Edito: je, set et match

Posté par vincy, le 9 novembre 2017

Le 8 novembre, les spectateurs peuvent "revivre" la finale de Wimbledon de 1980 opposant les deux premiers mondiaux, Björn Borg et John McEnroe. Ce fut le match le plus regardé de l'histoire de ce sport jusqu'en 2008. Après quatre heures d'un match saisissant, le Suédois conserve son trophée et son trône en battant l'Américain 1-6, 7-5, 6-3, 6-7 (16-18), 8-6. McEnroe prendra sa revanche l'année suivante en battant Borg 4–6, 7–6 (7–1), 7–6 (7–4), 6–4. Borg McEnroe c'est une rivalité entre deux amis (ils se connaissaient mal avant cette final d'anthologie) que seuls Federer et Nadal sont parvenus à surclasser (de très loin), et notamment en battant les records d'audience TV et la durée de la finale la plus longue en 2008.

Nul ne doute que le duel/duo Suisso-espagnol fera un jour l'objet d'un ou de plusieurs films. Les deux champions finiront en biopic, leurs confrontations feront de grands films dramatiques sur ce sport. Il faudra juste choisir l'angle, ou la période, ou le match qui servira de prétexte à ce futur film.

Borg McEnroe se focalise sur la pression exercée sur les deux joueurs ambitieux et mauvais perdants. Si le tennis fascine tant le cinéma, c'est bien parce qu'il est cinégénique, élégant et nerveux. De Match Point à La plus belle victoire (Wimbledon) en passant par La Famille Tenenbaum, l'esthétique de ce sport et son essence même (des duels imprévisibles) en font un parfait décor pour une romance ou un drame. Ici, ce qu'on nous montre aussi c'est la professionnalisation d'un sport et surtout sa démocratisation.

Le 22 novembre sortira Battle of the Sexes. Avec Emma Stone en Billie Jean King, première "star" du tennis féminin, première sportive ouvertement homosexuelle, première en tout le plus souvent d'ailleurs. Face à elle Steve Carell en Bobby Riggs, vétéran et dinosaure du tennis masculin, lui même ancien leader mondial dans le domaine. Là on nous raconte deux histoires: l'émancipation des femmes et l'aspiration à être l'égale des hommes. L'enjeu dramatique est un autre match légendaire: en indoor, à Houston, diffusé à la TV (en prime time sur une chaîne nationale, une première!), devant 30000 personnes (un record), un homme contre une femme. Et à la fin le sexe faible est le plus fort. Avec ce film, on remonte aux origines d'un sport, qui, grâce à eux deux, s'est médiatisé, popularisé, et surtout scindé. Les femmes ont créé leur propre circuit.

En voyant cela, on imagine les films qui pourraient se faire "d'après une histoire vraie". En France, avec Noah (dernier champion à domicile en Grand chelem) et Mauresmo (seule "joueur" français à avoir été numéro 1 mondial), on a un peu de matière à condition d'aborder autre chose que leur victoire. Ailleurs, nul ne doute que Chris Evert, André Agassi, Martina Navratilova, Monica Seles, les sœurs Williams peuvent fournir un sacré matériau dramatique.

Car outre le tennis, d'autres sports, autre que la Boxe, le foot et le baseball, commencent à être une nouvelle source d'inspiration. I, Tonya avec Margot Robbie incarnant la patineuse Tonya Hardling a reçu un bon accueil à Toronto. Des projets sur Ivan Lendl, Alain Prost ou Jesse Owens sont en cours.

Pour le cinéma, il y a un sacré enjeu: raconter une histoire captivante, universelle, dramatique de préférence, tout en filmant, à l'instar de Rush pour la Formule 1, les compétitions avec un autre regard que celui du direct à la télévision, ou celui du spectateur dans un stade. Pour gagner ce match (live versus cinéma), il faut assurément une bonne histoire qui tourne autour d'un grand personnage. Car derrière tout champion il y a un égo format grand écran, un "je" immense qui passionne de plus en plus les comédiens au "jeu" ambitieux. Et qu'on rassure les non sportifs, aucun des acteurs interprétant Borg, McEnroe, BJK ou Riggs ne savaient vraiment jouer au tennis avant de nous faire croire à des lobs insensés et des revers magiques.

Cannes 2016 – Télex du marché: John McEnroe, Alain Prost, Michel Hazanivicius et Godard, Yorgos Lanthimos, et des manchots

Posté par vincy, le 16 mai 2016

- Shia LaBeouf (en compétition avec American Honey) va incarner John McEnroe dans le film de Janus Metz, Borg/McEnroe. Bjorn Borg sera interprété par Sverrir Gudnason (Wallander, Valse pour Monica). Ce biopic se concentrera sur un match légendaire, la finale de Wimbledon en 1980, gagné à l'arraché par le tennisman suédois 1/6-7/6-6/3-6/7-8/6, soit l'un des plus longs matchs de l'histoire de ce sport. LaBeouf apprend actuellement à jouer au tennis intensivement.

-Autre biopic, celui du coureur automobile Alain Prost. Cette fois-ci le film est français, produit par Labyrinthe productions. Le quadruple champion du monde de Formule 1 sera une sorte de Rocky, de ses débuts jusqu'à ses duels avec Ayrton Senna. Réalisé par Julien Leclercq (Braqueurs), le pilote sera interprété par Guillaume Gouix. Le tournage est prévu dans un an et demi.

- On l'avait un peu perdu de vue depuis le fiasco de The Search. Michel Hazanavicius (The Artist) prépare Le redoutable, en tournage fin juillet, essentiellement à Paris. Cette comédie d'époque est l'adaptation de l'autobiographie d'Anne Wyzaemsky (actrice et ancienne compagne de Godard), paru l'an dernier chez Gallimard où elle raconte l'étiolement de son mariage avec le cinéaste, jusqu'à leur séparation en 1969. Elle donne aussi son point de vue sur les événements de mai 1968 et dresse le portrait de célébrités croisées comme Pasolini, Deleuze ou Truffaut. Louis Garrel sera Jean-Luc Godard, Stacy Martin l'héroïne et Bérénice Bejo interprètera Michèle Rozier.

- Un an après The Lobster, Yorgos Lanthimos s'attaque à son nouveau film, inspiré une tragédie d'Euripide, The Killing of a Sacred Deer, où il retrouve Colin Farrell. L'acteur britannique sera un chirurgien charismatique qui doit prendre une grande décision quand un adolescent lui demande d'intégrer sa famille brisée. Mais l'ado a des pensées sombres et un fort désir de vengeance et la vie idéale de Steven va imploser et l'obliger à faire un sacrifice impensable.

- Enfin, Luc Jacquet a livré la première image de la suite de La Marche de l'empereur, le documentaire qui l'a fait connaître mondialement il y a 11 ans. Le tournage a démarré en Antarctique. Tourné en 4K avec des sous-marins et des drones, La Marche de l'empereur 2 (March of the Penguins 2 - The Call) partira sur les pas d'un jeune manchot, lancé dans son premier grand voyage vers une destination inconnue, poussé par son instinct.

20 ans après la mort de Serge Daney, hommage à la Cinémathèque

Posté par vincy, le 10 juin 2012

Il y a 20 ans, le 12 juin 1992, le SIDA emportait le critique de films et théoricien de l'image Serge Daney. Il avait 48 ans et 8 jours. Il laisse une oeuvre considérable de textes sur le cinéma (principalement publiés chez P.O.L.), mais aussi sur la télévision, la politique, l'urbanisme et le tennis. Les Sentimental Bourreau en avait d'ailleurs fait une pièce jubilatoire, L'exercice a été profitable monsieur, clamant ses écrits en jouant à a raquette.

A la fois observateur, conteur, voyageur, analyste et commentateur, Daney a laissé une "façon d'écrire" sur le cinéma, qu'on peut encore retrouver chez certaines plumes de la presse qui l'ont côtoyé. Jamais snob (il considérait que le cinéma avait deux jambes, l'une populaire, l'autre sophistiquée), il ne méprisait aucun genre. Daney essayait de faire comprendre ce que l'on voyait, dépeçait les émotions pour savoir si elles n'étaient que sensations. Il voulait qu'on ouvre les yeux, et jouait les allumettes, quitte à mettre le feu, pour faire tenir nos paupières. "Le cinéma n'est pas une technique d'exposition des images, c'est un art de montrer. Et montrer est un geste, un geste qui oblige à voir, à regarder" écrivait-il.

Fondateur de la revue Visages du cinéma en 1962, critique aux Cahiers du cinéma en 1964, quand les "anciens" passent derrière la caméra, rédacteur en chef des Cahiers du cinéma aux côtés de Toubiana dès 1973, critique (puis éditorialiste) à Libération en 1981, animateur de Microfilms sur France Culture (1985-1990), il écrit dans Trafic, revue trimestrielle créée par son éditeur, P.O.L., durant la dernière année de sa vie.

Son premier texte, à 18 ans, concerne Rio Bravo d'Howard Hawks. Dès lors, il n'aura que le cinéma comme unique horizon. Pour lui, le cinéma est le reflet de notre propre vie. Il nous parle à chacun d'entre nous, nous raconte notre histoire. Toujours sur la route, en Asie, en Afrique, il écrivait sans cesse. Voir, encore et toujours.

Pour les 20 ans célébrant sa disparition, la Cinémathèque organise un cycle , "Serge Daney, 20 ans après" du 20 juin au 5 août. Vous pourrez y découvrir (ou pas) des films sur lesquels il a écrit. Carax, Fellini, Preminger, Bunuel, Kurosawa, Mizogushi, Garrel, Truffaut, Dreyer, Oliveira, Ford, Rohmer, Pialat, Resnais, Welles, Rossellini, Bresson, Renoir, Ruiz, Hawks, Tati, Hitchcock, Straub, Chaplin, Becker forment ainsi un beau panthéon. Un documentaire de Claire Denis avec Serge Daney ainsi que deux documentaires dont il est l'objet seront projetés. Une journée d'étude est organisée le 22 juin, en présence de Melvil Poupaud, qui rendait hommage à son ami dans son autobiographie semi-fictive, Quel en Mon noM?.

A la bibliothèque et en librairie, vous pourrez trouver La rampe (Cahier critique 1970-1982), les deux volumes du Ciné journal (1981-1986), Le salaire du zappeur, L'exercice a été profitable Monsieur, Devant la recrudescence des vols de sacs à main, L'amateur de tennis, Persévérance (entretien avec Serge Toubiana), Les Maison cinéma et le monde (en trois volumes). Une véritable leçon d'écriture sur le cinéma, mais surtout un goût pour la liberté et une écriture sans frontières. Sans formatage.

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Tout le programme sur le site de la Cinémathèque

Nadal-Soderling au cinéma et en 3D !

Posté par vincy, le 5 juin 2010

rafael nadalVous pourrez voir la finale des simples messieurs du tournoi du Grand Chelem de Roland Garros en 3D et sur grand écran. A partir de 14h45, dans une vingtaine de salles en France, les spectateurs auront en effet l'occasion de vibrer au coups puissants du Suédois Robin Soderling et au jeu varié du Roi de la terre battue, Rafael Nadal. Outre l'enjeu sportif, c'est aussi, avant le Mondial de Foot, l'opportunité de découvrir une autre manière de voir le sport. Bien sûr, cela inquiète, à juste titre, les producteurs et cinéastes qui voient là deux séances de cinéma leur échapper, et le public s'habituer à aller au cinéma pour se distraire autrement qu'avec un film. Opéras, événements sportifs... autant de programmes qui transforment les salles en lieux culturels et non plus en destination cinéphile.

Ceci dit, aucun film ne rendra le stress et le suspens qu'un tel match de tennis peut procurer. Avec un "méchant pas sympa" comme Soderling, aux aces vicieux, cherchant à réparer sa défaite face à Federer l'an dernier et à répéter sa domination sur Nadal sur son propre terrain et un "favori adoré" comme Nadal, avec ses frappes surpuissantes et son jeu de jambe magique, qui voudra donner une leçon à l'intrus le privant de ses retrouvailles avec Federer, la finale sera forte en émotions.

Cela coûtera 19 euros. C'est toujours moins que les 400 euros demandés au marché noir pour cuire sur le Central (désuet) de Roland Garros.

La liste des cinémas diffusant la finale de Roland-Garros en direct et en 3D :

Aix en Provence - Le Cézanne
Amiens - Gaumont Amiens
Angers - Gaumont Variétés
Belfort - Pathé Belfort
Besançon - Pathé Beaux Arts
Brest - Le Celtic
Cannes - L'Olympia
Conflans Ste Honorine - Pathé Conflans
Evreux - Ciné Zénith
Ivry sur Seine - Pathé Quai d'Ivry
Lièvin - Pathé Liévin
Lyon - Pathé Vaise
Montpellier - Multiplexe Montpellier
Nancy - Kinépolis
Nice - Pathé Lingostiere
Paris - Gaumont Champs Elysées Marignan
Paris - Gaumont Aquaboulevard
Perpignan - Mégacastillet
Reims - Thillois - Gaumont Parc Millesime
Rennes - Gaumont Rennes
Rouen - Grand Quevilly - Grand Quevilly
Saint Gaudens - Le Régent
Sénart - Lieusaint - Gaumont Carré Sénart
Strasbourg - Brumath - Pathé Brumath
Toulon - Pathé Grand Ciel
Valence - Pathé Valence

Nadal et Federer au cinéma

Posté par vincy, le 21 mai 2009

Le dernier jour du festival de Cannes sera aussi le premier jour du tournoi de tennis, sport cher à Gilles Jacob, de Roland Garros. Les deux meilleurs joueurs mondiaux, Rafael Nadal et Roger Federer, seront aussi l'objet d'un documentaire de Jose Luis Lopez-Linares. il se concentrera sur leur rivalité, et notamment le passage de relais entre les deux "générations de joueur".

Leur première rencontre date de 2004. Depuis que Nadal estarrivé à la deuxième place en juillet 2005, les deux joueurs n'ont partagé le haut du podium avec personne d'autre. Tout juste l'ordre s'est il inversé quand Federer, après 237 semaines au top, a été détrôné en août dernier par l'espagnol.

Ils ont joué 20 fois ensemble.

Lopez-Linares avait réalisé des documentaires sur le concours culinaire des Bocuse d'or  mais aussi sur Carlos Saura et Luis Bunuel. Il était aussi un des chef opérateurs espagnols les plus connus (Calle 54).

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voir aussi : le tennis au cinéma

Sport (1) : le tennis au cinéma

Posté par vincy, le 6 juin 2008

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Un match de tennis a cette vertu cinétique qu’il peut basculer au dernier moment. Une balle de match n’est jamais gagnée d’avance et le plus petit point peut faire basculer le duel. Si les téléspectateurs aime tant ce sport c’est qu’il a tout du Western, avec un face à face, une arme (la raquette) et des balles à tirer. Cela peut durer des heures…

Le cinéma s’est donc logiquement emparé de ce sport, même s’il n’a jamais su traduire l’intensité d’un vrai match, la dramatisation à outrance des enjeux, l’identification à la personnalité fantasque de certains joueurs. Le tennis est devenu une machine à fric, un broyeur à champions, une mécanique à stars. Mais, à l’instar d’un Rocky dans la boxe, la rigueur préparatoire et la vie monacale des joueurs ne feraient tripper aucun scénariste.

Quelques films ont quand même planté leur décor sur un cour. On pense au héros (photo) de Match Point et ses métaphores sur le hasard et la chance. Mais aussi au joli duo romantique entre Paul Bettany et Kirsten Dunst dans Wimbledon. De même l’un des frères dépressifs de La Famille Tenenbaum était un champion qui a tout abandonné lors d’un match important. On retrouve cet amour pour la balle jaune, et notamment l’US Open, dans The Squid and the Whale. Apprendre à taper dans la raquette devient une initiation essentielle dans la vie d’un homme.

Plusieurs autres films utilisent le tennis dans des séquences souvent mémorables. On pense à Bee Movie où notre abeille fait la connaissance des humains par-dessus le filet et en service volée. Woody Allen préfèrera un double mixte métaphorique dans Annie Hall. Le tennis joue les guest-sport dans Le genou de Claire, Chambre avec vue, Les sorcières d’Eastwick, Le dernier empereur, Gigi, Blow-up ou encore le remake de Lolita. Hitchcock l’utilisera dans Rebecca, Strangers on a train, Le crime etéait presque parfait. Mais c’est surtout George Cukor qui s’amusera avec dans une comédie romantique où Katherine Hepburn et Spencer Tracy, alias Pat and Mike, défient leurs sentiments tout autant que leurs talents dans tous les sports…

Reste qu’en France, patrie de Roland Garros et des Mousquetaires, le tennis reste une affaire de petit écran. Petits joueurs les Français?