Pedro Almodovar, Prix Lumière 2014 : « Ça, c’est ma Palme d’Or! »

Posté par Morgane, le 18 octobre 2014

pedro almodovar juliette binocheComme chaque année, le festival Lumière atteint son sommet lors de la remise du Prix Lumière, qui se déroule à l'Amphithéâtre du Centre des Congrès. Cette année, le prix est décerné à Pedro Almodovar, aussi logique qu'évident. Véritable défilé de personnalités du 7e Art sont de plus en plus nombreuses d'édition en édition. Beaucoup de figures du cinéma français sont là (Juliette Binoche, Jean-Pierre Marielle, Gilbert Melki, Tahar Rahim, Guillaume Gallienne, Brigitte Fossey, Bérénice Béjo etc.) ainsi que plusieurs personnalités étrangères telles que Keanu Reeves et Christopher Kenneally, Franco Nero (le Django originel), Michael Cimino, Valeria Golino, Isabella Rossellini, John McTiernan (arrivé à Lyon aujourd'hui pour une visite surprise) ainsi que Xavier Dolan et le grand Paolo Sorrentino qui filmeront tous deux un "remake" de la sortie des usines des frères Lumière rue du Premier Film.

Almodovar et la musique

Connaissant l'importance de la musique dans les films d'Almodovar, l'hommage a grandement été chanté ce soir. Que ce soit par Agnès Jaoui ("grâce à toi ou à cause de toi, je ne m'arrête pas de chanter en espagnol car j'aime à me prendre pour une héroïne de tes films") qui a repris Piensa en mi. Puis Camelia Jordana, avec une maîtrise de voix impeccable, a admirablement interprété C'est irréparable de Nino Ferrer puis Cucurucucu paloma de Caetano Veloso, chanson que l'on retrouve dans Parle avec elle. Et pour clore l'épisode musical était invité Miguel Poveda, très grand interprète espagnol, qui a entonné A ciegas, chanson du film Les étreintes brisées, puis deux morceaux de flamenco. La soirée s'est même finie en karaoké géant sur Resistiré!

Hommages multiples

Elena, Marisa, Rossi, trois de ses muses féminines étaient présentes ce soir pour lui rendre un bel hommage. Elena Anaya a pris le micro en premier et a ainsi déclamé, en français s'il-vous-plait: "Mon Pedro chéri, voici ma déclaration d'amour. Je te le dis en français, c'est plus romantique. Je t'aime! (…) Merci de me laisser faire partie de ta vie et de vous faire rêver grâce à ton cinéma." Rossy de Palma n'a rien préparé pour son "Pedrito" mais comme elle le dit elle-même, ce n'est pas grave car elle a plein d'anecdotes à raconter et en effet c'est ce qu'elle a fait! Quant à Marisa Paredes de conclure par cette phrase: "Son aventure fait partie de mon aventure et j'ai envie de continuer à avoir des aventures avec toi!".

Agustin Almodovar a également pris la parole pour parler de ce cinéaste exceptionnel qu'est son frère et proclamer en public haut et fort: "Viva Pedro y viva el Cine!!!"

Des messages vidéos de certains absents ont ajouté leur pierres aux discours comme ce fut le cas de Javier Camara (depuis Amsterdam), Antonio Banderas et Penelope Cruz.

Puis Xavier Dolan, Tahar Rahim et Guillaume Gallienne (avec son timbre de voix sublime et si particulier, parfait pour "lire" une histoire) ont lu tour à tour un texte publié dans plusieurs journaux que Pedro Almodovar avait rédigé à la mort de sa mère, "Le rêve de ma mère".

Le Prix Lumière comme un Prix Nobel

Cette année, c'est des mains de Juliette Binoche que Pedro Almodovar recevra son Prix. On peut se questionner quant à ce choix sachant qu'habituellement il y a un lien plus que direct entre le lauréat et la personne qui lui remet le prix (Fanny Ardant pour Gérard Depardieu, Éric Cantona pour Ken Loach et Uma Thurman pour Quentin Tarantino)… mais pas cette fois. "De la vie, de la vie, de la vie… jusqu'à la mort, voilà ce que tu cries dans tes films. (…) Au nom de tous, MERCI!!!"

Puis c'est au tour de Bertrand Tavernier, qui s'est de nouveau paré de son inséparable écharpe, de dire quelques mots au grand maître du cinéma espagnol. Hommage sublime et émouvant, véritable déclaration d'amour qui ne laissera pas Almodovar de marbre. "Pedro, tu as été la fortune de beaucoup de coeurs."

Et c'est finalement au tour du héros du jour de prendre la parole, commençant par dire que cette soirée a été "une vraie montagne russe". Beaucoup d'émotions l'ont submergé. Il remercie tout le monde en essayant de n'oublier personne, ceux qui ont rendu cette soirée si belle pour lui, ceux qui ont permis ce festival et les spectateurs qui remplissent les salles obscures. Avant de venir il avait demandé à Thierry Frémaux quel type de discours on s'attendait qu'il fasse pour le Prix Lumière. Ce dernier lui a répondu, le plus sérieusement du monde, "fais comme si c'était un Nobel!" Et de conclure avec ces mots: "Thierry, ça c'est MA Palme d'or…"

Almodovar ça pétille, ça explose, ça se chante, ça se danse, ça se boit, ça s'écoute beaucoup, ça se regarde aussi. Bref, Almodovar nous remue l'intérieur, interpelle tous nos sens et ne laisse certainement pas indifférent! Chapeau bas señor Pedro, ton cinéma, c'est certain, a déjà laissé son empreinte dans le monde infini du 7e Art.

Festival Lumière – Jour 5 : Conversation avec Almodovar

Posté par Morgane, le 17 octobre 2014

Cette journée a débuté sur un air d’Italie. Quel rapport avec Almodovar me direz-vous? Voyage en Italie de Roberto Rossellini projeté ce matin fait partie du cycle « el ciné dentro de mi » dans lequel Pedro Almodovar présente pour chacun de ses films un film de référence. En ce qui concerne Voyage en Italie, ce film l’a accompagné durant le tournage des Étreintes brisées.

L’après-midi on a pu assister à une première au Festival Lumière, une conversation avec le lauréat du Prix Lumière. La conversation avec Pedro Almodovar, animée par Thierry Frémaux et Bertrand Tavernier, en présence de Agustin Almodovar (producteur des films de son frère de Pedro), Elena Anaya, Rossy de Palma, Chema Prado et Marisa Paredes, s’est déroulée au théâtre des Célestins. Un très bel avant-goût de la soirée de ce soir pour la remise du Prix!

Conversation intime et très belle rencontre avec un cinéaste qui a su imposer sa marque bien à lui…

Bertrand Tavernier: J’ai toujours été remué par l’énergie de tes films qui me laissent pantois et m’intimident parfois. J’aimerais savoir si tu te souviens de ton premier jour de tournage de ton premier film?

Pedro Almodovar: La première fois que j’ai tourné c’était en super 8, mais pour moi c’était déjà du cinéma. Ça s’appelait Le sexe, ça va, ça vient, un court-métrage. La première chose que j’ai filmé, c’est leur rencontre, se percutant au coin d’une rue. Une histoire typique d’un jeune homme qui rencontre une jeune femme. À la suite de cette rencontre percutante, elle le tape à chaque fois qu’ils se revoient. Il finit par lui avouer qu’il aime ça, alors elle arrête. Elle lui avoue qu’elle préfère les femmes. Alors cet homme se transforme en femme pour elle, mais l’accueille froidement lui disant finalement « en fait, depuis que je suis devenu une femme, je préfère les hommes ». Et c’est moi qui jouais l’homme…

Thierry Frémaux: Tu es intéressé par différents arts, musique, littérature, peinture etc. du mouvement de La Movida mais as-tu toujours su que tu étais un cinéaste avant tout?

Pedro Almodovar: Enfant je voulais être peintre, j’ai écrit, construit des décors, chanté (du punk!) puis finalement j’ai laissé tombé tout ça. J’étais un peintre frustré, un écrivain frustré, un architecte frustré, un chanteur frustré, mais toutes ces frustrations m’ont aidé dans mon métier de cinéaste, un metteur en scène qui utilise tout cela.

Faisant référence au lunettes de soleil qu’il porte en plein théâtre, il nous dit que c’est à cause des projecteurs. "Ça ne vous paraît pas paradoxal d’être metteur en scène et d’avoir de la photophobie? Je porte aussi des lunettes de soleil sur les plateaux de tournage ainsi qu’un chapeau, et pourtant je n’ai pas une tête à chapeau!, et j’ai aussi deux panneaux noirs qui ne reflètent pas la lumière. Ça ne vous semble pas kafkaïen? En même temps, depuis ma plus tendre enfance ma vie est un paradoxe donc je me plais dans les situations paradoxales!"

Bertrand Tavernier: Quand un metteur en scène commence un tournage, certains tâtonnent alors que d’autres commencent directement par une scène difficile. Tu appartiens à quelle catégorie?

Pedro Almodovar: C’est sûr, je ne commence pas par une des scènes les plus difficiles. Je préfère que les acteurs et les techniciens s’imprègnent du film. En revanche, le premier jour de la deuxième semaine je fais toutes les scènes difficiles du film car je ne veux pas les laisser pour la fin.

Thierry Frémaux: Ton histoire, ton nom, ton oeuvre sont liés à la Movida. Dis-nous en un peu plus sur ce mouvement et le souvenir que tu en as gardé.

Pedro Almodovar: Ce mouvement a été essentiel! La Movida c’est le début de la période démocratique (en Espagne, ndlr), l’arrivée d’une nouvelle ère radicalement opposée à celle qu’on avait connu avant 1977 (le régime franquiste, ndlr). C’était une véritable explosion de libertés donc pour moi qui commençais à écrire c’est incroyable. J’ai aussi pu vivre plein de choses dans ma jeunesse qui ont nourri les films que j’ai fait par la suite. J’ai eu la chance de pouvoir vivre cela. La Movida nous a permis de sentir avec tous les sens ce changement si difficile à mettre en mots. C’était au-delà du merveilleux et de l’impressionnant. Ceux qui avaient résisté sous Franco ont alors abandonné leur peur. Mais ceux qui étaient heureux sous Franco se sont mis à avoir peur de nous. Ça a créé une nouvelle Espagne, un nouvel équilibre et on l’avait bien mérité!

Thierry Frémaux: Aurais-tu été le même cinéaste si tu avais grandi dans en France, en Angleterre…? Aurais-tu été cinéaste?

Pedro Almodovar: Oui je crois, car depuis tout petit ma vocation est de raconter des histoires et de le faire à travers des images. Si j’avais été aux États-Unis j’aurais certainement fait un premier film underground avec tous les travestis et les drogués de la ville qui auraient également été mes amis. Puis pendant 30 ans, plus rien. Je serais devenu un phénomène sociologique puis un cinéaste frustré. Ceci dit je serais quand même ici au festival Lumière et mon premier film serait projeté car c’est ce qui est formidable dans ce festival! Si j’avais été anglais j’aurais fait un premier film en 16mm puis j’aurais continué à faire des films mineurs mais intéressants en 35mm. Si j’avais été turc, soit je serais parti dans un autre pays soit j’aurais fait un premier film superbe qui aurait été repéré par Thierry et présenté à Cannes et j’aurais alors pu à continuer à faire des films librement en Turquie. Thierry Frémaux et Gilles Jacob sont des personnages très importants pour le cinéma. Et dans tous les cas même si le film que j’aurais fait était un film de rien du tout, un européen l’aurait repéré par son titre ou autre chose et cette personne érudite est parmi nous, Bertrand Tavernier!

Bertrand Tavernier: dans tes films tu montres souvent des extraits de films américains des grands studios. Comment aurais-tu réagi dans un système comme celui que devaient affronter ces metteurs en scène?

Pedro Almodovar: Quand je vais aux États-Unis je discute de ce système de grosses productions et je ne sais pas si je serais capable de travailler ainsi. J’aime maîtriser tous les éléments, ce serait donc opposé à ma personnalité. Mais j’aurais certainement essayé de m’adapter. Dans mes films il y a aussi des références à des films de Rossellini, Franju etc. Je me vois bien faire des films dans d’autres pays européens mais aux États-Unis je ne sais vraiment pas si j’aurais pu. Je crois que le metteur en scène doit diriger (ce n’est pas une question d’autorité). Et si d’autres points de vue (production, agents d’acteurs etc.) rentrent en jeu alors c’est le chaos. Je pense que j’aurais alors fini par faire des films de série B.

Bertrand Tavernier: Truffaut disait qu’au début d’un film on a un rêve et qu’avec les contraintes on finit par perdre de vue ce rêve et qu’on essaie surtout de faire le moins de compromis possibles.

Pedro Almodovar: Tous les metteurs en scène commencent par un rêve qui se matérialise dans le scénario qui est pourtant encore totalement abstrait. Pour moi ce parcours est un vrai voyage et sur le tournage tout peut arriver! C’est la réalité de tous ces gens présents qui fait qu’au moment du tournage le rêve disparait et devient autre chose. Je vois tous les éléments vivants qui vont me permettre d’accéder à cette nouvelle créature. J’ai besoin de toutes ces étapes pour arriver à cette créature qui n’est pas celle dont j’ai rêvée au départ mais celle à laquelle me mène cette aventure. C’est pendant le tournage que se dévoile vraiment l’histoire qu’on voulait raconter. Cela ne signifie pas que je ne défends pas bec et ongles le rêve que j’avais au début mais ce qui est très important c’est cette nouvelle créature qui prend vie!

Thierry Frémaux: Quand tu es devenu connu dans le monde entier, on a parlé de ton cinéma comme un cinéma à part. Est-ce que tu cherches toujours à faire un cinéma singulier?

Pedro Almodovar: Chacun fait les choses à sa manière et ça, c’est ma manière à moi de faire des films. Ce n’est pas quelque chose que j’ai décidé à l’avance, je raconte juste des histoires à ma façon et ça a marché. Je ne voudrais pas paraître prétentieux en disant cela mais je suis un réalisateur authentique, tout simplement, car je ne saurai pas être autrement. Et tant mieux pour moi je me suis rendu compte qu’être authentique fonctionnait.

Bertrand Tavernier: Une joie, une surprise lors d’une scène que tu tournes. Quand tu l’éprouves le dis-tu ou le caches-tu?

Pedro Almodovar: Je ne sais pas si je l’ai dit sur le moment mais ce qui est sûr c’est que l’équipe l’a vu aussi. Mon équipe l’a ressenti également car ça devait se lire sur mon visage. C’est pour ces moments-là que les metteurs en scène deviennent accrocs à leur métier!

Thierry Frémaux: Te considères-tu comme un cinéaste qui fera des films jusqu’à son dernier souffle ou non?

Pedro Almodovar: Pour tout un chacun le moment où il faut se retirer est difficile. J’ai beaucoup de respect pour ceux qui continuent à faire des films même s’ils finissent par ne plus rien faire de nouveau. Mais il y a des exceptions et c’est de ceux-là que je veux parler. J’ai une image concrète de John Huston sur son dernier film (Les Gens de Dublin), assis dans son fauteuil roulant avec sa bouteille d’oxygène. Et pourtant il était là, bien présent. Ce fut son dernier film et ce fut un chef-d’oeuvre. Et c’est cette image de cet homme-là assis à laquelle j’aspire. Enfin, quand j’aurais au moins 80, 84 ans!

Bertrand Tavernier: David Lean a dit à John Boorman:
« - nous avons fait le plus beau des métiers.
- oui, mais ils ont essayé de nous en empêcher.
- oui mais nous les avons possédés!
»
David Lean est mort le lendemain.

Pedro Almodovar: Je reprends complètement cette phrase à mon compte, mais je la dirai seulement après mes 80 ans!

Festival Lumière : une ouverture en Bonnie and Clyde

Posté par Morgane, le 29 août 2014

Faye DunawayLa rentrée se fait sentir et cela signifie que le Festival Lumière approche à grands pas !

Nouvelle annonce en cette fin d'été : ce que nous réserve la soirée d'ouverture...
Après Jean-Paul Belmondo, présent l'année dernière pour Un singe en hiver d'Henri Verneuil, l'édition 2014 s'ouvrira avec une grande figure féminine du cinéma hollywoodien. Faye Dunaway sera en effet l'invitée d'honneur de cette soirée d'ouverture à la Halle Tony Garnier, le lundi 13 octobre, et présentera Bonnie and Clyde d'Arthur Penn, film (copie restaurée par la Warner) de 1967 dont elle partage l'affiche avec Warren Beatty.

On se souvient de Faye Dunaway (qui a soufflé ses 73 bougies cette année) dans L'Affaire Thomas Crown de Norman Jewison, Portrait d'une enfant déchue de Jerry Schatzberg, Little big man où elle retrouve Arthur Penn, Chinatown de Roman Polanski ou encore Les trois jours du condor de Sydney Pollack. Plus récemment c'est, entre autres, sur le petit écran qu'elle fait des apparitions dans certaines séries comme Alias, Les experts ou bien Grey's anatomy.

Quant à Arthur Penn, décédé il y a presque quatre ans, il appartient à cette catégorie de réalisateurs marquants mais qui tournent peu et se font plutôt rares. Moins de 20 films à son actif mais beaucoup de classiques comme La poursuite impitoyable, Bonnie and Clyde, The Missouri breaks, Georgia, etc. dans lesquels il retrouve à plusieurs reprises Faye Dunaway mais aussi Warren Beatty, Marlon Brando, Gene Hackman...

La soirée promet donc d'être belle, glamour et riche en émotions ! On peut juste se demander si le Prix Lumière de cette année, mister Pedro Almodovar, nous fera l'honneur de sa présence dès l'ouverture du festival comme ce fut le cas l'année dernière avec le grand Tarantino...

Olé! Le Prix Lumière 2014 pour Pedro Almodovar

Posté par vincy, le 19 juin 2014

pedro almodovar

Le Prix Lumière 2014 sera décerné le 17 octobre au grandiose cinéaste espagnol Pedro Almodovar, "figure essentielle de la Movida", lors de la 6e édition du Festival Lumière à Lyon (13-19 octobre).

"Il a accepté vraiment très facilement au regard de son emploi du temps parce qu'il est en écriture et il est très heureux", a déclaré Thierry Frémaux ce jeudi lors d'une conférence de presse. Thierry Frémaux, directeur de l'Institut Lumière, a ajouté : "C'est un homme qui incarne une certaine idée de l'Espagne."

Pedro Almodovar, 64 ans, a commencé sa carrière à la fin des années 70 avec Salome, un court métrage amateur. Dix ans plus tard, il connaît un succès international avec Femmes au bord de la crise de nerfs. Il a réalisé 19 longs métrages et reçu une multitude de prix : Prix du meilleur scénario à Venise, Goya du meilleur film et du meilleur scénario original pour Femmes au bord de la crise de nerfs, Prix de la mise en scène au Festival de Cannes, European Award du meilleur film, Oscar du meilleur film étranger, Golden Globe du meilleur film étranger, César du meilleur film étranger, Goya du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Tout sur ma mère, European Award du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario, Oscar du meilleur scénario original, Golden Globe du meilleur film étranger pour Parle avec elle, Prix du scénario au Festival de Cannes, European Award du meilleur réalisateur, Goya du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Volver...

Almodovar a aussi été distingué par un César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière en 1999 et un Prix du cinéma européen en 2013 pour sa contribution européenne au cinéma mondial. Cinéaste engagé, il est également producteur pour de jeunes cinéastes comme Damian Szifron dont Les nouveaux sauvages était en compétition à Cannes cette année ou Diego Galán dont le documentaire Con la pata quebrada est actuellement à l'affiche en France.

Le Prix Lumière a déjà honoré Quentin Tarantino, Ken Loach, Gérard Depardieu, Milos Forman et Clint Eastwood.

Catherine Frot en concert, Alien toute une nuit...

Pedro Almodovar préparera une programmation spéciale pour le Festival Lumirèe, "Almodovar : Mi historia del cine". La manifestation a également prévu plusieurs focus : "Coluche dans le cinéma français", "Catherine Frot chante Boby Lapointe", des rétrospectives comme "Le temps de Claude Sautet (1960-1995)", "Directed by Frank Capra", "1964 : un certain Bob Robertson" (ou l’invention du western italien), "Ida Lupino (1918-1995), réalisatrice, actrice, scénariste, productrice" ou encore "Mon voyage dans le cinéma français : projections, documents et master class" par Bertrand Tavernier.

Le marché du film classique lancera sa 2e édition. Michel Legrand sera l'invité d'honneur, Henri Langlois projettera son ombre sur l'événement et le Festival rendra un hommage à Isabella Rossellini et Ted Kotcheff. Enfin une « Nuit Alien » - avec les films de Ridley Scott, James Cameron, David Fincher et Jean-Pierre Jeunet - comblera la Halle Garnier.

L'an dernier, le festival a accueilli 135 000 festivaliers sur 58 sites différents pour 272 séances de cinéma et 130 films.

Qunetin Tarantino, Ken Loach, Gérard depardieu, Milos Forman, Clint Eastwood

Cannes 2014 : Qui est Damian Szifron ?

Posté par vincy, le 17 mai 2014

Damian Szifron
L'INATTENDU

C'est l'inconnu dans la sélection. Damián Szifron, pas encore 39 ans, est un réalisateur et scénariste argentin qui fait ses premiers pas dans un grand festival international avec Relatos salvajes (Les nouveaux sauvages). Ce film "à sketches", coproduit par Pedro Almodovar, met en vedette LA star du cinéma argentin, Ricardo Darin.

Szifron est sans doute la surprise cannoise de l'année avec ce récit gigogne où une trahison amoureuse, le retour du passé, une tragédie ou même la violence d’un détail du quotidien vont servir de détonateurs, poussant ces personnages vulnérables vers le vertige et la perte de contrôle dans un monde imprévisible et trouble.

Cela fait 17 ans que le cinéaste écrit et réalise des films. Des courts métrages pour commencer. Relatos Salvajes n'est cependant que son quatrième film depuis Punto Muerto en 1998. El Fondo del Mar en 2003, une comédie noire, a reçu, entre autres, 10 nominations aux Argentinean Film Critics Association Awards ainsi que le prix du public, le prix du meilleur film hispanophone et le prix de la critique internationale au Festival de Mar del Plata, et le prix de la découverte à Toulouse. Une histoire de jalousie obsessionnelle et d'infidélité.

Deux ans plus tard, il réalise la comédie policière Tiempo de Valientes - 9 nominations aux Argentinean Film Critics Association Awards et un prix du public à Biarritz -, qui suit un flic subissant un mariage malheureux et immergé dans une sombre histoire de meurtre, de drogue et de corruption.

Mais Szifron est avant tout connu pour ses oeuvres télévisuelles : Los Simuladores et Hermanos & Detectives. Los Simuladores, entre suspens et humour, a été considérée comme la meilleure série de la télévision argentine au début des années 2000. Hermanos & Detectives n'a pas failli à sa réputation de storyteller et a également remporté de nombreux prix. Les deux séries ont été déclinées dans de nombreux pays étrangers. Grâce à ces deux créations, il a reçu en 2011 le prix Konex de Platine du meilleur réalisateur de télévision de la décennie 2001-2010.

La Grande Bellezza triomphe en beauté aux European Film Awards

Posté par vincy, le 8 décembre 2013

toni servillo la grande bellezza

Hier soir à Berlin, l'Académie du cinéma européen a célébré les vainqueurs de l'année. Et ce fut une razzia pour La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino, en compétition au dernier Festival de Cannes (et snobé au palmarès), qui n'a laissé que quelques miettes à ses concurrents. Meilleur film européen, meilleur réalisateur, meilleur acteur (Toni Servillo), meilleur montage (Cristiano Travaglioli) : rarement un film a été autant récompensé lors de cette cérémonie. L'Italie devient le pays le plus récompensé par le trophée du meilleur film européen avec ce cinquième lauréat, 5 ans après Gomorra. Toni Servillo reçoit son deuxième prix du meilleur acteur européen, 5 ans après celui pour Il divo, toujours de Sorrentino.

catherine deneuve wim wendersLes 26e European Film Awards, qui souffrent toujours de notoriété (la soirée est retransmise en différé ce soir sur Arte en France, on pouvait la suivre en direct sur Internet), ont été marqués par les deux prix honorifiques remis à Pedro Almodovar (pour sa contribution au cinéma mondial) et Catherine Deneuve (pour l'ensemble de sa carrière). Almodovar en a profité pour dénoncer la politique suicidaire du gouvernement espagnol en matière de cinéma ; tandis que Deneuve, qui recevait son prix des mains de Wim Wenders, a déclaré se sentir "européenne".

Le cinéma français n'est pas reparti bredouille. François Ozon a reçu le prix du meilleur scénario (Dans la maison) ; Ari Folman, qui a produit l'essentiel des séquences animées de son film Le Congrès en France, a été honoré du prix du meilleur film d'animation ; et La cage dorée de Ruben Alves a récolté le prix du public.

L'Europe du sud s'en tire d'ailleurs bien, malgré un contexte économique difficile pour ses cinématographies. Côté Israël, outre Folman, le prix Carlo di Palma du meilleur chef opérateur est revenu à Asaf Sudry (Fill the Void) ; le prix des meilleurs costumes a été décerné à Blancanieves ; et le prix du compositeur de l'année a été légitimement attribué à Ennio Morricone (pour The Best Offer). N'oublions pas le prix européen de la coproduction, décerné à un producteur, en l'occurrence la roumaine Ada Solomon (dont le film Mère et fils a reçu l'Ours d'or en février dernier).

Côté Europe du nord, Love is all you need de la danoise Susanne Bier a été élu comédie européenne de l'année ; The Act of Killing du danois Joshua Oppenheimer est reparti avec le prix du meilleur documentaire ; déjà couronné en Allemagne par les Césars du pays, Oh Boy! a été choisi comme meilleur premier film européen c(est la première fois qu'un film allemand emporte ce prix) ; le prix des meilleurs décors a distingué le film britannique Anna Karenine ; le prix du meilleur son est revenu au film autrichien Paradis : Foi.

Enfin la Belgique repart avec deux prix : le meilleur court métrage (Death of a Shadow de Tom Can Avermaet) et surtout le prix de la meilleure actrice pour Veerle Baetens (Alabama Monroe). Baetens devient ainsi la première belge a gagné un prix d'interprétation européen.

Almodovar accuse (encore) le gouvernement espagnol

Posté par vincy, le 14 octobre 2013

Pedro Almodovar attaque une fois de plus le gouvernement espagnol dans une tribune parue sur le site InfoLibre.es. Il accuse même le ministre du budge Cristobal Montoro d'ignorant. Celui-ci a déclaré la semaine dernière que "les problèmes du cinéma ne sont pas seulement liés aux subventions, mais aussi à la qualité des films qui se font, à leur commercialisation et à beaucoup d'autres choses." Almodovar y voit un complot organisé : "Le gouvernement a établit un plan parfaitement tracé pour asphyxier lentement le cinéma espagnol".

La colère du cinéaste n'est pas neuve (lire : La crise espagnole va faire mal au cinéma, qui se rebelle), mais les arguments font toujours aussi mal. Il rappelle ainsi que 4 des 10 films les plus vus la semaine dernière étaient espagnols. On pourrait ajouter que le cinéma espagnol a récolté 16 nominations aux Oscars depuis 1970 et plus de 30 prix à Cannes, Berlin et Venise depuis 1960, que la part de marché du cinéma national est supérieure à 20% en 2012, soit le meilleur résultat en 27 ans, et que l'industrie a généré l'an dernier un total de 151 millions d'euros de recettes à l'étranger, soit bien plus que dans son propre pays (lire aussi : 40 films pour défier la crise du cinéma espagnol).

La colère d'Almodovar provient de l'annonce du budget 2014 pour la culture qui va enregistrer une baisse de 12,4%, après une forte baisse l'an dernier de près de 23% dans le budget 2013. L'opposition socialiste dénonce une chute de 58 % du budget public destiné depuis 2011 au cinéma.

Dénonçant la hausse brutale du taux de la TVA sur le billet de cinéma (de 8 à 21%), le cinéaste constate que les entrées ont chuté (141 millions de spectateurs en 2002, 94 millions dix ans plus tard) et que les salles de cinéma ont fermé (1223 en 2002 et seulement 841 l'an dernier). "Le problème n'est pas que les spectateurs ne vont pas voir le cinéma de leur pays, mais bien qu'ils ont arrêté d'aller au cinéma" explique-t-il. "Pour la majorité des jeunes il n'est pas vital d'aller au cinéma, ils possèdent une multitude d'appareils avec lesquels s'amuser et qui sont reliés entre eux ; mais je connais quelques jeunes touchés par la maladie terrible de la cinéphilie. Pour tous et plusieurs autres des générations adultes, tous aussi cinéphiles, ces mesures ont non seulement abaissé son économie mais ils accentuent leur désespoir."

Pour Almodovar, l'explication est simple et n'a qu'un objectif, l'extermination du cinéma espagnol : "Toutes les prédictions faites à l'époque de cette hausse de la TVA, (que le public arrêterait d'aller au cinéma, que beaucoup de salles fermeraient), se sont vérifiées, sauf celles du gouvernement qui pensait augmenter ainsi ses recettes, écrit-il. Si le résultat est contraire à leurs prévisions : pourquoi les ministres du secteur et le gouvernement en général se montrent-ils aussi euphoriques ? Il ne peut y avoir qu'une seule réponse : parce qu'ils punissent le cinéma espagnol jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Parce que tout cela suit un rigoureux plan d'extermination."

Pour lui le gouvernement de droite ne veut que prendre sa revanche : "Depuis notre 'Non à la guerre' [d'Irak, ndlr], le cinéma espagnol est devenue la bête noire des gouvernements du PP (Parti populaire). Les coupes et le mépris actuels résultent de ce 'Non', dont je ne pourrais jamais me repentir même s'il ne devait plus rester un cinéma ouvert"

Deneuve et Almodovar honorés par les European Film Awards

Posté par vincy, le 23 septembre 2013

Deux pointures du cinéma européen vont recevoir un trophée d'honneur pour l'ensemble de leur carrière aux European Film Awards, qui se dérouleront à Berlin le 7 décembre prochain.

Une semaine après avoir appris que Pedro Almodovar allait être récompensé, l'Académie du cinéma européen a annoncé que Catherine Deneuve serait également honorée.

Pedro Almodovar, le réalisateur le plus titré depuis les débuts des EFA

Oscarisé (une fois), Césarisé (trois fois), Pedro Almodovar a remporté le prix européen du jeune talent (Femmes au bord de la crise de nerfs), le prix du meilleur réalisateur deux fois (Parle avec Elle, Volver), le prix du public pour le meilleur réalisateur deux fois également (Tout sur ma mère, Parle avec elle), le prix du meilleur scénario (Parle avec elle) sur un total de 16 nominations aux European Film Awards. Tout sur ma mère et Parle avec elle ont aussi reçu le prix du meilleur film européen. Par ailleurs, Carmen Maura, Cecilia Roth et Penélope Cruz ont été récompensées comme meilleure actrice grâce à ses films.

Ce prix récompensant la Contribution européenne au cinéma mondiale  a déjà été décerné à Milos Forman, Roman Polanski, Roberto Benigni, Liv Ullmann, Lars von Trier, Isabelle Huppert, Mads Mikkelsen et Helen Mirren. Antonio Banderas et Victoria Abril sont les seuls espagnols à l'avoir reçu auparavant. Deux comédiens "nés" avec Almodovar.

Etrangement, il reçoit les honneurs l'année où son dernier film, Les amants passagers, a été l'un de ses pires échecs depuis 25 ans.

catherine deneuveCatherine Deneuve, 4ème actrice récompensée pour l'ensemble de sa carrière

Catherine Deneuve va inscrire son nom aux côtés de Fellini, Antonioni, Chabrol, Polanski, Godard, Loach, Frears ou encore Bertolucci l'an dernier. Elle recevra le prix européen pour l'ensemble de sa carrière. Peu d'actrices l'ont obtenu : Ingmar Bergman, Jeanne Moreau et Judi Dench. Deneuve avait déjà reçu le prix de la meilleure actrice européenne de l'année avec ses 7 partenaires de 8 femmes.

50 ans après Les Parapluies de Cherbourg, l'icône française, deux fois césarisée, une fois citée à l'Oscar, Palme d'or d'honneur,  Ours d'or d'honneur, prix d'interprétation à Venise et à Berlin, est toujours en haut de l'affiche. En ce moment, elle brille dans Elle s'en va (en compétition à Berlin au début de l'année). Récemment, elle a connu quelques succès populaires comme Potiche et Persépolis. Elle vient d'achever le tournage de Dans la cour, de Pierre Salvadori, avec Gustave Kervern, et de L'homme que l'on aimait trop, d'André Téchiné, avec Guillaume Canet. Elle tourne dans le prochain film de Benoît Jacquot, Trois coeurs, avec sa fille Chiara Mastroianni, Charlotte Gainsbourg et Benoît Poelvoorde.

À vendre : l’aéroport des Amants Passagers de Pedro Almodovar

Posté par vincy, le 10 août 2013

pedro almodovar les amants passagers
En faillite, l’aéroport privé de Ciudad Real de La Mancha à 200 kilomètres au sud de Madrid est à vendre pour 100 millions d'euros.

Il y a un an, c'est ici que Pedro Almodovar avait installé ses caméras pour filmer les scènes d'aéroport de son dernier film, Les Amants passagers. Il avait profité de ce lieu complètement disponible - le dernier vol a décollé en décembre 2011. Vers la fin de la comédie espagnole, le cinéaste en profite d'ailleurs pour filmer l'aérogare aussi vaste que déserte. Almodovar avait surtout écrit une histoire qui lui permettait de faire de cet aéroport le symbole du gaspillage de l'argent public espagnol.

Cet aéroport avait en effet coûté 1,1 milliards d'euros à construire. Autant dire qu'il se brade en étant vendu pour onze fois moins que son prix initial. L'aéroport n'a été ouvert que de 2008 à 2010. En 2009 et 2010, il a attiré 65 000 passagers alors qu'il était prévu pour accueillir 4 millions de passagers par an).

Almodovar évoque sept projets

Posté par vincy, le 26 mars 2013

Lors d'un entretien au journal Le Monde, Pedro Almodovar évoque pas moins de sept projets en développement! Peu de chance que tous voient le jour. A raison d'un film tous les deux trois ans, le cinéaste fera sans doute des choix en cours d'écriture.

Passage en revue :
- l'adaptation des mémoires d'un communiste ayant participé à la guerre d'Espagne. Le réalisateur n'a jamais réalisé de film de guerre jusqu'à présent.
- un film à New York et tourné en anglais. Almodovar n'a jamais tourné hors d'Espagne.
- un film en panjabi ou en ourdou, sur le ghetto pakistanais de Barcelone.
- une suite très personnelle, très espagnoles et sans effets spéciaux de Blade Runner.
- un film à teneur écolo, sur les catastrophes maritimes.
- une sorte de remake de La Féline, de Jacques Tourneur.
- un Don Quichotte de la maternité.

Mais pour l'instant ce sont Les amants passagers, son nouveau film, qui sort en salles demain. Le film a attiré 450 000 spectateurs en trois semaines en Espagne.