Wim Wenders plonge dans les tableaux d’Edward Hopper

Posté par vincy, le 1 février 2020

La Fondation Beyeler à Bâle (Suisse) a lancé la première grande exposition de l'hiver autour des paysages du peintre américain Edward Hopper a fortement influencé certains réalisateurs, d'Hitchcock à Wenders. Et justement, pour accompagner cette expo, le cinéaste allemand Wim Wenders a filmé un court-métrage 3D où le spectateur est immergé dans les tableaux du peintre, qui prennent vie sous nos yeux.

Dans l’une des salles de l’exposition, est ainsi projeté Two or Three Things I Know about Edward Hopper. Le film a été réalisé grâce au soutien de la Fondation BNP Paribas Suisse et la LUMA Foundation.

Cette microfiction muette se tisse autour de la relation entre un pompiste et une cliente au volant de sa Cadillac. Wenders démontre ainsi la force de tableaux d'Hopper, en nous obligeant à faire travailler notre imaginaire puisque la fiction se déroule hors-champs. Le cinéaste prolonge ainsi le travail expérimental qu'il a effectué avec l'œuvre de la chorégraphe Pina Bausch (Pina, film én 3D et stéroscopie) et le court métrage documentaire en 3D If Buildings could talk, commandé pour la Biennale d’Architecture de Venise de 2010.

L'exposition se déroule jusqu'au 17 mai et "met l’accent sur les représentations iconiques de Hopper des étendues infinies des paysages naturels et urbains de l’Amérique."

Une note de couleur à la Philharmonie de Paris

Posté par MpM, le 16 octobre 2015

Une note de couleur

Un samedi par mois, la Philharmonie de Paris accueille une ciné-conférence animée par le philosophe Ollivier Pourriol dans le cadre d'un week-end à thème mêlant concerts, expositions et ateliers associés.

Cette semaine, en lien avec l'exposition Chagall et la musique, il propose "Une note de couleur", une réflexion sur musique et peinture.

"Musique et peinture, pour reprendre une distinction du philosophe Alain dans Le système des Beaux-Arts, diffèrent comme un art du corps - celui du musicien - et un art de l'objet - le tableau, détaché du corps du peintre.", explique Ollivier Pourriol. "Pourtant, ces arts naissent tous deux des mouvements du corps humain, et entretiennent des relations complexes, entre inspiration et affrontement."

Peut-on peindre la musique ? A l'inverse, quelle musique peut naître de la peinture ? C'est à travers le cinéma que cette conférence permettra de saisir ce qui lie et sépare les deux arts, en compagnie de Giacometti, Picasso, ou Bacon, et de films comme Le mystère Picasso d'Henri-Georges Clouzot, Frida de Julie Taymor, Ivre de femmes et de peinture de Im Kwon-taek ou Van Gogh de Maurice Pialat.

A partir de scènes de films et de textes qui se répondent, cette ciné-conférence singulière propose ainsi une expérience philosophique et sensible qui permet à chacun de se faire sa propre opinion sur le sujet.

Les Ciné-conférences à venir

* Samedi 21 novembre 2015 – 14h30
Week-end Musiques à l’image
De la musique à l'écran (et retour)

* Samedi 13 février 2016 – 14h30
Week-end Italie
L'Italie, sons et lumière

* Samedi 19 mars 2016 – 11h
Week-end Los Angeles
Hollywood, l'arme de la musique

* Samedi 2 avril 2016 – 14h30
Week-end The Velvet Underground
Rock'n'film

* Samedi 28 mai 2016 – 14h30
Week-end Fantastique
La musique, c'est fantastique

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Ciné-conférence "Une note de couleur"
Samedi 17 octobre à 14h30
Philharmonie de Paris

Gallienne et Canet vont faire revivre l’amitié entre Paul Cézanne et Emile Zola

Posté par vincy, le 28 novembre 2014

zola cezanneGuillaume Canet et Guillaume Gallienne seront les têtes d'affiche du prochain film de Danièle Thompson, selon les informations du Film Français.

Le tournage du film Les Inséparables se déroulera durant l'été 2015. Guillaume Canet incarnera l'écrivain Emile Zola tandis que Guillaume Gallienne interprétera le peintre Paul Cézanne. Il s'agit d'un scénario original qui retrace l'amitié entre les deux homme depuis leurs années collège à Aix-en-Provence. Cézanne a initié Zola aux arts graphiques. Et Zola a fait de Cézanne l'un de ses premiers lecteurs. C'est Zola qui a incité Cézanne à venir sur Paris. Mais leur relation de plus de trente ans s'est brutalement s'interrompue en 1886 quand l'écrivain a publie son roman L'Oeuvre, dans lequel le peintre croit se reconnaître à travers le personnage du peintre maudit et raté Claude Lantier. Zola ne peut démentir puisqu'il rédigea: "Paul peut avoir le génie d'un grand peintre, il n'aura jamais le génie de le devenir." Ils ne se revoient plus. Le peintre est réellement affecté et chaque tentative de rapprochement s'est soldée par un échec.

Lorsque leur relation s'arrête, Zola a déjà écris quelques uns de ses plus grands romans (Thérèse Raquin, L'assomoir, Nana, Au bonheur des dames, Germinal...). Il écrira avant sa mort son célèbre J'accuse, La Bête humaine et L'Argent. De son côté, Cézanne a déjà peint quelques grands tablaux comme le Pont à Maincy, L'Estaque, Le Jas de Bouffan. Mais c'est à partir de l'année de leur séparation que ces peintures vont devenir des chefs d'oeuvre : Nature mortes aux pommes, Les baigneurs, La Montagne Sainte Victoire...

De nombreux livres sont parus sur cette relation passionnelle. Un film, la vie d'Emile Zola, de William Dieterle, a rapproché les deux hommes sur le grand écran, en 1937.

Linnea dans le jardin de Monnet : l’impressionnisme est un jeu d’enfants

Posté par MpM, le 24 décembre 2013

linneaEn 1976 naissait sous la plume des illustratrices et auteures suédoises Christina Björk et Lena Anderson une petite héroïne brune aux pommettes saillantes appelée Linnea. Cette fillette curieuse et maligne, qui aime les fleurs et le jardinage, est au centre de trois livres pour enfants : Les plantes de Linnea, L'almanach de Linnea et Linnea dans le jardin de Monnet sorti en 1985.

Ce dernier, inspiré de l'expérience-même des auteures, et qui connut un franc succès à travers le monde, raconte le voyage de Linnea jusqu'à Paris où, en compagnie de son ami Monsieur Blom, elle marche sur les traces du peintre Claude Monnet, du musée Marmottan aux jardins de Giverny. Très vite, l'idée naquit d'adapter le livre pour le cinéma et c'est finalement en Suède que le projet vit le jour.

En 1992, après plusieurs années de travail acharné (40 000 dessins auront été nécessaires pour réaliser les parties animées), Linnea dans le jardin de Monnet (réalisé par Christina Björk et Lena Anderson) sortait sur les écrans suédois dans une version de 30 minutes, avant de connaître une belle carrière internationale en Scandinavie, puis en France, aux Etats-Unis, au Japon et au Brésil. Ce 25 décembre, il ressort dans les salles françaises, accompagné d'un jeu vidéo et de dossiers pédagogiques destinés à un accompagnement scolaire.

L'occasion pour toute Linnea dans le jardin de Monnetune génération d'enfants de découvrir les splendeurs de l'impressionnisme et du travail de Monnet à travers un film divertissant et ludique qui mêle aquarelles animées, reproduction des peintures de Monnet, photographies et prises de vues réelles.

Ce mélange des techniques permet de passer de la fiction (le voyage de Linnea et de Monsieur Blom) au documentaire (la vie et l’œuvre de Monnet), en s'appuyant à la fois sur des documents d'époque (photographies), des images de Giverny tel qu'il était au moment de la fabrication du film, et des tableaux du peintre.

Par un jeu de surimpression, on peut ainsi voir en un seul plan le lieu réel (le pont japonais, le bassin aux nénuphars...), puis la manière dont Monnet l'a représenté dans ses œuvres.

Linnea dans le jardin de MonnetDe l'histoire (à la narration peu complexe) aux choix esthétiques (couleurs pastels, animation traditionnelle), tout est fait pour simplifier la compréhension d'un très jeune public (quitte à sembler peut-être un peu trop simple aux plus grands), et pour lui permettre d'appréhender les lignes directrices de l'impressionnisme et du travail de Monnet.

Linnea dans le jardin de Monnet semble ainsi un exemple réussi de ce que le cinéma peut apporter à l'art et à la pédagogie. Le jeu vidéo qui l'accompagne (constitué d'une série de questions en rapport avec les thèmes du film) permet de compléter intelligemment, et dans une démarche interactive, l'enseignement ludique qu'il distille. A dévorer en famille pendant les vacances, et à approfondir à l'école dès la rentrée ?

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Linnea dans le jardin de Monnet de Christina Björk et Lena Anderson
En salles à partir du 25 décembre

Carlos Saura repeint le Guernica de Picasso avec Gwyneth Paltrow et Antonio Banderas

Posté par vincy, le 19 mai 2012

Carlos Saura, 80 ans cette année, revient sur les plateaux de cinéma, deux ans après Flamenco Flamenco. Ours d'or à Berlin en 1981, Grand prix du jury à Cannes en 1976, le mythique cinéaste espagnol a décidé d'affronter une autre légende : Picasso. Guernica 33 jours, co-scénarisé par le réalisateur, Elias Quejeta et Louis-Charles Sirjacq, décrira comment le maître a peint son tableau le plus grandiose, exposé au Prado à Madrid (avec ses esquisses et ses différentes évolutions). L'oeuvre est l'illustration des ravages des bombardements qui anéantirent la ville de Guernica en avril 1937.

Antonio Banderas incarnera l'artiste tandis que Gwyneth Paltrow sera son amante, la photographe française Dora Maar, qui utilisa son art pour immortaliser cette création. Paltrow a l'avantage d'être hispanophone. A leurs côtés, on retrouvera Imanol Arias dans le rôle de l'écrivain Jose Bergamin.

Le film, budgété à hauteur de 8 millions d'euros, sera tourné entre la mi-septembre et la mi novembre à Guernica même et en France. Il devrait être prêt pour le Festival de Cannes 2013.

Carlos Saura avait déjà réalisé un film sur un grand peintre espagnol, Francisco Goya, dans Goya à Bordeaux (1999).

Le Songe de la lumière : reprise en salle et sortie DVD du film de Victor Erice

Posté par Claire Fayau, le 21 septembre 2010

L'histoire : Automne 1990, à Madrid. Le peintre Antonio López commence un nouveau tableau dans le jardin de sa maison. Il choisit un thème qu’il a maintes fois traité par le passé, la maturation de l’arbre fruitier, et s’intéresse à un cognassier qu’il a lui-même planté. Néanmoins, le peintre pousse sa réflexion et tente, pour la première fois, de représenter également la lumière du soleil. Au fil des jours, le tableau prend forme, mais la pluie automnale redouble de vigueur et le cognassier commence à flétrir irrémédiablement…

Si la vie est un songe pour Calderon, ce songe est lumière pour Antonio López et le réalisateur Víctor Erice, juré du dernier festival de Cannes (voir son bref portrait), cinéaste rare et exigeant.
Prix du Jury au Festival de Cannes 1992, Le Songe de la lumière (El sol del membrillo) est un film lumineux, contemplatif, poétique, qui laisse la place au temps qui passe et au silence.
Certains trouveront le temps long (134 minutes) mais lorsque l'on sait que le peintre a passé des mois et des mois à tenter de capter la beauté de "son" arbre et de sa lumière, on décide de se laisser porter par les -belles- images de cet objet filmé non identifié.

Il y a déjà eu des films sur la peinture (Frida , Van Gogh, Séraphine...) mais aucun ne s'était attardé à ce point sur le processus créatif et la patience nécessaire à cette création.

On ne tombe pas non plus dans le genre "la peinture pour les nuls", ou "chef -d'œuvre mode d'emploi" ; Antonio est filmé dans sa vie quotidienne : manger, se lever, discuter avec la famille et ses amis, se faire couper les cheveux... et enchaîner avec une réflexion sur Michel Ange. Oeuvre philosophique, elle démontre que l'image a un sens. Et donne un sens.

Pour Antonio, le résultat importe peu (parabole de la création qui frustrerait les perfectionnistes, miroir tendu à son réalisateur) mais plutôt le cheminement, faire et refaire  essayer d'atteindre un absolu, la beauté de l'instant présent.

Quitte à laisser tomber : "J'ai commencé par un tableau et fini par un dessin (...) Il faut bien renoncer à quelque chose." L'humilité et la lucidité l'emportent sur l'ambition et la reconnaissance.

En ces temps où l'on exige rapidité d'exécution et rentabilité constante, ce songe est une respiration pleine d'oxygène.

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Sortie en salles le 22 septembre. En DVD chez Carlotta.

Cinespana2008 : qui est José Luis Alcaine ?

Posté par MpM, le 7 octobre 2008

On doit à ce passionné d’image et de peinture parmi les plus belles lumières et atmosphères du cinéma espagnol des trente dernières années. D’abord photographe de plateau, José Luis Alcaine est en effet devenu dans les années 80 l’un des directeurs de la photographie les plus respectés dans son pays. Collaborateur de Fernando Fernán Gómez, Manuel Gutiérrez Aragón, Carlos Saura, Pedro Almodóvar, Bigas Luna, Fernando Trueba, Pilar Miró... il offre à chacun un style adapté à ses désirs et contraintes, bien loin d’une recette toute faite qu’il ne ferait que décliner. On lui doit notamment la tonalité bleue, presque indigo, de Démons dans le jardin (Manuel Gutiérrez Aragón, 1982), la faible luminosité et l’ambiance poussiéreuse des intérieurs espagnols des années 50 dans Amants de Vicente Aranda (1993) ou encore l’intense combat entre la lumière et l’ombre qui imprègne El Sur (Víctor Erice, 1983), poème visuel proche de Vermeer. Obsédé par les nuances de lumière selon les lieux et les heures du jour, il crée également la luz de siesta ("lumière de sieste"), où les rayons du soleil, encore haut dans le ciel, envahissent doucement les pièces tout en se réfléchissant sur le sol. Il l’utilise notamment dans Tasio (Montxo Armendáriz, 1984) et Belle époque de Fernando Trueba, où, selon lui, la couleur et la lumière faisaient écho à la sensualité des jeunes filles et au monde champêtre et pictural de Renoir.

Pour José Luis Alcaine, la lumière doit être la plus réaliste possible et générer un volume et un relief mettant en valeur acteurs et objets. "La question du volume est inhérente à ma façon de voir les choses", explique-t-il. "C’est peut-être à cause de l’influence d’un tableau qui m’a toujours obsédé, Las Meninas de Velázquez, où la lumière crée au fur et à mesure une foisonnante échelle de volumes." Autre caractéristique de son travail, le contraste inspiré du clair-obscur pictural qui lui permet de créer des ombres sans forcer l’intensité et en marquant le rythme du film. Lui-même définit son art comme une "peinture avec la lumière", permettant de façonner à l’infini les émotions et les perceptions de chaque scène. En lui rendant hommage au cours de sa 13e édition (jusqu’au 12 octobre prochain), Cinespana le met en lumière à son tour, offrant au public de (re)découvrir une partie de son œuvre, et honorant à travers lui une profession souvent méconnue.