Cette année, on célèbre les 130 ans de la Tour Eiffel. Une dame de fer adorée par le cinéma. Chaque film américain qui se déroule à Paris en profite pour faire sa pub. De James Bond (Dangereusement vôtre) à Drôle de frimousse en passant par Gigi et La grande course autour du monde.
Mais cette fois-ci la Tour Eiffel sera le sujet du film Eiffel, biopic sur son architecte. Le tournage a débuté le 22 août. Et le monument a été partiellement reconstitué dans les environs de Paris au Plessis-Pâté, sur la Base 217, studio en plein air au sud de Paris. C'est notamment là qu'a été tourné L'Empereur de Paris. Le lieu, géré par TSF, est amené à devenir un studio à part entière pour des courts, clips, séries et longs métrages. Le reste du film a été tourné à Arpajon.
Réalisé par Martin Bourboulon (Papa ou maman), ce film sera dans les salles en 2021 et racontera la construction de la Tour à partir de 1887. Le tournage est terminé depuis quelques jours. Le scénario, coécrit par Caroline Bongrand, l'écrivaine Tatiana de Rosnay et Thomas Bidegain, retrace toute la conceptualisation et la fabrication de cet édifice pour l'exposition universelle de 1889 à Paris.
Romain Duris incarne Gustave Eiffel. Emma Mackey (vue dans la série Sex Education) sera sa muse Adrienne Bourgès. On retrouvera également Pierre Deladonchamps dans le rôle de Antoine Restac, journaliste et ami de l'architecte.
Elle est enfin à Cannes. Avec Nos Batailles en séance spéciale à La Semaine de la Critique. Le film réunit Romain Duris, Laetitia Dosch (Jeune femme) et Laure Calamy (Ava, Dix pour cent), mais aussi la prometteuse Lucie Debay.
Déjà en 2015 il y avait eu un rendez-manqué entre Lucie Debay et Cannes. Le film Un français avait failli être dans l'une des sélections. À l'écran, Lucie Debay irradiait en passionaria raciste et homophobe aux côtés d'Alban Lenoir (coïncidence, il se retrouve aussi à Cannes cette année à Un Certain Regard dans Gueule d'ange avec Marion Cotillard).
Après un premier rôle dans le film belge Somewhere between here and now en 2009, le cinéma tarde à la rappeler mais qu'importe, puisqu'elle se plait davantage sur scène et se régale dans des courts-métrages. Le talent de Lucie Debay éclate enfin en 2014/2015 dans Melody: elle va ‘louer’ son ventre pour devenir mère porteuse. Ce rôle lui vaudra en Belgique le Magritte du meilleur espoir féminin et d'être listée en France dans la pré-sélection du César du meilleur espoir. Se suivront alors Un Français de Diastème, King of the Belgians (à Venise), une participation à Lola Pater (avec Fanny Ardant) et aussi Une Confession de Nicolas Boukhrief avec Romain Duris.
Avec Nos batailles, elle retrouve donc Duris mais cette fois avec un rôle beaucoup plus important.
Lucie Debay est ce genre d'actrice belge rare qui s'efface pour mieux se métamorphoser dans son personnage. Son apparence même semble changer à chaque fois : ses cheveux tantôt blonds ou bruns, sa voix douce sait aussi hurler, aussi bien français qu'anglais. Que ses yeux soient perdus au bord des larmes ou hostiles et durs de menace, son regard est toujours troublant. Lucie Debay, on va la voir de plus en plus... Ce n'est plus un espoir.
Et rappelons nous que la Belgique est riche d'une multitude d'actrices qui ont tellement de talent que la France les adopte très rapidement. Toutes ces actrices d'origine belges se retrouvent nommées à nos César (Cécile de France, Marie Gillain, Yolande Moreau, Pauline Etienne, Virginie Efira...). Dans l'histoire de la sélection officielle du Festival de Cannes par deux fois déjà le talent d'une jeune actrice belge débutante dans son tout premier grand rôle a contribué à faire gagner la récompense suprême : Émilie Dequenne en 1999 et Palme d'or pour Rosetta (plus prix d'interprétation féminine pour elle) et Déborah François en 2005 et Palme d'or pour L'enfant.
Léa Seydoux retrouve l'univers de Wes Anderson, après avoir joué dans The Grand Budapest Hotel. Elle remplacera Scarlett Johansson dans la version française du film d'animation L'île aux chiens, présenté en ouverture de la 68e Berlinale.
Autour d'elle, on retrouvera Isabelle Huppert (qui avait déjà été Mrs Fox dans Fantastic Mr. Fox, le précédent film d'animation du réalisateur) pour le rôle vocal de Frances McDormand, Mathieu Amalric (qui était le fameux Mr Fox) pour le rôle vocal de Jeff Goldblum, Vincent Lindon (à la place de Bryan Cranston), Louis Garrel (pour Liev Schreiber), mais aussi Yvan Attal, Nicolas Saada et Hippolyte Girardot. Le rôle principal tenu par Edward Norton, qui double Rex, aura, en français, la voix de Romain Duris. Notons quand même que Greta Gerwig se doublera elle-même dans la langue de Molière (ce qui est classe, avouons-le).
Puisque nous sommes à Berlin, Léa Seydoux sera le rôle principal du prochain film d'Ildiko Enyedi, la cinéaste hongroise lauréate de l'Ours d'or l'an dernier avec Corps et âme (par ailleurs nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère). L’histoire de ma femme est l'adaptation d'un roman éponyme de Milan Füst paru en 1958 (et disponible en France chez Gallimard) qui raconte l'histoire du capitaine Jacob Stör (interprété par le norvégien Anders Baasmo Christiansen), géant rabelaisien jouissant au maximum de sa vie de marin, de son prodigieux appétit, de ses aventures. Un soir, il fait un pari avec un ami dans un café : il épousera la première femme qui en franchira le seuil. Entre alors Lizzy,une petite Française dont il est passionnément, exclusivement, incurablement amoureux, et qu'il épouse comme promis.
Le film est une co-production France/Hongrie/Allemagne/Italie. Pyramide le distribuera. Mais le tournage ne débutera pas avant 2019, à Budapest, Paris, Hambourg et Trieste.
Au fil des années, Romain Duris est devenu une "icône". Mais de quoi au juste ? Nous pourrions dire de la masculinité mais ce serait sans doute trop subjectif. Évoluant habilement entre comédies populaires et films d'auteur, il fait aujourd'hui partie de ces rares acteurs français à ne pas s'être brûlé les ailes à un moment donné et que l'on retrouve à chaque fois avec un plaisir loin d'être coupable. Depuis le début de cette décennie, Romain Duris est ainsi de tous les bons films, grands ou petits.
Wannabe caméléon
Si la plupart d'entre nous pense à Cédric Klapisch dès lors qu'il est question de Romain Duris, n'oublions pas que si l'on enlève son doublage pour Raiponce c'est L'Arnacœur de Pascal Chaumeil qui lui a offert son plus gros carton au box-office français : 3,7 millions d'entrées. Un score qui fait rêver d'autant plus en 2017. Sensuel et versatile, il semble aujourd'hui tout à fait normal de dire que Romain Duris peut tout jouer (et même danser).
Bourreau des cœurs donc dans L'Arnacoeur puis avocat frustré - "homo occidentalus" - dans L'Homme qui voulait vivre sa vie, il se mue en assureur obsédé par la compétition dans Populaire avant de finir en amant maudit dans l'adaptation de L’Écume des jours. Un chapitre final avec le fameux Cédric Klapisch (Casse-tête chinois) et Romain fait sensation chez François Ozon. Dans Une nouvelle amie, l'acteur de 42 ans incarne en effet David, jeune père veuf qui tombe en dépression avant de retrouver une forme de liberté dans le travestissement. Transgression de la masculinité, qui se confond ainsi avec la maternité. Avec Anaïs Demoustier, Raphaël Personnaz et François Ozon himself au casting, Une nouvelle amie ne manque pas de faire du bruit à sa sortie et permet à Romain Duris de décrocher une nomination aux César, la cinquième.
Que ce soit dans le téléfilm Démons, la comédie Un petit boulot - en prolo qui franchit la ligne rouge avec un certain humour noir pour survivre - ou le drame La Confession, dans les pas de Bébel, il continue de faire ce qu'il fait le mieux : retenir l'attention du spectateur avec un personnage central, fort, singulier. Une présence, un sourire, un regard. Il en faut parfois peu pour que son jeu élève le projet en question. Même lorsque ce dernier s'avère un peu bancal, comme le thriller Irisde Jalil Lespert.
Icône virile
Cette semaine, Romain Duris récidive dans le très bon Cessez-le-feu d'Emmanuel Courcol, un drame historique centré sur Georges, un soldat rongé par ses mauvais souvenirs de la Première Guerre mondiale qui se réfugie en Afrique. Si le film dispose d'un casting plus qu'impressionnant (Grégory Gadebois, Céline Sallette, Maryvonne Schiltz, Julie-Marie Parmentier), c'est encore une fois Romain Duris qui fascine. Très attiré par la masculinité de son personnage, Romain Duris reconnaît avoir effectué un travail similaire à celui d'Une nouvelle amie pour entrer dans la peau du personnage. Avec la même coach, il a ainsi tenté de "trouver la manière d'être imposant et d'exprimer le vécu de Georges sans mots." Ça tombe bien, c'est amplement réussi.
A l'image de son personnage dans Cessez-le-feu, Romain Duris semble constamment en mouvement, toujours prêt à apprendre de ses erreurs. Et si le film d'Emmanuel Courcol n'en connaît pas, c'est un pur hasard car Georges l'anti-héros est loin d'être un personnage facile dans ce scénario casse-gueule. Mais Cessez-le-feu traite avec brio des traumatismes de soldats revenus du front. Le film passionne et trouble. Georges finira-t-il sa vie là où il peut fuir ses problèmes ? Combien de temps dureront encore ses cauchemars ? Ses souvenirs cesseront-ils un jour de le hanter ? Le cinéma a souvent traité de la Première Guerre mondiale, de l'horreur du conflit, du désastre humain qu'elle a causé, mais rarement de ces traumatismes qui ont balafré physiquement une génération (La chambre des officiers) ou psychologiquement (comme ici, à la fois remuant et tendre).
Au Burkina Faso, au Sénégal et à Nantes, la caméra d'Emmanuel Courcol capture parfaitement l'aura d'un Romain Duris complètement habité par son personnage. Il impose une certaine puissance, une détermination qui fait de ce soldat paumé, de ce "revenant", un homme entre deux mondes, absent des présents et à cause d'une guerre encore trop présente. Démarche alourdie, voix plus grave, plus profonde et gestes précis pour celui qui a débuté dans Le Péril jeune et qui se transforme cette semaine en véritable icône virile de 2017. Outre le fait d'incarner un homme, un "vrai", Romain Duris prouve à ceux qui en doutaient encore qu'il peut être tous les hommes de notre vie et de notre imaginaire.
On l'attend en survivant pour Dans la brume, le prochain film fantastique d'Erick Zonca, Fleuve noir, et face à Isabelle Huppert dans Madame Hyde.
Depuis une semaine, Daniel Roby (la série "Versailles") a lancé le tournage de Dans la brume à Paris et dans ses environs. Le clap de fin est prévu pour le 19 avril.
Romain Duris et Olga Kurylenko partagent l'affiche de ce film scénarisé par Guillaume Lemans (A bout portant, Un homme idéal), Jimmy Bemon et Mathieu Delozier, qui signent là leur premier long.
L'histoire plonge le duo d'acteurs dans une étrange brume mortelle qui envahit Paris. Les survivants trouvent refuge dans les derniers étages des immeubles et sur les toits de la capitale. Sans informations, sans électricité, sans eau ni nourriture, un couple tente de survivre à cette catastrophe et de sauver leur fille… Mais les heures passent et un constat s’impose : les secours ne viendront pas et il faudra, pour espérer s’en sortir, tenter sa chance dans cette brume toxique.
Si Quad productions est une société bien installée à Paris (Intouchables, Ballerina, la vache, L'arnacœur), ce film, coproduit par TF1 et la société québécoise Christal Films, est le premier long métrage de la société de production Section 9 (qui nous rappelle Ghost in the Shell), dirigée par Guillaume Colboc. Section 9 prépare trois autres longs, après s'être fait connaître en 2014 avec le court métrage Zéro de Tony Datis, primé aux Off-courts et sélectionné à Clermont-Ferrand.
Dans la brume doit sortir au premier trimestre 2018.
- Le vieux projet de Martin Scorsese, The Irishman, pourrait renaître puisque STX Entertainment a racheté les droits internationaux à Paramount, qui conserve la distribution américaine éventuelle du film. Cette adaptation du livre de Charles Brandt (inédit en France) tourne autour du gangster Frank Sheeran, dit l'Irlandais, et notamment son rôle dans la disparitionn de Jimmy Hoffa (qui avait fait l'objet d'un film avec Jack Nicholson). Scénarisé par Steve Zaillian, le projet est censé être réservé à Robert De Niro, 20 ans après Casino. Le tournage pourrait commencer en janvier prochain.
- Vanessa Paradis, membre du jury, a plusieurs projets en cours. Elle a accepté d'être à l'affiche du prochain film de Yann Gonzalez. Et elle sera aux côtés de JoeyStarr et Isabelle Carré dans L'angle mort, drame fantastique de Pierre Trividic et Patrick Mario-Bernard, où il s'agit d'un homme invisible (ou visible, c'est selon ses caprices).
- Anaïs Demoustier a aussi plusieurs projets sur le feu puisqu'elle sera à l'affiche du prochain film de Robert Guédiguian, La villa, réinterprétation de La cerisaie version Marseille, avec les fidèles Darroussin, Meylan, Ascaride et Robinson Stévenin. Juste avant ce tournage en novembre, elle sera aussi dans le premier long de Yann Le Quellec, Cornelius le meunier hurlant, aux côtés de Gustave Kervern et Denis Lavant.
- Vincent Cassel, en compétition avec le film de Xavier Dolan, Juste la fin du monde, partagera le générique avec Romain Duris et Sandrine Kiberlain, dans le prochain drame d'Erick Zonka (La vie rêvée des anges), Fleuve noir. Cassel incarnera un flic sans illusions qui commence à enquêter sur la mort d'un enfant quand son fils, délinquant, revient dans sa vie.
- Enfin, Joann Sfar, qui a déjà confirmé il y a quelques jours qu'il allait réalisé un film d'animation adapté de sa BD Petit Vampire, a annoncé qu'il écrivait et réaliserait une nouvelle adaptation du Chat du Rabbin (César du meilleur film d'animation en 2012). Mais cette fois-ci le film sera tourné en prises de vues réelles. Le film sera, comme sa version animée, écrit et réalisé par Joann Sfar.
Ce sera leur quatrième film ensemble. Isabelle Huppert et Gérard Depardieu seront de nouveau réunis pour Madame Hyde, écrit et réalisé par Serge Bozon (Tip Top, avec Huppert et Sandrine Kiberlain). Le projet, annoncé lors des Rendez-vous de Paris d'UniFrance par MK2, est, selon Le Film Français, une version moderne de la nouvelle de Robert Stevenson L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde.
Isabelle Huppert et Gérard Depardieu ont déjà tourné ensemble Les Valseuses, Loulou et le récent Valley of Love. Ils incarneront un couple marié et, à leurs côtés, on retrouvera Romain Duris dans le rôle du proviseur de lycée dans lequel enseigne Huppert. Madame Géquil, timide professeure de physique dans un lycée professionnel en banlieue méprisée par ses élèves, ressent soudainement en elle une énergie nouvelle, mystérieuse et dangereuse, qui lui permet d'avoir d'étranges pouvoirs.
Il s'agit d'une comédie noire et fantastique sur les enjeux de l’éducation aujourd’hui, l'apprentissage et la relation entre les élèves et les enseignants.
Modeste film estimé à 4M€, cette coproduction franco-belge (Les films du Pélléas, Arte France Cinéma) se tournera cet automne et sera prêt pour les salles en 2017 (distribué par Haut et Court).
Récemment, Isabelle Huppert disait de Depardieu dans Libération: «C’est une musique, Gérard. Un bloc de poésie. Il a des fulgurances qu’on croit inarticulées et qui prennent tout leur relief, leur vérité, si l’on sait les entendre. Comme un poème où des groupes de mots délivrent leur sens selon le contexte.
Ce n’est pas sur les Valseuses de Bertrand Blier qu’on s’est vraiment rencontrés, il y avait plus de monde entre nous, même si cette scène de fugue et de défloration est restée comme l’une qui incarne l’esprit du film. Je ne vois pas de différence entre le Depardieu des Valseuses et celui d’aujourd’hui. Il est exactement le même acteur. Tellement présent… Ce qu’on tourne n’est jamais conjugué ni au passé ni au futur. (...)
On joue bien ensemble. Il est mon frère de jeu. Bien sûr, il y a l’exubérance, ses blagues, le bruit qu’il déplace avec lui - chacun, sur un tournage, fait comme il peut et veut. Mais ils ne parasitent jamais, tapie en lui, cette petite voix qui se faufile et qui sonne si limpide et si proche. Et souvent si douce.»
Le Film français a annoncé deux nouveaux films pour Romain Duris. D'une part, le remake de Chaos, film de 1999 réalisé par Hideo Nakata (Ring, Dark Water), que devrait réaliser Jalil Lespert (Yves Saint Laurent). Duris, Lespert et Charlotte Le Bon formeront le trio vedette de ce film de genre dont le scénario est signé Andrew Bovell (Un homme très recherché). Universal distribuera le film, pour l'instant sans titre, dont le tournage débutera en janvier prochain. Rappelons l'histoire du film originel : Un jeune homme organise l'enlèvement de la femme d'un riche homme d'affaire. Mais la victime est un peu trop consentante et rien ne se passe comme prévu.
Par ailleurs, depuis cette semaine, Romain Duris tourne à Bruxelles La confession, de Nicolas Boukhrief (Made in France, en décembre en salles), adaptation du roman de Béatrix Beck, Prix Goncourt en 1952, Léon Morin, prêtre (qui avait donné lieu au magnifique film de Jean-Pierre Melville avec Jean-Paul Belmondo et Emmanuelle Riva en 1961). L'histoire est celle d'un prêtre qui arrive dans le sud-ouest de la France en 1945. Une villageoise irrésistiblement attirée par l'homme d'église, va défier son voeu de chasteté. Elle sera interprétée par Marine Vacth (Belles familles).
D'ici là, Romain Duris, vu récemment dans la pièce de théâtre de Marcial Di Fonzo Bo, "Démons", sera de retour sur le grand écran avec le dernier film de Pascal Chaumeil, Un petit boulot, et le film d'Emmanuel Courcol, Cessez-le-feu.
Dimanche 10 novembre avait lieu, au Grand Rex, la diffusion de la trilogie de Cédric Klapisch : L’Auberge Espagnole, Les Poupées Russes, et en avant première le nouvel opus Casse-tête Chinois. C’était l’occasion pour les fans du cinéaste ou de ce triptyque de voir ou revoir les aventures de Xavier depuis son entrée ratée dans le marché du travail, au ministère de l'Economie et des Finances. C'était il y a une éternité. A l'époque l'Europe était une valeur populaire et positive. Toute une génération Auberge espagnole naissait et voulait s'inscrire au programme Erasmus.
La réception d’un film sur grand écran est différente des petits écrans 13 pouces de nos ordinateurs. Ce soir-là, 2800 personnes s’étaient déplacées pour revivre, sur toile et en surround une série de films commencée il y a 11 ans. Et quand 2800 personnes rient en même temps dans un cinéma, les sensations sont garanties.
Cela a aussi été l’occasion pour Cédric Klapisch de venir présenter son nouveau film et de rencontrer une partie de son public. Il est venu accompagné de Romain Duris et Audrey Tautou, qui ont dit quelques mots sur le film et sur leur ressenti quant au tournage et à l’évolution de leurs personnages. Enfin, il a en profiter pour remercier, et présenté, la personne responsable des musiques des films, Kraked Unit, musiques qui font maintenant partie l’identité d'un cinéma français générationnel, et nomade.
La génération Auberge Espagnole sera-t-elle séduite par le Casse-tête chinois? Pour cela rien ne vaut une affiche qui ne perturbe pas les fidèles et autres fans. L’affiche de Casse-tête Chinois vient d’être dévoilée sur la page Facebook. Tout comme les deux précédentes affiches de la série - L’Auberge Espagnole et Les Poupées Russes - sa composition est basée sur la fragmentation.
Dans le premier film de la trilogie, L'auberge espagnole, cela correspond à ce que voulait faire passer le film, la composition européenne du groupe : « Je suis Français, Espagnol, Anglais, Danois. J’suis pas un, mais plusieurs. J’suis comme l'Europe, j’suis tout ça. J’suis un vrai bordel. »
L’affiche est certes éclatée, mais une unité est tout de même présente. On y voir en effet le personnage de Xavier (Romain Duris) avec tous ces camarades de son auberge espagnole, copine et maitresse inclues, telle une photo de famille. Il s'agit d'un photomontage de plusieurs photos qui permet de créer un aspect mosaïque.
Pour Les Poupées Russes, l’effet est similaire. Cependant nous ne sommes plus face à une photo de famille. L’effet cubique-mosaïque est toujours présent, mais il s’agit là de différents portraits bien détachés les uns des autres. On y voit celui de Xavier au centre de l’affiche, entouré par sept portraits de femmes uniquement. Cinq d’entre elles sont ses conquêtes sexuelles et amoureuses, et les deux autres femmes ont une importance dans l’histoire de Xavier (Isabelle sa copine lesbienne, interprétée par Cécile de France, et Natacha, l’épouse russe de William). Ici cette fragmentation peut également rappeler le « Je ne suis pas un mais plusieurs », mais il s’agit aussi de faire un lien avec le film, son titre, et son message qui se résume à travers la métaphore finale énoncée par Xavier, et que nous entendons en voix off : « J’ai repensé à toutes les filles que j’avais connu, avec qui j’avais couché, ou même que j’avais seulement désiré. Je me suis dit qu’elles étaient comme des poupées russes. On passe sa vie entière à jouer à ce jeu là, on est curieux de savoir qui sera la dernière, la toute petite qui était cachée depuis le début dans toutes les autres. »
L’affiche de Casse-tête Chinois, qui a été révélée cette semaine, reproduit le même schéma, avec quelques variations. En haut de l’affiche quatre portraits seulement, de tailles similaires, et alignés de manière horizontale : ceux des personnages de Wendy, Xavier, Martine, et Isabelle (respectivement Kelly Reilly, Romain Duris, Audrey Tautou, Cécile de France, les piliers récurrents de la trilogie). Il s’agit donc toujours de Xavier, accompagné des trois femmes de sa vie : Martine (Tautou) son premier amour, Wendy son grand amour (avec qui il a eu des enfants comme nous l’indique la bande annonce) et Isabelle sa meilleure amie (et peut être son véritable amour, sans grand A). On peut donc imaginer que Casse-tête Chinois sera orienté principalement autour de ces femmes et de leur rôle dans la vie de Xavier aujourd’hui.
On notera au passage le choix de ne pas avoir mis les noms des acteurs dans le même ordre que les portraits, ce qui semble curieux. Enfin, sur cette affiche, c’est le titre qui est mis en avant. Il est situé en plein milieu, et occupe presque la moitié de l’affiche. De plus les traits de trois lettres (T, E, N) sont prolongés jusqu’en dehors de l’affiche. TEN, soit dix en français : on peut ici y voir peut être une sorte de clin d’œil puisque L’Auberge Espagnole est sortie en 2002, et le tournage de Casse-tête Chinois a démarré fin 2012, soit dix ans après. Ce sera aussi probablement le temps écoulé dans le récit depuis le premier volet (Les Poupées Russes se déroule cinq ans après le récit de L’Auberge Espagnole). Quant au titre en lui même, comme pour les deux précédents films, il contient une marque d’une nationalité étrangère (espagnole, russe, chinois), rappelant encore une fois le « Je ne suis pas un mais plusieurs », et avant tout citoyen du monde. N'oublions pas que le film fait l'ode du métissage... Ici, la fragmentation de l’affiche rappelle évidemment un casse-tête chinois.
Casse-tête Chinois sortira dans les salles le 4 décembre prochain. Une avant-première est prévue le 10 novembre au Grand Rex, avec projection de toute la trilogie, et présence du réalisateur Cédric Klapisch, et des acteurs Audrey Tautou, et Romain Duris, qui étaient déjà à l'affiche de L'écume des jours en avril dernier.