Des femmes fantastiques sacrées par les Teddy Awards

Posté par vincy, le 18 février 2017

Le vendredi c'est Teddy à la Berlinale. Le Festival de Berlin est un senior plus ou moins vaillant de 67 ans. Un bon retraité allemand, daddy sur les bords. Les Teddy sont insolents de jeunesse du haut de leurs 31 ans d'existence, prêts à faire la fête toute la nuit sur des musiques tendances, ou s'amuser sur un France Gall des sixties, ou attendre Conchita sur scène. Au milieu d'élus politiques et de cinéastes et comédiens des différentes sélections, des "créatures" sublimes égayent la foule avec leurs perruques démesurées, leurs robes de princesse ou leurs tenues d'Halloween. Tout est normal. L'esprit de Cabaret sera le fil conducteur de cette cérémonie, qui n'est pas une remise de prix comme les autres.

Après tout on n'y remet que six prix en deux heures (très "timées"), si on compte le Teddy d'honneur pour la cinéaste Monika Treut, ouvertement féministe, lesbienne et femme cinéaste. Le show est aussi important. Tout, ou presque, en anglais. Mais attention, les prix LGBT n'ont rien d'un palmarès underground dépravé. "No sex tonight" (ou alors après la soirée dansante, dans les bars et boîtes de Berlin). "C'est presque tendance d'être homosexuel à Berlin" clame le Maître de Cérémonie. On veut bien le croire tant le nombre d'hétérosexuels dans la grande salles de la Haus der Berliner Festpiele, au cœur de Berlin Ouest, est faible. Les compteurs des applications de rencontre ont du exploser en géocalisant des centaines de LGBT à moins de 20 mètres. Mais ici, on n'a pas l'oeil rivé sur son téléphone. Habillés pour l'occasion ou casual, les invités sont de nature bienveillante, se mélangeant sans préjugés.

"Il y a plus d'énergie à vouloir nous rendre inégaux qu'à chercher à nous rendre égaux" - Wieland Speck, directeur de la section Panorama de la Berlinale

Ainsi, on passe de Zazie de Paris à un acrobate aux allures de jeune prince (torse nu), du ministre de la justice de Berlin interrogé par un présentateur télévisé qui aurait pu être dans une vidéo Bel-Ami à deux membres du jury, l'un originaire du Pakistan, l'autre de Turquie, rappelant les difficiles conditions de création, de liberté dans leurs pays (avec, notamment, un appel vibrant de tous les cinéastes turcs sélectionnés à Berlin pour que le Président Erdogan cesse sa politique liberticide). C'est ça les Teddy: un moment d'expression libre où on chante une ode à Marlène Dietrich, disparue il y a 25 ans, et on se prend un très beau discours d'une grande figure politique nationale qui égraine 24 crimes homophobes (comme 24 images par seconde) sur la planète l'an dernier. Un mix entre des fantasques frasques artistiques et des revendications sur le mariage pour tous (l'Allemagne est le dernier grand pays européen qui maintient les gays et lesbiennes dans l'inégalité des droits) et la reconnaissance et réhabilitation des victimes du Paragraphe 175, qui criminalisait l'homosexualité masculine, de 1871 à 1994 (quand même) et a permis aux Nazis de déporter 50 000 personnes.

Bon, évidemment, entre l'apéro avant, les cocktails après, entre une séance de maquillage by L'Oréal Paris (et une Tour Eiffel dorée en porte-clés comme cadeau) et l'organisation précise et parfaite, les Teddy sont avant tout l'occasion de décerner des récompenses. 6 prix ont ponctué la soirée.

Un palmarès où la transsexualité est reine

Le prix du public, appelé Harvey en hommage à Harvey Milk, a distingué le film britannique de Francis Lee, God's Own Country, qui dépeint une relation père-fils dans un milieu rural. Le fils endure sa routine et ne parvient à s'échapper d'elle que par des relations d'un soir avec des hommes et l'alcool qu'il boit au pub du coin. Le film a été présenté à Sundance le mois dernier.

Le Teddy du meilleur court-métrage est revenu à Min homosister (My Gay Sister) de la suédoise Lia Hietala, qui raconte l'histoire d'un jeune couple de lesbiennes à travers les yeux de la petite sœur de l'une d'entre elles.

Le Teddy du meilleur documentaire a été remis à Hui-chen Huang pour son film Ri Chang Dui Ha (Small Talk), portrait de Anu, garçon manqué depuis toujours, épouse et mère de deux enfants avant de tout plaquer et de se mettre en couple avec des femmes. C'est l'histoire vraie de la mère de la réalisatrice, qui a rappelé avec fierté, que Taïwan était depuis l'an dernier le premier pays asiatique à reconnaître l'union entre deux personnes de même sexe.

L'identité sexuelle a d'ailleurs fait l'unanimité dans ce palmarès. On devrait même parler de changement de sexe. Le jury, composé de directeurs de festivals internationaux qui font vivre les films LGBT de l'Ouganda au Japon en passant par la Turquie et la Macédoine, a récompensé deux films dont les héroïnes sont des transsexuels.

Ainsi le Prix spécial du jury a honoré le film de la japonaise Naoko Ogigami, Karera Ga Honki De Amu Toki Wa (Close-Knit), superbe mélo magnifiquement écrit, sensible et subtil, où une gamine abandonnée par sa mère incapable de gérer sa vie de femme et son rôle maternel, se réfugie chez son jeune oncle, qui vit avec un homme en phase de changement de sexe. Dans un Japon très conservateur, des mots mêmes de la cinéaste, le film apparaît comme un hymne à la tolérance et montre qu'une bonne mère est avant tout une personne responsable et affectueuse, même si celle-ci a un pénis sous la culotte et de sacrés bonnets pour maintenir des nouveaux seins.

Le Teddy Award a sacré le film en compétition de Sebastian Lelio, Una mujer fantastica. L'actrice Daniela Vega est venue elle-même chercher le petit ours (costaud). Elle incarne Marina, une jeune chanteuse transsexuelle, qui vient de perdre son compagnon. La famille de celui-ci entend la tenir à distance des funérailles et supprimer au plus vite tout ce qui avait pu les relier. Mais elle se bat pour obtenir son droit le plus élémentaire: dire adieu au défunt et pouvoir faire son travail de deuil. "La transphobie est ici terriblement palpable et banale, d'une facilité déconcertante, puisqu'elle s'adresse à un individu considéré comme fantomatique et sans consistance, puisque sans étiquette" écrivions-nous en début de festival. "Un film indispensable qui fait acte de pédagogie tout en racontant l'histoire éminemment universelle d'un combat pour le droit à l'égalité."

Ces deux prix montrent que le combat n'est pas terminé. Que les droits acquis ne sont pas garantis. Il y a encore des luttes à mener. La cérémonie des Teddy se termine alors avec le "Freedom" du récemment disparu George Michael. Liberté, c'est bien le maître mot de cette soirée.

La Fox prépare déjà un film sur la décision de la Cour suprême concernant le mariage homosexuel

Posté par vincy, le 12 juillet 2015

L'encre est à peine sèche. Le livre pas encore écrit. Pourtant la 20th Century Fox prépare déjà un film sur la décision de la Cour suprême des États-Unis faisant du mariage entre conjoints de même sexe un droit national. Cette décision du 27 juin a eu un retentissement international, y compris dans des pays comme la France qui autorise déjà le mariage entre homosexuels.

Le studio a acquis les droits de l’histoire de Jim Obergefell, un agent immobilier qui a initié la procédure, et les droits de l’histoire de l’avocat de Jim Obergefell, Al Gerhardstein, ainsi que les droits d’un projet de livre d’Obergefell, qu'il doit coécrire avec la journaliste Debbie Cenziper, Prix Pulitzer en 2006 et amie de longue date du couple. Ce livre, provisoirement intitulé 21 Years to Midnight devrait trouvé un éditeur incessamment.

A l'origine de la décision historique de la Cour suprême, il y a donc Jim Obergefell. Ce citoyen s'est vu refuser par un tribunal de l'Ohio d'inscrire à titre d’époux son partenaire de longue date, John Arthur, sur le certificat de décès de celui-ci en 2013. Le couple s’était marié légalement au Maryland. Suite à ce refus, il a porté l'affaire à a plus haute juridiction du pays.

La Fox a pour ambition de vouloir en faire un film populaire à l'instar de Philadelphia. Sa filiale Fox 2000 qui est en charge du projet a déjà produit des films comme L'Odyssée de Pi et Le Diable s'habille en Prada. Au New York Times, le producteur Wyck Godfrey explique qu'il s'agit d'une histoire d'amour transcendante à propos de quelqu'un qui avait un amour si profond pour son partenaire qu'au final il en a changé le monde.

Le film ne devrait pas voir le jour avant 2017.

Ellen DeGeneres dit oui aux Oscars, Ben Whishaw sort du placard

Posté par vincy, le 7 août 2013

ellen de generesLe 7e Art s'est teinté d'arc-en-ciel ces jours-ci. Tout a commencé du côté des Oscars qui ont choisi Ellen DeGeneres pour présenter la cérémonie de février 2014. Exercice déjà effectué par l’humoriste en 2007. Après Whoopi Goldberg, ce fut la seule fois où une femme a présenté en solo les Oscars. Mais elle s’était enorgueillie d’être la première femme lesbienne.

Mariée à Portia de Rossi depuis 2008, elle fut l’une des premières célébrités à passer l’alliance à une personne du même sexe. On pourra juste regretter que cette immense comique au franc-parler n’est pas su faire sa place au cinéma. On la reconnaît vocalement dans Le Monde de Nemo (Dory l’amnésique), après l’avoir aperçu dans En direct sur Ed TV, Goodbye Lover, If These Walls Could Talk 2.

Et puis on apprend hier que le mignon Ben Whishaw, meurtrier dans Le Parfum, poète romantique dans Bright Star, Rimbaud dans I’m not there et surtout le nouveau Q, très geek et décalé, dans Skyfall, a signé a signé un partenariat civil avec son compagnon, le compositeur Mark Brashaw, qu’il a rencontré sur le tournage de Bright Star.

ben whishawComing Out rare dans le milieu. « Ben n'a jamais caché sa sexualité, mais comme beaucoup d'acteurs, il préfère ne pas parler de sa vie privée. En raison des rumeurs, je peux confirmer que Ben et Mark se sont bien unis civilement en août 2012. Ils sont très fiers de l'avoir fait et sont très heureux » affirme sa porte-parole.

Whishaw sera bientôt à l'affiche, dans The Zero Theorem, de Terry Gilliam, en compétition au prochain Festival de Venise.

Le mariage entre personnes du même sexe sera autorisé au Royaume Uni l’an prochain mais il ne l’est toujours pas en Australie. Il est fort probable, maintenant que 15 pays dans le monde l’autorise, que les comédiens, dont certaines stars « bankable », sortent du placard, à l’instar de Jodie Foster (bientôt en vedette dans Elysium) lors de la dernière soirée des Golden Globes.

Brad Pitt et Steven Spielberg défendent le mariage gay

Posté par MpM, le 26 septembre 2008

mariagegay.jpgA quelques semaines de l'élection du nouveau président américain, un tout autre débat passionne la Californie. Après la légalisation du mariage homosexuel en juin dernier, suite à une modification du code civil de cet état, les adversaires de l'union gay ont en effet obtenu la tenue d'un référendum ("la proposition 8") visant à inscrire dans la Constitution californienne la nécessité formelle d'être un couple hétérosexuel pour avoir le droit de se marier. A l'approche de la date du vote (le 4 novembre, en même temps que la présidentielle), partisans et opposants s'affrontent à coups de milliers de dollars. Brad Pitt et Steven Spielberg ont ainsi chacun offert 100 000 dollars pour financer une campagne de soutien en faveur du mariage homosexuel. "En inscrivant la discrimination dans la Constitution de notre Etat, la proposition 8 vise à éliminer le droit de chaque citoyen à se marier, quel que soit son orientation sexuelle. Une telle discrimination n'a PAS sa place dans la Constitution californienne, ni dans une autre", écrit notamment le couple Spielberg dans un communiqué cité par Variety. Un bras de fer qui prouve les difficultés toujours constantes lorsqu'il s'agit de reconnaître des droits égaux aux homosexuels, le moindre acquis risquant d'être remis en question jusqu'à l'obtention de sa suppression.

Vu de France néanmoins, une telle situation laisse rêveur : même si le procédé est fondamentalement critiquable (car passant au-dessus d'une décision légale de la Cour suprême), le référendum a au moins le mérite de poser le débat, qui est plus est en donnant directement la parole aux électeurs, et sans s'abriter derrière le trop facile argument des mentalités qui ne sont pas prêtes. Si la proposition 8 est repoussée, l'Etat de Californie rejoindra ainsi le club encore relativement fermé des pays acceptant le mariage entre deux personnes du même sexe, parmi lesquels le Massachusetts (USA), l'Afrique du Sud, le Canada, la Belgique, les Pays Bas et l'Espagne. La comédienne Carmen Maura, dans un entretien à Ecran Noir, rappelait le combat de la communauté gay avant que Zapatero ne légalise le mariage gay : "c'est une question d'avoir les mêmes droits que les hétéros et on connaît beaucoup de couples qui ont des problèmes pour aller à l'hôpital ou pour hériter... bref avoir une vie normale." Le Brésil a fait part récemment de son envie de légaliser le mariage homosexuel.
Lire le reste de cet article »