[2019 dans le rétro] Des minorités moins visibles mais toujours très rentables

Posté par wyzman, le 4 janvier 2020

Année après année, le constat semble sans appel : inclure des personnages joués par des acteurs de couleur permet d’attirer plus de monde en salle ou du moins de diversifier le public. Cette année, malgré l’absence d’énormes blockbusters faussement destinés à des communautés précises comme Black Panther ou Crazy Rich Asians, la diversité à néanmoins payé.

L’Amérique de Disney frappe fort

Si l’on se penche sur le box-office américain, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Produire des films représentatifs, c’est-à-dire respectueux de la diversité de couleurs qui composent les Etats-Unis est porteur. Et ce n’est certainement pas Disney qui dira le contraire. Véritable carton, Avengers : Endgame et son casting multiculturel ont rapporté plus de 858 millions de dollars sur le seul sol nord-américain. Grâce aux acteurs de Black Panther — oui, encore — (Chadwick Boseman, Danai Gurira, Angela Bassett, Letitia Wright, Winston Duke) et aux "cautions diversité" des autres franchises Marvel (Don Cheadle, Zoe Saldana, Anthony Mackie et Tessa Thompson pour ne citer qu’eux), le mega-crossover des frères Russo a atteint son objectif : être le film le plus commenté de l’année.

A mieux y regarder, tous les films Marvel proposent désormais un rôle important à un personnage joué par un acteur de couleur (noir le plus souvent). Dans Captain Marvel sorti quelques semaines avant Avengers : Endgame, c’est Lashana Lynch qui captivait le public. A ses côtés, Samuel L. Jackson continuait d’oeuvrer bien plus sobrement que dans Spider-Man : Far From Home (sorti cet été) où son Nick Fury semblait prendre beaucoup (trop) de place. D’ailleurs, pour continuer à parler de Samuel L. Jackson, c’est bien évidemment son rôle dans Glass de M. Night Shyamalan qui demeurera le moment fort de son année ciné !

Toujours du côté de Disney, impossible de ne pas parler du Roi Lion de John Favreau. En plus d’effets spéciaux ultra-réalistes, le film disposait d’un casting de rêve bien qu'invisible une fois dans la salle : Donald Glover, Beyoncé, James Earl Jones, Chiwetel Ejiofor, Alfre Woodard et Keegan-Michael Key. Autant d’acteurs qui sont devenus un véritable atout marketing, bien au-delà de l’envie de voir la version live de ce film d’animation culte. En parallèle, pour surfer sur la vague africanisante qui a soudainement frappé la pop culture à la fin de cette décennie, la production a eu la bonne idée de laisser à Beyoncé le soin de produire toute une bande originale qui fait la part belle au continent africain. Encore et toujours du marketing de génie !

Mais Le Roi Lion n’est pas le seul remake en live-action à avoir fait du bruit en 2019. Malgré des critiques loin d’être élogieuses, l’Aladdin de Guy Ritchie a su tirer son épingle du jeu, amassant plus d’un milliard de dollars à travers le monde. Comme quoi, le mélange d’inspirations arabes, persanes et indiennes continue d’être porteur. Et ce mois-ci, Disney espérait compter sur Star Wars, épisode IX : L’Ascension de Skywalker pour continuer à prétendre être une multinationale inclusive. Mais le peu de temps à l’écran accordé à l'actrice Kelly Marie Tran n’a pas échappé à la toile !

Dans le reste du box-office américain, on note bien évidemment les très bons scores de Fast and Furious : Hobbs and Shaw (173 millions de dollars de recettes) et Jumanji : Next Level (151 millions). Tous deux portés par Dwayne Johnson, le premier joue à fond la carte des racines polynésiennes de l’acteur tandis que le second était une nouvelle excuse pour mettre ses muscles (saillants) à rude épreuve.

Des films indépendants branchés stars

Mais pour comprendre tout l’intérêt d’une meilleure représentativité dans l’espace cinématographique américain, c’est sans surprise du côté du cinéma indépendant qu’il convient de se tourner. En effet, l’adaptation US d’Intouchables (The Upside) a créé la surprise outre-Atlantique grâce au duo formé par Bryan Cranston et Kevin Hart. The Last Black Man in San Francisco de Joe Talbot et qui raconte l’histoire d’un homme qui veut à tout prix récupérer la maison construite par son grand-père a fait pleurer dans les chaumières tandis qu’Eddie Murphy est réussi à revenir sur le devant de la scène avec le film distribué par Netflix Dolemite is My Name.

Les deux événements « diversité » de cette année s’appelaient sans l’ombre d’un doute Us et Hustlers (Queens en VF). Après Get Out, Jordan Peele a décidé de mettre en scène les traumas d’une famille Noire-américaine avec Lupita Nyong’o et Winston Duke (encore lui !) dans les rôles des parents. La performance de l’actrice l'a rapidement placée sur la it-list des prochaines nominations aux Oscars. Un peu comme Jennifer Lopez, fausse révélation de l’année. La chanteuse d’origine portoricaine en a ébloui plus d'un(e) dans ce film de braqueuses extrêmement sexy. Grâce aux participations de Constance Wu, Keke Palmer, Cardi B et Lizzo, le film est rapidement devenu un must-see pour la génération E!

Le cinéma français peut remercier Cannes

Dans l’Hexagone, le constat est sensiblement différent. Hormis les films déjà mentionnés plus haut, on ne peut qu’être attristé par le faible (et mauvaise) représentation de la diversité dans nos productions "locales". Alors que Green Book de Peter Farrelly et Creed 2 de Steven Caple Jr. ont tous deux passé la barre symbolique du million d’entrées, il faut chercher un moment avant de trouver un film français qui ait réussi cet exploit.

Par chance, l’édition 2019 du Festival de Cannes a relevé la barre. Présidé par  le réalisateur mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu, ce nouveau cru a été l’occasion de voir de belles surprises. Bien évidemment, la Palme d’or revenue au sud-coréen Parasite était une évidence. Et l’on ne peut que féliciter le 1,6 million de Français qui a laissé sa chance à cette oeuvre complexe et unique en son genre. A côté, le grand prix Atlantique de Mati Diop a permis de faire évoluer les consciences sur les immigrés venus du Sénégal. A l’heure où les extrêmes se font de plus en plus incontournables, une telle oeuvre méritait reconnaissance et visibilité.

A l’instar des Misérables de Lady Ly et Bacurau de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles, Prix du jury ex-aequo cette année. Centré sur l’impact que peuvent avoir les violences policières, le premier est rapidement devenu un sujet de conversation incontournable dans « les banlieues » mais pas que tandis que le second a brillé par son casting arc-en-ciel, véritable révélateur d’une société brésilienne plus hétérogène qu’on ne le pense. Enfin, notons le Prix SACD de la Quinzaine des Réalisateurs remis à Une Fille facile de Rebecca Zlotowski. Porté un duo improbable d’actrices d’origine maghrébine (Mina Farid et Zahia Dehar), cette comédie dramatique était immanquable à la fin de l’été !

Cannes 2019 : La diversité se taille une place de choix

Posté par wyzman, le 2 juin 2019

Cette année plus que jamais, le Festival de Cannes semble s’être entièrement réconcilié avec la diversité. Qu’il s’agisse de diversité raciale, sexuelle ou religieuse, les différentes sections et sélections n’ont jamais été aussi ouvertes et représentatives du monde qui nous entoure.

Des films arc-en-ciel

Après les succès de 120 battements par minute et Plaire, aimer et courir vite, la communauté LGBT était dans les starting-blocks. Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma nous a offert une jolie leçon d’amour lesbien tandis que Roubaix, une lumière d'Arnaud Desplechin a brillé par son couple de femmes en tête d’affiche (Léa Seydoux et Sara Forestier). Malgré les polémiques liées au nombre de fesses visibles et à son cunnilingus non-simulé de 13 minutes, Mektoub, my love : intermezzo a brillé par son jeu sur la sensualité de ses héroïnes.

Présenté dans la section Un Certain regard, Nina Wu de Midi Z s’est offert une héroïne lesbienne comme on en voit peu. Port Authority de Danielle Lessovitz s’est fait remarquer par la présence de sa toute première femme transsexuelle et de couleur en tête d’affiche à Cannes (Leyna Bloom). Le film, centré sur l’histoire d’amour compliquée entre un homme cisgenre et une femme transsexuelle, fait la part belles aux personnes transgenres ainsi qu’aux homosexuels.

Et les homosexuels étaient loin des placards cette année à Cannes. Du Rocketman de Dexter Fletcher à Douleur et Gloire de Pedro Almodovar en passant par Matthias et Maxime de Xavier Dolan, la sélection officielle nous a offert une belle galerie d’hommes gays ou bisexuels aux sensibilités et attitudes différentes. Du côté de la Quinzaine des Réalisateurs, ce sont les héros de And then We Danced de Levan Akin et Tlamess d’Ala Eddine Slim qui nous ont émus.

Des sélections métisses

Trop longtemps perçu comme « blanc », Cannes s’est paré de mille couleurs continuer à être le plus grand festival de cinéma au monde. Si personne n’a été surpris par les personnages asiatiques de Parasite de Bong Joon-ho et Le Lac aux oies sauvages de Diao Yi’nan, les distributions de Bacurau de Juliano Dornelles et Keleber Mendonça Filho et Atlantique de Mati Diop ont été remarqués. Le premier, une fable futuriste mais réaliste, s’est illustré par sa grande représentativité et diversité ethniques quand le second, hommage aux Sénégalais qui rêvent d’un avenir meilleur mais continuent de se noyer dans l’océan Atlantique, s’est démarqué par son panel de femmes fortes.

Bien visibles dans Port Authority, les Noirs n'ont pas souffert d'une représentation erronée voire honteuse avec Les Misérables de Ladj Ly — à l’instar des Maghrébins et des musulmans de France. Malgré un résultat vain, Le Jeune Ahmed des frères Dardenne avait au moins le mérite de proposer une plongée inédite (à leur niveau) dans l'Islam radical, à quelques mètres des clichés. Même son de cloche dans Mektoub, my love : intermezzo où les protagonistes d’origine tunisienne n’ont jamais souffert de leur couleur de peau. Il en va de même pour Frankie d’Ira Sachs : la couleur de peau de la belle-fille fictive d’Isabelle Huppert, de son époux et de leur fille n’a jamais été mentionnée !

A la Quinzaine des Réalisateurs, Alice et le Maire de Nicolas Pariser et Give Me Liberty de Kirill Mikhanovsky ont amené avec eux des personnages féminins forts, joués par des actrices de couleur (Léonie Simaga et Lauren ‘Lolo’ Spencer). La trame autour du vaudou haïtien a permis à des acteurs noirs (Juan Paiva, Wislanda Louimat) de se greffer au casting de Sick, Sick, Sick d’Alice Furtado et Zombi Child de Bertrand Bonello. Impossible de ne pas mentionner les deux femmes d’origine maghrébine qui ont revitalisé la Quinzaine, j’ai nommé Zahia Dehar et Mina Farid, sublimes héroïnes d’Une Fille facile de Rebecca Zlotowski. Enfin, une mention spéciale mérite d’être attribuée à Kiki Layne pour sa belle interprétation de fantôme en Valentino dans The Staggering Girl de Luca Guadagnino !

Cannes 2019: les 15 films à ne pas manquer

Posté par redaction, le 30 mai 2019

Voici 15 films projetés au Festival de Cannes que nous vous recommandons fortement. 15 rendez)vous cinématographiques aussi éclectiques qu'incontournables. Certains sont en salles ou s'apprêtent à débarquer dans les cinéma. Pour d'autres, il faudra attendre. En attendant, vous pouvez découvrir les films cannois lors des reprises:
- Un Certain regard: jusqu’au 4 juin, le réseau de salles d’art et d’essai « Ecrans de Paris » – l’Arlequin (6e), l’Escurial (13e), le Majestic Bastille (11e), le Majestic Passy (16e) et le Reflet Médicis (5e)
- La Quinzaine des Réalisateurs: à Paris, au Forum des images, du 30 mai au 9 juin ; à Marseille, le cinéma Alhambra du 28 mai au 9 juin ; à Bruxelles, à la Cinematek, du 1er au 7 juillet.
- La Semaine de la Critique: à la Cinémathèque française, les 10 courts et 10 longs-métrages du 5 au 12 juin.

Douleur et Gloire de Pedro Almodovar (Pathé - 17 mai 2019)
Depuis Volver, Pedro Almodovar n'avait plus conquis unanimement le public et les critiques. Hormis La Piel que Habito, il semblait ne plus pouvoir se renouveler formellement. Avec cette autofiction, le cinéaste espagnol transcende son cinéma pour l'amener vers une épopée de l'intime d'un homme vieillissant tout autant que l'immerger dans un portrait crépusculaire de l'artiste. Antonio Banderas incarne ainsi son mentor, en trouvant là le plus grand rôle de sa carrière. En offrant un cinéma généreux autour d'un récit mélancolique, Almodovar parvient surtout à réconcilier le passé et le présent pour surmonter le noir et tendre vers la lumière.

Parasite de Bong Joon-ho (Les Bookmakers / The Jokers - 5 juin 2019)
Première Palme d'or sud-coréenne, le film de Bong Joon-ho fait écho à la Palme japonaise de l'an dernier, Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda. Tous deux filment une population exclue, survivant dans la misère en captant des miettes de la prospérité libérale. Mais ici, le cinéaste en fait un film de genre, le "Home Invasion", où la redistribution des richesses va finir en carnage. Une lutte des classes intense et violente, où le mépris des uns se mêle aux envies des autres. On en ressort enthousiasmé, jubilant d'avoir vécu un "roller-coster" divertissant et intelligent, imprévisible et irrésistible.

Être vivant et le savoir d'Alain Cavalier (Pathé - 5 juin 2019)
Un écran de cinéma pour conjurer la mort, quelle plus belle idée pourrait-on trouver ? Alain Cavalier rend hommage à son amie Emmanuèle Bernheim à travers des extraits de son journal filmé, des passages de son journal écrit, des réflexions en voix-off et des mises en scène de statues, de pigeons et de courges parfois en décomposition. Il convoque en filigrane le film qu'ils n'auront jamais pu faire ensemble, et sa propre mort, qui flotte sur le film comme une présence familière.

Le Daim de Quentin Dupieux (Diaphana - 19 juin 2019)
Pour son huitième long-métrage, Quentin Dupieux s’intéresse à la folie d’un homme (Jean Dujardin) qui plaque tout et décide sur un coup de tête et un coup de cœur de s’acheter le blouson 100% daim de ses rêves. Sur son passage, il croise la route de Denise (Adèle Haenel), une barmaid aussi barrée que lui. Un quiproquos va les amener à travailler ensemble, sans se douter que l'aliénation n'est pas loin.Ensemble, ils donnent lieu à la comédie existentielle la plus loufoque de l’année.

Give Me Liberty de Kirill Mikhanovsky (Wild Bunch - 24 juillet 2019)
Grâce à un héros complètement dépassé (un jeune conducteur de bus pour personnes handicapées), Kirill Mikhanovsky se lance dans un portrait-charge de l’administration Trump qui ne soutient pas davantage les minorités que les gouvernements précédents. Drôle, touchant et cacophonique, Give Me Liberty est le grand film choral et social dont nous avons besoin.

Bacurau de Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho (SBS distribution - 25 septembre 2019)
C'est un peu le village d'Astérix contre l'Empire suprémaciste et ultra)libéral mondialisé. Le film brésilien est un film de genre où rien n'est vraiment attendu, jusqu'au final digne d'un western à l'ancienne. Dans ce proche avenir aussi terrifiant que glaçant - un monde autoritaire aux élus corrompus -, ce safari où de simples citoyens sont les proies, s'amuse à jouer avec nos nerfs tout en livrant un puissant message d'entraide et de solidarité. Il n'y a pas de banquet à la fin mais c'est tout comme.

Atlantique de Mati Diop (Ad Vitam - 2 octobre 2019)
Avec son premier long métrage, Mati Diop propose un singulier récit de l'exil, raconté du point de vue de ceux qui restent. Mêlant observation sociologique, polar et fantastique, la réalisatrice parvient ainsi à donner un visage et une histoire aux milliers de réfugiés qui reposent dans les fonds sous-marins, sans sépulture et sans oraison funèbre. Ce faisant, elle propose une œuvre puissante et ultra-contemporaine qui interroge frontalement la notion de responsabilité collective.

Alice et le maire de Nicolas Pariser (Bac films - 2 octobre 2019)
Avec son second long-métrage, Nicolas Pariser signe un constat cinglant du paysage politique français actuel : le PS est mort par manque d’ambition. Un constat qui lui est permis par le biais du maire socialiste et fictif de Lyon, en proie à une panne d’idées. Il a besoin d’une philosophe à ses côtés pour se rassurer. Une comédie piquante et actuelle portée avec brio par le duo Fabrice Luchini-Anaïs Demoustier.

Chambre 212 de Christophe Honoré (Memento films - 9 octobre 2019)
Avec une fable presque surréaliste à la Blier et une variation sur le couple pris dans le piège de l'individualité et de l'infidélité, Christophe Honoré réussit son film le plus drôle et le plus juste. L'auteur-metteur en scène-cinéaste continu ainsi d'explorer le désir, l'amour et la fuite à travers une femme qui assume l'évolution de ses plaisirs tout en craignant son propre vieillissement. Sous ses airs de marivaudage, le film est avant tout une illustration inspirée des contradictions humaines dans une société conservatrice et hédoniste.

Papicha de Mounia Meddour (Jour2fête - 9 octobre 2019)
Des étudiantes ont des rêves d'avenir dans l'Algérie des années 90, au moment où des intégristes veulent imposer de nouvelles restrictions par la menace. Sans doute à cause d'un contexte lourd, on est sensible à l'énergie vibrante et féministe de cette bande de filles qui résiste et ne se soumettent pas à faire des concessions contre leur liberté. Au premier plan, on découvre la révélation Lyna Khoudri, épatante.

J’ai perdu mon corps de Jeremy Clapin (Rezo films - 6 novembre 2019)
Une main, séparée de son corps, part à sa recherche. Il règne dans le premier long métrage de Jérémy Clapin une mélancolie profonde, faite de souvenirs et de regrets. Le récit ténu oscille ainsi entre les moments suspendus de nostalgie, les tranches de vie simple d'un personnage en quête d'une place dans le monde, et de véritables scènes d'action initiatiques. On est frappé par la précision et la virtuosité de la mise en scène qui offre tout à tour un souffle épique et une justesse absolue dans le registre de l'intime.

Les misérables de Ladj Ly (Le Pacte - 20 novembre 2019)
Ce n'est pas un énième film sur la banlieue, mais plutôt le tableau d'une société en plein chaos. Si tout le film tend vers un final violent et intense que n'aurait pas renié John Carpenter tant il est suffocant, il s'agit avant tout d'une parfaite représentation d'une France éclatée, où les communautés comme les générations sont incapables de s'écouter et a fortiori de se respecter. Ici, rien n'est binaire. Les Misérables est tout autant humain que désespérant. C'est avant tout épatant, puisque nous nous attachons à chacun des protagonistes, peu importe leur camp.

It must be heaven d'Elia Suleiman (Le Pacte - 4 décembre 2019)
Avec peu de dialogues mais un sens aigüe de l'observation et un génie de la situation, le cinéaste palestinien nous emmène à Paris et à New York pour un état des lieux du monde pas forcément réjouissant. Et pourtant on rit devant ses facéties, sa tête de Droopy impassible, ses petites mésaventures et ce burlesque qui s'invite jamais où on l'attend. Malgré sa légèreté apparente, cet elixir de bonheur, exquis de bout en bout, ne manque pas de profondeur. Manifeste politique, engagé même, la comédie est douce-amère et même festive. Une pépite.

La vie invisible d'Euridice Gusmao de Karim Aïnouz (ARP Sélection - 25 décembre 2019)
Alors que les feuilletons français de début de soirée cartonnent sur le petit écran, rendons aux Brésiliens l'art de la télénovela. Karim Aïnouz la projette sur grand écran avec une belle et grande fresque aussi émouvante que déchirante sur deux sœurs que le destin sépare. Ode à l'émancipation féminine et critique du pouvoir patriarcal, le film traverse une décennie (et un peu plus) pour nous embarquer dans un double récit passionnant. On ressort conquis par les deux actrices et séduit par cette histoire dramatique. Mais loin d'être superficiel et léger, ce mélo est aussi très beau.

And then We Danced (Et puis nous danserons) de Levan Akin (ARP Sélection - date de sortie encore non communiquée)
Dans la lignée de Call Me by Your Name et Moonlight, le film de Levan Akin s’intéresse aux premiers émois amoureux (et sexuels) d’un jeune danseur en quête d’identité. Doublé d’une chronique de la Géorgie toujours aussi peu tolérante - c'est un euphémisme - envers les LGBT, And then We Danced finira sans l’ombre d’un doute au panthéon des films gays.

Cannes 2019: la Palme d’or pour Parasite de Bong Joon-ho

Posté par vincy, le 25 mai 2019

"Les récompenses d'aujourd'hui ne reflèteront que l'opinion de neuf personnes dans le monde" - Alejandro González Iñárritu

C'était impossible en effet de satisfaire tout le monde. la presse a hué le prix pour les Dardenne, modérément apprécié celui pour Emily Beecham. On peut regretter que Almodovar, Sciamma, et surtout Suleiman (qui hérite d'une nouveauté, la mention spéciale, comme si la Palestine n'avait pas vraiment le droit d'exister au Palmarès) soient sous-estimés dans la hiérarchie. Mais on peut aussi se féliciter que deux premiers films de jeunes cinéastes soient primés, contrastant avec la seule grosse erreur du palmarès, le prix de la mise en scène pour les indéboulonnables Dardenne, plutôt que de le donner à Almodovar, Sciamma, Suleiman, Mendonça Filho, Malick ou Tarantino.

Le cinéma français en tout cas repart flamboyant, contrairement à l'année dernière, tandis que le cinéma nord-américain a été snobé. La diversité aussi a été gagnante. Cela fait plaisir de voir une telle variété de cinéastes aux parcours si différents, du Sénégal à la Palestine en passant par le 9-3 et la Corée du sud. C'est réjouissant de voir le cinéma brésilien, que l'actuel de gouvernement menace par des coupes dans le financement, couronné hier à Un certain regard (A lire ici: Tous les prix remis à Cannes) et ce soir par un prix du jury. A travers le double prix du jury pour Les Misérables et Bacurau, présentés le même jour, ce sont ces deux films de résistance et de chaos social et citoyen qui ont été distingués.

Ce fut un grand moment, aussi, de partager le sacre d'un Antonio Banderas, qui a le droit à une ovation pour son plus grand rôle en 40 ans, dédiant sa récompense à son mentor, Pedro Almodovar, qui manque une fois de plus la Palme d'or, mais peut se consoler avec le succès public de son film et les excellentes critiques reçues.

Le jury d'Alejandro González Iñárritu a du faire des choix dans cette sélection "incroyable", avec une mix de "réalisateurs iconiques, des nouvelles voix du monde entier dans différents genres".

Cette diversité des genres, avec des thrillers, des films fantastiques, et souvent un cinéma engagé qui évoque les luttes de classes, a été récompensée. C'est en cela où Parasite, grand film populaire admirablement maîtrisé, parfaite synthèse de ce que le Festival a montré, en insufflant du politique dans le suspens, de l'intelligence dans le divertissement, mérite sa Palme. A l'unanimité. Il pouvait remporter chacun des prix du jury tant le résultat est magistral. Un an après un drame familial social japonais (Une affaire de famille de Kore-eda), c'est un autre drame familial social, mais coréen, qui l'emporte. Comme deux faces d'une même pièce, chacun dans leur style et leur sensibilité.

C'est enfin la première fois que le cinéma sud-coréen remporte la prestigieuse récompense du Festival de Cannes. Il était temps.

Palme d'or: Parasite de Bong Joon-ho (à l'unanimité)

Grand prix du jury: Atlantique de Mati Diop

Prix du jury ex-aequo: Les Misérables de Ladj Ly et Bacurau de Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho

Prix de la mise en scène: Jean-Pierre et Luc Dardenne (Le jeune Ahmed)

Prix d'interprétation masculine: Antonio Banderas (Douleur et gloire)

Prix d'interprétation féminine: Emily Beecham (Little Joe)

Prix du scénario: Céline Sciamma pour Portrait de la jeune fille en feu

Mention spéciale: It Must Be Heaven d'Elia Suleiman

Caméra d'or: Nuestras madres de César Diaz (Prix Sacd à la Semaine de la Critique)

Palme d'or du court-métrage: La distance entre nous et le ciel de Vasilis Kekatos (Queer Palm du court-métrage)
Mention spéciale: Monstre Dieu de Agustina San Martin

Cannes 2019: Nos Retrouvailles avec Udo Kier

Posté par kristofy, le 16 mai 2019

Udo Kier est cet acteur allemand qui, dès ses débuts, a tourné dans quantité de films en Europe dans les années 70 avant de s’installer ensuite aux Etats-Unis. Son visage particulier percé d’un regard bleu perçant a fait de lui un second rôle recherché en particulier pour divers rôles de ‘méchants’ : aujourd'hui, il apparaît dans plus de 150 films !

C’est en 1979 que le Festival de Cannes sélectionne deux films dans lesquels il joue : Rhapsodie Hongroise de Miklos Jancso est en sélection officielle, et La Troisième Génération de Rainer Werner Fassbinder est à Un Certain Regard. Udo Kier a jouer dans trois films de Fassbinder mais aussi dans 8 films de son ami Lars Von Trier. C’est ainsi que Udo Kier apparaît plusieurs fois encore à Cannes : on le voit dans Epidemic en 1987, Europa en 1991, Breaking the waves en 1996, Melancholia en 2011.

La carrière de Udo Kier est marquée en particulier par le genre fantastique: en vampire pour Paul Morrissey (dans Chair pour Frankenstein en 1973, Du sang pour Dracula en 1974), ou en dictateur de l’univers nazi pour Timo Vuorensola (dans Iron Sky, et sa suite Iron Sky: The Coming Race). Dansson Panthéon, on trouve des films populaires ou cultes Histoire d'O de Just Jaeckin, Suspiria de Dario Argento, Johnny Mnemonic avec Keanu Reeves, Barb Wire avec Pamela Anderson, Armageddon de Michael Bay, La Fin des temps avec Arnold Schwarzenegger, BloodRayne de Uwe Boll, Halloween de Rob Zombie, Brawl in Cell Block 99 de S. Craig Zahler... C'est, à sa manière, un prince du Genre.

Udo Kier n’est pourant pas seulement un tueur au cinéma. Il a aussi eu des rôles plus diversifiés dans des films dramatiques signés, par exemple, d'Alexander Payne (Downsizing) ou de Gus Van Sant (My own private Idaho en 1991, Even cowgirls get the blues en 1993 et le dernier Don't worry, he won't get far on foot au Festival de Berlin 2018). La Berlinale lui avait d'ailleurs remis un Teddy Award d’honneur en 2015. Certains de ses films ont été à Venise (My son, my son, what have we done de Werner Herzog en 2009), et il a été membre du jury au Festival de Locarno (en 2004 et en 2015). Il navigue ainsi entre séries B et œuvres de festival, films cultissimes pour fans de fantastique et films plus expérimentaux vénérés par les cinéphiles (La chambre interdite, Ulysse souviens toi!).

Udo Kier est cette année quasiment re-découvert avec un hommage du festival fantastique de Bruxelles (le BIFFF) et un autre du festival de Gérardmer. Mais nul ne doute que ce sont ses retrouvailles avec le Festival de Cannes cette année qui vont lui valoir d'être redécouvert : il est un des personnages principaux (avec Sonia Braga, dont on célébrait les retrouvailles en 2016 avec Aquarius) dans le film brésilien Bacurau de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles (en compétition), annoncé comme un ‘western fantastique’.

« Dans un futur proche… Le village de Bacurau dans le sertão brésilien fait le deuil de sa matriarche Carmelita qui s’est éteinte à 94 ans. Quelques jours plus tard, les habitants remarquent que Bacurau a disparu de la carte... »

Cannes 2019: les films qu’on aimerait y voir (2/2)

Posté par redaction, le 14 avril 2019

Portrait de la jeune fille en feu, Jeanne, C'est extra, Une fille facile, Sybil, Proxima côté français. Lav Diaz, Cristi Puiu, Ari Aster, Kiyoshi Kurosawa, Corneliu Porumboiu, Atom Egoyan, Pavel Lounguine, Pedro Costa, Lou Ye côté grands noms du cinéma d'auteur international. On serait surpris de ne pas voir ces cinéastes sur la Croisette cette année. La Quinzaine a déjà préempté le Dupieux en ouverture. Mais quelques films pressentis, comme Ad Astra de James Gray (aux effets spéciaux pas prêts) ou Roubaix, une lumière d'Arnaud Desplechin (reparti en montage), pourraient manquer le rendez-vous. Il reste malgré tout de la place, toutes sections et sélections confondues pour quelques surprises et, rêvons, satisfaire quelques rêves.

About Endlessness de Roy Andersson
Lion d'or à Venise il y a cinq ans pour Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence, le vénérable et rare cinéaste suédois pourrait revenir sur la Croisette 19 ans après Chansons du deuxième étage. L'étrangeté du ton et la singularité du style devraient une fois de plus se mettre au service de ce récit à multiples histoires cherchant la rareté et la beauté de l'existence à travers divers personnages. Une fois de plus, on imagine bien un film oscillant entre burlesque et tragédie, pas loin d'un surréalisme appuyé par une voix-off plutôt que des dialogues, minimalistes. Une volonté d'universalisme qui séduira, dérangera ou laissera à distance.

Adoration de Fabrice du Welz
Le réalisateur belge de Calvaire et Alleluya, après un détour par Hollywood, revient à un thriller européen avec Thomas Gioria, Fantine Harduin, Benoît Poelvoorde, Béatrice Dalle et Laurent Lucas.. Bien évidemment Cannes a un œil sur lui : il y a été découvert à Cannes en 2005 (à La Semaine de la Critique) avec Calvaire, Vinyan jugé trop radical sera en fait à Venise en 2008, et retour à Cannes en 2014 (à La Quinzaine des Réalisateurs) avec Alléluia. Ici c'est l'histoire d'une rencontre entre Paul, jeune garçon de 12 ans qui vit avec sa mère au milieu d’une forêt, et Gloria, une adolescente schizophrène qui a pris la fuite. Le film vient d'être terminé cette semaine. On imagine bien ce drame horrifique en séance de minuit...

La prochaine fois le feu de Mati Diop
Ce premier film a été tourné à Dakar en wolof. Fille de chanteur, l'actrice de 35 rhums de Claire Denis se lance enfin dans un long métrage après une série de courts et moyens (Last Night, Atlantiques, Snow Canon, Big in Vietnam, Mille soleils) primés à Amiens, Lisbonne, Rotterdam (deux fois Tigre du meilleur court métrage) et une sélection à Venise. Entre lutte des classes et phénomènes étranges, ce portrait d'une jeunesse sénégalaise sous forme de fable devrait démontrer à quel point la cinéaste est une conteuse audacieuse. Anecdote: le film porte le même titre qu'un livre de James Baldwin.

Lucy in the sky de Noah Hawley
Avec sans doute Proxima d'Alice Winocour, et en l'absence d'Ad Astra, on pourrait s'envoyer en l'air dans l'espace avec ce drame SF du créateur de la série "Fargo". Le titre qui est celui d'une chanson d'Elton John (coucou Rocketman) est assez explicite. Lucy (Natalie Portman) est dans le ciel. Il s'agit là d'une astronaute qui revient sur terre après une mission qui a changé son existence au point de s'en remettre difficilement et de perdre le sens de la réalité. La question est de savoir si Fox Searchlight vise Cannes ou Venise, qui a plus d'empathie pour les films de ce genre (Gravity, First Man). Pour Portman, ce sera l'occasion de revenir sous les spotilights après Planetarium de Rebecca Zlotowski (échec), Song to song de Terrence Malick (sortie confidentielle), Annihilation de Alex Garland (sortie Netflix), Ma vie avec John F. Donovan de Xavier Dolan (sorti uniquement en France), Vox Lux de Brady Corbet (à Venise mais toujours pas sorti).

Little Joe de Jessica Hausner
Sélectionnée trois fois à Cannes, à chaque fois à Un Certain Regard (Lovely Rita, Hotel et Amour Fou), la réalisatrice de Lourdes a terminé son nouveau drame psychologique, et son premier film en anglais. Emily Beecham (The Calling) et Ben Whishaw (révélé à Cannes avec Bright Star de Jane Campion) sont des éleveurs de plantes quand l'une d'elle semble modifier la personnalité de ceux, humains ou animaux, qui la touchent. On voit mal cette chérie des grands festivals échapper à la Croisette, surtout avec une histoire aussi fascinante sur le papier.

Against All Enemies de Benedict Andrews
Les rumeurs sont contradictoires: la presse professionnelle l'a annoncé comme certain à Cannes, mais d'autres sources affirment que le film, acquis par Amazon, serait plutôt positionné pour Venise. Peu importe, on a envie de voir Kristen Stewart en Jean Seberg. On sait pourquoi l'actrice, membre du jury, avait à un moment donné les cheveux très courts et très blonds : elle incarnait la célèbre actrice immortalisée dans A bout de souffle dans cette histoire vraie qui raconte comment elle se battait pour les droits civiques et fréquentait l'indésirable Hakim Jamal (Black Panthers) tout en étant espionnée par le FBI. Période trouble... Le casting comprend Jack O'Connell, Anthony Mackie, Vince Vaughn et Yvan Attal en Romain Gary. On avoue que tout ça fait saliver.

It Must Be Heaven d'Elia Suleiman
17 ans après Intervention divine (prix du Jury) et dix ans après Le temps qu'il reste (son dernier film en date), le cinéaste palestinien, très rare, manque un peu au paysage cinématographique mondial avec son sens de l'humour décalé et ses images poétiques. On a forcément envie de voir sa nouvelle comédie humaine, (où l'erreur est source de gags), où l'identité et son pays, la Palestine, sont le fil conducteur. Tout comme Jacques Tati, il se met en scène dans cet environnement absurde, où son personnage fuit la Palestine pour se rendre compte qu'elle ne le quitte jamais.

Yesterday de Danny Boyle
Yesterday ça ressemble au titre d’une chanson des Beatles, mais si les Beatles n’avaient jamais existé pour personne sauf dans les souvenir d’un jeune chanteur ? Il n'y a pas qu'Elton John qui devrait faire swinguer Cannes. Les Beatles (ou plutôt l'absence des Beatles) sont de retour avec Richard Curtis, roi de la comédie anglaise au scénario, et Danny Boyle, cinéaste oscarisé, aux manettes. Dès la révélation de la bande annonce, l'histoire folle d'un musicien anglais (Himesh Patel), qui cherche à percer. Or, pour des raisons inconnues, après une panne de courant générale et un choc violent avec un bus, il est le seul à se souvenir des Beatles. Il reprend leurs chansons et connaît vite un succès mondial. Un feel-good movie sur la Croisette, Hey dude!

Frankie d'Ira Sachs
Premier film hors des USA pour Ira Sachs, avec un casting cinq étoiles: Isabelle Huppert, Marisa Tomei, Greg Kinnear, Jeremie Renier et Brendan Gleeson. Habitué aux festivals d'automne, cette- fois-ci, avec un producteur français, l'américain pourrait faire son entrée sur la Croisette. Trois générations de personnages vont vivre une journée à Sintra au Portugal qui va changer leur vie. Ira Sachs est l'un des cinéastes dont l'écriture fine n'est pas encore appréciée à sa juste valeur. Des films comme Keep the Lights On, Love Is Strange, Forty Shades of Blue ou le récent Brooklyn Village ont pourtant été chouchoutés par la critique.

Bacurau de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles
Après Aquarius, on veut évidemment retrouver le cinéaste brésilien. Avec deux géants, Udo Kier et Sonia Braga, le drame aux allures de western dans un futur proche se déroule cette fois-ci dans l’ouest de l’état de Pernambouc. Là encore, le cinéaste explore une communauté qui se bat contre un système qui les méprise. Le film devrait une fois de plus être l'occasion pour Cannes d'être une vitrine contestataire à la situation politique brésilienne.

Après Aquarius, Kleber Mendonça Filho va tourner un thriller horrifique

Posté par vincy, le 26 juin 2017

On en sait un peu plus sur le prochain film du cinéaste brésilien, l'auteur du splendide Aquarius en compétition à Cannes en 2016, Kleber Mendonça Filho. Intitulé Bacurau et coréalisé avec Juliano Dornelles (son directeur artistique attitré), le film sera coproduit par la société brésilienne Cinemascopio Producoes et la société française SBS Productions (Elle), en plus d'une participation d'Arte.

Bacurau sera une fable politique qui se déroule dans un futur proche. Selon le communiqué, le film sera constitué de deux parties: le film débute par la description d’une communauté paisible du sertão brésilien, l'arrière-pays du Nordeste du pays, puis met en scène à la façon d’un western sa résistance devant l’invasion violente d’étranges visiteurs qui l’ont choisi comme terrain de chasse.

Le scénario avait été écrit avant celui d'Aquarius et le cinéaste le qualifie de thriller horrifique.

Le tournage doit se dérouler de fin août à début octobre 2017. Et on voit mal comment il échapperait à une nouvelle sélection cannoise en 2018.