Posté par MpM, le 9 février 2010
Avec son nouveau cycle intitulé "Gandhâra vu de Chine", l'auditorium du Musée Guimet nous invite à un étonnant voyage depuis les frontières de la Chine jusqu'au Pakistan, le long de la route de la soie.
Avec d'un côté une rétrospective de l'oeuvre du réalisateur Jia Zhang-ke, chef de file de la 6e génération de cinéastes chinois, et de l'autre une exploration d'une région du monde (le "Gandhâra", royaume ancien qui était situé sur l'Afghanistan et le nord-ouest du Pakistan actuels) célèbre pour son style d'art bouddhique et parsemée de sites archéologiques. Une sorte de grand écart géographique, temporel et bien sûr cinématographique particulièrement représentatif des mille facettes de l'Asie.
L'hommage à Jia Zhang-ke permettra ainsi aux spectateurs de (re)découvrir son cinéma urbain et souvent clandestin au travers de ses longs métrages les plus connus (Plaisirs inconnus, The world, Still life) comme de ses documentaires plus ou moins expérimentaux (In public, Dong, Useless...). Des films au fils desquels se dessine un portrait sans concession de la Chine actuelle : industrialisation qui laisse les plus faibles sur le carreau, perte de repères, inégalités...
Le ton éminemment critique du cinéaste, ainsi que son désir de ne rien cacher des difficultés du pays, ont fait maintes fois grincer les dents de pékin. Malgré tout, aujourd'hui, il est l'un des réalisateurs chinois les plus connus à travers le monde, multi-primé (Léopard d'or pour Xiao Wu à Locarno, Lion d'or pour Still life à Venise, Montgolfière d'or pour Platform à Nantes, Grand prix du Jury à Vesoul pour The World...) et sélectionné dans tous les grands festivals européens.
Dans un genre très différent, ce sont une quinzaine de documentaires et une fiction qui apportent un éclairage tour à tour historique, culturel et géographique sur le Gandhâra : voyage dans les pas d'une expédition archéologique tentant de localiser la ville mythique de Mogao, exploration du berceau de la civilisation chinoise du Moyen-Age (Loulan, "ville du diable"), recherches sur l'une des plus mystérieuses civilisations disparues, celle de l'Indus... la ligne directrice est très clairement pédagogique. D'ailleurs, une série de conférences accompagne le cycle.
Toutefois, cela n'empêche pas l'art de reprendre ses droits avec le très joli film de fiction signé Sabiha Sumar, Eau dormante (Léopard d'or à Locarno) qui traite du traumatisme laissé par le séparation de l'Inde et du Pakistan, ainsi qu'avec les différents spectacles mêlant musiques et danses traditionnelles.
Comme toujours avec l'auditorium du musée Guimet, le dépaysement est garanti, tout comme le plaisir et l'intelligence !
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Du 10 février au 23 juin 2010
Séances à 12h15 les lundis, mercredis ou vendredis selon les semaines
Programme complet et informations sur le site de l’Auditorium Guimet
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Posté par MpM, le 13 mai 2009
Avec Lou Ye, un parfum de souffre et de censure se lève sur la croisette. Ce réalisateur chinois d’une quarantaine d’années joue en effet à cache-cache avec les autorités de son pays depuis qu’en 2000 son deuxième long métrage Suzhou River, une histoire d’amour onirique, a été interdit sur le territoire chinois. Présenté au festival de Rotterdam, le film a néanmoins remporté le Grand prix, attirant l’attention de la critique internationale sur ce nouveau cinéaste de la 6e génération (qui recouvre les cinéastes postérieurs à 1989 et aux évènements de Tien An Men, comme Jia Zhang-ke ou Wang Chao).
On retrouve ensuite Lou Ye en compétition à Cannes, et même avec une certaine constance : Purple butterfly (une fresque retraçant le conflit sino-japonais des années 30, avec Zhang Ziyi) en 2003, Une jeunesse chinoise (Summer Palace) en 2006 (qui aborde directement les affrontements de la Place Tian An Men) et Nuit d’ivresse printanière (Spring fever) cette année. Ce dernier, qui relate la relation homosexuelle secrète d’un homme marié, est annoncé comme une œuvre extrêmement sensuelle, voire crue. Il a été tourné dans le plus grand secret, clandestinement, à Nanjing et monté en France.
En effet, en brisant le tabou de Tian An Men, Une jeunesse chinoise a valu au réalisateur une interdiction de tourner en Chine pendant cinq ans. Ces dernières années, une sanction similaire avait été infligée entre autres à Yu Lik-wai (All tomorow’s parties) et Li Yang (Blind shaft), allant à l’encontre des affirmations selon lesquelles les autorités chinoises se montreraient plus "tolérantes" envers la création artistique… Reste à vérifier si surfer sur une réputation de cinéaste maudit et une bonne dose de polémique ne finit pas par desservir le travail du cinéaste.
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Posté par MpM, le 14 mars 2008
La 10e édition du Festival du Film asiatique de Deauville a démarré en beauté mercredi soir avec un hommage rendu au réalisateur coréen Im Kwon-Taek, dont le centième film, Beyond the years, faisait l'ouverture. Jusqu'au 16 mars, l'Asie est donc à l'honneur dans la cité normande au travers de plusieurs rétrospectives, d'un panorama du cinéma asiatique contemporain, d'une compétition officielle et d'une compétition "Action Asia". Jeudi soir, c'était au tour du compositeur japonnais Joe Hisaichi et de l'acteur japonnais Kôji Yakusho (Cure, L'anguille, Eureka...) d'être honoré par le festival, avant les réalisateurs chinois Jia Zhang-Ke et Jiang Wen.
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