[2019 dans le rétro] Des films LGBT : une belle quantité et surtout une bonne qualité

Posté par wyzman, le 3 janvier 2020

Après une année 2018 marquée par des avancées majeures dans la représentation de la communauté LGBT au cinéma, l’année 2019 aura été celle des explorations (plus ou moins) réussies.

Une compétition cannoise très queer

Une fois n’est pas coutume, c’est sur la Croisette que l’on a vu d'excellents films autour de personnages LGBT. A commencer par Douleur et Gloire, le dernier film de Pedro Almodóvar. Pendant près de deux heures, le cinéaste espagnol propose une analyse poussée de ses propres traumas grâce à  l'histoire d’un réalisateur, à la sexualité jamais cachée, qui a connu le succès avant d’être dans l’incapacité physique de tourner des films. L’occasion pour Pedro Almodóvar d’offrir un rôle de premier plan à Antonio Banderas qui a décroché un prix d’interprétation. On se souviendra longtemps de cette scène où le personnage de Banderas enfant tombe dans les pommes en voyant le bel artisan se laver devant lui. Egalement en compétition à Cannes, Roubaix, une lumière était la plus atypique des déclarations d’amour d’Arnaud Desplechin. Cela étant, à l'aide de Léa Seydoux et Sara Forestier, il y dépeint une relation amoureuse lesbienne toxique particulièrement intrigante.

Les véritables moments marquants de la compétition nous ont été offerts par Xavier Dolan et Céline Sciamma. Avec Matthias et Maxime, celui que l’on a très tôt considéré comme un prodige prouve qu’il n’a rien perdu de sa superbe. Après deux films internationaux qui n’ont pas autant convaincus que prévu, Xavier Dolan signe un film personnel sur deux amis d’enfance bouleversés par un baiser effectué pour les besoins d’un film. Véritable drame sur l’éclosion des sentiments, Matthias et Maxime fait partie des films les plus touchants de la filmographie du Québécois.

De son côté, Céline Sciamma n’a pas démérité. Avec Portrait de la jeune fille en feu, elle a complètement retourné la Croisette, offrant aux spectateurs et aux critiques le drame lesbien dans la Bretagne de 1770 qu’ils méritaient. Aussi sentimental et cérébral que Carol de Todd Haynes, Portrait de la jeune fille en feu fait la part belle aux jeux de regards et captive par les performances très authentiques de Noémie Merlant et Adèle Haenel.

La Queer Palm, un gage de qualité ?

Toujours à Cannes, mais hors compétition, il ne fallait pas manquer Rocketman de Dexter Fletcher. Ce biopic consacré au génie créatif d’Elton John donne lieu à de jolies séquences musicales tout en ayant l’allure d’un couteux album souvenir validé par l’artiste lui-même. Loin d’être aussi queer et flamboyant que prévu, malgré quelques allusions sexuelles, Rocketman a bénéficié d’une tournée promotionnelle parfaitement assurée par ses (très beaux) acteurs principaux : Taron Egerton, Jamie Bell et Richard Madden. Du côté d’Un Certain Regard, le drame Port Authority aura fait parler de lui grâce à Leyna Bloom, la première actrice transcengenre et de couleur à être la tête d’affiche d’un film cannois. Centré sur la rencontre entre un jeune homme blanc (Paul joué par Fionn Whitehead) et une danseuse trans noire (Wye), Port Authority vaut le détour pour ce qu’il dit de la masculinité et de la notion de « famille ».

Mais c’est sans l’ombre d’un doute Et puis nous danserons (présenté à la Quinzaine des réalisateurs) que l’on ne cessera jamais de vous recommander. Premier long-métrage LGBT en Géorgie, le film de Levan Akin raconte comment Merab, un danseur de l’Ensemble national géorgien est troublé par l’arrivée dans sa classe d’Irakli, un rival plein de surprises. En s’éloignant du très basique film d’apprentissage sur le coming out, Et puis nous danserons montre avec beaucoup de sérieux la prise d’indépendance un jeune homme rejeté de toutes parts et pourtant loin d’être aussi fragile qu’on ne le pense. Grâce à des séquences dansées hypnotiques et terrifiantes et un acteur principal charismatique, le superbe Levan Gelbakhiani, Levan Akin signe ici le meilleur drame gay de l’année. Rien que ça !


Des pépites trop vite oubliées ?

Disponible sur Netflix depuis le 1 février, Velvet Buzzsaw de Dan Gilroy n’a pas fait couler autant d’encre que prévu. Thriller horrifique de bonne facture, le film s’est révélé un peu trop prévisible pour que la presse l’applaudisse. Et malgré un teasing généreux autour des scènes de sexe de Jake Gyllenhaal, son rôle de critique d’art bisexuel n’était finalement accompagné que de coïts hétérosexuels. Une déception qui a vite fait tomber le projet dans les abîmes d’Internet...

A l’inverse, Boy Erased de Joel Edgerton a su davantage convaincre. Malheureusement, son sujet (la thérapie de conversion forcée d’un jeune homme gay par son père pasteur) pourrait en avoir rebuter plus d’un. Nécessaire et rigoureusement réalisé, Boy Erased jouit d’un casting quatre étoiles (Lucas Hedges, Russell Crowe, Nicole Kidman, Joe Alwyn, Xavier Dolan, Flea, Troye Sivan)  qui vaut tous les visionnages du monde !

En parallèle, Entre les roseaux est la jolie surprise de l’année. En dépeignant l’histoire d’amour d’un étudiant finlandais et d’un réfugié syrien, Mikko Mäkelä a pris tout le monde de court. Ode à peine déguisée à la libération des corps et de l’esprit, Entre les roseaux peut se vanter de disposer d’une photographie et d’une lumière extraordinaires. Ses acteurs principaux Janne Puustinen et Boodi Kabbani sont des raisons supplémentaires de découvrir cette belle découverte.

Des surprises très engagées

Longtemps critiqués pour leur manque d’intérêt pour le cinéma LGBT, producteurs, scénaristes et cinéastes francophones semblent de plus en plus inspirés par une communauté aux mille facettes. Si la télévision commence tout juste à s'en emparer, le cinéma, cette année, a montré qu'on pouvait être populaire et queer. Il ne fallait donc pas louper Les Crevettes pailletées, la comédie déjantée de Maxime Govare et Cédric Le Gallo. Dans celle-ci, Nicolas Gob joue un vice-champion de natation homophobe qui est contraint d’entraîner une équipe gay de water-polo. L’occasion pour les acteurs Alban Lenoir, Michaël Abiteboul, David Baiot, Roman Lancry, Roland Menou, Geoffrey Couët, Romain Beau, Félix Martinez ou encore Pierre Samuel de nous faire rêver et rire au cours de séquences d’anthologie (l’enterrement, really!)

Du côté de la Belgique, impossible de ne pas évoquer Lola vers la mer ou l’un des meilleurs drames jamais réalisés sur la jeunesse trans. Porté par le duo père fille Mia Bollaers/Benoît Magimel, le film de Laurent Micheli montre comment l’incompréhension est souvent à l’origine des pires situations transphobes dans le cercle familial. Plus sensé et sensible mais sans doute moins maîtrisé que Girl de Lukas Dont, Lola vers la mer est un sacré road-movie sur la différence !

C'est autre chose qu'un simple clin d'oeil aux gays et lesbiennes dans Avengers ou Star Wars. Car du côté d'Hollywood, si les gays, lesbiennes, trans, bi sont de mieux en mieux représentés, notamment dans les séries, ils restent absent des gros blockbusters de l'année. A deux exceptions notables, datant de 2018 mais sorties en 2019: le personnage homosexuel de Mahershala Ali dans Green Book, Oscar du meilleur film et Oscar du meilleur second-rôle masculin. Et la reine aux amours invertis dans La favorite, qui a valu l'Oscar de la meilleure actrice à Olivia Colman.

Evidemment, on reste loin du cas de la série "Elite" où le gender fluid domine et où chacun baise qui il veut, sans se soucier des jugements.

Cannes 2019 : La diversité se taille une place de choix

Posté par wyzman, le 2 juin 2019

Cette année plus que jamais, le Festival de Cannes semble s’être entièrement réconcilié avec la diversité. Qu’il s’agisse de diversité raciale, sexuelle ou religieuse, les différentes sections et sélections n’ont jamais été aussi ouvertes et représentatives du monde qui nous entoure.

Des films arc-en-ciel

Après les succès de 120 battements par minute et Plaire, aimer et courir vite, la communauté LGBT était dans les starting-blocks. Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma nous a offert une jolie leçon d’amour lesbien tandis que Roubaix, une lumière d'Arnaud Desplechin a brillé par son couple de femmes en tête d’affiche (Léa Seydoux et Sara Forestier). Malgré les polémiques liées au nombre de fesses visibles et à son cunnilingus non-simulé de 13 minutes, Mektoub, my love : intermezzo a brillé par son jeu sur la sensualité de ses héroïnes.

Présenté dans la section Un Certain regard, Nina Wu de Midi Z s’est offert une héroïne lesbienne comme on en voit peu. Port Authority de Danielle Lessovitz s’est fait remarquer par la présence de sa toute première femme transsexuelle et de couleur en tête d’affiche à Cannes (Leyna Bloom). Le film, centré sur l’histoire d’amour compliquée entre un homme cisgenre et une femme transsexuelle, fait la part belles aux personnes transgenres ainsi qu’aux homosexuels.

Et les homosexuels étaient loin des placards cette année à Cannes. Du Rocketman de Dexter Fletcher à Douleur et Gloire de Pedro Almodovar en passant par Matthias et Maxime de Xavier Dolan, la sélection officielle nous a offert une belle galerie d’hommes gays ou bisexuels aux sensibilités et attitudes différentes. Du côté de la Quinzaine des Réalisateurs, ce sont les héros de And then We Danced de Levan Akin et Tlamess d’Ala Eddine Slim qui nous ont émus.

Des sélections métisses

Trop longtemps perçu comme « blanc », Cannes s’est paré de mille couleurs continuer à être le plus grand festival de cinéma au monde. Si personne n’a été surpris par les personnages asiatiques de Parasite de Bong Joon-ho et Le Lac aux oies sauvages de Diao Yi’nan, les distributions de Bacurau de Juliano Dornelles et Keleber Mendonça Filho et Atlantique de Mati Diop ont été remarqués. Le premier, une fable futuriste mais réaliste, s’est illustré par sa grande représentativité et diversité ethniques quand le second, hommage aux Sénégalais qui rêvent d’un avenir meilleur mais continuent de se noyer dans l’océan Atlantique, s’est démarqué par son panel de femmes fortes.

Bien visibles dans Port Authority, les Noirs n'ont pas souffert d'une représentation erronée voire honteuse avec Les Misérables de Ladj Ly — à l’instar des Maghrébins et des musulmans de France. Malgré un résultat vain, Le Jeune Ahmed des frères Dardenne avait au moins le mérite de proposer une plongée inédite (à leur niveau) dans l'Islam radical, à quelques mètres des clichés. Même son de cloche dans Mektoub, my love : intermezzo où les protagonistes d’origine tunisienne n’ont jamais souffert de leur couleur de peau. Il en va de même pour Frankie d’Ira Sachs : la couleur de peau de la belle-fille fictive d’Isabelle Huppert, de son époux et de leur fille n’a jamais été mentionnée !

A la Quinzaine des Réalisateurs, Alice et le Maire de Nicolas Pariser et Give Me Liberty de Kirill Mikhanovsky ont amené avec eux des personnages féminins forts, joués par des actrices de couleur (Léonie Simaga et Lauren ‘Lolo’ Spencer). La trame autour du vaudou haïtien a permis à des acteurs noirs (Juan Paiva, Wislanda Louimat) de se greffer au casting de Sick, Sick, Sick d’Alice Furtado et Zombi Child de Bertrand Bonello. Impossible de ne pas mentionner les deux femmes d’origine maghrébine qui ont revitalisé la Quinzaine, j’ai nommé Zahia Dehar et Mina Farid, sublimes héroïnes d’Une Fille facile de Rebecca Zlotowski. Enfin, une mention spéciale mérite d’être attribuée à Kiki Layne pour sa belle interprétation de fantôme en Valentino dans The Staggering Girl de Luca Guadagnino !

Les 12 révélations de Cannes 2019

Posté par vincy, le 1 juin 2019

Gabriel d’Almeida Freitas (Matthias et Maxime)
Sexy en diable, il est Matthias, straight et rangé, qui tombe en amour de Maxime, son meilleur ami, incarné par Xavier Dolan. Et il est assez bluffant quand il perd pied et s'avoue troublé par ce désir impromptu. Humoriste qui mélangeant le mime et l'absurde, créateur de spectacles et de programmes télévisés, scénariste, acteur, il est depuis 8 ans sur le circuit. Il trouve à 28 ans son premier grand rôle au cinéma. Il est attendu dans la nouvelle série de Radio Canada à l'automne, Toute la Vie, aux cotés de Roy Dupuis.

Ke-xi wu (Nina Wu)
Elle est l'égérie du cinéaste Midi-Z. Nina Wu est leur troisième collaboration ensemble, après Ice Poison et Adieu Mandalay, mais la première où l'actrice est aussi scénariste. Après une décennie au théâtre, la comédienne s'est lancée à l'assaut du petit et du grand écran taïwainais. Polyglotte (anglais, turc, birman, thaïlandais, mandarin), elle se livre corps et âmes, et à travers toutes sortes d'émotions, à son personnage d'actrice abusée et maltraitée par son producteur et son réalisateur. Post-#MeToo, cette histoire est celle de centaines d'actrices humiliées par un milieu sexiste.

Chris Galust (Give Me Liberty)
Acteur non-professionnel et pourtant il a tout d'un grand. C'est son premier film et il a déjà un beau parcours depuis Sundance. Kirill Mikhanovsky l'a choisit pour être ce personnage attachant, un jeune Américain d’origine russe malchanceux qui conduit un minibus pour personnes handicapées. Il est tour à tour un petit-fils attentionné, un travailleur social impliqué et un petit frère protecteur. Ses intentions sont toujours louables et nous permettent d'avoir une profonde empathie pour les laissés pour compte qu'il croise.

So-Dam Park et Woo-sik Choi (Parasite)
Elle, 27 ans, et lui, 29 ans, jouent le frère et la sœur malins et très liés dans la famille d'exclus imaginée par Bong Joon-ho. Elle s'est faite remarquée dans The Silenced de Lee Hae-young et The Priests de Jang Jae-hyun, tous deux en 2015. Star du petit écran, déjà vu dans Okja et Train to Busan (tous deux à Cannes), il a explosé en 2014 dans Set me Free de Kim Tae-yong.

Mina Farid (Une Fille facile)
Tout le monde a parlé de Zahia Dehar dans ce film de Rebecca Zlotowski. Il ne faudrait pas oublier le rôle primordial de sa partenaire de jeu, qui incarne sa cousine. Deux femmes qui n'ont rien à voir. Mina Farid incarne avec légèreté et simplicité une fille modeste, qui préfère traîner avec son copain homo, et s'avère plus que convaincante: elle parvient à être lumineuse et charismatique face à la "vedette" influenceuse qui a capté tous les médias sur la Croisette. Une jeune comédienne - c'est son premier film - à suivre.

Fionn Whitehead (Port Authority)
C'est sans doute l'acteur britannique à suivre. Bien exposé dans Dunkerque, épatant en gamin qui tient tête et tombe amoureux d'Emma Thompson dans My Lady, le jeune comédien de 22 ans révèle un jeu subtil avec son rôle de mec un peu paumé tombant amoureux d'une femme transsexuelle (Leyna Bloom). Avec Port Authority, il démontre qu'il sait porter un film entier sur ses épaules, déchiré entre trois familles, et devant choisir son destin.

Catrinel Marlon (Les siffleurs)
A 33 ans, avec ses faux-airs d'Angelina Jolie, la comédienne roumaine a crevé l'écran en femme fatale et ambiguë dans Les siffleurs, capable de séduire autant que de tuer. Vue dans les experts, égérie Chopard, elle était déjà venue à cannes pour Tale of Tales. Ex-mannequin, elle parle quatre langues : le roumain, l'italien, l'anglais et le français. De quoi être définitivement amoureux d'elle.

Levan Gelbakhiani (And Then We Danced)
Talentueux, il vit à l'écran ce parcours initiatique d’un danseur désirant son rival. Avec subtilité et panache, il nous transporte dans cette romance gay géorgienne. Danseur de formation, il trouve là son premier rôle au cinéma. Conscient de l'homophobie régnante dans son pays et aux alentours, il espère que le film, Billy Elliot au pays des Soviets, fera évoluer les consciences dans une culture qui rejette l'homosexualité. Le jeune homme a été cité parmi les révélations du Festival de Cannes par le magazine W.

Carol Duarte et Julia Stockler (La vie invisible d'Euridice Gusmao)
Les deux actrices brésiliennes ne se ressemblent pas physiquement mais viennent toutes deux du théâtre et n'avaient jamais porté un film sur leurs épaules. Carol Duarte, 26 ans, de Sao Paulo, en couple avec Aline Klein, trouve ici son premier grand rôle de cinéma en interprétant la sœur cadette, réservée et obstinée du mélo de Karim Aïnouz. Au Brésil, tout le monde la connaît pour son rôle de transsexuel dans la télénovela A Força do Querer, qui lui a valu trois prix d'interprétation. Julia Stockler, 30 ans, incarne la sœur aînée, bannie et combattive. Née à Rio de Janeiro, elle a jouée dans deux séries populaires - Duas Caras et Só Garotas - et une comédie queer, Gaydar. Elle trouve là aussi son premier grand rôle.

Michael Angelo Covino (The Climb)
Réalisateur, co-scénariste, acteur principal de son film, ce multi-talent américain a montré qu'il y a avait toujours ce goût dans le cinéma US pour le psychodrame familial et amical avec un formalisme issu de la comédie italienne, des dialogues "new yorkais" et une influence française (Rohmer, Sautet) séduisante. Après avoir révélé ses talents d'écriture avec Keep in Touch (2015), et de nombreux courts métrages parfois récompensés, il endosse toutes les responsabilités avec brio.

Cannes 2019 : La star du jour… Xavier Dolan

Posté par wyzman, le 23 mai 2019

A 30 ans, Xavier Dolan peut se targuer de fouler la Croisette depuis maintenant une décennie.

A 20 ans, son premier long-métrage J’ai tué ma mère (2009, prix Art et Essai, prix SACD, prix Regards jeunes) ravit la Quinzaine des Réalisateurs. L’année suivante, Les Amours imaginaires est sélectionné dans la section Un certain regard. En 2012, Laurence Anyways fait le bonheur de cette même section et lui vaut une Queer Palm.

Son grand moment, Xavier Dolan le connaît en 2014, lorsque son cinquième long métrage Mommy est sélectionné en compétition officielle. Malgré l’enthousiasme général des critiques et du public, le film repart seulement avec un Prix du jury, ex-aequo avec Adieu au langage de Jean-Luc Godard. Membre du jury en 2015, son sixième long métrage Juste la fin du monde lui vaut une nouvelle sélection en compétition officielle en 2016 ainsi qu’un Grand Prix. Finalement, il n'aura présenté que deux films hors de Cannes, Tom à la ferme (Venise) et Ma vie avec John Donovan (Toronto).

Cette année, il présente son huitième film, le très attendu Matthias & Maxime dans lequel il campe l’un des rôles principaux et est accompagné de Gabriel D’Almeida Freitas, Antoine Pilon ainsi que de sa muse, Anne Dorval.

Chabadabada: 12 grands couples qui ont marqué Cannes

Posté par wyzman, le 22 mai 2019

Alors que Claude Lelouch présente cette semaine et hors-compétition Les Plus Belles Années d’une vie, nouvelle suite de sa Palme d’or Un homme et une femme, voici petit retour sur quelques couples mythiques de la Croisette s’impose. Vieux ou jeunes, hétéros ou homos, asiatiques ou latinos. Le cœur n'a pas de limite.

Un homme et une femme de Claude Lelouch (1966)

Lorsque Claude Lelouch présente Un homme et une femme en sélection officielle au Festival de Cannes 1966, il ignore l’impact que le film aura sur sa carrière et plus globalement dans l’histoire du cinéma français. Le film raconte ainsi comment Anne (Anouk Aimée), inconsolable depuis la mort de son mari cascadeur, rencontre à Deauville Jean-Louis (Jean-Louis Trintignant), un coureur automobile dont la femme s’est laissée mourir par désespoir. Les deux s’aiment, se repoussent et se retrouvent encore. Leur passion fait aujourd’hui encore figure de référence pour les films romantiques. Un homme et une femme décroche une Palme d’or et est sacré Meilleur film étranger l’année suivante aux Oscars tandis que son scénario original est également récompensé.

Les Ailes du désir de Wim Wenders (1987)

Dans un Berlin encore divisé, Wim Wenders s’autorise un drame mêlant merveilleux et romance. Les anges, être supérieurs, entendent et voient tout ce que les humains font et pensent. Cette division pourtant simple se voit contrariée lorsque Damiel (Bruno Ganz) renonce à son immortalité pour goûter au plaisir des sens aux côtés de Marion (Solveig Dommartin), trapéziste au bord du désespoir lorsque son cirque met la clé sous la porte. Conte allégorique bourré de monologues intérieurs, Les Ailes du désir vaut à Wim Wenders un Prix de la mise en scène amplement méritée.

Sailor et Lula de David Lynch (1990)

Palme d’or du Festival de Cannes, Sailor et Lula est bien plus qu’un thriller romantique et hystérique. On y suit en effet la passion amoureuse de Sailor (Nicolas Cage) et Lula (Laura Dern) ainsi que leur cavale qui a pour but d’échapper à la mère de la jeune femme et à l’amant de celle-ci. En plus d’y dévoiler un univers particulièrement sombre et hypnotique, David Lynch s’offre ici un casting quatre étoiles qui comprend la mère de Laura Dern, Diane Ladd mais aussi J. E. Freeman, Willem Dafoe et Isabella Rossellini dans des rôles complètement barrés. Quelques mois après avoir marqué la Croisette, Diane Ladd décrochera des nominations aux Oscars et aux Golden Globes.

Happy Together de Wong Kar-wai (1997)

Souvent oublié des livres de cinéma occidentaux, ce drame chinois est aujourd’hui encore une référence parmi les films LGBT et le palmarès du Festival de Cannes. On y suit Ho Po-wing (Leslie Cheung) et Lai Yiu-fai (Tony Leung Chiu-wai), deux Hongkongais qui décident de partir vivre en Amérique du Sud. Leur passion est si dévorante qu’ils se quittent régulièrement pour mieux se remettre ensemble. A chaque fois, ils se promettent de repartir à zéro. Happy Together quittera la Croisette avec le Prix de la mise en scène.

Amour de Michael Haneke (2012)

Film non-anglophone le plus récompensé de toute l’histoire du cinéma, Amour suit le quotidien de Georges (Jean-Louis Trintignant) et Anne (Emmanuelle Riva), un couple d’octogénaires. Passionnés de musique classique, ils ont peu de contact avec l’extérieure et ce, notamment depuis que leur fille Eva (Isabelle Huppert) est allée vivre à l’étranger avec sa famille. Après une attaque cérébrale, Anne rentre au domicile hémiplégique. Huis clos particulièrement éreintant, Amour montre la relation qui les unit et développe la promesse que George a faite à Anne : ne jamais la renvoyer à l’hôpital. Palme d’or à Cannes, le film est quelques mois plus tard auréolé du Golden Globe, du BAFTA et de l’Oscar du meilleur film étranger. Le film, son réalisateur, ses deux acteurs principaux et son scénario seront quant à eux récompensés aux César.

Laurence Anyways de Xavier Dolan (2012)

Pour son troisième long-métrage, le cinéaste québécois délaisse le thème de l’homosexualité pour explorer la transidentité. Laurence Anyways raconte ainsi comment, dans les années 1990, Laurence (Melvil Poupaud) annonce à Fred (Suzanne Clément), sa petite amie, qu’il souhaite devenir une femme. Sur près d'une décennie, le spectateur suit les hauts et bas de leur relation profondément rebelle et marginale ainsi que les pressions de la société qu’ils subissent. Présenté dans la section Un certain regard, le film quitte la Croisette avec un Prix d’interprétation féminine pour Suzanne Clément et la Queer Palm.

La vie d’Adèle : chapitres 1 et 2 d’Abdellatif Kechiche (2013)

Cinquième long-métrage d’Abdellatif Kechiche, La vie d’Adèle est sans doute son plus grand succès. Adapté du roman graphique Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, le film raconte comment Adèle (Adèle Exarchopoulos), 15 ans, tombe follement amoureuse d’Emma (Léa Seydoux), jeune artiste plus âgée qu’elle et dont les cheveux sont bleus. Le film est couronné d’une Palme d’or directement adressée au réalisateur et à ses deux actrices principales. Abdellatif Kechiche de décrocher aussi le Prix FIPRESCI. En raisons de scènes de sexe particulièrement explicites, le film est interdit aux moins de 12 ans avec avertissement au moment de sa sortie en salle.

Carol de Todd Haynes (2015)

Film historique et sentimental à la fois, Carol suit le parcours de Thérèse (Rooney Mara), une jeune et timide vendeuse qui est séduite par Carol (Cate Blanchett), riche cliente bourgeoise dans le New York des années 1950. De leur passion dévorante débouche un drame puissant sur le poids de la morale à l’époque et "l'empêchement" d'aimer librement. Présenté en compétition, le film de Todd Haynes en près d’une décennie vaut à Rooney Mara un Prix d’interprétation féminine.

Love de Gaspar Noé (2015)

Pour son quatrième long-métrage, Gaspar Noé met en scène un triangle amoureux qui n’a laissé personne indifférent. Alors étudiant, Murphy trompe sa petite amie Electra avec Omi. Cette dernière tombe enceinte et Murphy n’a d’autre choix que de prendre ses responsabilités, causant la fin de son idylle avec Electra. Bien après, alors que la mère d’Electra appelle Murphy pour savoir s’il n’a pas eu des nouvelles de sa fille, celui-ci se remémore la folle passion qu’ils ont partagée. Tourné et diffusé en 3D, Love a longtemps été décrié pour le caractère pornographique de son histoire d’amour principale et ses répétitions. Programmé en Séance de minuit, le film aura néanmoins marqué les festivaliers comme presque tous les films du réalisateur.

120 battements par minute de Robin Campillo (2017)

Quatre ans après son très bon Eastern Boys, Robin Campillo débarque sur la Croisette avec un film fort voire incontournable. Au début des années 1990, alors que l’épidémie du Sida se propage depuis une décennie, les militants d’Act Up-Paris multiplient les actions coup de poing pour mettre fin à l’indifférence du gouvernement et des médias. Nouvelle recrue, Nathan (Arnaud Valois) finit par succomber au charme de Sean (Nahuel Pérez Biscayart), séropositif fier de ses convictions. Leur histoire prend le dessus sur la trame sociale et permet d’illustrer le parcours souvent compliqué de ces couples ignorés par l’État. Présenté en sélection officielle, 120 battements par minute quitte Cannes avec le Grand prix du Jury, le Prix FIPRESCI, le Prix François-Chalais et la Queer Palm (obviously!) avant de rafler pas moins de six César. Rien que ça !

Carmen et Lola d’Arantxa Echevarría (2018)

Pour son second long métrage de fiction, la cinéaste espagnole nous embarque dans une communauté particulièrement repliée sur elle-même et conservatrice. Carmen et Lola raconte avec pudeur et poésie l’histoire d’amour compliquée de deux jeunes gitanes (Rosy Rodriguez et Zaira Morales), à l’heure où leurs deux familles envisagent leur mariage (hétérosexuel) respectif. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, le film est auréolé quelques mois plus tard de deux Goyas.

Matthias et Maxime de Xavier Dolan (2019)

De retour pour présenter son huitième long-métrage, Matthias et Maxime pourrait bien être le film de la consécration pour Xavier Dolan. On y suit l’amour naissant de deux hommes (Gabriel D’Almeida Freitas et Xavier Dolan) jusque-là jamais attirés par les hommes, alors qu’ils sont en plein tournage. Cette histoire, loin d’être du goût de tous, crée de véritables tensions. Présenté en sélection officielle, Matthias et Maxime concourt également pour la Queer Palm.

L’indomptable Xavier Dolan débarque en librairie

Posté par wyzman, le 18 avril 2019

Maître de conférences et spécialiste du droit public, Laurent Beurdeley est également un grand fan du cinéaste québécois. Voilà pourquoi il lui consacre tout un livre. Déjà disponible au Québec, Xavier Dolan - L’indomptable est désormais disponible dans les librairies françaises.

Un livre attendu

Tout premier portrait du réalisateur découvert à Cannes en 2009 alors qu’il n’avait que 20 ans, Xavier Dolan - L’indomptable propose une description minutieuse du principal intéressé. Plus encore, l’ouvrage tend à décortiquer ses films applaudis (Mommy) ou décriés (Juste la fin du monde) tout en mettant en lumière les multiples facettes de celui que l’on ne présente plus.

Au cours des 456 pages qui composent Xavier Dolan - L’indomptable, Laurent Beurdeley aborde tour à tour l’impressionnante culture du réalisateur de Laurence Anyways, son statut durement acquis d’icône pop, ses muses ainsi que ses engagements politiques et personnels. Portrait sans fard d’un garçon devenu homme, Xavier Dolan - L’indomptable a été écrit sans que son auteur ne rencontre jamais son sujet. Mais le 4 mars dernier, en amont de la sortie québécoise, Stéphane Bern est tout de même parvenu à changer la donne !

Dévoilé quelques heures avant l’annonce de la sélection officielle de la 72e édition du Festival de Cannes, Xavier Dolan - L’indomptable arrive au bon moment. En effet, après une sélection manquée l’an dernier avec Ma vie avec John F. Donovan, le réalisateur de 30 ans est particulièrement attendu sur la Croisette avec son huitième long métrage : Matthias & Maxime.

Matthias et Maxime : Xavier Dolan annonce la fin du tournage

Posté par wyzman, le 16 novembre 2018

Le réalisateur québécois s'est tourné vers Instagram pour annoncer à ses abonnés que le tournage de son huitième long métrage était officiellement terminé.

Clap de fin

On le savait très occupé ces dernières semaines mais son post publié cette nuit a rassuré ses fans. En effet, après avoir présenté le très attendu Ma vie avec John F. Donovan au TIFF, le réalisateur de Mommy s'est empressé d'achever le tournage de Matthias et Maxime. Sur Instagram, Xavier Dolan écrit ainsi en anglais : "Nous avons bouclé Matthias et Maxime hier soir après 48 jours de pure joie et de création passionnée. Je suis reconnaissant d’avoir trouvé une famille d’artistes et d’amis avec laquelle j’ai la possibilité de faire des films et de trouver une échappatoire. Je suis impatient que vous le voyiez."

Pour illustrer ses propos, Xavier Dolan a mis en ligne le cliché que vous pouvez voir ci-dessus et a pris la peine de taguer une bonne partie des acteurs qui l'ont entouré pendant ces quelques semaines. A l'heure où nous écrivons ces lignes, la publication s'apprête à passer la barre symbolique des 50.000 j'aime. Preuve s'il en fallait une du succès du réalisateur sur le réseau social mais surtout de l'impatience qui ne cesse de gagner son public.

Retour aux sources

Après avoir adapté la pièce de Jean-Luc Lagarce Juste la fin du monde en 2016 (qui lui a valu les César du meilleur réalisateur et du meilleur montage), Xavier Dolan s'est offert une incursion dans le cinéma hollywoodien pour Ma vie avec John F. Donovan. Le film, dont le personnage Jessica Chastain a dû être coupé au montage, dispose d'un casting de rêve : Kit Harington, Jacob Tremblay, Kathy Bates pour ne citer qu'eux. L'expérience ayant été visiblement complexe, Xavier Dolan n'a pas manqué de retourner dans son Québec natal pour Matthias et Maxime.

Le film, dont il est trop tôt pour espérer une date de sortie, raconte les bouleversement rencontrés par un groupe d'amis lorsque deux d'entre eux (Matthias et Maxime) entament une relation amoureuse. Pour rappel, le film sera porté à l'écran par Xavier Dolan lui-même (il joue Max), Anne Dorval (qui incarne la mère de Max), Antoine Pilon, Catherine Brunet, Pier-Luc Funk et Marilyn Castonguay entre autres.

Matthias et Maxime : Pier-Luc Funk sera dans le prochain film de Xavier Dolan

Posté par wyzman, le 18 août 2018

Si l'on en croit les informations de La Presse, l'acteur de 24 ans devrait vraisemblablement figurer au casting du 8e long métrage de Xavier Dolan.

Un secret de Polichinelle

Comme c'est de plus en plus le cas en ce qui concerne les films de Xavier Dolan, tout le monde connaît désormais les dates de début de tournage. Et Matthias et Maxime, le prochain bébé du réalisateur québécois ne déroge pas à la règle. Mais si l'on vous parle aujourd'hui du film, c'est parce que le comédien Pier-Luc Funk y a plus ou moins confirmé sa participation.

En effet, lors de l'émission Nouvelle vague, diffusée sur ICI Radio-Canada Première, il n'a pas nié la possibilité d'en être. Interrogé mercredi, jour du début du tournage de Matthias et Maxime, par l'animateur Stéphane Leclair, Pier-Luc Funk a simplement répondu : "Peut-être, ça se peut, il y a une légende qui court !" Etant donné les liens d'amitié qu'ont les deux comédiens, il ne fait aucun doute que la présence de celui que l'on a vu dans Les Parent et Mémoire vive est des plus plausibles.

Pour rappel, Matthias et Maxime, parfois appelé Matt & Max, traiterait de l'amitié que partage un groupe de six hommes. Cette amitié va être mise à rude épreuve lorsque deux d'entre eux vont se rapprocher de manière significative. Il se murmure que Xavier Dolan incarnera Maxime mais aucun nom n'a été avancé pour le personnage de Matthias.

Notez également qu'aucune date de sortie n'a été annoncée pour le moment. Etant donné que le nouveau film de Xavier Dolan, The Death and Life of John F. Donovan doit être présenté en avant-première mondiale à Toronto le mois prochain, il ne fait aucun doute que Matthias et Maxime ne sortira pas avant fin 2019 - voire en 2020.