Cannes 2014 : Danis Tanovic, prix Media de l’Union européenne

Posté par MpM, le 12 mai 2014

danis tanovicAprès Asghar Farhadi et Thomas Vinterberg, c'est le réalisateur bosniaque Danis Tanovic qui recevra le Prix MEDIA de l'Union européenne le 17 mai prochain, lors du 67e Festival de Cannes. Ce prix récompense un scénariste et son producteur pour un "projet de qualité à fort potentiel européen, ayant bénéficié de l’aide au développement de MEDIA".

L'an passé, Thomas Vinterberg, son co-auteur Tobias Lindholm et sa productrice Sisse Graum (Zentropa) avaient été choisis pour leur film Kollektivet (The Commune). Danis Tanovic, lui, partagera son prix avec son co-auteur Predrag Kojovic et sa productrice Amra Baksic Camo pour le projet What are you looking at ?. Une histoire qu’il décrit comme celle "d’une ville dans une période indéfiniment prolongée d’après-guerre, sans héros et avec des valeurs détournées par la corruption et le crime".

Le cinéaste bosniaque récemment récompensé par un double prix au Festival de Berlin 2013 pour son dernier long métrage La femme du ferrailleur (Grand prix du jury et Ours d'argent du meilleur acteur), avait été révélé à Cannes en 2001 avec son premier film No man's land, couronné par un Prix du scénario puis par un Oscar du meilleur film étranger. Ses trois longs métrages suivants, L'enfer, Eyes of War et Cirkus Columbia, avaient été montrés en avant-première à Toronto.

"En Bosnie Herzegovine, un pays de peu mais cependant de bons films, il est presque impossible de produire un film sans avoir accès à des initiatives et des fonds européens", a déclaré Danis Tanovic en réaction à l'annonce du Prix. "Etre membre d’« Europe créative » et son sous-programme MEDIA est essentiel pour notre industrie cinématographique."

De son côté, Androulla Vassiliou, la commissaire européenne à l’éducation et à la culture, qui remettra personnellement le prix au lauréat, a déclaré : "Danis Tanovic est l’un des meilleur réalisateur de sa génération. Son dernier projet de film est exceptionnel, avec un scénario captivant qui dégage une puissante et dynamique identité culturelle". Ce qui en fait logiquement un candidat sérieux pour une prochaine édition du Festival de Cannes.

6 questions à Danis Tanovic (La femme du ferrailleur)

Posté par cynthia, le 14 mars 2014

danis tanovic berlinale 2013

N'ayant pas pu venir dans notre capitale parisienne dû aux conflits que connait en ce moment sa Bosnie natale, Danis Tanovic réalisateur de No man's Land (Oscar du meilleur film en langue étrangère) et de La femme du ferrailleur, actuellement en salles, s'est prêté au jeu du questions/réponses par mail. La femme du ferrailleur, Grand prix du jury à la Berlinale 2013, est le récit d'un homme qui doit trouver une somme considérable pour que son épouse puisse se faire soigner à l'hôpital.

Ecran Noir: Votre film est littéralement un fait réel, comment avez-vous connu cette triste histoire?

Danis Tanovic: J'ai lu un article dans un journal local sur ce qui leur était arrivé, et ça m’a révolté. Je suis donc allé à leur rencontre, sans savoir d’idées précises en tête. Tout ce que je savais, c’est que je voulais faire un film de leur histoire, mais j’ignorais encore quel genre de film. Leur histoire m'a ému parce que, au delà de l'aspect tragique, il y a une immense tendresse et beaucoup d'amour entre-eux, et finalement c'est ce qui reste à la fin, l'amour et l'amitié.

EN: L'équipe du film est novice, cela a-t-il été difficile de diriger des apprentis acteurs?

Danis Tanovic: Il y a des amateurs qui sont très naturels et d'autres non. Je ne saurais pas dire si c'est plus difficile ou si je préfère diriger des amateurs ou des professionnels, c'est juste très différent. Je ne peux pas faire certaines choses avec des amateurs que j'aurais fait avec des professionnels, ça c'est sûr.

EN:  Sur un plan technique, pourquoi avez-vous choisi de filmer votre film avec une Canon 5D Mark? Pourquoi en si peu de temps? Neuf jours de tournage je crois...

Danis Tanovic: Nous n'avions que 17 000 euros de budget, impossible de faire autrement. J'utilise cet appareil pour faire des photos et par chance, mon directeur de la photographie et le directeur de production avaient le même. Entre avoir une caméra beaucoup plus précieuse qui demande plus d'investissement et trois appareils photos déjà disponibles, nous n’avons pas hésité longtemps. Ce dispositif permettait également de les intervertir facilement à cause des conditions de tournage, et notamment le froid. Elles ne sont pas parfaites mais quand vous tournez à moins 13 ou moins 15 degrés, il ne faut pas être trop difficile!

EN : Quel souvenir vous garder de ce tournage ?

C'était un moment très fort pour moi. J'ai aimé ce sentiment d'amitié sur le tournage, avec l'équipe, Nazif et Senada. J'ai dû demander à beaucoup de techniciens de travailler sans être payés et ils ont participé à l'aventure parce qu'ils pensaient que c'était la chose à faire, beaucoup de gens se sont mobilisés autour du film pour nous aider, juste par conviction.

EN: La discrimination qui touche vos personnages est-elle fréquente dans le domaine médical en Bosnie ?

Danis Tanovic: Il y a une semaine, j'ai lu la même histoire, une femme à qui on a refusé des soins et qui a failli mourir. C'est une des raisons pour lesquelles ce film a tellement voyagé, c'est une histoire universelle. Je viens de rentrer des États-Unis (du MoMA où il a présenté son oeuvre) où le film a été aussi très bien accueilli. C'est malheureusement une histoire qui n'est pas cantonnée à la Bosnie, et que l'on peut retrouver partout.

EN:  Quel message voulez-vous véhiculer à travers La femme du ferrailleur ?

Danis Tanovic: Il n'y a pas de message, je ne veux pas imposer ma vision messianique. Je cherche plutôt à poser des questions, je ne donne pas de message, c'est plutôt ça que j'aime faire, poser des questions : à vous de trouver les réponses !

Renoir et Le Passé éliminés de la course aux Oscars

Posté par vincy, le 20 décembre 2013

La liste des films en lice pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère ne comporte plus que 9 titres sur les 76 qui ont été soumis au comité de l'Académie.

La France n'a pas été retenue avec son film Renoir de Gilles Bourdos. Le passé comme le film saoudien Wadjda, considérés comme favoris, ont aussi été snobés.

Des 9 films qu'il reste, il n'y en aura que 5 dans la liste finale, essentiellement des films présentés en avant-première à Berlin et à Cannes.

Alabama Monroe (Belgique) de Felix van Groeningen

La femme du ferrailleur (Bosnie-Herzégovine) de Danis Tanovic

L'image manquante (Cambodge) de Rithy Panh

La chasse (Danemark) de Thomas Vinterberg

D'une vie à l'autre (Allemagne) de Georg Mass

The Grandmaster (Hong Kong) de Wong Kar-wai

Le grand cahier (Hongrie) de Janos Szasz

La grande bellezza (Italie) de Paolo Sorrentino

Omar (Palestine) d'Hany Abu-assas