Le pitch: Alors que les habitants de Bricksburg coulent des jours heureux depuis cinq ans, une nouvelle et terrible menace se profile à l'horizon : des envahisseurs Lego Duplo venus des confins de l'espace détruisent tout sur leur passage !
Pour vaincre ces redoutables ennemis et rétablir la paix dans l'univers Lego, Emmet, Lucy, Batman et leurs amis devront explorer des mondes lointains et inconnus. Car, ils comprennent vite que ce qui est en jeu c'est leur survi.! L'Armamangeddon menace de les faire disparaître!
Retour vers le sur-moi. Un succès surprise (et un film jubilatoire) en 2014 a conduit la Warner à multiplier les aventures des Legos.: Lego Batman, le film il y a deux ans, puis, six mois plus tard, Lego Ninjago, le film. De quoi surexploiter le filon et assécher la franchise avant même qu'elle ne commence. Cette suite de la première aventure décide de s'amuser, sans profiter de l'effet de surprise du premier épisode, sur de nouveaux terrains de jeu. Cinq ans plus tard, les héros ont grandi, à l'exception d'Emmett, ce gilet orange naïf et sensible. Aussi, quand il est confronté à son propre moi dans le futur, viril et sarcastique, La grande aventure Lego 2, n'est plus seulement un film sur la construction de sa relation avec Lucy, ou le sauvetage de ses amis en territoire hostile, mais bien le questionnement sur le modèle d'adulte que l'on suit, les reniements que nous sommes prêts à faire, la capacité à conserver son vrai moi tout en développant comme il faut son ego. La grande aventure Lego 2 a ce mérite: déconstruire le héros hollywoodien de blockbuster, en préférant le gentil au grand cœur Emmett au beau mâle sans cœur Rex.
"J'étais enfin apprécié" (Green Lantern)
Etude de genres. On ne change pas une formule qui gagne. Les influences et références sont dans quasiment chacun des plans de cette épopée dans la galaxie des Duplo. De Mad Max : Fury Road à Retour vers le futur, des dinos de Jurassic Park à Star Wars,dDe Terminator à Alien, de la SF aux vampires, tout y passe, même la comédie musicale (en dose un peu trop importante, avouons-le, mais cette "pop" participe au cauchemar) et le Magicien d'Oz. On croise même Bruce Willis (époque Die Hard), Marie Curie et Ruth Bader Ginsburg. Il faut vendre ces briques qui peuvent tout faire: des machines à la Transformers comme des mashups de culture populaire, entre un monde post-apocalyptique et celui plus girlie. DC Comics (d'Aquaman à Green Lantern) a quand même la belle part du gâteau (notamment parce que Batman conserve un rôle central et aussi parce que "Marvel ne répond pas à nos appels"). Dans ce film, les Lego (et les Duplo) veulent prouver qu'ils sont unisexes, un jeu fédérateur idéal pour les garçons et les filles, pour les pré-ados comme pour les plus jeunes.
"On vient de la planète Duplo et on vient pour vous détruire!"
Une affaire de famille. Car, à l'instar d'Emmett, les deux joueurs de Lego doivent grandir et chercher ce qu'ils veulent être. Un grand frère ne veut pas jouer avec sa petit sœur. Lui réalise des imbrications évaluées, des mondes fantastiques. Rejetée par son aîné, la gamine invente un univers parallèle très (trop) coloré, peuplé de Lego volés et domptés. Ce qui est en jeu se situe non plus au sous-sol de la maison mais dans la chambre de la gamine. A se disputer tout le temps, les deux enfants sont menacés par les représailles maternelles: en cas de mésentente et de guéguerres, tous les jouets iront dans des boîtes, à jamais. Cela rappelle Toy Story; la péremption des jeux d'enfance. Les Lego et Duplo ont peur qu'on les oublie, victimes d'un conflit qui les dépasse. Cette trame (en prises de vues réelles), qui se concentre en quelques scènes, n'est pas inutile. D'une part il flatte la capacité d'imaginer à partir de jouets physiques (une brique dans le pieds est une souffrance réelle). D'autre part, il rend rationnel ce délire de briques en plastique. Le scénario est classique, le pitch simple. C'est l'aspect sérieux d'un film qui se moque de tout, sauf de la famille, qu'elle soit humaine ou en plastique.