Cannes 2018 : La révolution place Tian’anmen avec Une jeunesse chinoise de Lou Ye

Posté par MpM, le 14 mai 2018

Puisqu'on célèbre cette année les 50 ans de mai 68, et l'anniversaire de ce festival qui n'eut pas lieu, c'est l'occasion d'explorer les rapports de Cannes avec la Révolution. Sur la croisette, où les spectateurs défilent en smoking et robes de soirées, où un simple selfie est jugé "irrespectueux", et où toute la société festivalière est organisée en castes strictes, les mouvements de révolte et de contestation eurent souvent les honneurs d'une sélection. C'est là tout le paradoxe d'une manifestation très attachée à ses traditions, et qui n'a pourtant cessé de montrer, défendre et encourager ces moments de l'Histoire où des hommes et des femmes ont pris leur destin en mains.


Une jeunesse chinoise n'est pas à proprement parler un film sur les mouvements de contestation qui frappèrent la Chine en 1989, mais plutôt une vaste fresque historique englobant cette période et celle qui suivit, du point de vue intime d'une étudiante et de son groupe d'amis. L'histoire intime et personnelle s'articule ainsi avec l'Histoire collective.

Petit rappel historique : entre le 15 avril et le 4 juin 1989, un mouvement de contestation réunit étudiants, intellectuels et ouvriers chinois qui réclament des réformes politiques et démocratiques et dénoncent la corruption des élites. Les manifestations touchent toutes les grandes villes et, à Pékin, se cristallise sur la place Tian'anmen. La loi martiale est instaurée le 20 mai, et l'armée intervient violemment le 4 juin, provoquant un nombre de morts estimé à plusieurs centaines, voire plusieurs milliers selon les sources. Une période de répression sévère suivit, et le sujet reste aujourd'hui encore tabou en Chine continentale.

Une jeunesse chinoise fut d'ailleurs interdit dans son pays, bien que les événements de Tian'anmen soient principalement hors champ, comme une toile de fond aux amours mouvementés de l'héroïne. C'est plus une vision intimiste de la "génération Tian'anmen" qu'un récit historique que propose en effet Lou Ye. Ou alors un récit où l'Histoire serait seulement en creux. La première partie du film est ainsi présentée comme la période de tous les possibles que Lou Ye filme d'emblée comme un âge d'or révolu. La contestation et le contexte répressif sont au second plan, à demi-effacés par l'histoire d'amour effrénée des deux protagonistes (avec de nombreuses scènes de sexe explicites à l'appui, ce qui n'est pas dans les habitudes du cinéma chinois) dont la crise amoureuse atteint justement son apogée le soir du 4 juin.

Voici ce que nous écrivions en 2006, lors de la présentation du film en compétition officielle à Cannes : "Des histoires d’amours conjugués au pluriel. Celui d’une femme, d’elle et son « autre », celui d’un homme, au fil des hommes, celui de toute une génération qui voulait être libre… Celui de la Chine, de sa jeunesse tournée vers l’avenir. Celui de ces instants de fraîcheur définitivement révolus, consignés dans un vieux journal intime que l’on ressortira l’heure des retours de bâton venue, histoire(s) de ne pas se perdre. (...) Une histoire de Chine adulée, encensée, gangrenée, mélangée, métissée, modernisée, profusément charnelle. Toujours cette Chine de l’entre-deux. Entre tradition et modernité, entre culture patriarcale et légèreté des moeurs. Entre grands destins et futilités des itinéraires particuliers. Pekin/Berlin, Moscou/Shenzen… D’un mur à l’autre, c’est toujours la même histoire."

Car finalement Lou Ye capte plus le désarroi et le désenchantement, une fois la révolte écrasée dans le sang, que l'espoir fou d'un monde meilleur. On pourrait d'ailleurs presque dire qu'Une jeunesse chinoise prend à contrepied l'exercice du "film de révolution" pour n'en montrer que les creux, les manques et les vides que laissent les espoirs déçus.

Cannes 2018: un festival plus politique que jamais

Posté par vincy, le 9 mai 2018

Il y a l'aspect business qui inquiète tant les professionnels (Cannes passe-t-il à côté des mutations technologiques de l'époque?), la résistance au cinéma dominant (blockbusters américains et chinois d'un côté, comédies française de l'autre), et puis il y a ce que dessine la sélection du festival en creux: mettant en lumière un cinéma d'auteur qui a de moins en moins de spectateurs, de plus en plus de difficultés à être projeté (les Avengers et Taxi 5 monopolisent 1650 écrans cette semaine) et qui se bat pour avoir une visibilité correcte dans des médias qui réduisent la place de la culture et qui doivent aussi faire du clic.

Mais cette année encore Cannes joue un rôle politique: la défense des réalisateurs, ceux qui croient encore au grand écran comme ceux qui ne peuvent pas sortir de leur pays. Terry Gilliam a reçu le soutien explicite du festival dans son combat juridique et financier contre le producteur Paulo Branco. Rafiki de Wanuri Kahiu a été censuré dans son pays parce que le film montre la relation amoureuse entre deux femmes. Même sanction pour Les âmes mortes du cinéaste chinois Wang Bing, qui est interdit de diffusion en Chine.

Evidemment les deux grands cas cette année sont metteur en scène et cinéaste russe Kirill Serebrennikov et le réalisateur iranien Jafar Panahi, tous deux en compétition respectivement avec Leto et Three faces. Le premier a été assigné à résidence à Moscou depuis l'été dernier accusé d'avoir détourné de fonds publics dans une affaire très politisée puisqu'il critique ouvertement Vladimir Poutine. Son assignation a été repoussée jusqu'au 19 juillet 2018, il sera donc absent.

Pour Jafar Panahi, l'affaire est encore plus rude. Il est interdit de tournage dans son pays et de voyager. Cela ne l'empêche pas de filmer (clandestinement) et même d'être primé par un Ours d'or à Berlin (Taxi Téhéran). On se doutait bien, avec la crise diplomatique américano-iranienne que l'Iran n'allait pas faire d'exception. Rappelons qu'il avait été incarcéré à la prison d'Evin alors qu'il était invité à faire partie du jury de Cannes en 2010.

On a déjà vu des films cannois censurés a posteriori dans leur pays ou dans d'autres. On a aussi déjà connu des cinéastes en sélection qui étaient en litige avec leurs producteurs ou des réalisateurs qui ne pouvaient pas sortir leurs films. Cannes a une histoire mouvementée.

En 1956, à la demande de l'Allemagne de l'Ouest, Nuit et Brouillard est retiré de la compétition officielle tout en étant projeté. Tels des thrillers, Gilles Jcob fait passer d'Est en Ouest les bobines de L'homme de marbre d'Andrzej Wajda et de Stalker de Andreï Tarkovski, au nez et à la barbe des régimes communistes. A la projection du film-surprise de Tarkovski, la délégation d’URSS reconnait le film dont il ne souhaitait pas la diffusion à Cannes et sort de la salle.

En Chine, ce n'est pas mieux, de Zhang Yuan (East Palace, West Palace, "premier film gay" en Chine) à Lou Ye (Summer Palace, qui parle de sexe sur fond de mouvement prodémocratique de la place Tian’anmen) sont censurés dans leur pays et les cinéastes plus que surveillés.

Rappelons aussi qu'avec Chronique des années de braise, Palme d'or signée de l'algérien Mohammed Lakhdar-Hamina, le réalisateur a été lenacé de mort lors de sa venue à Cannes par des anciens membres de l'OAS. C'était en 1975. En 2010, des élus UMP, des militants FN, des harkis, des pieds-noirs et d'anciens combattants protestent contre la projection du film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb. On prend les mêmes et on recommence.

Enfin signalons que l'an dernier, Mohammad Rasoulof, Prix Un Certain regard avec Un homme intègre, à peine rentré dans son pays, se voit confisquer son passeport et convoquer à un interrogatoire par les autorités qui l’accusent d'activités contre la sécurité nationale et de propagande contre le régime. En octobre, il disait: "J’ai l’impression que les autorités iraniennes veulent étouffer le cinéma d’auteur en Iran”.

Cannes n'a peut-être pas les films oscarisables. Mais une chose est certaine, le festival tient son rang dans la liberté de création et la défense d'un cinéma opprimé qui déplaît aux régimes les plus autoritaires et à ceux qui veulent museler la liberté d'expression.

Le guide de la rentrée (1) : 15 films incontournables venus du monde entier

Posté par MpM, le 2 septembre 2011

L'automne sera cinématographique ou ne sera pas. D'ici fin 2011 vont en effet défiler sur nos écrans certains films parmi les plus alléchants de l'année. Derrière la caméra, on retrouve de grands cinéastes, dont chaque nouvelle œuvre est un événement en soi, et des auteurs plus "récents" avec lesquels il faudra désormais compter. Pour commencer ce petit florilège forcément subjectif des incontournables de la rentrée, quinze longs métrages venus du monde entier (et classés par date de sortie) que l'on a d'ores et déjà très envie de (re)découvrir.

Et maintenant on va où ? de Nadine Labaki
Sortie le 14/09
Un de nos coups de coeur de Cannes. Mélange de comédie musicale et de fable politique, le 2e film de la jeune réalisatrice-actrice libanaise parle de tolérance, d'humanisme et de solidarité avec des accents si sincères et justes qu'il nous bouleverse. On veut croire en son utopie intelligente et optimiste pour régler les conflits religieux et ethniques.

Attenberg de Athina Tsangari
Sortie le 21/09
Depuis Canine en 2009, le cinéma grec suscite chez le cinéphile à la fois curiosité et désir. Comme si les cinéastes du pays avaient le secret pour nous livrer des oeuvres audacieuses et atypiques réinventant à elle seule un univers d'étrangeté, de sensualité et d'intimité auquel le langage cinématographique apporte une véritable universalité. C'est en tout cas exactement l'impression provoquée par Attenberg, conte plus doux qu'amer sur l'être humain, la jeunesse et l'existence en général.

We Need to Talk About Kevin de Lynn Ramsay
Sortie le 28/09
Si l'on ne devait retenir qu'une chose de cette adaptation du roman de Lionel Shriver, ce serait le regard au-delà de toute douleur de son actrice principale, Tilda Swinton, qui réalise une performance violente et subtile à la fois en mère d'un adolescent assassin. A voir aussi pour l'audace esthétique et formelle de la réalisatrice, qui ose une proposition de cinéma radicale, étouffante, et au final envoutante.

Ceci n’est pas un film de Jafar Panahi
Sortie le 28/09
Tourné alors que le réalisateur iranien est en résidence surveillé, frappé d'une interdiction de tourner, ce journal filmé en forme de déclaration d'amour au métier de cinéaste prend forcément un relief particulier. On y sent l'absolue nécessité qu'a Panahi du cinéma, et à quel point ce besoin est réciproque.

Drive de Nicolas Winding Refn
Sortie le 05/10
Le jury présidé par Robert de Niro a logiquement récompensé d'un prix de mise en scène ce thriller brillant, esthétique à outrance et ultra-violent où la musique, le cadre et l'image subliment une intrigue minimaliste mais terriblement efficace. Nicolas Winding Refn s'inspire à la fois des polars US des années 80 et du cinéma d'action asiatique, pour mieux réinventer un genre dont on ne se lasse pas.

Love and bruises de Lou Ye
Sortie le 2/11
Film après film, le réalisateur chinois nous intrigue, entre récits intimistes, sensualité feutrée et propos politique. Pour raconter cette nouvelle histoire d'amour violente et passionnée, il est venu tourner à Paris, avec un casting principalement français : Jalil Lespert, Vincent Rottiers, et surtout Tahar Rahim, la brûlante révélation du Prophète de Jacques Audiard. On est curieux de découvrir ce que l'exil, et la totale liberté d'action, vont apporter à son travail.

Contagion de Steven Soderbergh
Sortie le 9/11
Un virus mortel se répand à la vitesse de l'éclair, laissant la communauté médicale démunie et impuissante... Un point de départ classique mais prometteur pour le nouveau thriller de l'insatiable réalisateur américain, qui réunit devant sa caméra rien de moins que Matt Damon, Kate Winslet, Jude Law, Marion Cotillard, Gwyneth Paltrow et Laurence Fishburne. De quoi frôler l'épidémie de talent...

A Dangerous Method de David Cronenberg
Sortie le 30/11
Viggo Mortensen en Sigmund Freud, Michael Fassbender en Carl Jung, et Keira Knightley en patiente "hystérique". Le cinéaste canadien s'attaque au père de la psychanalyse, et à ses relations complexes avec l'un de ses plus célèbres collaborateur, et il n'en faut pas plus pour faire fantasmer les cinéphiles.

Le Cheval de Turin de Bela Tarr
Sortie le 30/11
Pour son dernier film annoncé, le cinéaste hongrois réalise une oeuvre-somme qui peut être prise comme un testament, ou un ultime pied de nez. On y suit le quotidien austère et répétitif d'un fermier et de sa fille, filmé dans un noir et blanc riche en contrastes et en clairs-obscurs. Couronné d'un Ours d'argent à Berlin, cet envoûtant (et radical) Cheval de Turin incarne  la quintessence d'un cinéma esthétique et sensoriel qui réinvente l'expérience même du cinéma.

The Lady de Luc Besson
Sortie le 30/11
Avec ce film, Luc Besson surgit sur un terrain où on ne l'attendait guère, celui du film biographique. The lady retrace en effet une période de la vie d'Aung San Suu Kyi, célèbre opposante à la junte militaire birmane, en mettant l'accent sur la relation extrêmement forte qui l'unissait à son mari, décédé en 1999. Michelle Yeoh, qui a parlé la première du projet à Luc Besson, incarne la prix Nobel de la paix aux côtés de David Thewlis.

Take shelter de Jeff Nichols
Sortie le 7/12
Plongée paranoïaque dans le quotidien d'un homme tiraillé à la fois par la peur de la folie et par la peur d'avoir raison contre tous, Take shelter est un thriller poisseux et minimaliste, anxiogène et étouffant, qui laisse le spectateur exsangue et à bout de souffle. Devant la caméra implacable de Jeff Nichols, Michael Shannon est exceptionnel en homme submergé par l'irrationnel.

Sur la route de Walter Salles
Sortie le 7/12
On ne sait pas ce qu'il y a de plus excitant dans cette adaptation ambitieuse du roman culte de Jack Kérouac : le frisson de voir transposé à l'écran le manifeste de toute une génération ?  Le bonheur de retrouver Walter Salles derrière une caméra ? Ou encore la curiosité de découvrir Sam Riley, l'inoubliable Ian Curtis de Control, dans un rôle une fois encore mythique ?

Carnage de Roman Polanski
Sortie le 7/12
Avant même le triomphe de The ghost writer, Roman Polanski avait décidé d'adapter la pièce de Yasmina Reza (Le Dieu du carnage) qui met en scène deux couples réglant leurs comptes après une bagarre entre leurs enfants. Transposé à New York avec l'aide de la dramaturge elle-même (et préparé pendant l'assignation à résidence du cinéaste à Gstaad), Carnage réunit Kate Winslet, Jodie Foster, Christoph Waltz et John C. Reilly.

Hugo cabret de Martin Scorsese
Sortie le 14/12
Chaque nouveau film de Martin Scorsese est un événement en soi... Mais on est d'autant plus excité par ce nouvel opus qu'il lorgne du côté du film d'aventures pour adolescents, s'attaque à la D et se veut en même temps un hommage à l'un des pères fondateurs du cinéma moderne, le génial Georges Méliès. Tout simplement irrésistible.

Shame de Steve McQueen
Sortie le 14/12
Après le choc Hunger, on attend beaucoup du deuxième film de "l'autre Steve McQueen". Shame aborde de manière frontale la question de l'addiction sexuelle, et met en scène un trentenaire new-yorkais ayant de plus en plus de mal à dissimuler sa vraie vie à sa soeur venue vivre chez lui. Le cinéaste, qui retrouve son acteur de Hunger, Michael Fassbinder, ainsi que son directeur de la photographie, Sean Bobbit, et son monteur, Joe Walker, pourrait bien transformer l'essai et revenir tout sauf honteux de Venise où il est sélectionné.

La région Île-de-France veut investir dans le relief

Posté par vincy, le 17 mars 2010

Le cinéma (et la télévision) représente déjà le principal effort budgétaire culturel de la région Île-de-France, la plus riche du pays. Dotée d'un fond de soutien, crée en 2001, elle a aidé 241 films et 155 oeuvres audiovisuelles pour un total de 98 millions d'euros. L'impact économique d'un tournage est à ce prix.  La dernière commission a permis de sélectionné 6 nouveaux longs métrages, parmi lesquels les prochains Claude Miller et Lou Ye, et six oeuvres télévisuelles, dont un documentaire sur Roberto Saviano (Gomorra), soit près de 3 millions d'euros d'apports.

En 2006, la région a créé quatre nouvelles aides à la post-production (numérique et argentique), facilitant ainsi leur montage ou leur distribution. Cela a concerné 36 longs métrages et 35 courts métrages. En souhaitant créer un fonds pour la 3D Relief, la collectivité fait un pas supplémentaire vers la mutation numérique, tout en "protégeant" un secteur fragile financièrement : les prestataires techniques et d'effets spéciaux. Ce fonds de soutien à la création numérique serait doté d'un budget de 5 millions d'euros et concernerait aussi bien les longs métrages que les jeux vidéos.

Seul échec à noter : sa politique dans les festivals. La région a été incapable d'installer son propre événement. Le festival du film de Paris, un temps rescapé par le conseil régional, a disparu. Le Festival International du Film d'environnement manque toujours de visibilité. Les aides sont plus performantes quand il s'agit de soutenir des manifestations d'initiative locale ou départementale (Rencontres cinématographiques de Seine-Saint-Denis). Clairement, la création de Paris Cinéma par Bertrand Delanoë et Christophe Girard a relégué la Région à un simple figurant financier.

Lou Ye, cinéaste témoin de son époque célébré à Deauville

Posté par kristofy, le 13 mars 2010

Lou YeLe Festival asiatique de Deauville a rendu hommage à Lou Ye, cinéaste chinois dont les films sont beaucoup plus applaudis en Europe que dans son propre pays, où ils ne sont pas autorisés. On l’avait ainsi découvert en 2000 avec Suzhou River, film qui lui avait valu une interdiction de tourner de deux ans.

Il a ensuite filmé Zhang Ziyi séduite par un japonais pendant l’occupation ennemie dans Purple Butterfly, présenté à Cannes en 2003. Ses films suivants ont également été sélectionnés au Festival de Cannes : Une jeunesse chinoise (deux étudiants amoureux lors des évènements de la place Tian An Men) et Nuits d’ivresse printanière (deux trios amoureux sur fond d'homosexualité) qui lui a rapporté un prix du scénario en 2009.

C’est le réalisateur Pascal Bonitzer, président du jury des films en compétitions, qui lui a remis le lotus d'honneur de Deauville après un petit discours. Il a notamment évoqué l'idée selon laquelle on croyait tout connaître ou presque de la jeunesse chinoise d’ il y a plusieurs décennies mais en fait pas grand-chose de la jeunesse actuelle. Il a souligné que la détermination de Lou Ye a faire des films malgré la censure chinoise et ses interdictions de travailler devrait être une source d'inspiration pour les cinéastes du monde entier.

Crédit photo : Christophe  Maulavé

Deauville versant asiatique : Brillante Mendoza, Lou Ye et la Chine à l’honneur

Posté par MpM, le 11 mars 2010

Brillante MendozaPour sa 12e édition, le festival du film asiatique de Deauville poursuit son oeuvre de diffusion du cinéma asiatique avec une programmation classiquement articulée autour de deux compétitions (une sélection généraliste et une autre tournée vers le film d'action), un panorama de films contemporains et plusieurs rétrospectives.

Sont cette année mis à l'honneur le réalisateur philippin Brillante Mendoza (notre photo, lors de la cérémonie d'ouverture), auteur atypique dont le sens aigu de la mise en scène a été couronné à Cannes en mai dernier (Kinatay) et les chinois Lu Chuan (The missing gun, City of life and death) et Lou Ye, lui aussi sélectionné à Cannes en 2009 avec Nuits d'ivresse printanière, dont la nouvelle version est présentée ici en avant-première. Enfin, dans le cadre de cet hommage rendu à la Chine, trois longs métrages produits à la demande des dignitaires du parti communiste chinois seront projetés.

Fidèle à sa réputation, Deauville propose donc une sélection équilibrée mettant l'accent sur les cinématographies asiatiques les plus  diffusées (Japon, Taïwan, Hong Kong...) tout en s'ouvrant timidement à de nouvelles contrées telles que la Malaisie et l'Asie centrale (Tadjikistan).De quoi avoir en seulement 4 jours un bon aperçu de la production actuelle... et peut-être même faire de vraies découvertes !

Crédit photo : Christophe Maulavé

Lou Ye : deux projets français sinon rien

Posté par vincy, le 17 mai 2009

En compétition avec Nuits d’ivresse printannière, inspiré d’une nouvelle de Yu Dafu (Nuits enivrantes du printemps) le cinéaste chinois, interdit de tourner en son pays, Lou Ye va enchaîner deux tournages français. Tou d’abord il adaptera le roman La plage, de l’écrivain Liu Jie Falan sur une femme chinoise vivant à Paris. Ce film très sulfureux à petit budget (3,5 millions d’euros) commencera ses prises de vue au printemps 2010.
Il enchainera ensuite avec le livre de Malraux, réputé inadaptable, La condition humaine.

Cannes 2009 : Qui est Lou Ye ?

Posté par MpM, le 13 mai 2009

cnz_louye.jpgAvec Lou Ye, un parfum de souffre et de censure se lève sur la croisette. Ce réalisateur chinois d’une quarantaine d’années joue en effet à cache-cache avec les autorités de son pays depuis qu’en 2000 son deuxième long métrage Suzhou River, une histoire d’amour onirique, a été interdit sur le territoire chinois. Présenté au festival de Rotterdam, le film a néanmoins remporté le Grand prix, attirant l’attention de la critique internationale sur ce nouveau cinéaste de la 6e génération (qui recouvre les cinéastes postérieurs à 1989 et aux évènements de Tien An Men, comme Jia Zhang-ke ou Wang Chao).

On retrouve ensuite Lou Ye en compétition à Cannes, et même avec une certaine constance : Purple butterfly (une fresque retraçant le conflit sino-japonais des années 30, avec Zhang Ziyi) en 2003, Une jeunesse chinoise (Summer Palace) en 2006 (qui aborde directement les affrontements de la Place Tian An Men) et Nuit d’ivresse printanière (Spring fever) cette année. Ce dernier, qui relate la relation homosexuelle secrète d’un homme marié, est annoncé comme une œuvre extrêmement sensuelle, voire crue. Il a été tourné dans le plus grand secret, clandestinement, à Nanjing et monté en France.

En effet, en brisant le tabou de Tian An Men, Une jeunesse chinoise a valu au réalisateur une interdiction de tourner en Chine pendant cinq ans. Ces dernières années, une sanction similaire avait été infligée entre autres à Yu Lik-wai (All tomorow’s parties) et Li Yang (Blind shaft), allant à l’encontre des affirmations selon lesquelles les autorités chinoises se montreraient plus "tolérantes" envers la création artistique… Reste à vérifier si surfer sur une réputation de cinéaste maudit et une bonne dose de polémique ne finit pas par desservir le travail du cinéaste.

Cannes : l’atelier de la Cinéfondation soutient 15 projets

Posté par MpM, le 25 avril 2009

cannes_blog1.jpgCréé en 2005, l’Atelier de la Cinéfondation a pour but d’accompagner des cinéastes (ayant déjà fait leurs preuves par le passé) dans la genèse de leur nouveau film. La sélection se fait parmi des projets aboutis bénéficiant au minimum de l’appui d’un producteur et d’une partie du financement nécessaire. Chaque année, ce sont ainsi 15 réalisateurs qui profitent du Festival de Cannes pour rencontrer des partenaires potentiels venus du monde entier et, très souvent, mettre la dernière main à leur projet de long métrage. En effet, après avoir fait partie de l’Atelier, les lauréats mettent en moyenne moins d’un an pour débuter le tournage de leur film.

Nombre d’entre eux ont d’ailleurs été présentés à Cannes par la suite comme Elève libre de Joachim Lafosse, Home de Ursula Meier ou Salamandra de Pablo Aguero. Des réalisateurs confirmés tels que Bertrand Bonello, Lou Ye ou Tsai Ming-Liang sont également passés par ce programme qui réaffirme la volonté du Festival de Cannes de ne pas seulement être une vitrine de la production cinématographique mondiale, mais bien un acteur à part entière de cette production. En plus de l’Atelier, la Cinéfondation propose également une résidence permettant d’accompagner des cinéastes dans l’écriture d’un long métrage et une sélection de courts métrages projetés dans le cadre du Festival qui met en lumière chaque année une vingtaine de cinéastes à suivre.

Parmi les heureux élus de l’Atelier 2009, on retrouve la Libanaise Danielle Arbid (Dans les champs de bataille, Un homme perdu), le Marocain Faouzi Bensaidi (Mille mois) et l’Argentin Diego Lerman (Tan de repente) mais aussi plusieurs auteurs de courts métrages travaillant sur leur premier long, à l’image du Français Bertrand Mandico. Les budgets prévisionnels, dont certains sont déjà complétés pour le tiers, voire la moitié, vont de 310 000 à 3,2 millions d’euros.

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Découvrir les projets de l'Atelier 2009.