Oscars 2018: La forme de l’eau rafle l’Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur

Posté par vincy, le 5 mars 2018

Jimmy Kimmel a présenté la 90e cérémonie des Oscars. Une soirée qu'il a amorcé avec un prologue très sérieux, rappelant les mouvements activistes récents qui ont ébranlé Hollywood: la montée en puissance des afro-américains, #MeToo, Time'sUp et donc évidemment Harvey Weinstein. C'est donc les Oscars du changement qui ont été célébrés ce soir.  "A tous les rêveurs nous sommes avec vous" disaient Lupita Nyong'o et Kumail Nanjiani Enfin pas tout à fait. Parce que le meilleur gag était évidemment celui qui faisait écho au problème d'enveloppe l'an dernier: par courtoisie, les Oscars ont demandé à Faye Dunaway et Warren Beatty de présenter de nouveau l'Oscar du meilleur film.

Mais malgré toutes ces bonnes intentions, et en l'absence de suspens dans 90% des catégories, ce fut sans aucun doute l'une des soirées les plus ennuyeuses des Oscars en 90 ans! Sans doute à cause de la trop belle qualité des nommés, la concurrence était si rude que les votants ont préféré éparpiller les prix sans distinguer de véritable vainqueur. Une année où trop de bons films ont tué toute idée de razzia. Un peu comme toute la saison des prix qui n'a connu aucun consensus entre les guildes professionnelles, les critiques et le public.

On notera que Frances McDormand entre dans le club très fermé des acteurs/actrices deux fois primés, que Roger A. Deakins a attendu 14 nominations pour être récompensé, que James Ivory a du patienter jusqu'à l'âge de 89 ans pour être le plus vieil oscarisé de l'histoire, que Netflix a reçu son premier Oscar (en documentaire), tout comme le Chili (avec le film en langue étrangère), qu'Alexandre Desplat est le seul français oscarisé dans un palmarès très latino-américain, que les minorités et les femmes n'ont pas été oubliés.

Avec 4 Oscars, soit un peu plus que les autres, La Forme de l'eau repart comme le vrai triomphateur de cette course aux Oscars. C'est aussi le triomphe d'un cinéma fantastique, de genre, et d'un cinéma mexicain, décidément dans son âge d'or.

Governors Awards: Charles Burnett, Owen Roizman, Donald Sutherland et Agnès Varda ; prix spécial pour Carne y Arena (Virtually Present, Physically Invisible), le film en réalité virtuelle de Alejandro G. Inarritu.
MEILLEUR FILM: LA FORME DE L'EAU
Meilleur réalisateur: Guillermo del Toro pour La forme de l'eau
Meilleure actrice: Frances McDormand pour 3 Billboards, les panneaux de la vengeance
Meilleur acteur: Gary Oldman pour Les heures sombres
Meilleur second-rôle féminin: Allison Janney pour Moi, Tonya
Meilleur second-rôle masculin: Sam Rockwell pour 3 Billboards, les panneaux de la vengeance
Meilleur scénario: Jordan Peele pour Get Out
Meilleur scénario (adaptation): James Ivory pour Call Me By Your Name d'après le roman d'André Aciman
Meilleur film en langue étrangère: Une femme fantastique de Sebastian Lelio (Chili)
Meilleur court métrage: The Silent Child de Chris Overton et Rachel Shenton
Meilleur documentaire: Icarus de Bryan Fogel et Dan Cogan
Meilleur court métrage documentaire: Heaven is a Traffic Jam on the 405 de Frank Stiefel
Meilleur film d'animation: Coco de Lee Unkrich et Adrian Molina
Meilleur court métrage d'animation: Dear Basketball de Kobe Bryant et Glen Keane
Meilleure musique: Alexandre Desplat pour La forme de l'eau
Meilleure chanson originale: Remember Me dans Coco
Meilleure photo: Roger A. Deakins (enfin) pour Blade Runner 2049
Meilleur montage: Lee Smith pour Dunkerque
Meilleurs décors: Paul D. Austerberry, Shane Vieau et Jeffrey A. Melvin pour La forme de l'eau
Meilleurs costumes: Mark Bridges pour Phantom Thread
Meilleurs maquillages & coiffures: Kazuhiro Tsuji, David Malinowski et Lucy Sibbick pour Les heures sombres
Meilleurs effets visuels: John Nelson, Gerd Nefzer, Paul Lambert et Richard R. Hoover pour Blade Runner 2049
Meilleur montage son: Alex Gibson et Richard King pour Dunkerque
Meilleur mixage son: Gregg Landaker, Gary A. Rizzo et Mark Weingarten pour Dunkerque

The Shape of Water et Big Little Lies en tête des nominations aux Golden Globes 2018

Posté par wyzman, le 11 décembre 2017

Comme chaque année, les nominations pour les Golden Globes ont créé de véritables surprises. Call Me By Your Name (3), Lady Bird (4), The Post et The Shape of Water partant déjà favoris côté cinéma, ces quatre films n'ont fait qu'asseoir leur statut d'incontournables dans la course aux Oscars. Rappelons néanmoins que les résultats des Golden Globes n'ont aucune incidence sur les nominations des Oscars puisque ce sont 93 membres de la Hollywood Foreign Press Association qui élisent les lauréats des Golden Globes et non l'Académie américaine.

Pas une seule femme côté réalisatrice. La Fox triomphe côté nominations.

The Shape of Water part cependant grand favori avec 7 nominations, un Lion d'or à Venise, et un film mélangeant un genre grand public à un sujet politique. L'autre grand triomphateur de ces nominations est la Fox. Avec son studio Fox Searchlight et la 20th Century Fox, la société cumule 27 nominations (dont 6 pour The Post (Pentagon Papers) et autant pour Three Billboards, véritable surprise de la sélection). Sony, toutes filières confondues, suit, de loin avec 12 citations. On remarque aussi les 3 nominations pour All the Money in the World à peine finalisé par Ridley Scott, soit autant que Dunkerque, qui partait comme un champion depuis l'été. En revanche Wonder Woman, Detroit et Wind River ont été snobés et Get out doit se contenter de deux petits prix. Les réalisatrices ou cinéastes issus de la diversité ont globalement été oubliés. C'est d'autant plus choquant que cette année tous les palmarès les distinguent un à un. Par ailleurs, aucun film français n'est dans la liste cette année, ce qui est très rare.

Côté télévision, HBO domine avec 12 nominations, devant Netflix (9, auxquelles on peut ajouter 3 nominations en cinéma). Big Little Lies est large leader avec 6 citations devant les 4 de Feud: Bette and Joan. Twin Peaks (une seule citation) et Veep (zéro pointé) sont les grands perdants.

D'un point de vue plus général, notons que toutes les œuvres ayant eu un lien de près ou de loin à une histoire de harcèlement ont été évincées.

La 75e cérémonie des Golden Globes se tiendra le 7 janvier prochain à Beverly Hills et sera présentée par Seth Myers.

FILMS

Meilleur film, drame

Call Me by Your Name
Dunkirk
The Post
The Shape of Water
Three Billboards Outside Ebbing, Missouri

Meilleur film, comédie ou musical

The Big Sick
Get Out
The Greatest Showman
I, Tonya
Lady Bird

Meilleur acteur, drame

Timothée Chalamet, Call Me by Your Name
Daniel Day-Lewis, Phantom Thread
Tom Hanks, The Post
Gary Oldman, Darkest Hour
Denzel Washington, Roman J. Israel, Esq.

Meilleur acteur, comédie

James Franco, The Disaster Artist
Hugh Jackman, The Greatest Showman
Daniel Kaluuya, Get Out
Ansel Elgort, Baby Driver
Steve Carell, Battle of the Sexes

Meilleur actrice, drame

Jessica Chastain, Molly’s Game
Sally Hawkins, The Shape of Water
Frances McDormand, Three Billboards Outside Ebbing, Missouri
Meryl Streep, The Post
Michelle Williams, All the Money in the World

Meilleure actrice, comédie

Judi Dench, Victoria & Abdul
Margot Robbie, I, Tonya
Saoirse Ronan, Lady Bird
Emma Stone, Battle of the Sexes
Helen Mirren, The Leisure Seeker


Meilleur réalisateur

Guillermo del Toro, The Shape of Water
Martin McDonagh, Three Billboards Outside Ebbing, Missouri
Christopher Nolan, Dunkirk
Ridley Scott, All The Money in the World
Steven Spielberg, The Post

Meilleur acteur dans un second rôle

Willem Dafoe, The Florida Project
Armie Hammer, Call Me by Your Name
Richard Jenkins, The Shape of Water
Sam Rockwell, Three Billboards Outside Ebbing, Missouri
Christopher Plummer, All the Money In the World

Meilleure actrice dans un second rôle

Mary J. Blige, Mudbound
Hong Chau, Downsizing
Allison Janney, I, Tonya
Laurie Metcalf, Lady Bird
Octavia Spencer, The Shape of Water

Meilleur scénario

The Shape of Water
Lady Bird
The Post
Three Billboards Outside Ebbing, Missouri
Molly’s Game

Meilleure bande originale

Three Billboards Outside Ebbing, Missouri
The Shape of Water
Phantom Thread
The Post
Dunkirk

Meilleure chanson originale

“Home”, Ferdinand
“Mighty River”, Mudbound
“Remember Me”, Coco
“The Star”, The Star
“This Is Me”, The Greatest Showman

Meilleur film en langue étrangère

Une femme fantastique
First They Killed My Father
In the Fade
Faute d'amour
The Square

Meilleur film d'animation

The Boss Baby
The Breadwinner
Coco
Ferdinand
Loving Vincent

SERIES

Meilleure série, drame

The Crown
Game of Thrones
The Handmaid’s Tale
Stranger Things
This is Us

Meilleure série, comédie

Black-ish
The Marvelous Mrs. Maisel
Master of None
SMILF
Will & Grace

Meilleure mini-série ou film de télévision

Big Little Lies
Feud: Bette and Joan
Fargo
Top of the Lake: China Girl
The Sinner

Fargo

Meilleur acteur, drame

Sterling K. Brown, This is Us
Freddie Highmore, The Good Doctor
Bob Odenkirk, Better Call Saul
Liev Schreiber, Ray Donovan
Jason Bateman, Ozark

Meilleur acteur, comédie

Anthony Anderson, Black-ish
Aziz Ansari, Master of None
Kevin Bacon, I Love Dicke
William H. Macy, Shameless
Eric McCormack, Will & Grace

Meilleure actrice, drame

Elisabeth Moss, The Handmaid’s Tale
Claire Foy, The Crown
Mandy Moore, This Is Us
Maggie Gyllenhaal, The Deuce
Caitriona Balfe, Outlander

Meilleure actrice, comédie

Alison Brie, GLOW
Rachel Brosnahan, The Marvelous Mrs. Maisel
Debra Messing, Will & Grace
Issa Rae, Insecure
Pamela Adlon, Better Things
Frankie Shaw, SMILF

Meilleur acteur dans une mini-série ou un film de télévision

Robert De Niro, The Wizard of Lies
Kyle MacLachlan, Twin Peaks
Jude Law, The Young Pope
Ewan McGregor, Fargo
Geoffrey Rush, Genius

Meilleure actrice dans une mini-série ou un film de télévision

Nicole Kidman, Big Little Lies
Reese Witherspoon, Big Little Lies
Jessica Lange, Feud: Bette and Joan
Susan Sarandon, Feud: Bette and Joan
Jessica Biel, The Sinner

Meilleur acteur dans un second rôle dans une mini-série ou un film de télévision

Alfred Molina, Feud
Alexander Skarsgard, Big Little Lies
David Thewlis, Fargo
David Harbour, Stranger Things
Christian Slater, Mr. Robot

Meilleure actrice dans un second rôle dans une mini-série ou un film de télévision

Laura Dern, Big Little Lies
Ann Dowd, The Handmaid's Tale
Chrissy Metz, This Is Us
Michelle Pfeiffer, The Wizard of Lies
Shailene Woodley, Big Little Lies

Golden Globe Ambassador

Simone Garcia Johnson

Edito: je, set et match

Posté par vincy, le 9 novembre 2017

Le 8 novembre, les spectateurs peuvent "revivre" la finale de Wimbledon de 1980 opposant les deux premiers mondiaux, Björn Borg et John McEnroe. Ce fut le match le plus regardé de l'histoire de ce sport jusqu'en 2008. Après quatre heures d'un match saisissant, le Suédois conserve son trophée et son trône en battant l'Américain 1-6, 7-5, 6-3, 6-7 (16-18), 8-6. McEnroe prendra sa revanche l'année suivante en battant Borg 4–6, 7–6 (7–1), 7–6 (7–4), 6–4. Borg McEnroe c'est une rivalité entre deux amis (ils se connaissaient mal avant cette final d'anthologie) que seuls Federer et Nadal sont parvenus à surclasser (de très loin), et notamment en battant les records d'audience TV et la durée de la finale la plus longue en 2008.

Nul ne doute que le duel/duo Suisso-espagnol fera un jour l'objet d'un ou de plusieurs films. Les deux champions finiront en biopic, leurs confrontations feront de grands films dramatiques sur ce sport. Il faudra juste choisir l'angle, ou la période, ou le match qui servira de prétexte à ce futur film.

Borg McEnroe se focalise sur la pression exercée sur les deux joueurs ambitieux et mauvais perdants. Si le tennis fascine tant le cinéma, c'est bien parce qu'il est cinégénique, élégant et nerveux. De Match Point à La plus belle victoire (Wimbledon) en passant par La Famille Tenenbaum, l'esthétique de ce sport et son essence même (des duels imprévisibles) en font un parfait décor pour une romance ou un drame. Ici, ce qu'on nous montre aussi c'est la professionnalisation d'un sport et surtout sa démocratisation.

Le 22 novembre sortira Battle of the Sexes. Avec Emma Stone en Billie Jean King, première "star" du tennis féminin, première sportive ouvertement homosexuelle, première en tout le plus souvent d'ailleurs. Face à elle Steve Carell en Bobby Riggs, vétéran et dinosaure du tennis masculin, lui même ancien leader mondial dans le domaine. Là on nous raconte deux histoires: l'émancipation des femmes et l'aspiration à être l'égale des hommes. L'enjeu dramatique est un autre match légendaire: en indoor, à Houston, diffusé à la TV (en prime time sur une chaîne nationale, une première!), devant 30000 personnes (un record), un homme contre une femme. Et à la fin le sexe faible est le plus fort. Avec ce film, on remonte aux origines d'un sport, qui, grâce à eux deux, s'est médiatisé, popularisé, et surtout scindé. Les femmes ont créé leur propre circuit.

En voyant cela, on imagine les films qui pourraient se faire "d'après une histoire vraie". En France, avec Noah (dernier champion à domicile en Grand chelem) et Mauresmo (seule "joueur" français à avoir été numéro 1 mondial), on a un peu de matière à condition d'aborder autre chose que leur victoire. Ailleurs, nul ne doute que Chris Evert, André Agassi, Martina Navratilova, Monica Seles, les sœurs Williams peuvent fournir un sacré matériau dramatique.

Car outre le tennis, d'autres sports, autre que la Boxe, le foot et le baseball, commencent à être une nouvelle source d'inspiration. I, Tonya avec Margot Robbie incarnant la patineuse Tonya Hardling a reçu un bon accueil à Toronto. Des projets sur Ivan Lendl, Alain Prost ou Jesse Owens sont en cours.

Pour le cinéma, il y a un sacré enjeu: raconter une histoire captivante, universelle, dramatique de préférence, tout en filmant, à l'instar de Rush pour la Formule 1, les compétitions avec un autre regard que celui du direct à la télévision, ou celui du spectateur dans un stade. Pour gagner ce match (live versus cinéma), il faut assurément une bonne histoire qui tourne autour d'un grand personnage. Car derrière tout champion il y a un égo format grand écran, un "je" immense qui passionne de plus en plus les comédiens au "jeu" ambitieux. Et qu'on rassure les non sportifs, aucun des acteurs interprétant Borg, McEnroe, BJK ou Riggs ne savaient vraiment jouer au tennis avant de nous faire croire à des lobs insensés et des revers magiques.

« Three Billboards Outside Ebbing, Missouri » triomphe à Toronto

Posté par vincy, le 17 septembre 2017

Three Billboards Outside Ebbing, Missouri a remporté le très convoité prix du public au festival de Toronto qui s'est achevé ce dimanche 17 septembre. Il succède ainsi à 12 Years A Slave, Le discours d'un roi, Slumdog Millionaire, American Beauty, tous oscarisés, ou La La Land, Room, The Imitation Game, Happiness Therapy, Precious et Tigre et Dragon, tous finalistes aux Oscars.

Une semaine après son Prix du scénario à Venise, le film de Martin McDonagh s'était aussi fait remarqué pour l'interprétation de Frances McDormand, qui semble être promise de nouveau à être nommée à un Oscar (dix ans après sa nomination pour L'affaire Josey Aimes et 20 ans après avoir gagné cette statuette pour Fargo). Woody Harrelson et Sam Rockwell sont aussi au générique de ce polar, programmé pour le 17 janvier 2018 en France. Il raconte l'histoire d'une femme qui déclare la guerre à la police raciste et corrompue de sa ville suite au meurtre de sa fille.

Les deux autres films plébiscités par le public torontois sont I, Tonya, biopic sur la patineuse Tonya Harding, incarnée par Margot Robbie, réalisé Craig Gillespie et Call Me By Your Name, de Luca Guadagnino, avec Armie Hammer et Timothée Chalamet. Cette romance entre un jeune homme de 17 ans et un ami de ses parents lors de vacances d'été sur la Riviera italienne avait été l'un des films les plus remarqués à Sundance en janvier et à Berlin en février.

Côté documentaires, le public torontois a choisi Visages, Villages d'Agnès Varda et JR, présenté hors compétition au dernier Festival de Cannes.

Parmi les autres prix, Les affamés du québécois Robin Aubert, avec Marc-André Grondin, et Luk'Luk'I de Wayne Wapeemukwa ont remporté respectivement le prix du meilleur film canadien et du meilleur premier film canadien. Le prix FIPRESCI de la critique internationale dans la section découverte a été décerné à l'iranien Ava de Sadaf Foroughi, et dans la section Présentations spéciales à El autor (The Motive) de Manuel Martín Cuenca, d'après le roman de Javier Cercas. Le film est en compétition au prochain festival de San Sebastian.

L'Australien Sweet Country, autre film récompensé à Venise (Prix du jury), a été distingué du prix du jury de la sélection Platform.