle. Sachant quand même, avouons-le, que Les garçons et Guillaume à table! est sournoisement assez homophobe (entre clichés sur les gays, homo ou bi sexualité non assumée et happy end hétéro-outé), on peut s'interroger, puisque Gallienne nous ouvre la porte du placard en grand, sur ces votants aux César qui voterait "politiquement" mais qui rejetteraient les films où l'on aborde l'homosexualité, que ce soit sous un genre thriller ou romanesque, au profit d'un premier film maladroit et pas gay-friendly...

Car, on est bien d'accord que ceux qui ont voté pour Fatima ou Timbuktu sont les mêmes, à peu de choses près, qui ont choisi Les Garçons et Guillaume à table!, face à Asghar Farhadi et Abdellatif Kechiche, issus de la fameuse "diversité culturelle". Non franchement, Guillaume Gallienne, tu aurais mieux fait de te taire, et pas seulement à table. Parce que là on pourrait te répondre: "On s’interroge quand même sur le choix du cinéma français, en tout cas de la famille du cinéma français, à vouloir, tout le temps, euh, prôner l'hétérosexualité, euh, la norme et tout ça, parfois je ne sais pas à quel point le moteur de ça est artistique ou politique, voilà."

En tout cas une chose est sûre, ton film, Billy, n'était pas une grande oeuvre artistique, ni un brûlot politique. C'était une séance de psy, qui part de ton psyché (troublé) pour arriver à ta queue (qui se demande pour qui elle bande), en passant par ton nombril. Regarde un peu le palmarès des César, et tu compteras: très peu de films césarisés abordent la question des minorités et de la diversité (même si on prend cette thématique au sens large).

En revanche, c'est un fait, les César aime les grandes causes sociales. Et pas seulement l'immigration chez Fatima ou le terrorisme chez Timbuktu: Le SIDA, les banlieues, l'euthanasie, la religion, l'Occupation, l'Holocauste, les prisons, la précarité sociale, la monoparentalité sont autant de thèmes abordés par les vainqueurs depuis 41 ans. Ne vous en déplaisent oh brillant Sociétaire: ce sont quand même des sujets autrement plus actuels que "j'essaie de coucher avec un beau blond friqué ou je le tente avec deux beurs du XIXe dans leur piaule miteuse?". Tout ça pour finir avec une jolie femme, sur une terrasse chic et bourgeoise de la capitale. Alors oui, Billy, on s'interroge quand même sur le choix du cinéma français d'avoir sacré ton film, parce qu'on n'a toujours pas capté le moteur artistique et politique de ta "comédie narcissique" qui atteint son summum avec un toucher rectal - mais, thanks God!, ton cul n'a été en contact qu'avec des doigts féminins!

Alain Guiraudie trace une diagonale pour Rester Vertical

Posté par vincy, le 18 juillet 2015

alain guiraudieAlain Guiraudie prépare pour septembre le tournage de son prochain film, Rester Vertical. Sylvie Pialat et Les Films du Worso sont fidèlement au rendez-vous côté production, comme pour ses deux précédents films, Le Roi de l’évasion (2009) et L’Inconnu du lac (2013). La productrice annonce un budget supérieur à celui de L'inconnu du lac.

Ce road movie dont le scénario est tenu secret est un voyage à travers la France. Dans la note de production, Alain Guiraudie explique qu'il a conçu le film "avec l’idée de rendre l’invraisemblable crédible, l’impossible envisageable et de faire un grand voyage pas très loin de chez [lui], de rapprocher l’ailleurs et de [s]’évader au coin de la rue." Il ajoute : "Le film se déroule dans une France que l’on appelle «profonde», une diagonale qui va de la Lozère à Brest."

Pas de casting pour le moment, mais une forte possibilité de voir le film au prochain Festival de Cannes.

Depuis L'Inconnu du lac, son plus gros succès public et critique, présenté à Un certain regard en 2013, Guiraudie a également publié un premier roman l'an dernier, Ici commence la nuit.

Ici commence la carrière d’écrivain d’Alain Guiraudie

Posté par vincy, le 6 juin 2014

alain guiraudieUn an après la sortie de L'inconnu du lac, prix Un certain regard de la mise en scène et Queer Palm au Festival de Cannes 2013, le réalisateur Alain Guiraudie s'apprête à publier son premier roman.

Ici commence la nuit sortira en librairies le 9 octobre, aux éditions P.O.L.

Selon les premières informations, le livre racontera l'histoire d'un jeune homme, Gilles, qui tombe amoureux pour Pépé, vieillard de 98 ans. Le chef des gendarmes du coin s'inquiète de cette étrange relation. D'autant qu'il est lui aussi attiré par Gilles. Il va (ab)user de son autorité pour aller jusqu'au bout de sa passion.

Alain Guiraudie, 50 ans en juillet, né dans un famille d'agriculteur du sud de la France, a réalisé son premier court métrage en 1980, Les héros sont immortels. Il a réalisé 4 longs métrages entre 2003 et 2013.

Césars 2014 : 10 nominations pour le premier film de Guillaume Gallienne

Posté par vincy, le 31 janvier 2014

La liste des nominations

guillaume gallienne les garçons et guillaume à table

Dix nominations pour Les Garçons et Guillaume, à table!. Voilà le verdict des nominations aux Césars, dont on connaîtra les gagnants le 28 février au soir. Il devance La vie d'Adèle et L'inconnu du lac (8 nominations), La Venus à la fourrure (7 nominations), 9 mois ferme et Michael Kohlhaas (6 nominations) et Suzanne (5 nominations). Hormis Neuf mois ferme, tous les films ont été présentés au Festival de Cannes. Un jack-pot pour les sélectionneurs de la Croisette. Notons que Catherine Deneuve obtient sa douzième nomination comme meilleure actrice, égalisant le record d'Isabelle Huppert (qui cumule 14 nominations au total).

Le 2e tour de vote commencera le 10 février. La soirée des Césars rendra hommage à Patrice Chéreau et à Henri Langlois (à l'occasion du centenaire de la naissance de la Cinémathèque française).

Peu de surprises émaillent de cette liste des nominations. Dans certaines catégories, aucun favori ne se détache (documentaire, second rôle masculin comme féminin, film étranger, long métrage d'animation). Cela relèvera un peu le suspense d'une soirée qui devrait couronner La Vie d'Adèle dans au moins quatre catégories : film, réalisateur, actrice, espoir féminin. Kechiche a déjà été césarisé deux fois. S'il gagnait, il égaliserait le record de Polanski (trois fois césarisé). Gallienne devrait repartir avec au moins deux Césars : acteur et premier film.

François Ozon et son Jeune & Jolie, Quai d'Orsay et Grand Central ont été snobés et ne récolte que quelques cacahouètes. De même Le Loup de Wall Street, Au bout du conte, Möbius, Le géant égoïste, Lincoln ou encore Tip Top, pour n'en citer que quelques uns ont été complètement zappés. Le scandale est évidemment du côté d'Adèle Exarchopoulos, oubliée dans la catégorie de la meilleure actrice (et reléguée en simple espoir féminin).

On peut se féliciter de la variété des genres qui ont été reconnus par les professionnels de la profession. Comédie, drame, polar, les Césars vont faire l'éloge de la diversité du cinéma français, même si l'avantage est donné à un certain type de films, ceux du milieu, qui coûtent entre 4 et 10 millions d'euros.

8 films sélectionnés pour le Prix Louis Delluc 2013

Posté par vincy, le 28 octobre 2013

abdellatif kechiche adele exarchopoulos lea seydoux

Qui pour succéder aux Adieux à la Reine de Benoît Jacquot? 8 films sont en lice pour le prix Louis Delluc 2013. Le lauréat sera connu le 17 décembre prochain.

A priori, l'Abdellatif Kechiche semble incontournable. Mais peu de réalisateurs ont obtenu plusieurs fois le Delluc hormis Alain Resnais (trois fois), Michel Deville, Louis Malle et Claude Sautet (deux fois chacun). Kechiche a déjà reçu ce prix en 2007 pour La Graine et le mulet. Autre sélectionné cette année, Desplechin l'a également obtenu pour Rois et reine en 2004.

Finalement, le favori pourrait être L'inconnu du lac, couronnant ainsi la jeune oeuvre audacieuse d'Alain Guiraudie. A moins que le jury ne préfère guérir Dupeyron des plaies laissées par la difficulté à financer son film ou Dumont pour l'ensemble de sa carrière.

Très éclectique, le Delluc a sélectionné 8 films très différents dans la forme comme dans le fond, incluant la comédie féroce d'Albert Dupontel, succès populaire. On peut regretter l'avantage donné à des "habitués" des palmarès malgré des oeuvres plus mineures, au détriment de jeunes cinéastes plus ambitieux. Mais cela reste un joli panorama du cinéma d'auteur français, et de son ouverture sur le monde : un réalisateur iranien, un film tourné aux Etats-Unis, une comédie, un drame historique, une production très indépendante, une Palme d'or, un film ouvertement gay et un road-movie grave et lumineux...

Prémices aux Césars, cette liste du Delluc laisse présager que la course aux statuettes, même si elle est largement et logiquement dominée par La Vie d'Adèle, sera très ouverte.

Elle s'en va d'Emmanuelle Bercot, en compétition à Berlin
Jimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des Plaines) d'Arnaud Desplechin, en compétition à Cannes
Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont, en compétition à Berlin
Mon âme par toi guérie de François Dupeyron, en compétition à San Sebastian
9 mois ferme d'Albert Dupontel
Le Passé d'Asghar Farhadi, prix d'interprétation féminine à Cannes
L'inconnu du lac d'Alain Guiraudie, Prix de la mise en scène Un certain regard et Queer Palm à Cannes
La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche, Palme d'or à Cannes

L’inconnu du lac interdit au Liban

Posté par vincy, le 6 octobre 2013

L'inconnu du lac d'alain guiraudie

L'inconnu du lac d'Alain Guiraudie n'a pas pu être diffusé au Festival international du Film de Beyrouth (2-10 octobre), au Liban. Le film devait y être projeté ce week-end mais le comité de la censure a décidé que le thriller homoérotique n'était pas compatible avec ses critères.

Dans un article du journal Le Monde, Colette Naufal, directrice du Festival, explique que le film était sans doute "osé. Trop osé pour le Liban". Elle s'en désole : "C'est ridicule de l'interdire". L'inconnu du lac, queer palm et prix Un certain regard au dernier festival de Cannes, évoque une série de crimes sur une plage fréquentée par des gays. Elle avait sélectionné le film dans la section Panorama, aux côtés de Gravity, Attenberg, Balncanieves, All is Lost, Fruitvale Station et Jimmy P.

Mais la loi est floue. Elle permet au comité de censure d'interdire un film, local ou étranger, considéré comme provocateur pour la paix civile et les bonnes moeurs : politique, religion et sexualité sont souvent les ingrédients qui peuvent empêcher un film d'être diffusé au Liban, où l'homosexualité reste un délit pénal malgré une tolérance plus libérale que dans de nombreux pays arabes. Le Monde rapporte les propos de l'artiste Akram Zaatari, dont deux films, Red Chewing-gum (2000) et How I Love You (2001), traitant de l'homosexualité : "Sur la sexualité, les censeurs ne veulent pas être attaqués par les autorités religieuses". Et il ajoute : "Si l'homosexualité était dépénalisée, ce serait peut-être un premier pas. Mais cela ne changerait pas le problème de fond. Une relation homme-femme est autorisée au Liban, la montrer à l'écran est tabou."

Toute scène sexuellement explicite est donc interdite. L'inconnu du lac pourra toujours se rattraper en format DVD, piraté, comme tous les autres films censurés.

En attendant un jour que le comité de censure soit lui même interdit.

Chéries Chéris va chérir Alain Guiraudie

Posté par vincy, le 16 juillet 2013

festival chéries chéris 2013 films gays et lesbiens de paris tom de pékin affiche posterAlain Guiraudie, 49 ans, a reçu deux jolis cadeaux d'anniversaire le 15 juillet. Son dernier film, L'inconnu du Lac, Queer Palm et prix Un Certain Regard de la mise en scène à Cannes cette année, a passé le cap des 100 000 entrées en France après 5 semaines d'exploitation. C'est son plus gros succès.

Par ailleurs, le Festival Chéries Chéris (Paris Forum des Images, 15-20 octobre 2013) a décidé de lui rendre hommage en le désignant invité d'honneur. Guiraudie donnera une Master Class à cette occasion. Pour accompagner cet événement, l'affiche du Festival, tout juste révélée, est signée Tom de Pékin : il s'agit d'une déclinaison de celle de L'inconnu du Lac, qui avait fait polémique à Saint-Cloud et Versailles.

Enfin, le Festival LGBT a déjà annoncé en guise de programmation une nuit consacrée aux serial killers (et killeuses), là encore en rapport avec l'histoire du thriller érotique de Guiraudie.

Prix Jean Vigo pour le moyen métrage Ce vieux rêve qui bouge en 2001, le réalisateur a réalisé 4 longs métrages depuis 10 ans.

Un « Kiss-in » à Saint-Cloud pour narguer la censure de l’affiche de L’inconnu du Lac

Posté par vincy, le 11 juin 2013

Allez! Tous à Saint-Cloud (c'est direct en tramway T2 et en Transilien à partir de La défense et Saint-Lazare, pas très loin du métro Pont de Saint-Cloud)! Pour contrer la censure de l'affiche du film L'inconnu du Lac par la ville, un "kiss-in" est organisé mercredi 12 juin à 19h devant l'hôtel de ville de Saint-Cloud.

A l'AFP, Pascale Ourbih présidente du festival de cinéma LGBT Chéries-Chéris a déclaré : "Je soutiens cette initiative mais je n'en suis pas l'initiatrice". Le Fetsival songe à rendre hommage au réalisateur du film Alain Guiraudie lors de sa prochaine édition en octobre.

Rappelons que l'affiche a été retirée parce qu'une vingtaine d'habitants de Saint-Cloud se sont plaints directement auprès de la mairie. La ville de Versailles a également censuré le poster.

Elle est pour le moment restée sur 350 autres panneaux publicitaires dans toute la France, selon le distributeur Les Films du Losange.

Ce mardi, la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, a estimé que ces retraits d'affiches constituaient «un acte de censure qui porte atteinte à la liberté de communication et d'expression». Pour elle, l' affiche «ne présente pas les risques pour l'ordre public qui pourraient justifier des mesures de restrictions par les autorités compétentes», soulignant qu'elle «a été reproduite dans la plupart des médias alors que le film était dans sa phase promotionnelle» avant sa présentation au festival de Cannes. Elle précise que "Cette affiche créée par l'illustrateur  Tom de Pékin, qui représente notamment au premier plan le dessin d’un baiser entre deux hommes, transpose, avec la liberté artistique qui doit être reconnue à tout créateur, le propos et l'ambiance du film."