Quelques séances ciné gratuites pour Okja en France

Posté par vincy, le 23 juin 2017

[Actualisation le 24 juin 2017] Finalement, Okja de Bong Joon-ho, en compétition à Cannes, sortira dans quelques salles en France. Après deux mois de polémique et alors qu'il sera diffusé dès mercredi sur Netflix, on apprend par l'AFP que le film sud-coréen sera projeté cinq fois et gratuitement. La projection qui devait avoir lieu au Forum des Images le 28 juin à 20h30 a été annulée. Idem pour celle au Max Linder, ce qui enlève la dernière projection parisienne.

Le mono-écran des Grands Boulevards a justifié l'annulation ainsi:

"Le Max Linder, attaché aux œuvres et aux auteurs, et convaincu de l’intérêt cinématographique du film, avait accepté d’organiser une séance exceptionnelle gratuite de Okja de Bong Joon-Ho, mercredi 28 juin à 14h, dans le cadre du festival Sofilm. Prenant en compte le contexte actuel de l’exploitation cinématographique et les débats suscités par la projection de ce film, et constatant que nous étions la seule salle sur Paris, nous choisissons de nous retirer du festival Sofilm" explique la gérante et programmatrice Claudine Cornillat.

Dans tous les cas, c'est regrettable. Dès lors qu'il était diffusé dans un Festival comme Cannes, pourquoi, dans le cadre d'un autre festival, retire-t-on le droit à des spectateurs non privilégiés de voir un film qui, rappelons-le, mérite d'être vu en salles....

Pour les autres chanceux, les séances auront lieu en France mercredi 28 juin (et le 6 juillet à Bordeaux). C'est à l'initiative du festival SoFilm que ces projections pourront avoir lieu.

- Paris: Max Linder Panorama (14H00)

- Paris: Forum des images (20h30)

- Montreuil: Le Méliès

- Nantes: Sofilm Summercamp, au Stereolux (19H00)

- Nantes: en plein air sous les Nefs des chantiers navals (22H30).

- Bordeaux : le 6 juillet, aux Tropicales by Sofilm à l'Utopia (20H00)

- Bordeaux: le 6 juin en plein air au Darwin (22h30).

Le cinéma s’invite dans la Nuit des idées

Posté par vincy, le 26 janvier 2017

Pour la 2e Nuit des Idées, qui se déroule ce soir en France et dans 40 pays , le cinéma s'invite dans cet événement festif et philosophique. De Tokyo (pour l'ouverture) à Los Angeles (pour la clôture), les débats auront pour thème "Un monde commun". Initiée par l’Institut Français, ce sont plus de 70 événements qui auront lieu.

Unifrance et MK2 proposeront ainsi une Nuit des Nouvelles Images pour débattre du futur du cinéma. À 18h, au mk2 Bibliothèque (Paris), on y discutera de l’émergence de nouvelles images et de nouveaux modes de diffusion, à l’heure où mk2 ouvre une nouvelle salle consacrée à la Réalité virtuelle et où UniFrance organise la 7e édition de son festival en ligne MyFrenchFilmFestival. Cette soirée se déroulera en présence des cinéastes Rebecca Zlotowski et Clément Cogitore, du DG de mk2 Agency Elisha Karmitz et du commissaire de l'exposition à la Cinémathèque française Laurent Mannoni. Le public sera invité à intéragir avec les intervenants sur Twitter avec le hashtag #NDNI. l'éntre est libre et le débat sera retransmis sur Facebook Live.

Au Forum des Images, l'écrivain et scénariste Jean-Claude Carrière, le photographe Vasantha Yogananthan, l'ethnoscénologue Amiane Béranger et la conteuse et danseuse Nathalie Le Boucher évoqueront  "Ramayana et Mahabharata : a persistance des mythes au coeur de la culture indienne", deux grands textes indiens sacrés. La soirée est accompagnée de la projection Gita Govinda du réalisateur expérimental Amit Dutta, transposition cinématographique du poème hindou (2014), présentée à Cinéma du réel en 2015.

A Nantes, au Lieu unique, dans le cadre de la programmation Doc a LU - focus  sur le cinéma allemand, sera projeté le film de Philip Scheffner, Révision (2012), qui rouvre une sordide affaire de l'été 1992 où deux roumains ont été retrouvés morts à la frontière germano-polonaise. A travers ses films, le documentariste "met en œuvre une pensée politique qui opère une redistribution entre ce qui est manifeste et ce qui ne l’est pas".

La cinémathèque de Grenoble et le cinéma Le Dietrich à Poitiers participeront aussi à cette Nuit pas comme les autres.

A l'étranger, l’Institut National Audiovisuel polonais (NINA) à Varsovie projettera la projection du dernier film (en exclusivité en Pologne) d'Andrzej Wajda Les fleurs bleues (sortie en France le 22 février), le Cinéma Andorra à Helsinki diffusera le documentaire Human de Yann Arthus-Bertrand, en plus d'un débat en sa présenceet à Pinamar en Argentine, le vieil hôtel d'Ostende programmera des fictions et documentaires en continu en plus d'une séance de cinéma sur la plage.

Festival des 3 continents: Le cinéma égyptien sacré avec Tamer El Said et drôle grâce à Yousry Nasrallah

Posté par cynthia, le 30 novembre 2016

Les meilleures choses ont une fin et les festivals n'échappent pas à cette triste règle. Le 38e festival des 3 continents s'est achevé lundi soir dans une ambiance conviviale et chaleureuse. Retour sur un festival qui prône la diversité et l'amour des autres, des valeurs dont nous avons besoin ces temps-ci.

Ce qu'il faut retenir:

  • Nous avons débuté notre dernière journée avec le lent mais tout de même passionnant Bitter Money de Wang Bing (véritable star en soi). Un film documentaire, filmé caméra à la main sur le manque cruellement d'argent en Chine et plus particulièrement la maigre paie des Chinois travaillant dans le textile (cela vous passera l'envie d'acheter des vêtements made in China). Une femme battue par son mari depuis qu'ils ont leur propre affaire (le réalisateur montre que l'argent est une difficulté et qu'il peut être une zone de conflit même dans un foyer), un homme qui n'a pas vu sa femme depuis des lustres afin de travailler ou encore une jeune fille de 15 ans qui ment sur son âge pour travailler. Le sujet est si prenant qu'il est impossible de détester ce film malgré ses langueurs.
  • Les queues pour aller voir les films. Qui aime faire la queue? Personne et surtout pas les journalistes. Mais lorsque l'on connaît les queues de ce festival on ne peut que changer d'avis. Certes, on se fait toujours autant doubler, mais tout le monde (journaliste, retraités, spectateurs) rentre en même temps, le premier est servi. De plus, pour patienter on vous offre un café, un journal et même un carré de chocolat issu du commerce équitable. Imaginez deux minutes si à Cannes il y avait un truc pareil (certes, à Berlin, les food-trucks ne son pas loin): tout le monde rentrerait en même tempes (certains journalistes hauts placés seraient en larmes dans leur hôtel 4 étoiles) et on vous offrirait un verre de jus d'orange (bah oui au mois de mai, c'est approprié) et un canapé de saumon. Autant vous dire que niveau ambiance ce ne serait pas la même chose.
  • L'ambiance bon enfant. Tout comme le festival d'Albi et d'autres en Province, le festival des 3 continents est une jolie réunion de famille où règnent la diversité et l'ouverture d'esprit.

Après avoir rigolé aux éclats devant le film égyptien de Yousry Nasrallah, Le ruisseau, le pré vert et le doux visage, une comédie familiale qui change les codes du genre réunissant la famille et les mariages, la soirée de palmarès a débuté. Le grand gagnant (ému aux larmes) a été le réalisateur égyptien Tamer El Said avec son In last days of the city qui emporte le prix du jury jeune et LE montgolfière d'or (le grand prix du festival). La soirée s'est terminée par des petits canapés, beaucoup de verres et surtout un melting-pot de toutes les origines... et c'est ça qui est beau!

Le palmarès:

Prix du jury jeune: In the last days of city de Tamer El Said

Prix du public: My father's wings de Kivanç Sezer

Mention spécial du jury: El Limonero real de Gustavo Fontan

Montgolfière d'argent: Destruction babies de Tetsuya Mariko (lire notre article sur le film)

Montgolfière d'or: In the last days of city de Tamer El Said

Festival des 3 continents: l’individu dans le chaos du monde

Posté par cynthia, le 28 novembre 2016

Nouvelle journée festivalière qui démarre sous le soleil de Nantes au 38e Festival des 3 Continents. Nous avons voyagé en Egypte et en Turquie mais notre esprit est resté coincé en Chine avec Old Stone (Lao Shi), premier long métrage de Johnny Ma, thriller à l'américaine, bien ficelé jusqu' à son dénouement final à la Nicolas Winding Refn.

Le film s'inspire d'un fait divers accablant qui s'est déroulé à Shanghaï: un homme renverse un individu et décide tout simplement de lui repasser dessus pour l'achever afin d'éviter de payer les frais médicaux de sa victime. Mais, à l'inverse, dans cette macabre histoire, le héros sauve sa victime mais oublie de prévenir au préalable la compagnie de taxi pour laquelle il travaille, ce qui va littéralement lui causer du tort. Obligé de payer les frais médicaux de la victime, Lao Shi bataille avec les forces de l'ordre qui préfèrent recevoir des cigarettes et des fruits plutôt que de remplir un rapport d'accident et tente de retrouver la famille de la victime ainsi que son client bourré, qui a légèrement provoqué la mauvaise conduite du pauvre chauffeur de taxi.

Entre thriller et drame social, nous sommes baladés de minute en minute. L'œil avisé du réalisateur et l'aspect pertinent, prenant et émouvant (on en vient à avoir pitié pour ce héros malgré lui) d'Old Stone nous ont donnés le petit coup de chaud du jour.

Grâce à ce thriller, Johnny Ma, sino-canadien, a remporté le prix du Meilleur premier film à Toronto. Diplômé de la prestigieuse université de Columbia, il s'était fait remarqué avec ses courts métrages dans de nombreux festivals.

Il faut bien dire que le cinéma asiatique est en forme. Mais est-ce la raison pour laquelle les films asiatiques dominent cette cuvée 2016? Pas seulement, nous confirme Jérôme Baron, directeur artistique du festival des 3 continents. Si les films asiatiques sont si présents cette année, c'est parce qu'il s'agit d'un continent extrêmement producteur: "Ils produisent beaucoup de films à l'inverse du continent Africain par exemple." CQFD.

Chercher sa voie

En cette avant dernière journée de compétition, le turc My father's wings de Kivanc Seze nous a aussi séduit. Mondialisée, la ville d'Istanbul s'érige à la verticale avec de nouveaux buildings. Travaillant sur un chantier avec son frère Yusuf, Ibrahim apprend qu'il a un cancer. Le film est centré sur ces deux hommes tiraillés, tout comme leur pays, entre plusieurs voies. Kivanc Seze dresse, dans son premier long-métrage, le portrait calme et lucide de la Turquie d'aujourd'hui et de son évolution. À travers son économie, les questions sociales et les liens amoureux, My father's wings offre une réflexion douce et amère sur un pays torturé.

Question torture, l'étouffant film de Tamer El Said, In the last days of the city propose une sérieuse dose. Avec une mise en scène en dents de scie et manquant de constance, le film dresse le portrait d'un réalisateur perdu entre sa vie et sa ville chaotique, Le Caire, et encombrée. Sans doute parce qu'il est bien trop étouffant, le film échoue à nous passionner.

Festival des 3 continents: la violence de la société par Tetsuya Mariko

Posté par cynthia, le 27 novembre 2016

Depuis le 22 novembre dernier, la ville de Nantes accueille le 38e festival des 3 continents. Créé en 1979, ce festival de cinéma est consacré aux films qui proviennent d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Cette filmographie souvent placée au second plan par d'autres festivals et encore plus marginale dans les salles de cinéma s'offre ainsi un bel éclairage durant une semaine. Certains films présents n'ont jamais été diffusés ailleurs que dans leur pays d'origine et ont été révélés à Nantes.

Le Festival des 3 Continents est très tourné vers l'Asie cette année. C'est au Japon et plus particulièrement vers la jeunesse désenchantée japonaise que nos yeux ont regardé . Avec Destruction Babies de Tetsuya Mariko, notre corde sensible a été mise à rude épreuve. Le film est en compétition.

Sushi Mécanique

Taira jeune japonais, apparemment sans emploi ni famille, cherche la bagarre à tout va au grand désespoir de son petit frère et des gens du quartier. Il enchaîne les attaques et semble prendre du plaisir à se faire tabasser (une forme de masochisme brutal) et à faire saigner les autres. Adulé par un adolescent en quête d’existence, le film se transforme très vite en version nippone d' Orange Mécanique de Kubrick. Si Taira s’attaque à plus fort que lui, son acolyte lui préfère filmer son ami et taper les femmes (tellement plus facile).

Violent et dénonciateur, Destruction Babies montre une génération détruite qui répond à une société minée et conduite par le sentiment de destruction. Un problème présent au Japon et qui se reflète à travers la rage des poings de ce héros perdu et sans âme. Tetsuya Mariko n'en est pas à son coup d'essai. L'un de ses premiers films Les 30 pirates de Mariko (2004) a été sélectionné dans 18 festivals dont celui de Rotterdam. Pro des courts-métrages, son dernier bébé court, Ninfuni (2010), a été sélectionné au festival de Locarno. C'est d'ailleurs à Locarno cette année que Destruction Babies a séduit le jury de la section "Cinéastes du présent" où il a remporté le prix du meilleur nouveau réalisateur.

Le Jour le plus Court de la Gare Montparnasse au Lincoln Center à New York en passant par l’Algérie

Posté par vincy, le 20 décembre 2012

le jour le plus courtLe Jour le plus court, la fête du court métrage, démarre ce soir au Palais de Tokyo et se déroulera toute la journée de demain en France mais aussi dans 50 pays. Un record de 1 900 organisateurs inscrits a été enregistré pour contribuer à l'événement initié par le CNC l'an dernier. Ecran Noir participera en diffusant un court métrage chaque heure sur son blog. L'ouverture se fera avec Chris Marker, en hommage au cinéaste disparu cette année.

A Paris, par exemple, la Gare de Montparnasse diffusera sur de grands écrans  une sélection de courts métrages avec une programmation spécialement conçue pour les enfants ; un piano sera mis à disposition des artistes amateurs pour accompagner les films ; et sur le parvis de la Gare, le camion de l’INA proposera à partir de midi des programmes jeunesse ou les Paris remix réalisés à partir d’images d’archive.

Le camion, paradoxalement immobile, sert aussi de salle de cinéma à Nantes. Les Films du Camion projetteront 9 courts place Bouffay de 18h à 19h15, en plein air.

Au Musée du Louvre, la carte blanche à Abbas Kiarostami touche à sa fin : demain sera l'occasion de voir ses courts métrages. Quelques stations de métro plus loin, dans la salle privée de l'Elysée Biarritz, ce seront les femmes qui seront à l'honneur avec la projection du programme "Héroïnes", à 19h : des courts métrages réalisés, co-réalisés ou écrits par des femmes, en présence des équipes des films pendant la soirée. Au menu, des films de Keren Marciano, Anaïs Volpe, Katia Olivier, Chloé Bourges, Maud Ferrari, Audrey Clinet, Fleur Chabaud, Sara Verhagen et notre amie Julie Lipinski (un peu de copinage ne fait pas de mal).

Au Musée du Quai Branly s'est installé un "Ciné Club africain". Et à Lyon, des films seront diffusés toute la journée à l'Institut Lumière.

21 décembre 2012 oblige, il faut bien que la fin du monde, supercherie véhiculée par des occidentaux ignares, inspire... à l4espace Histoire-Image de Pessac en Gironde, une fresque grandeur nature autour du court métrage a été créée et des films autour du thème « Fin du monde : et si c’était du cinéma ? » seront proposés.

Cette année, c'est surtout l'internationalisation de cette journée qui est frappante.

En Algérie, l’association Cinéma & Mémoire organise une grande opération de diffusion de courts métrages dans quatre salles de la Cinémathèque Algérienne : 22 décembre à Béjaïa, 26 décembre à Tizi Ouzou, 27 décembre à Alger, 29 décembre à Oran. D’autres projections sont prévues à Timezrit le 25 décembre en partenariat avec le ciné-club Ciné+, et à Sétif le 21 décembre grâce au ciné-club Persé Ciné. Au programme, une large programmation de courts du monde arabe avec notamment une carte blanche à Assila Cherfi, les œuvres des réalisateurs Tahar Kessl et Abdelghani Raoul, ainsi qu’une sélection des Lutins du court métrage.

A New York, "The Shortest Day" prendra ses quartiers. Le Festival des Nouveaux Cinémas, organisé par Cinéfac, invite à découvrir la première séance de ce nouveau cycle. Au programme : des courts métrages innovants et audacieux venus du monde entier et un concert de Video Video, groupe de Brooklyn. De son côté, la Film society of Lincoln Center, qui organise chaque année au Lincoln Center le festival du film français à New Yor, participe avec une sélection de courts métrages français en partenariat avec Rose Kuo et Robert Koehler.

L’Asie se met également aux couleurs du Jour le plus Court avec des programmations spéciales en Chine, au Japon et particulièrement à Taïwan dans 7 universités avec le soutien de l’Alliance Française et de Kaohsiung Film.

En tout, ce sont environ "15 000 événements qui émailleront le territoire français pour fêter le court métrage", affirme le CNC.

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Le jour le plus court : demandez le programme!

Bassidji : le poids des mots, le choc des silences

Posté par Claire Fayau, le 19 octobre 2010

Synopsis de Mehran Tamadon : "Dans un désert, sur une colline, des hommes, des femmes en tchador et des enfants déambulent dans un vaste “musée” en plein air dressé en mémoire des martyrs de la guerre Iran-Irak. C'est le nouvel an iranien, nous sommes près de la frontière irakienne. Un homme me guide. Il est grand et charismatique et s’appelle Nader Malek-Kandi. Pendant près de trois ans, j’ai choisi de pénétrer au cœur du monde des défenseurs les plus extrêmes de la République islamique d'Iran (les bassidjis), pour mieux comprendre les paradigmes qui les animent. Nous venons du même pays, et pourtant, tout nous oppose : Iranien habitant en France, athée et enfant de militants communistes sous le Shah, j’ai tout pour heurter les convictions de ceux qui respectent les dogmes du régime. Un dialogue se noue pourtant. Mais entre les jeux de séduction et de rhétorique, les moments de sincérité et la réalité du système politique et religieux qu'ils défendent, jusqu’où nos convictions respectives sont-elles prêtes à s’assouplir pour comprendre qui est l’autre ?"

Notre avis : "Bassidji", en persan, signifie "être mobilisé pour défendre une cause". Les bassidjis sont, à l’origine, d’anciens combattants de la guerre Iran/Irak (1980-1988). Ceux qui sont morts sont considérés comme des martyrs. Aujourd'hui, les bassidjis sont les plus fervents défenseurs de la République islamique... Décrits ainsi, on ne voit pas bien qui ils sont vraiment, quel est leur rôle au quotidien dans l'Iran d'aujourd'hui. C'est pour cela que Mehran Tamadon est parti les rencontrer.

On ressort sonné(e) de ce documentaire.

Bassidji, ce n'est ni une fiction, ni un reportage sur l'Iran. C'est un projet personnel, un voyage physique et intellectuel. Un témoignage d'une rencontre entre un Iranien de France, athée, "qui boit de l'alcool" et quatre bassidjis. Mehran Tamadon s'est en effet impliqué personnellement, en retournant dans son pays pour tourner ce film et y travailler en tant qu'architecte (son premier métier).

Son film, c'est d'abord une source d'information extraordinaire, un dialogue direct avec les bassidjis et des images fortes de l'Iran : de la ville de Téhéran, des lieux de pèlerinage ...
On y voit des croyants pleurer, pleurer puis se flageller. Images choc, donc, d'autant plus que la scène semble interminable.

Les dialogues avec les quatre bassidjis font moins réagir que les images... Même si Mehran Tamadon pose courageusement ses questions ou les questions enregistrées par des Iraniens, il se fait damner le pion par ses interlocuteurs. Et doit l'accepter, car son but n'est pas de critiquer directement le système, mais de tenter de le comprendre. Et ainsi, il peut dialoguer ouvertement avec les bassidjis, "des gens qui ne s'expriment habituellement que dans les limites du discours officiel" selon lui.

Cependant, même avec les meilleures intentions du monde, il est difficile pour lui d'avoir un dialogue équitable et des réponses précises avec des orateurs dotés d'un discours sans faille, qui pensent toujours pouvoir le convertir à leurs idées. Mais peu importe, car leurs réponses (forcément biaisées) en disent finalement bien plus sur leur état d'esprit qu'un dialogue faussement ouvert.

Bassidji a fait des débuts remarqués aux Etats généraux du film Documentaire de Lussas et au Festival des 3 continents de Nantes en 2009. Depuis, il continue son chemin de festivals en festivals. Le film a d'ailleurs obtenu le Grand Prix du  Festival international du Film Documentaire de Jihlava (République Tchèque).

Les mouvements du bassin de Cantona et HPG

Posté par MpM, le 3 octobre 2010

Eric Cantonna, ancien footballeur devenu comédien (Le deuxième souffle, Looking for Eric), sera à l'affiche de deuxième long métrage d'Hervé-Pierre Gustave dit HPG, ancien acteur du cinéma X reconverti en réalisateur de films d'art et d'essai (On ne devrait pas exister).

Le tournage du film, intitulé Les mouvements du bassin, commence cette semaine à Nantes, et réunit également Rachida Brakni, Joana Preiss et Jérôme Le Banner.

Il raconte l'histoire de deux personnages dont les trajectoires se croisent brusquement : Thierry, "un célibataire adepte des sports de combat quelque peu borderline" (HPG) et Marion "une jeune femme prête à tout pour avoir un enfant" (Rachida Brakni).

Chant des mers du Sud : hymne au vivre ensemble

Posté par MpM, le 16 février 2010

Chant des mers du SudL’histoire : Ivan le Russe et Assan le Kazakh sont voisins. Un jour, la femme d’Ivan donne naissance à un enfant étonnamment brun et bridé, et le conflit éclate entre les deux familles. Des années plus tard, chacun des deux hommes éprouve le besoin de partir à la recherche de ses racines.

Notre avis : Sélectionné et primé dans de nombreux festivals internationaux (Pusan, Nantes, Rotterdam, Vesoul…), ce Chant des mers du Sud délicat et cocasse s’avère une fable humaniste sur la nécessité de dépasser les différences ethniques pour vivre en bonne harmonie. Comme souvent avec le cinéma venu d’Asie centrale, l’histoire semble passer par bien des digressions qui sont autant de détours et de circonvolutions empêchant au film d’aller droit au but. Pour l’apprécier malgré tout, il faut se faire à ce mélange des genres, symbolisme et didactisme, drame et comédie, et à cette lenteur étudiée, patiente, qui mène toujours quelque part mais à son rythme, et avec son cheminement propre.

Même la structure, extrêmement archétypale, rend aux premiers abords l’intrigue complexe et peu avenante. Comme si chaque personnage, chaque situation, chaque geste même, ne servait qu’à illustrer avec force le propos de Marat Salut, mais n’existait pas pour lui-même. Il s’en dégage alors une impression de lourdeur, un manichéisme qui rend le film maladroit, légèrement sentencieux. On n’est pas loin de la démonstration pontifiante, heureusement contrecarrée par le regard bienveillant et amusé que le réalisateur porte sur cette société où tout finit toujours par tourner à la farce.

L’illustration du fameux Chant des mers du Sud en animation de papiers découpés, les plans contemplatifs sur les vastes plaines, les passages hauts en couleur entre le chef du village et son chauffeur allemand nous immergent dans l’ambiance burlesque de ce village kazakh dont on ne saurait vraiment prétendre qu’il est typique… mais qui participe à ancrer l’intrigue dans l’univers du conte décalé plus que du réalisme. Grâce à ce petit brin de fantaisie, cet appel au vivre ensemble et à l’ouverture aux autres ne manque indéniablement pas de charme.

De la Chine au Pakistan, Guimet prend la route de la Soie

Posté par MpM, le 9 février 2010

Guimet - The worldAvec son nouveau cycle intitulé "Gandhâra vu de Chine", l'auditorium du Musée Guimet nous invite à un étonnant voyage depuis les frontières de la Chine jusqu'au Pakistan, le long de la route de la soie.

Avec d'un côté une rétrospective de l'oeuvre du réalisateur Jia Zhang-ke, chef de file de la 6e génération de cinéastes chinois, et de l'autre une exploration d'une région du monde (le "Gandhâra", royaume ancien qui était situé sur l'Afghanistan et le nord-ouest du Pakistan actuels) célèbre pour son style d'art bouddhique et parsemée de sites archéologiques. Une sorte de grand écart géographique, temporel et bien sûr cinématographique particulièrement représentatif des mille facettes de l'Asie.

L'hommage à Jia Zhang-ke permettra ainsi aux spectateurs de (re)découvrir son cinéma urbain et souvent clandestin au travers de ses longs métrages les plus connus (Plaisirs inconnus, The world, Still life) comme de ses documentaires plus ou moins expérimentaux (In public, Dong, Useless...). Des films au fils desquels se dessine un portrait sans concession de la Chine actuelle : industrialisation qui laisse les plus faibles sur le carreau, perte de repères, inégalités...

Le ton éminemment critique du cinéaste, ainsi que son désir de ne rien cacher des difficultés du pays, ont fait maintes fois grincer les dents de pékin. Malgré tout, aujourd'hui, il est l'un des réalisateurs chinois les plus connus à travers le monde, multi-primé (Léopard d'or pour Xiao Wu à Locarno, Lion d'or pour Still life à Venise, Montgolfière d'or pour Platform à Nantes, Grand prix  du Jury à Vesoul pour The World...) et sélectionné dans tous les grands festivals européens.

Dans un genre très différent, ce sont une quinzaine de documentaires et une fiction qui apportent un éclairage tour à tour historique, culturel et géographique sur le Gandhâra Citadelle des sables: voyage dans les pas d'une expédition archéologique tentant de localiser la ville mythique de Mogao, exploration du berceau de la civilisation chinoise du Moyen-Age (Loulan, "ville du diable"), recherches sur l'une des plus mystérieuses civilisations disparues, celle de l'Indus... la ligne directrice est très clairement pédagogique. D'ailleurs, une série de conférences accompagne le cycle.

Toutefois, cela n'empêche pas l'art de reprendre ses droits avec le très joli film de fiction signé Sabiha Sumar, Eau dormante (Léopard d'or à Locarno) qui traite du traumatisme laissé par le séparation de l'Inde et du Pakistan, ainsi qu'avec les différents spectacles mêlant musiques et danses traditionnelles.

Comme toujours avec l'auditorium du musée Guimet, le dépaysement est garanti, tout comme le plaisir et l'intelligence !

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Du 10 février au 23 juin 2010
Séances à 12h15 les lundis, mercredis ou vendredis selon les semaines
Programme complet et informations sur le site de l’Auditorium Guimet